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e
trimestre 2008 – 2,50 – www.frm.org
RECHERCHE
& SANTÉ
Soutenir la Fondation pour la Recherche Médicale
N° 115
6 LE point sur
L’immunothérapie :
traiter en stimulant
le sysme immunitaire
25 La Fondation Et vous
La Fondation mobilise
autour de ses « Journées »
Larthrose
Des articulations
en souffrance
13 DOSSIER
RECHERCHE & SANTÉ l page 2 l N° 115 • 3e trimestre 2008
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6
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13
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25
juillet2008
10 ENTRETIENS CROIS
En fait-on assez contre la douleur ?
12 PARCOURS DE CHERCHEUR
Pierre Golstein : Grand Prix 2008 de la Fondation
pour la Recherche dicale
13 DOSSIER ARTHROSE
Des articulations en souffrance
15 Recherche : la piste des nouveaux traitements
16 EN IMAGES
Arthrose, arthrite : quand les articulations souffrent
19 Point de vue du Pr Marie-Christine de Vernejoul
Lombalgies : halte aux examens de diagnostic inutiles !
21 VIE PRATIQUE
Genou : gare aux chocs. Hanche : des protses salvatrices. Main :
des doigts défors. Vertèbres : surtout le cou et les lombaires
23 QUESTIONS DE SAN
Lymphœdème : un « gros bras » très handicapant
24 Zona : quand la varicelle refait surface
Cancer de la thyroïde : un cancer rare et bien soigné
25 LA FONDATION ET VOUS
25 La Fondation mobilise autour de ses « Journées de la Fondation
pour la Recherche dicale »
26 La caisse des professions libérales de province : un mécène file
27 Solid’R Vie : une assurance vie néreuse et solidaire
28 En régions : 46 000 euros pour quatre équipes de chercheurs
de l’oranais
29 Portrait : Béatrice Schönberg, elle fait bouger la France
30 QUESTIONS DE DONATEURS
Legs : vos biens, bien progés
Prélèvement automatique : lenéfice de la durée
31 ON SE DIT TOUT
4 LA RECHERCHE EN DIRECT
4 Lallaitement maternel protégerait de lasthme
5 Cancer de la prostate : bientôt un test de pistage
dans les urines
6 LE POINT SUR
Limmunothérapie :
Traiter en stimulant le système immunitaire
L’immunotrapie ajà révolutionné la prise en charge
de certaines maladies de l’immunité. Et cette approche
promet de nombreuses autres applications notamment
dans le domaine du cancer.
8 Chikungunya : mieux comprendre la maladie grâce à la souris
XSOMMAIREX
juillet2008
XÉDITORIALX
RECHERCHE & SANTÉ l page 3 l N° 115 • 3e trimestre 2008
N
ous sommes tous gulièrement sollicités pour aider
telle ou telle association, soutenir tel ou tel domaine
de recherche, lutter contre telle ou telle maladie.
Mais quelle cause privilégier ? Quelle maladie mérite le
plus notre aide ? Choisir est toujours un dilemme, choisir
est toujours injuste. Qui na pas, dans son entourage, un
ami touché par le cancer, un collègue qui a été victime
d’une crise cardiaque, un enfant atteint d’une maladie
génétique ? Il nous est impossible de hiérarchiser les souf-
frances de nos proches.
C’est pourquoi nombre d’entre vous soutenez notre fondation. Car la Fondation
pour la Recherche Médicale est la seule à lutter contre toutes les maladies,
pour tous les malades. Elle œuvre pour le progrès médical dans toutes les
disciplines. Rappelons qu’il en est ainsi depuis toujours. C’était la volonté de
nos fondateurs : Claudine Escoffier-Lambiotte et les Prs Jean Bernard et Jean
Hamburger. Et nous avons à ur de la respecter, pour eux, mais aussi parce
que nous croyons à la pertinence de cette marche, pour ne laisser aucun
malade de côté et pour permettre aux recherches « transversales » de lutter
contre toutes les pathologies.
« Pour noublier aucun malade » : ce message, nous vous invitons à le partager
avec nous et à le diffuser largement autour de vous à loccasion des Journées
de la Fondation pour la Recherche Médicale. Du 17 au 30 novembre prochain,
se déroulera ainsi la toute première opération de mobilisation en faveur de
lensemble des domaines de la recherchedicale. Un large appel à la géné-
rosidu public, qui, nous lespérons, sera un grand succès ! (Lire p. 25).
Pierre Joly, président du Conseil de surveillance
de la Fondation pour la Recherche Médicale.
Directeur de la publication :
Denis Le Squer
Comité de rédaction :
Julie Campanaud, Fdérique Camize,
Joëlle Finidori, Michèle Falque,
Pr Claude Dreux, Isabelle Fleury,
Sandrine Coquerel,
Claude Pouvreau, Valérie Riedinger.
Ont participé au dossier :
Marie-Christine de Vernejoul
(marraine), Johann Baudreuil,
Maïté Corvol, Xavier Chevalier,
Pascal Hilliquin, Christian Jorgensen,
Didier Mainard, Pascal Richette.
