Avril 2012 D’après les travaux des : Dr Fanny ALKAR Dr Jacques TEISSIER Montpellier LES POINTS FORTS : ■ Récupération fonctionnelle de la force dès 3 semaines supérieure au geste de la trapézectomie ■ Restitution de la mobilité, de la stabilité et de la longueur de la colonne du pouce dès le 3e mois ■ 95,6% de survie à 4 ans OBJECTIF : L’objectif de cette étude est d’évaluer le comportement d’une prothèse trapézo-métacarpienne Maïa® sur une série rétrospective et monocentrique avec un recul moyen de 48 mois. MÉTHODES : Cent prothèses soit 94 patients ont été inclus dans l’étude de juin 2005 à septembre 2007. Sur les 100 prothèses, 89 ont été revues en consultation. 7 patients ont été perdus de vue, 2 sont décédés et 2 ont été repris ailleurs. RÉSULTATS : La douleur post-opératoire est évaluée à 0.8/4 selon le score d’Alnot, 93.6% des patients étaient satisfaits et très satisfaits. Le score d’opposition de Kapandji moyen était de 9.7/10 et le score de Dash moyen à 9.9/100. La force de la pince pouce/index était comparable au côté non opéré. Deux reprises chirurgicales ont été réalisées pour descellement trapézien. Il existe 2 ténosynovites de De Quervain, 4 algodystrophies, une fracture du trapèze post traumatique, et un descellement trapézien non repris. La survie de cet implant est de 95.6% à 48 mois. CONCLUSION : La prothèse Maïa® est un implant qui donne un excellent résultat clinique avec une courbe de survie très satisfaisante. Son design anatomique et sa modularité avec cols décalés et antéversés permettent une bonne adaptation et une bonne stabilité ; son revêtement bicouche composé de titane poreux projeté sous vide et recouvert d’hydroxyapatite facilite une ostéo-intégration rapide. Le descellement trapézien reste la principale complication à moyen terme. SOMMAIRE : INTRODUCTION : P1 INTRODUCTION P1 PATIENTS ET MÉTHODE La rhizarthrose est une pathologie fréquente de la femme d’âge mur. L’articulation trapézo-métacarpienne est, de par sa sollicitation dans les gestes de la vie courante, très fréquemment atteinte par l’arthrose. Les patients sont de plus en plus demandeurs de mobilité indolore de cette articulation. [1,2] L’articulation trapézo-métacarpienne est une articulation en selle biconcave présentant 2 degrés de liberté. [3,4] L’option thérapeutique d’une arthroplastie totale existe depuis 30 ans. [5] Le développement des prothèses trapézo-métacarpiennes est en plein essor depuis les dix dernières années. [2] Les prothèses actuellement sur le marché se différencient par : la position et le nombre de centres de rotation, le type d’articulation rotule ou en selle, le mode de fixation et l’arc de mobilité. (De la Caffinière®, Rubis®, Roseland®, Isis®, Ivory®, Guepar®, Arpe®, Elektra®, Cardan de Kapandji) [1,6,7] Le remplacement prothétique que nous proposons est celui d’une articulation de type rotule (centre de rotation unique à 3° de liberté) avec cupule semi-rétentive. P2 PROTHÈSE MAÏA ® P2 RÉSULTATS P3 LES RÉSULTATS DE SUIVI P3 DISCUSSION P4 CONCLUSION nosocomiale, hématome, luxation, fracture, descellement, allergie, névralgie du nerf radial, ténosynovite de De Quervain), et enfin le décès. Type d’étude : Nous avons mené une étude rétrospective monocentrique, mono opérateur sur une série consécutive de 100 cas. Les patients : Nous avons inclus dans la série des patients quels que soient l’âge et le sexe, ayant bénéficié de la prothèse trapézo-métacarpienne Maïa® pendant la période allant de juin 2005 à septembre 2007. L’opérateur était le Docteur Jacques Teissier. Les données opératoires qui ont été recueillies sont le sexe, l’âge à l’intervention, le côté