Telechargé par pierrealberthayen

LES MYTHES FLAGRANTS DE L'ILLUMINATION - STEPHEN WINGATE

LES MYTHES FLAGRANTS
DE L’ILLUMINATION
STEPHEN WINGATE
Stephen Wingate, The outrageous myths of enlightenment
SOMMAIRE
Préface
Avant-propos
Introduction
6
7
8
Première partie : écrits
1.
2.
3.
4.
5.
10
Comment ceci fonctionne-t-il, essentiellement ?
Réflexions
Si je suis né
L’attente
L’histoire d’un étudiant du zen
Deuxième partie : correspondance et dialogues
1. C’est ici que cela me gonfle !
2. Fausses attentes
3. Qu’en est-il de la véritable expérience mystique ?
4. J’ai l’impression que je pourrais avoir besoin d’un Maître
5. Il y a une contradiction flagrante
6. Ceci n’est-il pas encore agir ?
7. Juste une autre formule pour l’Illumination ?
8. Que puis-je espérer retirer de ceci ?
9. Docteurs en médecine, psychologues et psychiatres
10. Mais je suis une personne distinct(iv)e, je ne suis pas vous !
11. Un cauchemar interminable
12. Détachement émotionnel et contrôle
13. Montrez-moi cette vacance
14. Souffrir de la souffrance des autres
15. J’ai besoin d’être guidé jusque chez moi
16. Mais il y a toujours l’apparence d’un ‘’je’’
17. Libéré du mental
18. Interactions égoïstes et confrontations
19. L’amour et les relations intimes
20. Je me sens complètement dévalorisé
21. Etats permanents ?
22. Je suis en désaccord avec tout ce que vous dites
23. Comment voir ceci par moi-même ?
24. Observez ceci
25. Ramana Maharshi a dit
26. Bavardage et agitation mentale
27. Tout le reste est dénué d’intérêt
2
11
12
15
16
16
17
18
19
20
21
21
22
23
24
26
26
27
29
30
31
32
33
34
35
35
36
37
38
40
42
44
45
46
28. Rencontrer un Maître
29. Frustration et désir de connaître
30. Des questions, plein de questions, mais pas un soupçon de paix !
31. Comment descend-on du manège ?
32. Pourquoi est-il si difficile de s’éveiller ?
33. Y a-t-il une progression naturelle ?
34. La reconnaissance ne se produit pas
35. Comment aller au-delà du mental ?
36. Donnez-vous quinze jours
37. Continuez à poser des questions jusqu’à ce qu’elles se soient consumées
38. Qu’est-ce qui vous empêche de voir cela ?
39. La mort et la réincarnation
40. La Conscience est le ‘’JE SUIS CE QUE JE SUIS’’
41. Distrait par l’inessentiel
42. Y a-t-il un libre-arbitre ou le destin est-il maître ?
43. Pourquoi des doutes ?
44. Le koan de l’advaita
45. La souffrance psychologique n’est-elle juste qu’une mauvaise idée ?
46. L’agnosticisme, l’unique vraie foi ?
47. Crises de panique
48. L’attention et la Conscience
49. Marre de la recherche !
50. Des indications supplémentaires ?
51. Des concepts à l’expérience vivante
52. Assister à la dissolution du ‘’je’’
53. Comment saurai-je que la compréhension est totale ?
54. La peur de lâcher l’esprit
55. N’étant pas le corps, devrais-je l’entretenir ?
56. Déposer les outils dans la remise
57. J’aimerais pouvoir m’éveiller et dire : enfin !
58. J’oublie souvent qui je suis
59. Le désir brûlant de savoir qui je suis
60. Votre volonté est la volonté de l’univers
61. C’est la Paix qui est en paix avec la guerre
62. Le sage, comme on l’appelle, sait qu’il est impuissant
63. Aller au combat avec une arme non chargée
64. Comment est le temps ?
65. La reconnaissance a amené un sentiment de paix
66. Il se passe quelque chose d’étrange ici !
67. La vision qu’il n’y a ici personne
68. Rien de mystique ou de prosaïque
69. Il est quatre heures du mat : connaissez-vous la source de la souffrance ?
70. Dix jours pour réaliser Cela : J’existe !
71. Je suis manipulé comme une marionnette
72. Comment la souffrance est-elle revenue ?
73. Les indications ont trouvé un terrain fertile
3
48
49
50
51
52
53
54
55
56
58
59
61
62
62
63
65
66
68
69
71
72
72
73
74
75
78
79
81
82
85
86
87
91
91
93
94
95
96
97
98
100
101
102
103
104
106
74. Une grenade m’a fait éclater la tête !
107
75. Pourquoi suis-je ici ? Quel est le but ?
107
76. N’utilisez aucun mot – Maintenant, dites-moi ce qui reste ?
109
77. Les mots impliquent une dualité là où il n’en n’existe aucune
111
78. Le bonheur et la tristesse : sont-ils juste de l’énergie ?
112
79. La clé pour résoudre votre auto-investigation
113
80. Cette marionnette a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre
114
81. Vous ne pouvez pas vous éveiller, puisque vous n’avez jamais été endormie 115
82. Suis-je dans la Conscience ou la Conscience est-Elle en moi ?
116
83. Toutes les questions se dissolvent dans cette inconnaissance
118
84. Un tas de fadaises !
119
85. Qui fixe l’intention de s’affranchir de la recherche ?
120
86. Comment ceci m’aide-t-il à gérer ma vie ?
121
87. Je n’ai plus aucun besoin de rechercher la vérité
122
88. Comment savez-vous que vous n’êtes pas déjà éveillé ?
125
89. Je ne veux pas lâcher mon histoire !
128
90. Je peux sentir que cela marche
129
91. Rechercher une guérison spirituelle alimente le feu de la souffrance
130
92. Votre recherche est terminée
131
93. Vous et moi, nous sommes cette même unité : c’est l’amour
133
94. Cette compréhension n’inclut-elle pas Dieu ?
136
95. Je ne peux pas nier que tout arrive, simplement
137
96. Se détourner des histoires et les laisser
139
97. J’attends un changement radical ou soudain
139
98. Ni ‘’je’’ distinctif, ni souffrance, ni Eveil
140
99. Y a-t-il un Eveil ou une Libération ?
142
100.
L’énergie de la kundalini est montée, et cela m’a effrayé !
143
101.
La résolution de la recherche et de la souffrance
144
102.
Pourquoi est-ce que je cherche encore ?
145
103.
C’est fini !
147
104.
Le concept de Libération est une autre carotte dorée
148
105.
En regardant tomber la neige
149
106.
Peut-il y avoir des erreurs ?
150
107.
Tout ce que je peux dire, c’est ‘’je ne sais pas !’’
151
108.
Je suis le commencement et la fin de toute souffrance
152
109.
Je ne puis dépasser l’impression d’être ce corps, ce cerveau
154
110.
Je suis : tout le reste est imagination
156
111.
Je me sens comme un extraterrestre
157
112.
C’est réellement aussi simple, non ?
158
113.
Attendre le moment explosif de la réalisation
160
114.
Lâchez prise et allez faire la vaisselle !
161
115.
Coincé dans une roue pour hamster
163
116.
Vous êtes la contemplation, aussi contentez-vous d’observer
165
117.
Les expériences sont-elles personnelles ou impersonnelles ?
166
118.
Des années de recherche et de lutte se sont évaporées
167
4
119.
Mettre un terme à la souffrance psychologique est incroyablement
simple
120.
Où tout cela me mène-t-il ?
5
168
170
PRÉFACE
Ma recherche intense de la Paix a débuté à la vingtaine et elle a duré pendant plus de
vingt ans. Le désir de connaître et d’expérimenter la vérité signalée par les anciennes
traditions m’a conduit sur de nombreuses voies. J’ai étudié la plupart des philosophies
religieuses orientales et occidentales, ainsi que certaines approches nontraditionnelles. J’ai ressenti une puissante résonance avec les philosophies nonduelles, telles qu’elles sont présentées dans le mysticisme chrétien, dans le
bouddhisme zen, le taoïsme et l’advaita vedanta.
En 1998, j’ai découvert le livre, ‘’JE SUIS’’, de Nisargadatta Maharaj, que j’ai entrepris
de lire et il y a tout de suite eu le sentiment intuitif très intense que cet homme
comprenait la vérité qui était indiquée par les anciennes traditions, et plus important
encore, qu’il vivait cette vérité ! Ses paroles sont vivantes et elles me touchèrent
jusqu’au tréfonds de mon être. Il me fallait moi-même atteindre cette compréhension,
d’une manière ou d’une autre.
Après avoir lu et relu ce livre pendant des années, j’ai senti que j’avais une solide
compréhension intellectuelle de la vérité indiquée par Nisargadatta, mais que ce
n’était pas mon expérience vivante, ce qui occasionna un terrible sentiment de
frustration. J’ai senti que j’avais besoin de trouver quelqu’un qui vivait cette vérité et
qui serait capable de m’aider à faire de celle-ci mon expérience vivante, quotidienne.
Puis en 2004, j’ai entendu parler d’un Australien, ‘Sailor’ Bob Adamson, un ancien
étudiant de Nisargadatta Maharaj qui depuis plus de vingt-neuf ans aidait les autres à
atteindre cette compréhension. Bob m’a guidé vers l’un de ses étudiants, John
Wheeler, de Santa Cruz en Californie, qui partage également ce message dans la
même tradition. J’ai fait la connaissance de John Wheeler en 2004 et grâce à cette
rencontre et aux entretiens qui suivirent, la compréhension intellectuelle est devenue
mon expérience vivante.
Après avoir lutté et recherché la Paix pendant plus de vingt ans, la recherche est
maintenant terminée et je remercie Nisargadatta Maharaj, ‘Sailor’ Bob Adamson et
John Wheeler de m’avoir indiqué cette Paix que j’étais déjà et que j’avais toujours été.
Stephen Wingate,
Boston, Massachusetts, Etats-Unis
Juin 2006
6
AVANT-PROPOS
Ce livre fournit une somme d’indications extrêmement claires et directes et pratiques
qui expliquent les causes profondes de notre souffrance et qui indiquent la voie pour
mener une vie affranchie de la souffrance psychologique. Avec perspicacité, clarté,
patience, compassion et humour, Stephen nous rappelle encore et encore et toujours
que l’unique chose qui peut nous faire souffrir, c’est penser et l’imagination qui se
fonde sur notre existence présumée d’individus distinct(if)s.
Comme il l’indique clairement, notre véritable nature n’est pas du tout celle d’un
individu distinct(if). Il n’y a aucune entité qui contrôle derrière nos pensées, derrière
nos sentiments, nos perceptions et nos actions. Via un regard direct, nous découvrons
que nous sommes nous-mêmes la Présence consciente, claire, ouverte et spacieuse
dans laquelle toutes les apparences apparaissent et disparaissent spontanément.
Stephen possède un don magnifique pour partager ces perceptions qui relèvent de sa
propre expérience claire et solide. Ses paroles véhiculent la fragrance de la paix et de
la clarté vers lesquelles elles pointent. Les écrits et les entretiens de ce livre
élimineront tous les doutes résiduels, les questions et les réserves du mental et vous
laisseront dans votre état naturel de Conscience joyeuse.
John Wheeler
7
INTRODUCTION
Que sont la Réalisation du Soi, l’Eveil, la Libération et l’Illumination ?
Vous êtes le Soi unique, la Conscience même. Arrêtez-vous un moment, maintenant,
et remarquez la présence de la Conscience que Vous êtes – ici et maintenant. Observez
que Vous êtes spacieux, ouvert, alerte et libre. Observez que ces paroles apparaissent
dans l’ouverture spacieuse que Vous êtes. Observez que toutes les activités du mental
– la recherche et la souffrance, la résistance et les attachements, les histoires et les
drames – tout se joue en Vous, la Présence consciente spacieuse et libre.
Cette ouverture spacieuse, paisible et aimante est ce que vous êtes. Cette ouverture
spacieuse est le Soi, la Libération, l’Eveil, l’Illumination, la Paix et l’Amour que vous
recherchiez. Vous avez toujours été et vous serez toujours simplement CELA.
Il appert que vous êtes déjà cette Présence/Témoin ; vous êtes le Soi. Vous le savez de
par votre propre expérience directe. Où que vous alliez, vous êtes là sous la forme de
cette Présence/Témoin. A l’instant même, vous êtes cette Liberté, cette Libération, cet
Eveil, cette Illumination. Il n’y a rien de mystique par rapport à votre Présence en tant
que Conscience – Vous êtes, simplement. Observez-le maintenant.
Il peut y avoir une tendance à ‘’spiritualiser’’ ou ‘’mystifier’’ cette simple présence de
la Conscience qui est toujours ici et maintenant ― particulièrement après avoir vécu
ce que l’on pourrait appeler des expériences, des réalisations et des épiphanies
bouleversantes ou qui sont des tournants dans l’existence. Vous êtes toujours cette
simple Présence/Témoin. Parfois, vous observez ce qui semble être des expériences
mystiques et en d’autres temps des expériences mondaines, mais vous êtes toujours
cette simple Présence/Témoin, paisible et libre.
Tout ce qu’il y a, c’est Cela – il n’y a rien d’autre.
Il n’y a nulle part où aller, rien à faire, rien à devenir.
Cela est tout ce qu’il y a.
Tout ce qu’il y a jamais eu, c’est Cela.
Tout ce qu’il y aura jamais, c’est Cela.
Il n’y a rien d’autre – juste Cela.
Rien de mystique. Rien de mondain.
Juste Cela.
Et vous êtes Cela.
Ce qui m’intéresse en communiquant ce message, c’est de démystifier les concepts de
l’Eveil, de la Libération, de la Réalisation du Soi et de l’Illumination, et aussi de
partager le fait qu’il est tout à fait possible de se libérer de la souffrance
psychologique et de la quête spirituelle.
Mon approche, c’est de partager mon expérience directe et de parler de ce que j’ai
trouvé être vrai, à partir du cœur, et je m’aperçois que ceux qui s’arrêtent un instant,
8
qui considèrent les suggestions offertes et qui les appliquent à leur propre expérience
directe se découvrent ensuite libérés de la souffrance psychologique et de la quête
spirituelle.
Vous pouvez constater que le message qui est partagé ici est incroyablement, voire
outrageusement simple et c’est sans doute pour cette raison que ceux qui ont
développé assidûment leur intellect ont plutôt tendance à passer outre ou à négliger
ce qui est évident et à continuer d’exercer leur intellect avec des questions
interminables, des doutes, des ‘’oui, mais…’’ et donc, l’occurrence de la souffrance et
de la recherche se perpétue.
Si vous vous arrêtiez quelques instants pour vous tourner vers votre propre
expérience directe afin d’obtenir les réponses, vous pourriez être surpris par la
vitesse et par la facilité avec lesquelles la souffrance psychologique et la quête
spirituelle cessent. Si ce qui vous intéresse, c’est vous libérer de la souffrance
psychologique et des mythes flagrants de l’Illumination, alors tournez-vous vers votre
propre expérience directe pour obtenir des réponses aux questions fondamentales qui
sont posées ici. C’est aussi simple que cela.
S’affranchir de la souffrance psychologique et de la recherche spirituelle ne nécessite
pas des années de pratique spirituelle, de méditation, de foi, de loyauté, de
compréhension de philosophies religieuses complexes, ni un intellect très développé.
La souffrance psychologique et la quête spirituelle cessent en voyant par votre propre
expérience directe que vous êtes essentiellement, simplement la Conscience et que
rien ne peut vous troubler, à part votre imagination.
Stephen Wingate
9
PREMIÈRE PARTIE : ÉCRITS
10
1. COMMENT CECI FONCTIONNE-T-IL, ESSENTIELLEMENT ?
Il n’y a rien de mystique, ni de magique concernant ceci. C’est simple, logique et
applicable pour tous. Ce n’est pas juste pour des êtres spéciaux qui furent capables de
transcender leurs chaînes terrestres et de s’élever au-delà de la rustrerie égoïste via
des années de sacrifices personnels et de méditation. C’est un pur non-sens. Ceci est
vrai pour tout un chacun. Ces paroles sont valables pour vous et pour moi :
‘’Nous sommes libres, ici et maintenant. C’est seulement le mental qui imagine la
servitude. En voyant qu’il n’existe rien de tel qu’un individu distinct(if) et permanent,
tout devient clair. Vous êtes l’immensité et l’infinité de la Conscience. Celle-ci est lucide,
silencieuse, paisible, alerte et sans peur – sans désir et sans crainte. Réaliser ceci est la
fin de toute recherche.’’ – Nisargadatta Maharaj
Ces quelques paroles disent tout. Décomposons-les.
‘’Nous sommes libres, ici et maintenant. C’est seulement le mental qui imagine la
servitude.’’
Ceci est-il vrai ? Considérez votre propre expérience. Quand vous êtes tranquillement
assis sans penser à vous-même, ni à vos problèmes, quelque-chose peut-il vous
troubler ? Peut-il y avoir une servitude, si vous n’imaginez pas être asservi ? Vous
êtes naturellement libre, ici et maintenant ! Nisargadatta le dit encore autrement :
‘’Rien ne peut vous troubler, sinon votre propre imagination.’’ Votre servitude n’existe
pas. Ce n’est qu’un concept !
‘’En voyant qu’il n’existe rien de tel qu’un individu distinct(if) et permanent, tout
devient clair.’’
Ceci est-il vrai ? Regardez par vous-même. Quel est le dénominateur commun de
toute votre souffrance, de tous vos problèmes ? Qu’est-ce qui est au centre de votre
situation dans la vie ? Quel est ce ‘’moi’’ qui dit ‘’ma’’ vie, ‘’mes’’ problèmes ? S’il est
vu qu’il n’y a ici absolument aucun moi distinct(if), aucune personne distinct(iv)e,
peut-il y avoir la moindre souffrance ? Le ‘’moi’’ qui était asservi et qui souffrait
n’était que pure imagination. Lire ces paroles et être d’accord ou pas ne suffit pas. Le
voir par vous-même est la clé.
‘’Vous êtes l’immensité et l’infinité de la Conscience. Celle-ci est lucide, silencieuse,
paisible, alerte et sans peur – sans désir et sans crainte.’’
Si je ne suis pas l’individu distinct(if) que je pensais être, alors que suis-je ? La
Conscience n’est-elle pas votre nature essentielle ? Si vous n’êtes pas conscient,
quelque chose d’autre peut-il exister ? Peut-il y avoir un ‘’moi’’ et ‘’son’’ histoire, si la
Conscience n’est pas là pour en être témoin ? Quelle est la nature de la pure
Conscience ? N’est-elle pas claire, silencieuse, paisible, alerte et sans peur ? Ainsi, la
Conscience est ce que vous êtes, et non une personne distinct(iv)e.
11
‘’Réaliser ceci est la fin de toute recherche.’’
Que recherchez-vous ? Ne recherchez-vous pas la clarté, la paix, la liberté par rapport
au désir et par rapport à la peur ? Ne sont-ce pas là les caractéristiques de la
Conscience ? Vous êtes ce que vous recherchez ! En réalisant que vous êtes la
Conscience et pas la personne distinct(iv)e que vous imaginiez être, la recherche
arrive à son terme et vous êtes libre !
Si ces paroles sont comprises et connues comme étant la vérité, elles deviennent votre
expérience vivante quotidienne. C’est aussi simple que cela en a l’air. Il n’y a rien de
magique, ni de mystique là-dedans. Il n’y a besoin d’aucune expérience mystique
d’amour et d’union universels. La compréhension engendre une simple expérience de
paix et de bien-être qui est ressentie comme étant le substrat ordinaire de toutes vos
expériences quotidiennes. Le bonheur et la tristesse, les rires et les larmes, la colère
et la gaieté ― tous vont et viennent dans cette Conscience paisible et bienheureuse.
Rien à gagner. Rien à perdre. Tout est comme il est.
2. RÉFLEXIONS
Que voulez-vous, finalement ?
Qu’est-ce qui est réel ?
Qu’est-ce qui est imaginaire ?
L’imaginaire peut être vu. Le réel peut-il être vu ?
L’imaginaire vous perturbe-t-il ? Prenez-vous des images pour le réel et les fuyezvous ou vous languissez-vous d’elles ?
La Conscience est le contexte ultime de toute existence. Non pas une idée de la
Conscience, mais la Conscience Elle-même, Vous-même.
Qu’est-ce qui est conscient d’être ici et de lire ces mots, actuellement ? Arrêtez-vous.
Qu’est-ce qui s’est arrêté ? Qu’y a-t-il ici, avant, pendant et après ce qui s’est arrêté ?
Vous n’êtes pas ce qui s’est arrêté. Vous ne pouvez ni commencer, ni vous arrêter.
Vous êtes cette Conscience, maintenant. Vous êtes toujours cette Conscience. Cette
Conscience est la vie elle-même. Vous n’avez pas une vie, vous êtes la vie. Vous ne
pouvez pas obtenir la vie éternelle, vous êtes la vie éternelle.
Tout ce qu’il y a, c’est la vie éternelle, cette Conscience, et vous êtes Cela.
La Vérité est le contexte infini, absolu dans lequel toute chose naît, vit et meurt.
Cette Vérité est ce que Vous êtes. Cette Conscience est ce que Vous êtes. Vous êtes
Cela.
Lorsque la pensée ‘’je’’ surgit et s’identifie à un corps et à un esprit, c’est la naissance
de la séparation, du conflit, de la lutte et de la mort.
Vous n’êtes ni les sensations du corps, ni les pensées du mental. Qu’est-ce qui est
réel ? Qu’est-ce qui est imaginaire ? Le corps et le mental peuvent être vus, ressentis
et expérimentés. Ce qui est réel peut-il être vu, ressenti et expérimenté ?
Le voyant est-il réel ? Le vu est-il réel ? La vision est-elle réelle ? Qu’est-ce qui est
réel ? Qu’est-ce qui est imaginaire ?
Le ‘’je’’ est au départ et au terme de tous les troubles, de toute la souffrance.
12
Qu’est-ce qui naît et qui meurt ?
La mort touche ce qui naît. Etes-vous jamais né ?
Au moment où la pensée ‘’je’’ naît, le monde naît. Avant la naissance de la pensée
‘’je’’, la Totalité est. Pas de ‘’je’’, pas de monde. La pensée ‘’je’’ est une image qui est
projetée sur un écran. L’écran, c’est Vous, la Conscience. Sans Vous, il n’y a pas de
‘’je’’ et il n’y a pas de monde.
Vous êtes le projecteur, la projection, l’écran et tout ce qui est projeté. Sans Vous, la
Conscience, il n’y a rien.
Qu’est-ce qui est imaginaire ? Qu’est-ce qui est réel ? Regardez maintenant !
Quel est le dénominateur commun de tous vos problèmes, de toute votre souffrance ?
Est-ce vous, le ‘’moi’’, le ‘’je’’ que vous appelez vous-même ?
