La lecture systémique implique que rien n’existe isolément et
indépendamment d’un système. Ce postulat, Appliqué à l’Analyse des
Pratiques amène l’idée intéressante et complexe que les APP sont une
fonction du système dans lesquelles elles se déroulent et qu’elles sont donc,
par là même, à animer en tenant compte de ces fonctions repérées. Les APP
ainsi systémiquement menées dévoilent alors des indices clés relatifs au
système et peuvent prétendre à développer l’autonomie du système.
FONDEMENTS ET PRINCIPAUX CONCEPTS
Le fondement de la systémie est d’affirmer que rien n’existe sans être en
interaction complexe et continue avec “ le reste”. La systémie est, en
quelques sortes, la théorisation de l’Unité pour comprendre l’individu dans
ce qu’il a de plus unique. De fait, on parle souvent de lecture systémique et
tout systémicien se veut enrichi d’intégrer à sa compréhension tout autre
champ disciplinaire ; puisque toute information supplémentaire est
considérée comme complémentaire. Pas de OU en systémie ; du ET.
Une conséquence importante à ce fondement est que tout système recherche
continuellement à maintenir son équilibre. Cette tendance d’un système est
appelée par les systémiciens l’homéostasie. D’un point de vue très concret
c’est ce qui explique et aussi ce qui conduit un système à ce que l’ensemble
des éléments qui le composent échange des informations, cherche à
s’influencer et à se réguler.
Ces rétroactions continuelles rendent impossibles de distinguer les
conséquences des causes de phénomènes au sein d’un système.
Concrètement, dans en Analyse des Pratiques systémiques, une
problématique est toujours étudiée dans sa complexité dynamique : c’est le
concept de causalité circulaire.
Et si tous les éléments du système ( appelés également sous systèmes) sont
en interaction les uns avec les autres alors il est facile de comprendre qu’ils
le font grâce à une énergie spécifique à ce système ( une dynamique de
système ; sorte de dynamique de groupe inhérente au système) : celle là
même qui fonde le système, lui permet son maintien et le régule. En utilisant
cette énergie, le système garantit son évolution par de continuelles
régulations. Concrètement, l’intervenant systémicien menant des Analyse de
pratiques observe et utilise cette matrice pour nourrir l’outil APP.
Une autre conséquence importante à ce fondement de base systémique est
que “la totalité est plus que la somme des parties qui la compose”.
Concrètement, avec une lecture systémique il est possible de voir se
manifester dans la totalité du système des propriétés inexistantes dans ses
parties. Encore un autre “ surf” possible pour l’animation de cet outil.
MISE EN ŒUVRE AU SEIN D’UN GROUPE DE PROFESSIONNELS
L’approche systémique est une grille de lecture, obtenue généralement par
une formation spécifique de l’intervenant. De ce regard systémique qui se
veut précis car il exige de formuler le simple dans le complexe, naissent des
techniques spécifiques d’animation de l’outil Analyse de pratiques.
L’approche systémique, si l’on va plus loin, se compose de plusieurs angles
de vue. Appliquée au champ des APP, il paraît intéressant d’évoquer
notamment les approches systémiques de type stratégique, structural,
expérientiel et constructiviste. Chacun de ces angles de vue ayant sa
spécificité, ce n’est qu’avec une formation spécifique de l’intervenant que ce
dernier peut prétendre savoir utiliser ces différents angles de vue et surtout
opter pour le plus efficient en fonction de la problématique à travailler :



Type stratégique : l’intervenant APP va observer spécifiquement comment
le groupe de professionnels à été amené à utiliser des résolutions
inadaptées le conduisant dans les impasses professionnelles pour
lesquelles il exprime aujourd’hui un besoin de prise de recul. L’intervenant
APP observera également les jeux de forces et les résistances des différents
individus et du groupe et tentera d’intervenir auprès des professionnels et
pour les amener à développer de nouvelles solutions face à la
problématique de terrain exposée.
Type structural : l’intervenant APP va observer spécifiquement comment
la problématique amenée par l’exposant est la résultante d’une structure
des différents acteurs du système élargi ( équipe, institution, autres
intervenants etc…). L’idée étant de développer une forte alliance de travail
avec le groupe au point de l’aider à se re-structurer autrement autour de
la problématique afin de la faire changer.
Type expérientiel : l’intervenant APP va être attentif spécifiquement à ce
qui est vécu” et “ ressenti” en APP ( par lui-même, et par les participants)
dans l’ici et le maintenant pour comprendre ce qui se joue en terme de
dynamique relationnelle “sur le terrain” au travers de la problématique

amenée par le groupe ( la lecture des effets d’homologie en est un
exemple)
Type constructiviste : l’intervenant APP s’intéresse spécifiquement à la
coconstruction de la réalité du groupe de travail autour de la
problématique exposée cultivant la conviction que ce qui limite le regard
des professionnels et les accule ( et qui peut être source de souffrance) est
relatif à la façon dont leur monde a été construit. L’intervenant APP
s’attardera particulièrement à utiliser des techniques de questionnement
circulaire pour amener les participant à reformuler la problématique et à
une nouvelle narration qui en résulte, ce qui, de fait, amènera du
changement.
EFFETS ET POINTS FORTS DE L’APPROCHE
La lecture systémique implique que rien n’existe isolément et
indépendamment d’un système. Ce postulat, appliqué aux APP amène l’idée
intéressante et complexe que les APP sont une fonction du système dans
lesquelles elles se déroulent et qu’elles sont donc, par là même, à animer en
tenant compte de ces fonctions repérées. Les APP ainsi systémiquement
menées dévoilent alors des indices clés relatifs au système et peuvent
prétendre à développer l’autonomie du système
POINTS DE VIGILANCE SPECIFIQUES DANS LA MISE EN ŒUVRE
Prétendre mener des séances d’Analyse des Pratiques avec une approche
systémique nécessite une réelle formation pour l’intervenant avec la maitrise
de notions théoriques comme de techniques. Il ne faut pas hésiter à
demander les références des intervenants qui se présentent comme
systémiciens et à faire attention à tous ceux qui s’auto proclament avec ce
titre alors qu’ils n’ont fait que 2 ou 4 jours de formations ! Une solide
certification en approche systémique se réalise fréquemment par 2 années
d’études au sein d’une école reconnue.
ORIGINE DE L’APPROCHE ET LA MÉTHODE
La théorie systémique n’est pas le fruit d’une découverte soudaine. Depuis
longtemps, de nombreux théoriciens s’en sont approchés, notamment
Wiener ( théorie de la cybernétique, 1948), Shannon et Weaver ( théorie de
l’information, 1949 ), Bertallanfy ( théorie des systèmes, 1925). La théorie
systémique s’élance surtout dans les années 40 et se diffuse notamment aux
Etats Unis ( Californie) avec l’école de Palo Alto dont les principaux acteurs
connus sont Bateson, Haley, Watzlawick…