opéré, le membre dominant, le score d’Alnot préopératoire, le niveau d’activité, la cotation radiologique selon Dell. Les caractéristiques de l’intervention chirurgicale qui ont été retenues sont la date d’intervention, la casuistique de l’implant et les effets indésirables. Le suivi post hospitalier a permis de rechercher la survenue de complication et ou reprise chirurgicale. L’évaluation clinique et radiologique était standardisée : score d’Alnot, satisfaction du patient, score de Quick Dash, indice d’opposition et de rétropulsion de Kapandji, indice de force Key-Pinch et Grasp, mobilité postopératoire, recherche de descellement, enfoncement et ossifications. PATIENTS ET MÉTHODE : Objectifs : L’objectif principal est d’évaluer la performance et la sécurité de la prothèse trapézo-métacarpienne Maïa® dans le traitement de la rhizarthrose par l’estimation de sa probabilité de survie (reprise chirurgicale avec changement de tout ou partie de l’implant quelque soit la cause) sur une série consécutive de patients afin d’être représentatif de la pratique clinique quotidienne. Les objectifs secondaires sont une évaluation clinique précise (amélioration postopératoire du score de douleur d’Alnot, satisfaction du patient, score Quick DASH, indice d’opposition et de rétropulsion de Kapandji, indice de force Key-Pinch et Grasp, mobilité postopératoire), une évaluation radiologique avec recherche de descellement, enfoncement et ossifications, la recherche d’effets indésirables n’ayant pas nécessité le reprise de la prothèse (infection Tous les sujets ont été recontactés par téléphone. La majorité des sujets a accepté de venir en consultation pour la révision de l’implant. Pour les sujets ne pouvant pas se déplacer, les données ont été obtenues par téléphone. Dans ce cas, seule la notion de reprise chirurgicale a été notifiée. Enfin, quelques sujets n’ont pas pu être recontactés (perdus de vue). 1 PROTHÈSE MAÏA® : • Mise en place de l’implant trapèzien définitif (semi-rétentif) par impaction, avec l’impacteur (droit ou coudé) qui doit guider l’enfoncement de la cupule en respectant une orientation de 40° d’abduction et de 40° d’antéversion par rapport à l’axe du 2e métacarpien. L’implant Maïa® est une prothèse totale de type rotule à 3 degrés de liberté à centre de rotation unique trapézien, non cimentée. La tige métacarpienne est de section triangulaire reproduisant anatomiquement la cavité médullaire du premier métacarpien. Son revêtement double est composé d’une sous couche de titane poreux projeté sous vide, recouverte d’hydroxyapatite, favorisant son ostéo-intégration. Elle possède une macrostructure en écailles sur sa partie proximale afin de diminuer les risques d’enfoncement de l’implant et de favoriser la repousse osseuse à son contact. Elle existe en 4 tailles (7, 8, 9 et 10). Le col modulaire se décline en 3 modèles droit, décalé, antéversé (droit et gauche) et en 3 longueurs (médium, long et extra long). Il est fin, évitant ainsi tout effet came. Il est surmonté d’une bille monobloc. La cupule trapézienne est de type hémisphérique ; elle comprend un métal-back et un noyau en polyéthylène interchangeable et de type semi rétentif ou non rétentif. Son diamètre externe est de 9 ou 10 mm et sa forme est décagonale. Sa surface au contact du trapèze est munie de 4 micro picots peu agressifs et possède un revêtement bicouche plasma titane et poro-coat d’hydroxyapatite permettant un ancrage press-fit sans ciment. Deux trous de diamètre 1mm symétriques, sur l’équateur, permettent la manipulation de la cupule à l’aide de la pince porte-cupule. Bien que serti, le noyau PE est amovible