Ont participé à la rédaction :
Patricia Chairopoulos,
Nathalie Da Cruz, Varie Devillaine,
Émilie Gillet, Victoire N’Sondé.
Couverture : BSIP/C. Bjornberg
Conception et réalisation :
41, rue Greneta, 75002 Paris.
Responsable d’édition :
Valérie Devillaine.
Direction artistique :
Marie-Laure Noel.
Maquette :
Franck Widling.
Secrétariat de rédaction :
Élisabeth Castaing,
Sophie Loubeyre.
Iconographie :
Marion Ricard, Marie-Laure Fior.
Chef de fabrication :
Sylvie Esquer.
Impression : Maury.
Périodicité : trimestrielle.
Copyright : la reproduction
des textes,me partielle, est
soumise à notre autorisation sur
demande écrite préalable.
Date et dépôtgal à parution :
Juillet 2008 ISSN 0241-0338
Dépôt légal no 8117
Pour tout renseignement
ou pour recevoir
Recherche & Santé,
adressez-vous à :
Fondation pour
la Recherche Médicale
54, rue de Varenne
75335 Paris Cedex 07
Service donateurs :
01 44 39 75 76
Contribution de soutien
pour 4 numéros : 10
Chèque à l’ordre de
la Fondation pour la
Recherche Médicale
Site Internet : ww.frm.org
Un seul mot dordre :
noublier aucun malade
A. Moulard/FRM
GRAND JEU-CONCOURS FRM
Testez vos connaissances et tentez de gagner
1 coffret cadeau
incluant un an dabonnement
à Sciences et Avenir
Du 7 juillet au 7 août 2008
Rendez-vous sur www.frm.org
*détails du coffret sur le site www.frm.org (incluant 1 clé USB, 3 tomes du guide « Santé : 100 idées reçues, l'avis des chercheurs »...)
Participation et règlement du jeu-concours sur www.frm.org
EN DIRECT
LA RECHERCHE
RECHERCHE & SANTÉ l page 4 l N° 115 • 3e trimestre 2008 RECHERCHE & SANTÉ l page 5 l N° 115 • 3e trimestre 2008
Du lithium
contre la SLA
Des chercheurs italiens ont mis
en évidence qu’un traitement au
lithium retardait la destruction
des neurones observée
chez les patients atteints de
la maladie de Charcot, ou
sclérose latérale amyotrophique
(SLA). Lexpérience, menée
sur 44 patients, doit être
confirmée à plus grande
échelle. Mais elle fait naître
dores et déjà lespoir d’une
solution thérapeutique pour
ces malades dont lespérance
de vie après le diagnostic
ne dépasse pas cinq ans.
Source : PNAS, février 2008.
Même si, depuis quelques années,
il est largement suggéré par les étu-
des épidémiologiques, le lien entre
allaitement maternel et ponse aller-
gique (dont l’asthme fait partie)
navait encore jamais été prouvé.
Mais les récents travaux de l’équipe
Inserm de Valérie Julia, à l’université
de Nice, apportent une pierre à l’édi-
fice en faveur dun rôle favorable de
lallaitement. Pour arriver à ce sultat,
les chercheurs ont fait respirer à des
souris allaitantes un allergène, élément
déclencheur de la réaction allergique.
Ils ont remarqué que celui-ci se retrou-
vait dans le lait maternel dans les 3 à
4 heures qui suivent, et que les souri-
ceaux allaités développaient une sorte
de tolérance vis-à-vis de cette subs-
tance. De telle façon qu’une fois
les souris adultes, l’allergène ne déclen-
che plus de réaction allergique comme
lasthme.
Lasthme est une affection respiratoire
qui touche plus de 3 millions de per-
sonnes en France, particulièrement les
enfants : près de 1 enfant sur 10 en est
ASTHME
Lallaitement jouerait un rôle protecteur
L e do n u t i L e
Cette découverte a été rendue
possible grâce au soutien
de la Fondation pour la Recherche
Médicale à Valérie Julia, dans
le cadre du programme « Défis
de la recherche en allergologie ».
387 500
VOS
DONS
en action
Exposées à des allergènes de lair, les res qui allaitent transmettraient à leur nouveau-né
une protection contre lasthme. Une stratégie nouvelle pour prévenir cette affection ?
atteint ! Souvent dorigine allergique,
lasthme est en augmentation constante
dans les pays industrialisés. Sont en
cause : la pollution, la modification
de notre alimentationCes sultats
représentent donc un nouveau type
de prévention intéressant pour faire
reculer cette affection.
Source : Nature Medicine, janvier 2008.
