Gallay (A.). 2009.

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De Méditerranée
et d’ailleurs…
Mélanges
offerts à
Jean
Guilaine
Archives d’Écologie Préhistorique
Toulouse 2009
Référence conseillée pour citer cet ouvrage :
Collectif, 2009. De Méditerranée et d’ailleurs… Mélanges offerts à Jean Guilaine.
Archives d’Écologie Préhistorique, Toulouse, 853 p., 389 fig., 14 tabl.
Site internet :
http://archeoaep.free.fr
Courriel :
[email protected]
Courrier :
Archives d’Écologie Préhistorique
39, allées Jules Guesde
F-31000 Toulouse
De Méditerranée et d’ailleurs…
Mélanges offerts à Jean Guilaine
Ouvrage publié avec le concours :
du Collège de France
du Ministère de la Culture
de l’INRAP
de la Région Languedoc-Roussillon
de TRACES - UMR 5608
de l’EHESS
d’Archéologies
Archives d’Écologie Préhistorique
Toulouse 2009
La place de V. Gordon Childe
dans le développement des études
mégalithiques
Alain GALLAY
Résumé
L’article propose d’évaluer la place de Gordon Childe dans le développement des études mégalithiques,
des origines à nos jours. On distingue dans ce cadre divers paradigmes exprimant des positions épistémologiques dominantes et des programmes plus spécifiquement archéologiques. Les travaux de Gordon
Childe se distinguent : a) par la prédominance des explications de « haut rang », b) du paradigme populationniste et c) des programmes tournés vers l’analyse des processus de diffusion et d’acculturation. Les
interprétations de Childe ne résisteront pas à la révolution du Carbone 14 et aux programmes initiés par
la Nouvelle archéologie, bien que l’on puisse déceler à ce niveau l’influence du savant australien, notamment dans les travaux de Colin Renfrew.
Abstract
In this article, the author intends to assess the role of V. Gordon Childe in the development of megalithic studies,
from the onset until the present. It considers different paradigms (mirroring the main epistemological positions)
that induce archeological research. The contribution of Childe is distinguished by the dominance of: a) «higher
level» explanations, b) the “populationist” paradigm, c) programs focused on the scrutiny of diffusion and acculturation processes. Childe’s approach has been challenged by the 14 C revolution and by research driven by
the ‘new archeology’, although the works of researchers such as Colin Renfrew still bear the impact of the famous
Australian scholar.
Par la richesse de sa pensée, Vere Gordon Childe
(1892-1957) est certainement l’un des préhistoriens qui a le plus marqué le développement des
études mégalithiques. Nous nous proposons ici
de cerner la place que ce dernier a occupée dans
l’approche des monuments mégalithiques de l’Europe. Nous voudrions néanmoins, à cette occasion,
proposer un bilan plus large de cette question, sans
lequel il ne serait pas possible d’évaluer à sa juste
valeur la place occupée par le savant australien.
Un précédent travail consacré aux paradigmes qui
ont guidé, depuis leur origine, les études préhistoriques (Gallay 2007c) nous servira de cadre et
permettra d’évaluer la pertinence des nombreuses
théories émises pour « expliquer » ces monuments souvent spectaculaires.
Nous distinguerons donc ici des paradigmes externes et des programmes internes.
1. Les paradigmes correspondent à certaines
orientations théoriques rencontrées dans les
sciences humaines ou dans les sciences de la Nature depuis le XVIIIe siècle. Nous les identifions la
plupart du temps en dehors du champ propre de
la préhistoire. Ces paradigmes influencent, qu’on
le veuille ou non, la réflexion archéologique à travers le temps.
2. La notion de programme (nous avions précédemment utilisé le terme « école », que nous jugeons aujourd’hui moins adéquat) permet de son
côté de réunir certains travaux épistémologiquement proches pour mieux les situer dans le développement de la recherche.
Les paradigmes, comme les programmes qui en
découlent, structurent la pratique archéologique
à travers le temps. Dans notre esprit, ils ne consti-
De Méditerranée et d’ailleurs…
PARADIGMES
Sources théoriques
Les Antiquaires
Le Romantisme
allemand
Le Transformisme
Les Lumières
L’Evolutionnisme
L’Actualisme
Le Structuralisme
PROGRAMMES
Intégrations pratiques
Archéologie descriptive
Archéologie des peuples,
diffusionnisme
Evolutionnisme unilinéaire
Archéologie des processus
(Néo)évolutionnisme
Ethnoarchéologie
Archéologie contextuelle
Tab. 1 Paradigmes inspirant la rechercher préhistoriques
des origines à nos jours.
tuent donc pas des étapes historiques sur le chemin d’un développement continu et harmonieux
des connaissances, mais plutôt des clés pour
comprendre la nature de ces dernières. Les paradigmes retenus agissent de façon récurrente sur
le long terme. Ils se retrouvent donc dans des travaux d’époques différentes, parfois chez le même
auteur et s’intègrent synchroniquement dans des
champs de connaissances qui évoluent, tant sur le
plan des technologies employées que sur celui des
bases factuelles en constante croissance.
Paradigmes et programmes sont ordonnés ici selon leur ordre historique d’apparition dans la problématique des recherches mégalithiques et non
selon l’ordre dans lequel les paradigmes sources
sont historiquement apparus, comme nous l’avions présenté dans notre précédent travail (fig. 1).
Le tableau 1 permet de reconnaître les paradigmes
retenus et les programmes qui s’en inspirent.
1 - Les Antiquaires et l’archéologie descriptive
1.1 - Paradigme
L’observation directe des documents et de leur organisation interne permet d’accéder à leur compréhension.
Aux origines de la démarche naturaliste se développent des cabinets de curiosités qui regroupent
à la fois des spécimens naturalistes et des objets
préhistoriques ou ethnographiques. Ces collections permettent de dégager l’observation directe
des objets des savoirs livresques. Cette dissociation, commencée au XVIe siècle, deviendra effective au XVIIIe siècle.
À partir de 1817, Christian Jürgensen Thomsen
s’attelle au classement des collections du musée
des Antiquités nationales de Copenhague. Les
premières publications se situent en 1836, mais
il faudra attendre 1848 pour que la traduction
de ses travaux en anglais et en allemand répande
270
le système des Trois Ages en Europe (Thomsen
1836, 1848).
Ces travaux inaugurent une longue tradition
d’archéologie descriptive qui débouche notamment sur de nombreuses sériations chronologiques et/ou géographiques, c’est-à-dire sur ce
que l’on peut appeler des travaux d’expertise par
rapport à T (le temps) et L (l’espace), d’où les
interprétations de « haut rang » (interprétations F) sont quasiment exclues. Ce programme
structure majoritairement jusqu’à aujourd’hui
une grande partie de la recherche continentale,
notamment française ou allemande. Nous retrouvons par exemple cette tendance chez André Leroi Gourhan avec cette volonté affichée
de faire parler les documents eux-mêmes, même
dans le domaine des interprétations fonctionnelles (Leroi-Gourhan 1971 Gallay 2003).
1.2 - Les premières observations
Les premières fouilles de monuments mégalithiques remontent à la fin du XVIIe siècle et se développent timidement au XVIIIe siècle. Les noms
suivants sont le plus souvent cités. En France,
Robert Le Prévôt de Cocherel exhume en 1685,
dans l’Eure, une série de squelettes dans une
tombe mégalithique et publie scrupuleusement
sa découverte (Masset 1997, p. 5-8). D’autres explorations suivront, au Danemark en 1744 par le
kronprinz Frederik, dans le nord de l’Irlande en
1804 par le Révérend Allot, en Suède en 1805 par
Lindgren (premier plan publié figurant les ossements des inhumés).
Ces premières explorations s’accompagnent des
premiers « recueils d’antiquités » dont, en 1752,
celui du Comte de Caylus. En Bretagne, C. Mahé
établit en 1825 pour la première fois une claire
distinction entre les divers monuments connus,
mais il faudra attendre 1860 pour que la nouvelle
Société polymatique du Morbihan développe
un vrai programme de recherche. La qualité des
fouilles laisse néanmoins à désirer. Les préoccupations chronologiques des fouilleurs de cette
époque les incitent, en effet, à accorder plus
d’importance aux mobiliers funéraires qu’à l’organisation de l’espace ou aux restes humains. Ces
derniers ne se soucient qu’exceptionnellement de
publier le plan des sites fouillés. Quant aux vestiges osseux, négligés et encombrants, ils disparaissent le plus souvent sans faire l’objet d’observations (Masset 1997, p. 11).
De Méditerranée et d’ailleurs…
1 Paradigmes et programmes de recherches présents dans les études consacrées aux constructions mégalithiques européennes des
origines à nos jours. Plusieurs programmes successifs peuvent s’inspirer d’un même paradigme. Alors que les programmes descriptifs
génèrent un processus cumulatif de connaissances des origines à nos jours, les programmes interprétatifs restent plus instables. X :
programmes aujourd’hui rejetés ou en cours de rejet par la communauté scientifique.
1.3 - La place du mégalithisme
dans le système des Trois Ages et l’affinement
des références culturelles
Jans-Jacob Worsaae, l’inspecteur des monuments
historiques du Danemark, excellent fouilleur et
adepte de la chronologie des Trois Ages, fut le premier à oser soutenir que les monuments mégalithiques n’étaient ni celtiques ni germaniques, mais
antérieurs à l’histoire (Masset 1997, p. 11-12). En
1852, il se rend en Bretagne et vient proposer, à
Carnac et dans le golfe du Morbihan, ce système
chronologique distinguant âges de la Pierre, du
Bronze et du Fer. Diffusée par Prosper Mérimée
dans un article rarement cité de 1853, cette chronologie va mettre dix ans à s’imposer (Masset,
Soulier dir. 1995, p. 24). 1867 est traditionnellement considérée comme une année charnière des
études sur les monuments mégalithiques. Le deuxième Congrès international d’anthropologie et
d’archéologie préhistorique, réuni à Paris, choisit
en effet de consommer la déchéance de l’expression « monuments celtiques » et adopte définitivement celle, plus neutre, de « monuments mégalithiques » (Coye 1997, p. 186).
Dès lors, de très nombreuses recherches vont s’attacher à préciser la position chronologique des
architectures mégalithiques européennes. Ces
recherches vont naturellement bénéficier de l’affinement toujours plus grand des cadres chronoculturels du Néolithique de l’Europe essentiellement
fondés sur l’identification des traditions céramiques, selon une histoire que nous ne saurions
développer ici (cf. Gallay 1977).
De leur côté, les données sur l’architecture des
monuments vont se multiplier, avec, ces dernières
années notamment, un intérêt nouveau pour les
superstructures architecturales périphériques
des tombes, souvent épargnées par les premières
fouilles (Cassen et al. 2000 ; Le Roux et Gaumé
2006 par exemple). On poursuit, en parallèle, systématiquement, l’élaboration de corpus régionaux
dont l’inventaire des mégalithes de la péninsule
Ibérique, réalisé par les Leisner (1943, 1956-59,
1965), constitue un exemple particulièrement
abouti.
Le cadre chronologique absolu va naturellement
bénéficier des deux révolutions successives que
constituent d’une part les datations au Carbone
271
De Méditerranée et d’ailleurs…
14 à partir de 1949, puis, dès 1966, des possibilités de calibration de ces résultats offertes par la
dendrochronologie (Renfrew 1973a ; Renfrew et
Braudel 1983).
Des origines à nos jours, les inventaires régionaux de monuments, l’analyse architecturale de
ces derniers et l’identification de leur contexte
chrono-culturel constituent la plus grande partie
de la production scientifique touchant aux mégalithes, qu’ils soient européens ou extraeuropéens.
Nous observons en ce domaine une véritable
cumulativité des résultats. L’ouvrage de synthèse
de Roger Joussaume, Des dolmens et des morts,
paru en 1985, est, à nos yeux, caractéristique de
ce paradigme descriptif. Cet ouvrage est en effet
essentiellement un excellent panorama des différentes architectures mégalithiques dans le monde.
