CALCUL ECONOMIQUE (deuxième partie) INVESTISSEMENT ET FINANCEMENT Ecole des Mines de Paris MATTHIEU GLACHANT BLANCHE SEGRESTIN DANIEL FIXARI INVESTISSEMENT ET FINANCEMENT PLAN DU POLY 1. Investir ou prêter – emprunter pour investir (la Valeur Actuelle Nette (VAN) = le profit actualisé, le TRI) 2. Sélection d'investissements en concurrence (profit par franc investi, temps de retour) 3. Problèmes de durée et de dates 4. L'interdépendance des investissements 5. La décentralisation des choix d'investissements 6. La prise en compte du risque LES SEPT SEANCES • 5 séances sur les chapitres 1-4 (cours+exos) • 2 séances sur la prise en compte du risque (chapitre 6) avec un conférencier extérieur INVESTIR Exemple : construire une nouvelle usine pour augmenter sa capacité de production de chaussures => • Un coût d'investissement immédiat • Un flux futur de coûts et de bénéfices (lié à l'augmentation du chiffre d'affaires sur le marché de la chaussure). Le flux futur = le cash flow (= l'épargne brute) (Cash flow = recette des ventes - coûts matières premières – coût personnel – frais financiers – impôts – dividendes) LA DECISION D'INVESTISSEMENT : LES 2 PROBLEMES A RESOUDRE (1) Prédire/évaluer le cash flow futur. (2) Evaluer la rentabilité de l'investissement = comparer le cash flow avec la dépense d'investissement (1) est le plus difficile et n'est pas traité dans le cours. On considère que le cash flow est connu sous la forme d'une distribution de probabilités (2) est le sujet du cours. Le critère "réalisation de l'investissement si dépense < Σcash flow" n'est pas adéquat car - la dépense est immédiate et les bénéfices sont futurs - la dépense est certaine et les bénéfices sont risqués • Dans chapitres 1-5 du poly, on évacue le second problème en utilisant l'espérance statistique de cash flow (=> transforme le cash flow en équivalent certain) • Le risque : traitée par le chapitre 6 LE CRITERE DE LA VALEUR ACTUELLE NETTE • gagner 10 euros aujourd'hui > gagner 10 euros dans un an • Notation : un investissement d'un montant I dans un projet de durée N années qui génère un cash flow Bn en fin d’année n 1. La Valeur Actuelle Nette (VAN, NPV) de l'investissement = le Profit actualisé : N Bn VAN = ∑ n + (1 ) a n =1 −I Si VAN > 0, l'investissement est rentable • a = taux d'actualisation (reflète le coût d'attendre un an) • a a des liens très étroits avec le taux d'intérêt sur le marché des emprunts SCENARIO DE REFERENCE : PRET D’UNE FORTUNE INITIALE • Point de départ : l'investisseur a une fortune I (=autofinancement) => son choix = prêter ou investir? • Prêter la somme I pendant N années au taux d'intérêt i • Notation I = fortune initiale, prêt sur N années En = échéance en fin d’année n Cn = capital restant dû en début d’année n On a : Cn+1 = (1+i).Cn – En => et 0 = CN+1 = (1+i).CN – EN CN = (1+i).CN-1 – EN-1 => 0 = (1+i)2CN-1 – (EN + (1+i)EN-1) etc. jusqu'à C1 = I => N 0 = I(1 + i ) − ∑ En (1 + i)N −n N 1 FORMULE FONDAMENTALE DU PRET En I=∑ n 1 (1 + i) N Relation entre le montant, le taux, les échéances et la durée FORTUNE FINALE DU PRETEUR ? • Supposons qu'il n'y a qu'une échéance finale EN (càd E1=….