Économie et philosophie M2 Sociologie et philosophie politique Etienne Tassin, Anders Fjeld Jeudis 11-13, salle 267 Les discours politiques actuels ont tendance à se présenter comme l'administration étatique des intérêts objectifs des Etats-nations, ces intérêts étant fondés sur les dynamiques du libre marché, déchiffrables par le savoir économique. L’économie fonctionne ainsi comme la légitimation d’une technocratie rigide qui surdétermine la distribution des possibilités et des impossibilités politiques : elle écarte d’avance tout conflit démocratique en installant la croyance au libre marché au cœur des dynamiques économiques de la société. Le cours cherchera à se demander d’où vient ce discours technocratique qui lie le destin de la société à l’objectivité de l’économie et qui évacue ainsi la pertinence politique de tout litige sur les fonctionnements de l’ordre social. L’hypothèse poursuivie est que l'économie moderne se construit comme une science au travers et en fonction d'éléments philosophiques et politiques qui la dépassent, la travaillent, tout en étant inséparables de l'idée même de l'économie moderne. Il s'agit d'étudier les fondements philosophiques de cette économie pour voir comment, au travers de considérations morales, politiques, métaphysiques et anthropologiques, elle se construit comme une science et non comme une question de simple gestion étatique. Les objectivations technocratiques de l’économie se configurent ainsi à l’intérieur d’un paysage éparpillé de conflits sur le sens et les buts de l’économie. Cette généalogie de l’économie moderne cherche donc à dénaturaliser son objectivité régnante et à la repositionner dans des discussions philosophiques et politiques. 26/09 : Séance introductive Platon, Aristote, Rousseau – mercantilisme, physiocratie. 03/10 : Séance introductive Smith, Malthus, Ricardo, Proudhon, Marx, Walras, Keynes, Friedman, Harvey. 10/10 : Adam Smith Recherche sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations, Paris : Economica, 2000. Chapitres 1 et 2 (9-22), 5 (37-54), 8 (73-96). 17/10 : Thomas Malthus Essai sur le principe de population. Paris : Flammarion, 1992. Livre I, chapitres 1 (67-74), 2 (75-84), 13 (433-449). 24/10 : Pierre-Joseph Proudhon « Liberté, partout et toujours ». Textes choisis, ordonnés et présentés par Vincent Valentin, Paris : Les belles lettres, 2009. Première partie, chapitre II, L’ordre bourgeois, 189-207 ; Deuxième partie, chapitre III, L’apologie de la propriété, 290-303 ; Deuxième partie, chapitre IV, Fédéralisme, 305-322. 31/10 : Karl Marx Manuscrits de 1844. Paris : Flammarion, 1996. Premier manuscrit, Salaire [I-VII] (55-63), Travail aliéné et propriété privée [XXIIXXVII] (106-123), Propriété privée et communisme (140-157). 07/11 : Karl Marx Introduction à la critique de l’économie politique. L’Altiplano 2008. 14/11 : Léon Walras De la nature de la richesse et de l’origine de la valeur. Paris : Slatkine Reprints, 1984. Chapitres 3 (17-34), 4 (35-44), 6 (65-83), 7 (84-95), 8 (96-109). 21/11 : John Maynard Keynes 28/11 : Friedrich Hayek La route de la servitude, Paris : Presses Universitaires de France, 2013. Chapitres III (37-48), V (63-78), VIII (109-126). 05/12 : Michel Foucault Naissance de la biopolitique. Paris : Seuil/Gallimard, 2004. Leçon du 14 février 1979 (135-155). Leçon du 14 mars 1979 (221-239). Leçon du 21 mars 1979 (245-265). 12/12 : David Harvey A brief history of neoliberalism. New York : Oxford University Press, 2005. Chapitres 1 (5-38), 3 (64-86), 7 (183-206). Modalités d’évaluation : 60% commentaire (3-5 pages sur le texte de la séance) 40% évaluation critique (2-3 pages sur le commentaire de la séance) Fils de lecture : Questions exégétiques : - Quel est le projet politique proposé, ou quelle est la finalité de l’économie explicitement ou implicitement mobilisée ? - Quel est le problème économique que l’auteur cherche à expliquer ? (innovation théorique) - Quel est le problème politique/économique pour lequel l’auteur cherche à trouver un remède ? (position politique) - Quelle est la spécificité du savoir économique, et quels sont ses présupposés philosophiques ? Questions centrales : - Le rôle de l’État et l’espace laissé au domaine politique - La conception de l’existence humaine et les classes sociales - La temporalité et l’histoire - La notion d’intérêt ; la source et le rôle de la valeur ajoutée