Quel est ce ‘’je’’ ? Est-il réel ? Est-il imaginaire ?
Lorsqu’on sait que le ‘’je’’ est imaginaire, qu’advient-il de tous vos problèmes, de
toute votre souffrance ?
Lorsqu’on sait que le ‘’je’’ est imaginaire, qu’advient-il du monde ?
Si des problèmes sont expérimentés, si la souffrance est expérimentée et si vous
demandez ‘’qui souffre ?’’, que trouvera-t-on ? Qui lit ces paroles, actuellement ?
S’il est vu que le ‘’je’’ est imaginaire, que reste-t-il ? Vous êtes ! La Conscience est !
Votre foyer, c’est la Conscience. Votre foyer est la paix. Votre foyer est céleste.
Le faiseur, c’est l’image du ‘’je’’, le ‘’moi’’, et il est irréel (n’ayant pas d’existence
permanente indépendante). Il est imaginaire.
La Totalité se produit. Qui est celui qui agit ?
Qu’est-ce qui est imaginaire ? Qu’est-ce qui est réel ? Regardez, maintenant !
Le bonheur et le malheur, le juste et le faux, le bien et le mal, comment apparaissentils ? Quand apparaissent-ils ? Quel est le contexte dans lequel ils apparaissent ?
Il y a les rires et les larmes. Cela fait-il aucune différence pour Vous ?
Qu’est-ce qui dit ‘’bien’’ ? Qu’est-ce qui dit ‘’mal’’ ? Que sont les classifications, les
jugements et les connaissances ? La pensée ? La réflexion ?
La Conscience n’est pas une pensée. Les pensées surgissent dans la Conscience.
Penser est une division, une séparation, un conflit – moi/pas moi, bon/mauvais, à
mon goût/pas à mon goût…
Des sensations agréables sont ressenties dans le corps et des sensations douloureuses
sont ressenties dans le corps. On se rappelle les objets plaisants que l’on recherche et
on se rappelle les objets qui occasionnent des désagréments et que l’on évite.
La douleur se produit maintenant et elle est réelle maintenant. Le plaisir se produit
maintenant et il est réel maintenant. La douleur et le plaisir ne constituent pas un
problème. La souffrance, c’est différent.
Le désir, c’est la mémoire du plaisir.
La peur, c’est la mémoire de la douleur.
La souffrance, c’est le désir et la peur : ‘’je veux’’ et ‘’je ne veux pas’’. Ce qui est
désiré, c’est un souvenir. Ce qui est craint, c’est un souvenir. Les souvenirs sont des
images, de l’imaginaire. L’imaginaire n’est pas réel.
Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui est imaginaire ? Le voyez-vous maintenant ? Estce clair ?
Qu’est-ce qui est désiré ?
13
In fine, le désir n’est-il pas le désir d’amour, de paix, de bonheur et d’unité : le désir
de l’Etre ?
Qu’est-ce qui est craint ?
In fine, la peur n’est-elle pas la peur du conflit, de la guerre, de la souffrance et de la
dissolution : la peur de ne pas (plus) être ?
Est-il possible pour Vous de ‘’ne pas être’’ ?
Qu’est-ce qui peut être et puis ne plus être ?
Il y a cette Conscience absolue, infinie et indivise jusqu’à ce que la première pensée
surgisse : la pensée ‘’je’’. Quand la pensée ‘’je’’ surgit, le monde apparaît. Le monde
est ‘’pas je’’.
La pensée ‘’je’’ est la naissance de la peur et du désir. Avant que ‘’je’’ ne sois, la
Totalité est. Qui est là pour avoir peur et désirer avant que ‘’je’’ ne sois ?
En vérité, Ce que JE SUIS est présent avant, pendant et après le surgissement de la
pensée ‘’je’’. Y a-t-il des mots pour Cela ?
Le corps est un processus fluctuant de sensations. Le mental est un processus
fluctuant d’images. Qui observe ces sensations et ces images ? Qui observe ce corps et
ce mental ? Vous ! Qui êtes-Vous ?
Le temps existe-t-il sans l’imagination ? Les souvenirs sont-ils ce-qui-est ? Les
souvenirs sont-ils l’avenir ?
Il y a des images et des sensations. Y a-t-il une entité réelle appelée ‘’moi’’ ?
L’espace et le temps sont des pensées, des images et des concepts, le passé, le présent
et l’avenir. Tout cela, c’est pareil. Tous sont relatifs et n’ont aucune existence séparée,
indépendante, aucune réalité absolue.
La Totalité existe maintenant. Tout ce qu’il y a, c’est maintenant. Tout ce qu’il y a,
c’est la Totalité. La Totalité et l’instant présent sont le réel. Le processus de la pensée
― le mental ― divise la Totalité en multiplicité, divise l’instant présent en passé et
futur. La division de la Totalité en multiplicité et de l’instant présent en passé et
avenir, c’est l’imagination. L’imagination n’est pas le réel.
Qu’est-ce que l’imagination ? Regardez maintenant !
Si quelque chose est vu, est-ce réel ? Voir quelque chose implique une division, qui
implique de nommer, qui implique de reconnaître, qui implique le passé, qui implique
le temps, qui implique la pensée. Pouvons-nous voir sans diviser, sans nommer, sans
reconnaître, sans le passé, sans le temps, sans la pensée ?
La vision de quelque chose implique un voyant, le vu et la vision. Quelle est
l’imagination ? Quel est le réel ? Le sentez-vous ?
L’intelligence est la vie elle-même, la Conscience.
La Conscience peut-elle voir la Totalité, comme telle, maintenant ? Pouvons-nous voir
comme l’intelligence voit et non pas comme la pensée voit ? Pouvons-nous voir ce qui
est, plutôt que ce qui était ? Pouvons-nous voir ce qui est réel, plutôt que ce qui est
imaginé ?
Si nous voyons la Totalité, telle qu’elle est maintenant, qu’y a-t-il à craindre ? Qui doit
avoir peur ?
Là est le désir : ‘’je veux’’. Là est la peur : ‘’je ne veux pas’’.
Toute chose que vous désirez est imaginaire. Toute chose que vous craignez est
imaginaire. Le ‘’vous’’ qui veut et qui a peur est imaginaire.
Avant que ‘’je’’ ne sois, il y a la réalité et après que ‘’je’’ ne sois vient l’imaginaire.
14
Le ‘’je’’ est imaginaire. La Totalité est le réel.
Et finalement, ce que je veux, c’est ce que JE SUIS, soit la Conscience, l’Amour, la
Félicité, la Paix, l’Unité.
3. SI JE SUIS NÉ
Si ‘’je’’ suis né,
‘’Vous’’ êtes né
Et ‘’je’’ ne pourrai jamais être un avec ‘’vous’’.
Si ‘’nous’’ sommes nés,
‘’Ils’’ sont nés
Et ‘’nous’’ ne pourrons jamais être un avec ‘’eux’’.
Serait-il un tant soit peu surprenant
Qu’apparaisse de la frustration,
Si nous tentons de faire en sorte que le deux devienne un ?
Avant que ‘’je’’ ne sois,
C’est avant que ‘’vous’’ ne soyez
Et avant les deux,
Il y a l’Un.
Avant que ‘’nous’’ ne soyons,
C’est avant qu’’’ils’’ ne soient,
Et avant ‘’nous’’ et ‘’eux’’,
Il y a l’Un.
Avant que ‘’je’’ ne sois,
La Totalité est JE SUIS,
Pas même une.
Quel est ce ‘’je’’ qui est né ?
4. UNE LONGUE ATTENTE
Attendez-vous qu’il arrive quelque chose ?
Il y a ceci et rien d’autre.
Rien à gagner, rien à perdre.
Ceci est tout ce qu’il y a.
Etes-vous encore et toujours en train d’attendre ?
Réellement, il y a ceci
Et simplement ceci.
15
5. L’HISTOIRE D’UN ÉTUDIANT DU ZEN
Quand la pièce va-t-elle tomber ?
J’ai posé cette question à mon Maître zen : ‘’Maître, quand la pièce est-elle tombée
pour vous ?’’, lui ai-je demandé.
‘’A l’instant même !’’, croassa le Maître zen.
Putain ! J’étais particulièrement déçu, parce que je suivais ses directives depuis
plusieurs années et il reconnaissait n’avoir trouvé l’Illumination qu’à l’instant !
Un an plus tard, je n’avais toujours pas pigé et donc, j’interrogeai à nouveau le
Maître : ‘’Maître, quand la pièce tombera-t-elle pour moi ?’’
‘’A l’instant même, bougre d’imbécile, à l’instant même !’’, vociféra le Maître zen.
Et pan ! La pièce tomba !
Il y eut comme une étincelle dans mes yeux qui s’écarquillèrent et rayonnant alors
d’un grand sourire, je dis : ‘’Merci, Maître ! Maintenant, j’ai saisi !’’
Et je suis présent.
16
DEUXIÈME PARTIE :
CORRESPONDANCE ET DIALOGUES
17
1. C’EST ICI QUE CELA ME GONFLE !
Question : Je suis en recherche spirituelle depuis plus de trente ans, maintenant et
j‘ai lu à peu près tous les livres de chaque auteur. J’ai lu Ramana Maharshi,
Nisargadatta, Krishnamurti, Eckhart Tolle, la Bible, les Ecritures bouddhistes, etc. J’ai
participé à tant de retraites spirituelles et rencontré tant de maîtres et prétendus
gurus que cela me donne la nausée, rien qu’à y songer. Il y a des moments où j’ai
l’impression que tout cela n’est qu’un tissu d’absurdités. A plusieurs reprises, tout au
long de ces années, j’ai balancé tous mes livres et j’ai abandonné, mais je sens que
quelque chose ne cesse de me ramener dans cette quête spirituelle et m’y revoici,
donc. J’ai l’impression que ma souffrance me ramène dans la recherche spirituelle et
que la recherche entretient la souffrance.
Stephen : Je connais ce sentiment. La bonne nouvelle, c’est que la recherche peut
aboutir. Vous pouvez balancer tous vos livres et en être quitte. Vous n’avez pas besoin
de trente années de recherche, ni de souffrance en plus. Dans votre dernière phrase,
vous avez dit : ‘’J’ai l’impression que ma souffrance me ramène dans la recherche
spirituelle et que la recherche entretient la souffrance.’’ C’est précisément le cas,
n’est-ce pas ? La recherche est la souffrance. Alors, que pouvez-vous chercher ? Que
pouvez-vous obtenir qui satisfera cette recherche et qui mettra un terme à la
souffrance ?
Q : Je ne sais même plus ce que je veux. A ce stade, je suis heureux avec simplement
quelques minutes de paix. Il semble y avoir quelques minutes, tous les jours, durant
lesquelles il n’y a pas de lutte intérieure, aucune recherche, et pendant ces momentlà, je me sens en paix. J’en ai ras-le-bol de cette lutte. Cela paraît interminable. Je suis
fatigué.
S : Donc, vous avez clairement vu que la recherche est la souffrance et que sans
recherche il y a la paix.
Q : Oui, bien sûr, mais cette paix est de courte durée. Je veux que celle-ci soit ‘’mon
expérience vivante quotidienne’’, comme vous le dites.
S : Etes-vous allé jusqu’à la racine du problème et avez-vous trouvé qui cherche ? Qui
veut expérimenter la paix ? Qui est fatigué ? Qui est ce ‘’moi’’ que vous appelez vousmême ?
Q : Vous savez, c’est ici que cela me gonfle. J’aime toutes ces discussions sur l’advaita,
la non-dualité, j’aime réellement, mais quand j’entends encore et toujours cette même
question, cela me rend malade. S’il vous plaît, n’allez pas dans ce sens. J‘ai essayé
l’approche de Ramana Maharshi, ‘’Qui suis-je ? Qui suis-je ? Qui suis-je ?’’ …jusqu’à la
nausée. Je sais que je ne suis pas l’ego. Je suis la Conscience.
S : J’avais la même impression. Maintenant, écartez toutes les techniques, toutes les
théories et tous les concepts concernant la découverte de qui vous êtes. Les idées sur
18
l’ego et la Conscience de quelqu’un d’autre ne vous sont absolument d’aucune utilité.
Regardez et sentez-le par vous-même. A quoi faites-vous référence, lorsque vous dites
‘’je’’ ? A quoi faites-vous référence, lorsque vous dites ‘’je’’ souffre, ‘’je’’ suis en paix,
‘’je’’ suis fatigué ? Appropriez-vous ceci et terminez-en avec ceci, maintenant !
Creusez et découvrez-le vous-même, par vous-même, par votre propre expérience.
Continuer à lire des livres pendant trente ans n’est pas nécessaire. Allez jusqu’au fin
fond de ceci, maintenant.
Q : Je ressens un sentiment d’urgence, maintenant. Je vais le laisser bouillonner et je
vous ferai savoir ce qu’il en est.
2. FAUSSES ATTENTES
Question : La semaine passée, je vous ai signalé que j’avais l’impression que la
compréhension s’approfondissait vraiment. J’observais que ma vie s’écoulait avec
aisance. J’avais le sentiment que mon travail ‘’se faisait’’ et je n’avais pas le sentiment
que ‘’je’’ le faisais. Je faisais juste tout travail qu’il fallait faire dans l’instant avec
aisance et facilement, sans aucun ressentiment ou regret.
Cette semaine, j’ai commencé un nouveau boulot et les choses ont changé. C’est une
carrière tout à fait neuve pour moi et je dois faire la navette pendant trois heures,
tous les jours. Je fais du travail que je n’apprécie pas vraiment et je ne pense pas que
je pourrai tenir longtemps là-dedans. J’ai perdu le sentiment paisible et fluide dont je
jouissais en travaillant précédemment et je suis déçu, puisque j’avais l’impression que
ma compréhension s’approfondissait vraiment et que ma vie s’écoulait facilement.
Dois-je reconsidérer ma compréhension fondamentale ? J’apprécierais tout conseil
que vous pourriez prodiguer.
Stephen : Je suis heureux d’entendre de vos nouvelles. Vous avez dit : ‘’ J’avais le
sentiment que mon travail ‘’se faisait’’ et je n’avais pas le sentiment que ‘’je’’ le
faisais.’’ C’est une bonne indication que la compréhension a de l’impact. Vous ne vous
laissez plus abuser par le faux sentiment du moi et vous avez vu que vous n’êtes pas
l’auteur. Sachant que vous êtes la Conscience et non l’auteur, il y aura le sentiment
naturel d’accompagner paisiblement tout ce qui se présente. Vous le savez par vousmême maintenant. Ce qui n’était que des concepts sur la non-dualité est maintenant
votre expérience vivante. Vous avez une bonne compréhension des fondamentaux.
Vous avez dit que les choses ont changé, que vous avez démarré une nouvelle carrière
en faisant du travail que vous n’aimez pas réellement et que vous avez perdu le
sentiment paisible et fluide. La compréhension fondamentale, c’est que vous n’êtes
pas l’auteur et que vous êtes essentiellement la Conscience. Ceci n’a pas changé et ne
changera jamais. Vous pouvez changer de carrière, vous pouvez aimer ou pas votre
travail, vous pouvez avoir un sentiment d’accomplissement ou un sentiment de
déception, mais vous êtes toujours la Conscience. La Conscience ne peut pas s’égarer.
19
Tout peut émerger en vous, y compris la déception par rapport à un nouveau travail
et les frustrations qui l’accompagnent. Il peut parfois y avoir de fausses attentes par
rapport à l’impact que cette compréhension a dans notre expérience quotidienne. Si
nous nous attendons à ce que nous aimerons maintenant faire du travail pour lequel
nous ne sommes pas adaptés, c’est sûr qu’il y aura de la déception. Tout peut survenir
dans la Conscience, même une occupation insatisfaisante. La Conscience en est-elle
affectée pour autant ?
3. QU’EN EST-IL DE LA VÉRITABLE EXPÉRIENCE MYSTIQUE ?
Question : J’ai beaucoup lu et j’ai beaucoup médité et j’ai eu quelques expériences
mystiques au fil des ans et donc, j’ai l’impression de savoir de quoi on parle quand je
lis les mots ‘’La Conscience est tout ce qui est et je suis Cela’’. C’est devenu réellement
clair en plusieurs occasions que j’ai eu ce que l’on pourrait appeler des expériences
‘’mystiques’’, je suppose.
Une fois, alors que je dinais, il y a eu une réalisation directe, où je me suis moi-même
connu et expérimenté comme un aspect fonctionnel de l’Univers. ‘’Je’’ ne mangeais
pas, mais l’Univers se mangeait, se digérant et se formant dans Son propre corps. Il
n’y avait ici aucune entité appelée ‘’moi’’ qui mangeait, il y avait simplement un
fonctionnement qui opérait. Une autre fois, en lisant un livre sur la spiritualité et sur
la métaphysique, j’ai lu cette ligne qui disait ‘Votre nature essentielle, c’est la
Conscience et la Conscience est infinie’’. En lisant ces paroles, j’ai eu une autre
réalisation directe : la connaissance et l’expérience de ne pas avoir de centre. Il n’y
avait rien que je pouvais indiquer et dire ‘’C’est moi’’. Des pensées survenaient, mais
je ne les pensais pas. Mon corps se déplaçait, mais je ne le déplaçais pas. Je sentais
que j’étais là, quelque part, mais je ne pouvais indiquer nulle part en particulier et
dire ‘’Je suis ici’’. Il y avait un sentiment de présence, mais qui n’était pas situé dans
mon corps. Il n’y avait pas le sentiment pesant du ‘’moi’’.
Pendant ces expériences mystiques, il y a un sentiment de paix, une légèreté très
facile et fluide que j’apprécie, mais elles passent et je me retrouve avec ce sentiment
pesant de l’ego. C’est franchement décevant !
Stephen : Alors, quelle est l’expérience mystique et qu’est-ce qui est réel ? L’ego est-il
réel ? Digérez-‘’vous’’ votre nourriture et créez-‘’vous’’ votre corps ? Pensez-‘’vous’’
les pensées ? Ou est-il vrai qu’ainsi que vous le dites, ‘’des pensées surviennent, mais
je ne les pense pas’’ et qu’‘’il n’y a ici aucune entité appelée ‘’moi’’, juste un
fonctionnement qui opère’’ ? Je pense que vous connaissez la vérité concernant cette
question et que vous l’avez vue par vous-même. Vous êtes la pure Conscience. Vous
êtes infini et sans aucun centre. Il n’y a pas d’endroit que vous puissiez indiquer et
dire ‘’C’est moi !’’ Vous êtes la spatialité paisible et fluide. L’expérience pesante de
l’ego est l’expérience qui est semblable au rêve ! Ce que vous qualifiez d’expérience
mystique est une description de votre état naturel !
20
4. J’AI L’IMPRESSION QUE JE POURRAIS AVOIR BESOIN
D’UN MAÎTRE
Question : Ma personnalité est telle que je ne me suis jamais réellement attaché à
aucun maître particulier, ni à aucun groupe spirituel particulier. Je ressens toutefois
une affinité pour les enseignements concernant la non-dualité, surtout l’advaita et le
zen. Au début, quand j’ai commencé à lire sur la spiritualité, je lisais principalement
des auteurs qui avaient un fond mystique chrétien, comme l’œuvre de Joel Goldsmith
ou Un Cours en Miracles. Je me sentais à l’aise avec ceci, parce que mon propre milieu
religieux était chrétien, même si j’ai toujours eu le sentiment intuitif que toutes les
philosophies religieuses indiquaient la même vérité fondamentale.
J’en suis maintenant à un stade où j’ai l’impression que lire et réfléchir à ceci par moimême pourrait être infructueux. J’ai l’impression que je pourrais avoir besoin d’un
maître pour m’aider à clarifier les choses. Toutefois, je suis généralement sceptique
par rapport aux soi-disant gurus et maîtres et je ne suis certainement pas du type
dévotionnel. Un maître est-il nécessaire pour que cette compréhension puisse arriver
à fructifier ou puis-je y arriver tout seul ?
Stephen : Fondamentalement, qu’indiquent toutes les anciennes traditions et les
maîtres ? N’est-ce pas le fait que vous n’êtes pas une personne séparée et limitée qui
dirige sa propre vie et que ce que vous êtes essentiellement, c’est la Vie Elle-même,
l’Intelligence, la pure Conscience, Dieu ou l’Esprit du Bouddha ?
Vous existez. Vous êtes conscient. Un maître est-il nécessaire pour savoir cela ? Un
maître peut vous rappeler ce que vous êtes, ce que vous n’êtes pas et vous réorienter
vers cette vérité fondamentale à maintes reprises jusqu’à ce que vous le réalisiez par
vous-même ou que vous vous lassiez à en devenir malade de l’entendre et que vous
passiez à un autre maître qui vous répétera la même fichue chose !
Quand vous voyez et quand vous savez par vous-même ce que les anciennes traditions
et ce que les maitres indiquent, initialement, des questions et des doutes peuvent
surgir. Vous pouvez ressentir le besoin d’en discuter avec un maître. Mais même
alors, vous connaissez déjà les réponses. Vous vous enseignez vous-même ce que vous
connaissez déjà et la compréhension fructifie d’elle-même.
Il est inutile de s’attacher à un maître ou à un groupe spirituel. Comme il est dit dans
le zen : Il n’y a pas de maître, il n’y a pas d’enseignement et il n’y a pas d’étudiant !
5. IL Y A UNE CONTRADICTION FLAGRANTE
Question : OK, je vois bien un thème évident dans toutes ces discussions et ces écrits
sur la non-dualité, mais il y a une contradiction flagrante ! D’une part, il est déclaré
qu’il n’y a ‘’personne ici’’ qui puisse faire quoi que ce soit et d’autre part, on me
demande à ‘’moi’’ (qui apparemment n’existe pas) de découvrir qui ‘’je’’ suis et de
21
découvrir quelle est ‘’ma’’ vraie nature. Alors, qu’en est-il ? Quelle est la donne ? Y at-il quelque chose que je puisse faire ou non ?
Stephen : Effectivement, il y a une contradiction apparente, n’est-ce pas ? Je vais
tenter de clarifier cela. Maintenant, gardez bien à l’esprit que le langage est de nature
duelle, tandis que j’essaye de communiquer ce qu’il en est de cette donne non-duelle.
Le fait est que tout arrive. Une action arrive par votre entremise, par mon entremise
ou par l’entremise de tout un chacun. Il y a une action, mais pas d’auteur séparé. Il y a
des pensées, mais pas de penseur séparé. La source de toutes ces actions et de toutes
ces pensées est un mystère absolu, l’avez-vous remarqué ? Vous en doutez ?
Constatez-le par vous-même ! Faites-vous en sorte que votre cœur batte ou que vos
poumons respirent ? Faites-vous en sorte que vos yeux voient ou que vos oreilles
entendent ? Contrôlez-vous vos propres pensées ou vos propres sentiments ?
