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COMPRENDRE LA SUISSE
Andreas Blaser
Urs Kernen
Daniel V. Moser-Léchot
Blaser, Kernen, Moser-Léchot
Vous visez la citoyenneté suisse ? Vous en savez trop peu sur votre pays
d‘origine ? Que faut-il savoir pour comprendre la Suisse ? Le guide
« ­Comprendre la Suisse » est votre allié précieux dans ce contexte.
La politique, la géographie, l‘histoire et la culture suisses n’auront plus
de secrets pour vous. Le guide « Comprendre la Suisse » vous fournit
de plus amples informations sur ce qui est typique du pays et de ses
habitants. Les termes essentiels sont définis dans un glossaire.
« Comprendre la Suisse » peut être utilisé pour des cours de naturali­sation
ainsi que dans le cadre de cours d‘instruction civique dans les écoles de
culture générale et les gymnases (lycées). La version française est une
traduction de l‘allemand ; le contenu a été revisité et mis au goût du jour.
Des questions permettant de vérifier le niveau d‘apprentissage,
d’approfondir certaines thématiques et d’ouvrir des débats, sont posées
à l’issue de chaque chapitre. Vous pouvez donc tester vos connaissances
à tout moment et éviter le trac en vue de tests.
Andreas Blaser a été directeur d‘une école professionnelle. Pendant dix ans, il a été
membre du Grand Conseil du canton de Berne et a joué un rôle déterminant dans
l’évolution des cours de naturalisation.
Urs Kernen enseigne à l’école de commerce du centre de formation (Bildungs­
zentrum) d’Interlaken. Il exerce la fonction de chef de projet dans le cadre de
­l’élaboration d’analyses de standards linguistiques et de tests de naturalisation.
Daniel V. Moser-Léchot est titulaire d’un doctorat en histoire. Jusqu‘à sa retraite,
il a été enseignant aux niveaux primaire, secondaire et gymnasial, et professeur
d’histoire et de didactique de l’histoire à la Haute école pédagogique de Berne.
UG_Comprendre_la_Suisse_1A_20.indd Alle Seiten
COMPRENDRE
LA SUISSE
13.12.19 11:07
Avant-propos
Au fond, c’est quoi, la Suisse ? Quels sont les éléments qui nous réunissent au sein de cette
nation ? Qu’est-ce qui fait de ce territoire pluriel, doté de quatre langues et cultures, un pays ?
Autant de questions qui soulèvent régulièrement d’intenses débats dans le monde politique et
médiatique. Or, si les Suisses ont du mal à répondre à cette question, n’est-ce pas encore plus
difficile pour les personnes immigrées venues résider en Suisse ?
Comprendre la Suisse est un guide sur le chemin qui mène à la naturalisation. À travers six
chapitres, ce livre apporte des réponses possibles aux questions précédentes, vous préparant ainsi au test de naturalisation. Avec son glossaire et son application gratuite, il permet de rafraîchir
et de tester ses connaissances.
Comprendre la Suisse ne s’adresse pas uniquement aux personnes qui souhaitent demander
la nationalité suisse, mais également aux étrangers et aux Suisses qui veulent mieux connaître
ce pays. Le chapitre Géographie, Histoire, Langues apporte des informations sur le cadre naturel, historique et linguistique de la Suisse. Le chapitre Religions, Traditions, Culture donne
un aperçu de sa diversité religieuse et culturelle. Le chapitre Fédéralisme, Démocratie, Politique
explique comment fonctionne la démocratie suisse, tandis que le chapitre Lois, Droits, Obligations présente les règles de base du vivre ensemble. Enfin, les chapitres Économie, Emploi,
Formation et Assurances, Sécurité sociale, Santé abordent certaines des questions économiques
et sociales du quotidien, et présentent l’ensemble des instruments qui forment notre État-providence.
Comprendre la Suisse peut également être utilisé dans les écoles professionnelles, écoles de
culture générale et gymnases. Les informations sur la Suisse que transmet ce guide constituent
une base pour la l’instruction civique, tandis que les questions figurant à la fin de chaque chapitre permettent d’approfondir les différents sujets et d’établir des ponts entre les différents
thèmes.
Les auteurs tiennent à remercier le Bildungszentrum (Centre de formation) d’Interlaken pour
l’édition, Maître Adrian S. Müller, pour sa contribution à la rédaction des chapitres portant
sur des questions juridiques et civiques, le Zentrum Politische Bildung und Geschichtsdidaktik
(Centre de formation politique et de didactique de l’histoire) d’Aarau pour son évaluation du
manuscrit, le canton de Berne pour son soutien financier et le chef de projet Lukas Meier pour
son encadrement professionnel, ses conseils, et sa relecture minutieuse.
