Urgence permanente du logement à Rome. Karine Seney 08 / 2005 Aujourd’hui, deux tiers de la population romaine est propriétaire de son logement. La moitié du tiers restant multiplie les sacrifices pour pouvoir vivre dans des habitations plus ou moins petites, qui ne répondent pas à leurs nécessités, mais ne peuvent pas en changer pour des raisons financières ou de localisation. Les logements sociaux, qui représentent 8% du parc immobilier, ne répondent pas à « l’emergenza abitativa » ; la demande urgente de logements. Le conseiller municipal délégué à l’urgence du logement, estime à 100 000 le nombre de logements sociaux manquants dans la commune de Rome. Un chiffre que l’on peut aisément gonfler quand on sait que l’accessibilité à l’ERP (Edilizia Residenziale Pubblica : logement social italien) est de plus en plus restrictive. Selon le rapport récent du service du patrimoine et des politiques de l’habitat, on observe depuis 2001, une hausse des demandes refusées ou nulles. Les critères d’admission, de plus en plus sélectifs, engendrent l’accroissement du nombre de familles « borderline », celles qui ne présentent pas les paramètres d’admission mais qui ne sont pas pour autant « bien loties ». Pour tous ces italiens ou étrangers n’étant pas propriétaires d’une habitation et qui ne figurent pas sur les listes d’attente pour accéder à l’ERP, il reste le marché locatif privé, tout aussi incertain qu’inaccessible. Selon la récente étude de l’Eurispes (Observatoire national de la société italienne), la capitale italienne a enregistré ces trois dernières années, une augmentation de plus de 30% de la valeur des loyers. En fait, depuis les années 90, le marché immobilier romain s’est profondément transformé (les familles à revenus modestes sont passées du secteur de la location à celui de la propriété), traçant un déséquilibre “habitatif” inaltérable. Ce processus a progressivement changé la composition sociale des familles en location, composées en majorité de personnes vulnérables et désavantagées économiquement et socialement. Parmi elles, on compte les demandeurs d’emploi, ou sans emploi fixe, les jeunes, les anciens et les immigrés. Ces familles dépensent, en moyenne, 80% de leur revenu dans le logement. Et quel logement ! La valeur moyenne de location d’un petit mono local est estimée à 450€ par mois. Mais, à ce prix, vous êtes “fuori città” c’est-à-dire excentré physiquement et socialement. Pour la même somme, vous pouvez partager une chambre double (camera doppia) avec un(e) inconnu(e) au cœur de la ville...c’est commode mais il faut présenter tous les critères de sélection et, forcément, ne pas avoir de famille... CAPITALISATION / 2005 / Ordine degli Architetti Roma / Architettura Senza Frontiere Roma 1 Alors, on devine facilement les conséquences désastreuses qui se succèdent aujourd’hui à Rome. Avec des procédures d’expulsions expéditives, les familles vulnérables se retrouvent à la rue. La situation est arrivée à un stade où la commune n’offre plus que des solutions d’intervention d’urgence plutôt que des propositions permanentes. Nicola Galloro, le conseiller municipal délégué à l’urgence du logement, a encore sonné l’alarme cette semaine, suite à l’expulsion de familles sénégalaises de la résidence via Bravetta : “Actuellement, nous ne sommes pas en mesure d’offrir un arrangement à toutes les familles qui pourraient se retrouver sans habitation, suite à l’expulsion de la résidence Roma” . (...mais il reste de la place sous le ponte di ferro, parmi les habitations de fortune déjà présentes...ou peut être dans une maison insalubre, abandonnée, telle que celle via Sannio... en attendant la prochaine expulsion). Pour toutes ces raisons, l’Unione Inquilini (union des locataires) appelle à la manifestation nationale pour le droit au logement (soutenue par des comités de locataires, des associations de volontaires, des immigrés, des conseillés municipaux et régionaux...) le 29 octobre prochain, à Rome. CAPITALISATION / 2005 / Ordine degli Architetti Roma / Architettura Senza Frontiere Roma 2