OBJET D’ETUDE: LA POESIE DU XIX ème au XXI ème siècle: la création pour transcender son mal-être Lamartine, Le lac I. OBJET D’ETUDE: LA POESIE DU XIX ème au XXI ème siècle 1. GROUPEMENT POETIQUE AUTOUR DE LA FUITE DU TEMPS Lamartine, Le lac (texte 1) Baudelaire, l’Horloge (texte 2) Grand Corps malade, Midi-Vingt (texte 3) 2. ETUDE D’UNE ŒUVRE INTEGRALE Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal Parcours : alchimie poétique : la boue et l'or. L’horloge (texte 2) Parfum exotique (texte 4) La charogne (texte 5) 3. ETUDE D’UNE ŒUVRE CURSIVE Une fuite en avant pour échapper aux contingences de l’existence Les cahiers de Douaix, Rimbaud Le lac de Lamartine • Le Lac est un des plus célèbres poèmes de Lamartine paru dans les Méditations poétiques en 1820, considéré comme un des chefs-d’œuvre de la poésie romantique française. • Quelle méthode pour présenter un texte à l’oral ou à l’écrit ? • L’introduction se fait en quatre temps : 1. Présentation de l’œuvre et son contexte : mouvement culturel, éléments biographiques 2. Présentation du passage ou du texte dans l’œuvre : quelle est sa situation dans l’œuvre, son rôle, son intérêt ? 3. 4. Problématique : la problématique est une question à laquelle on va tenter de répondre : elle doit être représentative de l’intérêt du texte, de son originalité. Annonce du plan : le plan suit le texte de manière linéaire mais il doit tenter de répondre à la question à travers les étapes clefs du texte. Contexte littéraire: le romantisme • Le romantisme est apparu en Allemagne à la fin du 18ème et en France au début du Xxème. Il se définit en réaction contre le classicisme et le rationalisme des lumières. A l’encontre de la raison, il préconise au contraire: le rêve, la nature, la nostalgie et l’exaltation du moi. La magie du Moyen Age est une grande source d’inspiration pour les romantiques. • https://www.youtube.com/watch?v=oFfukryXO 8o le romantisme, bac de français par Amélie. • Peinture de Caspard David Friedrich, le voyageur contemplant la mer de nuages. Les éléments biographiques • Julie Charles, l'épouse d’un physicien était la muse du poète. Elle l’inspirait pour écrire et il était amoureux d’elle. Elle n'avait pas pu se rendre en août 1817 au Lac du Bourget (lieu de maintes rencontres) où elle devait le revoir. Atteinte de tuberculose, elle mourut en effet peu après. Lamartine revient seul revoir les lieux qu'il a visités autrefois avec elle. Surpris de trouver la nature toujours semblable à elle-même et indifférente, il souhaite qu'elle garde au moins le souvenir de leur bonheur passé. La douceur des vers exprime malgré tout le calme et voluptueux souvenir d'une nuit d'été, et la fuite du temps. L'œuvre, composée de seize quatrains (strophe de 4 vers), devient le symbole de la poésie romantique et du lyrisme. • Le lyrisme est l’expression des sentiments. L’intérêt du poème • Le Lac est le dixième poème du recueil de 24 poésies nommé Les Méditations poétiques publié en 1820 . La métrique de ce poème est classique. Ce sont des quatrains composés d’alexandrins (vers de 12 syllabes) coupés à l'hémistiche. La métrique donne un sentiment d’ harmonie, de lenteur qui permet d’exprimer la mélancolie du poète qui repense aux moments heureux partagés avec sa bien-aimée. Le Lac repose sur trois thèmes majeurs: le souvenir de l’amour heureux, la fuite du temps et l’omniprésence de la nature. Le Lac de Lamartine symbolise l'inquiétude du poète face au temps qui passe et à la mort, au pouvoir de la poésie qui permet d’immortaliser le bonheur l'amour éphémère. • Philippe de Champaigne, Vanité (ou l’allégorie de la vie humaine)1646 • https://slideplayer.fr/slide/1599280/ Comment trouver les thèmes dominants du poème? 1. faire une analyse lexicale: 2. observer la métrique et la versification 3.utiliser la grammaire pour comprendre le poème Nous limiterons notre analyse aux 6 premières strophes du poème Analyse des strophes 1 et 2 • Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ? Métaphore philosophique (temps comparé à l’océan)= temps fluide et insaisissable comme l’eau. Le poème s’ouvre sur une question existentielle: la question du temps qui passe, du sens que l’on donne à l’existence et au caractère éphémère de la vie et de l’amour. Il voudrait que le temps s’arrête et que cet amour puisse être immortel. Cette angoisse est soulignée par l’utilisation des adjectifs « nouveaux » au V1 et « éternelles » au V2 qui forment une antithèse. De plus, l’interrogation centrale du V3 et 4 à la forme négative « Ne pourrons-nous » est renforcée par l’adverbe « jamais » montre le caractère inéluctable du temps qui passe. Le temps ne s’arrête jamais et nous conduit inexorablement à la mort. Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir ! Le poète s’adresse directement au lac par le biais d’une apostrophe et crée ainsi un sentiment d’intimité à la nature qui est souligné par l’emploi du pronom « tu ». Les 3 pts d’exclamation Ainsi que l’impératif expriment l’intensité des émotions du poète qui souffre de l’absence de l’être aimé. L’usage de l’imparfait et du passé simple rappelle le temps passé qui ne reviendra plus. Le poète est seul à cet instant comme le montre l’usage du présent. Analyse des strophes 3 et 4 • Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes Sur ses pieds adorés Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. La nature personnifiée est violente "mugissais", "brisais", "jetait". Ces verbes d'action expriment la force de la passion "ses pieds adorés« qui est placé stratégiquement à la fin de l’hémistiche (vers de 6 syllabes: hexasyllabe/ hémistiche :moitié d’alexandrin). Elle est souterraine comme le révèlent l'adjectifs "profondes" et le substantif "flancs". L'intériorité peut implicitement évoquer le caractère clandestin de cette relation entre le poète et Julie, la femme aimée qui est mariée. Dans le 4ème quatrain, le poète continue à s’adresser directement au lac par le biais d’une interrogative. Il évoque un souvenir heureux: les amants sont en parfaite harmonie avec la nature (eau/air). D’ailleurs l’adjectif « harmonieux » est placé à la rime et fait écho au substantif « cieux » qui rappelle un univers céleste et protecteur pour les amoureux. Ce sentiment de paix est souligné par le « silence » qui semble s’étendre dans le temps (caractère indéfini et non borné de l’imparfait). L’apparition de l’être aimée dans un paysage lyrique, propice à l’expression des sentiments: analyse des strophes 5 et 6 • Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots : " Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! • personnification du temps : "Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !« La femme aimée absente jusqu’à présent s’adresse directement au temps qui s’enfuit par le biais d’une apostrophe et de l’usage de l’impératif. Cette impératif est souligné par l’usage de la répétition du verbe « suspendre » aux V1 et 2 du 6ème quatrain. • Le temps est vu comme un oiseau tandis que cette femme mystérieuse est présentée par une métonymie (la partie pour le tout). C’est à travers sa voix qu’on la découvre. D’ailleurs le sens auditif est omniprésent dans le 5ème quatrain (« accents, échos, voix, mots »). Il annonce la présence de l’amante signalée également par l’usage du Passé simple, signe de changement. Julie est-elle déjà morte? En tout cas, sa présence même si elle n’est pas visuelle prend tout l’espace dans ce paysage romantique. L’eau, la terre, le ciel sont convoqués et les éléments deviennent les complices et les spectateurs des amants, souhaitant encore profiter de cet amour présent. • La force de cet amour est exprimé par le choix du lexique: « heures propices » »rapides délices »dont les sonorités évoquent les plaisirs charnels. Cela est renforcé par l’emploi du verbe « savourer » qui fait écho au sens gustatif. Cependant, ces plaisirs terrestres sont éphémères. Les adjectifs rapides et propices rappellent la brièveté de cet amour terrestre dont la force est souligné par le superlatif « des plus beaux de nos jours ». Enfin l’accélération du rythme dans le 6ème quatrain provoque une accélération du temps qui passe. Le lyrisme de l’amante est exacerbé par la crainte que cet amour prenne fin. " Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! 2 4 Suspendez votre cours : 2 3 3 Laissez-nous savourer les rapides délices 3 3 4 Des plus beaux de nos jours ! • • 3 3 2 4 Conclusion • Le Lac est une réflexion sur le temps qui passe. Nous devons nous rappeler que nous ne sommes pas immortels (MEMENTO MORI). Lamartine constate tristement que le passé heureux avec la femme qu’il aimait est perdu à jamais. Il nous invite à comprendre la valeur de l’instant présent. • « La nature qui a été le témoin vivant de la présence du poète a pu garder la trace de ce moment et le restituer au poète. C'est le paysage qui conserve le souvenir, et non l'écriture et qui peut dire "ils ont aimé". Le titre du poème s’explique : comme le lac retient les eaux fluides et fugitives, le poème retient le temps et fixe pour l’éternité un moment de bonheur inoubliable. Lamartine montre ici que l’art est un moyen de lutter contre le temps qui passe et force est de constater qu’il réussit son projet puisque, aujourd’hui encore, nous lisons son poème et partageons avec lui son souvenir. » Le Lac - Alphonse de Lamartine Analyse (bacdefrancais.net) • La poésie a donc le pouvoir de rendre éternel le souvenir, de transformer la douleur « en or ».