Cette perspective très compilatoire est d’autant
plus étonnante chez un auteur connu pour son
ouverture à l’ethnoarchéologie, repérable dans ses
travaux à Madagascar, en Somalie et en Ethiopie
(par exemple Joussaume 2007). Citons encore
dans cette perspective les quelques ouvrages de
synthèses récents de Le Roux (1992), Masset
(1993), Briard (1995), ainsi que les séminaires du
Collège de France de Guilaine (1998a et b, 1999),
des travaux qui s’inscrivent parfaitement dans
cette tradition descriptive et compilatoire
1.4 - Le contexte taphonomique
Les ossements humains sont les vestiges le plus
souvent ignorés des fouilles les plus anciennes.
La fouille et la publication de l’hypogée S.O.M.
des Mournouards (Le Mesnil-sur-Oger, Marne),
réalisées par André Leroi-Gourhan et son équipe
en 1960 et 1962, va constituer une véritable révolution au sein du paradigme descriptif (LeroiGourhan et al. 1962). Les ossements humains des
sépultures vont se situer désormais au centre des
préoccupations des préhistoriens. Un nouveau
thème de recherche naît en archéologie, la taphonomie et l’analyse des pratiques funéraires.
On peut sans doute citer quelques précurseurs.
En 1955-56, S. Piggott fouille le West Kenneth
Long Barrow et publie un plan de la chambre funéraire où l’on peut voir la disposition des corps
(Piggot 1962). En 1958, les allemands E. Feustel
et H. Ulrich (1965), interviennent sur la sépulture de Nordhausen et en 1959 sur celle de Niederbösa (Thuringe, Allemagne), mais leur étude
est surtout orientée vers la paléodémographie
et la recherche de liens génétiques, et ne tire pas
272
tout le parti possible des données taphonomiques
(Chambon 2003, p. 12-15).
En 1962, Olivier Bocksberger débute les fouilles
du Petit-Chasseur à Sion en Valais (Suisse). Bien
qu’isolé scientifiquement, il commence une
fouille dans laquelle les préoccupations d’ordre
taphonomique dominent. Nous reprenons le
flambeau en 1971. La confrontation de la première publication consacrée à ce site (Bocksberger 1976) à celle que, dans la foulée des travaux de
Leroi-Gourhan, nous avons consacrée au dolmen
MXI (Gallay et Chaix 1984 ; Gallay 1987, 1990a,
2004) montre le chemin parcouru.
Quatre ans plus tard, en 1966, Claude Masset et les
frères Claude et Daniel Mordant fouillent à Marolles-sur-Seine (Seine-et-Marne) une sépulture
d’un genre inédit : une tombe en bois (Masset et
al. 1967). À partir de 1968, une nouvelle fouille va
encore bouleverser les idées sur les sépultures collectives. Jean Leclerc et Claude Masset fouillent
à la Chaussée Tirancourt (Somme) (Masset et
al. 1967). En 1973 Henri Duday commence des
fouilles à l’aven de la Boucle à Corconne (Aude).
Ce programme est dominé par les noms de Henri
Duday, à qui l’on doit une vision particulièrement
acérée des processus taphonomiques, de Claude
Masset qui a renouvelé les méthodes de la paléodémographie et de Jean Leclerc (Duday 2007 ;
Masset et Sellier 1990). À mi-parcours, le colloque
de Montpellier de 1982 permet de saisir les conditions de développement de ce programme (Duday
et Masset 1987). La thèse de Philippe Chambon
(2003) en donne la vue actuelle la plus complète
pour les sépultures collectives françaises et permet
également d’évaluer les limites de ce type d’approche.
La vision taphonomique a contribué à enrichir
considérablement notre perception des pratiques
funéraires en limitant désormais le massacre inadmissible d’une documentation archéologique qui
n’est pas infinie. Elle a abouti néanmoins à une impasse documentaire en produisant une documentation surabondante pour laquelle les conditions
pratiques d’une analyse en laboratoire sont très rarement réunies. Dans cette optique, il est intéressant de revenir aux publications signalées par Philippe Chambon en les regroupant par tranches de
cinq ans. Pour la France, nous disposons successivement (sur 6000 sépultures mentionnées) d’une
étude pour 1961-65, deux pour 1966-70, dix pour
1971-85, deux pour 1986-90, quatre pour 199195, une pour 1996-00 et aucune pour 2001-05.
De Méditerranée et d’ailleurs…
2 Concepts interprétatifs utilisés dans l’explication des changements culturels et techniques. Les concepts des programmes liés au
paradigme populationniste s’opposent globalement aux programmes évolutionnistes des paradigmes processuels et néo-évolutionnistes.
On peut donc s’interroger sur les conditions pratiques de réalisation de ce programme. Comment
expliquer dans ce cadre ce pic de publications centré sur la période 1971-85, puis ce qui semble être
une régression inexorable ? Effet de mode, prise
de conscience des limites du programme, rendement insuffisant de ces études au plan politicoscientifique en termes de carrières académiques,
impact d’une régression des moyens affectés à la
recherche ?
Pour nous, le point essentiel se situe au niveau
des limites d’une archéologie descriptive pratiquement coupée des références de l’anthropologie culturelle (par ailleurs fort peu nombreuses).
Comme le souligne judicieusement Chambon
(2003, p. 342) : « La majorité des gestes que nous reconstituons ne correspond sans doute pas à des rites :
ainsi il n’existe sans doute aucun rituel de la « poignée de côte » ou même du faisceau d’os longs. »
2 - Le romantisme allemand et l’archéologie
des peuples
2.1 - Paradigme
Les développements historiques des peuples sont spécifiques et irréductibles
Après la Révolution française et avec la naissance
des nationalismes, les nations ne peuvent plus
fonder leur identité sur la seule légitimité des dy-
nasties régnantes. Les peuples, ces nouvelles entités sur la scène de l’histoire, sont amenés à affirmer leur spécificité par la définition d’une langue,
de traditions particulières et d’un passé commun.
Le romantisme allemand s’oppose à l’idéologie
des Lumières, au positivisme, aux vues évolutionnistes et à l’internationalisme des sociologies
occidentales. Le développement d’une historiographie politique met en évidences les spécificités
irréductibles des peuples.
L’archéologie des peuples aura un bel avenir avec
des archéologues comme Gordon Childe (1939),
Marija Gimbutas (1979) ou Colin Renfrew
(Renfrew et Miech-Chatenay 1990). Une étude
récente réalisée à propos de l’origine de la métallurgie du fer en Afrique montre que cette tension
entre archéologie des peuples et diffusionnisme
d’une part, évolutionnisme s. lato d’autre part se
rencontre toujours lorsqu’il s’agit d’expliquer un
changement culturel (Gallay 2001 et fig. 2).
Nous avons ainsi proposé d’articuler logiquement
les interprétations retenues, ou rejetées, par les divers auteurs qui ont abordé le changement culturel en les situant par rapport aux deux pôles représentés d’une part par l’archéologie évolutionniste
ou processuelle, d’autre part par l’archéologie
des peuples. La première insiste sur la dynamique interne des sociétés, l’organisation systé-
273
De Méditerranée et d’ailleurs…
mique des différents secteurs de la culture et recherche la, ou les «variable(s) indépendante(s)»
responsable(s) des changements diachroniques.
La seconde retient plus ou moins explicitement
l’équivalence entre cultures et populations et propose une lecture politique et historique du changement culturel.
La figure 2 permet de saisir l’ambiguïté de certaines interprétations, où l’on oppose volontiers
évolutionnisme et diffusionnisme. Le terme diffusionnisme présente en effet, selon les auteurs,
deux acceptions distinctes car il est employé soit
au sens large comme le propose par exemple
Childe (prédominance des apports extérieurs,
y compris au niveau de nouvelles populations),
soit au sens restreint (diffusion de caractéristiques
culturelles par voie d’échanges ou d’emprunts,
sans déplacements de populations).
L’archéologie des peuples influence jusqu’à nos
jours le concept de culture qui oscille désormais, sans que les auteurs en aient toujours bien
conscience, entre les références naturalistes (le faciès géologique) et historiques (l’ethnie).
2.2 - Le peuple des dolmens
Attribuer les monuments mégalithiques à une
population particulière est un réflexe que l’on
rencontre dès la première prise de conscience de
l’originalité du phénomène. En Europe du Nord
protestante, on a très tôt l’intuition de monuments construits par des ancêtres barbares. Olaus
Magnus, archevêque d’Upsala en Suède, y voit
en 1555 des tombeaux Goths et Suèves (Masset
et Soulier 1995, p. 20). Au début du XVIIIe siècle
en France, les monuments sont, à la suite des antiquaires anglais, spontanément assimilés aux Celtes.
Quelques voix discordantes se manifestent néanmoins. En 1764, le comte Anne de Caylus attribue
les dolmens de Bretagne à un peuple non gaulois
arrivé par mer (Coye 1997, p. 182). En 1814, Maudet de Penhouët penche de son côté pour les Phéniciens (Bailloud et al. 1995, p. 17-18).
Suite à la reconnaissance du caractère préhistorique du phénomène, les théories populationnelles
vont désormais dominer la scène scientifique. Dès
1863, Bertrand, qui, à la suite de Worsaae, insiste
sur l’ancienneté des dolmens scandinaves, développe l’idée d’un peuple des dolmens originaire
du nord de l’Europe qui se propage par mer en direction du sud jusqu’en Afrique du Nord, peuple
assimilé à une race rebelle à toute transformation
274
et à toute absorption par les races supérieures, qui
s’éteindra en Afrique, étouffée par la civilisation
(Kaeser 2004b, p. 379). En posant pareil scénario,
Bertrand est parfaitement conscient de s’écarter
des programmes issus du transformisme. L’archéologie ne doit en effet pas chercher à dégager
des « couches parallèles et régulières de civilisations
(…), illusion née dans l’esprit de certains géologues,
portant dans l’étude d’une autre science que la leur
(…) les procédés et les méthodes de leur science favorite où la régularité des phénomènes est indiscutable » ; mais elle doit s’attacher à reconstituer des
processus événementiels à travers une approche
« sociale et historique » (Bertrand 1884, p. 109).
Peu de temps après, l’archéologue suisse Arthur de
Bonstetten publie un Essai sur les dolmens (18641865), très proche dans son argumentation
comme dans ses conclusions. Pour les deux archéologues, l’étude se fonde sur la répartition des
monuments interprétée en termes dynamiques
grâce à la prise en compte de l’évolution architecturale (Coye 1997, p. 185-186). Selon le préhistorien suisse, ces monuments témoignent à la fois
d’une complexité d’invention et d’exécution qui
ne peuvent se produire simultanément chez des
peuples étrangers l’un à l’autre. Ils forment donc
une chaîne presque continue depuis la Baltique
jusqu’aux frontières de l’ancienne Cyrénaïque,
jalonnant le « gigantesque pèlerinage de toute une
nation » qui ne fut que le prélude des Celtes, des
Goths, des Huns et des Vandales.
Dans ce cadre la position d’Edouard Desor
(1866) est intéressante à analyser en ce qu’elle
témoigne chez le savant suisse des tensions opposant les programmes populationniste et transformiste, phénomène bien mis en évidence par
Coye (1997, p. 189-193), puis par Kaeser (2004b,
p. 381-383). Adepte du progrès de la civilisation
à travers son expérience de l’archéologie lacustre,
Desor ne pouvait admettre la thèse de Bertrand
aux connotations dégénératives : en se diffusant
la culture se dégrade. Il n’en était pas moins persuadé que les Kabyles d’Afrique du Nord, que ses
voyages lui avait fait connaître, et les Lacustres
étaient apparentés. Desor lancera donc dès 1864
une hypothèse audacieuse qui attribuait aux européens des origines africaines. Selon lui, la migration du peuple mégalithique se serait effectuée,
non pas du nord au sud, mais d’Afrique en Europe. Le peuple mégalithique, en se propageant,
a dû connaître un développement progressif de
De Méditerranée et d’ailleurs…
sa vie sociale et économique. Ne pouvant concevoir qu’une race considérée comme supérieure
(le Peuple des dolmens) ait pu dégénérer alors
que, dans le même temps une race plus fruste (les
Lacustres) avait su se développer et acquérir une
civilisation florissante, Desor inverse l’interprétation pensant que le sens des migrations doit se
déduire de celui selon lequel on peut suivre le développement et le perfectionnement de l’architecture mégalithique (Coye 1997, p. 190-191).
