Franche

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08/05/2007 |
Franche-Comté
Ancienne province française limitrophe de la Suisse romande, la F. est située entre l'Alsace, la Champagne et
la Bourgogne. Depuis 1960, elle constitue une région administrative formée des départements du Doubs, du
Jura, de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort. La F., ou la Comté, a appartenu au premier et au second
royaume de Bourgogne. Elle a été érigée en comté de Bourgogne au Xe s. et, à la mort du roi Rodolphe III
(1032), est rattachée au Saint Empire romain germanique. Au XIIIe s., elle passe progressivement dans la
mouvance des ducs de Bourgogne. L'union du duché et de la comté de Bourgogne (Bourgogne et F.) est
interrompue de 1361 à 1384 par un retour de la F. à la maison de Flandre. Dès 1384, la F. est à nouveau unie
au duché de Bourgogne. Elle revient à la France à la mort de Charles le Téméraire (1477). Cédée aux
Habsbourg par le traité de Senlis (1493), la F. restera dans l'orbite du Saint Empire jusqu'en 1678, date à
laquelle elle est annexée à la France. Besançon, ancienne ville impériale, succède alors à Dole comme
capitale de la province. Au Moyen Age, l'autorité de l'archevêque de Besançon s'étend sur les diocèses de
Lausanne et de Bâle (archidiocèse de Besançon). La F. reste catholique au XVIe s. On y parle français, la
langue d'oïl au nord, le franco-provençal au sud.
A la fin des guerres de Bourgogne, les Confédérés renoncent contre 150 000 florins à leurs prétentions sur la
F. Ils tenteront cependant encore quelques incursions et les différends frontaliers ne seront définitivement
réglés qu'en 1862 (traité des Dappes). Dès le XVIe s. pourtant, la Ligue héréditaire conclue en 1511 entre
Maximilien d'Autriche et les Confédérés stipule le respect mutuel des possessions (clause du "léal regard"). La
convention entre Marguerite d'Autriche et la France, reconnaissant la neutralité comtoise (1512), est souvent
renouvelée par la suite. Bien que les Suisses s'en portent garants, ils ne réussissent pas à protéger la F.
militairement, se contentant d'intervenir diplomatiquement. Leur faiblesse s'explique par leur forte
dépendance à l'égard de la France et par leurs conflits de religion. Les Confédérés ne pourront ni protéger les
Comtois pendant la guerre de Trente Ans, en particulier entre 1635 et 1643 (guerre de Dix Ans), ni empêcher
les deux conquêtes successives de la F. par Louis XIV en 1668 et 1674. Ils assisteront impuissants à son
annexion définitive par le traité de Nimègue (1678). Province "réputée étrangère" jusqu'à la Révolution, la F.
ne commerce pas librement avec le reste du royaume. Des barrières douanières la séparent à la fois de la
France et de ses voisins suisses.
Les échanges entre la F. et la Suisse ont toujours été intenses. Dès le Moyen Age, les Confédérés achètent du
vin, du blé, du fer et surtout du sel. La contrebande est active avant comme après la conquête française. Elle
porte d'abord sur le sel (faux saunage) et les étoffes, dont le trafic augmente, puis sur le tabac ou les livres,
accessoirement sur les céréales, le bétail ou le bois. Les capitaux, souvent bâlois, soutiennent l'industrie
comtoise, en particulier la métallurgie. Les hommes aussi passent les frontières et transportent idées et
techniques. Dès la fin du XVe s., des Comtois introduisent l'industrie métallurgique dans le Jura vaudois. Après
la guerre de Dix Ans, de nombreux Suisses arrivent des cantons catholiques pour repeupler la F. dévastée. Au
XVIIe s., des Gruyériens fabriquent leurs fromages dans le Jura, tandis que des anabaptistes suisses
développent l'élevage de la race pie rouge dans la région de Montbéliard. Des verriers du Moyen Pays suisse
contribuent à l'essor de la verrerie comtoise au XVIIIe s. Voyageurs et migrants temporaires, commerçants
suisses ou comtois passent et repassent les frontières.
En 1790, la F. est divisée en trois départements (Jura, Doubs, Haute-Saône). La principauté de Montbéliard,
annexée en 1793 à la France, rattachée au département du Haut-Rhin en 1797, rejoint celui du Doubs en
1814. Les frontières qui séparent la F. de la Suisse depuis la Révolution n'empêchent pas les échanges et les
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passages. On continue à les franchir, même en période de guerre (prêtres comtois réfractaires, expédition de
Franche-Comté, horlogers neuchâtelois opposés au régime prussien, survivants de l'armée de Bourbaki, exilés
politiques de la Commune de Paris, internés civils ou militaires des guerres 1914-1918 et 1939-1945). De nos
jours comme autrefois, des capitaux suisses sont investis en F. et des industriels helvétiques s'y installent.
C'est le cas en particulier à Pontarlier et à Besançon, dans les secteurs agroalimentaire, métallurgique,
microtechnique et horloger. Les Suisses viennent régulièrement en Comté pour y faire leurs achats ou y
passer leurs vacances. Inversement, les frontaliers comtois travaillent en Suisse. Ils étaient 15 213 en 2001,
dont 11 116 originaires du Doubs, à se rendre dans le canton de Vaud d'abord, puis dans ceux de Neuchâtel
et du Jura. Les routes sont de plus en plus fréquentées. Seule Bâle est reliée à la F. par l'autoroute, via
Mulhouse. L'axe Besançon-Pontarlier-Vallorbe est en voie d'aménagement depuis fort longtemps et la
transjurane (Delémont-Porrentruy-Delle-Belfort) inachevée. Le chemin de fer avait suscité de grands espoirs.
De nombreuses lignes ont pourtant été fermées dès les années 1930 et la situation ne s'est pas améliorée
depuis. Le TGV relie Dole à Zurich par Neuchâtel et à Lausanne par le tunnel du Mont d'Or, percé en 1916.
Bibliographie
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– R. Fiétier, dir., Hist. de la Franche-Comté, 1977
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Auteur(e): Anne Radeff
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