Maurice Tubiana Médecin-Physicien-Cancérologue 25 Mars 1920- 24 Septembre 2013 Maurice Tubiana 1943: Licence ès sciences physiques 1945: Docteur en Médecine 1946: Interne des Hôpitaux de Paris 1947: Docteur en Physique. Laboratoire du Collège de France (Frédéric Joliot-Curie) 1948-1949: Séjour à Berkeley. Laboratoire de biophysique (John D Lawrence) 1952: Professeur agrégé de Physique Médicale (enseigne à Caen puis à Paris) 1958: Radiologiste des Hôpitaux 1963-1989: Professeur de Radiothérapie 1949: Chef du service des isotopes. Hôpital Necker-Enfants Malades 1954: Chef du service des isotopes et des radiations de haute énergie. IGR 1959: Chef du département des radiations. IGR 1982-1989: Directeur de l’IGR 1966: Création de l’Unité INSERM U66 et de l’Institut de Radiobiologie Histoire 1952 Premier « Bétatron » dédié à la radiothérapie du cancer installé en Europe GUSTAVE ROUSSY THÈME DU DIAPORAMA 1974: l’unité INSERM U66 et le service de Médecine Nucléaire de l’IGR 1986 Maurice Tubiana Expert consultant à l’OMS et à l’AIEA Membre de commissions scientifiques spécialisées de l’INSERM Conseiller médical à la Direction des enseignements supérieurs Membre de la commission scientifique et technique de l’Euratom Président du Conseil Scientifique du CIRC-OMS-Lyon Membre du Comité Consultatif de la recherche médicale de l’OMS Président du Conseil Scientifique de radioprotection d’EDF Président du Comité des experts sur le cancer auprès de la Communauté Européenne Membre fondateur du Haut Comité de la santé publique Maurice Tubiana Correspondant (1982) puis membre (1988) de l’Académie des Sciences dans la section biologie humaine et sciences médicales Membre de l’Académie nationale de médecine (1988). Président en 2002 Docteur Honoris causas ou membre d’honneur de 21 Académies ou Sociétés Savantes Maurice Tubiana Grand Croix de la Légion d’Honneur Croix de Guerre 1939-1945 avec 2 étoiles d’argent. Médaille des Evadés; des Engagés Volontaires; des Blessés de Guerre: Evadé de France et Engagé Volontaire, il participe aux campagnes d’Italie et de France pendant laquelle il est blessé. Commandeur des Palmes Académiques Maurice Tubiana Publications scientifiques >300 Livres: Les isotopes radioactifs en médecine et en biologie (1950) Les bases physiques de la radiobiologie et de la radiothérapie Radiobiologie (1963) Le traitement des Cancers (1986) Radiobiologie-Radiothérapie et radioprotection. Bases fondamentales (2008) Le refus du réel (1977) 1950: création avec le Pr C Kellersohn de l’enseignement de la Médecine Nucléaire qui sera remplacé en 1962 par une attestation de spécialité à l’INSTN-Saclay Maurice Tubiana 1963 2008 Maurice Tubiana • Tout raisonnement doit être fondée sur les preuves et donc sur l’apport des sciences • Lutter contre l’irrationnel, réconcilier les Français avec la science: – Lutter contre le tabagisme (même passif), l’alcool, les excès alimentaires – Montrer l’absence d’effets sanitaires de l’exposition aux faibles doses de rayonnement – Défendre l’énergie nucléaire – Défendre les OGM Maurice Tubiana • La médecine doit être fondée sur les preuves. • Médecine et sciences (biologie, physique, statistique, ect….) doivent s’associer: c’est le rôle de l’INSERM de créer des ponts entre clinique et recherche. • Seuls les faits démontrés doivent être pris en considération: les études doivent être non critiquables (importance de support méthodologique) • L’unité INSERM U66. – Radiobiologie-cinétique tumorale-Hématopoïèse (E Frindel, E Malaise et C Parmentier) – Thyroïde (B Nataf et Ph Fragu) – Traitement de l’image (R Di Paola) • Service de radiophysique: la dosimétrie clinique Maurice Tubiana Utilisation des radioéléments artificiels en biologie et en médecine: Etude de la fonction thyroïdienne (iode 131) et de l’hématopoïèse (Fer 59 et chrome 51) Etude de la cinétique des cellules hématopoïétiques et des cellules tumorales (thymidine tritiée) Utilisation thérapeutique des radioéléments: iode radioactif et maladies de la thyroïde, phosphore 32 et polyglobulies Développement de la radiothérapie de haute énergie Pôles d’intérêt médicaux: Les syndromes myélo-prolifératifs La maladie de Hodgkin et les lymphomes non Hodgkiniens Le cancer de la thyroïde Les progrès de l’imagerie en Médecine Nucléaire Profil de niveau (avant 1950) Scintigraphie à balayage de Benedic Cassen (1950) Caméra d’Anger (1955-70) Informatisation des images (Di Paola, 1971) Tomoscintigraphie (1980) Fusion d’images (1985) TEP corps entier (1994) Cancer de la thyroïde: iode 131 1963 1951 IODE 131: DOSE ABSORBEE 131 53 I 1 0,723 3 0,637 4 17 0,364 6 14 19 131 54 Xe 0,164 0,0 •Après administration d’une activité donnée, la dose absorbée dépend de paramètres liés à la tumeur: •Dß= k x C x Teff (Gy) • C: concentration radioactive initiale = activité dans la tumeur / masse (MBq/g) •T eff: demi-vie effective (jours). 1/Teff=1/Tphys + 1/Tbiol For internal use only 16 ANOMALIES FONCTIONNELLES 1 - Fixation de l’iode diminuée et non décelable dans 30%. 2 - Production de Tg 3- Organification diminuée Demi-vie de l ’iode: brève; synthèse hormonale: rare 4 - Réponse à la TSH Liées à des anomalies de l’expression des gènes. Normal • Papillary thyroid carcinoma: NIS expression is much lower than in the paired normal thyroid tissue. Papillaire For internal use only 17 131I: doses délivrées au tissu thyroïdien Dose délivrée/3700 MBq (100 mCi) Concentration Radioactive (%/g) Teff (jours) Dose (Gy) 1 (Thyroïde Normale) 7 3 530 310 0.1 (tumeur) 3 31 0.01 (tumeur) 3 1 3.1 1 »Effet thérapeutique si dose >80 Gy Pas d’effet si dose <35Gy »Nécessité de quantifier le devenir de l’iode 131 For internal use only 18 HETEROGENEITE DE LA DISTRIBUTION DE L’IODE 131 A l ’échelon: cellulaire tissulaire d ’un patient à l ’autre For internal use only 19 HETEROGENEITE A L ’ECHELON CELLULAIRE Cellules: 10 mm de diamètre 100 45 20 13 8 5 Iode 131 x90 0,83 mm % dose absorbée Yttrium 90 x90 5,32 mm 100 85 70 60 54 Monte Carlo EGS4 45 For internal use only 20 For internal use only 21 Dosimétrie lésionnelle (Sgouros 2004) Doses délivrées à 56 lésions avec 15 GBq 131I Fréquence 12 10 range (voxel based): < 1 Gy - > 500 Gy 8 6 4 2 0 0 100 200 300 400 500 600 Dose (Gy) For internal use only 22 TRAITEMENT PAR Preparation: 131I Traitements successifs: • sevrage en •LT4 en cas de persistance de la fixation de 131I sur le TBS post-thérapeutique (pas de (objectifTSH l’>30) • absence de TBS diagnostique: pas de stunning) contamination•par LT4 à dose suppressive entre 2 traitements l’iode 131I Tous les 6 mois Puis 1 fois/an pendant 2 ans 3.7 GBq (100 mCi) 0 5 semaines 2 ans For internal use only 23 ABSENCE DE MALADIE DECELABLE CHEZ LES PATIENTS AVEC FIXATION INITIALE DE L’ 131I • 295/444 (2/3) patients: fixation initiale de l’131I • Après traitement: 43% (127/295) des patients avec fixation initiale n’ont plus de fixation de l’131I ni d’anomalie radiographique • Suivi médian après RC : 14 ans 9 (7%) rechutes, 4 décès par cancer Thanks! 