Les enjeux stratégiques de l`opération Torch/Torche - 1940

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Appendice 1
Les enjeux stratégiques de l’opération Torch/Torche
D’après Laurent Marec : “Une Guerre Totale – Les grands choix stratégiques de la
Deuxième Guerre Mondiale”
Le débarquement en Sicile était attendu depuis longtemps par les Britanniques comme par les
Français. L’idée était née début décembre 1941, pour être vite abandonnée en faveur de
Croisade/Crusader (le débarquement dans le Péloponnèse) car, sans une participation
américaine significative, il était douloureusement clair qu’il s’agissait d’une opération d’une
ampleur bien au delà des capacités franco-britanniques. Les autorités des deux pays
commencèrent à soulever la question avec Washington dès février 1942.
Cependant, les stratèges américains, derrière le chef d’état-major de l’US Army, le général
George C. Marshall, commencèrent par manifester leur désaccord. Marshall affirmait que les
Alliés devaient concentrer leurs énergies pour porter un coup direct au cœur de l’Allemagne
nazie, c’est à dire pour débarquer sur les côtes de la Manche. De ce point de vue, chaque
homme, chaque blindé, chaque avion et chaque navire envoyé en Méditerranée réduisait
d’autant les forces disponibles pour une invasion de l’Europe du nord.
Les stratèges européens avaient une approche différente.
Winston Churchill plaidait pour un débarquement en Sicile pour deux raisons. D’une part,
l’invasion de la grande île libérerait définitivement le chemin de la Méditerranée pour les
convois se dirigeant vers l’Extrême-Orient (et vers l’URSS, mais ce n’était pas cela qui
motivait Churchill !). D’autre part, la perte de la Sicile provoquerait très probablement une
crise politique majeure en Italie, susceptible de conduire Rome à sortir du conflit. Au
minimum, elle ouvrirait la voie à un débarquement en Italie du Sud qui, combiné à une
offensive en Grèce, permettrait aux forces alliées de frapper ce que Churchill appelait « le
ventre mou de l’Allemagne ». Cet argument parut encore plus fort après le début de
l’offensive allemande contre l’Union Soviétique en mai 1942. Il fut assez vite évident que la
plus grande partie des forces allemandes étaient engagées dans un conflit difficile et prolongé.
Comme certaines des meilleures unités italiennes avaient été détruites lors de Crusader, une
fenêtre d’opportunité stratégique s’ouvrait.
Le raisonnement du gouvernement français n’était pas le même, mais aboutissait à la même
conclusion : envahir la Sicile. Pour les autorités d’Alger, c’était le premier barreau d’une
échelle qui se poursuivait avec la Sardaigne et la Corse, pour aboutir au continent. En effet,
une fois les trois îles sous contrôle allié, il serait possible d’étendre la couverture aérienne sur
toute la Mer Tyrrhénienne et le Golfe de Gênes. Les Alliés pourraient alors choisir de
débarquer en Italie du Nord sur la côte de Toscane, isolant les forces ennemies situées dans le
sud de la péninsule, ou – de préférence ! – dans le Midi de la France. De plus, les bombardiers
alliés pourraient frapper, non seulement les villes industrielles italiennes, mais aussi celles
d’Allemagne du Sud (dont Augsbourg, où se trouvaient les usines Messerschmitt). En
revanche, l’état-major français était convaincu qu’il serait malavisé de tenter d’envahir l’Italie
par la Calabre. Déboucher dans les plaines d’Italie du Nord était un mouvement de style
napoléonien qui plaisait beaucoup plus aux officiers français qu’une marche lente et difficile à
travers les montagnes du centre de l’Italie.
………
Mais quelles que soient les divergences existant entre les stratèges britanniques et français,
l’intégration de leurs réflexions avait beaucoup progressé en 1941 et au début de 1942. Les
Américains ne tardèrent pas à s’en apercevoir. A chaque réunion, les représentants des EtatsUnis se retrouvaient face à une position franco-britannique commune et cohérente, en général
soutenue par des études approfondies menées en commun. C’est ainsi que les bureaux francobritanniques avaient envisagé toute une série d’opérations en Méditerranée. Outre
Polyphème/Polyphemous (l’invasion de la Sicile), ils avaient réfléchi à Achille/Achilles (un
débarquement à Salonique), à Castor et Pollux (un double débarquement simultané en
Sardaigne et en Corse) et à Ulysse/Ulysses (un débarquement autour de Tarente).