=EN-1=0) => F = EN= I(1+i)N • S'il y a des échéances intermédiaires, F est toujours égale à I(1+i)N car le prêteur fait "travailler" l'argent qui rentre en la prêtant à nouveau au taux i. LE SCENARIO "INVESTISSEMENT" • On investit la somme I dans un projet de durée N, qui rapporte un bénéfice Bn chaque fin d’année n • les Bn sont placés au taux i dès l’année (n+1) • F' = fortune finale de l'investisseur => F’= ∑Bn( 1+i)N-n Investissement ssi : N F '− F = −I (1 + i )N + ∑ Bn (1 + i )N −n 1 N n = (1 + i ) −I + ∑ Bn /(1 + i ) 1 = (1 + i )N .VAN (i ) > 0 N Bn VAN = − I + ∑ n >0 1 (1 + i) N • Rapport entre le taux d'actualisation a et le taux d'intérêt i : dépend du contexte financier général; mais très souvent on peut les assimiler GENERALISATION A L’EMPRUNT 2. Scénario prêt => I = 0 (fortune initiale de l'investisseur = 0) • Scénario investissement : F’’= ∑Bn( 1+i)N-n - ∑En( 1+i)N-n => F’’- 0 = VAN(i).( 1+i)N = F' - F Donc, le critère du profit actualisé valable ∀ le mode de financement de l’investissement Hypothèse centrale : le marché du capital est parfait (pas de limite à l'emprunt) TAUX DE RENTABILITE INTERNE (TRI) Critère : Investissement si TRI > taux d'intérêt du marché le TRI = la racine x = j du polynôme : N VAN(x) = − I + ∑ 1 Bn n (1 + x) =0 Intuition : Les Bn sont équivalents aux échéances d’un prêt de montant I dont le taux d’intérêt j serait tel que : 0= −I + ∑1N Bn (1 + j)n => TRI = taux du prêt à la rentabilité équivalente à celle de l'investissement GRAPHIQUEMENT VAN(x) -I + ∑ Bn P i -I j x TAUX INFLATION ≠ TAUX D'ACTUALISATION • « francs constants » : évaluation en francs d’aujourd’hui • « francs courants » : évaluation qui croît avec l’inflation B'n en francs constants et Bn en francs courants: Bn B' n = n (1 + f ) (f n'a rien à voir avec un taux d'actualisation) • Le profit actualisé (VAN) en francs constants: N B'n(1 + f )n B'n VAN = − I + ∑ = −I + ∑ n n (1 + i ) 1 1 (1 + i') N avec i’ le taux d’intérêt réel : 1+ i 1 + i' = 1+ f INVESTISSEMENTS EN CONCURRENCE 3. La VAN est le critère adéquat, le TRI pose problème - les deux critères peuvent interprétations divergentes. donner des - le critère du TRI tend à favoriser le court terme : l’échéancier des flux joue alors un rôle important. Voir section 1 partie II du poly (p 74) GRAPHIQUEMENT P(x) Zone de divergence Zone de convergence (TRI ÙP) P1 P2 j2 i -I2 j j1 -I1 • j= le taux de rentabilité de l'investissement différentiel (I1 – I2) • Choisir I1 (avec un "sur investissement" I1 – I2) si j >i x LE BIAIS DU TRI • favorise le court terme Intuition : • 2 opportunités de placement aux taux j1 et j2 supérieures à i le taux habituel du marché • Avantage de ces opportunités est fonction de j1 et j2 mais aussi du poids des échéances tardives (prolonge la valorisation aux taux j1 ou j2) => L'échéancier des bénéfices est crucial INVESTISSEMENT AVEC PLAFONNEMEND DES SOMMES INVESTIS (S) • Problème : choisir parmi K investissements indicés par k sachant qu'ils ont tous une VAN positive mais qu'il y a un plafond < somme des investissements • Théoriquement : Max ∑ xk VANk, avec xk = 0,1 sous la contrainte ∑ x k Ik < S avec xk = 1 si investissement k est réalisé (sinon 0) VANk est la VAN de l'investissement k • Pratiquement choix entre des programmes compatibles se fait, de manière heuristique, en sélectionnant les investissements de plus grand VANk/Ik = > Critère du Profit par Euro Investi • Plus fiable quand grand nb investissements LE TEMPS DE RETOUR • Programme d'investissements = séquence d'investissements) • Quand la somme des investissements S est plafonnée, les Bn sont réinvestis (et non plus seulement placés) car ils permettent de nouveaux investissements. => Plus les Bn sont disponibles rapidement, mieux c’est. => Critère du temps de retour actualisé = T: Bn 0 = −I + ∑ n (1 + i) 1 T • Critère très utilisé • Variante : le temps de retour non actualisé T 0 = −I + ∑ Bn 1 VAN TRI projets indépendants >0 >i projets incompatibles max rationnement en capital max sous contrainte VAN/I T heuristique max max CAS