Janvier 2017
Andreas Blaser, Urs Kernen, Daniel V. Moser-Léchot
3
Sommaire
1
Géographie | Histoire | Langues
5
Comprendre la Suisse : Le « Schwyzerdütsch »
6
Géographie
Histoire
Langues
2
3
4
5
6
Religions | Traditions | Culture
17
Comprendre la Suisse : Les cloches d’églises
18
Religions
Traditions
Culture
19
21
24
Fédéralisme | Démocratie | Politique
29
Comprendre la Suisse : La Landsgemeinde
30
Fédéralisme
Démocratie
Politique
31
34
40
Lois | Droits | Obligations
45
Comprendre la Suisse : L’armée de milice
46
LOIS
Droits
Obligations
47
51
55
Économie | Emploi | Formation
59
Comprendre la Suisse : La formation professionnelle
60
Économie
Emploi
Formation
61
64
68
Assurances | Sécurité sociale | Santé
73
Comprendre la Suisse : Bien assuré
74
Assurances
Sécurité sociale
Santé
75
77
83
Glossaire
4
7
10
13
87
Château d’eau
Alpes
Jura
1 | Géographie
Histoire
Langues
Plateau
Pacte fédéral
Réforme
République helvétique
Constitution fédérale
Comprendre la Suisse :
Le « Schwyzerdütsch »
Le suisse allemand (Schweizerdeutsch ou Schwyzerdütsch) est le dialecte parlé par les
Suisses germanophones. Mais cette langue varie fortement en fonction des régions.
Il est très facile pour un germanophone de reconnaître un accent de Saint-Gall, de
Zurich ou de Berne. Il existe même souvent des variantes linguistiques au sein d’une
même région. Parfois, il est donc possible de savoir de quel village ou de quel quartier vient une personne simplement à son accent. Malgré ces grandes différences,
presque toutes les personnes qui parlent le suisse allemand se comprennent mutuellement. Le Schwyzerdütsch étant intimement lié à la culture et à la mentalité suisses,
il n’est pas rare que des immigrés qui parlent déjà l’allemand classique décident
d’apprendre le dialecte. Les cours de dialecte jouissent actuellement d’une grande
popularité.
6
Géographie
La géographie en bref
Surface
41 285 km2
Capitale
Berne
Pays limitrophes
France, Italie, Principauté du Liechtenstein, Autriche et Allemagne
Longueur des frontières
1882 km
Distance Nord-Sud
max. 220 km (de Bargen à Chiasso)
Distance Ouest-Est
max. 348 km (de Chancy à Val Müstair)
Point culminant
Pointe Dufour (canton du Valais), altitude 4634 m
Point le plus bas
Lac Majeur (canton du Tessin) altitude 192 m
Trois espaces naturels
La Suisse se situe en Europe centrale et est un pays enclavé, ce qui signifie qu’elle ne dispose pas d’accès à la
mer. La Suisse se compose de trois grands espaces géographiques, qui recouvrent presque l’ensemble du pays :
le Jura, le Plateau et les Alpes.
Le Jura se situe au nord-ouest de la Suisse, et représente environ 10 % de sa surface. Cette chaîne calcaire s’élève à une altitude moyenne de 700 mètres, et
se prolonge également en partie sur la France et l’Allemagne. Dans sa partie suisse, le Jura s’étend sur les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Berne, Jura, Soleure,
Bâle-Campagne et Argovie.
Le Jura est recouvert pour moitié de forêts, et à 43 %
de zones agricoles.
Le Plateau occupe environ 30 % de la surface de la
Suisse. Cette zone qui s’étend du lac Léman, au sudouest, jusqu’au lac de Constance, au nord-est du pays,
est nichée entre le Jura au nord et les Alpes au sud, et
se distingue par ses collines et ses vallées fertiles. La
plupart des grandes villes, et environ deux tiers de la
population suisse sont installés sur le Plateau. La moitié
du Plateau est couvert de zones agricoles, et un quart de
forêts. Les zones d’habitation et d’infrastructures représentent 16 % du Plateau, soit deux fois plus que dans
le Jura.