Achille avait beaucoup retenu l’attention. Mais l’état-major français avait démoli le projet en
faisant remarquer que le relief favorisait bien trop le défenseur et que les bases alliées en Mer
Egée ne pourraient jamais soutenir une opération aussi lourde. Castor et Pollux pouvaient être
considérés comme une revanche sur la défaite subie en 1941. De plus, cette double opération
avait pour les Français une grande qualité : celle de libérer une partie de la France. Cependant,
la Royal Navy et même la Marine Nationale n’étaient guère enthousiastes tant que la Sicile
était contrôlée par l’ennemi. Ulysse enfin semblait prometteur, d’autant qu’il pouvait
provoquer la chute de la Sicile une fois l’île isolée. Cependant, débarquer autour de Tarente
impliquait de disposer d’un très puissant appui aérien, qui ne pouvait être fourni à partir de
Malte. La Royal Navy ne souhaitant pas faire revenir les porte-avions déployés dans l’Océan
Indien et ceux de l’US Navy étant nécessaires dans le Pacifique Sud-Ouest, Ulysse fut
transformé en opération de désinformation pour appuyer Polyphème (ce fut la fameuse
opération Mincemeat).
Polyphème ne présentait pas ces inconvénients. De plus, l’analyse de Croisade/Crusader avait
appris aux états-majors alliés d’importantes leçons sur les opérations amphibies. Une telle
entreprise exigeait une base avancée proche des plages de débarquement. Ce n’était pas le cas
pour le Golfe de Tarente, mais pour la Sicile, Malte et la Tunisie pouvaient être utilisées
comme de bons points d’appui.
………
Sur le plan de l’organisation tactique, les Américains avaient, dans une certaine mesure, été
impressionnés par le succès de Croisade. La contre-offensive de Rommel avait cependant fait
renaître leurs doutes quant aux capacités combatives des Britanniques et des Français, mais
ces doutes s’étaient quelque peu dissipés après la réussite des troupes de montagne françaises
engagées dans l’opération Périclès. Néanmoins, à l’été 1942, une partie de l’état-major de
l’US Army continuait à nier toute valeur d’exemple aux combats livrés dans le cadre – assez
particulier il est vrai – du Péloponnèse.
Au même moment, Français et Britanniques avaient leurs propres doutes quant à l’efficacité
sur le terrain des soldats novices américains. Par bonheur, l’entraînement des unités blindées
américaines sur les champs de manœuvre d’Afrique du Nord, aux côtés de leurs alliés, avait
considérablement amélioré les relations entre les trois armées, tout en faisant diverger les
points de vue des officiers américains restés à Washington et de ceux installés sur le terrain, à
Alger.
Les généraux de l’US Army en Afrique du Nord, et d’abord George S. Patton et Terry de la
Mesa Allen, avaient hâte d’en venir aux mains avec l’ennemi. Ils répétaient qu’une opération
de grande envergure était nécessaire pour éprouver la doctrine, le matériel et l’organisation de
l’US Army avant le débarquement en France. Dans ces conditions, il était évident pour les
planificateurs américains que Polyphème était pour les forces terrestres de l’US Army la seule
occasion de participer à une opération majeure en 1942, car même les prévisions les plus
optimistes n’envisageaient pas que la concentration des forces en Grande-Bretagne suffise à
tenter une opération majeure à travers la Manche avant la fin de l’été 1943, au mieux. Patton
alla jusqu’à proposer le déploiement d’une division blindée américaine dans le Péloponnèse.
Washington refusa, mais le besoin d’un test à grande échelle avant de se lancer dans la
traversée de la Manche était un argument en faveur de Polyphème qui ne pouvait être
aisément écarté.
………
Du point de vue américain, une série d’éléments politiques plaidaient aussi en faveur d’une
invasion de la Sicile. Au printemps 1942, Roosevelt et ses conseillers devaient reconnaître
que la participation américaine à la guerre ne pouvait donner à court terme de résultats positifs
évidents pour le grand public. La retraite américaine aux Philippines faisait pâle figure à côté
des combats épiques livrés par l’Armée britannique en Malaisie et à Singapour. Il était bien
sûr très largement injuste et même stupide de mesurer l’importance de l’effort de guerre
américain à cette époque sur la base de ce genre de comparaison. Mais les journaux
américains ne s’en apercevaient pas. De New York à San Francisco, de Washington à Los
Angeles et de Chicago à Houston, des voix s’élevaient pour critiquer la politique officielle de
Roosevelt, qui cherchait à installer les Etats-Unis aux commandes de la machine de guerre
alliée. Certains journalistes peignaient Roosevelt et Marshall comme des leaders manquant de
jugement et incapables de suivre l’exemple donné par Pershing vingt-cinq ans plus tôt,
lorsqu’il avait accepté de se mettre sous les ordres de Foch.
