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Résumé livre S'asseoir pour parler, Buckmann

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S’asseoir pour parler (L’art de communiquer de mauvaises nouvelles aux
malades)
Robert Buckman
Ed. Masson
Les enjeux : pourquoi n’est-ce pas un luxe de bien communiquer ?
L’ apprentissage de la communication se fait souvent « sur le tas » de manière occasionnelle
et ponctuelle. Or il est essentiel d’acquérir un certain savoir-faire en la matière pour les
raisons suivantes
• masse croissante d’informations à maîtriser par le médecin
• demande croissante d’information de la part des patients
• litiges médecins-patients ayant souvent pour origine plus un défaut de
communication que de compétences
• augmentation du degré de satisfaction des patients et des soignants (prévention du
burn-out)
• parce que, si la vérité est terrible, on oublie que le mensonge est pire encore
Dès lors, l’art de communiquer des mauvaises nouvelles :
- fait partie intégrante du travail de soignant
- doit s’apprendre selon une méthodologie éprouvée
- doit obéir à un certain « dosage » : dire la vérité obéit à certaines « règles
pharmacologiques » : dosage, etc….
- le praticien qui informe doit être celui qui a une certaine responsabilité thérapeutique
envers le patient.
Définition d’une mauvaise nouvelle
C’est une information qui modifie radicalement et négativement la façon dont le sujet se
représente son avenir (P 13).
Donc l’impact sur le patient va résulter du fossé entre ce qu’il sait déjà, ce à quoi il s’attend et
l’ information délivrée par le médecin.
Celui-ci se sent souvent, au préalable, maladroit et incompétent . D’où vient cette crainte ?
1) de la société ambiante gagnée par le déni ou refus de la maladie, le « jeunisme » :
la maladie y représente une menace de perte de la « valeur sociale » de l’individu
2) de faire souffrir le patient : il n’y a pas de lien direct entre la gravité de la maladie
selon le médecin et son impact sur le patient qui dépend plus de la biographie et du
mode de vie de celui-ci (p 15). « Les connaissances dont on dispose sur une
maladie donnée ne permettent pas forcément de prévoir la réaction du patient »(P
15) »
3) des difficultés du soignant
a. peur de faire mal
b. projection (moi, à sa place, j’aurais peur)
c. peur des reproches
i. culpabilité du messager (p 17) « tout se passe comme si l’ être
humain, face à une difficulté, a besoin de la personnifier pour
trouver une cible à sa colère et à son indignation ». Et quand tout
va mal, beaucoup de qualités attribuées au médecin se transforment
1
d.
e.
f.
g.
h.
en défauts (p 18). En effet, un grand pouvoir est attribué à la science
médicale. Mais quand il y a une mauvaise nouvelle, on se sent
« lâché » par la médecine et on le reproche à son représentant càd le
médecin (p 18)
ii. Crainte de l’ échec thérapeutique, comme s’il y avait toujours un
responsable à la souffrance, croyance qui découle de celle,
entretenue par le scientisme, que la médecine aurait remède à tout.
De telle sorte que la maladie, la souffrance et la mort sont toujours
attribuées à une défaillance du système médical plutôt qu’à une
dimension de la condition humaine ! Cette crainte de l’ échec ou de
l’impuissance thérapeutique et renforcée par
1) les études médicales qui éduquent à dépister, traquer et
traiter un maximum de situations pathologiques
2) le contexte social qui alimente la conviction que tout
individu a un droit absolu à être guéri et que dès lors, en
cas de non-guérison, il y a un responsable, un coupable et
une victime qui a droit à un dédommagement (p 19)
peur d’un domaine inconnu : « compétence » qui n’ a pas été acquise et qui
ne bénéficie pas encore de « conduites standardisées » selon des normes
admises par la profession.
Peur de provoquer une « réaction secondaire » (p. ex. les pleurs) et de ne
pas pouvoir y faire face.
i. Or, « se taire » ne fait pas disparaître la maladie
ii. Le médecin n’est pas « coupable » de la réaction du patient
iii. Mais il a la responsabilité de la manière dont il conduit l’entretien
peur de ressentir des émotions et d ‘exprimer des sentiments.
Peur de la maladie et de la perspective de sa propre mort
Peur de la hiérarchie médicale
Finalement, le problème fondamental est d’avoir à affronter la mort ou l’idée de celle-ci
è du côté de la société :
o on ne meurt plus à la maison
o espérance d’une longue vie sans maladie puisque la médecine a fait de tels
progrès
o prépondérance de l’argent
o privatisation de la religion
è du côté du patient : craintes multiples
Hélène Kubler-Ross avait tenté de décrire les étapes successives par lesquelles était
sensée passer toute personne mise en face d’une maladie grave : dénégation, colère,
marchandage, dépression, acceptation. Ce modèle est trop stéréotypé et centré sur la
maladie plutôt que sur le patient. Chacun en effet, réagit plus en fonction d’un
répertoire d’émotions et d’expériences engrangées tout au long de son histoire
personnelle (p 28). Le patient réagit donc plus en fonction de ces données
personnelles que selon un processus standardisé supposé universel : chacun réagit en
fonction de son être et non pas en fonction d’étapes supposées du processus ou de la
maladie. Le modèle de Kubler-Ross ignore l’ angoisse, la culpabilité et l’ alternance
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espoir / désespoir ( p 29-30). Tout la question est d’essayer de percevoir si les
réactions du patient l’aident à surmonter sa maladie, son angoisse ou non.