Le Jura
Le Plateau
7
Géographie
de Neuchâtel. ­Le réchauffement climatique entraîne la
fonte des glaciers et une modification profonde du climat des Alpes suisses. Les réserves d’eau sont donc fortement menacées pour l’avenir.
Climat
Les Alpes
Les Alpes suisses sont une partie de la chaîne européenne des Alpes, qui s’étend sur plus de 1200 kilomètres, de Nice à Vienne. Les Alpes traversent le sud
de la Suisse, du lac Léman à l’ouest à la frontière autrichienne à l’est. Les Alpes représentent 60 % de la surface de la Suisse, mais seulement 11 % de la population
totale. En effet, ces très hautes montagnes sont souvent
recouvertes de gravats, de roche, et de zones enneigées.
Depuis des siècles, les cols alpins suisses comme le col
du Gothard, le col du Simplon et le col du Grand-SaintBernard constituent des points de passage clés entre le
nord et le sud de l’Europe.
Château d’eau
La Suisse est considérée comme le château d’eau de
l’Europe. Environ 6 % des réserves d’eau potable se
trouvent en Suisse, et 4 % de la surface du pays est recouverte de lacs et de rivières. Avec les chutes du Rhin,
la Suisse dispose de la plus grande cascade d’Europe,
tandis qu’avec ses 285 mètres de hauteur, le barrage de
la Grande-Dixence, dans le canton du Valais, est le plus
grand barrage-poids du monde. Les quatre fleuves et rivières, le Rhône, le Rhin, l’Inn et le Tessin prennent leur
source dans les Alpes suisses pour s’écouler dans différentes mers : la Méditerranée pour le Rhône, la Mer du
Nord pour le Rhin, la Mer Noire via le Danube pour
l’Inn et la Mer Adriatique via le Pô pour le Tessin.
La Suisse compte plus de 1500 lacs. Beaucoup
d’entre eux sont nés dans les cavités des glaciers qui se
sont formés durant la dernière ère glaciaire. Le lac Léman, à la frontière entre la France et la Suisse, est le
plus grand lac d’Europe centrale. Le plus grand lac se
trouvant entièrement sur le territoire Suisse est le lac
8
La proximité avec l’Atlantique joue un rôle important
sur le climat suisse. Les vents humides et modérés de
l’ouest tempèrent le climat, en hiver comme en été. Les
vents d’ouest apportent de l’air frais en été, et de l’air
chaud en hiver. Ils apportent également des précipitations tout au long de l’année. Les Alpes ont également
une forte influence sur le climat suisse. Elles créent une
barrière climatique entre le nord et le sud de la Suisse.
Souvent, les précipitations sont stoppées sur le versant
nord des Alpes. Les Alpes protègent également le sud
des vents froids du nord. C’est pourquoi l’hiver est
beaucoup plus doux dans le sud que dans le nord.
Outre le vent d’ouest, le nord de la Suisse est également balayé par le Foehn, un vent sec et chaud venu du
sud qui apporte le beau temps vers le nord. Le vent du
nord, que l’on appelle la Bise, apporte quant à lui un
temps froid et sec dans le nord.
Les quantités de précipitations varient fortement
d’une région à l’autre. C’est dans les zones de haute
montagne Hautes-Alpes, dans le centre de la Suisse et
dans le Tessin qu’elles sont les plus fortes. Les vallées
abritées par les Alpes, comme le Valais et l’Engadine
reçoivent quant à elles très peu de précipitations.
Population
Aujourd’hui (2019), la Suisse compte environ 8,5 millions d’habitants. Un quart d’entre eux, soit environ
2 millions de personnes, sont des étrangers. La Suisse
fait donc partie des pays européens où la part de population étrangère est la plus importante. Environ deux
tiers des étrangers viennent d’un pays européen. Les
nations les plus représentées sont l’Italie, suivie par l’Allemagne et le Portugal. Seulement 17 % des étrangers
viennent de l’extérieur de l’Europe.
À l’inverse, plus de 760 200 Suisses vivent à l’étranger. Cela correspond plus ou moins à la population
du canton de Vaud, troisième canton le plus peuplé de
Suisse. Près des deux tiers de ces expatrié(e)s vivent en
Géographie
Population étrangère en Suisse selon
la pays d’origine
350000
300000
250000
200000
150000
100000
50000
A
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0
Source: Office fédéral de la statistique, 2018
Un train entre dans le nouveau tunnel de base du SaintGothard
Europe, pour la plupart en France, en Allemagne ou en
Italie.