et peut être changé seul en cas de reprise. L’assemblage entre la tige et le col se fait par l’intermédiaire d’un cône morse à 6°. L’antéversion du col est de 30°. • Après mise en place de la cupule et de la tige, on réalise les essais et le choix du col prothétique. • Contrôle de l’orientation et de la longueur. Tests de mobilité et de stabilité. • Fermeture par repositionnement du lambeau capsulaire ; réinsertion périostée du long abducteur qui est dorsalisé et remis en tension sur la base du premier métacarpien. • Fermeture par points séparés non résorbable à la peau, pas de drainage. • Mise en place d’un orthèse immobilisant le pouce à 48h pour une durée de 3 semaines. • A J+3 semaines ablation de l’orthèse et début de l’auto rééducation. • Patients revus à 2 mois. Technique opératoire : • Anesthésie locorégionale avec garrot pneumatique à la racine du membre. • Voie d’abord latérale rectiligne centrée sur l’articulation trapézo- métacarpienne. Bilan radiologique : Le bilan radiologique à la révision était standardisé : radiographie des deux mains de face et incidences de Kapandji de face et de profil des 2 pouces. • Branches sensitives du nerf radial systématiquement visualisées et protégées par les écarteurs. • Le court extenseur du pouce est écarté en dehors et le long abducteur en dedans. Le long abducteur du pouce est partiellement désinséré de la base du premier métacarpien avec un patch périosté. • Arthrotomie en L inversé : relèvement d’un lambeau capsulaire à charnière dorsale relevée protégeant ainsi l’artère radiale. Incidence kapandji de FACE Incidence kapandji de PROFIL Analyse statistique : Les variables qualitatives ont été décrites par des proportions, les variables quantitatives par leur moyenne, écart-type, médiane, minimum et maximum. L’amélioration postopératoire du score PMA a été évaluée par un test paramétrique de Wilcoxon apparié. Les données censurées ont été analysées par la méthode de Kaplan Meier (avec intervalle de confiance à 95% de la probabilité de survie). La date d'origine était la date de pose du dispositif et la date de point le 31 octobre 2011. Un sujet était considéré comme perdu de vue lorsqu’ il n’avait pas pu être recontacté. Tous les tests étaient bilatéraux au seuil 5 %. Les analyses ont été réalisées avec Stata 5. • Synovectomie • Préparation du métacarpien dans un premier temps : Coupe à la scie (5 mm d’épaisseur environ), plane et perpendiculaire à l’axe du premier métacarpien, emportant la surface articulaire avec le cartilage et l’os souschondral ; émondage de l’ostéophyte palmaire systématique et passage des râpes successives pour choisir la taille de la tige retenue. RÉSULTATS Les données analysées étaient celles disponibles au 31 octobre 2011. Descriptif de la population à l’inclusion Au total, 100 prothèses trapézo-métacarpienne Maïa® ont été posées chez 94 patients (6 patients ont bénéficié d’une prothèse bilatérale) entre le juin 2005 et le septembre 2007. Il s’agit d’une série consécutive de cas. Les caractéristiques des patients à l’inclusion figurent dans les tableaux 1 et 2. Tableau 1 – Caractéristiques de la population à l’inclusion • Dans un deuxième temps, préparation du trapèze : résection des osthéophytes péritrapéziens à la pince gouge. Repérage du centre de la selle et passage des fraises successives en finissant par la fraise manuelle afin de ne pas brûler l’os. 2 CARACTÉRISTIQUE n (%) Sexe Femme 92 (97,8) Côté opéré Droit 57 (57,0) Membre dominant Oui 46 (46,0) Profession (niveau d’activité) Manuel lourd Manuel léger Sédentaire 49 (49,0) 19 (19,0) 32 (32,0) Classification de Dell Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 