Compétences de base de la communication
1) laisser le patient parler et formuler ce qui l’amène, sans l’ interrompre.
2) reformuler pour vérifier auprès de lui qu’on a bien compris, au besoin après avoir posé des
questions ouvertes puis « semi-fermées »
3) éviter le jargon médical qui plonge souvent le patient dans le désarroi, lui donnant à penser
que sa maladie est plus grave qu’il ne croyait ou que le médecin lui cache quelque chose en se
retranchant derrière un langage technique ou encore que le médecin ne lui accorde aucune
place en tant que partenaire du processus de prise en charge de sa maladie.
4) Tâcher de repérer à quelle place les patients mettent le médecin au regard de la conception
idéale qu’ils ont au départ de la relation médecin-patient (p 38) : figure parentale, scientifique,
expertise, égalitaire, etc……...)
Les étapes de l’ entretien médical
1) Préparation : se présenter ( de part et d’autre), serrer la
main, s’ asseoir ! Tout ceci peut paraître futile mais
indique si l’on veut prendre le temps ou non. Des
questions se posent qui ne peuvent être abordées dans le
cadre d’un résumé et qui concernent l’importance du
contact physique et de la bonne distance physique.
2) L’ anamnèse : questions ouvertes (qui permettent au
patient de mieux préciser ses questions, ses attentes, son
vécu) et fermées qui permettent ensuite au médecin de se
faire sa propre opinion.
3) L’ écoute active : « le silence est d’or » mais il faut
pouvoir guetter la « question latente » que le patient n’ose
pas toujours exprimer par crainte de paraître ridicule ou
par crainte d’entendre une mauvaise nouvelle qui viendrait
confirmer ses craintes non formulées (qu’elles soient
fondées ou non) ( p 45)
4) Montrer des signe de compréhension : répétition,
reformulation
5) Réponse :
a. En cas d’ agressivité : reconnaître la réalité et
l’origine de la colère en évitant d’y riposter.
b. Éviter les réponses rassurantes trop rapides qui
empêchent le patient d’exprimer totalement son
inquiétude et lui donnent l’impression que l’on se
soucie peu de ce qui l’inquiète. (P 50)
6) empathie :
a. repérer, identifier la présence d’une émotion
b. en identifier si possible l’origine
c. reformuler au patient notre compréhension de ce qui
se passe.
3
d.
Ou formuler une question ouverte si on ne sent pas
bien ce qui se passe.
L’ ANNONCE D’ UNE MAUVAISE NOUVELLE ( pp 59 et suivantes)
Deux processus sont impliqués qui interagissent constamment mais qui vont être décrits
séparément par souci pédagogique
1) l’ annonce et l’information= processus qui va du médecin vers le patient
2) les réactions du patient ainsi que ses préoccupations qui peuvent être très différentes
de ce que le médecin pense.
Les auteurs insistent sur l’intérêt d’un protocole pour permettre aux soignants de donner leur
pleine mesure en « gommant le sentiment de malaise ». (NB. : dans une approche plus
balintienne, au lieu de gommer le sentiment de malaise par une procédure, on encourage au
contraire le soignant à tenter d’analyser en quoi consiste son malaise et quelle en est l’origine,
ceci afin justement de pouvoir non pas le « gommer » mais le dépasser ).
Le temps à y consacrer devient de plus en plus court à mesure que le médecin, par une
formation adéquate, détecte plus vite ce qui préoccupe vraiment le patient.
Les auteurs insistent aussi sur la fonction de « porte-parole » du patient, remplie par un
soignant privilégié (médecin traitant, infirmière, stagiaire en médecine) : cet interlocuteur
privilégié du patient n’a pas réponse à toutes les questions de celui-ci mais les relaie auprès de
la personne compétente.
1ère étape du protocole d’annonce d’une mauvaise nouvelle : les préalables
Le lieu est-il adéquat ? (couloir ou pièce retirée et calme ?). L’état de santé du patient lui
permet-il de soutenir un entretien ? Souhaite-t-il l’entretien maintenant ? Souhaite-t-il la
présence d’un proche ?
2e étape : « Que sait le patient de son état de santé ? »
Repérer ce qu’il sait et ce qu’il ne sait pas ainsi que son état émotionnel : par exemple, déni
(« on ne m’a rien dit », même si c’est peu probable) ; ou colère, tristesse, angoisse. Il ne
s’agit pas de décider si les émotions sont normales ou non mais de les recevoir comme un
reflet de l’état du patient et de les entendre comme lui étant nécessaires à ce moment-là.