S’il y a là le sentiment qu’il y a là un vous qui peut faire des choses, un vous qui a le
contrôle de sa vie, je vous demande de faire ceci : de découvrir pour vous-même et
par vous-même quel est ce moi que j’ai l’impression d’être. Qui suis-je ou que suis-je ?
Y a-t-il quelqu’un ou quelque chose ici qui contrôle ? Y a-t-il une entité séparée qui
peut être découverte et montrée comme étant moi-même ? Découvrez-le par vousmême et la contradiction flagrante sera réglée. Si vous ne pouvez trouver personne
qui contrôle, mais si vous vous accrochez avec entêtement à l’idée que vous contrôlez
tout de même votre vie, alors allez-y et exercez votre contrôle. Faites-donc en sorte de
n’avoir que des pensées heureuses et des sentiments béatifiques cette semaine et
faites-moi savoir ce qu’il en est ! Et donc, il n’y a ‘’personne ici’’ qui puisse faire quoi
que ce soit et les choses se font. Telle est la donne non-duelle !
6. CECI N’EST-IL PAS ENCORE AGIR ?
Question : J’ai lu votre correspondance intitulée ‘’Il y a une contradiction flagrante’’
et je pense comprendre le fait que, comme vous le dites, ‘’il y a une action, mais pas
d’auteur séparé’’ et que ‘’la source de toutes ces actions et de toutes ces pensées est
un mystère absolu’’. Cela semble être le cas et je ne peux réellement pas remettre cela
en cause. Mais ensuite, vous poursuivez et vous demandez de ‘’découvrir pour vousmême et par vous-même quel est ce moi que j’ai l’impression d’être. Qui suis-je ou
que suis-je ?’’ Ceci n’est-il pas encore agir ? J’ai lu et j’ai écouté d’autres enseignants
non-dualistes et ils disent qu’il n’y a rien à faire et que faire quoi que ce soit n’est
qu’une continuation du problème de la recherche et de la souffrance.
Stephen : La souffrance et la recherche sont provoquées par une fausse conception
fondamentale concernant qui ou ce que vous êtes. Si vous croyez être une personne
séparée de tous les autres et du reste de la création, vous éprouverez un sentiment
d’aliénation et d’isolement. Vous vous retrouvez en train de souffrir et de chercher
(diversement) à guérir la séparation et l’aliénation. Dans votre quête, vous pouvez
rencontrer quelqu’un qui vous propose un concept qui agit comme un antidote contre
la fausse conception basique d’être une personne séparée du reste de la création. Ce
22
concept opposé est ‘’vous n’êtes pas une personne séparée et limitée, vous êtes en
réalité la Vie Elle-même, la pure Conscience’’. Mais il se peut que vous ne le croyiez
pas immédiatement, puisque cela s’oppose à ce que vous avez cru et éprouvé pendant
toute votre vie.
Alors, on vous dit : ‘’Ne croyez pas mes paroles, mais découvrez-le par vous-même :
qui êtes-vous ? Quelle est votre nature essentielle ? Etes-vous séparé ou êtes-vous la
pure Conscience ?’’ C’est utiliser un concept pour en éliminer un autre. Comme l’a dit
Ramana Maharshi : ‘’Vous utilisez une épine comme un instrument pour extirper une
autre épine qui s’est logée douloureusement dans votre pied et quand cette épine est
enlevée du pied, vous pouvez jeter les deux épines, puisqu’aucune d’elles n’est
nécessaire !’’
Dire que rien ne peut être fait pour soulager la souffrance afin de rester fidèle au
concept de la non-dualité transforme ce qui peut être un instrument puissant en une
philosophie religieuse stérile et sans vie. Cela sonne bien, lu dans un livre, mais cela
devient peu pratique et mort. Par ailleurs, suggérer que nous fassions davantage que
remettre en question la fausse conception basique d’être une personne séparée et
limitée est contreproductif, rien qu’une continuation du problème de la recherche et
de la souffrance, comme vous le dites, et ne fait qu’ajouter au sentiment d’agir
personnellement, qui est le nœud du problème et la cause de la souffrance.
7. JUSTE UNE AUTRE FORMULE POUR L’ILLUMINATION ?
Question : Qu’entendez-vous par ‘’Vivre en paix : l’état naturel’’ ? (Titre de votre site
web)1 Est-ce juste encore une autre formule pour l’Illumination ? J’ai participé à des
tas de retraites, satsangs et rencontres de toutes sortes avec d’autres chercheurs, et il
semble y avoir pas mal de confusion par rapport à ce qu’est l’Illumination. Il semble
que l’on suppose que tout le monde sait ce que c’est, mais il est clair et évident que la
plupart d’entre nous n’en savons réellement rien. J’ai entendu des histoires
concernant des personnes qui ont connu une expérience d’Eveil ou d’Illumination et
puis qui ont senti qu’elles l’avaient perdue ou pour qui elle s’approfondissait
maintenant ou qui incorporent maintenant l’expérience d’Eveil, etc. Parallèlement à
cela, ces personnes souffrent encore et racontent les mêmes histoires de douleur et
d’angoisse personnelle.
Stephen : J’utilise l’expression ‘’Vivre en paix : l’état naturel’’, parce qu’elle est très
simple, directe et pratique. Les termes ‘’état naturel’’ expriment le fait que ce qui est
indiqué ici est effectivement juste cela : votre état naturel. Ce n’est pas quelque chose
qui vous est étranger, quelque chose que vous devez atteindre, mais en fait, ce que
vous êtes et que vous avez toujours été. J’utilise l’expression ‘’Vivre en paix’’, parce
1
Ancien site de Stephen Wingate : http://livinginpeace-thenaturalstate.com
L’adresse de son nouveau site web est : https://selfknowledge2.wixsite.com/self-knowledge, NDT.
23
que c’est une façon simple et réaliste de décrire l’expérience quotidienne de vivre
dans l’état naturel.
Les termes ‘’Illumination’’ et ‘’Eveil’’ ― parmi d’autres ― sont devenus si largement
utilisés qu’ils possèdent de nombreux sens différents, comme vous l’avez constaté au
cours de discussions avec vos connaissances. Il y a également le sentiment que nous
sommes séparés de ces états, qu’il nous faut les atteindre, et que seuls des êtres
d’exception sont capables de le faire. L’expression ‘’Vivre en paix : l’état naturel’’ est
juste un autre ensemble de concepts, mais il me semble que c’est la meilleure manière
de décrire ceci dans des termes simples et réalistes.
Q : Si c’est possible, dites-le en des termes de ce que c’est et de ce que ce n’est pas, je
vous prie.
S : Qu’est-ce que l’Illumination ? L’Illumination n’existe pas. ‘’Vous’’ n’existez pas.
Quand c’est constaté, il y a le sentiment de vivre en paix, l’état naturel. Qui vit en
paix ? Je l’ignore, mais la paix est là et c’est l’état naturel. C’est réellement tout un
mystère. Tout est tel qu’il est, maintenant. Voilà. Rien de plus. Ce que cela n’est pas ?
Ce n’est pas quelque chose qui puisse être décrit. Et particulièrement des états de
félicité, de sagesse omnisciente ou de mansuétude. Ces idées conduisent à de fausses
attentes.
Q : Je ne suis pas satisfait par cette réponse.
S : Eh bien alors, je suggère que vous répondiez à ces deux questions par votre propre
expérience : qu’est-ce que la Conscience et qu’êtes-vous ? Une fois que vous aurez tiré
cela au clair en allant au fond des choses, vous n’éprouverez plus aucun besoin de
participer à d’autres retraites, satsangs ou réunions et vos questions concernant
l’Illumination et l’Eveil seront dissoutes comme le sucre de votre café matinal.
8. QUE PUIS-JE ESPÉRER RETIRER DE CECI ?
Question : Si cette compréhension devient, comme vous le dites, ‘’mon expérience
vivante journalière’’, que puis-je espérer retirer de ceci ? Et ne dites pas ‘’Rien !’’, s’il
vous plaît ! Je comprends l’approche et la terminologie non-duelles, mais s’il n’y a
vraiment rien à en retirer, alors vous perdez votre temps, mon temps et celui de tous
les autres, non ?
Stephen : Le fait de croire que vous êtes quelque chose que vous n’êtes pas et de
négliger ce que vous êtes vraiment est la cause de la souffrance psychologique. Si vous
croyez être et si vous vous expérimentez comme un individu séparé qui doit tracer sa
propre route dans le monde, il y a un sentiment d’insécurité et d’inquiétude qui soustend la plupart de vos expériences quotidiennes. S’il est vu par vous-même que votre
nature essentielle est la pure Conscience et que la personne que vous croyiez être
24
n’est qu’un ramassis de concepts, de mémoires et de croyances, ce sentiment
d’insécurité personnelle et d’inquiétude cesse.
Q : Je vois bien le processus de la cause (la fausse croyance) et de l’effet (la
souffrance). Il y a eu une période de deux ans, quand j’avais une vingtaine d’années,
durant laquelle j’ai expérimenté de terribles crises d’angoisse qui étaient provoquées
par des douleurs que j’avais dans la poitrine. Bien entendu, la douleur dans ma
poitrine ajoutait ou suscitait davantage d’angoisse et il y avait un schéma circulaire de
cause à effet qui se répétait.
J’ai ressenti à plusieurs reprises une douleur si vive dans la poitrine que je croyais
être la victime d’une crise cardiaque. Elles étaient à ce point invalidantes. Je pensais
souffrir d’une maladie cardiaque prématurée. C’était la seule explication logique pour
moi à l’époque. (Je n’avais que vingt ans). Cela a continué pendant à peu près deux
ans et je ne pouvais plus le supporter. Alors, je suis allé voir un docteur et aucun
problème médical n’a été détecté et j’ai été orienté vers un psychologue qui m’a
expliqué comment fonctionne le processus psychosomatique. Croire que j’avais une
maladie cardiaque provoquait une douleur occasionnelle dans ma poitrine qui
générait une angoisse supplémentaire par rapport au fait d’avoir une maladie
cardiaque ― ce qui provoquait plus de douleurs dans ma poitrine (de plus en plus
sévères et fréquentes). Il m’a également recommandé quelques livres concernant le
processus que je pouvais lire.
Aussitôt que j’ai compris le processus et que j’ai su qu’il n’y avait rien de mal avec
mon cœur, l’angoisse a cessé et les douleurs à la poitrine ont aussi cessé. Après avoir
souffert de cela pendant deux ans, cela a disparu en moins d’une semaine ! Il y a eu
quelques occasions depuis où j’ai eu quelques petites palpitations ou gênes dans la
poitrine, mais je sais qu’il n’y a rien de mal ; ce n’est pas rare. Ainsi, il n’y a plus eu
aucune crise d’angoisse, ni aucune douleur depuis que j’ai pu voir et comprendre le
processus.
Stephen : Merci d’avoir partagé votre histoire qui illustre parfaitement ce que vous
pouvez ‘’retirer’’ de cette compréhension. En apprenant que vous n’aviez pas un cœur
malade (confirmé par votre docteur), en comprenant le processus de cause à effet, de
l’angoisse et de la douleur physique, votre souffrance a cessé quasiment
immédiatement. Et au moment où, comme vous le dites, des palpitations ou des gênes
dans la poitrine ont fait leur réapparition, vous saviez qu’il n’y avait là rien de mal et
qu’elles étaient courantes et normales et vous ne vous êtes pas laissé prendre par la
fausse croyance. Lorsque vous comprenez par vous-même que vous n’êtes pas la
personne séparée que vous croyiez être (cause), la souffrance (effet) peut cesser. Il
pourrait y avoir des occasions où la conviction d’être une personne séparée resurgit,
mais vous savez que ce n’est pas vrai et donc, vous ne vous laissez pas prendre. Vous
n’êtes pas une personne séparée ! Votre nature essentielle, c’est la pure Conscience !
25
9. DOCTEURS EN MÉDECINE, PSYCHOLOGUES ET PSYCHIATRES
Question : Dans votre correspondance intitulée ‘’Que puis-je espérer retirer de
ceci ?’’, le questionneur a mentionné qu’il avait recouru aux services d’un docteur en
médecine et d’un psychologue. Cela semblait être une nécessité dans le cas de cette
personne et cela a bien marché. J’ai moi aussi recherché et obtenu une aide
psychologique pour ce qui a été diagnostiqué comme étant une psychose maniacodépressive (trouble bipolaire). Au cours de ces trente dernières années, j’ai reçu des
prescriptions pour prendre de nombreux types de médicaments. Cette aide
psychologique et ces médicaments m’ont aidé, mais je voudrais en finir avec ceux-ci.
Ces enseignements peuvent-ils le faire pour moi ?
Stephen : Je suggère que vous vous en teniez au plan que vous et vos docteurs
estimiez être le meilleur dans votre cas. Les idées qui sont offertes ici ne sont pas du
tout destinées à remplacer le soutien médical et l’aide psychologique que vous recevez
actuellement. Vous pouvez trouver des psychologues et des psychiatres qui intègrent
ce type de concepts dans leur approche, mais encore une fois, ce doit être une
décision prise entre vous et votre médecin.
10.
MAIS JE SUIS UNE PERSONNE DISTINCT(IV)E,
JE NE SUIS PAS VOUS !
Question : Je suis une personne distinct(iv)e ! Peu importe combien de fois ceci est
dit, combien j’essaye de me convaincre ou combien d’autres tentent de me convaincre,
vous ne pouvez pas réfuter que je ne suis pas vous ! C’est manifestement absurde !
Vous n’êtes pas conscient de mes pensées ou de mes sentiments. Vous ne devez pas
nourrir mes enfants, ni faire mes versements hypothécaires ou mes versements pour
le payement de la voiture, si je perds mon travail. J’existe en tant que personne
distinct(iv)e : je suis ici et vous êtes là ! Nier ceci, c’est de la pure folie ! Si ce n’est pas
dément, alors qu’est-ce qui l’est ?
Stephen : Oui, ce serait absolument dément, en effet ! Je ne fais assurément pas vos
versements hypothécaires, ni vos versements pour le payement de la voiture et vous
avez la responsabilité de nourrir vos enfants et de garder votre travail. En termes
relatifs, vous êtes là et je suis ici. Vous avez votre vie et vos responsabilités et j’ai les
miennes.
La question qui se pose ici, c’est ‘’Qui ou qu’êtes-vous essentiellement ?’’ Nous avons
pu nous définir en termes relatifs. Pouvez-vous vous définir en termes absolus ? Qu’y
a-t-il chez vous qui ne change jamais ? Qu’y a-t-il chez vous et chez moi qui est
identique ?
Q : On pourrait dire que ma conscience n’a jamais changé et que vous, comme moi,
nous avons une conscience, cela, je le sais, mais vous n’êtes pas conscient des mêmes
choses que moi. C’est évident et indéniable !
26
R : Oui, nous sommes bien d’accord sur le fait que les objets de la conscience sont
relatifs. La Conscience est-elle relative ou absolue ?
Q : Eh bien, il y a ma conscience et votre conscience. Comme nous l’avons reconnu,
vous êtes conscient de vos expériences, et pas des miennes.
R : Eh bien, nous sommes d’accord sur le fait que les objets de la conscience sont
relatifs et multiples. C’est la nature même du mental de diviser, de classer et de juger.
C’est indéniable et le nier serait insensé. Maintenant, allons au cœur du problème.
Lorsque vous dites '‘ma conscience’’, qui est ou qu’est-ce que ce ‘’moi’’ qui dit ‘’ma
conscience’’ ? Ce ‘’moi’’ existe-t-il réellement ?
Q : Je ne sais pas. Je ne peux pas répondre à cela.
R : Eh bien, vous avez démarré notre entretien en proclamant avec emphase votre
existence en tant que personne distinct(iv)e. Et après avoir simplement considéré
quelques faits élémentaires, vous dites maintenant que vous ne savez pas ! Pouvezvous découvrir si vous êtes vraiment une personne distinct(iv)e et indépendante, à la
base ? Nous savons que vous existez en termes relatifs, mais qu’êtes-vous, en
essence ? Qu’êtes-vous en termes absolus ?
Q : Qu’entendez-vous par ‘’en termes absolus’’ ?
R : Par ‘’en termes absolus’’, je fais référence à ce qui ne change jamais, à ce qui ne
peut pas être nié. Vous ne pouvez pas nier votre propre existence ; en le faisant, vous
la confirmez immédiatement. Dire que ‘’je n’existe pas’’ est la preuve que vous
existez. Mais qui êtes-vous ou qu’êtes-vous ? Vous connaissez la personne. Mais
qu’est-ce que la Conscience ? La personne dispose-t-elle de la Conscience ou la
Conscience dispose-t-Elle de la personne ?
Q : Je vais devoir réfléchir à cela pendant un moment !
11. UN CAUCHEMAR INTERMINABLE
Question : Après que nous ayons parlé la semaine dernière, j’avais l’impression que la
compréhension était devenue mon expérience vivante. Je me connaissais en tant que
Conscience. C’était simple et évident. Les pensées, les sentiments et les sensations,
tout se manifestait en moi sans affecter ma nature essentielle de Conscience. Je
sentais la paix comme étant la fondation sous-jacente de toutes mes expériences
quotidiennes. Je voyais que n’importe quoi pouvait se manifester en moi et que ce qui
se manifestait n’avait pas d’importance. J’étais toujours la Conscience, paisible et
libre. Ceci a duré jusqu’à mercredi matin, lorsque je me suis réveillé après avoir eu un
rêve perturbant où j’avais une dispute avec quelqu’un d’une relation précédente. Je
me suis réveillé, quelque peu agité en raison de ceci et l’agitation mentale a perduré
pendant toute la journée. Dans le courant de la journée, l’agitation mentale a
27
augmenté et je me suis retrouvé à entretenir des pensées que je l’avais perdue, que je
ne devrais pas être ennuyé et perturbé comme ceci par un rêve, si j’avais réellement
la compréhension. Je ne devrais pas me sentir ainsi. Le sentiment de frustration et de
tristesse a grandi, étant donné que j’avais l’impression que je ne comprendrais jamais
réellement ceci pour vivre en paix. Comment un rêve pouvait-il me perturber à ce
point ?
J’ai ressenti une énergie perturbatrice bouillonner en moi toute la journée, en quelque
sorte. Il y avait de l’agacement, de la déception, de la tristesse et de la colère. Je puis
comprendre le fait d’avoir un rêve perturbant pendant la nuit et d’être perturbé par
cela, mais il me semble que le trouble mental devrait rapidement se dissiper, dès que
je me réveille et que je réalise que c’était juste un rêve, non ?
Stephen : Donc, vous avez eu un rêve perturbant pendant la nuit, puis vous vous êtes
réveillé et vous avez passé le reste de la journée dans un autre rêve perturbant. Y a-til la moindre différence entre rêver endormi et rêver éveillé ?
Q : C’est fondamentalement la même chose. J’ai eu un cauchemar en dormant, qui a
juste continué, même après que je me sois réveillé. Il est maintenant évident pour moi
que l’histoire d’avoir perdu la compréhension, que je ne serai jamais en paix et que je
ne devrais pas avoir ce sentiment était continuer à rêver éveillé et cela a ajouté à
l’agitation mentale pour provoquer plus de tristesse et de souffrance.
Comment ceci peut-il se produire ? Comment puis-je être tellement pris par un rêve
éveillé et souffrir autant à cause de lui ?
S : Eh bien, la clé, c’est que vous avez maintenant vu que rêver arrive, quand vous
dormez et pendant la journée, quand vous êtes éveillé. Tout n’était qu’un rêve. En
voyant le rêve comme un rêve, vous vous coupez de lui, vous reprenez vos esprits et la
souffrance cesse. Ainsi que vous l’avez mentionné, il peut y avoir une sorte ‘’d’énergie
perturbatrice qui bouillonne en vous’’, mais vous savez que ce n’est que cela – une
énergie qui bouillonne. Y a-t-il un problème avec de l’énergie qui bouillonne, s’il n’y a
pas d’histoire ou de rêve qui lui est associé(e), si vous ne la qualifiez pas de
‘’mauvaise’’ et si vous n’avez pas le sentiment que vous ne devriez pas vivre ceci ?2
Q : C’est clair, maintenant, Encore une fois, merci.
2
Me réveiller avec une énergie négative qui imprègne le corps après une nuit perturbée par un mauvais rêve
était un ‘’problème’’ que j’ai souvent connu dans ma sadhana et j’ai trouvé une solution radicale. Au lieu de
rester simplement passivement témoin de cette énergie négative et de cette sensation désagréable, j’ai essayé
une attitude plus proactive en récitant la Gayatri et au bout de quelques minutes, l’énergie du corps change
totalement et la sensation redevient très agréable. Je n’affirmerais pas que cela fonctionne du premier coup,
mais si vous prenez l’habitude de réciter le mantra quelques minutes avant de vous endormir et quelques
minutes après votre réveil, ce genre de problème disparaît très vite et vous n’êtes pas obligé de rester pendant
des heures avec une sensation désagréable, la récitation mantrique impactant le corps et activant la
purification énergétique, NDT.
28
12.
DÉTACHEMENT ÉMOTIONNEL ET CONTRÔLE
Question : Dans la plupart de mes relations avec les autres, j’éprouve un sentiment
d’objectivité et la capacité d’éviter de m’attacher ou d’être submergé par mes
émotions à l’égard de l’autre personne. Cela ressemble à un sentiment sain
d’objectivité et pas à un sentiment froid, distant et détaché. J’aime ma famille et mes
amis et j’ai des sentiments chaleureux et émotionnels à leur égard, mais les émotions
ne prennent pas le pas sur moi. Il y a une exception que je n’ai pas pu résoudre et
c’est avec mes enfants.
Chaque fois qu’une situation dans laquelle le bonheur, la santé ou le bien-être de l’un
de mes enfants est impliqué, je me sens submergé par les émotions. Parfois, de
l’orgueil, de la colère, de la peine, de la crainte ou de la culpabilité se manifeste et je
n’arrive pas du tout à contrôler ces sentiments.
Stephen : Cet enseignement ne vise pas le détachement par rapport à vos sentiments
et à vos émotions, ni à tenter de les contrôler. Vous ne contrôlez ni vos pensées, ni vos
sentiments, ni vos émotions. Il n’y a là aucun ‘’contrôleur’’ qui peut décider quelles
pensées et quelles émotions peuvent se manifester ou pas.
Q : Eh bien, je suis capable de contrôler mes émotions envers mes amis et ma famille ;
c’est uniquement avec mes enfants que je sens que je n’ai aucun contrôle.
S : Il y a un sentiment de saine objectivité qui se manifeste dans vos relations avec
vos amis et vous trouvez cela acceptable et vous avez l’impression que vous contrôlez.
Parfois, des émotions submergeantes se manifestent, si le bonheur, la santé ou le
bien-être de vos enfants est impliqué et vous trouvez cela inacceptable et vous sentez
que vous n’avez aucun contrôle. Contrôlez-vous quelles émotions se manifestent, que
ce soient celles qui sont acceptables ou celles qui sont inacceptables ?
