Didier Fassin

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Session n°4 : Santé et nouveaux défis
La recherche peut-elle contribuer à réduire les inégalités sociales de santé ?
Didier Fassin, Professeur à l’Institut d’étude avancée de Princeton, Président du Comité pour la
santé des exilés
Les inégalités sociales de santé, telles que mesurées par les écarts d’espérance de vie ou de quotient
de mortalité entre les catégories socioprofessionnelles, sont particulièrement élevées en France, par
rapport aux autres pays de l’Europe de l’ouest. Malgré les spectaculaires progrès de la biologie et de
la médecine, qui ont considérablement fait reculer l’âge moyen au décès au cours des cinquante
dernières années, ces disparités se maintiennent et parfois même se creusent. C’est que, plus que la
biologie et la médecine, ce sont les conditions de vie et de travail qui jouent le rôle essentiel dans la
genèse des inégalités sociales de santé.
La recherche peut-elle donc contribuer, à l’avenir, à les réduire ? Notre pays a une longue
expérience dans ce domaine, remontant au début du dix-neuvième siècle, avec les travaux des
hygiénistes, puis à partir du milieu du vingtième siècle, avec la collaboration entre démographes,
épidémiologistes et sociologues, notamment, dans les années 1980 et 1990 au sein de l’Inserm. Il
importe donc que l’expérience se développe et surtout qu’elle se traduise sur le plan de la santé
publique. Aujourd’hui, la recherche peut mobiliser les études statistiques pour mesurer les
disparités, leur évolution et leurs déterminants et les sciences sociales pour en analyser les causes et
les mécanismes, mais elle peut aussi tirer parti des acquis récents de l’épigénétique et des sciences
cognitives pour renouer le dialogue entre le social et le biologique. Tous ces travaux ne peuvent
toutefois aider à réduire les inégalités sociales de santé que pour autant que leurs résultats soient
pris en compte par les pouvoirs publics dans l’ensemble des politiques conduites, bien plus qu’ils ne
l’ont été dans le passé, et qu’ils soient partagés avec la société civile et les associations, dont l’action
a souvent été décisive en matière de droits de tous les patients résidant sur le territoire français.
République française
Inserm
101, rue de Tolbiac 75654 Paris Cedex 13
Tél. +33 (0)1 44 23 60 00 Fax +33 (0)1 44 23 68 56
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Pr Didier FASSIN
FONCTIONS ACTUELLES
 Anthropologue, sociologue et médecin
 Professeur de Sciences Sociales à l’Institute for Advanced Study, Princeton
 Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris
 Professeur honoraire à l’Université de Hong Kong
 Membre du Conseil scientifique de la Ville de Paris
 Membre du Conseil d’orientation scientifique et stratégique du Collège de France
 Membre fondateur de l’Iris, Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux
 Président du Comede, Comité pour la santé des exilés
 Éditeur adjoint de la revue Medical Anthropology
DOMAINES DE RECHERCHE
Pr Didier Fassin a longtemps travaillé, dans une perspective de sciences sociales, sur les questions de
santé publique, de politiques de santé et d’inégalités de santé. Ses recherches actuelles portent sur
les enjeux moraux et politiques dans les sociétés contemporaines, qu’il s’agisse des développements
des pratiques humanitaires ou des problèmes liés au tournant punitif.
Ses premières enquêtes s’inscrivaient dans le champ de l’anthropologie médicale et il s’est intéressé
dans ce cadre à la production et à la construction des problèmes de santé, en particulier autour du
saturnisme infantile en France, de la mortalité maternelle en Équateur, du handicap au Sénégal et du
sida en Afrique australe. Il a également abordé de manière qualitative et critique les inégalités
sociales, la manière dont elles étaient produites et s’inscrivaient dans les corps, et la façon de les
représenter publiquement et d’y faire face dans les politiques. En particulier, il a étudié les
populations affectées par ces disparités en France, notamment les immigrés et les minorités, ce qui
l’a conduit à repenser la question des frontières tant externes qu’internes.
Ses travaux plus récents, menés grâce à une Advanced Grant du Conseil européen de la recherche,
relèvent d’un domaine qu’il a proposé d’appeler Anthropologie politique et morale. Il s’agit de
comprendre comment les valeurs et les affects contribuent à informer et former les actions
conduites par les individus, les groupes et même les États. Quelle protection sociale et juridique
accorder aux catégories les plus vulnérables ? Comment punir avec justesse et justice les délits et les
crimes ? Dans quelles conditions intervenir au nom de la défense de populations menacées ? Telles
sont quelques-unes des questions auxquelles il a tenté d’apporter des réponses à travers des études
ethnographiques portant sur l’asile, la précarité, la police, la prison, l’action humanitaire.
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PUBLICATIONS
Pr Didier Fassin est l’auteur de nombreux articles scientifiques et ouvrages dans le domaine de la
santé publique et de l’anthropologie politique et morale. Il a notamment co-dirigé Les Inégalités
sociales de santé et l’État des savoirs de la santé publique, ainsi que Les constructions de l’intolérable
et Les Nouvelles frontières de la société française. Il est également l’auteur de Pouvoir et maladie en
Afrique, Faire de la santé publique, Quand les corps se souviennent, L’Empire du traumatisme, La
Raison humanitaire, La Force de l’ordre et Juger, réprimer, accompagner. Essai sur la morale de l’État,
livres dont plusieurs ont été traduits en anglais et primés aux États-Unis.
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