4 0 (0,0) 0 (0,0) 18 (18,0) 82 (82,0) Atteinte STT 0 1 2 86 (86,0) 11 (11,0) 3 (3,0) Quatre patients présentaient une arthrite inflammatoire et un patient un diabète associés. Concernant les traitements antérieurs, 35% des patients ont eu des infiltrations, 26% une orthèse et 16% des infiltrations associées à une orthèse. La hauteur moyenne du trapèze était de 8 mm (minimum 4 mm, maximum 12 mm). trapèze par un greffon cortico-spongieux iliaque et pose d’ une cupule press-fit taille 9 dans le greffon. Complications n’ayant pas nécessité de reprise chirurgicale Sur l’ensemble de la série, 9 patients ont présenté une complication qui n’a pas nécessité de reprise chirurgicale : - Un patient de 58 ans a présenté une luxation prothétique. Cette complication a pu être traitée par une réduction « orthopédique ». Ce patient est décédé un an plus tard dans les suites d’une fracture de l’extrémité supérieure du fémur controlatérale, aucun autre épisode de luxation n’avait été observé. - Quatre patientes ont développé une algodystrophie modérée qui a retardé de 3 mois en moyenne la récupération fonctionnelle. - Une fracture non déplacée du trapèze a été diagnostiquée chez une patiente de 67 ans à 3 semaines postopératoires. La fracture a été traitée orthopédiquement, immobilisée par une résine pendant 2 mois, puis orthèse amovible 1 mois. - Deux patientes ont développé une ténosynovite de De Quervain qui a été traitée par infiltration et immobilisation. - Un enfoncement avec descellement de la cupule trapézienne a été mis en évidence chez une femme de 77 ans. Une reprise a été proposée mais refusée par la patiente qui était peu symptomatique. Une arthrose sévère de l’articulation métacarpo-phalangienne était associée dans 5% des cas. Tableau 2 – Caractéristiques de la population à l’inclusion CARACTÉRISTIQUE Moy (ET) Med (min-max) Age, année Score d’Alnot préopératoire 68,4 (8,2) 3,2 (1,0) 68,0 (48-86) 4,0 (0-4) Les implants Les caractéristiques des implants figurent dans le tableau 3. Tableau 3 – Caractéristiques des implants CARACTÉRISTIQUE n (%) Taille de la tige 7 8 9 10 16 (16,0) 38 (38,0) 29 (29,0) 17 (17,0) Type de col Droit moyen Droit long Droit extra-long Décalé moyen Décalé long Décalé extra-long Décalé antéversé droit moyen Décalé antéversé droit long Décalé antéversé droit extra-long Décalé antéversé gauche moyen Décalé antéversé gauche long Décalé antéversé gauche extra-long 0 (0,0) 1 (1,0) 2 (2,0) 23 (23,0) 67 (67,0) 6 (6,0) 0 (0,0) 1 (1,0) 0 (0,0) 0 (0,0) 0 (0,0) 0 (0,0) Type de cupule Taille 9 rétentive Taille 10 rétentive 99 (99,0) 1 (1,0) Evaluation clinique L’évaluation clinique a été effectuée sur 83 patients revus en consultation. Amélioration du score de douleur d’Alnot : Tableau 4 – Comparaison du score d’Alnot préopératoire et au dernier suivi CARACTÉRISTIQUE Moy (ET) p-value Score d’Alnot préopératoire Score d’Alnot postopératoire 3,2 (1,0) 0,8 (1,0) < 0,01† † Test de Wilcoxon apparié Satisfaction du patient : 71,4% des patients sont très satisfaits, 22,2% sont satisfaits, 4,8% sont moyennement satisfaits et 1,6% ne sont pas satisfaits. Soit un taux de satisfaction global de 93,6%. Score Quick DASH : Le score moyen au dernier suivi est de 9,9/100 (écart-type 10,5, médiane 6,8/100, minimum 0/100, maximum 47/100). Indice d’opposition et de rétropulsion de Kapandji [8] L’indice moyen d’opposition est de 9,7/10, celui de rétropulsion de 2,0/4. Les mobilités postopératoires sont : - Flexion : 19,0° - Extension : 40,3° - Antépulsion : 33,4° - Rétropulsion : 15,6° La majorité des cols, 96,0%, sont décalés (moyen, long ou extra-long). Les