Louis Faidherbe (1873), qui a fouillé en Afrique
du Nord, maintient en 1872 une position proche
de celle de Bertrand en posant clairement la question mégalithique en terme de race « grande et
blonde » d’origine septentrionale, une façon de
légitimer, à travers les résistances du monde berbère à la conquête arabe, l’unité de l’Europe et de
l’Afrique du nord, et de légitimer le pouvoir colonial d’alors (Coye 1997, p.188-189).
L’idée d’un Peuple des dolmens va, dès la fin du
XIXe siècle, subir une série d’attaques.
Cazalis de Fondouce (1877, p. 470) introduit la
notion de diffusion ; le phénomène mégalithique
est dû au « développement progressif d’une civilisation s’étendant successivement de proche en proche »,
idée reprise dès 1875 par Gabriel de Mortillet
(1875, 1877, p. 157).
Montelius (1899), qui succéda à Thomsen et
Worsaae à la tête des préhistoriens scandinaves,
persuadé que la plupart des innovations et des
progrès importants ne se sont produits qu’une
seule fois et ont été transmis par contact à d’autres
zones, adopte, lui aussi l’idée fondamentale d’une
culture diffusée à partir d’une source unique : « Il
n’est pas besoin d’approfondir beaucoup l’étude des
(…) conditions des pays du Nord au temps de l’âge
de la pierre (…) pour s’apercevoir que la patrie d’origine des dolmens ne peut être cherchée dans l’Europe
nordique. Il est impossible que, d’ici, ces monuments
se soient répandus jusqu’aux rivages méridionaux de
la Méditerranée, jusqu’en Palestine et à l’Inde (…).
En fait, il est assez remarquable que, prenant sa
source en Orient, il ait déjà atteint nos régions à une
date aussi précoce » (Montelius 1899, p. 31).
Ces idées seront reprises et développées au début
du XXe siècle par Gordon Childe. Le programme
migrationniste ne résistera pas à l’approfondissement du cadre culturel néolithique qui se développera d’abord en Allemagne et en Scandinavie, puis
en Europe atlantique et méditerranéenne.
2.3 - Le diffusionnisme
Bien qu’adepte d’une certaine forme migrationnisme, Gordon Childe se montre particulièrement réticent aux idées outrancières développées
dès 1912 par des chercheurs comme Kossina. La
plus grande partie des réflexions de l’archéologue australien consacrées au mégalithisme va se
concentrer sur l’élaboration d’un modèle diffusionniste nuancé de l’origine du mégalithisme européen. Nous verrons néanmoins par la suite que
d’autres programmes sont également mobilisés
chez ce savant à la périphérie de ce noyau dur pour
expliquer le phénomène. En 1908, date à laquelle
Déchelette publie dans son Manuel d’archéologie
préhistorique un premier corpus céramique provenant du Camp de Chassey, l’ensemble des grandes
traditions céramiques de l’ouest de l’Europe sont
encore regroupées dans un seul ensemble dénommé Robenhausien ou Céramique palafittique,
alors qu’en Allemagne les céramiques décorées
sont déjà individualisées au sein de styles distincts
mal situés dans le temps (Gallay 1977). À cette
époque se pose la question de savoir si les différents styles céramiques reconnus correspondent
seulement à des modes successives décelables
dans la culture matérielle d’une seule population
ou si ces différences sont le fait de populations
ethniquement distinctes. Gordon Childe s’insère
dans ces discussions en mettant en doute pour
la première fois en 1929 l’origine occidentale de
la céramique Michelsberg. En 1931, il recherche
sur le continent des points de comparaison en relation avec le problème de l’origine du Windmill
Hill et distingue dans le Bassin parisien la civilisation chasséenne du S.O.M.
En 1925, ce dernier reprend dans The Dawn of
european civilisation, puis en 1948, les idées et le
cadre culturel proposé par Montelius. Adepte du
diffusionnisme, il situe, dès la première édition de
cet ouvrage, l’origine du mégalithisme au ProcheOrient et distingue déjà deux courants superposés. Dans un premier temps, l’idée initiale, la
construction des tombes mégalithiques simples,
ou « dolmens », aurait atteint le Portugal à partir de la Méditerranée orientale et, de là, gagné la
Bretagne, l’Irlande et le Danemark. Suite à cette
première simple diffusion, de vrais colons auraient, vers 2500 av. J.-C., atteint la Péninsule Ibérique pour y établir des comptoirs commerciaux,
introduisant dans cette région la métallurgie et le
principe des tombes à couloir en pierres sèches
(tholoi). Fidèle au modèle de Montelius, Childe
275
De Méditerranée et d’ailleurs…
considère alors cette seconde vague comme légèrement postérieure à 2700 av. J.-C., date des plus
anciennes tombes collectives du Minoen ancien
en Crète selon les liens de crossdating établis avec
l’Égypte.
Plusieurs années plus tard, le tableau chronologique publié en 1957 dans une réédition de ce
livre maintient les mêmes liens chronologiques.
La date des dolmens à couloir ibériques (du fait
de leur connexion avec le Minoen ancien crétois,
contemporain de l’Helladique Ancien 2, en Grèce
continentale), est fixée après 2700 av. J.-C. (Renfrew 1983, p. 51).
Les idées diffusionnistes gagnent à cette époque du
terrain et prennent parfois des formes outrancières,
comme c’est le cas chez G.E. Smith (1929) qui attribue l’ensemble des monuments mégalithiques
mondiaux aux effets d’une unique diffusion, dont
l’origine se situe en Méditerranée orientale.
Dans The Danube in prehistory (1929), Gordon
Childe précise les conditions dans lesquelles
il est possible d’établir des équivalences entre
« culture », « peuple » puis « race ». Si « the
same complex may be found with relatively negligible
diminutions or additions over a wide area. In such
cases of the total and bodily tranference of a complete
culture from one place to another we thing ourselves
justified in assuming a movement of people » (Childe
1929, p. VII.). Conscient de la quasi absence de
liens culturels concrets unissant la Méditerranée
orientale à la Péninsule Ibérique, il n’appliquera
pourtant jamais ce modèle pour expliquer l’origine du mégalithisme.
Dans Man makes himself (1936, 1964) Childe s’attache à minimiser le poids démographique des
immigrants qui auraient pu diffuser l’idée mégalithique au delà de l’Espagne par bateau et, pour la
première fois, signale le poids possible joué par les
populations locales mésolithiques. Les dolmens
témoignent d’un accroissement notable de la population que la seule présence d’immigrés ne suffit
pas à expliquer. La multiplication de gigantesques
sépultures de pierres en Europe occidentale et septentrionale ne s’explique guère que par répercussion de croyances et d’usages élaborés à la même
époque en Orient par des civilisations beaucoup
plus avancées. Un phénomène semblable s’observe également chez les Indiens d’Amérique.
Dans The Orient and Europe (1939) il réaffirme
son adhésion aux principes de Montelius qui se ramène « à cinq propositions en formes d’axiomes »:
276
« The latter may be resolved into the following five
propositions, treated as axioms :
1. Civilisation in the Orient is extremely ancient;
2. Civilisation can be diffused;
3. Elements of civilisation were in fact diffused from
the Orient to Europe;
4. The diffusion of historically dated Oriental types
provides a basis for bringing prehistoric Europe within the framework of historical chronology;
5. Prehistoric European cultures are poorer than
contemporary Oriental cultures, i.e., civilisation is later
in Europe than in the East » (Childe 1939, p. 10).
Dans What happened in history (1942, 1961)
Childe nuance les équivalences culture-peuplerace-langue :
« The remarkable uniformity of type in a given local
and chronological groupe or « culture » just discloses
the uniformity and rigidity of the tradition actuating
their markers (…). It would be rash to try to define
precisely what sort of social group correspond to the
archaeologist’s «culture ». Since language is such an
important vehicle in the formation and transmission
of social tradition, the group distinguished by possession of a distinct language (…). Nevertheless culture and language need not coincide (….). Material
equipment is more permanent than spoken words »
(Childe 1942, p. 18-19).
Même attitude nuancée en ce qui concerne l’origine des monuments mégalithiques atlantiques et
britanniques. Si certains auteurs considèrent cette
architecture comme une imitation maladroite de
modèles espagnols, siciliens ou crétois, il faut bien
reconnaître l’autarcie de ces populations qui n’ont
échangé ni objets de métal, ni produits fabriqués
en Orient, alors qu’ils avaient la capacité économique de le faire.
The prehistory of european society (1958, 1962)
est certainement l’ouvrage le plus riche pour
les questions qui nous intéressent ici. Il se situe
d’autre part dans un cadre bénéficiant des toutes
premières datations 14C et de références culturelles où les principales cultures néolithiques sont
désormais individualisées. L’histoire du mégalithisme au sens large y est abordée en trois volets
distincts.
1. L’origine et la diffusion des sépultures sous
longs tumulus (earthen long barrows)
Childe situe l’origine des long barrows britanniques dans le nord de l’Europe. Ces sépultures,
De Méditerranée et d’ailleurs…
qui ne contiennent que peu d’inhumations et paraissent être réservées aux chefs et à leurs familles,
s’enracinent dans un « Néolithique secondaire »
nordique issu de l’adaptation des populations mésolithiques locales aux façons de vivre des agriculteurs danubiens immigrés. L’architecture des
monuments dérive du plan rectangulaire ou trapézoïdal de la maison danubienne, mais la culture
matérielle, originale, est caractéristique de la
culture des Gobelets en entonnoirs. Des groupes
apparentés semblent s’être répandus en direction
du sud-ouest jusqu’aux rivages atlantiques. La
culture britannique de Windmill Hill peut être
attribuée à l’un de ces groupes. Dans le nord de
l’Europe, sa zone d’origine, ce type d’architecture
cesse au moment où la nouvelle religion mégalithique impose les constructions dolméniques.
2. L’origine du mégalithisme
L’apparition des dolmens en Péninsule Ibérique
et sur la façade atlantique de l’Europe ne coïncide
pas avec l’installation des premières communautés agricoles. Les cultures représentées ainsi que
les « types raciaux » sont d’autre part fort divers.
Il semble que l’idée de construire ces tombes mégalithiques se soit propagée et ait été adoptée par
diverses populations. On peut donc admettre la
diffusion d’une religion mégalithique. Les propagateurs de cette religion peuvent se comparer
à des sortes de missionnaires propageant une foi
originaire du bassin oriental de la Méditerranée à
la manière des premiers missionnaires chrétiens
en pays celtique. Cette religion semble avoir acquis sa forme distinctive dans le Midi de la France.
La diversité des architectures funéraires témoigne
des dérives sectaires d’une croyance non soutenue
par des textes écrits. Ces personnages religieux acquièrent rapidement une position privilégiée dans
la société et peuvent se transformer en une aristocratie guerrière comme c’est le cas dans le Bassin
parisien, dans la culture S.O.M. Ainsi, la déesse de
la fécondité, que les missionnaires ont peut-être
adorée, s’est peu à peu transformée en une déesse
de la mort puis de la guerre. Ces conquérants ont
ensuite diffusé les allées couvertes (appelées par
Childe « cistes de Paris ») vers l’Ouest jusqu’à l’Atlantique et vers l’Est en direction de l’Allemagne.