C’était assurément une vue erronée de la situation. La position franco-britannique était
beaucoup plus faible qu’en 1917. Mais les journalistes américains allant et venant d’un bout à
l’autre de la Méditerranée y découvraient une armée puissante et efficace, capable de porter
des coups violents à l’ennemi. Seuls les mieux informés comprenaient que la France ne
survivait que grâce au soutien industriel des Etats-Unis. Evidemment, les généraux et les
ministres français ne le criaient pas sur les toits. En fait, le gouvernement français avait
dépensé une somme non négligeable pour alimenter un mouvement d’opinion publique aux
Etats-Unis, ostensiblement pour faire taire le lobby isolationniste, mais en réalité pour
représenter la France Combattante comme une puissance belligérante majeure. Cet argent
avait été bien placé. La campagne trouva un précieux relais à Hollywood, où plusieurs films
montrèrent sous un jour très favorable la contribution française à la guerre. Elle attira des
personnalités bien connues et notamment plusieurs écrivains. C’est ainsi que John Steinbeck
rédigea le scénario du film Iron Man (L’Homme de Fer), qui réussissait à parler du général de
Gaulle pendant 90 minutes sans le montrer autrement que dans quelques extraits de films
d’actualités (sa haute silhouette en képi était bien plus photogénique que la petite taille de
Reynaud, la moustache tombante de Blum ou la brioche de Mandel). Ernest Hemingway
participa à Foreigners under the Tricolour, film qui chantait les louanges de la Légion
Etrangère et eut la chance insigne de sortir en mars 1942, juste avant la terrible bataille de
Limnos. Dès le mois de mai 1941, les reportages de William Clifton sur la bataille de Corse
en février-mars lui avaient valu un prix Pulitzer. En novembre de la même année, Bloody
Corsica (La Corse ensanglantée), écrit par John Steinbeck et illustré de photos de Robert
Capa, avait eu un considérable impact. Jusqu’aux chants corses écrits par un résistant tombé
au champ d’honneur en décembre qui attiraient des foules émues !
Les Anglais ne furent pas en reste. Churchill sut jouer admirablement de la sympathie que lui
attiraient son allure joviale et ses doigts levés en V-for-Victory. Chaque petit garçon
américain eut une maquette de Spitfire suspendue au plafond de sa chambre. Et à la veille de
la première bataille de Singapour, l’interview de Lord Gort par Robin Meyrson et son
affirmation tranquille et majestueuse à la Une du New York Times : « Je ne me rendrai
jamais ! » lui valurent l’admiration même des citoyens américains les moins anglophiles. Le
gouvernement de Roosevelt ne pouvait être abusé par cette campagne, mais il ne pouvait pas
davantage ignorer le soutien massif accordé par son opinion publique à la France et à la
Grande-Bretagne.
Lorsque les redditions seraient signées dans les ruines allemandes et au milieu de la flotte
américaine en baie de Tokyo, nul ne songerait à contester le fait que la contribution des EtatsUnis à la guerre avait été décisive, et bien avant ces journées historiques, Washington aurait
quasi officiellement pris les commandes de l’Alliance. Mais au printemps 1942, le leadership
de l’Amérique n’était pas manifeste pour les correspondants de guerre qui arpentaient
l’Afrique du Nord, écoutant les récits des vétérans de Corse, de Grèce ou même de France, ni
pour les Sénateurs et les Représentants invités à l’état-major de Giraud à Héraklion, qui
visitaient le champ de bataille de Sparte ou les drop zones de Limnos labourées par les obus.
Ainsi, stratégiquement, tactiquement et politiquement, le gouvernement américain aurait eu
du mal à refuser à ce moment de participer à une offensive alliée au seul endroit du théâtre
méditerranéen où l’Axe pouvait être utilement attaqué. Il n’en avait pas moins décidé de
limiter strictement son engagement.
………
Mi-mars, la proposition franco-britannique avait gagné. Polyphème fut rebaptisé
Torche/Torch, et la planification détaillée commença immédiatement. En échange, la France
comme la Grande-Bretagne avaient accepté la position américaine : Torche devait être la
dernière des grandes aventures méditerranéennes des Alliés. Marshall n’avait d’ailleurs
accepté Torche que sous deux conditions : (a) cette opération serait combinée avec
Rutter/Routier, considéré comme un test important pour un futur débarquement sur les côtes
de la Manche et (b) après Torche, toutes les forces américaines et la plupart des britanniques
se concentreraient en Angleterre pour préparer le débarquement en France, envisagé pour
l’automne 1943 sur les côtes de la Manche. Le rôle des forces françaises n’était pas précisé,
mais il était communément admis que la France participerait à cette opération.
Cependant, si le soutien américain à Torche était quelque peu réticent (du moins au niveau
gouvernemental : des simples soldats aux généraux, les troupes déployées en Afrique du Nord
avaient hâte de se lancer dans la bagarre), les états-majors français et britanniques n’étaient
pas tout à fait sincères en promettant que Torche mettrait un point final aux grandes
opérations en Méditerranée. Les documents des Imperial Archives et du Service Historique
des Armées font ouvertement état du fait que les Alliés européens espéraient bien que le
succès de Torche signerait la chute de Mussolini. Sur l’ordre de Sir Winston lui-même, l’étatmajor impérial prévoyait déjà Outreach, un débarquement sur la côte dalmate dans le sillage
d’un retrait italien de la guerre (la plupart des troupes occupant la Yougoslavie étaient
italiennes). Quant aux Français, avec l’approbation du Général en personne, ils planifiaient
Castor-II, une variante de la double opération Castor et Pollux, pour reprendre la Corse sitôt
l’Italie neutralisée.