cupules utilisées étaient toutes rétentives. LES RÉSULTATS DE SUIVI Recueil des données Indices de force Key-Pinch et Grasp Sur les 94 patients (correspondant à 100 prothèses) 83 ont été revus en consultation. Les autres ont fait l’objet d’un suivi téléphonique. Tableau 5 –Scores de Key Pinch et Grasp au dernier suivi Probabilité de survie de l’implant Parmi les 100 prothèses trapézo-métacarpiennes Maïa®, 11 sont sorties d’étude pour les motifs suivants : - 2 patients sont décédés, soit 2,0%. Les motifs de décès étaient sans rapport avec le dispositif. - 2 prothèses ont été reprises chirurgicalement ailleurs, soit 2,0% - 7 patients ont été perdus de vue, soit 7,0% Côté opéré Côté non opéré Homme Key Pinch Grasp 9,4 kg 43 kg 9,3 kg 44,2 kg Femme Key Pinch Grasp 5,3 kg 22.1 kg 5,5 kg 23 kg Evaluation radiologique L’évaluation radiologique a été effectuée sur 83 patients revus en consultation. Le recul moyen était de 45,3 mois (+/- 5,5), médian de 44,2 mois (minimum 37, maximum 64 mois). La survie de l’implant à 48 mois était de 95,6% IC 95% [82,7-98,9] calculée sur 24 prothèses encore incluses dans l’analyse comme l’illustre la figure 2. Liserés : Un liseré trapézien a été observé dans 17,4% des cas, un liseré métacarpien dans 22,2% des cas. Ces liserés sont asymptomatiques. Ossifications : Des ossifications ont été jugées petites et non encombrantes dans 36,5% des cas, moyennes et peu encombrantes dans 23,8% des cas et encombrantes dans 3,2% des cas. Ces dernières sont modérément enraidissantes. Enfoncements ou mobilisations : Un enfoncement global de la cupule trapézienne a été objectivé dans 3,2% des cas. Aucun enfoncement de la tige métacarpienne n’est survenu. Une mobilisation de type «bascule» a affecté la cupule trapezienne dans 4,7 % des cas. DISCUSSION Figure 2 – Probabilité de survie de la prothèse trapézo-métacarpienne MAÏA® Deux reprises chirurgicales ont eu lieu : - Une reprise à 42 mois post-opératoire pour un descellement trapézien qui a été repris par une cupule de taille supérieure (10 mm). - Une reprise à 46 mois post-opératoire pour un descellement de la cupule trapézienne chez une femme de 48 ans, effectuant des travaux manuels lourds, souffrant d’une rhizarthrose isolée. La reprise a été réalisée en un temps avec reconstruction du Dans la rhizarthrose, l’option thérapeutique d’une arthroplastie totale trapézo-métacarpienne reste encore pour certains controversée. Parmi les alternatives chirurgicales, c’est la trapézectomie, avec ou sans tendinoplastie de suspension ou d’interposition, qui est la solution classiquement la plus préconisée [9,10]. 3 Mais, outre la douleur qui disparait, la force, la mobilité, la stabilité et la longueur de la colonne du pouce sont restaurées dès le troisième mois dans le cadre de la mise en place d’une prothèse Maïa® [11,12]. Il faut de plus évoquer les douleurs persistantes et les risques d’enraidissement de la colonne du pouce si la tendinoplastie est trop tendue après trapézectomie [13]. De plus, il existe une diminution de la longueur de la colonne du pouce qui n’est pas négligeable notamment pour la population féminine prédominante dans cette pathologie : la réduction de l’espace scaphotrapézien est de 27% à 78 mois de recul dans la série de Ferrière et Mansat en 2010 [9]. Il est vrai que dans cette série de trapézectomie, les complications sont limitées à deux cas d’algodystrophie. Cependant nous observons avec les prothèses trapézométacarpiennes Maïa® une récupération fonctionnelle rapide avec la force qui reste supérieure aux trapézectomies et une indolence avec au recul moyen de 4 ans. Le taux de survie de l’implant est