Il y a encore 150 ans, la Suisse était fortement rurale,
et peu peuplée, avec seulement 2,5 millions d’habitants.
Aujourd’hui, seul un quart de la population vit à la campagne. Trois quarts des habitants vivent dans des villes
et agglomérations. La ville de Zurich est la plus grande
de Suisse avec 431 528 habitants. La Suisse compte
également cinq grandes villes de plus de 100 000 habitants : Genève, Bâle, Berne, Lausanne et Winterthour.
Pour le transport de passagers et de marchandises,
les liaisons les plus importantes sont celles qui relient
Lausanne à Genève et les grandes villes que sont Bâle,
Zurich et Berne entre elles. Les principaux axes de transport d’ouest en est et du nord au sud sont des tronçons
importants de grands axes européens. Ainsi, une grande
partie du transport de marchandises entre le nord et le
sud de l’Europe traverse les Alpes suisses. Le plus grand
aéroport de Suisse se trouve à Zurich-Kloten. La Suisse
dispose de deux autres grands aéroports, à Genève et
Bâle-Mulhouse.
Réseau de transports
La Suisse dispose d’un réseau routier dense et d’un réseau de transports en commun très développé. Presque
tous les villages du pays sont accessibles plusieurs fois
par jour avec les transports en commun. Le train y joue
un rôle essentiel. Le réseau ferroviaire suisse est le plus
dense du monde, et les Suisses sont les champions du
monde de l’utilisation du train (en kilomètres parcourus
par an). De plus, avec le tunnel de base du Saint-Gothard ouvert en 2016, le pays dispose désormais du plus
long tunnel ferroviaire du monde (57 kilomètres).
NOTIONS
Ces notions importantes sont expliquées dans le glossaire:
• Alpes
• Bise
• Château d’eau
• Expatrié(e)
• Foehn
• Jura
• Enclavé
• Plateau
9
Histoire
La particularité de la Suisse est qu’elle ne constitue une
unité ni du point de vue ethnique ni du point de vue
religieux. Le sentiment national suisse ne se fonde donc
pas sur une ethnie, une langue ou une culture en par-
Pacte fédéral
Au 13ème et au 14ème siècle, certaines
vallées et villes du territoire actuel de
la Suisse réclament une plus grande
autonomie. Depuis peu, elles sont directement soumises à l’Empereur du
Saint-Empire romain germanique, et
non plus à des comtes locaux. C’est
dans ce cadre, que début août 1291,
les communautés d’Uri, Schwyz et
Nidwald concluent une alliance pour
préserver la paix. Ce Pacte fédéral est
considéré comme la naissance de la
Confédération suisse.
Confédération des huit cantons
Sur la base de cette alliance, apparaît
entre 1332 et 1481 un groupement de
huit régions. Outre les communautés
d’Uri, Schwyz et Nidwald, cette union
englobe également les cantons de
Zoug et de Glaris, et les villes de Lucerne, Zurich et Bâle. C’est à partir de
1350 que l’on commence à nommer
cette alliance « Confédération ». Son
objectif est de se défendre contre les
attaques extérieures et d’assurer le
pouvoir des élites locales.
Confédération des 13 cantons
De 1481 à 1513, les villes de Fribourg,
Soleure, Bâle, Schaffhouse et la région
d’Appenzell rejoignent la Confédération, qui se compose désormais de
10
ticulier, mais sur une histoire et des valeurs politiques
communes. C’est pourquoi on dit souvent de la Suisse
qu’elle est une Willensnation, une nation issue d’une volonté politique commune. Voici son histoire.
13 cantons. À cela s’ajoutent les pays
alliés, qui, à l’image des Grisons ou
du Valais, ont également conclu une
alliance avec la Confédération, mais
n’en sont pas membres à part entière.
Par ailleurs, la Confédération conquiert
de nouveaux territoires et crée les bailliages communs, des pays sujets gérés
conjointement par plusieurs cantons.
Réforme
En 1523, Huldrych Zwingli lance à Zurich la Réforme, un mouvement de renouveau, dont l’objectif est de réformer
l’Église catholique romaine. Tandis que
la Réforme fait une percée dans certains
cantons de la Confédération, d’autres
restent fidèles à la foi catholique. Cette
division entre cantons catholiques et
protestants de la Confédération entraîne des conflits et des affrontements
armés jusqu’au 19ème siècle. À partir de
1536, Genève (qui ne faisait jusqu’alors
pas partie de la Confédération) se développe sous l’action de Jean Calvin
pour devenir peu à peu un centre réformé au rayonnement mondial.