Les forces terrestres affectées à Torche étaient très puissantes, et d’importantes réserves
étaient disponibles. Une grande partie de ces forces s’entraînait en fait pour d’autres missions.
Jusqu’à quel point les Américains étaient-ils au courant des arrière-pensées des Européens ?
On l’ignore. Aussi étonnant que cela paraisse, aucune disposition officielle destinée à
répondre à une possible capitulation italienne n’avait été envisagée, au moins jusqu’au
déclenchement de Torche.
Quelques historiens américains devaient après la guerre accuser les Anglais et les Français
d’avoir joué un double jeu en ce qui concernait les opérations en Méditerranée. Certes
partisane, cette opinion contient une part de vérité. Churchill comme le duo Reynaud - De
Gaulle étaient parfaitement avertis des ouvertures qu’un succès en Sicile pouvait offrir. Tous
trois savaient qu’une capitulation italienne serait un événement d’une telle importance que
Washington serait bien obligé d’adapter sa stratégie.
………
Torche fut donc une lutte entre alliés, dans le secret des cabinets, avant d’être une bataille
livrée sur le terrain. Au lendemain de l’opération, la guerre allait prendre un autre visage et les
Alliés devoir se faire à l’idée d’un commandement intégré. Dès le début de 1943, Washington
imposerait son idée d’une structure de commandement unique, sous direction américaine,
mais le Royaume-Uni et la France réussiraient à entraîner la puissante Amérique dans de
nouvelles opérations en Méditerranée.
Appendice 2
Opération Blowlamp/Lampe à souder (16 au 19 août 1942)
Les forces en présence
Forces alliées (général J. Doolittle, USAAF)
459 bombardiers (283 de nuit et 176 de jour), 168 chasseurs (tous des P-38), 3 avions de
reconnaissance. Total : 630 avions.
Force de bombardement de nuit
283 bombardiers de la RAF
(a) 142 Stirling
236e Wing (Sqn 7, 15 et 149), 72 avions.
251e Wing (Sqn 196, 622 et 623), 70 avions.
Basés à Héraklion, les Stirling pouvaient transporter 8 000 livres de bombes jusqu’à Ploesti.
…
(b) 69 Wellington
202e Wing (Sqn 70, 142 et 150), 69 avions.
En décollant d’Héraklion et en se posant à Chios au retour, les Wellington pouvaient
transporter 4 500 livres de bombes jusqu’à Ploesti.
…
(c) 72 Manchester Ic
203e Wing (Sqn 9, 12 et 57), 72 avions.
En décollant d’Héraklion et en se posant à Chios au retour, les Manchester Ic pouvaient
transporter 9 000 livres de bombes jusqu’à Ploesti.
Force de bombardement de jour
176 bombardiers (+ 12)
– USAAF : 96 B-24 Liberator
98e BG Colossus, 48 avions.
376e BG Liberandos, 48 avions.
…
– Armée de l’Air : 80 B-24 Liberator (+ 12 en réserve)
60e EB (L) (I/60, II/60, III/60, IV/60) : 80 avions (+12).
Basés à Rhodes, les B-24D pouvaient transporter 7 500 à 8 000 livres de bombes jusqu’à
Ploesti (ce poids n’aurait été que de 5 000 livres de Benghazi, par exemple).
Escorte de chasse
168 P-38E et F (tous les chasseurs doivent utiliser le terrain d’Andros (Limnos) comme base
avancée pour pouvoir escorter les B-24D jusqu’à Ploesti).
– USAAF
1er Fighter Group (27e, 71e et 94e Fighter Squadrons) : 54 P-38F.
14e FG (48e, 49e et 50e FS) : 54 P-38F.
…
– Armée de l’Air
13e Escadre de Chasse (GC I/13, II/13, III/13) : 48 P-38F et 12 P38E (opérant de Mytilène 1
et 2 et de Lesbos)
Reconnaissance (RAF)
Photo Reco Unit (PRU) n° 1437 (un flight) : 3 Mosquito PR.
Forces de l’Axe (JagdFliegerfürher Balkan, général Gestenberg)
Forces présentes au 16 août – 178 chasseurs
– Luftwaffe : 75 avions.
II/ZG 26 et III/ZG 26 : 24 Bf 110F et 19 Bf 110C et D.
7/ NJG 1 et 8/NJG 1 : 26 Bf 110F4 et 6 Ju 88C6 (chasse de nuit)
…
– Forces Aériennes Royales Roumaines (FARR) : 108 avions.