3e étape : Que veut savoir le patient ?
Très souvent, le patient se rend compte que son état de santé est sérieux. Toute une série
d’indices le lui donnent à penser même s’il peut aussi et simultanément, mettre en œuvre des
mécanismes de défense et de protection. Poser la question de ce qu’il souhaite savoir ou non
n’est donc pas « vendre la mèche » et lui laisse quand même le choix de savoir ou de ne pas
savoir.
N’oublions pas que le médecin n’est pas la seule source d’information du patient !
Parfois le patient en sait long mais ne désire pas en parler ouvertement soit, parce que, tout en
étant conscient de la gravité de son état , il préfère ne pas aggraver son angoisse par un
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diagnostic précis qui déborderait ses défenses, soit parce que c’est plus son état de plus ou
moins grande sérénité par rapport à la possibilité de mourir qui lui importe vraiment, soit
encore parce qu’il préfère pour tenir le coup, vivre l’instant présent et ne pas penser à sa mort.
Pour certains donc, le refus de savoir permet de s’habituer à leur nouvelle condition ou encore
de se protéger contre le désespoir.
Conséquence : parfois, on est amené à « sauter » l’étape de la communication du diagnostic
pour aborder les possibilités de traitement, bénéfices et inconvénients.
4e étape : Communication d’informations
Cette étape comporte 4 objectifs :
- informations quant au diagnostic
- informations quant au traitement
- évaluation du pronostic
- soutien du patient
Ces objectifs doivent être présents à l’esprit du médecin mais sont fonction de la maladie et de
ce que le patient veut savoir.
Attention ! Le patient garde le droit de :
1) refuser toute proposition thérapeutique
2) exprimer ses sentiments par tout moyen, légal et/ou socialement acceptable que ce
soit (p 74), sans pour cela que le médecin n’ait à se sentir mauvais, incompétent,
frustré ou rejeté par le patient.
Cette étape doit obéir à deux grands principes :
1) « alignement » : partir de ce que sait et éprouve le patient (la manière dont il parle
et se comporte
2) « pédagogie » : vise à rapprocher l’état de connaissance du patient de celui des
faits médicaux. Pour ce faire, voici quelques conseils.
a. Délivrer une information fragmentée (et non pas fragmentaire !), càd par
séquences assimilables par le patient.
b. Utiliser un langage non médical : le jargon médical apporte des
satisfactions au médecin, pas au patient.
c. Vérifier la compréhension : « vous me suivez ? », « est-ce clair pour
vous ? » « je sais que c’est difficile d’assimiler autant d’informations en
aussi peu de temps », etc…….Ceci légitimise le fait qu’en cas
d’incompréhension, on a affaire aux limites du psychisme plutôt qu’à un
manque d’intelligence du patient.
d. Vérifier le niveau de communication : idéalement, d’adulte à adulte mais
parfois de « parent à enfant » quand ce niveau est utilisé par le patient pour
faire face à sa maladie.
5e étape : Recueil des réactions du patient
Parfois le patient a tout compris mais ne veut pas en parler ! Il est important que le médecin
soit attentif aux stratégies que le patient développe pour faire face à la maladie ainsi qu’à ce
qui constitue ses préoccupations propres.
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Ce domaine sera développé dans un chapitre ultérieur.
6e étape : propositions et suivi (pp 83 et suiv.)
-
Empathie pour le désarroi du patient, pour son trouble mais aussi propositions et
perspectives pour y mettre de l’ordre et démontrer ainsi son engagement aux côtés
du patient.
Soutien : essayer d’identifier le vécu du patient, ses préférences, ses réticences, son
désir d’essayer quelque chose même si l’on n’est pas d’ accord.
Synthèse et propositions de suivi.
o Synthèse de deux points de vue : celui du médecin et celui du patient ,
surtout s’ils sont divergents.
o Synthèse des propositions de traitement
o Calendrier des prochains rendez-vous
En conclusion, la manière dont se passe l’entretien a, en soi, une valeur thérapeutique.
LES REACTIONS DU PATIENT
Il n’y a pas d’étapes stéréotypées à l annonce d’une maladie grave : le patient réagit selon son
mode habituel de réaction au stress, lui-même tributaire de l’ensemble de ses expériences
affectives emmagasinées au cours d’une vie. Il est d’ ailleurs illusoire de vouloir faire changer
les réactions du patient mais essentiel d’essayer de comprendre en quoi ces réactions lui sont
nécessaires voire indispensables. Tâcher donc de ne pas juger mais de comprendre : quelles
sont les racines de cette (ces) réactions ? Toutefois, il est important de garder à l’esprit les
deux points suivants :
- ces réactions restent-elles à l’intérieur des limites fixées par les usages d’une
société ? C’est ainsi que coups et injures ne peuvent être acceptés.
