Atelier Education Populaire Même si la salle plénière ne se prêtait pas vraiment à la logique d’éducation populaire (qui privilégie la participation et le débat collectif) les participants ont joué le jeu du Congrès de construire des propositions pour le RIPESS Europe. L’atelier a débuté avec Eric Lavillunière (INEES) qui a posé une hypothèse de travail pour l’atelier : « L’éducation populaire : une évidence pour l’économie solidaire » Pour mettre cette hypothèse à l’épreuve, il a proposé une définition de l’économie solidaire, qui a été discutée pour arriver au résultat que comme mouvement social porteur d’un projet de société qui construit collectivement des alternatives au capitalisme, l’économie solidaire rejoint l’éducation populaire dans leurs perspectives communes de changement de paradigme (déconstruire les savoirs qu’on nous a inculqués). Il nous faut changer nos modes d’éducation ! L’éducation populaire, selon John Lockhart de l’Institut Paulo Freire du Royaume-Uni, est une démarche d’émancipation et de de conscientisation (avec le pouvoir d’agir). Elle implique de déconstruire nos savoirs et de les réinventer, sans hiérarchie, sur la base de nos partages d’expériences (praxis). Elle permet de rompre avec la culture du silence dont s’auto-affligent les oppressés en dehors du « mainstream ». C’est une éducation problématisante (opposée à la « banking education ») Elle rencontre donc l’économie solidaire dans son approche globale intégrant une dimension culturelle, avec une volonté de transformer la société et de sortir du « mainstream » en évitant la ghettoïsation. L’éducation populaire permet d’agir à la base et à chacun d’apporter sa petite touche au changement dans la prise de conscience que nous sommes toutes et tous des citoyens formant partie du monde en interagissant avec les autres. Des expérimentations existent Nuria del Rio (INEES) a présenté l’expérience de FASAGES – Formation des Acteurs Sociaux en Auto Gestion pour l’Économie Solidaire au Luxembourg. La formation (étalée sur un an): 6 modules de 2,5 jours consacrés à l’économie solidaire, l’éducation populaire et l’autogestion, les finances éthiques et solidaires, la communication et la commercialisation, les politiques publiques et enfin l’environnement juridique. Organisation des modules : un apport théorique, des exemples pratiques, une exploitation des apports, un travail collectif sur un projet commun et une dernière phase sur évaluation et préparation des échéances à venir. Par définition on ne pouvait prévoir à l’avance ce qu’allait produire la dynamique collective qui a été privilégiée. Un des moments les plus symboliques a été de transformer le F de formation (dans FASAGES) en F comme Forum. Ce Forum a produit un projet collectif d’Université Populaire en réseau pour l’économie solidaire. La dynamique de groupe a permis de révéler les « talents » de chacun et de construire une vision commune de l’économie solidaire. Cela ne s’est pas fait sans hésitations : il est difficile de passer de consommateur de formation à acteur de la formation pour laquelle chacun peut apporter ses propres ressources au groupe. Cette expérience a conforté le fait que c’est possible ! C’est le désir de faire ensemble qu’a révélé ce processus. Cette base de projet est reproductible et peut s’adapter à la composition des groupes. L’essentiel est de privilégier, faire émerger et renforcer le « pouvoir d’agir ». Ce qui se fait également au Brésil avec le Centre de Formation pour l’Économie Solidaire (CFES). Ana Dubeux (de l’Université Rurale de Pernambouc) nous livre quelques clés du succès. Ces processus sont des constructions sociales ouvertes à toutes et tous et construits comme praxis d’apprentissages collectifs, construction et partage de savoirs, réflexions et recherches. Il n’y a pas de hiérarchie des savoirs et c’est bien du bien-être individuel et collectif des personnes dont il est question. Une pédagogie de l’autogestion permet cette « révolution morale et intellectuelle » (Gramsci).Il faut expérimenter et dépasser les référentiels théoriques traditionnels des sciences de l’éducation. Donc pour Ana il faut définir collectivement ses propres lignes directrices comme base de construction d’un projet politico-pédagogique. Propositions de travail pour le RIPESS Europe Pour nous il est clair que la réussite de nos entreprises ne peut pas seulement reposer sur les savoirs techniques de management hérités des entreprises classiques. En se référant à l’expérience brésilienne nous avons construit une trame de ce que nous projetons d’entreprendre ensemble. Construire un projet politico-pédagogique d’éducation populaire pour le RIPESS Europe Un tel projet se construit dans la durée et pas seulement avec les professionnels de la formation (nous sommes tous des éducateurs populaires). - Quelques étapes : Définir nos principes/valeurs (cf. autre atelier du RIPESS Europe « vision globale ») ; Construire nos lignes directrices ; Définir nos objectifs ; Adopter des méthodologies (cf. autre atelier « pactes européens) ; Construire un parcours (avec des contenus) ; Prévoir une évaluation ; Dialoguer avec les pouvoirs publics. - Pour commencer : Etablir des fiches d’expériences de « formation » - (cf. atelier « cartographie, état de l’art »). Cette compilation constitue un premier document sur lequel s’appuyer. - Participants : Les acteurs de l’Ecosol (bénévoles et salariés) pour créer un réseau d’éducateurs populaires. 2 mots clés : - Nous sommes des généralistes: on questionne le modèle économique dominant et on provoque du débat au sein de nos organisations et dans la société, - Nous sommes des médiateurs: on mutualise et valorise les ressources de chacun (pas de hiérarchisation des savoirs), Pour ouvrir des espaces de d’apprentissage, d’inter-coopérations et d’autoformation. Nous sommes des « Lilleputiens » qui, en réunissant nos forces et en valorisant nos ressources individuelles et collectives dans une démarche d’éducation populaire, pouvons maîtriser le géant capitaliste ! Eric Lavillunière Août 2013