La lumière sur
les anomalies bronchiques
Curieusement, on en sait plus
aujourd’hui sur les dysfonctionne-
ments du muscle lisse bronchique que
sur son rôle normal. Car l’équipe
Inserm de Patrick Berger, au CHU de
Bordeaux, vient de découvrir pour-
quoi les cellules de ce tissu se multi-
plient à l’excès, multiplication
responsable de lexpiration difficile
et sifflante des asthmatiques. Les cou-
pables désignées : les mitochondries
ces « minicentrales énergétiques » à
lintérieur des cellules. Les chercheurs
ont mis en évidence une hyperactivi
de ces mitochondries, qui conduit à
laugmentation de l’épaisseur du mus-
cle lisse bronchique. Le commandi-
taire du crime : une anomalie dun
canal transportant le calcium dans la
cellule qui altère le bon fonctionne-
ment des mitochondries et entrne
une multiplication cellulaire excessive.
Après ces résultats in vitro, les pre-
miers essais cliniques sur le sujet
seront lancés dès septembre.
Source : The Journal of Experimental
Medicine, décembre 2007.
L e do n u t i L e
Jo-Manuel Tunon-de-Lara, chercheur
de l’équipe de Patrick Berger, a reçu
le soutien de la Fondation à hauteur
de 176 250 euros.
176 250
Des chercheurs français viennent de
montrer que lallaitement maternel
contribuait à faire diminuer le risque
d’asthme chez le nouveau-né.
Getty Images
EN DIRECT
LA RECHERCHE
RECHERCHE & SANTÉ l page 4 l N° 115 • 3e trimestre 2008 RECHERCHE & SANTÉ l page 5 l N° 115 • 3e trimestre 2008
Les progrès concernant
la génétique des cancers
commencent à porter leurs
fruits en matière de prise en charge
des malades. Mais ils pourraient
permettre également d’améliorer
le diagnostic de certains cancers.
C’est le cas du cancer de la prostate,
pour lequel un premier test urinaire
de dépistage vient dêtre expérimen
avec succès par des chercheurs
américains. On connaissait
dél’existence dans les urines,
de biomarqueurs du cancer,
ces molécules nées des anomalies
génétiques apparaissant dans
les cellules tumorales et signant
la psence du cancer. Restait
à trouver la bonne combinaison
de ces biomarqueurs afin dobtenir
un test de dépistage fiable.
C’est ce que le Dr Arul Chinnaiyan
est parvenu àaliser avec son équipe
de l’universidu Michigan. Il a ainsi
identifié quatre biomarqueurs
différents formant une combinaison
gagnante pour un pistage efficace.
Ce test, basé sur un simple échantillon
d’urine, pourrait ainsi permettre un
diagnostic à la fois plus fiable et moins
contraignant que le dosage du PSA
(une hormone séce normalement
par la prostate, mais en quantité
surieure en cas de maladie), qui
nécessite une prise de sang et une
biopsie (prélèvement d’un échantillon
de lorgane).
Source : Cancer Research, février 2008.
Lire aussi Recherche & Santé109, dossier
sur le cancer de la prostate.
CANCER DE LA PROSTATE
Bientôt un test de dépistage
dans les urines
Un nouveau gène
impliqué dans les
fièvres récurrentes
héréditaires
Les fièvres récurrentes
héréditaires sont des maladies
rares caractérisées par
des épisodes associant
de la fièvre, des douleurs
abdominales et articulaires
et des manifestations
cutanées. Isabelle Jeru,
chercheuse à l’Inserm,
vient d’identifier chez
certains de ces patients des
mutations du gène NALP12.
Normalement, la protéine issue
de ce gène régule la réponse
inflammatoire et immunitaire.
Létude montre que les
mutations identifiées altèrent
lactivité de cette protéine.
Ces nouvelles données
devraient permettre une
amélioration du diagnostic
ainsi qu’une meilleure prise
en charge du patient.
Source : PNAS, vrier 2008.
Une simple analyse durine pourrait remplacer prise de sang
et biopsie, aujourdhui nécessaires au diagnostic du cancer
de la prostate.
Et un vaccin en cours dexpérimentation
Aux hommes psentant un taux
d’hormone PSA élevé (premier
indice de cancer de la prostate),
mais ne présentant aucun autre signe
de la maladie, les decins ne peuvent
aujourd’hui proposer quune surveillance
passive de lévolution de la maladie ou
un traitement agressif qui peut savérer
inutile. Le vaccin, expérimenté sur un
modèle de cancer de la prostate chez
la souris par des chercheurs califor-
niens, pourrait apporter à ces hommes
une meilleure ponse. Alors que pour
tous les animaux du groupe témoin
sans traitement les chercheurs ont
observé le développement de la mala-
die, pour 18 animaux sur 20, l’injection
du vaccin a empêché le veloppement
des tumeurs. De nombreux essais clini-
ques restent à mener avant d’aboutir à
un vaccin humain, mais cette première
étape constitue à elle seule une avan-
e majeure.
Source : Cancer Research, février 2008.
L e do n u t i L e
Isabelle Jeru, auteur de cette étude,
a reçu une aide de 16 629 euros
de la Fondation pour la Recherche
Médicale.
16 629
VOS
DONS
en action
Un test urinaire pourrait bientôt permettre
de détecter de manière très fiable
la présence d’un cancer de la prostate.
Getty Images
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