Le phénomène prend fin avec la propagation des
peuples aux vases campaniformes originaires
du Portugal ou d’Europe centrale. Ces derniers
remplacent alors l’aristocratie spirituelle des bâtisseurs de mégalithes puisqu’ils ont le privilège
d’être enterrés dans les anciens monuments.
3. Le développement des colonies
Une troisième strate du développement du mégalithisme est présent en Sicile, en Sardaigne, dans
le Midi de la France (hypogées d’Arles), mais surtout en Péninsule Ibérique. Il est représenté par
les constructions attribuées à des « colonies »,
dont le site de Los Millares est, avec ses fortifications et ses tombes collectives, tholoi de pierres
sèches ou hypogées, le plus emblématique. Ces
établissements pourraient avoir été fondés par des
marchands et des prospecteurs métallurgistes itinérants originaires de la Méditerranée orientale et
à la recherche de minerai de cuivre. Ces derniers
pourraient être identifiés au niveau des individus
brachycrânes découverts, un type connu à Chypre.
Plusieurs faits montrent néanmoins qu’on ne peut
assimiler ce phénomène aux comptoirs issus de la
colonisation grecque. Selon Childe en effet :
- ces établissements ne représentent pas une
culture unique, ni même un cycle unique ;
- aucune de ces cultures n’a de contrepartie exacte
à l’est ;
- aucun objet fabriqué n’est sûrement originaire
du bassin oriental de la Méditerranée. Les immigrants n’ont donc pas maintenu des contacts avec
leur patrie d’origine ;
- les représentations anthropomorphes (stèles anthropomorphes du Midi, figures idoliformes des
sépultures ibériques) témoignent de la présence
d’une déesse de la mort, distincte de la déesse de
la fertilité présente à l’est (stèles de Troie I, idoles
cycladiques) ;
- les objets de métal restent rares. Les poignards
de silex sont beaucoup plus abondants que les poignards de cuivre dans les tombes. La plus grande
partie de la matière première devait donc être envoyée en Egée ;
- les techniques de fontes sont différentes. Si les
poignards de Sicile et d’Italie sont encore coulés
dans des moules bivalves et assemblés à l’aide
de rivets comme dans le Minoen ancien, les poignards de la Péninsule Ibérique sont coulés dans
des moules simples et sans rivets ;
- les colonies ne jetèrent pas les bases d’une vraie
métallurgie du bronze ;
- ces immigrants durent donc être rapidement absorbés par les populations néolithiques locales.
Béatrice Blance reprendra en 1961 le même argumentaire. Ce dernier restera en toile de fond des
travaux de l’école allemande de Fribourg-en-Brisgau, dirigée par le professeur Sangmeister, notamment au Portugal, au début des années 60.
277
De Méditerranée et d’ailleurs…
Dans sa formulation la plus récente, la thèse de
Childe tient donc compte de l’affinement du cadre
culturel néolithique et l’on peut dire que les grandes
lignes de développement spatio-temporel du phénomène sont désormais comprises. La chronologie
absolue reste néanmoins fondée sur les liens de crossdating avec la Méditerranée orientale mis en place
dès 1925. Le schéma de la figure 2 résume le système chronologique de Childe et montre comment
la révolution du 14C dès 1949, puis celle de la calibration des dates à partir de 1966, ont altéré le système jusqu’à le rendre caduque, comme Colin Renfrew (1973a, 1983) l’a excellemment montré. On
remarque néanmoins que le synchronisme entre
les monuments attribués par Childe aux « colonies » et le Bronze ancien égéen ont été plus faiblement affectés par cette double remise en question
(fig. 3a et b).
Le programme diffusionniste de Childe ne résistera pas à cet affinement de la chronologie et à la
confirmation de l’originalité des cultures mégalithiques, point que ce dernier avait déjà nettement
souligné dans un argumentaire qui aurait suffi
en lui-même à discréditer sa thèse. Ses interprétations en termes d’histoire et de mécanismes
sociaux du peuplement ne sont aujourd’hui plus
d’actualité. Sa conception de l’origine des grands
tumulus de terre reste pourtant le scénario qui a le
mieux résisté au temps, comme nous allons le voir.
Les explications historiques de Childe en termes
de dynamique sociale continueront néanmoins à
influencer les modèles proposés par les préhistoriens pour « expliquer » les dynamiques historiques. Nous en voulons pour preuve un article où,
à propos de la compréhension de l’intrusion de la
céramique campaniforme dans la nécropole du
Petit-Chasseur, nous tentions de lister les diverses
alternatives permettant d’expliquer le phénomène
(Gallay 1981, repris et critiqué dans Gallay 1986,
voir également Gallay 2004).
Il n’en reste pas moins que la question de l’archéologie des peuples et des relations entre le concept
de culture archéologique et la notion de population soulève aujourd’hui un regain d’intérêt
(Gallay 2000).
2.4 - Acculturation. Le poids des populations
mésolithiques dans l’émergence
du mégalithisme
La thèse de l’émergence de certaines formes de
mégalithisme en termes d’acculturation de popu-
278
lations mésolithiques sera, à la suite de Gordon
Childe, proposée par plusieurs auteurs jusqu’à
aujourd’hui.
Le premier à reprendre, en 1969, cette conception
est Humphrey Case qui développera ses idées en
1976. Les longs tumulus de terre sont le signe
d’une réaction locale à l’avancée du Rubané tardif.
Les passage graves et les long cairns correspondent
par contre à un processus d’intégration ultérieur.
Une impasse totale est malheureusement faite sur
la monumentalité funéraire en péninsule Ibérique.
Cette lacune se retrouve dans l’article de Sherrat
(1990) qui reprend le même scénario. L’architecture des grands tumulus est inspirée des maisons
d’habitation du Rubané. Ces monuments se développent à la périphérie des zones de colonisation primaire du Néolithique danubien, tant sur la
côte atlantique qu’en Europe septentrionale ou en
Angleterre. Ils sont liés à des zones d’un peuplement mésolithique dispersé, occupant des zones
moins fertiles, à l’écart des terrains loessiques, et
pourraient être une des manifestations de la fusion des pionniers néolithiques et des indigènes.
Les tombes rondes à couloir correspondent par
contre à des zones d’un peuplement mésolithique
dense et sont l’invention des populations locales.
Sur la côte atlantique les tumulus sont associés à
une céramique d’origine danubienne (Castellic
issu du Cerny) alors que les tombes à couloir sont
connectées à un Chasséen d’origine méridionale.
Nous retrouvons ce même scénario, présenté, avec
les mêmes limites, sous une forme quelque peu caricaturale dans le livre de Bradley The significance
of monuments : on the shaping of human experience
in Neollithic and Bronze Age Europe (1998).
Serge Cassen reprend aujourd’hui cette explication pour la Bretagne en y ajoutant des précisions d’ordre socio-économique. Dans l’article de
1998, écrit en collaboration avec Christine Boujot
(Boujot et Cassen 1998), l’émergence des grands
tumulus, désormais associés aux grands menhirs
décorés, résulte de bouleversements psychiques
affectant les populations locales et signe une compétition sociale nouvelle pour accéder aux biens
prestigieux introduits par les populations néolithiques : haches d’origine alpine ainsi que céréales
et animaux domestiques peut-être liés à des pratiques alimentaires exceptionnelles marquant des
fêtes cérémonielles.
Le dernier scénario présenté par cet auteur (Cassen 2007) témoigne de toute la complexité de
la question puisqu’au moins quatre courants
De Méditerranée et d’ailleurs…
3 a. Liens de crossdating mobilisés par Gordon Childe pour dater les constructions mégalithiques de la péninsule Ibérique et perturbations induites par les datations au Carbone 14 et leur calibration par la dendrochronologie. La remise en question des liens avec
la chronologie égyptienne par l’intermédiaire du Bronze ancien 2 crétois s’est effectuée en deux temps. Dans un premier temps les dates
14
C non calibrées ont 1. rajeuni la chronologie historique égyptienne, 2. fourni des dates concordant avec les estimations pour
les « Colonies », mais 3. vieilli les dolmens considérés comme les plus anciens. Dans un second temps la calibration de ces mêmes
dates a rétabli la véracité des estimations traditionnelles retenues, pour la chronologie égyptienne, mais rendu totalement caduques
les liens de crossdating établis par Childe.
3 b. Liens de synchronisme entre la Méditerranée orientale et le mégalithisme de la péninsule Ibérique selon le cadre chronologique
postérieur aux travaux de Gordon Childe proposé par Colin Renfrew. L’origine du mégalithisme apparaît désormais comme un phénomène
strictement local. Un certain synchronisme se dessine par contre entre les constructions de l’époque de Los Millares et le Bronze ancien
1 de l’Égée. Les contacts entre la péninsule Ibérique et la Méditerranée orientale restent néanmoins quasi nuls, ces derniers n’ayant
apparemment pas dépassé la péninsule Italienne.
culturels pourraient êtres impliqués dans le phénomène : 1. des groupes de chasseurs-pêcheurs
tévieciens, 2. des groupes mésolithiques rétziens,
3. des agriculteurs rattachés au Villeneuve-SaintGermain, ou à l’Augy-Ste-Pallaye, 4. enfin un
Épicardial témoignant d’un mouvement avant
tout maritime issu des côtes atlantiques de la péninsule Ibérique (qui pourrait être à l’origine de
l’importation de la callaïs, autre bien de prestige
en Bretagne).
279
De Méditerranée et d’ailleurs…
Le programme acculturation reste donc aujourd’hui le seul domaine issu du paradigme populationniste encore actif et susceptible de développements. Comme souligné, il ne concerne pas
la péninsule Ibérique. Un nouveau regard porté
sur cette région devrait donc pouvoir enrichir ce
type de réflexion.
3 - Le transformisme et l’évolutionnisme
unilinéaire
3.1 - Paradigme
L’histoire de l’homme s’organise selon la trajectoire
unilinéaire du progrès.
Le XIXe siècle va progressivement remettre en
question le dogme religieux à partir des observations géologiques et paléontologiques. La préhistoire naissante se développe dans un premier
temps dans le cadre du transformisme de Jean-Batiste Monet, chevalier de Lamarck (1809). Selon
le paléontologiste français, l’histoire du vivant
répond à une orthogenèse. Soumises aux mêmes
lois, conduites vers les mêmes buts, les formes
vivantes ont une histoire qui se déroule sur des
chemins que les circonstances peuvent certes faire
diverger, mais qui ne peuvent être que parallèles.
Il y a continuité de la chaîne de vie et gradualisme
dans la chaîne du progrès.
Le paradigme du transformisme unilinéaire se retrouve dans toutes les premières tentatives de classement chronologique des temps préhistoriques
(Lartet 1861, de Mortillet 1869). Le transformisme de Lamarck constitue l’un des fondements
des premières tentatives de classement chronologique des industries préhistoriques, du moins
jusqu’au début du XXe siècle, où cette conception
d’une évolution unilinéaire ne résistera pas à l’accumulation des connaissances factuelles.
L’ethnologie du XIXe siècle s’engage de son côté
sur la voie transformiste indépendamment de
la paléontologie et de la stratigraphie. En distinguant trois stades culturels – la sauvagerie, la barbarie et la civilisation industrielle –, elle s’inspire
des moralistes écossais et de la philosophie des
Lumières. Cet évolutionnisme unilinéaire trouvera son aboutissement dans La civilisation archaïque
de Lewis Morgan (1877), dont on connaît l’impact sur Marx et Engels. L’influence des conceptions de ce transformisme social sur la jeune
préhistoire reste faible dans un premier temps. Il
faudra attendre le détour par le marxisme pour
voir influencer la jeune préhistoire de l’Union so-
280
viétique. Il est intéressant de noter que l’impact
du transformisme de Lamarck sur le développement de la préhistoire est totalement occulté chez
un préhistorien comme Renfrew. Le schéma qu’il
propose de l’impact de l’évolutionnisme sur le développement de la préhistoire ne mentionne en
effet que Darwin et ignore le paléontologue français (Renfrew, Bahn 1991, p. 24-25).