très satisfaisant et les complications sont rares (7%). C’est pourquoi la prothèse Maïa® reste pour nous intervention de choix car elle apporte rapidement indolence et fonctionnalité stable dans le temps (recul moyen de 4 ans) et permet en cas de complications un recours à une trapézectomie avec ou sans tendinoplastie de suspension ou d’interposition. L’arsenal thérapeutique est pauvre après trapézectomie si le patient reste douloureux. Plus récemment, des implants d’interposition, le plus souvent en pyrocarbone, avec ou sans trapézectomie partielle ou totale ont été proposés comme une solution compétitive face aux prothèses totales. Les implants en silastic, en polyesther ou en PLLA avec trapézectomie totale ont, au travers de leurs effets indésirables, perdu de leur crédibilité [27]. stabilité primaire sans les inconvénients d’une rétentivité durable sur l’ostéofixation. Ainsi il existe une protection contre la luxation pendant l’installation précoce de la fibrose cicatricielle. - la préservation des muscles thénariens et ligaments antérieurs par la voie d’abord latérale que nous utilisons en prenant soin de réinsérer l’abductor pollicis longus et réparer le lambeau capsulaire lors de la fermeture. - la grande attention mise au centrage et à l’orientation de la cupule trapézienne. Parmi les autres complications retrouvées on relève 4% d’algodystrophie. Nous avons associé la libération endoscopique du nerf médian au canal carpien pour ces patients. Les résultats ne nous permettent pas de conclure quant à la relation de cause à effet de l’addition d’un geste chirurgical à la mise en place de la prothèse. En effet, dans notre série il existe 25 cas de pose de prothèse où nous avons associé un geste chirurgical (libération endoscopique canal carpien, ténosynovite sténosante d’un doigt long, aponevrectomie pour maladie de Dupuytren, arthrodèse interphalangienne d’un doigt long…) La fracture du trapèze que nous comptons dans notre série est une fracture post traumatique survenue une semaine après l’ablation de la résine. Aucune fracture du trapèze n’est observée en per opératoire ni post-opératoire immédiat. Le design de l’implant trapézien avec ses picots tropicaux peu agressifs permet un ancrage trapézien meilleur en évitant les accidents fracturaires à l’impaction sur des os fragiles. La probabilité de survie de la prothèse Maïa® est excellente avec 95,6 % de survie à 4 ans. Dans la littérature, on retrouve un taux de survie variable avec dans la série de Maes un taux comparable pour la prothèse Rubis II® (93% à 5 ans) [15] mais pour Apard et Saint Cast un taux de 85 % de survie à 5 ans pour la prothèse Arpe [23,24]. Walch et al. ont retrouvé 68% de survie pour la prothèse De La Caffinière à 5 ans [25]. Le taux de satisfaction est également excellent avec 93,6% des patients très satisfaits et satisfaits. Pour Garcia, la prothèse Roseland® montre un taux de satisfaction qui est correct de 84,6% [26]. La principale limite dans cette étude est son caractère rétrospectif. Cependant, le faible taux de perdus de vue donne de la puissance à cette cohorte. Les atouts de la prothèse totale sont représentés par : - la disparition des douleurs - la récupération des mobilités - la restauration de la force - le rétablissement de la longueur du pouce - la correction du « pouce en Z » Et cela dans un délai post-opératoire très rapide, de l’ordre de 3 mois. De plus, en cas d’échec d’une prothèse, une trapézectomie reste possible et cette possibilité n’est pas la seule solution en cas de nécessité de révision prothétique : reconstruction trapézienne par greffe osseuse, trapèze prothétique ou