- Ces réactions aident-elles le patient ? En d’autres termes, sont-elles « adaptées »
ou « inadaptées ». Attention, elles peuvent parfois paraître normales parce que peu
dérangeantes pour le médecin mais ne pas aider le patient (p.ex. : patient trop
« docile » )
NB. : si le problème de l’inadéquation des réactions du patient reste insoluble, rechercher un
second avis.
Passons maintenant en revue les différents types possibles de réactions du patient même si cet
exercice de « classification » revêt un aspect quelque peu artificiel. Rappelons encore une fois
qu’une réponse empathique qui tâche de comprendre ce qui se passe sera plus productive pour
la suite qu’une réponse agressive ou fermée. Exemple : « Je me rends que cela doit être dur à
entendre quand on ne s’y attend pas » versus « Ecoutez, il faut regarder la vérité en face ! »
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1) INCREDULITE
Première réaction assez fréquente : moins on s ‘attend à une mauvaise nouvelle, plus il est
difficile d’y croire
2) CHOC
C’est un comportement qui traduit une émotion si intense qu’elle dépasse les capacités
d’adaptation de l’individu et le « paralyse ».
3) DENEGATION
C’est le « refus » (inconscient !) d’assimiler une information fâcheuse et une manière de
se comporter comme si cette information était fausse ou ne concernait pas l’individu (ex. :
fausse impassibilité, projets à long terme alors que le pronostic semble mauvais
d’emblée). Il s’agit d’un mécanisme de défense du « Moi » contre une information
susceptible de mettre gravement en péril la représentation que ce « Moi » se fait du
présent ou de l’avenir. La dénégation peut aussi se traduire par une attitude « délibérément
positive » supposée avoir une influence bénéfique sur la maladie (p 112). Dans ce cas de
figure, elle se prolonge alors au-delà de l’annonce du diagnostic durant une bonne partie
de la maladie et prend alors la forme d’un espoir excessif comme s’il était « impensable »
que le traitement puisse rester sans effets ( p 114). Autant elle peut être utile au moment
du diagnostic (comme mécanisme « amortisseur » pour le psychisme), autant elle peut
être inadéquate si elle se prolonge.
4) DEPLACEMENT
Phénomène par lequel un sujet transfère ses émotions (et l’énergie qui y est liée) sur un
objet ou une personne apparemment éloignée de la source réelle de ces émotions.
L’activité choisie a une fonction de substitution : elle est mise en quelque sorte « à la
place » de la maladie et sert à mobiliser les énergies du patient contre elle (recherche
d’informations, jardinage, travaux dans la maison, création d’une association de patients
atteints de la même pathologie, etc….)
5) QUETE
Variante du déplacement : tout projet qui, comparé à ceux que le patient a entrepris
jusqu’alors, prend une ampleur et une place hors de l’ordinaire.
Cela peut prendre la forme
- du développement d’un projet durable (versus la « finitude » annoncée par la
maladie) pour le patient ou la société,
- de la réalisation d’une ambition personnelle (projet déjà rêvé par le patient
auparavant mais réactivé par le sentiment d’urgence suscité par la maladie grave),
- d’une rivalité avec le(s) médecin(s) (se surinformer à propos de la maladie pour
tenter de reprendre la maîtrise du processus) pour devenir le thérapeute à sa place,
- Ou encore d’un projet dont la réalisation dépasse le temps prévu par le pronostic,
comme s’il s’agissait de dénier ou d’annuler la finitude , d’espérer prolonger le
temps « au-delà ».
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6) PEUR et ANXIETE
Préalable : il est plus normal d’avoir peur de la maladie que de ne pas en avoir peur. Dès
lors, si un patient ne semble ressentir aucune peur, il faut s’interroger : a-t-il bien compris
ce qui se passe ? N’est-il pas dans le déni ? etc……
Différence entre
peur
et
objet, situation bien identifiés
aiguë
anxiété
plus flou
chronique
Règle de base : on ne peut rassurer le patient que si, au préalable :
- on a reconnu et entendu sa ou ses craintes
- on a tâché d’en identifier l’origine (« mon ami est décédé lors d’une
coronarographie, je refuse d’en passer une à mon tour » Réponse : « je conçois
bien que cela vous ait fichu un coup, imaginez-vous que cela pourrait aussi vous
arriver ? » ( p 123)
- on peut alors moduler l’information en fonction du vécu du patient
- on reconnaît la légitimité du sentiment et le fait qu’il peut faire l’objet d’un
dialogue médecin-patient !
Rassurer trop vite est contre-productif car on « saute » l’étape préalable d’empathie avec
le vécu du patient et on risque aussi d’entretenir de faux espoirs qu’il faudra décevoir par
après.
