Bonjour à toutes, bonjour à tous ! La planète *JUPITER* est la reine de ce mois d’*AVRIL 2017*. En effet elle passe à l’opposition et se présente de ce fait toute la nuit dans les meilleures conditions d’observation. Malgré son bel éclat on ne la confond pas avec Vénus, laquelle brille le matin, mais on l’admire comme l’étincelle qui a déclenché la révolution copernicienne. Depuis Galilée toutes les planètes tournent autour du Soleil, lancées comme des bolides sur les couloirs grossièrement concentriques qui leur sont attribués au sein d’une immense piste céleste. Jupiter et la Terre tournent respectivement à la vitesse de 13 km/s et 30 km/s, la seconde étant en train de rattraper la première à la corde. Lorsque la Terre sera à l’aplomb de Jupiter les trois astres seront alignés, la Terre étant située entre Jupiter et le Soleil, de sorte que vue de la Terre la planète géante sera à l’opposé du Soleil : ce sera l’*opposition*. Placée ainsi en position de Pleine Lune, Jupiter se lève le *VENDREDI 7* quand le Soleil se couche et nous accompagne donc toute la nuit. Au fil des soirs la reine des planètes, facilement repérable par son éclat, se lèvera de plus en plus tôt après le coucher du Soleil, une vingtaine de minutes en début de mois et plus de deux heures un quart en fin de mois. Un petit instrument suffit pour découvrir la richesse du monde jovien. Après tout c’est avec une lunette ne grossissant guère qu’une vingtaine de fois que Galilée découvrit en 1610 que *Jupiter* était accompagnée de quatre satellites. Cette découverte fut un argument majeur en faveur du système héliocentrique de Copernic car la présence de ces satellites prouvait que la Terre pouvait fort bien elle aussi tourner autour du Soleil en entraînant sa lune avec elle alors que les adversaires du modèle de Copernic jugeaient la chose impossible. Elle illustrait aussi le fait que tout ne tournait pas autour de la Terre, laquelle perdait du coup son statut de centre unique et universel. Oui, symboliquement parlant, Jupiter est bien la figure originelle de cette science moderne qui nous a appris ce qu’était l’Univers. Esthétiquement Jupiter est spectaculaire de beauté. Son disque zébré de bandes parallèles à son équateur est accompagné de quatre petites perles étincelantes, souvent alignées, mais dont la configuration change au fil des heures à cause de la course de ces satellites autour de la planète mère. C’est d’ailleurs cette évolution immédiatement perceptible d’une nuit sur l’autre qui a fasciné Galilée en lui fournissant la preuve directe du mouvement de ces satellites. La fascination persiste de nos jours car la disposition des petites "lunes" est toujours différente, que ce soit par la position d’un côté ou de l’autres du disque ou par les figures et rapprochements qu’elles présentent. Observez donc Jupiter, si possible à travers un instrument, soit autour de vous, soit dans une soirée d’observation ouverte au grand public. C’est l’époque idéale pour le faire. La planète qui rivalise d’éclat avec Jupiter est *VÉNUS* qui, passée devant le Soleil le mois dernier, est devenue maintenant *ÉTOILE DU MATIN*. Elle se lève une heure avant le Soleil le 1er et une heure et demie avant le 30. Vous la trouverez facilement plein est et à travers des jumelles pourrez admirer la magie de ce point scintillant parmi les couleurs somptueuses du Soleil levant. Techniquement parlant son éclat (avec une magnitude de l’ordre de -4,5) est supérieur à celui de Jupiter (à -2,4) mais bien entendu Jupiter paraît plus lumineuse car contrairement à Vénus on la voit dans un ciel noir. Comme le mois dernier Vénus est encore visible sous forme de croissant et sa découverte à travers un instrument grossissant une trentaine de fois reste une expérience prodigieuse. En fin de mois le croissant se sera bien épaissi avec une