DES BENEFICES CONSTANTS • Quand il y a rationnement du capital : Profit par franc investi <=> TRI <=> temps de retour Démonstration : voir poly p 78 INVESTISSEMENTS DE DUREES DIFFERENTES LE PROBLEME: Soient I1 et I2, de durées différentes N1 et N2 avec N1<N2 . On a VAN du projet 1 : P1 ; VAN du projet 2 : P2 Peut-on utiliser la VAN pour comparer leur rentabilité? • Un premier raisonnement (faux) : A la date N1, on place la fortune finale F1 au taux i : F1( 1+i)N2-N1 = P1(1+i)N1 (1+i)N2-N1 = P1(1+i)N2 Comme F2 = P2(1+i)N2, on peut continuer à utiliser P1 et P2 FAUX : dans un contexte industriel, on réinvestit à la date N1 (= nouveau cycle d'investissement) => on gagne plus qu'en plaçant sur le marché financier Second raisonnement : On intègre le renouvellement de l'investissement => A la date N1, on réinvestit à nouveau I1 et on compare des programmes de durée identique • Cas particulier : si N2 = 2N1, on compare alors P2 à P1 + P1/(1+i) N1 • Si N1 et N2 sont quelconques, le plus simple = comparer des programmes de durée infinie : ∞ 1 P1 P1 = P1 ∑ kN 1 = 1 k = 0 (1 + i ) 1− (1 + i )N 1 P2 P2 = 1 1− (1 + i )N 2 UN INVESTISSEMENT A DUREE INDETERMINEE = Optimiser un programme d'investissements où les dates de renouvellement sont à déterminer => en plus : la détermination de la durée optimale de chaque cycle d'investissement LES INVESTISSEMENTS PEUVENT ETRE PROGRESSIFS • Investissements immatériels préalables (R&D) • Échelonnement des projets et des dépenses d'investissement • Location de l'équipement Pas de pb avec la VAN : N Rn − Dn P =∑ n (1 ) i + 0 avec : Rn = recettes Dn= dépenses totales (investissement+fonctionnement) et R0 – D0 = I = investissement initial Similaire au cas classique : N Bn Rn − dn P == − I + ∑ n = −I + ∑ n (1 + i) (1 + i) 1 1 N avec dn = dépenses de fonctionnement CAS PARTICULIER DE LA LOCATION DES EQUIPEMENTS • Loyer L => Dépenses annuelles = dépenses de fonctionnement + loyer => Dn = dn + L : • Equivalent de louer ou d'acheter si les VAN sont identiques : −I + ∑ N 1 Rn − dn N Rn − dn − L n = ∑1 (1 + i) (1 + i) n => I = N ∑1 1 N 1+i 1−( L n = L⋅ (1 + i ) i • C'est la technique de l'annuité équivalente : on remplace I par un loyer fictif => on remplace la dépense d'investissement par une "dépense constante équivalente" ou "amortissement économique" ) DELAIS DE PAIEMENT • Dans les entreprises, ∃ 1 délai entre l'achat (ou la vente) d'un bien et le paiement des factures (30, 60, ou 90 jours) => un crédit gratuit du fournisseur • Au démarrage de l'investissement, l'entreprise subit un délai de paiement des clients de durée t : t N I temps t • Par rapport au scénario sans délai de paiement : R perte = ∑ 1 n (1 + i) R N+t gain = ∑ N +1 (1 + i) n t => perte > gain => Bilan négatif (un bénéfice est amputée des 2/3 sur 10 ans actualisé à 10%) TECHNIQUE DE L'INVESTISSEMENT COMPLEMENTAIRE Pour le calcul de P, on se ramène à un paiement au comptant en introduisant l'investissement complémentaire, payé comptant et revendu à la date N : Ic = ∑ => t 1 R (1 + i) n T=0 : Ic T= N : Ic/(1+i)N Ic = un type particulier de fonds de roulement Exemple : Entreprise de service (bcp de main d'œuvre) (Ic>0)↔ Grande distribution, assurance (Ic<0) CREATION DE STOCKS • ∃ délais de fabrication et de vente => stocks de produits semi-finis et finis) • ∃ stocks divers de sécurité (= risque de rupture de stocks) => L'investissement complémentaire (= stocks matières premières, de produits finis) permet de raisonner sans constitution de stocks • Comment évaluer ces stocks ? • Stock matières premières = évaluation fondée sur prix d'achat • Stock