7) COLERE et REPROCHES ( p 127)
Il s’agit à la fois d’une émotion et d’un comportement qui traduisent la peur. La colère
peut être dirigée contre la perte des capacités ou de l’ autonomie, contre le patient lui-même
qui peut s’accuser (à tort ou à raison) d’être responsable de sa maladie, ou encore contre les
proches , contre les soignants (éventuel retard de diagnostic, colère contre le porteur de
mauvaises nouvelles, etc….), ou contre Dieu, la religion, etc……. L’important est de rester
calme, et de repérer quelles sont les sources de cette colère qui, étant reconnue, se calmera
d’autant mieux. Si la colère est dirigée contre un confrère absent ou sollicité par le patient
avant nous, mieux vaut ne pas prendre parti pour ce confrère ou pour le patient. D’abord,
parce que nous avons rarement les données objectives concernant le situation précédente et
ensuite parce que mieux vaut rester centré sur le vécu du patient, tel qu’il l’exprime devant
nous : ce sont les seuls faits qui nous soient immédiatement accessibles au moment de la
consultation.
8) CULPABILITE ( p 131)
Il s’agit d’un sentiment fait de reproches, dirigés contre soi et comportant toujours un
élément de regret . Elle n’est pas toujours médicalement fondée (p.ex. : tabac et cancer du
poumon vs sclérose en plaques), loin s’en faut. Pour l’auteur, ce sentiment n’est que peu
souvent utile au patient même s’il peut de temps en temps influencer indirectement son
8
comportement dans un sens favorable à sa santé (p.ex. : arrêter de fumer après un
infarctus).
Exemple : à un patient fumeur qui a un cancer du poumon et qui se le reproche, il y a
plusieurs façons de répondre :
- « vous fumez depuis longtemps ? » : cette question de pure information pour le
dossier médical a comme effet de confirmer le patient dans sa culpabilité
- « il fallait y penser plus tôt » : aggrave le sentiment de culpabilité et l’agressivité
du patient
- « ça doit être pénible de se croire responsable de son cancer » : autorise le patient à
en parler car on se montre empathique (on essaie de se mettre à sa place) tout en
restant à notre place de médecin qui ne prend pas position sur le caractère fondé ou
non de cette culpabilité mais reste aux côtés du patient.
9) ESPOIR, DESESPOIR, DEPRESSION ( p 134)
Sans lien nécessairement proportionnel à la gravité de la maladie, le patient passe souvent
de l’espoir au désespoir. Il faut éviter les fausses promesses « pour rassurer le patient » ou
pour « lui donner faussement espoir » (ce qui sert surtout à rassurer le médecin plus que le
patient !), respecter scrupuleusement la vérité même si elle comporte une part d’incertitude.
La meilleure attitude est d’assurer le patient de notre engagement à ses côtés.
Le mot « dépression » s’utilise pour désigner un état prolongé d’abattement, découragement
ou tristesse. A l’annonce d’un maladie grave, il est quasi général d’observer des réactions
faites de tristesse, abattement, mélancolie : on parlera de « troubles liés à l’adaptation ». Par
contre, si ces réactions semblent dépasser ce à quoi on s’attendrait normalement ou semblent
se prolonger, on parlera de « dépression ». Dans ce cas, expliquer au patient ce qui se passe,
souligner que c’est fréquent et prescrire un traitement antidépresseur éventuel, s’avérera utile.
Envoyer au psy en cas d’idées suicidaires. Celles-ci peuvent amener de la part du praticien
une réponse empathique : « je me rends compte que vous avez vraiment l’air déprimé par
votre situation » ou encore « pourrions-nous d’abord parler des raisons de votre désespoir ? »
(ce qui met un peu à distance la menace de suicide)
A l’inverse, certains patients aux symptômes peu spécifiques, lesquels retardent le diagnostic
peuvent être paradoxalement soulagés lorsqu’ enfin on trouve un diagnostic car on les prend
alors « au sérieux » et eux-mêmes savent à quoi s’en tenir
10) DEPENDANCE THERAPEUTIQUE
Inhérente jusqu’à un certain point à la relation médecin-malade, la dépendance témoigne de la
confiance que le praticien a inspiré au patient et gratifie le médecin. Cependant, si celui-ci
n’indique pas clairement ce qui est dans ses possibilités et ce qui ne l’est pas, le patient risque
d’en attendre « des miracles » puis de vivre une intense déception par après quand les limites
du médecin sont (rapidement) atteintes. Ex. : on peut garantir au patient qu’on lui donne le
meilleur traitement pour sa tumeur mais ne pas lui promettre indûment qu’il n’aura pas
d’effets secondaires : il n’ y a que lui qui peut signaler si le traitement est supportable ou non.
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11) POURQUOI MOI ?
Cette question exprime une souffrance : désespoir, colère, rage, culpabilité. Elle n’appelle pas
de réponse comme telle. Une bonne formulation pourrait être : « Quand les gens disent cela,
ils n’ont pas tous forcément la même idée en tête, pouvez-vous me dire ce que vous ressentez
en ce moment ? » Cette formulation laisse ouverte l’accès à la très grande variabilité des
situations sous-jacentes à cette réaction du patient. On se rend compte une fois de plus de l’
intérêt de formuler des questions les plus ouvertes possibles pour permettre au patient
d’exprimer ses émotions plutôt que de s’engager dans une discussion philosophique très
théorique que cette questions pourrait amener.