République helvétique
En 1798, des mouvements révolutionnaires se soulèvent à Bâle et en
Suisse occidentale. Pour les réprimer,
les troupes de Napoléon occupent la
Suisse. C’est alors que naît la République helvétique dont l’organisation,
sous l’influence du modèle français,
est centralisée. Pour la première fois,
tous les hommes obtiennent des libertés et des droits politiques. Cette
époque marque également la fin des
bailliages communs.
Acte de Médiation
En 1803, Napoléon donne à la Suisse
une nouvelle Constitution. Les cantons retrouvent leur autonomie et six
nouveaux cantons sont créés à partir
des anciens pays alliés et bailliages
communs : Saint-Gall, Grisons, Argovie, Thurgovie, Tessin et Vaud. La
Suisse se compose donc de 19 cantons. La période de la Médiation dure
jusqu’en 1814.
Neutralité
Congrès de Vienne et Restauration
Après la guerre de Trente Ans, la Paix
de Westphalie de 1648 accorde à la
Confédération la souveraineté qui lui
avait été promise. Elle constitue donc
désormais un État indépendant, et
non plus une partie du Saint-Empire
romain germanique. La Confédération
défend de plus en plus une politique
de neutralité. Cela signifie qu’elle ne
participe pas aux conflits armés qui
opposent d’autres États. Elle conclut
cependant des accords avec de nombreux États européens afin de leur
fournir des mercenaires.
Suite à la défaite de Napoléon, 1815
marque le début de la période de la Restauration. Dans la plupart des cantons,
les conservateurs arrivent au pouvoir et
remettent en place le système qui régnait avant 1798. Les cantons concluent
un nouveau Pacte fédéral qui leur laisse
une plus grande autonomie. Genève,
Neuchâtel et le Valais rejoignent la
Confédération. Lors du Congrès de
Vienne de 1815, les grandes puissances
européennes reconnaissent les frontières de la Suisse, toujours en vigueur
aujourd’hui, et sa neutralité.
Histoire
Réforme à Zurich, 1523
Régénération et guerre du
Sonderbund
Révolution helvétique à Bâle, 1798
Création de l’État fédéral, 1848
des cantons, et les droits populaires
découlant de la démocratie directe
sont élargis. En 1891, les radicaux (actuel PLR) laissent la place aux catholiques-conservateurs (actuel PDC) au
Conseil fédéral.
tionnement des produits alimentaires
permet d’éviter une famine.
Période d’essor économique
En 1830 commence la période de
la Régénération. Dans de nombreux
cantons, les libéraux arrivent au pouvoir et y imposent la séparation des
pouvoirs, la liberté de la presse et la
liberté économique. Mais la volonté
des libéraux de créer un État fédéral
à la place de la simple Union d’États
se heurte à la résistance des cantons
catholiques-conservateurs. En 1847,
les deux camps s’affrontent au cours
d’une brève guerre civile, la guerre
du Sonderbund, qui oppose les cantons libéraux et les cantons catholiques-conservateurs.
Pendant la Première guerre mondiale
(1914–1918), la Suisse reste neutre
et est épargnée par les destructions.
Mais du point de vue économique, le
pays est mal préparé à cette longue
guerre. La nourriture manque, les prix
des produits alimentaires explosent
et le pouvoir d’achat des travailleurs
chute. En 1918, une grève générale
finit par éclater.
Après la guerre, la Suisse connaît une
longue période de forte croissance
économique. Le niveau de vie augmente, la sécurité sociale est améliorée. À partir de 1959, les quatre principaux partis (socialistes compris) se
partagent les sept sièges du Conseil
fédéral selon une clé de répartition
fixe appelée Formule magique : les
trois principaux partis reçoivent deux
sièges chacun, et le quatrième un seul.
Ce n’est qu’en 1971 que les femmes
reçoivent le droit de vote et d’élection
au niveau fédéral.
Création de l’État fédéral
Entre-deux-guerres
Vers une société de services
La victoire des libéraux pendant la
guerre ouvre la voie à la création d’un
État fédéral. Le peuple accepte la nouvelle Constitution et en septembre
1848, l’État fédéral suisse est créé.
Tous les hommes suisses bénéficient
de droits politiques, et la liberté religieuse et la liberté de la presse sont introduites. La Suisse devient un espace
économique uni. Néanmoins, les cantons conservent une forte autonomie.