3.2 - La flèche du progrès face à l’histoire
des peuples
Le paradigme transformisme dominant en arrière fond de la préhistoire française naissante ne
jouera pratiquement pas de rôle dans les études
mégalithiques alors dominées par le paradigme
populationniste.
Nous avons vu néanmoins comment Desor, évolutionniste convaincu, avait résolu la question
mégalithique en conciliant les deux paradigmes
antagonistes et ses préférences pour le transformisme. L’archéologie « lacustre », à laquelle le
savant suisse s’est plus spécialement consacré, est
en effet dominée à l’époque par deux idées contradictoires. Selon la position dominante, les Lacustres sont les ancêtres de la nation suisse (Kaeser 2004a). Desor va s’appliquer à montrer que le
phénomène lacustre dépasse le cadre strictement
suisse et correspond à un phénomène général. À
l’occasion de ses études sur les oursins fossiles, le
naturaliste récuse dès 1855 son ancienne adhésion
au système des créations successives et adopte les
idées transformistes qui vont avoir une influence
considérable sur son activité archéologique. L’incohérence de la théorie mégalithique de Desor
découle surtout du zèle qu’il met à prévenir la
constitution dans l’archéologie suisse de cette « civilisation lacustre » homogène qui séduisait tant
ses contemporains. Les présupposés théoriques et
la présentation des matériaux découverts l’emportent alors largement sur les observations stratigraphiques comme c’est le cas chez les préhistoriens
contemporains. Desor s’attache ainsi à démontrer
le caractère incontestable de l’évolution culturelle
des Lacustres. Agriculture, élevage et artisanat se
sont développés sur place. L’évolution présente un
caractère graduel. Sans intervention extérieure, le
progrès ne peut faire de sauts. En inscrivant ses recherches sur l’axe évolutif et progressif du système
des Trois Ages, Desor trouvait ainsi confirmation
de ses idéaux politiques (Kaeser 2004b).
Le système s’acheminait néanmoins vers une
crise et n’allait pas résister à l’accumulation des
De Méditerranée et d’ailleurs…
connaissances et à l’identification progressive de
cultures distinctes, tant en ethnologie qu’en préhistoire. L’approche de Desor témoigne, ici également, des tensions animant les divers paradigmes
de l’époque. Ce dernier développe en effet un
concept de culture proche de celui de faciès géologique et des enseignements des sciences naturelles. Une culture, qui s’inscrit d’abord dans une
dynamique évolutive, ne peut strictement se rapporter à un groupe ethnique.
Le paradigme transformiste du progrès se retrouve
à propos des mégalithes chez l’ethnologue irlandais Hodder Westropp (1869). Pour ce dernier les
mégalithes ne sont pas l’expression d’un peuple
unique mais le fruit d’une tendance universelle à
assurer le respect des sépultures. Ils n’en marquent
pas moins un stade de développement culturel.
Ces pratiques « détestables » se retrouvent en effet
chez plusieurs peuples « primitifs et sauvages ».
3.3 - Les états de civilisation
En 1934, Gordon Childe visite l’Union soviétique.
Les contacts qu’il prend alors avec la recherche
soviétique vont avoir une influence certaine sur
ses travaux dans le domaine des interprétations
sociales, notamment à propos des mégalithes (cf.
infra). Le livre de Morgan (1877) lance une classification évolutive unilinéaire des sociétés qui sera
reprise par le marxisme et l’archéologie soviétique.
On retrouve cette influence chez Childe dès 1936
dans ses notions de révolutions. What happened in
history (1942) reconnaît encore un état sauvage
(Paléolithique), un état barbare (Néolithique) et
un état barbare évolué (Âge du cuivre). L’influence
de la classification Morgan reste néanmoins secondaire par rapport aux autres paradigmes présents
chez l’archéologue australien.
Comme indiqué précédemment, les programmes
issus du paradigme transformiste et de l’évolutionnisme unilinéaire ne résisteront pas à l’accumulation des découvertes. Il faudra attendre le renouvellement instauré par la « Nouvelle Archéologie »
dans les années soixante pour voir se développer
un néo-évolutionnisme plus directement issu des
thèses fonctionnalistes de Charles Darwin.
4 - Les Lumières et l’archéologie des processus
4.1 - Paradigme
Les besoins élémentaires de l’homme et le principe
d’utilité déterminent une approche systémique de
l’histoire.
Le discours spéculatif des Lumières sur les origines retrouve au XVIIIe siècle les références antiques qui s’organisent en deux thèmes antagonistes : l’Âge d’or et l’état animal. Il se retrouve
dans l’école dite des moralistes écossais. L’histoire
humaine doit s’appuyer sur le développement des
arts de subsistance dont les transformations successives, influencées par les conditions du milieu,
entraînent l’évolution solidaire des autres domaines de la culture. Adam Fergusson (1767) et
Athanase Walkenaer (1798) développent une vision du progrès linéaire, de la sauvagerie primitive
à la civilisation, guidé par les changements des arts
de subsistance.
Ces spéculations spontanées d’ordre philosophique impliquent, selon Stoczkowski (1991,
1994, 1996), un certain nombre de présupposés,
presque toujours passés sous silence : déterminisme du milieu, matérialisme (l’existence matérielle définit la conscience), utilitarisme (l’homme
est l’expression de ses besoins matériels), individualisme (la culture s’explique par référence aux
besoins individuels).
Ce tableau évoque l’archéologie systémique et
processuelle nord-américaine développée dans le
cadre de l’étude des civilisations paléo-indiennes
précolombiennes. Il est intéressant de noter que
ce programme se développe aux Etats Unis au moment où l’on célèbre, lors du Congrès de Chicago
de 1959, le centenaire de L’origine des espèces de
Darwin, apogée de la Nouvelle synthèse, célébrant
la prédominance absolue de l’adaptation comme
unique mécanisme commandant l’évolution des
espèces. L’anthropologue Robert McC Adams,
qui assiste à la réunion, découvre alors qu’il est
intéressant de regarder les sociétés humaines
comme des mécanismes adaptatifs et d’attribuer ainsi un rôle adaptatif et évolutif à la culture
(Gould et Blanc 2006, p. 796-797).
4.2 - Contexte démographique et mégalithisme
Initié dans les années 60 par la Nouvelle Archéologie nord-américaine, l’archéologie des processus
est un programme de type fonctionnaliste destiné
à comprendre les paramètres de l’émergence d’un
phénomène (agriculture, société étatique, ville,
etc.) en proposant une analyse systémique de divers paramètres écologiques, culturels et sociaux.
Les travaux de G. Childe sur le mégalithisme évoquent parfois des approches comparables notamment par l’importance accordée à la composante
démographique du phénomène et anticipe ainsi
281
De Méditerranée et d’ailleurs…
ponctuellement les analyses ultérieures, plus explicites et plus systématiques, sur cette question.
Dès 1936, ce dernier se réfère à Marx, soulignant
l’importance des conditions économiques, des
forces sociales de production et des applications
de la science en tant que facteur du changement
historique. Le facteur démographique est déjà
présent. Les monuments mégalithiques représentent un énorme déploiement d’énergie et
une main d’œuvre importante. Il faut donc admettre un accroissement de la population dû à
la fécondité des nouveaux arrivants associés aux
chasseurs locaux.
Le représentant le plus éminent de la Nouvelle
Archéologie en Europe pour ce qui touche le
mégalithisme reste néanmoins Colin Renfrew.
On retrouve chez cet auteur l’ensemble des programmes liés à ce mouvement, analyse systémique et processuelle, cadre néo-évolutionniste,
recours explicite à des sources ethnographiques.
Dans Before civilisation (1973a, 1983), l’archéologue anglais insiste lui aussi sur l’importance de la
croissance démographique comme variable fondamentale, sinon indépendante, en se référant à
l’ouvrage fondateur de Boserup (1965). L’analyse
du mégalithisme des îles Arran et Rousay dans les
Orcades et des temples de Malte comporte une dimension démographique fondamentale.
Dans son travail sur le mégalithisme des Orcades
(Renfrew 1979), l’archéologue se livre à de nombreux calculs pour estimer le volume de travail nécessaire à l’édification de certains monuments et
en déduire la nécessité éventuelle d’une collaboration entre communautés voisines : 19000 heures/
hommes pour le cairn de Quanterness, 100000
heures/hommes pour celui de Maes Howe, soit
250 jours de travail pour un groupe de 20 personnes comprenant une moyenne de 5 hommes
travaillant 8 h par jour.
Dans l’Ouest atlantique, l’accroissement de la
population est un phénomène premier résultant
de l’arrivée de nouvelles populations et de la
conjonction de ce phénomène avec des ressources
maritimes locales supportant un peuplement mésolithique important. De cette croissance démographique découle bon nombre de conséquences
sociales, l’une d’elles étant l’apparition d’un phénomène de raréfaction des terres, accompagné
d’un plus grand souci, pour la communauté, d’assurer et de définir ses territoires et ses frontières.
Le développement du mégalithisme résulte donc
de cette pression sur les terres, favorisant tout ce
282
qui peut renforcer la solidarité des communautés.
Renfrew fait ici explicitement référence au travail
de Binford (1968) sur l’origine de l’agriculture au
Proche Orient, dans lequel la croissance démographique est érigée en variable indépendante et en
cause de l’innovation économique.
Dans leur article de 1998, Boujot et Cassen tiennent également certains raisonnements de type
systémique. En Bretagne, l’accroissement des
échanges économiques et matrimoniaux entre
les chasseurs mésolithiques et les agriculteurs a
déclenché un procès de compétition sociale permettant d’accéder aux biens prestigieux qu’étaient
les lames de haches ou encore les céréales et les
animaux domestiques.
Nous avons développé ailleurs (Gallay 1986, p.
78-85) ce qui nous paraît être les limites de ce
programme et le caractère réducteur de l’explication par la variable démographique. Les critiques
adressées par Stoczkowski à propos des théories
de l’hominisation, citées plus haut, vont exactement dans le même sens. À notre avis ces lacunes condamnent à terme ce programme à être
remplacé par des approches dans lesquelles les
liaisons entre faits matériels et expressions démographiques et sociales seront mieux assurées.
5 - L’évolutionnisme et le (néo)évolutionnisme
5.1 - Paradigme
Les relations entre l’homme et son environnement déterminent une évolution multilinéaire des civilisations.
L’évolutionnisme de Charles Robert Darwin
(1859), est clairement une théorie fonctionnaliste. La marche du vivant est entièrement auto-fonctionnelle et n’implique pas de trajectoire
déterminée du monde vivant. Aucune perfection,
nul ordre préétabli, nul plan général de la nature
ne sont inscrits au départ comme chez Lamarck.
Au début du XXe siècle, préhistoriens et paléontologues découvrent la multiplicité des voies
évolutives et le caractère inadéquat du développement unilinéaire défini par le transformisme.
En intégrant pour la première fois le paradigme
darwinien de l’influence de l’environnement, ils
ouvrent la préhistoire aux conceptions modernes.
Aux Etats Unis, des conceptions néo-évolutionnistes, prenant en compte l’influence du milieu
et proches du darwinisme, se développeront à la
suite de Morgan, en réaction contre l’approche
très descriptive de l’école de Boas, cela sous l’influence de Leslie White (1959), Julian H. Steward
De Méditerranée et d’ailleurs…
4 Schéma de l’organisation sociale des communautés mégalithiques de l’île Arran établi d’après les données de Colin Renfrew. Les
triangles blancs figurent les lignages, les triangles noirs les hommes.
(1955, 1956), Morton H. Fried (1967), Elman
R. Service (1971) et, dans une moindre mesure,
Marshall D. Sahlins (1972). Richard K. Beardsley
et al. (1956) développent par exemple une classification des sociétés fondée sur leur degré de mobilité en fonction de la nature de l’environnement.