Q : Ne devrais-je pas ressentir le même sentiment d’objectivité émotionnelle et de
détachement à l’égard de chacun, qu’il s’agisse de mes enfants ou non ?
S : Ce que vous devriez ou ce que vous ne devriez pas ressentir est de la spéculation,
n’est-ce pas ? Vous avez dit maîtriser vos émotions à l’égard de vos amis, mais est-ce
réellement le cas ? Y a-t-il là une entité qui contrôle et qui peut maîtriser ses
émotions ?
Q : Je ne peux pas vraiment trouver d’entité qui contrôle. Je me sens vraiment très
émotionnellement attaché à mes enfants et je sens que je veux pouvoir contrôler mes
émotions à leur égard. Cela m’ennuie de ne pas pouvoir contrôler ces émotions.
S : Vous dites que vous ne pouvez pas vraiment trouver d’entité qui contrôle, mais
vous ne semblez pas en être sûr. Regardez par vous-même. Découvrez s’il y a en vous
une entité qui contrôle et qui peut exercer son contrôle sur ses émotions.
29
Cet enseignement ne vise pas à vous détacher de vos émotions, ni à les contrôler. Il ne
concerne pas ce que vous devriez ou ce que vous ne devriez pas ressentir. Cet
enseignement vise à voir et à savoir par vous-même que vous n’êtes pas une entité qui
contrôle distincte et que ce que vous êtes en essence, c’est la pure Conscience. Vous
connaissant vous-même comme étant la pure Conscience, toutes les émotions sont
libres de surgir et de retomber en vous. A un moment donné, vous pouvez rire
joyeusement et puis pleurer de désespoir, l’instant suivant. Tout est comme il est. Il
n’y a rien qui devrait être ou qui ne devrait pas être. Il n’y a aucun détachement par
rapport à quoi que ce soit, parce qu’il n’y a là personne qui peut se détacher ou
s’attacher à quoi que ce soit. La Conscience est tout ce qu’il y a et vous êtes Cela !
13. MONTREZ-MOI CETTE VACANCE
Question : Qu’est-ce exactement que l’état naturel et quelle est sa relation avec la
Conscience ? Comment trouve-t-on ou reconnaît-on l’état naturel ? Me sentirai-je
différent par rapport à maintenant ? Puis-je entrer et sortir de cet état ?
Stephen : C’est une vacance. Il n’y a pas une telle chose. Comment définit-on une
vacance ? Peut-on trouver ou reconnaître une vacance ? Peut-on ressentir une
vacance ? Peut-on entrer et sortir d’une vacance ? Si l’on trouve et si l’on reconnaît
une vacance, elle devient quelque chose et ce n’est pas cela. Si l’on peut ressentir une
vacance, elle devient quelque chose et ce n’est pas cela. Si l’on peut entrer et sortir
d’une vacance, elle devient quelque chose et ce n’est pas cela.
Q : Montrez-moi cette vacance.
S : Sans vous référer à des idées préconçues que vous avez sur la Conscience, pouvezvous me dire quoi que ce soit sur elle ?
(Environ une minute de silence passe.)
S : Que pouvez-vous dire sur la Conscience ?
Q : Eh bien, des mots n’ont pas cessé de surgir pour la décrire, mais immédiatement,
j’ai vu qu’aucun mot ne s’appliquait.
S : Etes-vous conscient ? Qu’est-ce que la Conscience ? Regardez encore.
(Quelques moments de silence passent.)
Q : Oui, je suis conscient.
S : Qu’est-ce que la Conscience ? Est-ce une chose ?
(Silence)
30
Q : Non, cela est, simplement, mais ce n’est pas une chose au sens usuel du terme.
S : Pouvez-vous vous départir de cette Conscience ?
(Silence)
S : Cette Conscience n’est-Elle pas votre nature essentielle ? La Conscience est ce que
vous êtes, pas vrai ?
Q : Comment pourrais-je me départir de la Conscience ? Où que j’aille, Elle est là.
S : Oui, la Conscience est votre nature essentielle. Vous êtes la Conscience. Vous ne
pouvez pas vous départir de la Conscience. Vous êtes la Conscience. L’état naturel est
ce que vous êtes, la Conscience. Alors, vos questions concernant l’état naturel, sa
reconnaissance, y entrer et en sortir, et ce que l’on ressent : pouvez-vous répondre à
ces questions, maintenant ?
Q : Elles semblent tout à fait à côté de la plaque, maintenant.
S : Pouvez-vous reconnaître la Conscience ?
Q : Je suis la Conscience. La Conscience peut-Elle se reconnaître ? C’est juste encore
des pensées. La Conscience est, point.
S : Oui, la Conscience est. Votre autre question : vous sentez-vous différent,
maintenant ?
Q : La Conscience n’est pas un sentiment ; Elle est, simplement.
S : Oui, la Conscience est, simplement. Ce n’est pas un sentiment. Pouvez-vous entrer
et sortir de la Conscience ?
(Silence)
Q : Je suis la Conscience. La Conscience peut-Elle entrer et sortir de la Conscience ?
C’est encore conceptualiser davantage. La Conscience n’est pas conceptuelle.
S : Ainsi, la Conscience est, simplement, mais ce n’est pas une chose.
Q : Je le vois, maintenant. Merci !
14.
SOUFFRIR DE LA SOUFFRANCE DES AUTRES
Question : Une chose qui ressort, c’est que j‘ai du mal à me réconcilier avec la
souffrance des autres. Il y a des membres de ma famille qui ont des problèmes
31
médicaux et psychologiques d’ordres variés. J’ai un parent qui a des problèmes de
santé, des frères et des sœurs qui sont confrontés à l’alcoolisme, au cancer, à
l’angoisse et à la dépression, et leurs enfants ont eux aussi de graves problèmes
médicaux. Je dois encore trouver le moyen de voir la souffrance des autres sous un
jour différent. Comment la percevez-vous ? J’aimerais résoudre la souffrance qui se
manifeste ici en réaction à la souffrance que j’observe.
Stephen : Premièrement, distinguons bien la douleur de la souffrance. La douleur est
physique et elle nécessite parfois une attention médicale, c’est évident. La souffrance
est psychologique. Chez un individu autrement physiquement sain, la raison profonde
de la souffrance psychologique, c’est une fausse conception par rapport à qui ou ce
que l’on est, essentiellement.
Si vous croyez être une personne séparée et indépendante qui doit contrôler sa propre
vie, alors il y aura un sentiment d’angoisse, d’isolement, de séparation et de
souffrance qui sous-tend vos expériences quotidiennes. Croyant être une personne
séparée, vous verrez aussi les autres comme étant séparés. Vous supposerez qu’ils
s’expérimentent comme étant séparés et qu’ils souffrent de la même détresse que
vous. Quand il est réalisé que vous n’êtes pas une personne séparée et que ce que vous
êtes, c’est la pure Conscience, alors le sentiment de séparation, d’angoisse et
d’isolement et le besoin de contrôler se détachent. Ce qui reste, c’est un sentiment de
paix et d’aise qui sous-tend toutes vos expériences quotidiennes. Sachant qu’il n’y a
aucune personne séparée ‘’ici’’ en vous qui puisse souffrir, vous savez maintenant
qu’il n’y a aucune personne séparée ‘’là-bas’’ qui puisse souffrir. Les autres peuvent
rester sous l’influence de la fausse conception d’être une personne séparée, mais vous
avez vu que ce n’est pas vrai.
Vous pouvez ressentir un besoin urgent d’aider les autres avec leurs douleurs et leurs
souffrances. Nisargadatta Maharaj a dit à Bob Adamson que ‘’la plus grande aide qui
puisse être offerte à quelqu’un, c’est de l’amener au-delà du besoin d’une aide
supplémentaire.’’ Et la première étape pour aider les autres avec leurs souffrances
psychologiques est d’être vous-même libre de ce besoin d’aide.
15. J’AI BESOIN D’ÊTRE GUIDÉ JUSQUE CHEZ MOI
Question : J’ai eu une réaction très intéressante en lisant votre essai intitulé
‘’Réflexions’’. Je suis devenu de plus en plus tendu et en colère, tandis que vous
empiliez des questions avec des réponses apparemment fournies. Ce doit être ce ‘’je’’
imaginaire qui répondait par ces réactions. J’ai réalisé que je suis ce champ de
Conscience pure et pourtant, l’association avec le corps-mental se poursuit. C’est
presque comme s’il y a un brouillard ou quelque chose, un oubli qui m’empêche de
pleinement voir la Vérité sans le sentiment du ‘’je’’.
Ce qui suit m’a spécialement intéressé dans votre essai intitulé ‘’Réflexions’’ :
32
‘’ Voir quelque chose implique une division, qui implique de nommer, qui implique de
reconnaître, qui implique le passé, qui implique le temps, qui implique la pensée.
Pouvons-nous voir sans diviser, sans nommer, sans reconnaître, sans le passé, sans le
temps, sans la pensée ?’’ Eh bien, le pouvons-nous ? Comment saisir ce que vous
indiquez ici ? Je sais que je ne suis pas loin. J’ai juste besoin que l’on me guide jusque
chez moi. Apparemment, j’ai perdu mon chemin.
Stephen : La tension et la colère apparaissent dans la Conscience. Le ‘’je’’ imaginaire
apparaît dans la Conscience. La source de la tension, de la colère et du ‘’je’’ imaginaire
est un mystère absolu ! Des réactions se produisent, mais le ‘’je’’ imaginaire ne peut
pas du tout réagir. Ce n’est que de l’imagination. Tout peut apparaître dans la
Conscience. Vous avez réalisé que vous êtes le champ de la pure Conscience, mais
avez-vous réalisé que tout peut apparaître en Vous, y compris une association avec le
corps-mental, le sentiment d’un ‘’je’’, un brouillard, l’oubli, la colère et la tension ?
Il n’y a aucune Vérité à voir et il n’y a pas de ’’moi’’ pour La voir. C’est un fait ! Il n’y a
qu’une vision qui est la Conscience, qui est Ce que Vous êtes toujours.
Vous m’avez interrogé concernant des repères mentionnés dans l’essai, ‘’Réflexions’’ :
‘’ Pouvons-nous voir sans diviser, sans nommer, sans reconnaître, sans le passé, sans le
temps, sans la pensée ?’’ ― Diviser, nommer, reconnaître : c’est une description du
processus de la pensée. Qu’est-ce qui voit ce processus ? La Conscience, d’accord ? La
Conscience (Vous) observe le processus de la pensée. Le processus de la pensée n’est
qu’une autre apparition dans la Conscience. Pas besoin de se débarrasser de la
division, de l’appellation, etc. et il n’y a aucun moyen de s’en défaire. Tout apparait
dans la Conscience, y compris le processus de la pensée. Votre Foyer, c’est la
Conscience. Vous êtes chez Vous !
Une perspective vous est apparue selon laquelle avoir le sentiment d’un ‘’je’’, la
colère, la tension, le brouillard, l’oubli, une association avec le corps-mental signifie
que vous n’êtes pas chez vous et que vous avez perdu votre chemin. Ce sont toutes de
fausses perspectives, juste des pensées supplémentaires qui apparaissent en Vous.
Peu importe ce qui apparaît en Vous, Vous êtes toujours libre !
16.
MAIS IL Y A TOUJOURS L’APPARENCE D’UN ‘’JE’’
Question : Je ne peux pas vous dire combien de fois j’ai cherché ce ‘’je’’ distinctif sans
rien trouver. Cependant, la souffrance continue. J’ai vu que c’est un faux dilemme. S’il
n’y a pas de ‘’je’’, il n’y a rien à faire par rapport à lui, sinon le voir pour ce qu’il est et
l’écarter. Je continuerai à observer et j’apprécie vos paroles d’encouragement.
Stephen : Ce que vous appelez ‘’souffrir’’ n’est qu’une énergie bouillonnante et
perturbatrice qui se produit dans le corps. La ‘’souffrance’’, c’est attribuer un ‘’moi et
mon histoire’’ à cette énergie bouillonnante perturbatrice. Vous avez déjà vu que vous
êtes la Conscience et vous avez découvert qu’il n’y a aucun ‘’je’’ distinctif. Il n’y a rien
33
que vous puissiez faire de plus. Le reste arrive de lui-même (comme cela a toujours
été le cas).
Q : Quel soulagement ! J’étais juste assis et je voyais ainsi les choses : il y a la
Conscience libre et claire et une réflexion en plus de cela. Assis dans un fauteuil et
depuis la perspective d’un ‘’autre’’ apparent, je pourrais être en train de me détendre
ou être plongé dans des pensées, préoccupé par des problèmes ou bien encore être en
train de planifier des vacances. Mais depuis la perspective de la Conscience et sans se
faire d’idées, il y a une journée ensoleillée, une brise légère, les bruits des enfants qui
jouent et l’odeur d’un barbecue. Je dois tout de même reconnaître qu’il y a encore
parfois l’apparence d’être un individu, surtout quand je suis dans le coin et que je
discute avec des gens. Je suis convaincu que toute chose se règlera d’elle-même.
S : Il n’y a en vous aucune entité distinctive qui contrôle, mais il y a là une personne
ou un corps/esprit. La personne a certaines caractéristiques qui lui sont propres : une
apparence physique, des préférences et des aversions, des tendances et d’autres traits
personnels. Si la personne entre en contact et converse avec d’autres personnes, le
sentiment d’un ‘’je’’ peut surgir au cours de l’interaction. Cela fait partie du jeu de la
Conscience et ce n’est pas un problème.
Votre nature essentielle, c’est la pure Conscience. La personne émerge, puis retombe
en Vous. La personne n’est pas une entité qui contrôle, c’est simplement une autre
expression de la Conscience et il n’y a aucun besoin, ni aucun moyen d’écarter la
personne ou le sentiment d’un ‘’je’’ qui apparaît avec elle. En vous voyant et en vous
connaissant en tant que Conscience, et non pas comme une entité séparée qui
contrôle, vous êtes la liberté elle-même. La personne et le sentiment d’un ‘’je’’ sont
libres d’émerger, puis de retomber en Vous.
17. LIBÉRÉ DU MENTAL
Question : Cela fait environ un mois que nous avons parlé, la dernière fois. Je n’ai
plus de questions. Après des années de lecture et d’efforts pour comprendre, je
m’aperçois que lire, me rendre à des réunions ou à des retraites ou quoi que ce soit ne
m’intéresse plus. Si des questions surgissent, je vois qu’elles sont dénuées de sens et
elles disparaissent simplement. Ce qui reste, c’est la Conscience, paisible et libre.
Stephen : Oui, c’est étonnant la rapidité avec laquelle les questions disparaissent,
quand vous voyez que les questions, la lecture et les efforts dérangeaient la paix qui
était déjà là. Ce que vous recherchiez, c’était l’aisance paisible de votre état naturel de
Conscience, que vous n’aviez jamais perdu.
Q : Les mêmes vieilles histoires, les mêmes vieux doutes et les mêmes vieilles
inquiétudes ont resurgi à l’occasion, mais ils ont perdu leur pouvoir. Rien ne peut plus
me troubler, hormis ma propre imagination. C’est tellement évident, maintenant !
34
S : Voir la vérité que rien ne peut plus vous troubler, hormis votre propre
imagination, incapacite les histoires, les doutes et les inquiétudes. C’est être libéré du
mental. Ainsi que vous le dites, ce qui reste, c’est la Conscience paisible et libre !
Q : La simplicité de ceci est sidérante ! J’ai lu pendant des années à quel point c’est si
simple et maintenant, je le vois par moi-même !
S : Profitez-en !
18.
INTERACTIONS ÉGOÏSTES ET CONFRONTATIONS
Question : Quel impact cette compréhension a-t-elle sur les relations d’une
personne ? N’est-il pas difficile d’avoir un rapport avec quelqu’un qui est pris par son
ego, lorsqu’on est libre de cela ?
Stephen : Il est beaucoup plus difficile pour deux egos d’entrer en relation.
L’expérience de l’ego est une expérience d’insécurité, de manque et de peur. En
croyant être vous-même un ego individuel, vos relations sont essentiellement peu
sûres, insuffisantes et inquiètes. En sachant que vous êtes la pure Conscience et pas
un ego séparé, vous êtes relié à tout un chacun et tout change.
Q : Mais n’est-il pas frustrant d’interagir avec d’autres qui sont totalement pris par
leur ego ? N’avez-vous pas l’impression d’être entraîné dans des interactions et des
confrontations égoïstes ?
S : Cette réalisation révèle le fait que tout arrive et qu’il n’y a personne qui fait quoi
que ce soit. Même l’ego qui est le sentiment personnel d’être l’auteur de l’action se
produit, simplement. L’ego crée-t-il l’ego ? En voyant qu’il n’y a personne qui contrôle
ici en moi, il est aussi vu qu’il n’y a personne en l’autre qui contrôle. Qui se confronte
à qui ? Toutes les interactions et toutes les confrontations sont la Source qui interagit
avec Elle-même et se confronte à Elle-même.
Avec ceci, il y a un sentiment d’acceptation par rapport à tout ce qui arrive. Il n’y a ici
personne qui accepte les choses, mais il y a un sentiment d’acceptation. Des
interactions conflictuelles se produisent et cessent et la Conscience reste pure,
paisible et non affectée.
19.
L’AMOUR ET LES RELATIONS INTIMES
Question : J’ai entendu et j’ai lu qu’on peut aussi appeler ‘’amour’’ notre état naturel
de Conscience. Pouvez-vous développer ceci ?
Stephen : La Présence de la Conscience avec l’absence du ‘’moi’’, c’est l’amour.
35
Q : L’absence du moi est-elle requise pour qu’il y ait de l’amour ? L’amour ne peut-il
pas être expérimenté dans des relations personnelles, intimes ?
Stephen : L’amour est l’essence de toute existence. L’amour est l’état naturel de tout
être. Tout ce qu’il y a, c’est l’amour. Sans l’amour, rien n’est. L’amour n’est pas
personnel. Il n’y a pas ‘’mon’’ amour, ni ‘’votre’’ amour. Il y a juste l’amour.
Q : Comment l’amour est-il expérimenté à un niveau personnel dans les relations
intimes ? Il doit sûrement y avoir un ‘’tu’’ et un ‘’moi’’ pour connaître et pour
expérimenter l’amour !
Stephen : Quand deux personnes s’engagent dans une relation personnelle, il y a des
moments où le sentiment du ‘’tu’’ ou du ‘’moi’’ s’évapore dans chaque personne. En
l’absence du sentiment du ‘’tu’’ et du ‘’moi’’, l’amour est là. C’est le sentiment de paix,
de joie et d’unité béate auquel nous aspirons tous. Il s’agit de notre état naturel.
Quand le sens de l’ego réapparait, l’état naturel d’amour est personnalisé par le
mental et il est revendiqué comme une expérience personnelle de l’ego. Les deux egos
postulent alors que l’autre est la source de leur amour. Bien sûr, ceci aboutit à
redouter la perte, à la jalousie et à toute une kyrielle d’autres émotions douloureuses.
Q : Cela a du sens, mais je n’aime pas tout le monde. Il y a un sentiment d’amour
spécial que j’ai pour ma partenaire. N’y a-t-il pas différents types d’amour ?
S : Au niveau personnel, il y a différents types de relations et il peut y avoir une
attraction particulière entre partenaires qui se base sur une compatibilité biologique
et psychologique. Mais il n’y a pas différents types d’amour ou un amour spécial.
L’amour est l’essence de tout être. Il est absolu, inconditionnel et impersonnel.
Q : Comment cette reconnaissance m’aidera-t-elle avec mes relations personnelles ?
S : En vous connaissant vous-même comme pure Conscience, et non pas comme un
ego séparé, il y a la reconnaissance que votre nature essentielle, c’est l’amour. Vous
êtes ce que vous avez toujours recherché. Vous n’avez besoin de personne, ni de quoi
que ce soit pour combler le sentiment de vide, de solitude et de séparation qui est
l’expérience de l’ego. La crainte de la perte, la jalousie et les autres émotions pénibles
et douloureuses qui sont l’essence des relations de l’ego se dissipent. Vous pouvez
vraiment profiter de la beauté de toutes les relations humaines avec une liberté, un
amour et une paix parfaites. L’amour est votre état naturel.
20.
JE ME SENS COMPLÈTEMENT DÉVALORISÉ
Question : Il y a des moments où je me sens complètement dévalorisé. J’ai été au
chômage pendant plusieurs mois en raison d’un ralentissement économique dans ma
profession. J’ai cherché un nouvel emploi, mais rien n’a encore abouti. Les besoins de
ma famille sont satisfaits. Je ne subis donc pas de pression importante pour subvenir
36
à ses besoins financiers pour le moment. Cependant, je me sens parfois submergé par
un sentiment de nullité. Ma valeur personnelle semble entièrement liée à ma fonction
de pourvoyeur pour ma famille.
Stephen : Avez-vous remarqué qu’en termes absolus, tout est sans valeur, dépourvu
de sens et sans finalité ? Quel coup pour l’ego ! La valeur ― ou l’absence de valeur ―
n’a de sens qu’en termes relatifs et sur une base personnelle. Qui est sans valeur ou
est valable pour qui ? Sur une base personnelle, vous pouvez être le meilleur
pourvoyeur, parent, époux, ami, frère, enfant ou employé un jour, et le lendemain
être considéré comme étant le pire. Si votre estime de soi se base sur la personne avec
ses fonctions et ses attributs, vous expérimenterez des fluctuations dans votre
sentiment de valeur personnelle. Mais êtes-vous une personne ?
Q : Ma famille me considère comme une personne et comme son pourvoyeur !
S : Votre famille vous considère comme un pourvoyeur ; vos parents, comme un
enfant ; vos potes, comme un ami ; votre employeur, comme un employé…Mais vousmême, qu’est-ce que vous estimez être ? Si vous croyez ce que les autres disent que
vous êtes, alors votre valeur personnelle est sujette à leurs estimations et à leurs
jugements et vous en souffrirez, en conséquence. Votre nature essentielle, c’est la
Conscience, et pas la personne.
Q : Cela paraît bien beau, mais n’aide pas mon sentiment de nullité.
S : Le sentiment de nullité ne peut apparaître que pour une personne et relativement
à d’autres, mais êtes-vous une personne ? Etes-vous le pourvoyeur, l’ami ou
l’employé ? Si vous voulez mettre un terme à votre sentiment de nullité, examinez
vous-même ceci. Ce sentiment de nullité que vous éprouvez peut être le facteur de
motivation qui vous conduira jusqu’à la libération de tout ce que vous n’êtes pas. Vous
êtes au-delà de la personne et de son sentiment de valeur et de nullité. Vous n’êtes
pas le pourvoyeur, l’ami ou l’employé. Qui êtes-vous ?
21.
ÉTATS PERMANENTS ?