En 1919, pour la première fois, le
Conseil national n’est plus élu sur le
principe de la majorité (scrutin majoritaire), mais en proportion des voix
(scrutin proportionnel). Ainsi, le Parti radical-démocratique (PRD) perd sa majorité absolue ; le Parti Socialiste Suisse
(PS) et le Parti des paysans (plus tard
UDC) gagnent quant à eux du terrain.
Suite à la crise économique mondiale,
les groupes fascistes, et les communistes ont le vent en poupe ; mais la
démocratie résiste.
Suite à la crise pétrolière de 1973,
l’économie suisse plonge dans la crise.
Au cours des années suivantes, le pays
se développe de plus en plus vers
une société de services. En 1979, naît
le 26ème canton suisse : le canton du
Jura. La Constitution fédérale est entièrement révisée en 1999. La nouvelle
Constitution souligne la collaboration
entre la Confédération et les cantons et
renforce l’implication des communes.
Seconde guerre mondiale
Le début du nouveau siècle a été marqué par une progressive ouverture
de la politique étrangère. La Suisse
intègre l’ONU en 2002. En 2000 et
2005, le peuple accepte les accords
bilatéraux avec l’UE. Néanmoins, les
électeurs suisses ont refusé toute
autre étape d’intégration en direction
de l’Union européenne.
Renforcement des droits populaires et industrialisation
Le nouvel État fédéral se dote d’un
réseau ferroviaire dense, qui favorise
la mobilité et l’industrialisation. La
Suisse connaît une période d’essor
économique et se développe pour
passer d’un État agricole à un État industriel. En 1874, la Constitution fédérale est entièrement révisée : la Confédération est renforcée au détriment
Première guerre mondiale
Pendant la Seconde guerre mondiale
(1939–1945), la Suisse reste de nouveau neutre, tout en entretenant des
liens économiques étroits avec l’Allemagne national-socialiste. La Suisse
n’est pas attaquée et reste à l’abri des
combats. Jusqu’en 1944, elle n’accepte que très peu de réfugiés. Le ra-
Ouverture de la politique
étrangère
11
Histoire
En 2002, la libre circulation des ressortissants de pays
de l’UE et de l’AELE est introduite. En revanche, pour
les autres pays, seules les demandes de professionnels
hautement qualifiés sont encore acceptées.
Relations avec l’Europe
Noël 1964, des travailleurs immigrés italiens quittent Zurich
pour rejoindre leur pays d’origine
Immigration et expatriation
En tout temps, des êtres humains ont toujours quitté
leur territoire d’origine à la recherche de conditions de
vie meilleures et pour fuir les guerres ou les catastrophes
naturelles. C’est ainsi qu’au 17ème siècle, des dizaines de
milliers de protestants persécutés en France pour leurs
croyances se sont réfugiés en Suisse occidentale. Au
19ème siècle, c’est une vague de réfugiés politiques allemands qui arrive dans la Confédération libérale.
Mais à cette époque, la Suisse est avant tout un pays
d’émigration. Entre 1850 et 1914, environ 300 000
Suisses émigrent. Ils fuient la pauvreté de leur région
d’origine et tentent leur chance, en Amérique du Nord
et du Sud notamment.
À partir de 1880, la Suisse commence à attirer une
forte immigration. Des dizaines de milliers de personnes
arrivent des pays voisins, d’Italie, d’Allemagne et de
France, souvent pour travailler dans la construction et
dans les usines. Jusqu’à la Première guerre mondiale,
la politique migratoire de la Suisse reste très ouverte.
La part des étrangers dans la population passe de 3 %
(1850) à près de 15 % (1910).
Il faudra ensuite attendre la période d’essor économique des années 1950 et 1960 pour revoir une telle
vague migratoire. À cette époque, la Suisse souffre
d’une pénurie de main-d’œuvre et de nombreux immigrés venus d’Italie, puis d’autres pays du sud de l’Europe, viennent s’y installer. Ils sont considérés comme
des travailleurs immigrés et ne reçoivent qu’un permis
de séjour limité dans le temps. Pendant la crise économique des années 1970, plus de 300 000 étrangers
doivent retourner dans leur pays d’origine. Mais même
à cette époque, l’immigration ne disparaît pas entièrement et reprend de plus belle à partir des années 1980.