L’archéologie de schémas néo-évolutionnistes
concerne essentiellement le domaine des civilisations américaines précolombiennes. Elle
n’aura que peu d’influence en Europe, mis à part
sur Colin Renfrew. De nombreux travaux montrent néanmoins combien les concepts de ce
programme ont influencé les quelques réflexions
sociales consenties par certains chercheurs. Nous
en voulons pour preuve notamment le succès du
terme « chefferie » d’autant plus largement utilisé
qu’il est plus superficiellement défini.
5.2 - Le mégalithisme face aux schémas
néo-évolutionnistes
Colin Renfrew reprend les schémas néo-évolutionnistes américains dans ses études du développement du Néolithique du Wessex (1973b), ainsi
que dans celles des temples de Maltes (1973a), et
du mégalithisme des îles Orkney (1973a, 1979).
Bonnano approfondira le cas de Malte en 1990
(Bonnano et al. 1990).
Les analyses de Renfrew s’organisent autour de la
notion de « chefferie » héritée de Sahlins, Service
et Fried. L’ancienne tripartition sociale, bande
(sauvagerie), tribu (barbarie), état (civilisation)
proposée par Morgan n’est en effet plus adéquate.
Les définitions qu’il donne de ce concept sont
les suivantes.
Dans Before civilisation (1973a), une chefferie est
une organisation fondée sur la naissance gouvernée par les hommes selon un principe de filiation
(descent) déterminé et permettant l’intégration de
plusieurs villages. La chefferie gère la centralisation et la redistribution de certains biens assurant
une exploitation plus rentable des ressources écologiques. Une classe de prêtres peut apparaître.
La définition s’enrichit dans Monuments, mobilization and social organization in neolithic Wessex
(1973b) avec vingt critères retenus, dont tous ne
sont pas présents dans le sud de l’Angleterre :
1. présence de rangs, 2. redistribution organisée
par un chef, 3. plus grande densité de peuplement,
4. plus grand nombre d’individu dans la société,
5. accroissement de la taille des groupes de résidence, 6. plus grande productivité, 7. limites territoriales mieux marquées, 8. société mieux intégrée, plus grand nombre de statuts sociocentrés,
9. centres coordonnant l’activité économique, sociale et religieuse, 10. cérémonies rituelles à vocation sociale fréquentes, 11. apparition d’un clergé,
12. spécialisation de la production, 13. coopération dans des entreprise collectives, 14. travaux
283
De Méditerranée et d’ailleurs…
5 Schéma de l’organisation sociale des communautés mégalithiques de l’île Rousay établi d’après les données publiées par Colin
Renfrew. Les triangles blancs figurent les lignages, les triangles noirs les hommes.
publics (irrigation, monuments funéraires), 15.
spécialisation artisanale, 16. expansionnisme territorial en relation avec la dynamique politique,
17. réduction des luttes internes, 18. inégalité de
statut de personnes ou de groupes associée à des
leaderships permanents dans d’autres domaines
que l’économique, 19. vêtements et ornements
distinctifs de hauts statuts, 20. absence d’un vrai
gouvernement permettant d’imposer ses décisions avec une force légale.
Sur cette base Renfrew reconnaît dans le développement du mégalithisme des îles britanniques au
moins quatre phases.
1. Sociétés égalitaires. Les petites tombes des îles
Arran et Rousay, déjà mentionnées par Childe
(1942, 1958, 1962), signent la présence de sociétés tribales égalitaires comprenant 25 à 70 individus par territoire. L’île Arran comprend 18
tombes. Au Néolithique, l’île devait accueillir une
population de 600 à 1200 personnes, soit entre
35 et 70 personnes par territoire, mais la terre ne
devait pas être exploitée en totalité, ce qui donne
des familles d’une dizaine de personnes par territoire (fig. 4). L’île Rousay comprend de son côté
13 tombes. On peut estimer ici la population d’un
territoire entre 20 et 50 personnes (fig. 5). Dans
les deux cas chaque territoire devait être occupé
par une famille étendue ou un segment de lignage
descendant d’un ancêtre commun et appartenant
284
à une tribu ou à un segment tribal. Les constructions des tombes révèlent des investissements de
travail considérables ; ces dernières sont donc
l’œuvre de plusieurs générations, ou expriment
plus probablement des liens de coopération entre
communautés voisines lors de certaines fêtes permettant l’édification des monuments funéraires
marquant les territoires de chaque communauté.
2. Sociétés à chefferies émergentes. Les long barrows
de la culture de Windmill Hill témoignent de
chefferies émergentes.
Les tombes occupent le centre de territoires estimés à environ 10 km2, exploités par des communautés de 20 à 100 personnes. Les monuments
funéraires n’accueillent qu’une moyenne de six
corps correspondant à des individus de statut
social privilégié. Ces constructions impliquent
des investissements de l’ordre de 5000 heures/
hommes qui peuvent être assumées par les communautés locales, avec ou sans collaboration des
communautés voisines. On rencontre en outre 1
à 3 camps à fossés interrompus (causewayed enclosures) pour 20 à 60 long barrows. Chaque site, qui
représente un investissement de 100000 heures/
hommes, est le résultat de la collaboration de plusieurs communautés qui, ici aussi, se mobilisent
pour édifier les monuments. Les enceintes à fossés interrompus fonctionnent donc comme des
« places centrales » représentant une population
De Méditerranée et d’ailleurs…
6 Émergence des chefferies du Wessex. Schéma de l’organisation sociale des cinq tribus occupant le Wessex à l’époque de Windmill Hill
d’après les données publiées par Colin Renfrew. Les triangles blancs figurent les lignages, les cercles noirs les camps à fossés interrompus.
de 400 à 2000 personnes et témoignent donc d’un
degré d’intégration plus élevé.
À l’échelle du Wessex, on compte globalement
environ 120 long barrows répartis entre cinq
territoires « indépendants » comprenant une
moyenne de 20 monuments funéraires, représentant des populations de 400 à 2000 personnes en
relation avec1 à 3 camps à fossés interrompus. Un
cinquième de la population d’un territoire engagée
pendant trois mois suffit donc pour édifier ce type
de monument à usage communautaire (fig. 6 et 7).
3. Sociétés à chefferies. Au Néolithique final, les
henge monuments, centres de réunion des leaders
des différentes chefferies (1 millions d’heures/
hommes, 10 millions pour certains cursus), confirment la pérennité et la croissance de ce type de
structure dans une région probablement plus densément peuplée. Ces monuments représenteraient
chacun une communauté de 5000 personnes. La
même situation peut être observée au niveau des
temples de Malte.
7 Émergence des chefferies du Wessex. Schéma de l’organisation territoriale de deux des cinq tribus occupant le Wessex à l’époque de
Windmill Hill d’après les données publiées par Colin Renfrew. Les rectangles noirs figurent les long barrows, les cercles noirs les camps
à fossés interrompus.
285
De Méditerranée et d’ailleurs…
8 Émergence des chefferies du Wessex. Ce schéma résumant le scénario proposé par Colin Renfrew met en évidence la notion clé
d’intégration politique et spatiale progressive propre aux schémas néo-évolutionnistes et l’impact de la croissance démographique,
phénomène auquel Gordon Childe était déjà sensible.
4. Sociétés à chefferies intégrées. Enfin, au Bronze
ancien, Stonehenge, monument unique au Wessex par ses dimensions exceptionnelles (30 millions d’heures/hommes pour la phase III du monument), évoque la présence d’un paramount chief étendant sa juridiction à l’ensemble de la région
sur une véritable confédération de tribus. On assiste donc à ce moment à la coalescence politique
des cinq chefferies originelles du Wessex avec un
potentiel de travail estimé à 7 millions d’heures/
hommes (fig. 8).
D’une manière générale les phases 2 à 3 témoignent, à un niveau archéologique identifiable, de
plusieurs des caractéristiques retenues pour définir une chefferie, soit de travaux publics (14),
de la présence nécessaire d’une redistribution de
nourriture lors des entreprises communautaires
(2), de la présence d’un contrôle centralisé (9),
d’une croissance de la population (3), d’une spécialisation artisanale (15), d’une spécialisation
régionale de certaines production nécessitant une
redistribution (12), de lieux où se développe une
certaine coordination sociale (9), de religieux
spécialistes des observations astronomiques (11).
D’autres critères devraient pouvoir faire l’objet de
nouvelles investigations archéologiques, ainsi l’ac-
286
croissement de la productivité (6), la délimitation
des unités territoriales (7), la diversité écologique
(12), la diversité des statuts fondé sur la diversité
des ornements ou des possessions (18, 19).
On retrouve une approche inspirée des modèles
de la Nouvelle archéologie dans l’article que nous
avions consacré à l’évolution des rites funéraires
néolithiques européens, où l’apparition de la
monumentalité et la collectivisation des tombes
constituent des paramètres importants de cette
question (Gallay 1991 ainsi que 2006 et 2007d
pour une critique de cette conception).
Les classements des sociétés proposés par les anthropologues nord-américains sont restés longtemps les seuls disponibles sur le marché, d’où
leur succès auprès des archéologues. Depuis peu
pourtant, Alain Testart (2005), a, en France, remis en cause ces conceptions.
La première critique formulée porte sur le caractère ambigu des classements. Ces derniers
confondent en effet principes de classement et
modèles de l’évolution des sociétés. Comme dans
les sciences du vivant, le classement devrait être,
du moins dans un premier temps, indépendant
de tout a priori sur la façon dont les sociétés (les
De Méditerranée et d’ailleurs…
espèces) évoluent réellement dans le temps, et
fondé uniquement sur des caractéristiques structurelles internes, quelles qu’elles soient. Contrairement à ce qu’on peut penser, les communautés
humaines ne se dirigent pas obligatoirement du
simple vers le complexe et d’une intégration régionale de faible amplitude vers une intégration à
la fois plus large et plus stricte. Les lignées évolutives sont d’autre part très diverses et présentent
des trajectoires souvent inattendues.
La seconde critique concerne les fondements
mêmes des classements néo-évolutionnistes. Ces
derniers sont en effet inadéquats dans la mesure
où le seul critère de classement utilisé, qui n’est
d’ailleurs jamais clairement défini, est celui de
« complexité » et de niveau d’« intégration spatiale ». On se pose en effet la question : quelle
complexité ? S’agit-il de complexité technique,
économique ou sociale, ou de tout cela à la fois ?
Comment mesure-t-on cette complexité ? Quelle
est l’échelle territoriale de cette intégration ? Cette
dernière est-elle, là aussi, technique, économique
ou sociale ? On sait en effet que la complexité de
certaines sociétés dites « simples » comme les
aborigènes australiens, peut être particulièrement
forte dans certains domaines ; on pense notamment aux structures sociales.
Il est intéressant de noter que, comme les anthropologues de la Nouvelle archéologie, les biologistes
du congrès de Chicago se font, à la fin des années
50, une opinion tout aussi floue de la notion de
complexité, reconnaissant que la Nouvelle Synthèse
se doit encore de définir ce qu’il faut entendre par
« accroissement de l’organisation » au cours du
temps (Gould 2006, p. 794).
Comme Colin Renfrew avait dépassé le classement de Morgan, nous devons donc désormais
dépasser le programme néo-évolutionniste, dont
nous avions également souligné les limites (Gallay 1986, p. 73), afin de mieux rendre compte de
la diversité des sociétés sur des bases anthropologiques plus précises.
6 - L’actualisme et l’ethnoarchéologie
6.1 - Paradigme
La recherche des causes actuelles permet de comprendre le passé
Dans ses Principes de géologie (1830-33), Charles
Lyell propose d’expliquer les modifications passées de la surface de la Terre par des causes agissant actuellement. Selon ce dernier, les causes des
changements géologiques ne sont pas distinctes
des causes actuelles ; elles ne présentent pas d’intensité plus grande. Regarder le monde contemporain permet d’expliquer le monde passé (Gohau 1987, 1990 ; Gallay 1980, 1995a). À sa suite,
William Whewell (1794-1866) crée le terme
d’uniformitarisme pour désigner ce cadre théorique.