Flotila 2 Vinâtoare : 4 groupes de chasse (38 Bf 109E, 19 IAR-80).
Flotila 3 Vinâtoare : 4 groupes de chasse (10 Bf 109F, 41 IAR-80).
Renforts arrivés après le 17 août – 140 chasseurs
– Luftwaffe : 112 avions du IIe FliegerKorps (général Loerzer).
JG-53 (4 Gruppen) : 52 Bf 109F et 19 Bf 109E.
ZG 1 : 41 Bf 110 D et F.
…
– Force Aérienne Hongroise : 28 avions.
2e Régiment de Chasse : 16 Bf 109E et 12 Fiat CR.42.
Appendice 3
La situation des puissances de l’Axe en Europe à la veille
de l’opération Torch/Torche
D’après Laurent Marec : “Une Guerre Totale – Les grands choix stratégiques de la
Deuxième Guerre Mondiale”
A la fin du mois d’août 1942, la guerre tournait à l’aigre pour Berlin et pour Rome. Si ce
n’était pas encore très visible pour l’Allemagne, ce l’était pour l’Italie – et pour les Italiens !
Les forces allemandes étaient toujours à l’attaque en Union Soviétique, même si elles
subissaient de lourdes pertes. Mais la volonté de se battre de l’Italie avait été brisée. Non
seulement la situation militaire du pays était difficile, mais encore sa situation politique se
dégradait de semaine en semaine.
Hitler y croyait encore…
Certes, Hitler et le haut commandement allemand croyaient toujours à la victoire. Ils
espéraient encore « en finir avec la Russie une bonne fois pour toutes » même si la date de cet
accomplissement était constamment reportée. Cependant, ils n’avaient pas le choix. Une
guerre prolongée avec l’URSS alors que les forces alliées grossissaient rapidement en
Angleterre et en Méditerranée était la pire situation possible. Les quatre jours de raids aériens
de l’opération Lampe à souder/Blowlamp contre Ploesti avaient confirmé que le pétrole était
le talon d’Achille du Troisième Reich. Il fallait conquérir l’Ukraine, pas seulement pour ses
ressources agricoles et industrielles, mais comme une étape sur la route des champs
pétrolifères de Bakou et du Nord-Caucase. Cela impliquait qu’il fallait concentrer le plus
possible de forces contre l’Union Soviétique. De fait, 70 % de la Wehrmacht était déployée
contre l’Armée Rouge. Seulement 70 %, pourrait-on dire : mais il fallait bien garder les côtes
de France et de Norvège, pour ne pas parler de celles de Belgique, de Hollande et du
Danemark.
………
La France était un point sensible dans la stratégie d’Hitler. Le gouvernement pro-allemand de
Laval, surnommé “les Trois D” (Darnand, Déat, Doriot), était une pâle copie d’une véritable
dictature fasciste, même s’il en avait la brutalité, et il n’était soutenu que par une faible
fraction de la population et de l’administration. Sans la présence de quatorze divisions
allemandes réparties dans tout le pays, les Trois D se seraient effondrés très vite. Mais il
n’était pas question que l’Allemagne lâchât ce curieux allié : la France, aussi rétive qu’elle
fût, fournissait environ 7 % du produit “national” brut du Troisième Reich (comme l’ont bien
démontré les travaux d’Allan Millward) et cet apport était devenu vital pour l’effort de guerre
allemand.
La Norvège était une vieille obsession d’Hitler. Il craignait en permanence de voir débarquer
les Britanniques, soit au nord, pour couper la Route du Fer suédois (vieux souvenir de
l’opération de Narvik), soit au sud, à Bergen et Stavanger, d’où l’Allemagne du Nord serait
vulnérable. La protection de la Norvège exigeait donc elle aussi sa part des ressources
militaires allemandes.
………
Tout cela ne laissait pas à l’OKW de forces très importantes à affecter au théâtre
méditerranéen. En avril et mai, Hitler et l’état-major avaient espéré que la brillante contreoffensive de Rommel dans le Péloponnèse repousserait les Alliés à la mer. Mais l’opération
Périclès avait fait voler ces espoirs en éclats. La situation dans le Péloponnèse obligeait donc
à conserver des forces significatives en Grèce, et il fallut même déployer quelques unités en
Roumanie, pour protéger les champs pétrolifères, et en Bulgarie, pour dissuader les Turcs de
se lancer dans une aventure inconsidérée. En effet, le sanglant échec du débarquement
aéroporté de Limnos (Theseus) avait montré la faiblesse allemande sur le théâtre d’opérations
du nord de la Mer Egée, et Hitler craignait vraiment qu’il pût pousser la Turquie à se joindre
aux Alliés. De plus, Theseus avait coûté au Führer une de ses rares unités de réserve capable
d’être déployée rapidement dans n’importe quelle région d’Europe.