12
Depuis très longtemps, l’évolution de la Suisse et étroitement liée à celle de l’Europe. À l’époque de l’Antiquité, le territoire qui correspond à la Suisse appartient en partie à l’Empire romain. Au Moyen-Âge, la
Confédération est intégrée au Saint-Empire romain germanique pendant près de quatre siècles. Elle n’obtient
une autonomie réelle qu’en 1648. Mais même à partir
de cette époque, les événements européens continuent
d’influencer la Suisse, comme la Révolution française
en 1789, les révolutions européennes de 1830 et 1848,
l’industrialisation ou encore les deux guerres mondiales
du 20ème siècle et la chute du Mur de Berlin en 1989.
Même si la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne, elle entretient des rapports économiques et
politiques étroits avec ses voisins européens. Depuis
1963, la Suisse est membre du Conseil de l’Europe, et
en l’an 2000, la Suisse a conclu différents accords bilatéraux avec l’Union européenne, par exemple sur le
libre-échange et la libre circulation des personnes.
NOTIONS
Ces notions importantes sont expliquées dans le glossaire:
• Bailliages communs
• Formule magique
• Guerre du Sonderburg
• Médiation
• Neutralité
• Pacte fédéral
• Pays alliés
• Réforme
• Régénération
• République helvétique
• Restauration
• Souveraineté
• Willensnation
Langues
La Suisse et ses quatre langues
La Suisse et sa multitude de langues
La Confédération suisse est officiellement quadrilingue.
Selon la Constitution, l’allemand, le français, l’italien
et le romanche sont les langues nationales de la Suisse.
L’allemand, le français et l’italien sont également des
langues officielles. Cela signifie que ces langues sont
parlées au Parlement, et que toutes les publications officielles de la Confédération doivent être publiées dans
ces langues. Cela s’applique aux lois, aux actes législatifs et aux rapports, mais aussi à tous les autres textes
qui concernent l’ensemble du pays comme les sites internet officiels, les brochures, les fiches d’information
ou encore la désignation des véhicules et bâtiments. Le
romanche est également considéré comme langue officielle depuis 1996.
Environ 63 % de la population parle principalement
l’allemand ou le suisse allemand, 23 % le français, 8 %
l’italien et 0,5 % le romanche. On parle l’italien dans le
sud de la Suisse et le français à l’ouest. Le romanche est
une langue romane parlée uniquement dans certaines
parties du canton des Grisons. Environ 24 % de la population suisse parle une langue autre que les quatre
langues nationales. Les langues les plus répandues sont
l’anglais avec 5,1 %, le portugais avec 3,7 % et l’albanais avec 3,1 %. Ces dernières années, sous l’influence
de l’immigration, la Suisse est donc passée d’un pays
quadrilingue à un pays multilingue.
La carte linguistique de la Suisse
 Allemand
 Français
 Italien
 Romanche
13
Langues
Cantons multilingues
Dans 17 des 26 cantons, l’allemand est la seule langue
officielle. Les quatre cantons où l’on ne parle que le français sont les cantons de Genève, de Vaud, de Neuchâtel
et du Jura. Mais depuis longtemps, les frontières linguistiques ne suivent plus les frontières des cantons : dans
trois cantons, l’allemand et le français sont des langues
officielles : Berne, Fribourg et le Valais. Dans le Tessin,
seul l’italien est une langue officielle. Enfin, le canton des
Grisons est le seul canton trilingue : l’allemand, l’italien
et le romanche y sont des langues officielles.
La frontière linguistique entre la Suisse germanophone et la Suisse francophone suit approximativement
le trajet de la rivière Sarine, dans le canton de Fribourg.
On surnomme cette limite symbolique « barrière de
röstis » ou Röstigraben pour souligner les différences
politiques et culturelles entre la Suisse germanophone et
la Suisse romande. En effet, les röstis, un plat à base de
pommes de terre, sont considérés comme le plat typique
des Suisses germanophones.
Dialectes
Le suisse allemand est la langue parlée par les Suisses
germanophones. Il est parlé dans presque toutes les situations, et à travers toutes les classes sociales. Néanmoins, il existe de nombreux dialectes, qui peuvent varier d’un canton ou d’une région à l’autre.
À l’écrit et à l’école, les Suisses alémaniques n’utilisent pas le Schweizerdeutsch, mais l’allemand stan-
Un panneau d’interdiction rédigé en allemand, en français, en italien et en romanche
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Langues
La Sarine ou Röstigraben (fossé des röstis)
dard. Cette version suisse de l’allemand classique est
une variante de la langue parlée et écrite en Allemagne
et contient des mots utilisés uniquement en Suisse.