On peut aussi ici discuter de la « quête de sens » et insister sur le caractère très culpabilisant
de la recherche d’une causalité psychique de la maladie (ex ;: leucémie parce que l’on est
rongé de culpabilité suite à un acte et que l’on se serait fait « du mauvais sang »). Aucune
maladie n’est par elle-même porteuse d’un quelconque sens. (sens dit « intrinsèque »).
Cependant, la survenue de la maladie peut amener une personne à s’interroger sur le sens
qu’elle souhaite imprimer à son existence à partir de là : « la réaction d’un individu à un
évènement biologique de sa vie peut revêtir un sens profond et la quête de ce sens peut avoir
une importance inestimable » (p 159)
12) HUMOUR
C’est un moyen utilisé pour mettre un cadre et prendre du recul par rapport à des situations
susceptibles de mettre en péril l’individu ou la communauté. On peut remarquer en effet qu’il
concerne souvent des domaines comme la sexualité, l’amour, la mort, les catastrophes, les
épidémies, etc….
Attention cependant à deux choses :
- le praticien veillera à ne faire de l’humour qu’en réponse à celui du patient. Une
plaisanterie isolée du médecin, outre qu’elle traduit son angoisse, pourra
apparaître comme déplacée pour le patient dépourvu d’humour
- l’humour est parfois trompeur car discordant avec le vécu profond du patient
(« humour de façade » destiné à se « donner du cran » et masquer l’ angoisse)
13) SEDUCTION (p 148)
Comme pour les menaces, l’agressivité ou l’ humour, celle-ci peut être le signe d’une
profonde angoisse et d’une tentative de conjurer celle-ci par l’obtention, grâce à ces moyens,
d’une sorte de « traitement de faveur » supposé plus efficace.
La séduction peur aussi prendre la forme de cadeaux ou d’éloges excessifs sensés
« monnayer » en quelque sorte la garantie d’un bon pronostic. Il convient de remercier le
patient tout en soulignant que c’est le traitement qui reste la pierre d’angle de la prise en
charge avec ses possibilités et limites
14) MARCHANDAGE ( p 150)
Un exemple vaut mieux qu’une longue explication : « je veux bien faire cet examen, ce
traitement mais plus tard, après mes vacances ou le mariage de ma fille, etc.. » Cette stratégie
peut être utile ou non au patient pour avoir le sentiment qu’il contrôle un tant soit peu le
processus. Encore une fois, c’est l’utilité et le caractère pas trop éloigné de la réalité qui reste
un bon critère d’évaluation.
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15) QUESTIONS DELICATES
•
Combien de temps me reste-t-il ?
Cette question est délicate pour le médecin car elle suppose de reconnaître un éventuel
échec du traitement et d’avoir à affronter une conversation pénible à propos de la mort.
Des études ont montré l’inexactitude fréquente des prévisions des médecins. Dès lors,
mieux vaut décrire la situation actuelle telle qu’elle est, éventuellement donner une
« fourchette » (« plusieurs mois », « quelques semaines ») mais surtout insister sur
l’incertitude tout en reconnaissant qu’elle est source de souffrance. Une autre piste
serait de se centrer plutôt sur l’inquiétude ou les préoccupations qu’une telle demande
peut traduire.
* Suis-je en phase terminale ?
* Comment cela se passera-t-il ?
Il importe d’entendre ces questions comme le point de départ d’une discussion sur ce
qui préoccupe vraiment le patient plutôt que comme une simple demande d’information qu’en
plus le médecin serait bien en peine de donner. Mieux vaut à nouveau tâcher de s’aligner sur
ce qui préoccupe le patient et l’aider à l’ exprimer : « Pouvez-vous d’ abord me dire ce qui
vous inquiète le plus ? » « J’ai le sentiment que vous êtes très inquiet, pouvons-nous en
parler ? »
16) L’ ENFANT FACE AUX MAUVAISES NOUVELLES (p 156)
Quelques grands principes doivent être observés :
-
s’entourer si possible des conseils ou de l’aide d’un professionnel de l’ enfance
mener dans la mesure du possible l’entretien en présence de l’adulte de la famille
le plus proche
tenir compte de la « pensée magique », phénomène typique de l’enfant qui consiste
à croire que des pensées, souhaits ou idées peuvent avoir une influence directe sur
le cours des choses. Ceci amène fréquemment l’enfant à se croire coupable de sa
propre maladie ou de celle d’un parent. Il ne l’exprimera spontanément que
rarement et il importera souvent que le médecin, de sa propre initiative, souligne
que « cette maladie, ce n’est la faute de personne, mais qu’elle fait partie d’une de
ces mauvaises choses qui peuvent arriver dans l’existence »
LES REACTIONS D’AUTRES PERSONNES
Ceci concerne les membres de la famille et les amis. Tant que le patient conserve la pleine
possession de ses facultés, ce sont ses choix et ses droits qui sont prioritaires et la
responsabilité du médecin reste d’abord le patient et ses besoins. Toute communication d’une
information concernant son état de santé à des proches nécessite donc l’accord préalable du
patient sauf s’il n’est plus en possession de ses facultés mentales.