En Italie, Hitler et l’OKW ne pouvaient donc qu’espérer que le Regio Esercito se montre
capable de contenir une nouvelle offensive alliée sur le théâtre méditerranéen assez longtemps
pour que les troupes allemandes puissent être redéployées de Russie en Méditerranée après la
“victoire finale” dans l’Est. Fin août, le général Halder envisageait que la décision
interviendrait sur le terrain à partir de septembre-octobre, ce qui voulait dire qu’au mieux, il
ne serait possible d’envoyer de nombreuses troupes allemandes du front russe au front
méditerranéen qu’au début de 1943. Les chefs nazis assurèrent à plusieurs reprises Mussolini
de la solidarité allemande, mais ils le lui envoyèrent pas de moyens militaires tangibles, parce
qu’ils ne pouvaient se passer d’aucun.
Mais l’Italie était à bout !
Pourtant, la situation italienne à l’été 1942 était critique, du point de vue politique comme du
point de vue militaire.
En juin 1940, Mussolini avait pris la décision d’entrer en guerre contre l’avis formel des chefs
militaires (voir la Chronique de 1940). Malgré l’impréparation catastrophique des forces
terrestres et aériennes de l’Italie, il espérait s’assurer à peu de frais une place de choix à la
table du festin de la victoire allemande.
La décision du gouvernement français de continuer la guerre révéla le bluff italien. La
campagne des Alpes apparut d’emblée comme un échec sanglant, mais le pire était à venir.
Dès le début de l’été, les Alliés répliquaient en Afrique. L’Armée française d’Afrique du
Nord et les forces du Commonwealth en Egypte avaient peu de moyens, mais c’était toujours
plus que ce dont disposaient les troupes de Libye, surtout après la coupure de leurs lignes de
communication maritimes par les flottes alliées. En trois mois, la présence de l’Italie en
Afrique du Nord n’était plus qu’un souvenir, et les forces italiennes avaient perdu 200 000
hommes et tout leur matériel.
Avant même la chute du dernier bastion italien, à Misurata, l’attaque de Tarente par les forces
britanniques et françaises porta un coup terrible au prestige de la flotte et du Duce. Puis ce fut
au tour de la Sardaigne, dont les derniers défenseurs se rendirent le 18 septembre. Mais
malgré une démarche de Badoglio, Victor-Emmanuel III refusa de renvoyer Mussolini sans
une décision en ce sens du Grand Conseil Fasciste.
Pourtant, chaque saison apportait son lot de défaites. En automne, Rhodes et les îles du
Dodécanèse tombèrent, malgré une défense courageuse. En hiver, l’Empire Italien d’Afrique
Orientale s’effondra. Les dernières unités italiennes dans la région ne se rendirent que plus
tard, mais le rêve colonial italien et fasciste avait vécu.
Sans la réussite de l’opération aéroportée Merkur, qui permit en février-mars 1941 la reprise
de la Sardaigne et la prise de la Corse, le régime fasciste se serait probablement écroulé au
printemps 1941. En février, de sa propre initiative, le maréchal Badoglio avait envisagé
d’arrêter Mussolini. Le fascisme italien n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait été. Le coût
de la vie en Italie montait rapidement et la situation de la majorité de la population devenait
de plus en plus difficile. Après des années de conflit interne stérile, le mouvement antifasciste se renforçait enfin.
Puis la Grèce attaqua les forces italiennes en Albanie, et Mussolini dut encore appeler Hitler à
l’aide. L’invasion par la Wehrmacht de la Yougoslavie et de la Grèce donna un nouveau répit
à un régime politique déjà condamné, mais la flotte italienne fut pratiquement détruite dans la
série de dures batailles livrées au printemps de 1941. Même pour les séides les plus proches
de Mussolini, il était clair que l’Italie n’avait plus voix au chapitre dans la conduite des
opérations.
………
En mars 1942, quand les forces alliées débarquèrent dans le Péloponnèse, Mussolini proclama
pourtant que le soldat italien montrerait sa valeur au monde. Mais si les unités italiennes se
battirent très bien, notamment à Gythion et à Sparte, elles furent détruites et avec elles
disparut le meilleur de l’armée italienne. Fin mars, le moral des troupes et de la population
tomba à un niveau encore jamais atteint. La contre-offensive de Rommel parut un moment
être le miracle tant espéré, mais elle s’épuisa bientôt.
En juin, les forces alliées prenaient à nouveau l’offensive, repoussant les troupes de l’Axe
vers le Canal de Corinthe. L’opération Périclès et sa suite Ajax (le débarquement à Zanthe)
signaient la fin des espoirs de l’Axe d’éliminer les forces alliées du Péloponnèse. Les élites
italiennes durent alors envisager la probabilité d’un nouveau débarquement ennemi, cette fois
sur le territoire national.