Ces dernières années, les Suisses alémaniques ont
tendance à écrire de plus en plus en Schweizerdeutsch.
Ainsi, beaucoup rédigent leurs textos en phonétique.
Mais il n’existe aucune règle d’écriture établie.
Au Tessin, certaines personnes parlent encore le dialecte lombard. Dans le canton des Grisons, le romanche
varie parfois d’une vallée à une autre. La langue officielle, le Rumantsch Grischun, est une langue écrite,
similaire à l’allemand standard pour la Suisse alémanique. En Suisse romande, en revanche, les différents
dialectes, qu’on appelle des patois, ont en grande partie
disparu. Chaque région conserve cependant ses particularités et son accent, le français oral parlé en Suisse ne
variant que très peu du français standard.
Un panneau de rue bilingue à Biel/Bienne
NOTIONS
Ces notions importantes sont expliquées dans le glossaire:
• Dialecte
• Langue nationale
• Langue officielle
• Langue standard
• Romanche
• Röstigraben
Un panneau de signalisation en romanche à Zuoz
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Synthèse
Les trois régions géographiques de la Suisse sont le Jura, le Plateau et les Alpes. Deux tiers
des 8,4 millions d’habitants vivent sur le Plateau. Le climat suisse est un climat d’Europe centrale, fortement influencé par le relief montagneux : la plupart du temps, les précipitations
s’arrêtent sur le versant nord des Alpes. Ces dernières protègent également le sud du pays
des vents froids venus du nord. Les lignes de chemin de fer et autoroutes les plus importantes
s’étendent du nord au sud et à travers les Alpes, mais aussi du sud-ouest au nord-ouest, en
passant par le Plateau.
Jusqu’à la fin du 18ème siècle, la Confédération suisse était une simple union d’États dotée
d’un nombre réduit de villes et régions. C’est en 1798 que les armées françaises apportent
les idées de la Révolution en Suisse. La tentative de Napoléon de faire de la Suisse un état
centralisé à la française a échoué, mais c’est malgré tout lui qui a permis que des pays alliés
et des baillages communs deviennent de nouveaux cantons. En 1848, la Suisse se dote d’une
Constitution libérale et devient un État fédéral. Au cours des 70 années qui suivent, la Suisse
connaît une forte industrialisation. Le pays reste épargné par les destructions de la première
et de la seconde guerre mondiale. Pendant l’après-guerre et jusque dans les années 1970, la
Suisse connaît une longue période d’essor économique, engendrant une forte immigration venue du sud de l’Europe. Au début du 21 ème siècle, la Suisse s’ouvre sur le monde en intégrant
l’ONU et en concluant des accords bilatéraux avec l’UE. La Suisse dispose de quatre langues
nationales : l’allemand, le français, l’italien et le romanche. L’allemand, le français et l’italien
sont également des langues officielles. Trois cantons ont deux langues officielles, voire même
trois pour le canton des Grisons.
RÉVISIONS
1. Comment s’appellent les trois régions naturelles de la Suisse?
2. Dans quelles mers se jettent les fleuves
suisses?
3. De quel pays sont originaires la plupart des
étrangers?
4. Nommez les six plus grandes villes de Suisse.
5. Quels sont les trois cantons qui ont conclu le
Pacte fédéral en 1291?
6. Qu’est-ce que la République helvétique?
7. 1848 est considérée comme la date de création de la Suisse moderne. Pourquoi?
8. Quelles sont les quatre langues nationales de
la Suisse?
9. Dans quels cantons le français et l’allemand
sont-ils des langues officielles?
10. Dans quels cantons l’italien est-il une langue
officielle?
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POUR ALLER PLUS LOIN
1. Quel(le) fleuve ou rivière coule près de chez
vous? Où se jette-t-il/elle?
2. Expliquez pourquoi les précipitations sont
réparties de manière si inégale en Suisse.
3. Quel moyen de transport utilisez-vous en
général? Justifiez votre réponse.
4. Renseignez-vous sur l’histoire locale de votre
commune de résidence.
5. Choisissez une époque de l’histoire de la
Suisse et approfondissez vos connaissances
sur ce sujet sur Internet.
6. Décrivez l’évolution de l’immigration en
Suisse au 20 ème siècle.
7. Quels dialectes ou quelles langues parlent
vos voisins?
8. À quels défis la langue romanche est-elle
confrontée?
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