Question : J’ai remarqué récemment que quel que soit l’état que j’expérimente sur le
moment, j’ai l’impression que je resterai toujours dans cet état. Parfois, je me sens
apaisé, détendu et à l’aise et je penserai : ‘’Aaahhh ! J’y suis enfin arrivé ! Ma vie s’est
parfaitement déroulée ! Je suis en paix pour toujours !’’ Et puis un jour ou deux
passent, les circonstances changent, je me sentirai fatigué et frustré et je penserai :
‘’C’est foutu ! Ma vie ne marchera plus jamais comme je le veux. Je resterai
malheureux et déprimé à tout jamais !’’ Et ceci passe aussi. Sur le moment, je crois et
j’ai réellement l’impression que je resterai toujours dans l’état que j’expérimente.
Cette fluctuation est décevante. Que se passe-t-il, ici ?
37
Stephen : Tous les états sont temporaires. Ces états de ‘’bonheur’’ et de tristesse sont
des états mentaux qui vont et viennent dans la Conscience. Si vous vous attendez à ce
qu’un état dure toujours ou si vous le croyez, vous serez déçu. Ce qui se passe, c’est
que vous vous identifiez à des états d’esprit plutôt qu’à votre vraie nature. Votre vraie
nature, c’est la Conscience qui est toujours présente et qui observe ces états qui
apparaissent et qui disparaissent.
Q : Que puis-je faire par rapport à cette tendance à m’identifier à des états d’esprit ?
S : Vous avez dit : ‘’Sur le moment, je crois et j’ai réellement l’impression que je
resterai toujours dans l’état que j’expérimente.’’ Ceci démontre que
rétrospectivement, vous savez que ces états de ‘’bonheur’’ et de tristesse sont
passagers. Tout état, sentiment ou pensée que l’on peut identifier et étiqueter comme
‘’heureux’’, triste ou quoi que ce soit d’autre, au demeurant, est juste un état mental
et n’est pas votre vraie nature. Dès que surgit la pensée ‘’je suis heureux’’ ou ‘’je suis
triste’’, sachez que cela ne peut pas être Vous.
Vous êtes Ce(la) qui est conscient de tous les états. ‘’Je Suis’’ est la seule vérité qui
puisse être dite. ‘’Je suis heureux’’ ou ‘’je suis triste’’ n’est pas la vérité.
22.
JE SUIS EN DÉSACCORD AVEC TOUT CE QUE VOUS DITES
Question : Je ne comprends pas la plupart de ce que vous dites, et les parties que je
comprends, je ne suis pas du tout d'accord avec vous !
Stephen : Ce dont je parle est si fondamental et si essentiel que cela ne peut pas être
compris. C’est trop simple pour être compris. Comment pouvez-vous ‘’comprendre’’ la
Conscience ? Nous pouvons bien essayer de comprendre des concepts, mais des
concepts concernant la Conscience ne sont pas la Conscience. Tout ce sur quoi nous
pouvons bien être d'accord ou non est hors de propos, mais pouvez-vous ne pas être
d'accord sur le fait que vous existez, que vous êtes conscient ?
Q : Mais vous avez dit que la Conscience est tout ce qu’il y a et que je suis Cela ! Vous
impliquez que rien n’est réel en dehors de la Conscience. Et vous avez cité des paroles
de Nisargadatta suivant lesquelles rien ne peut vous troubler sinon votre propre
imagination. Ceci implique que mes problèmes ne sont pas réels et qu’ils sont juste
imaginaires. Comment pouvez-vous dire ce qui est réel ou irréel, quels problèmes
sont réels ou imaginaires ? Et puis ensuite, si je suis en désaccord avec vous, vous
dites que c’est hors de propos !
S : Restons pragmatiques. Que voulez-vous retirer de ceci ? Sûrement plus que
comprendre des concepts et être d’accord ou non concernant ce qui est réel ou
imaginaire ?
38
Q : Au bout du compte, ce qui m’intéresse, c’est le bonheur, la joie et la paix. Je suis
frustré par ce qui semble être des concepts incohérents et contradictoires. Ma vie
ressemble à un pendule qui oscille toujours entre le bonheur et la peine. J’aimerais me
libérer de cette souffrance.
S : Donc, ce qui vous intéresse, ce sont le bonheur, la joie et la paix, eux-mêmes, et
pas les concepts de bonheur, de joie et de paix.
Q : Oui, naturellement.
S : Bien installés ici maintenant, nous pouvons entendre le vent qui souffle dans les
arbres, sentir la brise fraîche qui caresse notre visage, voir les oiseaux qui batifolent
dans les arbres et les entendre gazouiller, sentir les chaises sur lesquelles nous
reposons, voir les nuages qui flottent dans le ciel bleu et sentir la chaleur du soleil qui
tape dans notre dos. Avons-nous le moindre problème actuellement ?
Q : Non, mais si quelqu’un s’approchait de nous avec une batte et nous attaquait, nous
aurions un problème ! Nous ne pourrions pas nous en tirer, s’il n’y avait pas un
sentiment de préoccupation concernant notre sécurité et de bien-être dans le futur. Il
me faut penser à mes études, à ma carrière, à ma famille, à mes finances, etc.
S : Ainsi, bien installés ici maintenant, nous n’avons aucun problème, ni aucune
souffrance. Il règne un sentiment de paix et de bonheur, alors que nous sommes
conscients de notre environnement. Quand les problèmes et la souffrance
commencent-ils ?
Q : Quand je commence à penser à l’avenir et à mes responsabilités et si je serai en
mesure d’y faire face.
S : Donc, les problèmes et la souffrance commencent, lorsque vous pensez à l’avenir.
Peut-être que les choses se dérouleront comme vous l’espérez, peut-être que non.
Vous pouvez seulement spéculer. Ces pensées et ces spéculations, c’est ce que
j’appelle de l’imagination. En ce moment, vous savez que vous existez, que la
Conscience est présente. Cela ne peut pas être nié. Cette Conscience est ce que
j’appelle le réel.
La Conscience, votre nature essentielle, est toujours présente, ici et maintenant. C’est
la Conscience non conceptuelle de l’Etre. Elle est trop fondamentale et trop simple à
‘’comprendre’’, approuver ou désapprouver. Ce sentiment de Présence/Conscience est
le bonheur paisible que vous cherchez. Pas les concepts de paix et de bonheur, mais la
paix et le bonheur eux-mêmes.
Si vous croyez que vos pensées et que vos spéculations sont réelles, votre expérience
ressemblera à un pendule qui oscille entre le bonheur et la peine et vous souffrirez.
Quand vous voyez que vos pensées et vos spéculations sont imaginaires, elles perdent
39
leur pouvoir d’influencer votre expérience. Vous remarquerez que le pendule oscille
moins fréquemment et moins brutalement.
Vous pouvez être d’accord ou en désaccord avec tous ces concepts, mais le fait de
votre propre Etre, de votre propre existence en tant que Conscience ne peut pas être
nié. Il est toujours ici et maintenant, intact, paisible et conscient. Lâchez tous vos
concepts et jouissez de la simple Présence de votre Etre propre.
23.
COMMENT VOIR CECI PAR MOI-MÊME ?
Question : Je suis tourmenté par mes pensées. Il y a toujours un drame qui se joue
dans mon esprit. C’est généralement un conflit entre moi et quelqu’un d’autre – mon
patron, un collègue, ma partenaire, un ami, un membre de la famille…Il y a toujours
quelqu’un ou quelque chose. C’est embêtant pour moi parce qu’avec ces drames qui se
jouent dans mon esprit, mon corps souffre : mon estomac se noue, les muscles de
mon cou se tendent et j’attrape des maux de tête.
Stephen : Combien de fois ces histoires tourmentantes de drames et de conflits se
sont-elles réalisées ?
Q : Jamais. Pas même une fois. Je le sais, mais il y a quand même des histoires qui se
jouent dans mon esprit et qui provoquent des symptômes physiques dérangeants. Je
puis être en train de conduire ma voiture ou être assis tout seul chez moi et une
histoire commencera à se jouer dans mon esprit. Elle pourra se poursuivre pendant
seulement quelques minutes, parfois plus longtemps, mais ces histoires s’amplifient
généralement et alors, je commencerai à éprouver des symptômes physiques. Dès que
je commence à ressentir ces symptômes physiques, je suis frappé par le fait que je
suis en train d'imaginer cette folle histoire et je me détends un peu, mais ces histoires
recommencent simplement plus tard.
S : Donc, ces histoires perturbantes ne se sont jamais produites et vous savez que ce
sont juste des histoires qui se jouent dans votre esprit.
Q : Oui, je sais qu’il s’agit juste de mon imagination, mais elles se produisent,
néanmoins et mon corps en souffre.
S : Si vous en souffrez quand même, c’est qu’il doit y avoir une part de l’histoire que
vous croyez vraie et réelle. Quel est le personnage principal ou la star de vos
histoires ?
Q : Moi, bien sûr !
S : Oui, évidemment, et vous croyez que la star de ces histoires est réelle. Et
qu’adviendrait-il si toutes ces histoires qui concernent vos relations avec votre
40
patron, vos collègues, vos amis, etc. se déroulaient à la perfection pour vous ? Qu’en
retireriez-vous ou que voudriez-vous, en fin de compte ?
Q : Je veux la même chose que tout le monde veut : le bonheur, la paix, la joie et
l’amour.
S : La cause sous-jacente de la souffrance que vous expérimentez est la croyance que
vous êtes une entité séparée qui contrôle (l’ego), qui doit diriger et contrôler sa vie de
manière à ce que son histoire se déroule comme prévu et qu’elle expérimente le
bonheur, la paix et la joie. C’est là l’erreur fondamentale, l’idée fausse essentielle. Le
fait est que ce n’est pas ‘’vous’’ qui contrôlez. Il n’y a en vous personne, ni rien qui a le
contrôle. Il n’y a aucune entité qui a le contrôle et qui peut manipuler son histoire de
manière à ce que les choses se déroulent comme prévu. Ce que vous êtes, c’est la pure
Conscience qui est le bonheur, la paix et la joie que vous tentez d’obtenir en
contrôlant l’histoire de votre vie.
Q : Comment puis-je le voir par moi-même ? J’ai lu tous les livres, mais je n’ai pas su
le voir par moi-même.
S : Si vous cherchez l’ego, le ‘’moi’’, vous trouverez qu’il n’est pas là. Ce n’était qu’une
simple présomption non examinée. Cette recherche doit cependant être votre propre
recherche ! Si vous recherchez le concept de l’ego ou du ‘’moi’’ de quelqu’un d’autre,
vous pouvez ne pas voir ceci par vous-même. Que pensez-vous, que sentez-vous ou
que ressentez-vous être vous-même ? Avez-vous l’impression d’être le contrôleur de
votre vie ? Avez-vous l’impression d’être le penseur ou le directeur de votre vie ? Quel
est votre ressenti par rapport à ce que vous êtes ?
Cherchez donc par vous-même et voyez si vous pouvez trouver le penseur, le
contrôleur, le directeur ou l’ego, tout ce que vous avez l’impression d’être. Si vous ne
pouvez trouver là aucun contrôleur, aucun penseur ni aucun ego, mais si vous avez
tout de même le sentiment d’être l’ego, le penseur ou le contrôleur, alors essayez donc
d’exercer ce contrôle supposé. Essayez donc de contrôler vos pensées, vos sentiments
et l’histoire de votre vie : vous ne le pouvez pas ! Si vous regardez par vous-même et
si vous voyez qu’il n’y a là ni ‘’moi’’, ni penseur, ni contrôleur, ni ego, la question
suivante est : alors, que suis-je ? Ce que vous êtes, c’est la Conscience et Vous êtes le
spectateur des histoires et de la star de tous les drames qui se jouaient dans le mental
et qui se répercutaient dans votre corps.
Q : Aidez-moi à le voir.
S : Vous devez chercher et le voir par vous-même ! On peut vous dire que vous n’êtes
pas l’ego et que ce que vous êtes, c’est la pure Conscience, mais vous devez le voir par
vous-même ou ce n’est juste qu’un tas de concepts !
41
24.
OBSERVEZ CECI
Question : J’ai eu vent de vous pour la première fois, après avoir lu votre poème
intitulé ‘’Si je suis né’’ qui m’a frappé comme étant exceptionnellement clair, puis une
visite à votre site web a suscité davantage d’intérêt. J’ai été particulièrement frappé
par la similitude de votre lutte et de la mienne par rapport à la manière de vivre
suivant les termes de ce qui est inspirant dans le ‘’JE SUIS’’ de Nisargadatta, au-delà
d’une simple compréhension intellectuelle. Je dirais que ceci me perturbe simplement
beaucoup et que je ne vois pas comment m’en sortir. En quatre ou cinq ans, ma
pensée a été totalement retournée par le type de non dualisme de Nisargadatta et je
n’ai pas trouvé âme qui vive avec laquelle entrer en résonnance concernant ceci.
Stephen : Oui, ceci peut être très frustrant, lorsque nous lisons Nisargadatta et
lorsque nous semblons avoir une bonne compréhension intellectuelle, mais que notre
souffrance continue. J’ai trouvé utile de rencontrer et de correspondre avec John
Wheeler qui m’a aidé à voir combien ceci est réellement simple. Je suis heureux de
partager avec vous mon expérience concernant ceci. Vous découvrirez que je n’ai rien
de neuf à vous offrir. Je ne sais rien que vous ne sachiez déjà et vous n’avez besoin de
rien que vous n’ayez déjà. C’est un fait.
La perturbation que vous expérimentez, comme vous le savez, n’est que du bruit
mental, des histoires et des drames mentaux qui se jouent et vous êtes bien sûr la star
et le personnage principal de tout ce drame. John m’a aidé à voir ces trois faits : la
turbulence n’a simplement aucune importance ; il n’y a ici personne qui puisse
contrôler cette turbulence ; la Conscience est tout ce qu’il y a et je suis cette
Conscience.
Q : Que voulez-vous dire par votre déclaration suivant laquelle il n’y a ici personne
qui puisse contrôler cette turbulence ? N’y a-t-il rien à faire ? Il me semble que même
Nisargadatta exhortait au sérieux et à l’investigation vigilante. N’y a-t-il rien à dire
concernant la vigilance ?
S : Oui, le sérieux et l’investigation vigilante peuvent être les facteurs critiques qui
poussent quelqu’un à la reconnaissance qu’il n’y a personne ici qui puisse contrôler la
turbulence, personne ici qui puisse être vigilant, personne ici qui puisse investiguer.
Le sérieux et l’investigation vigilante peuvent révéler le fait que des choses sont
faites, mais que personne ne les fait.
Il est facile de voir et de sentir que votre cœur bat, mais que vous ne faites pas battre
votre cœur ; il est facile de réaliser que vos yeux voient, que vos oreilles entendent,
que vos poumons respirent et que vous ne faites rien de tout cela. Mais pour une
raison ou l’autre, pour ceux d’entre nous qui ont souffert, nous avons l’impression
que nous contrôlons nos pensées, nos sentiments et nos actions et que pour être
heureux et en paix, nous devons exercer ce contrôle.
42
Cette tentative d'exercer un contrôle est la souffrance même que nous essayons de
surmonter ! Quand la souffrance devient trop difficile à gérer, le sérieux et
l’investigation vigilante résulteront en réponse à la souffrance et le conseil de
quelqu’un comme Ramana ou comme Nisargadatta de ‘’découvrir qui vous êtes’’ sera
suivi. Alors, cette investigation aura lieu et il sera vu qu’il n’y a ici aucune entité qui
contrôle, aucun ego, aucun auteur/acteur. Tout ce qui peut être connu avec certitude,
c’est qu’il y a la Conscience et que la Conscience est ce que je suis.
Q : J’ai une autre question pour vous que je peux à peine contenir : la terreur d’être la
seule chose qui soit veut-elle dire quelque chose pour vous ?
S : Tandis que vous voyez et que vous lisez ces mots en ce moment, remarquez la
‘’vision’’ ou la conscience des mots. Sans la vision, sans la conscience, il n’y a rien.
Arrêtez-vous encore un instant et maintenant, remarquez juste la vision. Il y a la
vision, la Conscience en ce moment, d’accord ? Cette Conscience est la seule chose qui
soit. Vous êtes la Conscience. Vous êtes la seule chose qui soit. Où est la terreur làdedans ? La cause de la terreur, c’est l’imagination.
Q : Les fluctuations (l’irrégularité) de la lucidité sont actuellement une source de
souffrance.
S : La lucidité fondamentale et expérientielle est que votre nature essentielle, c’est la
Conscience, et pas l’ego (le contrôleur). Encore une fois, faites cette observation :
assis tout seul, regardez votre attention se poser sur un objet dans votre vision : une
chaise, un tableau, une chaussure, n’importe quel objet fera l’affaire. Remarquez la
‘’vision’’. Remarquez la conscience de la vision. Cette Conscience est Ce que vous êtes.
Sans cette Conscience, rien d’autre n’existe. Quand vous sentez que vous avez perdu
la lucidité ou qu’il y a des fluctuations, de l’irrégularité, arrêtez-vous et faites cette
observation : la Conscience, Vous, Vous êtes toujours là en train de tout observer, y
compris ces pensées ‘’j’ai perdu la lucidité, je souffre’’, etc.
Q : Comment puis-je accepter que je suis ‘’la seule chose qui soit’’, alors que je n’ai
pas connaissance d’être le créateur ou la source du monde, de tous ceux qui le
peuplent, ni de mon corps et de mon esprit ?
S : Qui ou qu’est-ce qui a créé le créateur ? Quelle est la source de la source du
monde ? Qui a créé le créateur de votre esprit et de votre corps ? Au bout du compte,
toutes les questions aboutissent à une réponse : je ne sais pas ! Toute chose est un
mystère absolu. L’avez-vous remarqué ?
La seule déclaration qui puisse être faite sans aucun doute, c’est : ‘’Je suis.’’ Que suisje, qui suis-je, d’où est-ce que je viens et où est-ce que je vais – tout cela est un
mystère.
Q : Ni ne puis-je, moi qui suis tout, quitter les limites de mon corps et entrer
n’importe où ou dans n’importe qui. Si je suis Ce qui est toutes choses, il ne
43
m’apparaît pas que je puisse habiter librement n’importe quelle partie de ‘’tout ce que
je suis’’.3
S : Ce sont là des capacités et des facultés intéressantes que certaines personnes
semblent pouvoir manifester. D’autres sont capables de courir le mile en moins de
quatre minutes. Je ne suis capable de faire aucune de ces choses. Ces capacités et ces
facultés sont intéressantes, mais clairement pas nécessaires pour vivre en paix.
Q : OK, OK ! Je viens juste de relire votre réponse et je vois ou vous voulez en venir.
Vous indiquez clairement que je ne suis rien que je puisse sentir en aucune manière.
Vous déclarez simplement que je ne suis rien d’autre que la Conscience, ni plus, ni
moins, ce qui me laisse avec cette question immédiate : qu’en est-il de l’appétit,
souvent ressenti comme du désir ?
S : Des appétits et des désirs surgissent. Les yeux voient, les oreilles entendent et
désirs, appétits, sentiments et pensées se manifestent. Quelle est leur source ? La
source de leur source ? Etes-vous la source de vos désirs, de vos pensées et de vos
appétits ? Tout cela est un mystère, non ?
Q : Si ce n’est pas moi qui contrôle, est-ce que je laisse juste sans aucune crainte le
désir non censuré diriger les actions de mon corps ?
S : Contrôlez-vous ? Qui vous contrôle ? Laissez-vous seulement le désir non censuré
diriger les actions de votre corps, sans aucune crainte ? Qui vous permet de laisser le
désir non censuré diriger les actions de votre corps ? Tout cela est un mystère, tout
cela, c’est du blabla conceptuel. Cela peut être intéressant et divertissant de réfléchir
à ces questions, mais cela n’a aucun intérêt par rapport à ce que nous voulons, en fin
de compte : la paix, le bonheur et la joie.
La seule déclaration qui puisse être faite sans aucun doute, c’est ‘’Je suis’’. Vous
connaître et vous expérimenter vous-même en tant que ‘’Je suis’’ est la paix, le
bonheur et la joie que vous recherchez en exerçant votre intellect avec toutes ces
questions intéressantes. Exercer l’intellect est divertissant, mais ce n’est pas la source
de la paix. La Conscience, le ‘’JE SUIS’’, est toujours ici et maintenant. Vous ne pouvez
pas vous en écarter. Vous L’êtes.
25.
RAMANA MAHARSHI A DIT
Question : Ramana Maharshi a dit : ‘’Ce qui n’est pas présent pendant le sommeil
profond et sans rêve n’est pas réel.’’ L’idée vient à l’esprit que chaque nuit, le sommeil
sans rêve révèle cette Réalité évidente, immuable qui va de soi et qui est également
présente durant les heures de veille et de bavardage mental typique, même si Elle
3
Il fait probablement référence à certains siddhis, à certains pouvoirs qui sont notamment mentionnés dans les
Yoga Sutras de Patanjali, NDT.
44
peut être éclipsée par ce bavardage mental et passer inaperçue. Ma question est : que
peut-on dire à propos de ce qui est présent dans le sommeil sans rêve ?
Stephen : La Conscience est présente avec tous les états : l’état de rêve, l’état de
sommeil sans rêve et l’état de veille. Il n’y a qu’une seule conscience, mais nous
pouvons utiliser deux termes pour la décrire. J’utilise Conscience (awareness) pour
signifier la Conscience sans objet. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de relation sujet-objet, il
y a juste la Conscience absolue. La conscience relative est nommée conscience
(consciousness). La conscience émerge, lorsque la relation sujet-objet émerge sous
forme de ‘’je’’ ou de ‘’je suis’’ : je suis Stephen, je suis heureux, je suis triste, je suis
séparé, etc.
Alors, concernant votre question, que peut-on dire concernant ce qui est présent
pendant le sommeil profond ? Que ‘’la Conscience est’’, point barre. Rien d’autre. Vous
pouvez le voir par vous-même, lorsque vous (la conscience), vous vous éveillez, le
matin. La première pensée de la journée peut être quelque chose comme ‘’je dois me
lever pour aller travailler’’. Qu’y avait-il avant cette première pensée ? La Conscience
est là sans relation sujet-objet, sans le ‘’je’’. La Conscience est là pour voir cette
première pensée, la pensée ‘’je’’.
Q : Et comment ‘’ce qui est présent pendant le sommeil sans rêve’’ est-il jamais
observé pendant les heures de veille ?
S : La Conscience (absolue) n’est pas un objet que l’on puisse observer et la
conscience se remarque comme le sentiment ‘’je suis’’. Alors, quelle est l’utilité
pratique de ceci ? Vous avez cité la déclaration de Ramana : ‘’Ce qui n’est pas présent
pendant le sommeil profond et sans rêve n’est pas réel.’’ Eh bien, la Conscience
absolue est présente dans l’état sans rêve. Point. Il n’y a ni moi, ni vous, ni monde, ni
problèmes. Dès que la pensée ‘’je’’ apparaît, le monde et mes problèmes
apparaissent : tous imaginaires, tous irréels. Ce que vous êtes en termes absolus, c’est
la Conscience. En termes relatifs, tout ce que vous savez avec certitude, c’est que vous
êtes conscient, que vous existez, que je suis. Tout le reste est discutable, imaginaire,
spéculatif et conceptuel.