………
Cette menace jetait une ombre sur les prévisions de l’état-major italien depuis la destruction
de l’armée italienne d’Afrique et la capture de la Sardaigne. Dès le 1er octobre 1940,
Mussolini avait lancé un programme de fortifications côtières pour « préserver le sol sacré de
l’Italie. » Ce programme concernait en priorité la Sicile et la Calabre, et il avait été étendu à la
Sardaigne une fois l’île récupérée par l’Italie au printemps 1941.
Mais en 1942, s’il était clair qu’une attaque alliée était imminente et qu’elle mettrait en ligne
des forces incomparablement plus puissantes qu’en 1940, les fortifications prévues étaient
loin d’être achevées. Pourtant, les travaux avaient consommé jusqu’à 50 % de la production
italienne de béton, et 20 % de la production d’acier. Mais leur réalisation avait été sévèrement
freinée par la corruption largement répandue dans les organes locaux du Parti Fasciste. Les
fortifications effectivement construites l’avaient le plus souvent été là où les travaux avaient
pu être attribués à des entreprises appartenant à des proches des chefs fascistes, plutôt qu’en
des points choisis en fonction des besoins militaires. Une part importante des matériaux de
construction avait été détournée ; comme l’écrirait un Dino Grandi écœuré pendant l’été
1942 : « Le sol sacré de l’Italie a été assimilé à de luxueuses propriétés construites à grand
frais aux alentours de Rome ou de Naples. »
L’état-major savait bien que le programme de fortification avait pris beaucoup de retard.
Avant d’être démis de ses fonctions, le général comte Cavallero avait écrit à Mussolini qu’à
peine 45% des fortifications avaient été achevées et que moins d’un tiers avaient reçu
l’armement prévu. En fait, seule la partie ouest de la Sicile, située face à la Tunisie, avait été
sérieusement fortifiée.
………
Dans un tel contexte, les élites italiennes s’attendaient au pire. Le milieu des affaires avait
commencé à divorcer d’avec le régime fasciste dès mai 1942 quand Cini, personnalité très
représentative du grand capital italien, avait quitté le gouvernement. A plusieurs reprises
depuis le début de l’année, le maréchal Badoglio avait approché le roi pour évoquer
l’élimination de Mussolini. Même parmi les dirigeants fascistes, des hommes comme Grandi
et Ciano avaient commencé à chercher une sortie de secours permettant à l’Italie de se retirer
de la guerre.
Dans la population, l’état d’esprit était encore plus défavorable à la guerre et au gouvernement
mussolinien. Cette guerre n’avait jamais été populaire. De plus, lutter contre une alliance
franco-britannique était une chose, mais combattre les Etats-Unis en était une autre. Les liens
entre l’Italie et les Etats-Unis étaient solides. L’émigration italienne vers les Amériques avait
été un phénomène très important dès la fin du XIXe siècle, et les émigrés et descendants
d’émigrés vivant aux Etats-Unis décrivaient la société américaine en termes très favorables.
Quand il fut clair que des forces américaines se concentraient en Afrique du Nord et que les
soldats italiens allaient devoir en découdre directement avec les Etats-Unis sur le champ de
bataille, le soutien à la guerre tomba plus bas qu’il ne l’avait jamais été dans toutes les
couches de la société italienne. Cette évolution fit renaître les mouvements anti-fascistes.
Naguère très divisés, ils commencèrent à s’organiser au début de 1942. Des manifestations
sporadiques de protestation contre la guerre et le régime se déclenchèrent à partir de mars. Fin
août, des grèves interrompirent pendant plusieurs jours le fonctionnement des usines de
Milan, Bologne et Turin.
Mussolini lui-même était malade (il souffrait probablement d’un ulcère gastrique d’origine en
partie psychosomatique). De plus en plus isolé, il ne parlait qu’à un cercle très restreint de
gens, dont la plupart faisaient partie du “clan Petacci”, les proches de sa jeune maîtresse Clara
Petacci. Néanmoins, il n’ignorait pas que la société italienne s’était détachée du régime
fasciste. Quand il devint clair que les Alliés reprenaient l’initiative stratégique, il commença à
tenter de rétablir son emprise sur la politique du pays. Peu après l’échec de la contre-offensive
de Rommel dans le Péloponnèse, le 17 avril, il nomma un nouveau chef de la police, Chierici,
un ancien “squadriste”. Puis, il demanda l’aide d’Heinrich Himmler pour la création d’une
nouvelle division blindée sur le modèle de celles des unités de la Waffen-SS. En 1942, ce qui
était censé devenir la “Division M” (pour Mussolini) n’était encore qu’une brigade, mais une
brigade très puissante. Enfin, le 16 août, il démit le général comte Cavallero de son poste de
chef d’état-major de l’Armée, et le remplaça le lendemain par le général Ambrosio. Avec ce
dernier, Mussolini espérait disposer à la tête de l’Armée d’un serviteur efficace et surtout
obéissant.