11
Les liens entre personnes d’une même famille se révèlent le plus clairement lorsqu’ils
sont menacés …… par la survenue d’une maladie grave. Plus la famille a des liens forts,
qu’ils soient positifs ou négatifs et plus les réactions des proches seront intenses, qu’elles
soient bénéfiques ou nuisibles au patient (p 162).
Si le patient reste la priorité du médecin, il vaut mieux que le médecin porte aussi attention
aux proches afin de s’en faire des alliés plutôt que des adversaires.
L’annonce à la famille se fait sur le même mode, en 6 étapes, tel que déjà décrit plus haut. Si
la famille est nombreuse, mieux vaut lui demander de désigner un interlocuteur privilégié.
Certaines réactions de la famille peuvent être épinglées
•
•
•
•
•
l’attitude protectrice : « ne lui dites rien, cela la tuerait ». Cette attitude peut
traduire le désir d’épargner à l’autre (et à soi-même !) la maladie ou la peur de
celle-ci. Parfois, cela peut servir de défense à une agressivité inconsciente vis-à-vis
du malade : tout se passerait alors comme si l’annonce d’un diagnostic de maladie
grave « matérialisait » en quelque sorte cette agressivité dans la réalité et
comportait alors la menace de « tuer » réellement le proche, malade, vis-à-vis de
qui cette agressivité n’était jusqu’alors que fantasmatique. Le souci du médecin
sera alors de préserver le droit du patient à l’information tout en étant à l’ écoute
empathique des craintes du membre de la famille.
La culpabilité : elle n’est pas forcément liée à des manques réels de l’entourage
mais témoigne plutôt du sentiment d’impuissance de l’entourage et aussi, et il faut
le dire aux proches, de l’intensité des liens qui les unit au patient.
Le deuil anticipé qui témoigne d’un mécanisme de défense normal comme si on
voulait mieux se préparer à une douleur future. Le médecin veillera à conseiller, au
moment opportun, une aide au deuil (« si jamais vous vous sentez déprimé après,
une aide est possible si vous le souhaitez et n’hésitez pas à me recontacter pour
cela. »)
La colère : qui peut être dirigée vers le patient (« il aurait dû être moins
négligent »), vers le corps médical, la médecine, le sort, Dieu, etc…. La meilleure
réponse reste l’empathie : « je comprends votre désarroi, je puis en tant que
médecin faire ceci……… mais il n’est pas en mon pouvoir de ……..cependant,
vous pouvez compter sur moi » (se montrer disponible et supporter une certaine
dose d’impuissance thérapeutique)
La peur : elle concerne aussi bien l’ avenir (« comment cela va-t-il se passer ? »
« je vais me retrouver seul », « après c’est mon tour », « vais-je attraper la même
maladie ? » que le « comment cela ça se passer ? ». Il est important de repérer
qu’elle peut se manifester sous la forme d’une « somatisation » qui ressemble à ou
évoque la maladie du patient. Il est important de rassurer le proche sur le fait
qu’elle traduit simplement l’intensité des liens qui l’unissent au patient et qu’il ne
s’agit pas d’un signe de « folie »
L’ annonce d’un décès à l’entourage
Quelques principes préalables :
-
trouver un local adéquat (et pas le couloir du service !)
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-
se présenter
s’enquérir de l’identité des personnes présentes pour s’assurer que l’on peut donner
l’information en présence de tous.
Préparer les proches à la mauvaise nouvelle par un court récit de l’évolution
récente de l’état de santé du patient tout en étant prêt à l’interrompre si nécessaire
pour ne pas faire durer l’ attente de manière trop longue
Dire éventuellement que l’on a une mauvaise nouvelle à annoncer
Annoncer alors clairement le décès et laisser s’exprimer l’émotion tout en restant
empathique
S’enquérir du soutien dont dispose le proche parent : présence d’un tiers durant
l’entretien et/ou personne-ressource lors du retour à domicile
Parents d’un enfant : les parents sont soumis à une tension extrême d’avoir à
donner leur accord à toute une série d’interventions (*) et de sentir « défaillants »
par rapport au sentiment d’avoir à protéger (**) leur enfant contre la maladie
(culpabilité). Les parents ont une sorte de « double statut » : à la fois celui de
substitut du patient (*) et celui de « proche » (**). Il importe d’être à la fois attentif
lors de l’ annonce et aussi pour le suivi du couple car il va être soumis, du fait du
décès, à des tensions extrêmes qui peuvent amener à des ruptures (divorces) . Une
aide spécifique peut être proposée (ex. : thérapie de couple)
REACTIONS DES SOIGNANTS ( médecins, infirmiers, etc……)
Les soignants sont aussi des êtres humains et à ce titre, traversés par la capacité de
s’émouvoir. Celle-ci a des conséquences :
- positives : pouvoir s’identifier à la souffrance d’autrui, y compatir et y porter
remède en s’appuyant à l fois sur cette capacité d’identification et sur des
compétences professionnelles
- négatives quand le patient suscite en nous des mouvements émotionnels qui nous
éloignent de lui ou nous entraînent dans des réactions inadéquates.