fraction éclairée du disque de 25%. D’ailleurs ne manquez pas le *festival de croissants* le *DIMANCHE 23 ET LUNDI 24 AVRIL* à l’aube, une quarantaine de minutes avant le lever du Soleil (ce qui nous met vers 6h à Montpellier), lorsque le croissant de la Vieille Lune rendra visite à Vénus. Un croissant de Lune à côté de Vénus, on ne zappe pas. Ce mois s’ouvre le *SAMEDI 1er AVRIL* avec un magnifique tableau rassemblant à l’ouest le *croissant* d’une jeune Lune nimbée de sa lumière cendrée côtoyant l’amas des *Hyades* incrusté de la rouge *Aldébaran* tandis que les *Pléiades* scintillent sur sa droite en dominant *Mars*, la planète rouge. Plus bas au ras de l’horizon ouest-nord-ouest on peut même apercevoir *Mercure* à condition de disposer d’un horizon bien dégagé. Cette planète est encore visible au même endroit jusqu’au 9 puis tombera vers le Soleil en position apparente pour passer devant lui le 20, sa phase se transformant graduellement en un croissant de plus en plus fin. Sachez cependant Mercure est tellement basse sur l’horizon que son observation est bien plus difficile que celle de Vénus et n’est réservée qu’aux amateurs les plus aguerris. Poursuivant son tour de ciel mensuel la Lune nous amène dans la *NUIT DU JEUDI 6 AU VENDREDI 7* près de *RÉGULUS* de la constellation du Lion. Présente dès le début de nuit à 4 degrés de l’étoile nous pourrons la voir s’en rapprocher pour se retrouver à l’aube, au-dessus de l’horizon ouest, à moins de 2 degrés d’écart. Notez précieusement la nuit du *LUNDI 10 AU MARDI 11* que la Lune passe à côté de *JUPITER*. La planète est suffisamment brillante pour qu’on puisse la voir à l’œil nu (et encore plus facilement aux jumelles) malgré la lumière éblouissante de la Lune. À quelques heures près la Lune est pleine et la scène illustre merveilleusement le fait que Jupiter est à l’opposition puisque cela signifie que la planète est en position de … Pleine Lune. Eh oui, le Soleil est dans notre dos lorsque nous regardons les deux astres. La *PLEINE LUNE DU 11 AVRIL* a de plus une signification particulière pour la civilisation européenne car, se trouvant la première du printemps, elle annonce la date de Pâques au dimanche suivant. Pâques est en effet calé sur la Lune en étant choisi par décision du concile de Nicée de 325 comme le *dimanche suivant la première Pleine Lune du printemps*. Le dimanche de Pâques peut tomber entre le 22 mars et le 25 avril. Cette année ce sera le 16 avril. Ensuite la Lune atteint la planète *SATURNE* et la contourne entre le *DIMANCHE 16* et le *LUNDI 17*. Les conditions d’observation de la planète aux anneaux ne sont pas bonnes car l’astre est situé près de l’horizon dans les couches les plus turbulentes de l’atmosphère, lesquelles brouillent l’image dès que l’on essaye d’augmenter le grossissement. La Lune termine son tour les *VENDREDI 28 ET SAMEDI 29* avec une scène quasi identique à celle du 1er avril. Sur l’horizon ouest-nord-ouest le fin croissant lunaire âgé de deux jours orné de sa féérique lumière cendrée se trouve juste à côté d’Aldébaran dans les Hyades. Mars se situe sur la droite à côté des Pléiades. Je vous conseille d’utiliser des jumelles pour distinguer des astres relativement faibles dans la lueur du jour finissant. Côté étoiles ce premier mois de printemps est l’occasion de (re)découvrir l’astérisme du *LOSANGE DE PRINTEMPS* (en anglais "Spring’s Diamond"). Commençons par l’étoile du ciel la plus facile à trouver, à savoir *ARCTURUS*. On la trouve immanquablement en prolongeant la courbe que dessine le manche de la casserole de la Grand Ourse. En continuant cette courbe on tombe normalement (si on peut dire !) sur *SPICA* mais en ce moment cette étoile est largement dominée par Jupiter avec laquelle elle forme un couple remarquable nous accompagnant toutes les nuits. Audessus on trouve