Cependant, Ambrosio devait très vite faire la preuve que, s’il était un bon professionnel, il
n’avait guère de sympathie pour l’Allemagne ni même pour Mussolini. Dès sa nomination,
Ambrosio poursuivit activement la mise sur pied de la 1ère Armée ou Armata di Levante
(Armée d’Orient), force puissante chargée de défendre le sud de l’Italie contre un possible
débarquement allié près de Tarente ou de Bari. Rien d’étonnant à cela puisqu’il en était le
concepteur, au même titre que Cavallero (et Messe). Mais il avait de son emploi une
conception personnelle. En effet, il ordonna au général Messe, nommé chef de cette Armée,
de garder ses forces à l’abri de la puissante artillerie de marine alliée et d’éviter de les
sacrifier si la victoire n’était pas en vue. Ambrosio fit bien comprendre à Messe qu’il avait
reçu le commandement du cœur même de l’Armée italienne. Maintenant que les troupes de
Grèce avaient été en grande partie détruites et que la Regia Marina n’était plus que l’ombre
d’elle-même, l’Armata di Levante était tout ce qui restait pour défendre les intérêts vitaux de
l’Italie dans la guerre.
En réalité, Ambrosio avait été en contact avec l’entourage du roi Victor-Emmanuel III et du
maréchal Badoglio avant même sa nomination. Comme la plupart des officiers italiens, il était
profondément mortifié par la manière dont les Allemands caricaturaient la tenue au feu des
forces italiennes et les combats qu’elles livraient. Il savait que la chute des possessions
africaines de l’Italie en 1940-1941 ne reflétait en aucune façon une médiocre qualité des
troupes, mais un manque de ravitaillement et de matériel moderne. Il savait que la Regia
Marina avait été saignée à blanc pour soutenir les offensives terrestres allemandes et que ses
navires s’étaient fait massacrer pour tenter de secourir les troupes aéroportées allemandes. Il
savait que, sans la résistance désespérée des troupes italiennes à Sparte, les forces alliées
auraient atteint le Canal de Corinthe avant que Rommel ne puisse organiser la défense du
nord du Péloponnèse. Mais les officiers allemands (et Rommel, justement, le premier) étaient
prompts à blâmer les Italiens pour chaque échec et à garder pour eux la gloire du moindre
succès.
Lors de sa rencontre avec Mussolini le 17 août, Ambrosio dit au Duce qu’il devrait être très
ferme avec les Allemands. Mussolini ne réagit pas et Ambrosio espéra pendant quelques
semaines que le Duce essaierait de retirer l’Italie de la guerre sans trop de casse. Il savait bien
que si l’Italie négociait avec les Alliés un cessez-le-feu unilatéral, le résultat serait
catastrophique pour les troupes italiennes étroitement imbriquées au milieu des forces
allemandes en Yougoslavie et en Grèce. Dans une certaine mesure, il faisait encore confiance
à ce moment aux bonnes relations de Mussolini avec Hitler pour négocier un possible modus
vivendi sur le rôle futur de l’Italie dans la guerre.
Que pouvait faire l’Allemagne ?
Les chefs allemands réalisèrent progressivement la faiblesse politique de Mussolini au
printemps 1942. Himmler, tout en promettant d’aider Mussolini à mettre sur pied la “Division
M”, commença à organiser ses propres réseaux de renseignements en Italie pour le tenir au
courant de la situation locale. A partir de la fin du mois d’avril, le SD et l’Abwehr opéraient
en Italie à l’insu du gouvernement italien.
Militairement néanmoins, les options de Berlin étaient réduites. La grande majorité de l’armée
était déployée en URSS. D’importantes garnisons étaient nécessaires ailleurs en Europe, et en
Grèce, les combats se poursuivaient.
Il fallut pourtant trouver des unités pour constituer une sorte de corps expéditionnaire chargé
de s’assurer de la fidélité italienne, ou au moins du contrôle de « l’Italie utile ». Certaines de
ces unités commencèrent à faire mouvement vers le nord de l’Italie à partir de la fin de l’été,
ostensiblement pour s’entraîner dans la région et pour aider l’armée italienne à former de
nouvelles forces blindées destinées à renforcer les unités envoyées en Italie du Sud. D’autres
divisions en garnison dans le Sud-Ouest de la France, près de Brive et de Montpellier, eurent
ordre de se rapprocher de la frontière, en allant s’installer tout près de la zone d’occupation
consentie à l’armée italienne en France. Dans le même temps, des consignes ultra-secrètes
étaient rédigées à l’intention des généraux allemands en Grèce et dans les Balkans…
Les acteurs d’un des drames les plus sombres de la guerre se mettaient en place.
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