1) Contre-transfert
Ce terme désigne les mouvements émotionnels que le patient suscite, le plus souvent à l’insu
des deux protagonistes, chez le soignant et qui sont en rapport avec des données de l’histoire
personnelle de celui-ci. Ces émotions sont inévitables et sont le résultat de l’interaction des
deux protagonistes de la relation médecin – malade. Qu’elles soient positives (admiration,
séduction) ou négatives (dégoût, rejet, irritation), elles peuvent être tout autant préjudiciables
dans la mesure où elles prennent le pas sur l’ action professionnelle du soignant et la
parasitent. C’est ainsi qu’un patient qui nous séduit ou nous irrite nous empêchera de le traiter
avec le recul adéquat. Sans être obligé de recourir à une psychanalyse, le soignant peut
toutefois, via un groupe Balint, pendre conscience de son contre-transfert et, de ce fait, mieux
repérer en quoi il facilite ou péjore sa prise en charge du patient.
Ce concept de contre-transfert peut expliquer en partie des réactions du soignant comme la
colère, la culpabilité, la démission, l’attitude cavalière ou désinvolte, la rétractation (atténuer
faussement la gravité d’une première annonce d’une mauvaise nouvelle par de fausses
réassurances). Il peut être intéressant de verbaliser sa colère (« je regrette de paraître agacé »)
tout en s’en excusant auprès du patient et en cherchant à voir avec lui ce qui, dans la situation,
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l’a provoqué. Cependant, ceci nécessite d’avoir déjà parcouru un chemin thérapeutique
personnel. Plus généralement, une colère inexpliquée ou un sentiment de culpabilité
justifieraient que le médecin en parle à une personne neutre (ou dans un groupe) pour mieux
la comprendre et s’en dégager. Ceci est également vrai et primordial pour l’équilibre du
soignant en ce qui concerne les inévitables limites auxquelles nous serons confrontés tôt ou
tard, surtout quand on se sent dépassé par les évènements.
2) Conflits dans l’équipe soignante
2.1 : « le chef de service interdit de dire la vérité au patient ». Les patients, souvent moins
impressionnés par la jeunesse de l’interne, peuvent lui poser des questions qu’ils n’osent
poser au patron. Le mieux est de rester empathique : « expliquez moi, au juste, quelles sont
vos craintes/question et je tâcherai de les transmettre au responsable ». Ceci permet de ne
pas se mettre en conflit inutile avec la hiérarchie tout en poussant celle-ci à modifier son
attitude puisqu’il est alors clair que le patient se pose des questions ou se doute de quelque
chose.
2.2 Quand le patient manipule l’équipe. Il s’agit là d’un mécanisme de « déplacement »
psychologique : le patient qui se révolte contre son sort, déplace sa révolte contre l’équipe
en se présentant par exemple comme victime d’une incohérence de celle-ci. La réponse
consistera souvent en la désignation d’un seul membre de l’équipe comme interlocuteur
privilégié du patient.
2.3 Quand le patient est d’une culture différente. La question à se poser est de savoir si la
difficulté est due à la différence de culture ou à la personnalité de ce patient-là ou encore
au contre-transfert du soignant !
CONCLUSIONS
A une époque d’intenses progrès techniques dans la pratique médicale, ceux-ci suscitent des
espoirs importants chez les patients en même temps que le caractère parfois très technique et
impersonnel des techniques médicales entraîne le risque d’une déshumanisation de la
pratique médicale. Les patients attendent donc aussi une attitude plus humaine des soignants.
Ceux-ci, qui mettent aussi beaucoup d’espoirs dans les progrès de la pratique médicale, ont de
plus en plus de mal à « penser » la question de la limite du pouvoir de la médecine et à y faire
face.
L’importance de la technologie médicale ne devrait pas faire oublier que les soignants sont
aussi des personnes, avec un corps et des émotions, que la pratique de leur métier met parfois
à rude épreuve dans le contact quotidien avec la souffrance humaine. D’où la nécessité de
disposer de points de repères sur les réactions et interréactions humaines, ainsi que sur
quelques règles essentielles qui régissent les échanges entre personnes ainsi que les réactions
à la maladie, surtout quand elle est grave. C’était l’objet de ce résumé assez exhaustif de l’
ouvrage du Dr Buckman dont on ne saurait assez recommander la lecture.
Dr Ph. Heureux
CAMG UCL
2005
Révision janvier 2011
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