produits finis = coût de production si production > vente mais prix de vente si cas contraire (ventes perdues pendant constitution du stock) • Stock produits semi finis = recettes perdues pendant le remplissage du tuyau que constitue le processus de production CAS D'UN STOCK DE MP CONSTITUE EN MEME TEMPS QUE LA PRODUCTION 12 mois Cn = coût achat MP dn = dépense de fonctionnement Rn = recette vente produit Cn N Rn − dn P = −I + ∑1 n (1 + i) (1 + i) n N Rn − dn = −(I + Ic) + ∑1 n (1 + i) − ∑12 1 avec Ic = ∑12 1 Cn (1 + i)n CAS D'UN STOCK DE PRODUITS FINIS CONSTITUE AVANT LA VENTE (PENDANT UN AN) 12 mois dn = dépense de fonctionnement Rn = recette vente produit dn N Rn − dn P = −I + ∑12 n (1 + i) (1 + i)n N Rn − dn = −(I + Ic) + ∑1 n (1 + i) − ∑12 1 avec : Ic = 12 ∑1 Rn (1 + i)n (Recette non réalisée) CAS D'UN STOCK DE PRODUITS FINIS CONSTITUE PENDANT LA VENTE (PENDANT 1 AN) 12 mois Rn = recette vente produit dn = dépense de fonctionnement associée d'n = dépense de fonctionnement pour constitué le stock N Rn − dn d 'n P = −I − ∑ 1 n + ∑1 (1 + i ) (1 + i )n N Rn − dn = −(I + Ic ) + ∑ 1 (1 + i )n 12 avec Ic = ∑12 1 d' n n (1 + i) L'INTERDEPENDANCE DES INVESTISSEMENTS D'UNE ENTREPRISE • Impôts sur les bénéfices => interdépendance fiscale • (Interdépendances industrielles et fiscales) • La rentabilité comptable • Les ratios financiers UN COMPTE DE RESULTAT Décrit les flux Charges Charges d'exploitation : - Achats (hors investissement) - Salaires + charges sociales - Achat services extérieurs - Baisse de stocks MP Dotation aux amortissements (= I/N*) Charges financières Impôt sur les bénéfices Résultat (net) Produits Produit d'exploitation - Production vendue - Augment. stocks de => ∆ =P–C = Excédent produits finis Brut d'exploitation => ∆ = Résultat d'exploitation =>∆ = Résultat avant impôt =>∆ = Résultat net AMORTISSEMENT COMPTABLE • L'investissement est considéré comme un stock, pas un flux => n'apparaît pas directement dans le compte de résultat • Amortissement annuel de l'investissement I : An = I / N* avec N* = durée de l'amortissement, fixée par des normes comptables (cas amortissement linéaire) • Dans le compte de résultat, l'amortissement décrit l'usure de l'investissement (un facteur d'obsolescence) LE BILAN Description des stocks à une date donnée (fin de l'année) = compte de patrimoine Actif (Emplois) Passif (Ressources) Immobilisations : Immobilisations brutes - amortissements = Immobilisations nettes Fonds propres -Capital social -Réserves (= résultat net dividendes) Actif circulant - stocks et en-cours - créances clients - caisse Dettes LT Dettes CT (emprunts bancaires à moins d'un an) Dettes fournisseurs Besoin en Fonds de Roulement = BFDR = Stocks + créances + caisse – dettes fournisseurs <=> investissements complémentaires AMORTISSEMENT COMPTABLE (SUITE) • Un investissement au début année 1 • Fin année 1 : Immo brutes = Investissement = I => Immo nettes = I – I/N* • Fin année 2 : Immo brutes = Immo nettes de l'année 1 = I – I/N*=> Immo nettes = I – 2I/N* …. • Fin année N*¨: Immo nettes = I – (N*I)/N* = 0 (l'investissement est "usé"=> il ne "vaut" plus rien dans le bilan) LE RESULTAT D'UNE ENTREPRISE MONOINVESTISSEMENT Avant impôt : Rn = Bn – An – CFn = Bn – I/N* – CFn Avec : Rn= résultat avant impôt Bn = EBE An = amortissement comptable I = investissement N* = durée de l'amortissement comptable (une convention) CFn = charges financières Après impôt : Impôt sur les "bénéfices" au taux x = xRn => le bénéfice annuel net d'impôt d'un investis-sement : B*n = Bn –xRn ≠ Bn = (1-x)Bn + xAn + x.CFn Il faut calculer la VAN