le Lion, constellation qui a la forme de l’animal dont elle porte le nom, avec le point d’interrogation inversé gauche-droite représentant la crinière du fauve et l’étoile *DENEBOLA* qui nous intéresse marquant sa queue. On complète le triangle Arcturus, Spica, Denebola par l’étoile *COR CAROLI* située à l’aplomb du manche de la casserole pour obtenir de ce fameux (mais peu connu surtout de ce côté-ci de l’Atlantique) Losange de Printemps dont les sommets sont donc *Arcturus, Spica, Denebola, Cor Caroli*. Savez-vous que ce coin de ciel est remarquable d’un point de vue cosmologique ? Dans un site protégé de la pollution lumineuse vous découvrirez déjà qu’il abrite un véritable cascade d’étoiles auxquelles on a donné le nom tout à fait évocateur de la *Chevelure de Bérénice* (en latin "Coma Berenices"). Il se trouve en outre que la direction de ce fourmillement d’étoiles est celle de l’axe de rotation de la Galaxie, perpendiculaire au plan de la Voie Lactée elle-même. Alors que dans ce plan étoiles et poussières s’accumulent sur la ligne de visée pour crée le ruban de la Voie Lactée, la situation est inversée dans la direction perpendiculaire de la Chevelure de Bérénice. Cette zone du ciel est propice aux sondages profonds de l’Univers et l’amas de galaxies de la Chevelure (ou amas de Coma) est l’un des plus riches que nous connaissons avec plus d’un millier de galaxies membres. *LE CHIFFRE DU MOIS* : 250. 250 millions d’années, c’est le temps qu’il faut au Soleil pour faire un tour de Galaxie. J’ai déjà donné ce chiffre mais il est tellement stupéfiant que je ne crains pas de le répéter, d’autant plus que la rotation de la Voie Lacté vient d’être citée dans le texte. La valeur de cette période de rotation signifie que depuis la naissance de la Terre il y a quelque 5 milliards d’années notre planète a accompli une vingtaine de tours de Galaxie. Cela veut dire qu’en toute certitude la Terre a été soumise au cours de sa vie à des conditions extrêmement différentes comme traversée de nuages, pluie de comètes, explosion voisine de supernova, etc. Événements relevant tous du plus parfait hasard et susceptibles d’exercer une influence cruciale sur l’évolution de la Terre et de la biosphère. Et si la vie était le résultat, voire n’était que le résultat, d’une série d’événements imprévisibles (et pour l’heure inconnus) et non reproductibles ? Bonnes nuits sous les étoiles Christian *AVRIL 2017 AU JOUR LE JOUR* Le matin : Vénus magnifique à l’est Toute la nuit : Jupiter traverse le ciel dans la Vierge au-dessus de Spica Tous les soirs : le lever d’Arcturus et du Losange de Printemps Samedi 1er : riche tableau céleste au crépuscule à l’ouest une heure et demie après le coucher du Soleil avec le croissant lunaire, Aldébaran, les Hyades, les Pléiades, Mars et même Mercure (à son élongation maximale) Nuit du jeudi 6 au vendredi 7 : au fil de la nuit la Lune se rapproche de Régulus du Lion Vendredi 7 : Jupiter passe à l’opposition Nuit du lundi 10 au mardi 11 : Jupiter et la Pleine Lune naviguent de conserve de l’est à l’ouest Mardi 11 : Pleine Lune à 6h09 TU, la première du printemps ; dimanche prochain ce sera Pâques Du 15 au 25 : Mercure traverse le champ du coronographe LASCO C3 de la sonde SOHO Dimanche 16 et lundi 17 : à l’aube au-dessus de l’horizon sud la Lune passe d’un côté à l’autre de Saturne Jeudi 20 : Mercure en conjonction inférieure avec le Soleil Du vendredi 21 au lundi 24 : le croissant lunaire du matin Dimanche 23 et lundi 24 : festival de croissants à l’aube ; la Lune accompagne Vénus Mercredi 26 : Nouvelle Lune et nuits plus noires autour de cette date Vendredi 28 : le croissant de la jeune Lune côtoie Aldébaran dans les Hyades en compagnie de Mars et des Pléiades sur leur droite (jumelles conseillées) Samedi 29 et dimanche 30 : le croissant lunaire du soir