Telechargé par pierrealberthayen

QUELLE EST LA VALEUR D'UN MAÎTRE ? - JOHN WHEELER

QUELLE EST LA VALEUR D’UN MAÎTRE ?
JOHN WHEELER
Question extraite de son livre, ‘’Awakening to the natural state’’
Questionneur : Quelle est la valeur d’un Maître dans tout cela ?
John : D'après ce que j'ai compris, la majorité des soi-disant Maîtres qui ont attiré
l’attention sur cette compréhension essentielle ne se sont jamais vraiment considérés
comme des Maîtres. Il y a quelque chose d'artificiel à transformer tout cela en une relation
formelle entre un Maître et un étudiant, comme s'il s'agissait d'entités individuelles
distinctes et de quelque chose que le Maître possède et que l'étudiant doit obtenir.
Néanmoins, dans la pratique, il y a ce qui semble être des Maîtres et des étudiants. S'il y a
bel et bien un Maître, je dirais que c'est quelqu'un qui a réalisé sa vraie nature de Présence-
Conscience et qui ne soutient aucun des concepts, ni aucune des idées basées sur l'idée de
l'existence d'une personne séparée. Les meilleurs Maîtres signalent que cette
compréhension est immédiate et accessible, ici et maintenant. Ils n'encouragent pas le
chercheur à s'engager dans des processus prolongés qui soutiennent subtilement l'idée que
la compréhension est dans le futur ou le produit d'une pratique. Votre vraie nature est ici et
maintenant, et pas dans le futur. Et vous n'avez pas besoin de pratiquer pour être ce que
vous êtes. Même parler d'Eveil et de Libération n'est qu'une diversion par rapport à
l'immédiateté de ce qui est signalé. Une fois que le mental s'est emparé des notions d'Eveil
ou de Libération, il tente invariablement d'en faire une sorte de but que l'individu espère
atteindre. Or, c'est tout le contraire de ce qui est indiqué.
Un bon Maître (tel que défini ci-dessus) peut être d'une aide immense en indiquant
clairement et sans ambiguïté quelle est votre véritable nature.1 Dans la spiritualité orientale
classique, avoir un Maître est plutôt considéré comme un prérequis. Certains enseignants
actuels minimisent cet aspect, mais on ne peut pas nier que diverses traditions ont mis
l’accent sur ce type de compréhension et possèdent une culture historique d'enseignements
très développée en la matière. Cette compréhension se diffuse depuis des milliers d'années
dans le monde entier. L'ensemble du processus, si on peut l'appeler ainsi, a été discuté,
documenté, débattu et expérimenté sous tous les angles imaginables.
Curieusement, cependant, les mots et les paroles enregistrés ne semblent pas suffisants
pour permettre la compréhension d'une manière directe pour la plupart des chercheurs. Ils
donnent une indication ou un avant-goût, mais sans pouvoir combler les aspirations les
plus profondes du cœur.2 Ainsi, pour beaucoup d'entre nous, le besoin d'un contact vivant
se fait sentir. Je sais qu'il existe des cas de compréhension spontanée, mais ils ne semblent
pas être très courants. En revanche, il existe des centaines, voire des milliers de cas d’une
telle compréhension survenant dans le cadre d'une relation Maître-étudiant. Quelle est la
clé, ici ? Eh bien, je puis parler de mon expérience avec Bob Adamson, qui savait de quoi il
parlait. Il a vécu l'expérience. De par cette compréhension, il était capable de se focaliser sur
les points clés et d'éviter tous les éléments non pertinents. En cela, il avait été guidé par un
formidable Maître (Sri Nisargadatta Maharaj). Le plus important, c’est qu’il y avait une
présence, une énergie puissante derrière ses mots. Je n'appellerais pas cela quelque chose de
mystique, mais juste une confiance et une clarté qui émanent de la connaissance. Il est
difficile de comprendre cela, à moins d'en avoir fait l'expérience.
Je ne cesse de dire diversement que cette compréhension ne dépend pas du temps, mais
plutôt du fait de voir ce qui est vrai. Le fait même que je parle d’une compréhension tend à
faire croire qu'une telle chose existe, ce qui n'est pas réellement le cas ! C'est difficile à
exprimer par des mots, parce que le mental veut les lire et les transformer en un objectif,
comme si la compréhension n'était pas là, et puis entreprendre de l'acquérir. Ce n'est
vraiment pas ainsi, même si nous l'imaginons. Quand j'ai rencontré Bob et quand je lui ai
1
Je pense que le darshan et/ou le satsang peuvent être effectivement d’une aide inestimable, que ce soit en
présentiel ou même en virtuel, d’ailleurs. C’est un des moyens les plus faciles et les plus sûrs de pouvoir goûter
à ce quelque chose d’ineffable, d’indicible, de paisible et de béatifique que le mental ne pourra jamais trouver,
puisqu’il en bloque généralement l’accès. Si l’étudiant est prêt et dans les dispositions adéquates, la Présence
du Maître peut avoir la capacité de faire taire naturellement son mental, au moins provisoirement (si l’étudiant
entretient encore beaucoup de désirs et d’attachements, par ailleurs). Quoi qu’il en soit, il s’agira d’une étape
capitale et décisive dans sa sadhana, car plus rien ne sera à la hauteur et comparable à cette ‘’expérience’’,
NDT.
2
Je pense que c’est d’autant plus vrai si l’on suit une voie qui est plus proche du cœur, comme le bhakti yoga,
par rapport à une voie qui privilégie surtout le discernement et la connaissance, NDT.
parlé, il m'a ‘’anéanti’’. Je ne veux pas dire qu'il s'agissait là d'une expérience douloureuse
ou dramatique, mais plutôt que la machinerie du mental s'est retrouvée dans une impasse,
en raison de la simplicité de ce qui était indiqué.
En quelques mots, l'essentiel se résume à ceci. Ce qui est souligné, c’est le sentiment même
de la Présence et de la Conscience qui est ici en ce moment. Elle est totalement présente,
totalement réalisée et totalement connue. Le mental se rebiffe par rapport à cela. Il veut
quelque chose de complexe, de mystique ou de subtil. Le mental ne comprendra jamais
cela. Peut-être que je n'aurais jamais compris cela, si Bob ne m'avait pas soulevé
(métaphoriquement parlant) pour me jeter là-dedans directement. Sitôt que j'essayais
d'immiscer mon mental et mes questions, il me ramenait à l'immédiateté de cette
Conscience présente. Il y a bien eu quelques fluctuations au cours de quelques discussions
avec lui, mais il ne voulait absolument pas faire de concessions. Toutes les échappatoires
ont été coupées. Toutes mes excuses, comme "ça ne peut pas être ça", "c'est trop facile", et
tous les doutes, toutes les questions et les si se sont volatilisés, alors même que je tentais de
les formuler.
C’est la raison pour laquelle j’ai une aussi grande considération pour un bon Maître. Bien
entendu, sans ce type de guide, la recherche peut se poursuivre indéfiniment, et c’est une
perte de temps, si vous me le demandez !
En dernière analyse, cependant, tout ce qui est mis en évidence, c’est le fait de votre Être
propre. La connaissance de votre vraie nature est le point essentiel. Que vous parveniez à
cette connaissance spontanément ou avec l'aide d'un Maître n'a finalement aucune
importance. D'une manière ou d'une autre, il vous suffit de voir l'essence par vous-même.
PARTAGE-PDF.WEBNODE.FR