avec B*n = (1-x)Bn + xAn + x.CFn • Impôt sur les bénéfices => 1) Ì Bn (EBE) 2) Ê d'un terme xAn= xI/N*. On a N* ∑ An = I mais 1 l'actualisation conduit à préférer un amortissement accéléré 3) Ê d'un terme xCFn => on emprunte à un taux (1-x)i (i = taux d'intérêt marché) LE CAS DE L'ENTREPRISE MULTIINVESTISSEMENTS ≠ entreprise mono-investissement si : • Le résultat était positif et devient négatif • Le résultats etait négatif et devient positif Impôt différentiel d'un investissement = l'effet fiscal de l'investissement = impôt total avec l'investissement impôt sans l'inv't INTERDEPENDANCES INDUSTRIELLES ET COMMERCIALES • Le cas des frais généraux : Tout dépend de l'état de saturation des moyens • L'effet d'un investissement sur une gamme de produit • L'effet d'un investissement sur la productivité des investissements déjà réalisés LA RENTABILITE COMPTABLE DES INVESTISSEMENTS • Le critère du résultat comptable • Le Return On Capital Employed (ROCE) Point de départ : les capitaux investis = Cn + BFDRn avec : k Cn = I − ∑ I / N * = I − kAn = immo nettes 1 (k = durée écoulée depuis la réalisation de l'investissement) BFDRn = Besoin en Fonds de Roulement • Définition du ROCE = Rn/(Cn+BFDRn) Avec Rn = résultat net <=> rentabilité des capitaux investis LES RATIOS FINANCIERS • La question : le coût du financement • La notion d'autofinancement : • Cash Flow = Excédent Brut d'Exploitation – Charges financières – Impôts sur les bénéfices - dividendes = l'argent disponible une fois rémunéré tout le monde (fournisseurs, salariés, Etat, actionnaires, banques, etc…) • Terminologie : Cash Flow <=> Epargne brute <=> Capacité d'autofinancement • Ratio = cash flow / Σ investissements globaux réalisés l'année n = % des investissements autofinancés => détermine le besoin d'endettement Critère : on fixe un plancher à l'auto-financement AUTRES CRITERES • Différence = cash flow – annuités d'emprunt => Capacité à financer des investissements ultérieurs Critère : le cash flow doit être supérieur au (double) de l'annuité de remboursement • Ratio = Charges financières / chiffre d'affaires Critère : ratio inférieur à (5 %) RATIOS D'ENDETTEMENT • Endettement de court terme : sert à couvrir les trous de trésorerie et à financer en partie le BFDR Critère : dettes CT inférieures à la (moitié) du BFDR • Endettement de long terme Critère : dettes LT inférieures au (double) des fonds propres UN EXEMPLE D'ENTREPRISE Son compte de résultat Charges Produits 50 Achat 55 Personnel -0,5 Stocks MP 10 Dotation amort Charges financières. 10 0 Impôts bénéfice Ventes Stocks PF 118 1,5 => Résultat = - 5 Son bilan Actif Passif Immo. brutes = 130 -Amort. = 40 Immo nettes Stocks Clients Caisse Fonds propres 50 Dettes LT Fournisseurs Dettes CT 40 8 35 90 8 30 5 ANALYSE FINANCIERE • EBE = 15 • BFDR = 35 • ROCE = non pertinent (résultat négatif) • Cash flow = Cap. Autofinancement = 5 • Endettement CT (35) = 100% BFDR (35) (L'endettement court terme est très fort, supérieur à 50%) • Endettement LT (40) = 80% fonds propres (50) (endettement LT pas supérieur à 2 x fonds propres = pas de pb d'endettement long terme) • Ratio = CF / ventes = 8,4% (supérieur à 5% = pb de coût de financement) • Solution : Redressement par l'investissement (car marge de manœuvre sur dettes LT) Investissement de 8MF, bénéfices annuels de 4MF, amorti en 8 ans, financé à 50 % par emprunt (8 ans à 10%), 50% par apport de capital Tableau de financement Emplois Ressources Investissements 8 Cash flow = 5 BFDR Cessions d'immobilisations 0 0 Rembours't dettes CT 5 Apport de capital 4 Nouvelles dettes LT 4 Un extrait