En sachant que ‘’le bavardage mental typique’’, comme vous l’avez appelé, est juste
imaginaire, conceptuel et irréel, celui-ci perd son pouvoir d’influencer votre
expérience. En vous connaissant en tant que Conscience, et non pas comme le petit
moi séparé et craintif, il y a un sentiment de paix qui sous-tend toutes vos
expériences quotidiennes.
26.
BAVARDAGE ET AGITATION MENTALE
Question : Comme l’ont dit Bob Adamson et John Wheeler, la réponse n’est pas dans
le mental. Point. Point final. Donc, je puis arrêter de regarder là et être tranquille. Il
ne devrait y avoir aucun truc pour rester tranquille, mais l’esprit continue à jouer un
45
rôle au service de la tranquillité qui par conséquent n’est pas réellement la
tranquillité. Je ne sais plus quoi demander. Toutes les questions sont perçues comme
simplement davantage d’habillement drapé autour de la pensée ‘’je’’, de posture, de
définition de qui je suis via les questions intelligentes que je prétends être les
miennes. Tout cela est parfaitement absurde, tout cela est imaginaire, mais pour une
raison ― ou pour aucune raison ― il est malaisé de lâcher-prise et de retomber dans
la tranquillité, de se retirer dans l’immuable Témoin silencieux qui est toujours ici,
attendant patiemment la fin de toute cette agitation imaginaire. Même si nous le
faisons tous chaque nuit.
Stephen : La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a aucun besoin d’être silencieux, nul
besoin d’attendre patiemment la fin de l’agitation imaginaire, nul besoin de se retirer
dans l’immuable Témoin silencieux. Le bavardage et l’agitation mentale peuvent
toujours continuer. Il y a des conceptions erronées et courantes selon lesquelles cette
réalisation nécessite un esprit silencieux ou entraînera un esprit silencieux. Ce n’est
pas le cas. C’est la nature du mental de s’agiter et de bavarder. Et alors ? Tout est
libre d’apparaître et de disparaître en Vous, la Conscience, y compris le bavardage
mental et l’agitation imaginaire. Vous êtes toujours le Témoin silencieux immuable,
ici et maintenant.
27.
TOUT LE RESTE EST DÉNUÉ D’INTÉRÊT
Question : Par manque d’un meilleur moyen de le dire, je présume que mon problème
est que je m’identifie encore avec ce corps-mental. Je lis et crois que je suis la pure
Conscience Elle-même, sans forme et détachée dans laquelle le corps, le temps et
l’espace eux-mêmes ne sont que des apparences/apparitions. Je lis les mots que je ne
suis pas le corps-mental pour lequel je me prends, mais plutôt la lumière pure de la
Conscience absolue qui illumine la conscience et son contenu infini. Ces mots ont l’air
vrai et je les crois, mais ensuite, j’oublie. Peut-être est-ce parce que je ne comprends
pas réellement.
Stephen : Pour comprendre ou pour clairement voir ce qu’est la Conscience et que
vous êtes la Conscience, faites cette simple observation. Asseyez-vous tranquillement
tout seul et observez votre attention qui se fixe sur un objet dans la pièce : une chaise,
une table, une bougie, une photo – n’importe quel objet fera l’affaire. Tandis que votre
attention se fixe sur l’objet, observez qu’il y a la conscience de l’objet. Il y a une
‘’vision’’ de l’objet. Remarquez cette vision. Maintenant, à qui est cette ‘’vision’’ ? Estce votre vision ? Ou est-ce juste une vision ? Il y a la conscience de l’objet, mais ce
n’est pas votre conscience. La Conscience n’est pas personnelle. C’est votre nature
essentielle. C’est ma nature essentielle. Maintenant, le voyez-vous clairement ?
Comme vous l’avez dit, ce n’est pas une compréhension du mental. C’est une simple
reconnaissance d’être la vision. Vous êtes la Conscience.
Q : La vision est, simplement. Et je suis cela. Je n’ai pas cela – je suis cela. Je ne vois
pas la vision. Ce n’est pas quelque chose à voir, mais il y a néanmoins une vision, sans
46
aucun doute. Il peut être vu que la vision est ce que je suis, ma nature essentielle,
mon Etre le plus profond. Mais ce qu’elle est ne peut pas être dit. Je ne pense pas. Je
ne peux pas voir ce que c’est, mais je peux voir qu’elle est et qu’elle est ce que je suis.
S : Cette vision ou cette Conscience est ce que vous êtes. Sans la Conscience, rien
n’est. C’est la vérité fondamentale que les traditions anciennes indiquent : JE SUIS CE
QUE JE SUIS. Ce JE SUIS, c’est Vous, la Conscience.
Q : C’est ce que je reconnais parfois. D’autres fois, j’ai l’impression que c’est ce corps
qui a cette vision et qu’il ne pourrait pas y avoir de vision sans ce mécanisme corpsesprit. Le corps peut être vu comme une apparence/apparition dans la Conscience,
mais il ne s’ensuit pas que la Conscience ne puisse pas par conséquent provenir de ce
corps-esprit ou être la propriété de ce corps-esprit.
Je regarde parfois dans le miroir et je pense en moi-même : comment peux-tu dire
que ce corps n’est pas moi, que ce corps n’est pas qui je suis ? Qui dit cela ? Qui que ce
soit, comment dit-il cela ? Comment ces pensées se forment-elles et s’exprimentelles ? Dans des moments comme ceux-là, affirmer ‘’ce n’est pas ce que je suis’’
ressemble à une folie, une folie qui peut laisser bonne impression, d’une certaine
manière.
S : Le fait que vous êtes ou que je suis ne peut pas être nié ou discuté. Dès que vous
commencez à déclarer ‘’je ne suis pas’’, vous avez prouvé que vous êtes – je suis. Tout
ce qui suit ‘’je suis’’ peut être discuté ou nié.
Je suis confus – je suis serein.
Je suis le corps – je ne suis pas le corps.
Je suis l’esprit – je ne suis pas l’esprit.
Je suis Stephen – je ne suis pas Stephen.
Le corps est une propriété de la Conscience – la Conscience est une propriété du
corps.
Ce sont là toutes des pensées qui apparaissent dans la Conscience et qui peuvent être
discutées jusqu’à en avoir la nausée. Ce qui est indiscutable, c’est que la Conscience
est ou Je suis.
Q : Me fiant à votre ton confiant et à l’odeur de vérité qui se dégage de tout cela, je
puis mettre en suspens mon jugement et au moins douter du fait que je suis
réellement ce corps et investiguer, comme préconisé.
S : Est-il bien nécessaire de mettre en suspens votre jugement ou de compter sur la
confiance pour savoir que vous existez, que vous êtes conscient ? Avant que la
confiance ou qu’une mise en suspens de votre jugement ne puisse être, la Conscience
(Vous) doit être là pour l’observer. Tout ce qui requiert de la confiance ou d’être
discuté ne vaut pas la peine que l’on s’y fie, ni d’être discuté. Aucune confiance n’est
requise pour savoir que la Conscience est ‘’JE SUIS’’.
47
Encore une fois, vous avez dit : ‘’La vision est, simplement. Et je suis cela. Je n’ai pas
cela – je suis cela. Je ne vois pas la vision. Ce n’est pas quelque chose à voir, mais il y
a néanmoins une vision, sans aucun doute. Il peut être vu que la vision est ce que je
suis, ma nature essentielle, mon Etre le plus profond. Mais ce qu’elle est ne peut pas
être dit. Je ne pense pas. Je ne peux pas voir ce que c’est, mais je peux voir qu’elle est
et qu’elle est ce que je suis.’’
Restez avec cela. Tout le reste est dénué d’intérêt.
28.
RENCONTRER UN MAÎTRE
Question : Je lisais votre site web, l’autre jour, et il y a beaucoup de résonance avec ce
qui suit et que vous avez écrit sur votre page bio :
‘’Après avoir lu et relu le livre ‘’JE SUIS’’ pendant des années, j’ai senti que j’avais une
solide compréhension intellectuelle de la vérité indiquée par Nisargadatta, mais que ce
n’était pas mon expérience vivante, ce qui occasionna un terrible sentiment de
frustration. J’ai senti que j’avais besoin de trouver quelqu’un qui vivait cette vérité et
qui serait capable de m’aider à faire de celle-ci mon expérience vivante, quotidienne.
Puis en 2004, j’ai entendu parler d’un Australien, ‘Sailor’ Bob Adamson, un ancien
étudiant de Nisargadatta Maharaj qui depuis plus de vingt-neuf ans aidait les autres à
atteindre cette compréhension. Bob m’a guidé vers l’un de ses étudiants, John Wheeler,
de Santa Cruz en Californie, qui partage également ce message dans la même tradition.
J’ai fait la connaissance de John Wheeler en 2004 et grâce à cette rencontre et aux
entretiens qui suivirent, la compréhension intellectuelle est devenue mon expérience
vivante. Après avoir lutté et recherché la Paix pendant plus de vingt ans, la recherche
est maintenant terminée et je remercie Nisargadatta Maharaj, ‘Sailor’ Bob Adamson et
John Wheeler de m’avoir indiqué cette Paix que j’étais déjà et que j’avais toujours été.’’
Bien que j’ai lu toute l’œuvre de Nisargadatta et que j’ai écouté beaucoup de CD et de
DVD de nombreux maîtres, je dirais que j’expérimente souvent ce même sentiment de
frustration dans ma vie quotidienne. Quelle a été la différence dans les rencontres
directes avec John Wheeler et qui ne semble pas si perceptible, autrement ?
Stephen : C’est comme lire tous les bons livres pour apprendre à jouer au golf et
regarder des vidéos sur la manière d’acquérir le swing parfait. Puis vous achetez
votre équipement personnel et vous prenez la direction du terrain. Vous mettez en
pratique tous les bons tuyaux que vous avez appris dans les livres et dans les vidéos.
Parfois, vous frappez la balle en plein milieu du fairway et d’autres fois, vous
l’envoyez rouler en dehors des limites.
Petit à petit, un sentiment de frustration se développe. ‘’J’ai lu tous les livres et je
possède la compréhension intellectuelle et pourtant, je frappe toujours la balle en
dehors des limites ! Comme c’est frustrant ! Peut-être que quelqu’un pourra m’aider
48
avec mon swing...’’ Et puis, vous rencontrez Tiger Woods : ‘’Hé, Tiger ! Pourrais-tu
passer un peu de temps à m’aider avec mon swing ?’’ Vous passez quelques heures
avec lui et il vous aide à voir des choses que vous connaissiez déjà pour les avoir
étudiées, mais qui réclamaient juste un peu de clarification et de fignolage. Ainsi,
Tiger vous a aidé à faire en sorte que la compréhension intellectuelle devienne votre
expérience du terrain. Sur le chemin spirituel, pendant de nombreuses années, on
peut apprendre beaucoup, mais à un moment donné, la frustration peut grandir. Nous
sentons bien que nous avons lu tout ce que nous pouvions lire, mais que nous
souffrons toujours. C’est alors que rencontrer quelqu’un qui pourra nous aider à
clarifier certaines choses peut être bénéfique. La compréhension intellectuelle peut
devenir votre expérience vivante quotidienne.
Ce que vous avez lu dans tous les livres et entendu dans tous les CD et les DVD, c’est
que votre nature essentielle, c’est la Conscience : vous n’êtes pas les pensées, ni les
sentiments, ni les perceptions, ni les croyances qui apparaissent en vous, mais pour
une raison ou l’autre, vous vous identifiez encore avec les activités du mental et vous
en souffrez. Quand les bavardages et les drames du mental sont vus comme n’étant
pas importants, ils deviennent juste un simple bruit de fond. C’est comme s’il y avait
un feuilleton à la télévision. Vous pouvez regarder le drame et en profiter ou
simplement l’entendre comme un bruit de fond, pendant que vous vaquez à vos
affaires quotidiennes, sans être affecté.
Un Maître n’aura de cesse de vous rappeler ceci jusqu’à ce vous ne vous laissiez plus
abuser par votre obnubilation et par votre identification avec les activités du mental,
qu’elles disparaissent et avec elles, la souffrance. Finalement, vous constatez que vous
n’avez besoin de rien du tout pour être en paix. Vous vous désintéressez des Maîtres,
des enseignements et d’être un étudiant. Et vous constatez que votre recherche de
l’Illumination était une farce co(s)mique absolue !
29.
FRUSTRATION ET DÉSIR DE CONNAÎTRE
Question : Ces trois dernières années, j’ai été une lectrice avide de non-dualité : ‘’JE
SUIS’’ de Nisargadatta, Ramana Maharshi et encore beaucoup d’autres Maîtres. Il
semble y avoir un progrès, en quelque sorte, mais à présent, la façon la plus précise
de décrire mon expérience, c’est de paraphraser vos paroles : ‘’Il y a une
compréhension intellectuelle, mais ce n’est pas mon expérience vivante quotidienne’’,
c’est-à-dire que je ne la vis pas ! Comme vous le dites, la frustration est là, ainsi que le
désir de connaître et d’être cela – spécialement quand je lis ce qui concerne la paix
illimitée, la liberté absolue, etc. Qu’en est-il, maintenant ? Toute aide sera acceptée
avec gratitude.
Stephen : Je suis heureux de partager tout ce que je peux avec vous sur la base de
mon expérience. Vous avez dit : ‘’ Comme vous le dites, la frustration est là, ainsi que
le désir de connaître et d’être cela – spécialement quand je lis ce qui concerne la paix
illimitée, la liberté absolue, etc.’’ Cette paix illimitée est en paix avec la frustration et
49
le désir de connaître ! La frustration et le désir de connaître sont totalement libres
d’apparaître dans cette liberté absolue !
Vous êtes la Conscience. Remarquez la conscience de ces mots. Vous êtes consciente,
d’accord ? Cette Conscience est Ce que Vous êtes. Sans Vous, rien n’existe. Vous êtes
consciente de la frustration et du désir de connaître. Etes-vous la Conscience ou la
frustration et le désir de connaître ? Tout ce qui apparaît en Vous va et vient. La
Conscience, Vous, Vous êtes toujours, ici et maintenant. Cette Conscience est la liberté
absolue, la paix illimitée. Tout est libre d’apparaître et de disparaître en Vous, y
compris la frustration et le désir de connaître.
A propos, la frustration et le désir de connaître se dissipent, quand vous voyez qu’il
n’y a rien à connaître et qu’il n’y a aucun moyen d’éviter votre expérience actuelle de
frustration.
30.
DES QUESTIONS, PLEIN DE QUESTIONS, MAIS PAS UN
SOUPÇON DE PAIX !
Question : On dirait que cet état de pure Conscience est ignorant ou qu’il ne connaît
jamais le mystère de la vie, pas vrai ?
Stephen : Toute chose est un mystère, non ? Tout ce que je sais avec certitude, c’est
que J’existe, que Je suis, que la Conscience est.
Q : Certains Eveillés disent que la réincarnation existe, d’autres disent que non et
d’autres encore disent qu’ils ne savent pas. Si vous êtes tous le même Etre, alors
pourquoi les réponses sont-elles différentes ?
S : Qui ou qu’est-ce qui se réincarne ?
Q : Vous vous connaissez maintenant en tant que Cela et Cela a créé ce Rêve. Alors,
comment, avez-vous trouvé l’idée des hommes, des poissons, des oiseaux, etc. ?
S : Qui a créé la totalité de la création ? Qui a créé le Créateur ? C’est aussi un
mystère.
Q : Vous êtes maintenant libre, mais vous êtes toujours dans ce corps (ou ce corps est
en Vous) et ce corps va péricliter, être malade, éprouver de la douleur et mourir.
Quelle liberté y a-t-il là-dedans ?
S : Le corps n’est pas libre. La liberté, c’est par rapport au corps et au mental, ce n’est
pas la liberté du corps et du mental.
Q : Si tout ce qui arrive est parfait, alors si je sors et si je commence à tuer des gens,
c’est parfait aussi ? Il n’y a personne ici, alors rien n’a d’importance, d’accord ?
50
S : Qu’est-ce que la perfection ? Une telle chose existe-t-elle ? Rien n’a de l’importance
pour qui ?
Q : Après l’Eveil, l’ego/esprit continue de faire son truc. Il est juste vu que ce n’est pas
votre identité réelle. Si une personne était sous antidépresseurs avant, en aura-t-elle
encore besoin par la suite ? Ce sera la fin de la dépression, non ?
S : Je ne suis ni médecin, ni psychiatre, aussi je suis leurs conseils en ce qui concerne
la thérapie et la médication. Toutes ces questions et ces réponses apparaissent dans la
Conscience. La Conscience est toujours ici et maintenant. Ces questions et ces
réponses n’affectent pas la Conscience. Votre nature essentielle, c’est la Conscience.
Sans la Conscience, il n’y aurait ni questions, ni réponses. La Conscience doit être ici
pour les observer. C’est la nature du mental de poser des questions et de chercher des
réponses.
Vous n’êtes ni le mental, ni ses questions. Vous êtes la Conscience, Ce qui est
conscient du corps et du mental. La Conscience est paisible et libre, par rapport au
corps ou au mental. La Liberté paisible et libre que vous recherchez est votre état
naturel. Poser des questions et recevoir des réponses ne vous apportera rien que vous
n’ayez déjà, puisque Vous êtes déjà la Conscience, paisible et libre.
31. COMMENT DESCEND-ON DU MANÈGE ?
Question : Bonjour, Stephen ! Vous avez écrit : ‘’ La Conscience, Vous, Vous êtes
toujours, ici et maintenant. Cette Conscience est la liberté absolue, la paix illimitée.
Tout est libre d’apparaître et de disparaître en Vous, y compris la frustration et le désir
de connaître.’’ Ce qui m’arrive, c’est que je remarque la Conscience, mais qu’ensuite,
je n’arrête pas de me perdre dans les histoires de la pensée. Comment descend-on du
manège ?
Stephen : Nous aimons regarder des films au cinéma et à la télévision. Nous aimons
rire et pleurer avec les comédies et les drames et nous perdre dans les histoires et
nous prenons plaisir à monter sur le manège des émotions qu’ils suscitent.
Songez à votre film favori et à votre personnage préféré du film. Pendant que vous
regardez le film, vous pouvez apprécier l’expérience du personnage principal. Vous
vivez le drame, les ascenseurs émotionnels, les succès et les échecs de la star. Vous
riez, vous pleurez, vous regardez, tenue en haleine par le suspense du drame qui se
déroule. Vous appréciez tout ― les hauts et les bas, le plaisir et la douleur. Vous êtes
en mesure de vous perdre dans l’histoire et de l’aimer, parce que vous savez que vous
êtes la spectatrice de l’histoire, le témoin du drame qui se déroule. Vous regardez le
personnage principal qui joue son rôle et vous l’accompagnez dans son tour de
manège. Vous ne souffrez pas pendant que l’histoire se déroule, parce que vous savez
que vous êtes une spectatrice et pas la star du film.
51
Les histoires de la pensée, les drames mentaux et le manège des émotions qu’ils
suscitent ne sont pas en soi problématiques et ne génèrent pas de la souffrance. Si les
histoires qui se jouent dans votre esprit vous causent de la souffrance, c’est qu’il doit
y avoir une croyance en la réalité et la substance du personnage principal et la star de
ces histoires ― Terry. Il y a un personnage dans votre vie appelé ‘’Terry’’, sans nul
doute, mais elle et ses histoires ne sont pas un problème.
Vous êtes témoin de Terry et de ses histoires. Vous êtes spectatrice, Conscience de
Terry et de ses histoires. Plus précisément, vous êtes l’observation, la vision de toutes
les histoires qui circulent. Comment descend-on du manège ? La clé est de voir
clairement par vous-même que Ce que Vous êtes essentiellement, c’est Ce qui observe
Terry et le déroulement de son histoire. Vous n’êtes pas ‘’Terry’’. Vous êtes la
Conscience. Terry et son histoire peuvent-elles exister sans Vous, la Conscience, qui
est là pour l’observer ? Tenter de contrôler Terry et de manipuler son histoire pour
que celle-ci soit heureuse et en paix est la cause même de la souffrance que vous
essayez d’éviter !
Vous n’êtes pas l’autrice de l’histoire de Terry. L’histoire de Terry n’est pas un
problème : le bon, le mauvais, le plaisir et la douleur – rien n’est problématique. Si
vous souffrez de l'histoire, remarquez simplement la Conscience, remarquez-vous en
tant que Conscience. Des histoires peuvent continuer de se dérouler dans votre esprit,
mais finalement, elles deviennent comme un bruit de fond et elles n’affectent plus
votre expérience.
Lorsque vous vous connaissez en tant que pure Conscience, les histoires et le manège
des émotions ne causent plus de souffrance. En fait, celles-ci sont une grande source
de divertissement et d’amusement. Le bonheur, la peine, le plaisir et la douleur sont
tous bienvenus pendant que vous regardez le film le plus passionnant qui ait jamais
été réalisé – l’histoire de votre propre vie !
32.
POURQUOI EST-IL SI DIFFICILE DE S’ÉVEILLER ?
Question : Pourquoi est-il si difficile de s’éveiller ? Je m’intéresse à ce qu’implique
exactement cet état naturel.
Stephen : La Conscience est ce que vous êtes. La Conscience est votre état naturel.
Voyez-vous ces mots, maintenant ? Etes-vous conscient de voir ces mots, en cet
instant ? La Conscience est-Elle difficile ? Vous êtes cette Conscience. S’éveiller, c’est
simplement reconnaître que vous êtes la Conscience et que Jim et l’histoire de sa vie
sont un rêve.
C’est le penser, le questionnement et les efforts pour trouver des réponses qui sont
difficiles. Ce ne sont toutes là que des fonctions de l’esprit et le mental n’est pas la
source de la paix. C’est beaucoup plus simple que vous ne pourriez l’imaginer. Si vous
trouvez cela difficile, c’est que vous accordez votre attention aux pensées, aux idées,
52
aux sensations (à des trucs du mental) et pas à la simplicité de votre propre Etre – à
la paix qui est votre état naturel, à votre essence en tant que Conscience.
33.
Y A-T-IL UNE PROGRESSION NATURELLE ?
Question : Devrait-il y avoir un sentiment de liberté ou d’aisance ?