L’extension du concept uniformitariste au domaine culturel sera essentiellement le fait de préhistoriens. L’ethnologie, à part quelques exceptions notables, reste en effet fondamentalement
réfractaire à toute tentative de généralisation. La
recherche actualiste prendra un essor considérable dans la recherche anglophone en se conformant à des bases théoriques très diverses (David,
Kramer, 2001). En France, les études actualistes
se développent à peu près à la même époque. Les
recherche de Pierre et Anne-Marie Pétrequin
(1984) sur les palafittes du Bénin et sur les haches
en Irian Jaya (1993), celles de Valentine Roux sur
la céramique tournée du Rajasthan (Roux et Corbettaz, 1990) marquent à notre avis un tournant
décisif dans ce type de démarche. Les recherches
comparatives d’Alain Testart (1986, 2004a et b)
ouvrent de leur côté des perspectives particulièrement stimulantes dans l’étude des relations entre
des contraintes qui pourraient être le propre de
l’espèce et leurs modulations culturelles dues notamment aux facteurs environnementaux. Elles
montrent en effet le caractère élémentaire et caricatural des notions sociologiques utilisées par le
néo-évolutionnisme nord-américain et milite en
faveur de concepts anthropologiques plus strictement définis, seuls aptes à fournir la base d’une interprétation socio-politique des sociétés du passé.
6.2 - L’apport des connaissances ethnologiques
Au XIXe siècle les références à l’ethnographie dans
le domaine des études mégalithiques restent anecdotiques, tant la question est dominée par le programme populationniste.
Pour Westropp (1869) l’analogie ne peut fonctionner que comme marqueur d’un stade de développement culturel identique. Il faut que les populations prises en compte soient suffisamment
« primitives » pour posséder une part d’instinct
encore importante et être soumises à un déterminisme biologique prépondérant.
En 1873, Broca considère que la similitude des
dolmens de l’Inde et de l’Europe, comme celle des
dolmens de l’Europe et de l’Amérique ne prouve
287
De Méditerranée et d’ailleurs…
qu’une chose : la similitude des facultés et des aspirations de l’homme qui les a construits.
Du Chatellier restera l’un des rares chercheurs de
ce temps (1878) osant rapprocher les architectures de terre du bassin du Missisipi des constructions préhistoriques qu’il fouillait en Bretagne.
L’argument ethnographique se trouve également
chez Emile Cartailhac (1889, p. 200), où il est
utilisé pour contrer les arguments d’une archéologie des peuples alors dominante. L’ethnographie
fournit en effet un modèle interprétatif en montrant que des peuplades qui n’ont en réalité aucun
lien commun, construisent aujourd’hui encore
des monuments analogues à ceux de l’Europe préhistorique.
Dans les années 30, Gordon Childe préfère trouver ses modèles dans l’histoire européenne et parler de missionnaires ou de croisés.
Il faudra attendre le renouvellement opéré par la
Nouvelle Archéologie pour voir se développer
une argumentation plus précise sur les conditions
dans lesquelles il est possible d’utiliser l’analogie
ethnographique. Nous y voyons deux conditions.
La première concerne l’élaboration d’un cadre
classificatoire permettant de circonscrire les sociétés au sein desquelles les comparaisons sont
possibles. La seconde, la seule contraignante,
concerne l’isolements de paramètres particuliers
dont le transfert sera d’autant plus judicieux que
les mécanismes fondant les modèles proposés (les
régularités dans notre terminologie) seront mieux
assurés (Gallay 1990b).
Colin Renfrew (1973a et b, 1979) développe cette
problématique pour les mégalithes dès le début
des années soixante-dix. Son cadre classificatoire
est celui, désormais critiqué, du Néo-évolutionnisme (cf. supra). Les Kélabites du nord de Bornéo et d’autres sociétés de cet archipel, ainsi que
les Kyakas des hautes terres de Nouvelle Guinée
servent de référence pour les sociétés égalitaires
des îles Rousay et Arran. L’île de Pâque est utilisée dans l’analyse des chefferies des temples de
Maltes et les maisons de réunion des Creek et
des Cherokee permettent d’aborder l’interprétation des henge monuments. À travers ces exemples
ponctuels, Renfrew cherche essentiellement à
définir les mécanismes de coopération et d’intégration politique permettant l’érection de monuments demandant une main d’œuvre importante
et les conditions sociales de cette coopération.
Les tombes d’Arran et de Rousay révèlent ainsi
des sociétés où la coopération entre lignages ou
288
clans voisins s’effectuait à l’occasion d’échanges à
la fois sociaux et cérémoniels et incluait certains
éléments de compétition. Les idées concernant la
part des pressions démographiques dans l’apparition de territoires mieux délimité et « marqués »
par l’érection de grands monuments puisent également, plus indirectement, leurs sources dans des
documents ethnographiques.
Du côté français, l’ethnologie est mobilisée pour
ouvrir de nouvelles pistes de recherches, l’analyse interne des matériaux européens restant primordiale face à la théorie anthropologique et aux
transferts issus de sociétés exotiques.
De façon pragmatique, Pierre Pétrequin, qui a travaillé en Irian Jaya sur les haches de pierre (A.-M.
et P. Pétrequin 1993) apporte ainsi des éléments
de compréhension indispensables sur les composantes économiques et sociales du phénomène
mégalithique européen, en démontrant l’importance des échanges de lames de pierre polie issues
des carrières alpines, notamment pour la Bretagne
(Pétrequin, Jeunesse 1995 ; Pétrequin et al. 2002).
Serge Cassen, tout comme Pierre Pétrequin, ne se
préoccupe guère d’un cadre classificatoire et développe un comparatisme ethnographique tous azimuts qu’il qualifie lui-même de « décomplexé ».
L’ethnographie est mobilisée pour démontrer
que des sociétés encore prédatrices peuvent néanmoins construire de grands monuments. Des
groupes observés par l’ethnoarchéologie nord et
sud-américaine, tributaires de récoltes de graminées sauvages, de collectes sélectives et d’espèces
protégées, possédant des formes de stockage de
produits de la mer ou de la rivière, au sein de vastes
réseaux d’acquisition de produits rares et désirés,
démontrent ainsi à quel point l’agriculture idéale
des peuples sédentaires n’est pas la condition sine
qua non à l’invention de la monumentalité funéraire fixant le territoire (Boujot et Cassen 2000,
p. 206). On retrouve des références ethnographiques et les travaux de Pétrequin à l’origine de
son hypothèse sur le rôle de l’exploitation du sel
dans le développement des sociétés de Bretagne.
Dans les sociétés traditionnelles, cette denrée est
en effet un bien de consommation cérémoniel et
un moyen d’échange indispensable à la reproduction des rapports sociaux (id. p. 255).
Sans être exhaustif, mentionnons également trois
exemples d’un intérêt renouvelé pour la monumentalité de certaines populations exotiques.
Kirch (1990) présente une étude comparative
De Méditerranée et d’ailleurs…
des monuments de Tonga et Hawai en les mettant en relation avec les structures de chefferies.
Nous avions nous-même esquissé une première
description des sociétés mégalithiques à l’occasion d’une bande dessinée consacrée au site du
Petit-Chasseur à Sion (Gallay 1995b). Dans un
ouvrage récent, Roger Joussaume (2007) analyse
les stèles et les menhirs des populations oromo du
Rift éthiopien, notamment des Konso et des Arsi.
La question des sociétés dites mégalithiques a été
reprise dans le cadre d’un nouveau classement des
sociétés proposé par Alain Testart (2005), classement que nous avons tenté d’appliquer aux sociétés mégalithiques européennes en distinguant
deux étapes dans le développement du mégalithisme, celle des sociétés à richesses ostentatoires
du Ve et du IVe millénaire et celle des sociétés lignagères du IIIe millénaire (Gallay 2006).
Nous reprendrons ici la conclusion de cet ouvrage.
En proposant des scénarios mettant en scène certains changements historiques fondamentaux, nous
avons montré comment concilier connaissance anthropologique de l’homme et métier d’historien.
L’approche évolutionniste des sociétés humaines
s’en trouve considérablement enrichie au sein de
ce que l’on peut désormais considérer comme un
nouveau programme de recherches. Le classement
fin des sociétés permet en effet d’approfondir notre
sujet dans deux directions complémentaires, mais
distinctes. Le premier enjeu, qui relève de l’anthropologie, se situe au niveau du repérage des mécanismes généraux qui justifient l’existence de comportements socio-politiques identiques dans des
sociétés ne possédant aucun liens historiques entre
elles. Le second, qui relève de l’histoire et de l’archéologie, devrait rendre compte des trajectoires
historiques toujours originales des sociétés.
Le programme ethnoarchéologie reste donc aujourd’hui ouvert et a peu de chance de se refermer
tant il est vrai que les vestiges archéologiques ne
parlent pas d’eux-mêmes et que leur interprétation dépend d’un savoir anthropologique général dont il est impossible de se passer dès qu’on
aborde des interprétations fonctionnelles.
7 - Le structuralisme et l’archéologie
contextuelle
7.1 - Paradigme
L’analyse interne des documents permet d’accéder à
l’idéologie inconsciente et irréductible caractérisant
chaque société.
Dans son cours de linguistique générale (1916),
Ferdinand de Saussure démontre la possibilité
de dégager les sons pertinents (phonèmes), arbitrairement construits, propres à chaque langue, et ceci par une analyse interne des discours,
éminemment variables, des locuteurs. Claude
Lévi-Strauss (1958, 1962) reprendra cette hypothèse dans le cadre de l’étude des idéologies de la
« pensée sauvage » en y ajoutant une hypothèse
idéaliste : les structures dégagées sont celles de
l’inconscient, un inconscient qui se manifeste
dans les différentes formes à travers lesquelles se
manifeste la pensée des sociétés : systèmes de parenté, esthétique figurative, mythologie, etc.
On retrouve ce paradigme chez un certain nombre
de préhistoriens. Sans se référer explicitement au
structuralisme, André Leroi-Gourhan (1956,
1965) propose une analyse qu’il veut strictement
interne de l’art préhistorique. Celle-ci lui permet
effectivement de dégager un schéma idéologique
commun à tout le Paléolithique supérieur européen dans lequel l’opposition de deux espèces animales, le cheval et le bison, incarne les principes
mâle et femelle, et révèle ainsi une métaphysique
de la mort et de la fécondité.
Il est intéressant de mentionner que le programme
symbolique est déjà présent dans l’école nordaméricaine des années soixante avec l’insistance
portée sur la notion de culture. Selon Marshall Sahlins (interview au Nouvel Observateur, n° 2229,
26 juillet-1er août 2007), un aspect essentiel et
contradictoire de l’enseignement de Leslie White
consistait à définir la culture comme un ordre qui
se constitue symboliquement. Le paradoxe théorique, insoluble, de White, qui est l’un des rares
anthropologues américains à citer de Saussure,
est de considérer que l’infrastructure matérielle
déterminante est elle-même un ordre doté d’une
signification culturelle.
L’archéologie anglo-saxonne s’est réapproprié le
structuralisme français dans les années quatrevingt au sein du programme dit « contextuel ».
Dans son article Sequence of structural change in the
Dutch Neolithic (1982), Ian Hodder se propose
ainsi de prolonger le structuralisme par une théorie de l’action en surmontant l’opposition entre
l’approche idéaliste du structuralisme (une démarche éminemment continentale), et l’approche
matérialiste du fonctionnalisme (plus spécifiquement britannique). La structure compliquée du
décor des gobelets en entonnoirs traduit la compétition animant divers lignages pour l’établisse-
289
De Méditerranée et d’ailleurs…
ment de droits territoriaux signalés par les tombes
mégalithiques et témoigne donc des conflits sociaux de l’époque. Ces conflits paraissent résolus
lors de la phase suivante correspondant à la civilisation des Gobelets à pied proéminent, où s’élabore une nouvelle stratégie fondée sur l’ouverture.