du bilan qui permet de se concentrer sur les aspects de financement des investissements LA DECENTRALISATION DES CHOIX D'INVESTISSEMENT • Tout ne peut pas être décidé en haut => décentralisation • Quels investissements décentraliser ? Les types d'investissement : - Par montant - Par nature : (i) amélioration locale de la productivité d'une production donnée, (ii) augmentation de la capacité de production d'une production donnée, (iii) création d'une capacité de production pour un nouveau produit, (iv) dépense de R&D Les derniers types engagent le long terme de l'entreprise (être sur quels marchés ? Avec quelle part de marché ?) => moins décentralisable • Investissements décentralisés : critères simples (temps de retour, TRI, VAN) sans prise en compte interdépendances financières ou fiscales avec encadrement du siège via des enveloppes max d'investissement, un tri final, ou des seuils minimaux de rentabilité RAISONNEMENT PAR PORTEFEUILLE D'ACTIVITES Question : Au niveau du siège, comment arbitrer entre les activités ? Exemple : la matrice stratégique BCG ("Boston Consulting Group") Part de marché relative Croissance marché Faible Forte Forte Dilemme Étoile Faible Poids mort Vache à lait • Peu de besoin d'investissement : vaches à lait, poids morts • Gros besoin : Etoile, et éventuellement les dilemmes LES PROJETS RISQUES = EXEMPLES • Exploitation minière : Une compagnie qui possède un droit d'exploitation sur un site : ¾ Faut-il l’exploiter ou non ? ¾ Des relevés géologiques indiquent une quantité 8 Faut-il faire des forages préliminaires, qui peuvent être coûteux et pas forcément entièrement fiables ? • Le lancement d'un nouveau produit : ¾ Faut-il lancer un produit développé en interne ou vendre le brevet ? 8 Le marché accessible est incertain, 8 La concurrence est inconnue ¾ Faut-il lancer des études intermédiaires pour évaluer le marché ? A quel coût ? QUEL CRITERE MAXIMISER LORSQU'IL Y A DES INCERTITUDES SUR LES RESULTATS DES DECISIONS ? Critère classique : l'espérance mathématique Ex: Un projet pour explorer un gisement d’hydrocarbure coûte 100M € et la probabilité de trouver un gisement exploitable est de 20%. En cas de succès, deux possibilités équiprobables : - le gisement est moyen (P= 400M€) - ou important (P= 750M€). Au total, la moyenne de P est : 0,8(0-100) + 0,1(400-100) +0,1(750-100)= 1,5M€ C’est l’espérance mathématique du revenu actualisé (on y tendrait si on pouvait réitérer la loterie un très grand nombre de fois) PROBLEMES • Difficulté de quantifier de manière fiable les probabilités d’occurrence de certains événements • Lorsqu’on ne dispose pas de probabilités par l’expérience, on utilise des probabilités subjectives (par opposition à des probas objectives) • Distinction risque et incertitude : - Risque : La liste des évènements possibles est connu => probabilisable - Incertitude : L'ensemble des évènements possibles n'est pas connu => non probabilisable • Enfin, le problème majeur : ne donne aucun coût au risque MESURER LE RISQUE • Soit 2 projets, avec cash flows Bj équiprobables selon les états de la nature : +400k€ +250k€ +300k€ +150k€ +200k€ +100k€ 0 k€ +150k€ +50k€ -100k€ PROJET A PROJET B Plus la dispersion des résultats possibles est grande, plus le projet est risqué. • Pour une même espérance, on préfère le projet dont la variance est moindre : projet A Var (Bj) = E(B-E(B))² => AVERSION AU RISQUE D'AUTRES CRITERES SONT POSSIBLES • Critères de prudence = donne un coût implicite au risque (= aversion au risque) • Le "Maximin " = Critère de WALD = maximisation du gain minimal Exemple: Temps de trajet