Stephen : Un sentiment de liberté et d’aisance apparaîtra et puis un sentiment de
contraction et de malaise. Des pensées et des sentiments heureux apparaitront et puis
des pensées et des sentiments tristes. Des sensations physiques agréables
apparaitront et puis des sensations physiques douloureuses. Il n’y a pas de problème
avec les pensées, les sentiments ou les sensations qui apparaissent. Les pensées, les
sentiments et les sensations ne sont pas la cause de la souffrance. La souffrance
commence, lorsque se produit le rejet d’une pensée, d’un sentiment ou d’une
sensation et l’impression que ‘’je’’ dois agir pour éviter cette expérience, maintenant
et à l’avenir, et lorsque se produit l’acceptation d’une pensée, d’un sentiment ou d’une
sensation et l’impression que ‘’je’’ dois agir pour m’accrocher à cette expérience,
maintenant et à l’avenir.
La cause sous-jacente de la souffrance est la croyance ou l’impression qu’au fond de
vous, il y a une entité qui contrôle, un ego, un moi qui peut exercer son contrôle sur
les pensées, les sentiments et les sensations qui apparaissent et que pour être heureux
et en paix, ‘’je’’ dois exercer ce contrôle. ‘’Je’’ dois agir pour m’assurer que ‘’je’’ serai
toujours heureux et jamais malheureux.
Cette tentative pour contrôler nos pensées, nos sentiments et nos sensations nous fait
emprunter de nombreuses voies au cours de notre vie et quand nous apprenons qu’il
est possible de trouver l’Illumination, cela devient le moyen ultime pour acquérir et
garantir le contrôle de notre expérience. Nous supposons que l’obtention de
l’Illumination nous procurera le contrôle ultime de nos pensées, de nos sentiments et
de nos sensations, mais il s’avère que l’Illumination est la réalisation qu’il n’y a
personne ici qui puisse être illuminé, qu’il n’y a pas d’entité qui contrôle, pas d’ego,
pas de moi distinct(if) qui puisse exercer son contrôle sur les pensées, sur les
sentiments et sur les sensations qui apparaissent. Lorsque cette réalisation se produit,
on pourrait dire que l’on s’en remet à tout ce qui apparaît. La reconnaissance est qu’il
n’y a ici personne pour rejeter ou pour accepter ce qui apparaît – il n’y a que la
Conscience, et la Conscience est Ce que Je suis.
Alors oui, il y a une impression sous-jacente permanente de liberté et d’aisance et
cette impression sous-jacente de liberté et d’aisance n’est pas touchée ― même par
des sentiments de contraction et de malaise. N’y a-t-il pas là une contradiction, direzvous ? Quand vous êtes en paix avec la guerre, vous êtes toujours en paix ― même en
pleine guerre ! Quand la réalisation se fait qu’il n’y a là aucune entité qui contrôle en
vous, pas d’ego, pas de moi qui contrôle, il n’y a plus personne pour se battre ! Il n’y a
53
plus personne pour rejeter, ni accepter tout ce qui apparaît. Tout ce qu’il y a, c’est la
Conscience et Vous êtes Cela. Là réside la paix qui dépasse toute compréhension.
Q : Y a-t-il un genre de progression naturelle jusqu’à ce que vous demeuriez
seulement en tant que Conscience ?
S : Il n’y a pas de progression naturelle de la Conscience. La Conscience est toujours
ici et maintenant, mais il peut y avoir une diminution naturelle de l’influence que les
pensées, les sentiments et les sensations ont sur votre expérience.
Quand vous avez tenté tout ce à quoi vous pouvez penser pour prendre le contrôle de
votre vie et que rien n’a fonctionné, vous pouvez vous asseoir tout seul et rechercher
le moi que vous présumez être. Vous rechercherez l’ego, l’entité qui contrôle que vous
croyiez être et vous ne trouverez rien ! Il n’y a là pas d’ego, pas de moi, pas d’entité
qui contrôle. Si vous étiez une entité qui contrôle, n’auriez-vous pas pris le contrôle
de votre vie, il y a des années ? Il n’y a ici personne. En voyant ceci clairement, il y a
un sentiment de soulagement, de paix et d’aise qui résulte.
A ce stade, il est toujours possible et il n’est pas rare que des doutes et des pensées
contradictoires surgissent, même après avoir vu ceci, mais maintenant, vous savez
qu’il n’y a ici aucune entité qui contrôle pour contrôler ces pensées, et ainsi les
doutes, les peurs et les pensées contradictoires sont emportés comme des feuilles
mortes par la brise d’automne. Vous les remarquez, mais vous restez indifférent et
non affecté.
Q : Il me semble que je dois remarquer de plus en plus qu’il y a la Conscience d’abord
avant tout le reste ?
S : Remarquez la Conscience, à l’instant même. Etes-vous conscient ? La Conscience
est toujours ici et maintenant, et vous êtes la Conscience. Cela résume tout
l’enseignement en une seule phrase ! Cette compréhension peut être votre expérience
quotidienne.
34.
LA RECONNAISSANCE NE SE PRODUIT PAS
Question : La reconnaissance ne se produit pas, alors que puis-je faire ?
Stephen : Etes-vous conscient, en cet instant ? Il n’y a rien d’autre à reconnaître.
Q : Jim est très réel, ce corps est réel, et le monde est très distinct pour moi.
S : La Conscience est primordiale. Jim et le monde sont secondaires. Jim et le monde
existent-ils, si Vous n’êtes pas là pour les observer ? Alors, quelle est votre nature
essentielle : la Conscience ou Jim et son monde ?
54
Q : Je ne vois pas comment je suis censé cesser de prêter attention aux pensées et
prêter attention à cette ‘’simplicité d’être’’.
S : Prêter attention aux pensées n’est pas un problème, à moins que vous ne les
croyiez. Rien ne peut vous troubler, à part votre propre imagination, pas vrai ?
Q : Je n’ai aucun contrôle, ni aucune capacité pour arrêter de prêter attention à la
pensée et prêter attention à la simplicité de mon Etre.
S : Etes-vous conscient, en cet instant ? Quel contrôle ou quelle capacité faut-il pour
savoir que vous êtes conscient, en ce moment ?
Q : Essayer relève de l’ego, de toute façon, donc, cela ne peut pas être cela.
S : Essayez-vous d’être conscient ? Essayez donc de ne pas être conscient ! Pouvezvous éluder la Conscience ?
Q : Pas étonnant que personne ne pige ce truc. Soit c’est la grâce qui le fait, soit
qu’elle ne le fait pas.
S : Il n’y a rien à piger. La grâce est-elle requise pour que vous soyez conscient ? Ce
n’est qu’une absurdité conceptuelle de plus.
Q : Cette Conscience n’apporte aucune connaissance, pas vrai ? Les pensées d’une
personne éveillée ne sont pas plus valables, ni vraies que celles d’une personne qui ne
l’est pas ? Alors, toutes les pensées concernant la cosmologie ne sont juste que de
l’imagination ? Comme la description des mondes astraux de Yogananda, etc. ?
S : Que sait la Conscience ? Les pensées, les idées et les croyances sont de la substance
mentale et on peut en discuter et en débattre à n’en plus finir. Votre existence en tant
que Conscience ne peut pas discutée. La Conscience est toujours ici et maintenant.
Votre nature essentielle, c’est la Conscience. Il n’y a qu’une seule pensée que l’on
puisse exprimer et que l’on ne peut pas nier, c’est ‘’Je suis’’.
35.
COMMENT ALLER AU-DELÀ DU MENTAL ?
Question : Dans votre correspondance intitulée ‘’Y a-t-il une progression naturelle ?’’,
vous avez écrit ce qui suit : ‘’Quand vous avez tenté tout ce à quoi vous pouvez penser
pour prendre le contrôle de votre vie et que rien n’a fonctionné, vous pouvez vous
asseoir tout seul et rechercher le moi que vous présumez être. Vous rechercherez l’ego,
l’entité qui contrôle que vous croyiez être et vous ne trouverez rien !’’
Je deviens quelque peu frustré, quand je lis ce genre de choses. Comment se fait-il que
quand je cherche l’ego (moi séparé), j’en trouve un ? Cela semble être une gestalt de
sentiments, de sensations, de pensées, de souvenirs et de Conscience.
55
Stephen : Les sentiments, les sensations, les pensées et les souvenirs apparaissent et
disparaissent. Ce qui doit toujours être ici pour les observer, c’est la Conscience,
juste ? Alors, quelle est votre nature essentielle : les sentiments, les sensations, les
pensées et les souvenirs – ou la Conscience ? Quel est l’ego ou le moi séparé que vous
trouvez ? A-t-il le contrôle ? Est-il un problème ? Il n’a pas le contrôle et il n’est pas
un problème, pas vrai ?
Q : J’ai aussi lu que la réponse est au-delà du mental, mais comment aller au-delà du
mental ?
S : Le mental est le processus de la pensée. Pouvez-vous aller au-delà du processus de
la pensée ? Qu’êtes-vous ? Le mental apparaît en vous, d’accord ? Etes-vous le
processus de la pensée où êtes-vous conscient du processus de la pensée ? Rendez ceci
pratique à l’instant. Ces mots représentent des pensées. Les voyez-vous ? Voyez-vous
vos propres pensées qui apparaissent en réponse à ces mots ? Des pensées
apparaissent en vous maintenant, d’accord ? Etes-vous conscient des pensées, du
processus de la pensée qu’est le mental ? Oui ? Vous êtes au-delà du mental,
maintenant. Vous avez toujours été au-delà du mental !
Expérimentez-vous maintenant comme Conscience. Prenez conscience de votre
environnement : prenez conscience de la chaise sur laquelle vous êtes assis, des bruits
de fond, de la température de la pièce, des pensées qui apparaissent, des sensations
physiques. Vous êtes pure Conscience. La Conscience n’est pas une pensée, ni un
sentiment, ni une sensation. La Conscience ne peut pas être saisie par le mental, ni
par le corps. Le mental et le corps apparaissent dans la Conscience. Le corps et le
mental changent toujours. La Conscience est toujours ici et maintenant, immuable,
non affectée, paisible. En vous connaissant comme Conscience maintenant, vous vous
connaissez comme la paix que vous recherchiez en utilisant votre mental. Il n’y a pas
de paix dans le mental. Il n’y a pas de problèmes avec la Conscience.
36.
DONNEZ-VOUS QUINZE JOURS
Question : Une partie du problème, c’est que j’ai toujours considéré la conscience
comme un attribut de l’esprit. Dans les cercles non-dualistes, la définition de l’esprit
paraît n’être que la pensée. Oui, les sentiments, les pensées et les souvenirs sont
inclus dans la Conscience, mais la Conscience paraît aussi aller et venir, pendant que
l’esprit se perd dans un train de pensées.
Stephen : Y a-t-il jamais un moment où vous pouvez dire ‘’la Conscience est partie,
maintenant’’ ? Même si vous vous focalisez sur le train des pensées, la Conscience a-telle disparu ? Il n’est pas possible que la Conscience aille et vienne. Essayez de faire
partir la Conscience ! Vous êtes la Conscience. Ce qui va et vient, c’est la pensée ‘’je
suis conscient, maintenant’’. La pensée ‘’je suis conscient, maintenant’’ n’est pas la
Conscience.
56
Q : L’ego paraît avoir un contrôle minimal. Je puis essayer de faire des choses et
parfois, cela paraît marcher et parfois, cela ne marche pas. Mais si ce n’est pas le cas,
si je ne contrôle pas, cela semble être un problème, puisque j’ai alors l’impression que
je dois faire plus d’efforts.
S : Vous n’avez pas contrôlé votre naissance. Vous ne contrôlerez pas votre mort. Et
vous ne contrôlez rien entre les deux. L’Illumination, c’est voir qu’il n’y a pas d’entité
qui contrôle distinct(iv)e là en vous, pas d’ego – personne qui puisse être illuminé, et
réaliser que ce vous êtes en essence, c’est la Conscience. Par ailleurs, vous ne faites
pas plus d’efforts ; des efforts se produisent.
Q : Même si je peux voir que la pensée est incluse dans la Conscience et que ce que je
suis, c’est la Conscience, la Conscience que je suis paraît toujours avoir des
problèmes. Par exemple, je travaille très dur, ces derniers temps, ce qui me fatigue et
me rend anxieux. Par conséquent, la fatigue et l’anxiété existent dans la Conscience.
La Conscience est la fatigue et l’anxiété.
S : La fatigue et l’anxiété sont des états du mental. Le mental est le processus de la
pensée. La Conscience n’est ni fatiguée, ni reposée, ni anxieuse, ni à l’aise. La
Conscience est, simplement. Si la pensée ‘’je suis fatigué et anxieux’’ n’apparaît pas, y
a-t-il une telle chose telle que la fatigue ou l’anxiété ?
Q : Ce qui est curieux avec ce genre de dialogue, c’est que mes questions paraissent
être défensives et ergoteuses, mais je n’ai aucun problème du tout avec ce que vous
dites. J’essaye juste de l’expérimenter, plutôt que d’être juste intellectuellement
d’accord avec cela.
S : Donnez-vous quinze jours pour aller au fond des choses et faire en sorte que la
compréhension intellectuelle devienne votre expérience. Découvrez par vous-même,
par votre propre expérience directe ce qu’est votre nature essentielle – pas
conceptuellement, mais expérientiellement. Etes-vous l’ego ? Avez-vous le contrôle de
votre vie et de votre expérience ? Etes-vous celui qui contrôle ou êtes-vous la pure
Conscience ?
L’idée d’être une entité distinct(iv)e qui contrôle (l’ego) est la source de toute
souffrance. Allez au fond des choses. Contrôlez-vous, oui ou non ? Pas peut-être ou
parfois un petit peu. Oui ou non ? Etes-vous conscient, oui ou non ? De nouveau, pas
peut-être ou parfois un petit peu. Oui ou non ?
Q : Je suppose que vous avez vous-même vécu la même chose et que vous voudriez
pouvoir me dire comment vous êtes passé de l'identification au moi distinctif à la
perception du fait que vous n'êtes pas séparé.
S : Voyez-vous que l'unité n'existe pas ? En voyant qu'il n'y a pas d'unité, vous voyez
qu'il n'y a pas de séparation. La séparation et l’unité sont deux concepts. La
Conscience n’est pas un concept. Vous êtes la Conscience.
57
Q : Il y a des moments où j’ai l’impression d’expérimenter directement la réalité, où il
y a un genre de tranquillité et où ce qui est semble revêtir une dimension
supplémentaire, mais même alors c’est le moi distinct qui vit une expérience. Je n’ai
que rarement entrevu le sentiment de l’absence d’un moi. Assez bizarrement, cela
arrive parfois quand je regarde dans le miroir et quand je vois le reflet comme n’étant
pas moi.
S : Vous ne pouvez pas expérimenter la réalité. Il n’y a aucune dimension
supplémentaire. Il n’y a pas de moi distinct qui puisse avoir une expérience de
tranquillité. Il n’y a pas de sentiment d’absence de soi. Il n’y a rien de tel que la
réalité. Les anecdotes que vous avez citées ont l’air bonnes, mais après enquête, elles
sont reconnues comme une absurdité conceptuelle.
37.
CONTINUEZ À POSER DES QUESTIONS JUSQU’À CE
QU’ELLES SE SOIENT CONSUMÉES
Question : Chaque fois que je le remarque, je vois que je suis conscient, mais le corps,
le mental et tout ce qui va avec sont également très réels.
Stephen : Votre corps existe comme une suite de sensations fluctuantes : certaines
douloureuses, d’autres plaisantes. Votre mental existe comme un courant de pensées :
certaines heureuses, d’autres malheureuses. Dire que vous n’êtes pas le corps, ni le
mental ou que ceux-ci ne sont pas réels n’est pas tout à fait vrai. Néanmoins, votre
corps et votre mental ne sont pas votre nature essentielle et ils ne sont pas
problématiques. Vous n’avez pas le contrôle de votre corps, ni de votre mental. Votre
corps et votre mental fonctionnent tout seuls. Le corps et le mental ne deviennent
problématiques que si vous croyez les contrôler. Vous ne contrôlez rien du tout. En
fait, il n’y a pas d’entité qui contrôle distincte là dans votre corps ou dans votre
mental. Toutes les sensations ou toutes les pensées qui se produisent dans votre corps
et dans votre mental se sont produites toutes seules. La Source de toute l’existence
qui comprend votre corps, votre mental, vos pensées et vos sensations est un mystère.
Certains parlent de Dieu, d’Intelligence, de Vie universelle, de l’Esprit du
Bouddha…Quel que soit le terme que nous utilisons, la Source est un mystère absolu.
Q : J’essaye de me concentrer de plus en plus sur la Conscience. Devrait-il y avoir un
sentiment de paix ? Il n’y a aucune connaissance de la liberté. Il semble qu’il y ait
toujours une limitation.
S : Où vous trouvez la paix, il y a un potentiel de guerre. Où vous trouvez la liberté, il
y a un potentiel de servitude. Vous ne contrôlez ni la paix, ni la guerre. Vous ne
contrôlez ni la liberté, ni la servitude. Vous ne contrôlez rien du tout. Vous n’existez
pas en tant qu’entité qui contrôle distinct(iv)e ! Une fois que l’impression d’être
l’auteur personnel de l’action est vue comme étant fausse, vous vous connaissez vousmême uniquement en tant que Conscience. Cette Conscience est la Paix qui est en paix
avec la guerre. Cette Conscience est la Liberté qui est libre, même quand elle est liée.
58
Q : J’ai lu ce qui suit : cette Conscience est toujours fraîche et toujours neuve (ce n’est
pas ce qui est connu ici), paix illimitée (non reconnue ici), Conscience éclatante et
resplendissante (non reconnue ici). Je sais que ceux qui savent sont 100 % convaincus
et je puis sentir la vérité de ce qu’ils disent, mais ici, il n’y a que cette simple
conscience ordinaire !
S : Il y a beaucoup de termes qui sont utilisés pour décrire la Conscience. Vous avez
probablement entendu les termes ‘’vacuité’’ et ‘’plénitude’’. Tous les deux sont
corrects. Comment cela se peut-il ? La Conscience n’est ni vide, ni pleine. La
Conscience peut être qualifiée d’ ‘’éclatante’’ et de ‘’lumineuse’’ ou de ‘’profonde’’ et d’
‘’obscure’’. A nouveau, les deux sont corrects, mais la Conscience n’est ni lumineuse,
ni obscure.
Si vous avez découvert une description de la Conscience qui vous plaît – comme
toujours fraîche et neuve, resplendissante ou paisible et que vous recherchez cela,
vous serez frustré ! La Conscience est. Point. Elle n’est ni ordinaire, ni extraordinaire.
Elle est, simplement. Tout ce qui peut être décrit n’est pas la Conscience.
Q : Je ne sais pas quoi dire d’autre (cela ressemble à beaucoup de plaintes de l’ego et
je sais que c’est ce que c’est) !
S : Des plaintes, des doutes et des préoccupations apparaissent sous la forme de
pensées. Les pensées sont mortes. Elles sont dénuées de pertinence. Je ne crois
aucune de vos pensées. Les croyez-vous ? Par ailleurs, il n’y a rien de tel qu’un ego.
C’est juste une autre pensée.
Q : Pourtant, il n’y a aucune conviction ici que Je Suis Cela !
S : Vous êtes conscient. Cela nécessite-t-il de la conviction ? Continuez de poser toutes
les questions que vous avez. Il se peut que vous soyez très près de voir toutes vos
questions consumées. Vous ne le croirez pas, quand vous constaterez à quel point
c’est réellement simple. Vous regarderez en arrière et vous vous demanderez
comment vous avez pu manquer quelque chose qui a été apparent toute votre vie et
qui est si simple et si évident. Vous risquez de rire si fort que vous en aurez mal aux
côtes. C’est ce qui m’est arrivé. N’abandonnez pas. Vous êtes à la porte.
38.
QU’EST-CE QUI VOUS EMPÊCHE DE VOIR CELA ?
Question : Ici, le niveau de frustration a considérablement diminué. Il y a juste un
sentiment de résignation, un simple haussement d’épaules. C’est ainsi que sont les
choses, maintenant. Hélas, il y a toujours tellement d’identification avec la pensée.
Quoi qu’il en soit, si vous pouviez me donner votre évaluation de ma situation actuelle
sur la base de notre correspondance, n’hésitez pas à le faire, je vous prie.
59
Stephen : Voici mon sentiment de ce qu’a été votre expérience : sur la base de vos
questions posées jusqu’à présent, il semble que vous vous soyez focalisé sur vos
attentes par rapport à ce que la compréhension pourrait apporter à votre expérience.
De manière compréhensible, il semble que vous recherchiez une expérience de paix et
de liberté. Vous voulez vous affranchir de votre identification à la pensée et voir le
corps et le mental comme irréels ou ‘’pas moi’’ et vous voulez l’expérience paisible et
simple de vous connaître en tant que Conscience et non en tant qu’ego séparé.
De telles attentes sont parfaitement raisonnables sur base de ce que vous avez lu et
entendu pendant votre quête spirituelle. Après tout, c’est la description de l’état
d’Illumination sur lequel on écrit et dont on parle depuis des milliers d’années.
J’utilise aussi des termes comme ceux-ci dans mes écrits. A un moment donné ―
peut-être maintenant ― vous constaterez que toutes les paroles, tous les propos,
toutes les descriptions qui suscitent des espoirs de paix, de joie et de liberté ne sont
que des mots, des concepts, des idées et des croyances.
Vous réaliserez que votre recherche d’Illumination était de la vaste blague. Vous
verrez que la seule vérité que vous savez avec certitude, c’est que vous existez, que
vous êtes conscient – vous êtes la Conscience elle-même. Vous verrez que vos espoirs
qui avaient été entretenus par les écrits et par les propos concernant l’Illumination
étaient à côté de la plaque. La Conscience est tellement simple et fondamentale que
toute tentative pour la décrire suscite de faux espoirs qui provoquent de la frustration
et de la déception.
La Conscience est. Point. Votre existence en tant que Conscience est ce qui est
indiqué. La Conscience est toujours. Le contenu de la Conscience n’est pas important.
Le contenu de la Conscience peut être paisible ou perturbant ; il peut être léger et
facile ou pesant et sombre ; il peut être plaisant ou douloureux. Mais la Conscience est
toujours. Le contenu de la Conscience évolue toujours. Toute tentative pour vous en
emparer ou pour l’éluder est infructueuse et frustrante.
Vous êtes la Conscience. En vous connaissant vous-même en tant que Conscience, et
non en tant que son contenu, vous êtes en paix avec tout ce qui apparaît. Connaissezvous en tant que Conscience et votre recherche est terminée. Etes-vous la Conscience
ou son contenu ?
Continuez à poser des questions jusqu’à ce qu’elles se soient consumées. Ce qui reste,
quand les questions sont épuisées, c’est ce que vous cherchez, ce qui a toujours été ici
― non pas parce qu’il a été répondu à vos questions, mais parce que vous avez
constaté qu’elles étaient non pertinentes et à côté de la plaque. Vous avez constaté
que vous êtes la pure Conscience et rien d’autre ne compte réellement. Allez jusqu’au
fond des choses et vous en aurez fini pour du bon avec votre quête. Il est possible que
vous vous retrouviez même en train de partager la Liberté que vous avez découverte
avec les autres ! Alors, quelque chose d’autre vous empêche-t-il de voir ceci ?