1.0 1 0.9 127 patients 4 décès par tumeur Survie en fonction de la réponse au traitement 0.8 Groupe 1: fixation initiale de l’131I + absence maladie résiduelle (âge Survie (%) 0.7 0.6 0.5 168 patients 0.4 2 0.3 0.2 3 0.1 0.0 149 patients 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Années après découverte des métastases jeune, T. bien différencié, petites lésions, pas de fixation de FDG) Groupe 2: fixation initiale de l’131I et maladie résiduelle Groupe 3: pas de fixation initiale de l’131I Risque potentiel de l’131I Risque tous cancers 6841 patients avec cancer de la thyroïde. Augmentation du risque de cancers et de leucémies avec l’activité cumulée administrée d’131I. Le risque est significatif pour > 22 GBq (600mCi) »26 Rubino, Br J Cancer, 2003; 89:1638 • Le traitement des cancers de la thyroïde à l’IGR depuis le début des années 1960: – Chirurgie fonction de l’étendue de la maladie: lobectomie de principe; thyroïdectomie totale si tumeur bilatérale – Iode 131 post-opératoire uniquement en cas de facteurs pronostiques défavorables Adapter le traitement à l’étendue et à l’agressivité de la maladie Facteurs pronostiques de survie Tubiana M 1985, Schlumberger M , NEJM 1999 AGE Pathologie Rechutes après le traitement initial (Mazzaferri) Depuis le début des années 1980, le traitement post-opératoire par l’iode 131 est devenu quasi-systématique chez la plupart des patients. Ceci a justifié la pratique d’une thyroïdectomie totale en routine Administration post-opératoire d’iode 131: recommandations de l’ATA-2009 • R26. En cas de cancer > 1cm, la chirurgie initiale doit être une thyroïdectomie totale. Recommandation A L’iode 131 est administré après thyroïdectomie totale au cours d’un séjour de 2-7 jours en isolement en chambre protégée. • R39. Une SCE post-thérapeutique est effectuée après l’administration d’iode 131. Recommandation B Rechutes après le traitement initial (Mayo Clinic) Mayo Clinic (TNM 1997) Toutefois, les études rétrospectives de la Mayo Clinic ont montré que le devenir des patients à faible risque était excellent même en l’absence d’administration post-opératoire d’iode 131. Ceci a été par la suite confirmé par de nombreuses autres études Survie (cause-specific) Survie globale des patients avec PTC-faible risque (MACIS scores < 6). Mayo Clinic 100 95 I131 Ablation (n=498) 90 No Ablation (n=665) 85 0 0 5 10 1,163 patients; total TX; 1970-2000 P= 0.64 15 20 Administration post-opératoire d’iode 131: indications sélectives (EC-2006). • Patients à tres faible risque: T< 1cm, unifocale, intra-thyroïdienne et N0 (et N1 microscopique): – Pas de bénéfice, pas d’indication • Patients à haut risque: T3-4, N1 étendues, M1 et maladie persistante connue, histologie agressive: – Traitement avec une forte activité (3.7 GBq ou plus) après sevrage ou si M0 après rhTSH • Patients à faible risque: tous les autres patients (T1-T2, 1-4 cm; micro N1-N0-Nx avec échographie cervicale sans anomalie; histologie non agressive). – Les bénéfices ne sont pas démontrés, et deux questions subsistent: • Indications (chez quels patients l’iode 131 peut-il être évité?). • Utilisation de l’activité minimale (1.1 GBq) pour l’ablation avec la méthode de stimulation par la TSH la mieux tolérée (rhTSH vs sevrage) (ESTIMABL-HiLo). La désescalade thérapeutique Taux d’ablation à 6-10 mois Echo cervicale normale 100% 96% 94% 96% 95% rhTSH-Tg ≤1 ng/mL 93% 96% 95% 96% ablation complète 90% 92% 92% 94% 90% 80% 70% 60% rhTSH - 1.1 GBq rhTSH - 3.7 GBq 50% THW - 1.1 GBq THW - 3.7 GBq 40% 30% 20% 10% 0% Normal neck-US rhTSH-Tg <1 ng/mL Normal neck-US and rhTSH-Tg<1 ng/mL