décision trafic fluide trafic dense gde route 20' 60' petite route 45' 50' => On prend la petite route • Le "Minimax regret" = Critère de SAVAGE = minimiser le regret maximal Matrice des regrets décision trafic fluide trafic dense Gde route 0 10 petite route 25 0 => On prend la grande route DIMINUER (OU GERER) LE RISQUE Solution 1: La diversification du portefeuille Deux projets A et B Valeur TB B Maussade Mauvais proba 0.1 0.2 0.3 0.4 P(A) 150 100 50 0 P(B) -50 0 50 100 P(C=½A+½B) 50 50 50 50 (Illustration = les sociétés d'assurance) DIMINUER (OU GERER) LE RISQUE Solution 2: La flexibilité • Exemple : Une entreprise envisage de remplacer une machine (A) achetée l’an dernier par une nouvelle (B) Prix d'achat Durée de vie Coût production Prix de vente du produit Vente annuelle espérée (risqué) Machine A 8000 8 ans (-1) 0,38 0,5 Machine B 14000 7 ans 0,35 0,5 100 000 100 000 • La machine A peut être reprise à 7000€ par le vendeur de la machine B. • La vente annuelle de 100 000 distribuée comme suit : - V1 = 190 000 avec p1= 0,2 - V2 = 100 000 avec p2 = 0,3 - V3 = 64 000 avec p3= 0,5 => les capacités peuvent être insuffisantes ! • Calcul de la VAN - L'investissement initial = Io= 14 000- 7000 = 7000 - les 3 scénarios de production : - Production P1 = 100 000 avec p1= 0,2 (<V1) - Production P2 = 100 000 avec p2 = 0,3 - Production P3 = 64 000 avec p3= 0,5 => Une VAN = p1VAN1 + p2VAN2 + p3VAN3 = 4975 (Il faut calculer E[VAN (P)] et pas VAN [E(P)] ) • Faut-il conserver la machine A pour faire face à l'éventuel pic de production ? On doit comparer le prix de reprise (7000€) le fait de générer du cash flow avec la vente de 90000 unités supplémentaires avec une probabilité de 0,2 pendant 7 ans (8551€). => On garde la machine A <=> « Option de changer la capacité de production ». • CONCLUSION : La flexibilité peut être valorisée dès lors qu’il y a de l’incertitude. DIMINUER (OU GERER) LE RISQUE (3) Solution 3: Collecter de l'information avant de prendre une décision définitive • Pour analyser rigoureusement ces contextes informationnels évolutifs (= info dynamique) : Les arbres décisions-hasard • Exemple d’un forage pétrolier - Un puits d’exploration peut se révéler de manière équiprobable être un gisement moyen ou bon : R1 = -150 ou R2 = 500. => A priori, E(R) = 0,5*(500-150) = 125 - Est-il intéressant de forer un petit puits qui coûte 50 pour réduire l’incertitude ? • L’exploration peut avoir 2 résultats : présomption d’un bon gisement ou d’un gisement faible : - E1 = présomption d'un mauvais gisement - E2 = présomption d'un bon gisement. • Les géologues peuvent estimer la probabilité conditionnelle de Ei sachant Rj = p(Ei | Rj) : R1 0,95 0,05 E1 E2 R2 0,2 0,8 • Les décisions ( ) doivent prendre en compte les aléas () affectant les résultats R1 Expl. E1 R2 Non expl. R1 - Expl. E2 Non expl. R2 On a: p(E1)= p (E1| R1)p(R1) + p (E1| R2)p(R2) = 0,575 De plus, la Loi de Bayes permet d'écrire : p(R1| E1)= p (E1| R1)p(R1) / p(E1) = 0,82 De même : p(E2)= p (E2| R1)p(R1) + p (E2| R2)p(R2) = 0,425 etc. • Au final, on obtient les probas de Ri conditionné sur Ei (proba de Ri sachant Ei) R1 R2 E1 0,82 0,18 E2 0,06 0,94 • On peut alors évaluer les gains espérés: On en déduit que si le résultat du forage est E1, alors on ne développera pas, sinon on développera: 0.82 Expl. 0.18 E1 Non expl. - 0.06 Expl. E2 0.94 R1 = -150 => E(R1) = -123 R2 = 500 => E(R2) = 90 - 33 R1 = -150 => E(R1) = - 9 R2 = 500 => E(R2) = 470 Non expl. + 461 • Espérance de gain est accrue : - Sans forage préalable, VAN = 125 - Avec forage, VAN = - 50 + (0.575*0)+(0.425*461)= 146