cupule double mobilité de révision, cupule implantée dans le scaphoïde, arthrodèse trapézométacarpienne type Foster… CONCLUSION Le trapèze reste cependant la difficulté : en effet, les descellements trapéziens représentent 2,2% de notre série. Il existe 3.2% d’enfoncement global de la cupule asymptomatique, 4,7%de bascule stable de la cupule et 17% de lisérés trapéziens stables. Lemoine et al. ont recensé 28% de liserés trapéziens et 3% de descellements trapéziens dans leur série de 84 prothèses Guepar® [6,14]. Dans la série de Maes de 118 prothèses Rubis II® [15,16], il n’existe aucun descellement mais un liseré d’ostéolyse stable était présent au niveau trapézien dans 15% des cas. Pour Regnard, il existe 15% de descellements trapéziens dans sa série de 100 prothèses Electra [17]. Nous avons considérablement amélioré l’ostéo-intégration de la cupule trapézienne grâce à la fois son revêtement bicouche titane / hydroxy-apatite projeté par une torche à plasma sous vide et sa morphologie décagonale. Nous pensons que ces ostéo-intégrations insuffisantes s’expliquent, dans certains cas, par la mauvaise qualité osseuse du trapèze et dans d’autres cas, par un « stock osseux » trop limite, s’agissant de trapèzes dysplasiques avec une hauteur réduite. Nous pensons que l’absence de descellement et d’enfoncement de la tige métacarpienne est liée à son design anatomique, à sa macrostructure en écailles et à un lit de préparation constitué d’un os cortical [18, 19,20]. La luxation est également une complication fréquemment retrouvée dans la littérature. Regnard retrouve 7% de luxations pour la prothèse Electra® et Jacoulet 8% pour la prothèse Arpe® [17,12]. Enfin, la prothèse Rubis II® dans la série de Maes dénombre 5% de luxations [15]. Nous pensons que la rareté de luxation dans notre série (1%) s’explique par plusieurs facteurs : - le caractère semi-rétentif du noyau en polyéthylène de la cupule trapézienne [21,22] ; cet effet semi rétentif du polyéthylène ne dure que quelques mois car il se produit un « matage » progressif du rebord du polyéthylène pendant 6 mois. Au total, ce caractère semi-rétentif a les avantages de la rétentivité pour la La prothèse Maïa® est une évolution et une amélioration de la prothèse Arpe®. Outre une excellente probabilité de survie à 48 mois (95,6%), cette prothèse a permis de régler le problème de l’enfoncement des tiges métacarpiennes. La prothèse Maïa® diminue également les complications trapéziennes, elle élargit les indications et simplifie les reprises grâce à une gamme étendue de cols: droits, décalés et antéversés. Sur le plan clinique, la fonction du pouce est rétablie, en terme d’indolence, de mobilité et de force restaurée. La déformation en Z et la longueur de la colonne du pouce peuvent être corrigées. Enfin, un échec de prothèse trapézométacarpienne n’est pas une impasse thérapeutique, car des solutions de reprise existent : trapézectomie, prothèses de révision, arthrodèse trapézométacarpienne. A la lumière des résultats de cette série, il nous parait souhaitable de proposer comme solution de choix une prothèse trapézométacarpienne type Maïa® dans le traitement chirurgical de la rhizarthrose. 175 rue Jacquard - ZI Lyon Nord 69730 Genay - FRANCE Tél. +33 (0)4 72 33 02 95 Fax +33 (0)4 72 35 96 50 www.groupe-lepine.com REFERENCES [1] Lignon J, Friol JP, Chaise F. Historique des prothèses totales trapézo-métacarpiennes. Ann Chir Main Memb Super 1990;9(3):180-188. [2] Comtet JJ, Rumelhart C. Prothèses totales trapézométacarpiennes : concepts et essai de classification. Chir Main 2001;20:48-54. 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