Maladies infectieuses et pratiques agricoles

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Emergence
des
maladies
infectieuses
Dr Yves MOREAU
Dr Jean-François SALUZZO
Maladies
infectieuses et
pratiques agricoles
Historiquement, les spécialistes estiment qu’un
certain nombre de maladies infectieuses sont
passées de l’animal à l’homme à l’époque du
néolithique. En effet, l’homme entre 10 000 et
7 000 ans av. J.C. a évolué du statut de chasseurcueilleur à celui d’agriculteur-éleveur. Il y a ainsi
domestiqué les ruminants, le cheval, le chameau,
des carnivores… en Mésopotamie, le cobaye et
l’alpaga en Amérique du Sud.
Pour augmenter le rendement de ses cultures,
l’homme a très tôt, imaginé des systèmes
d’irrigation, le plus souvent très artisanaux mais
idéaux pour la multiplication des moustiques
(gites de ponte) vecteurs de maladies infectieuses
(paludisme, fièvre jaune, West Nile, fièvre de
la vallée du Rift, Chikungunya…)
Il faut signaler à titre d’exemple que l’écologie
d’une virose comme celle provoquant en Afrique,
la Fièvre de la vallée du Rift (FVR) connue depuis
1936 a été modifiée par la construction de barrages.
L’aménagement du barrage d’Assouan et le
développement agricole qui a suivi le long du Nil
(1979) expliquent la survenue d’une épidémie de
FVR chez l’homme et d’une épizootie chez les
ruminants. Le même évènement s’est produit
avec le même virus au sud de la Mauritanie
après la construction du barrage de Diama sur
le fleuve Sénégal (1987).
Très tôt l’homme, toujours lui, a incendié les forêts
sèches et les brousses pour chasser. Entrant ainsi
en contact avec des virus qui circulaient selon un
mode enzootique discret faisant appel aux animaux
sauvages (Virus Machupo responsable de la fièvre
hémorragique de Bolivie). Il a ensuite persévéré
dans cette déforestation pour augmenter ses
productions de riz, de maïs ou de soja. Il lui faut,
en effet, nourrir de plus en plus, d’individus et
d’animaux.
© Fotolia
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En Corée (1978) la mise en valeur des terres pour
la culture du riz a favorisé le pullulement d’espèces
commensales de rongeurs entrainant alors une
fréquence accrue de rencontres homme-rongeur,
ce dernier étant le réservoir d’un virus responsable
d’une fièvre hémorragique (virus Hantaan) chez
l’homme. En Argentine (1953), l’utilisation
d’herbicide a favorisé la culture du maïs avec des
rendements plus importants, mais aussi a amplifié
les populations de rats (callomys) réservoir d’une
autre fièvre hémorragique (virus JUNIN) transmissible à l’homme. Au Japon (1924) le développement
des rizières et de l’élevage du porc a marqué
l’émergence et l’extension géographique en Asie
de l’encéphalite japonaise, maladie virale transmise
par les moustiques (Culex), avec la participation
d’hôtes amplificateurs ou disséminateurs
(porcs, oiseaux).
En Amérique du Sud à Trinidad (1955) puis
surtout au Brésil (1961) d’importantes épidémies
d’une infection fébrile associant des céphalées
et des arthralgies dues à un arbovirus (virus
Oropouche) ont pour origine la dégradation de la
forêt tropicale pour permettre la culture du cacao
dont les amas de fragments de coquille constituent
le gîte favori du vecteur (Culicoïdes).
L’homme persiste dans ses erreurs, car la
déforestation continue, pour des objectifs
divers, exploitation de bois exotiques (Asie),
culture de palmiers à huile (Indonésie), production
de charbon de bois (Madagascar), élevage
extensif de bovins (Brésil)…
On ne peut que constater que la réussite
démographique humaine débutée au
néolithique et due à l’agriculture et
au pastoralisme trouve souvent ses
limites dans le contact avec des virus
responsables dee pathol
pathologies humaines
ines
et/ou
/ou animales.
Emergence
des
maladies
infectieuses
Dr Yves MOREAU
Dr Jean-François SALUZZO
Maladies
infectieuses et
pratiques agricoles
Nous sommes sur la planète
6 milliards 900 millions
d’habitants, peut-être
9 milliards en 2050
Il faut et faudra nourrir ces populations. A côté
d’une agriculture intensive de blé, de riz, de maïs, de
soja et d’une arboriculture également développée,
l’homme a sélectionné au fur et à mesure du temps
des espèces animales de rente à performances
zootechniques très améliorées.
L’objectif est de permettre l’accessibilité à tous de
denrées alimentaires d’un coût modéré. On a vu
en quelques années les poulaillers de poulets de
chair, de dindes, de canards et de poules pondeuses
rassembler plusieurs milliers de sujets. Ces
derniers, le plus souvent entretenus en semiclaustration montrent des qualités sanitaires
améliorées au regard de la santé humaine mais
développent leurs propres pathologies infectieuses.
La densité de population animale, la promiscuité,
une rusticité défaillante favorisent la multiplication
rapide d’agents pathogènes qui pouvaient paraître
anodins sur les poulaillers d’antan. Ainsi la
bronchite infectieuse, les maladies de Marek, de
Gumboro, de Newcastle, le virus de la chute de
ponte ont nécessité la mise au point de vaccins
administrables soit dès le jeune âge au couvoir
(vaccination dans l'œuf avant l'éclosion), soit au
moment du transfert en parquet de ponte. Lorsque
ces élevages sont pratiqués en extérieurs, ils peuvent
jouer un rôle important d’amplificateur de pathologies
pour l’homme. Nous l’avons vu avec les élevages
de canards au Vietnam et de poules à Hong Kong
lors des épisodes de grippe dite aviaire à virus
H5N1.
Le porc dit industriel, dont la
filière comporte, aussi des unités
de sélection, de reproduction et
d’engraissement, a développé lui
aussi ses propres pathologies
infectieuses.
Chez les bovins, il n’est pas rare,
désormais de voir des fermes
laitières de plusieurs centaines
d’animaux dont l’alimentation est
supplémentée en permanence.
C’est sur ce type d’animaux que l’encéphalite
spongiforme (vache folle) s’est manifestée au
Royaume Uni et d’autres pays européens comme
la France. On sait que cette maladie dont l’agent
est encore peu connu (prion) a posé de sérieux
problèmes de santé humaine.
Tout rassemblement d’animaux peut donc
représenter un risque de foyer infectieux
grave pour l’espèce mais aussi pour l’homme.
On peut ainsi citer l’exemple de la fièvre de la
vallée du Rift, qui atteint ruminants et humains via
la transmission par le moustique Aedes. Le suivi
sanitaire des animaux de rente est donc une
obligation primordiale.
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