La possession du sol n’est plus alors liée aux droits
établis par les ancêtres, droits signalés par l’érection de grandes tombes collectives marquant la
prépondérance des lignages fondateurs.
7.2 - Le symbolisme de l’art mégalithique
L’intérêt pour les composantes symboliques de la
société se retrouve dans les tentatives de déchiffrement de l’art mégalithique. Dès l’origine, cet intérêt se concrétise autour de quelques stéréotypes
relevant plus d’une sémantique naïve et de stéréotypes appliqués sans critique aux productions
artistiques néolithiques les plus diverses, ainsi la
notion de déesse de la fécondité.
Serge Cassen fait dans ce contexte figure d’exception en prenant le contre-pied des interprétations habituelles. Son analyse des motifs de
la grande stèle de Locmariaquer (Cassen 2000,
Cassen, Vaquero 2000, Cassen 2007) mobilise
à la fois un corpus ethnographique tous azimuts
et propose une analyse structurale digne de LéviStrauss, dans la même ligne que Ian Hodder. La
stèle, où s’opposent des symboles de chasseurscueilleurs – crosse de jet, aurochs des forêts – et
des symboles d’agriculteurs – hache polie et bélier – est surmontée par la figure d’un cachalot
bondissant (qui a remplacé l’ancienne « hachecharrue »), figure emblématique de la prégnance
de la mer. « Tous les aspects de la représentation
plaident pour l’exagération des principes masculins
en tant qu’ils affichent une réaction au processus
dynamique dans lequel s’engage la culture de chasseurs-cueilleurs sous l’influence des normes religieuses
et techniques du monde des agriculteurs, la vie réglée
aux champs cultivés » (Cassen 2000, p. 750).
Nous avons présenté ailleurs (Gallay 1986, p. 9597) les limites inhérentes à ce type de programme ;
nous n’y reviendrons donc pas. L’exercice, aussi
brillant et convaincant soit-il, relève plus de l’interprétation littéraire que de la démarche scientifique. Serge Cassen ne s’y est du reste pas trompé
en affirmant que « ces principe généraux ne sont pas
réfutables et ne constituent donc pas une théorie »
(Cassen 2000, p. 751). Le programme contextuel se situe donc en dehors de la cumulativité
290
exigée par les disciplines scientifiques et pose un
problème spécifique que l’on retrouve à propos
de l’art paléolithique, problème que les récentes
polémiques sur l’art « chamanique » sont loin
d’avoir éclairci.
8. La place de V. Gordon Childe dans
le développement des études mégalithiques
Le tour d’horizon proposé permet de déceler dans
l’histoire des études mégalithiques deux ruptures
essentielles.
1. La première, d’ordre épistémologique, sépare
les approches descriptives des interprétations plus
ambitieuses, dites de « haut rang », dont nous
avons dit à plusieurs reprises qu’elles étaient séparées des bases compilatoires par un véritable fossé
épistémologique (Gallay 2007a). Les programmes
descriptifs se développent de façon cumulative dès
les origines de la discipline. Les premières observations architecturales sont progressivement enrichies par des expertises de plus en plus fines qui se
placent dans un cadre chrono-culturel de plus en
plus élaboré. Un nouvel intérêt pour les structures
architecturales périphériques et les sols d’occupations épargnés par les recherches anciennes polarisées sur les chambres sépulcrales se développe à
notre époque, parallèlement aux impératifs de la
taphonomie des inhumations.
À l’opposé, les programmes interprétatifs ont
tendance à se relayer, les nouvelles conceptions
chassant les anciennes jugées caduques selon les
modes intellectuelles de l’époque, sans que l’on
puisse déceler un véritable processus cumulatif.
Les anciennes conceptions peuvent néanmoins
parfois faire l’objet de véritables rejets selon des
argumentaires parfaitement scientifiques, du
moins pour certains programmes.
2. La seconde rupture est d’ordre technique et
concerne la révolution opérée par les possibilités
de datations absolues par le Carbone 14 (1949),
puis par la calibration des dates (1966). Elle sépare les anciennes interprétations des conceptions actuelles qui peuvent désormais s’appuyer
sur un cadre chronologique fiable.
On notera également que les programmes interprétatifs actuellement en vigueur n’ont pas
tous le même statut. L’analyse des relations entre
émergence du mégalithisme et acculturation des
chasseurs est aujourd’hui un programme dynamique qui demande à être étendu au delà des régions atlantiques et septentrionales. La question
du rôle des pressions démographiques demande
De Méditerranée et d’ailleurs…
à être abordée sur de nouvelles bases portant à la
fois sur une meilleure évaluation des densités de
peuplements et sur les modalités d’insertion de la
variable démographique dans l’évolution des sociétés, un sujet éminemment anthropologique (cf.
Gallay 2007b). Le cadre classificatoire néo-évolutionniste fait aujourd’hui l’objet de critiques qui
demandent ici aussi un approfondissement des
critères anthropologiques utilisés. Le développement des approches transculturelles de l’ethnoarchéologie reste donc aujourd’hui l’une des voies
essentielles pour faire progresser les études mégalithiques et c’est encore à ce niveau qu’il faut travailler si l’on veut faire passer l’interprétation de
l’art mégalithique (comme de tout art dépourvu
de commentaires écrits) du commentaire littéraire à un début de compréhension scientifique.
Ce rapide résumé du développement des recherches mégalithiques permet de saisir la place
cruciale de Gordon Childe dans ce processus.
Pour ce faire nous pouvons reprendre les divers
programmes isolés.
Programme descriptif. Gordon Childe a été peu
actif dans la constitution des archives de base.
Son intérêt réside essentiellement dans ses vues
synthétiques et dans les interprétations de « haut
rangs » proposées. Il a néanmoins pris part marginalement à la création d’un meilleur cadre
chronoculturel en étudiant les relations entre les
types céramiques britanniques et continentaux et
était très sensible à la variabilité des composantes
culturelles associées au mégalithisme.
Programme populationniste. Childe se trouve à l’articulation d’une archéologie des Peuples, monolithique, de plus en plus dépassée face à l’accumulation de preuves en faveur d’une grande diversité
culturelle et d’une compréhension plus fine des
phénomènes en termes de dynamiques des populations. Son programme diffusionniste reste
extrêmement nuancé mêlant diffusion culturelle,
déplacements de populations et déplacements
de personnes isolées. Son insistance à souligner
la variabilité culturelle des populations mégalithiques est l’un des grands paradoxes de ses vues
diffusionnistes. Nous trouvons en effet déjà chez
l’archéologue australien les deux arguments qui
seront utilisés par la suite par Colin Renfrew pour
rejeter les thèses diffusionnistes : disparité des mobiliers funéraires, absence de transferts concrets et
d’objets provenant du Proche Orient. Les données
fournies par les datations 14C rendront définitivement caduques les scénarios proposés par Childe.
Les seules relations de crossdating qui survivent
aujourd’hui sont celles établies entre le Bronze ancien égéen et les cultures de l’Enéolithique italien
(Branigan 1966). L’interprétation du changement
culturel en termes de populations et/ou d’individus peu nombreux reste néanmoins une alternative
souvent mobilisée. Nous en voulons pour preuve
les discussions concernant l’impact du Campaniforme sur les cultures mégalithiques. Les vues de
Childe concernant le rôle des sociétés de chasseurs
dans l’émergence des premières architectures funéraires monumentales est probablement l’argumentaire qui a le mieux résisté au temps puisqu’il
s’agit d’un sujet encore parfaitement d’actualité.
Programme transformiste. Childe se montre sensible à l’idée de progrès. Le concept d’états de
civilisation reste néanmoins totalement marginal
dans ses réflexions sur le mégalithisme puisque
nous nous situons à l’intérieur même du stade dit
de la barbarie, sans nécessité de comparaison avec
les autres stades.
Programme processuel. La variable démographique
n’a pas échappé à Childe qui insiste sur l’énorme
dépense d’énergie que requiert l’érection des
tombes mégalithiques. Cet intérêt se retrouvera,
de façon plus détaillée, dans les estimations chiffrées de Colin Renfrew.
Programme ethnoarchéologique. Curieusement
Childe ignore pratiquement totalement les références ethnologiques exotiques. Cette absence est
pour le moins curieuse quand on sait la place que
le comparatisme ethnographique tient dans les recherches préhistoriques depuis les origines. L’archéologue préfère trouver source d’inspiration
dans l’histoire européenne que chez les Papous ou
les Amérindiens en faisant appel aux « missionnaires » ou aux « croisés » pour découvrir des
modèles de comportement culturels expansifs.
Programme symbolique. À ce niveau, Childe ne fait
guère figure d’originalité et se conforme à des standards interprétatifs largement partagés à l’époque
en parlant de déesses de la fertilité ou de la mort.
Nous le voyons, Gordon Childe se situe à l’articulation de deux mondes. Les données compilatoires sont, dès les années trente, désormais trop
291
De Méditerranée et d’ailleurs…
nombreuses et trop diversifiées pour que l’on
puisse encore retenir l’idée d’un Peuple mégalithique unique. Le cadre chronologique reste
néanmoins encore trop incertain pour que l’on
puisse apprécier l’originalité et l’indépendance du
phénomène mégalithique à sa juste valeur. La lecture des textes de Childe laisse en effet l’impression d’une certaine tension entre une première
compréhension de la diversité culturelle du phénomène et la nécessité de trouver une explication
unique pour rendre compte de ces architectures
particulières. Le cadre de référence sociologique
reste élémentaire, sinon caricatural. La révolution
du Carbone 14C et les interprétations, quelquefois
hâtives et souvent superficielles de la Nouvelle archéologie feront entrer les études mégalithiques
dans une ère nouvelle que les actuelles recherches
ethnoarchéologiques et la nécessité de définir une
assise anthropologique plus stable pour ce phénomène sont déjà en train d’ébranler.
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ISBN : 978-2-35842-001-3
Achevé d’imprimer en octobre 2009
sur les presses de l’imprimerie LUSSAUD
85200 Fontenay-le-Comte
Dépôt légal n° 5058 - 2e semestre 2009
Imprimé en France
P
rincipalement axées sur la Préhistoire
et la Protohistoire méditerranéennes
et toujours replacées dans des
perspectives historiques, les recherches
menées depuis près de cinquante ans
par le professeur Jean Guilaine ont pu
être transmises au plus grand nombre
grâce à la chaire « Civilisations de
l’Europe au Néolithique et à l’Âge
du bronze » qu’il a animée entre
1995 et 2007 au sein du Collège
de France. Plus d’une centaine de
chercheurs de nationalités diverses
ont souhaité, à travers cet ouvrage,
rendre hommage à la richesse
de ses travaux mais également à
l’homme, passionné et toujours
désireux de faire partager son savoir.
La diversité des aires géographiques et la
variété des thématiques abordées dans les
articles ici rassemblés soulignent l’envergure
de recherches qui contribuent à jalonner
les routes de l’histoire européenne.
F
ocusing mainly on mediterranean
Prehistory and Protohistory and
invariably placing it in a historical context,
the research conducted by Professor Jean
Guilaine for almost fifty years has been
communicated to a larger audience thanks
to the chair “Civilisations de l’Europe au
Néolithique et à l’Âge du bronze” which
he held at the College of France
between 1995 and 2007. More than
one hundred international researchers
have provided their contribution to this
publication in order to honour not only
the variety of his work but also the
person, passionate and always seeking
to share his knowledge. The diversity
of the geographical areas and the
various subjects treated in the present
papers underline the importance
of his research, highlighting themes
throughout European History.
9 782358 420013
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