60
39.
LA MORT ET LA RÉINCARNATION
Question : Quand je vous ai interrogé sur la réincarnation, vous avez dit : ‘’Qu’est-ce
qui se réincarne ?’’ Je suppose que c’est votre opinion qu’il n’y a rien qui se réincarne.
Donc, cela ne se produit pas.
Stephen : Avoir une opinion sur la réincarnation est inutile pour vivre en paix.
Q : Si vous me dites simplement que je suis la Conscience et que je ne m’en rends pas
compte, alors il n’y a aucune raison de communiquer davantage et je suis tout aussi
perdu qu’avant. Bien entendu, toute cette mentalisation est dénuée de sens pour vous,
mais ne devez-vous pas m’atteindre là où je suis ?
S : C’est précisément là où j’essaye de vous atteindre, au niveau du ‘’Je Suis’’. Point. Je
vous indique où vous êtes, ici et maintenant. Vos questions démontrent que votre
intérêt est partout, sauf ici et maintenant. Quand vous serez plus intéressé par vousmême, en tant que ‘’Je suis’’, ici et maintenant, et moins intéressé par ‘’j’étais’’ ou par
‘’je serai’’, nos communications pourront vous aider à réaliser que vous n’êtes pas
perdu, que vous avez toujours été chez vous.
Q : Avez-vous lu l’article sur la réincarnation que je vous ai envoyé ? Si vous et si
l’auteur de l’article êtes tous les deux la Conscience elle-même, alors pourquoi n’êtesvous pas d’accord sur la réincarnation ?
S : Etre d’accord ou pas concernant la réincarnation peut être divertissant, comme
discussion intellectuelle, mais encore une fois, votre focalisation sur la réincarnation
démontre un intérêt pour le ‘’j’étais’’ et pour le ‘’je serai’’, alors que ce qui
m’intéresse, c’est de vous indiquer qui vous êtes en tant que ‘’Je Suis’’. Il ‘y a aucune
paix dans ‘’j’étais’’ et dans ‘’je serai’’. Il n’y a aucun problème dans ‘’Je Suis’’.
Q : Alors, la mort apporte l’Illumination instantanée ? Avec la mort du corps et du
mental, c’est bingo, la fin de la partie ?
S : Qui devient illuminé ? Qui meurt ? Mourez-vous chaque nuit, quand vous allez
dormir ? Vous réincarnez-vous chaque matin, quand vous vous réveillez ?
Q : Un de mes Maîtres préférés dit que la seule raison de parler de ceci, c’est que nous
n’allons pas tous au même endroit après la mort. Cela a du sens pour moi.
S : Que dites-vous de la mort, de la réincarnation et de l’Illumination ? Que voulezvous retirer de tout cela ? Si ce qui vous intéresse, c’est vivre en paix durant cette vie,
alors les questions sur la mort, la réincarnation et l’Illumination sont sans intérêt.
Vous connaître en tant que ‘’Je Suis’’ est tout ce qui est nécessaire.
61
40.
LA CONSCIENCE EST LE ‘’JE SUIS CE QUE JE SUIS’’
Question : Vous avez enfoncé le clou conceptuel ! Aussitôt que j’ai lu votre e-mail, j’ai
su exactement que c’était ce qui se passait ici. (Voir la correspondance ‘’Qu’est-ce qui
vous empêche de voir cela ?’’) Il y a eu des fois où il y avait la connaissance que ceci
est la Conscience et que la seule chose qu‘on puisse dire, c’est que la Conscience est.
Point. Cela ne signifie pas que les autres fois, Elle n’était pas là, c’est simplement qu’il
y avait tellement d’identification avec le mental et avec la pensée qu’Elle était ignorée.
Néanmoins, il y a toujours un doute que peut-être, ce n’est pas cela ?
Stephen : Vous avez dit : ‘’ Il y a eu des fois où il y avait la connaissance que ceci est
la Conscience et que la seule chose qu‘on puisse dire, c’est que la Conscience est.
Point.’’ Oui, c’est cela ! La Conscience est. Point. Et vous êtes la Conscience ! Vous
pouvez encore passer dix, vingt ou trente ans à lire, chercher, lutter et poursuivre
l’Illumination et c’est ce que vous trouverez : la Conscience est !
La Conscience est ce qui est indiqué ici. Le contenu de la Conscience n’a pas
d’importance. Vous pouvez avoir entendu parler de l’approche ‘’neti neti’’ à laquelle
Nisargadatta et d’autres se réfèrent. ‘’Neti neti’’ signifie ‘’pas ceci, pas ceci’’. Tout ce
qui apparaît dans la Conscience n’est pas la Conscience. Un doute surgit sous la forme
d’une pensée : ‘’Peut-être que ce n’est pas cela ?’’ Cette pensée n’est qu’un simple
contenu dans la Conscience et elle n’a aucune importance ! Neti neti ! Même la pensée
‘’C’est Cela !’’ n’est qu’un simple contenu et elle n’a pas d’importance. Neti neti !
Toutes les pensées sont ‘’neti neti’’. La Conscience est toujours.
La Conscience est si fondamentale et simple que cette reconnaissance peut être
ignorée et rejetée comme étant trop simple. Ne la rejetez pas maintenant ! C’est aussi
simple que cela ! Vous êtes chez vous ! Votre Conscience est Ce que toutes les
anciennes traditions indiquent. La Conscience est le ‘’JE SUIS CE QUE JE SUIS’’. Vous
êtes Cela ! Vous avez toujours été et vous serez toujours Cela ! La Conscience ne peut
pas s’acquérir. La Conscience ne peut pas se perdre. Vous êtes la Conscience. Si des
doutes surgissent, clarifions-les. Vous pouvez en terminer avec votre quête à l’instant.
Il est inutile de lutter davantage avec ceci.
41.
DISTRAIT PAR L’INESSENTIEL
Question : Eh bien, je ne vois tout simplement pas et je ne sais plus quelles questions
poser concernant l’Eveil. Je ne puis faire en sorte qu’il se produise. Il n’y a personne
ici pour le faire, n’est-ce pas ? Vu qu’il y a toujours une grande curiosité, je pose
encore des questions. Au moins pourrai-je en savoir un peu à son sujet. Je veux
m’éveiller, mais je ne vois pas comment. Alors, quid, maintenant ? Je suis sûr que les
gars qui sont restés avec Ramana pendant trente ans parlaient de tout. Vous donnez
l’impression que j’ai le choix de m’éveiller ou non et je ne vois pas.
62
Stephen : Je viens juste de relire toutes nos communications par e-mails jusqu’à
présent et je vais vous faire une suggestion basée sur cela. Tenez-vous en à l’essentiel.
La vérité fondamentale exprimée par les traditions non-duelles est ‘’La Conscience est
tout ce qu’il y a et Je suis Cela.’’
La question critique à laquelle il vous faut répondre par votre propre expérience
directe, c’est ‘’Qui ou que suis-je ?’’ Réfléchissez à ces questions qui ont trait à la
découverte de qui ou de ce que vous êtes. Qu’est-ce que la Conscience ? Qui suis-je ?
Quelle est ma nature essentielle ? Les pensées, les sentiments et les sensations
peuvent-ils exister sans la Conscience qui est ici pour les observer ? Quel est ce
sentiment, cette sensation d’être que je ressens maintenant ? Suis-je conscient ?
Pour le moment, laissez tomber toutes les autres questions relatives à la mort, à la
réincarnation, au libre arbitre, au destin, à la grâce, à l’Illumination, à l’Eveil, aux
mondes astraux et aux citations de Maîtres ‘’illuminés’’. Répondez à la question ‘’Qui
suis-je ?’’, non pas conceptuellement, mais par votre propre expérience directe.
Personne ne peut le faire pour vous. Vous devez le voir par vous-même. Répondre à la
question ‘’Qui suis-je ?’’replacera toutes les autres questions dans la bonne
perspective.
Si vous êtes sérieux par rapport à ceci, alors donnez-vous quinze jours pour aller au
fond des choses. Tenez-vous-en à l’essentiel et vous verrez très rapidement de quoi il
s’agit. Si vous êtes distrait par l’inessentiel, vous pouvez passer le restant de votre vie
dans le mental.
42.
Y A-T-IL UN LIBRE ARBITRE OU LE DESTIN EST-IL
MAÎTRE ?
Question : J’aime vos déclarations d’après lesquelles tout ce que je sais avec certitude,
c’est que Je Suis et que tout le reste est un mystère complet. Cela résonne avec la
manière dont je vois les choses et cela dissipe beaucoup de ma confusion générée par
les enseignements de l’advaita.
Stephen : Oui, en ce moment, vous savez que vous existez, Je suis. Ce ‘’Je suis’’, nous
pouvons l’appeler la Conscience. Ainsi, nous pouvons dire : ‘’La Conscience est’’. Le
fait que ‘’la Conscience est’’ est indiscutable. Tout le reste est matière à discussions.
Q : Il semble y avoir beaucoup d’enseignements advaitiques que je ne comprends pas
et qui sont cruciaux concernant la fin de la souffrance, mais ces enseignements
m’apparaissent comme tellement de fardeaux.
S : On peut résumer l’enseignement fondamental de l’advaita en disant : ‘’Tout ce
qu’il y a, c’est la Conscience, et Je suis Cela.’’ En vous connaissant en tant que
Conscience et non plus comme une entité contrôleuse dissociée, la souffrance
disparaît, ainsi que celui qui souffre.
63
En mangeant les fruits de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal (en nous
identifiant avec, en le croyant et en faisant usage du mental discriminateur), nous
souffrons. En n’ayant que la connaissance de notre propre existence en tant que Je
suis, en tant que Conscience, il n’y pas plus ni souffrance, ni celui qui souffre, ni
fardeau.
Q : La citation ‘’Il y a action, mais pas d’auteur/acteur’’, que signifie-t-elle donc ? Je
pourrais comprendre que je ne suis pas un nom, mais un verbe. Pas une chose, mais
un processus. Et puis, ce processus est vu comme étant interconnecté avec le
processus global de l’univers.
S : C’est bien dit !
Q : Le processus d’une flamme est interconnecté avec son environnement. Des
éléments matériels entrent dans le processus, sont transformés, et des sous-produits
en sortent, le tout en continuité avec la totalité de l'environnement. Mais la flamme
reste toujours une flamme. Par analogie, une personne est un processus qui n’est pas
séparé de son environnement. Mais c’est toujours une personne. Elle est vivante,
tandis que son environnement n’est pas vivant.
S : On peut dire que la flamme et que la personne existent en tant que concepts, mais
elles n’ont aucune existence indépendante. Il n’y a aucune entité qui soit séparée du
processus universel. L’univers est un. Vous et la flamme, vous êtes l’univers.
L’univers est-il réellement divisé par la pensée ? Le fait d'étiqueter le processus de
combustion "flamme" ne sépare pas la flamme du processus universel. Le fait
d’étiqueter le processus humain ‘’personne’’ ne sépare pas la personne du processus
universel. Il y a un seul processus, un seul univers, une seule Conscience, et vous êtes
Cela.
Q : Ceci semble être deux manières tout autant valables de le considérer : la Totalité
et les parties, l’Un et le multiple. C’est un mystère absolu. Pourquoi une perspective
devrait-elle être plus importante que l’autre ? Et pourtant, d’après l’advaita, la vision
de l’Un est la vision absolue et c’est par là que la souffrance est supprimée.
S : La souffrance psychologique est supprimée en voyant et en sachant que vous
n’êtes pas une personne séparée et contrôleuse qui doit lutter et se battre pour être en
paix dans le monde et en voyant et en sachant que Ce que vous êtes essentiellement,
c'est la Conscience qui est toujours ici et maintenant et toujours en paix avec tout ce
qui apparaît. En vous connaissant vous-même en tant que Conscience, Je Suis, vous
êtes la Paix qui est en paix avec la guerre.
Q : Une autre dualité, c’est le libre arbitre contre le déterminisme (l’absence de libre
arbitre). Les philosophes semblent accepter les deux visions comme tout aussi
valables, même si elles sont contradictoires. En d’autres termes, c’est un mystère
complet. Pourtant, l’advaita dit qu’il n’y a aucun libre arbitre. Aucun libre arbitre
64
contredit aussi un autre enseignement de l’advaita, à savoir, que ce que nous sommes,
c’est la Liberté absolue. Si nous sommes la Liberté absolue, comment ne pouvonsnous pas avoir de libre arbitre ?
S : La Liberté absolue que nous sommes – Je Suis – n’a rien à voir avec les concepts de
libre arbitre ou de déterminisme. Le libre arbitre et le déterminisme sont des
concepts intéressants, divertissants à discuter et à débattre, mais il n'est pas
nécessaire d'avoir une opinion sur eux pour vivre en paix.
Juste pour la valeur du divertissement, examinez ces questions : si nous avons le libre
arbitre, pouvons-nous choisir à la place le déterminisme ? Existe-t-il une personne qui
soit séparée du processus universel et qui puisse exercer son libre arbitre ? Si vous
vous accrochez toujours au concept du libre arbitre, alors allez-y et exercez votre libre
arbitre : choisissez uniquement des pensées et des sentiments heureux durant la
prochaine quinzaine. Quelle valeur a le libre arbitre, si vous ne pouvez pas l’exercer ?
Dans ce JE SUIS CE QUE JE SUIS, il n’y a ni libre arbitre, ni destin et il y a à la fois
libre arbitre et destin. Y a-t-il un libre arbitre ou le destin est-il maître ? Tout ce que
je sais avec certitude, c’est que Je Suis. Ce Je Suis est la paix que l’on recherche en
exerçant l’intellect par des questions sur le libre arbitre et le destin. Connaissez-vous
vous-même à l’instant en tant que Je Suis et votre quête est terminée.
43.
POURQUOI DES DOUTES ?
Question : Il y a toujours ce doute : est-ce que je reconnais clairement ce qui est
indiqué et si c’est le cas, alors pourquoi des doutes ? Je sais que tout doute est une
pensée qui surgit dans la Conscience, mais je m’interroge pour savoir si je me connais
clairement en tant que Conscience.
Stephen : Il est assez courant que des doutes surgissent. Ils ne signifient rien du tout
et ils s’évaporeront. Vous savez que vous existez en tant que Conscience, sinon vous
ne pourriez pas observer l’apparition des doutes ou de n’importe quoi d’autre.
Alors que vous êtes assis devant votre clavier et que vous lisez ces mots actuellement,
il y a une vision que se produit via vos yeux. Marquez une pause et prenez conscience
de la vision. Il y a une écoute qui se produit via vos oreilles, êtes-vous conscient de
l’audition ? Sentez-vous votre corps assis là sur la chaise ? Avez-vous conscience de la
vision, de l’audition et des sensations de votre corps assis là maintenant ? Vous êtes la
Conscience de la vision, de l’audition et des sensations.
Divers objets apparaissent dans votre vision, dans votre écoute et dans vos
sensations, mais vous êtes toujours la Conscience. Sans Vous, rien ne peut être vu,
entendu ou senti. Des doutes surgissent sous la forme de pensées. Etes-vous conscient
des pensées ? Vous êtes la Conscience des doutes qui surgissent sous la forme des
65
pensées. Diverses pensées jaillissent dans la Conscience, mais vous êtes toujours la
Conscience. Sans Vous, aucune pensée ne peut jaillir.
Cet enseignement pointe vers votre nature essentielle de Conscience. Vous êtes la
Conscience. Sans Vous, rien n’existe. Vous êtes toujours la Conscience. Vous êtes
toujours ici et maintenant. Il n’est pas possible que vous soyez autre chose que la
Conscience, ni autre part ou ailleurs qu’ici et maintenant. Vous n’êtes pas touché par
les doutes.
Votre expérience est assez courante. Je me réjouis de correspondre avec vous jusqu’à
ce que vous riiez de tous vos doutes.
44.
LE KOAN DE L’ADVAITA
Question : J’ai beaucoup lu et réfléchi sur l’advaita, tout le toutim de la non-dualité.
Parfois, je pense comprendre et d’autres fois, je suis frustré. Je pense avoir des
difficultés à comprendre l’advaita et je me demande si la non-dualité ou si l’unité est
vraie.
Stephen : Les concepts de l’advaita peuvent être le koan zen ultime ! Essayer de
comprendre les concepts pour déterminer si l’hypothèse de la non-dualité est vraie ne
peut que vous laisser frustré. Plus vous étudier l’advaita et plus vous découvrirez des
concepts qui sont contradictoires.
S’évertuer à comprendre le koan de l’advaita peut démontrer les limites de l’intellect.
La réalisation peut survenir que tous les concepts peuvent être réfutés et qu’il n’y a
aucun moyen de connaître quoi que ce soit avec certitude. Cette reconnaissance peut
aboutir à ce que J. Krishnamurti appelle ‘’se libérer du connu’’, le ‘’connu’’ faisant
référence aux concepts, aux connaissances, au processus de la pensée ― qui sont tous
le mental. Etre libéré du connu ne signifie pas que le processus de la pensée ou que
l’esprit n’est plus actif, mais il est vu que tous les concepts peuvent être réfutés ou
niés. Le voir clairement vous laisse alors dans un ‘’nuage d’inconnaissance’’, ainsi que
l’a dit un mystique chrétien du 14ème siècle. Et mon favori, Nisargadatta Maharaj, a dit
ceci à propos de la compréhension et de la connaissance en évoquant sa réalisation
dans le livre, ‘’JE SUIS’’ :
‘’Je me suis retrouvé à désirer et à savoir de moins en moins, jusqu’à pouvoir dire dans
le plus pur étonnement : ‘’Je ne sais rien, je ne veux rien !’’ Auparavant, j’étais sûr de
tellement de choses ; à présent je ne suis plus sûr de rien, mais je sens que je n’ai rien
perdu en ne sachant pas, puisque tout mon savoir était faux. Mon inconnaissance était
en elle-même la connaissance du fait que tout savoir est ignorance, que ‘’je ne sais pas’’
est l’unique vraie déclaration que le mental puisse faire.’’
La compréhension ultime de l’advaita est non-conceptuelle. La compréhension ultime
est ‘’La Conscience est tout ce qu’il y a et JE SUIS CELA’’.
66
Q : Dans votre essai intitulé ‘’Comment ceci fonctionne-t-il, essentiellement ?’’, vous
avez dit : ‘’Si vous n’êtes pas conscient, quelque chose d’autre peut-il exister ?’’ Les
choses n'arrivent-elles pas indépendamment du fait que quelqu'un les perçoive ? Par
exemple, le réfrigérateur existe encore, même si je quitte la cuisine. Suis-je en train
de mal comprendre ce que vous dites ? Les choses existent, indépendamment du fait
qu’on les perçoive ou qu’on les expérimente, d’accord ?
S : Répondez à cette question sur le champ via votre propre expérience directe et non
pas d’un point de vue théorique : si vous n’êtes pas conscient en cet instant, quelque
chose d’autre peut-il exister pour vous ? Les philosophes et les physiciens ont le
plaisir (et la frustration) d’essayer de décrire la conscience en termes de concepts.
Certains disent que celui qui perçoit, que la perception et que ce qui est perçu sont
Un. Cet ‘’Un’’, c’est la Conscience. Par conséquent, la Conscience est tout ce qu’il y a.
Mon intérêt en ceci est pratique, et pas philosophique. Voir que rien ne peut vous
troubler, hormis votre propre imagination, vous libère de la souffrance
psychologique.
Q : Ma question suivante s’apparente à la précédente. Je pense avoir eu l’expérience
d’être simplement conscient et comprendre ce à quoi vous faites allusion, lorsque
vous dites ‘’Remarquez la conscience de la vision. Cette Conscience est ce que vous
êtes’’, mais il y a une certaine confusion, lorsque vous dites ‘’Sans cette Conscience,
rien d’autre n’existe’’. Pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par là ?
S : La Conscience est toujours ici et maintenant ; les objets de la Conscience changent
en permanence. La Conscience est primaire ; les objets de la Conscience sont
secondaires. Sans la Conscience, un objet peut-il être observé ?
Encore une fois, mon intérêt pour ceci est pratique, et pas théorique ou
philosophique. Pendant la plupart de ma vie d’adulte, j’ai expérimenté de la
souffrance psychologique. J’étais complètement identifié à mes pensées, à mon
histoire, à ma vie, à mon drame, à ma souffrance. A la base de ma souffrance, il y
avait la croyance que j’étais le mental, le processus de la pensée, l’ego, le contrôleur
ou le guide de la vie de Stephen. Après des années et des années de lutte, de
souffrance et de recherche, ces simples indications ont fait mouche : je ne suis pas
une entité qui contrôle distinct(iv)e, je suis la Conscience. Point final. La Conscience
est tout ce qu’il y a et Je suis Cela.
La reconnaissance que ma nature essentielle est la pure Conscience, et non pas une
entité qui contrôle distinct(iv)e a coupé mon identification avec le mental, ses
histoires, ses drames et ses tentatives incessantes et pourtant ratées de contrôler ma
vie. Quand l'identification avec le mental s'est coupée, la tentative de contrôler mon
expérience de vie s'est aussi coupée. Ainsi maintenant, la vie continue, comme elle l’a
toujours fait. Tout est comme il est – le bien, le mal et le laid, mais avec la réalisation
que lutter contre ce qui est est futile, même lutter contre la lutte !
67
Comme Paul l’a dit dans le Nouveau Testament : ‘’Je vis, et cependant pas moi, c’est le
Christ qui vit en moi.’’ Les paroles de Paul s’appliquent à nous tous, que ceci soit
réalisé ou pas.
Q : Dans votre correspondance intitulée ‘’Observez ceci’’, vous dites :
‘’Il est facile de voir et de sentir que votre cœur bat, mais que vous ne faites pas battre
votre cœur. Il est facile de réaliser que vos yeux voient, que vos oreilles entendent, que
vos poumons respirent et que vous ne faites rien de tout cela. Mais pour une raison ou
l’autre, pour ceux d’entre nous qui ont souffert, nous avons l’impression que nous
contrôlons nos pensées, nos sentiments et nos actions.’’
Vous dites que nous ne contrôlons pas la vision, l’audition, les battements du cœur ou
la pensée, mais n’est-il pas vrai que nous avons tout de même un peu de contrôle ?
Nous pouvons contrôler quand nous voyons (nous pouvons fermer les yeux), ce que
nous voyons (en regardant ici ou là). Ceci s’applique également aux autres sens et
fonctions physiques. Je me rends compte qu’il y a des limites dans la mesure où nous
pouvons modifier nos fonctions physiques, mais n’avons-nous pas un peu de
contrôle ? Et ceci n’implique-t-il pas qu’il y ait ‘’quelqu’un’’ qui procède au choix et au
contrôle, même si ceux-ci sont limités ?
S : Contrôlez-vous quoi que ce soit ? La pensée de fermer les yeux surgit et donc, vous
fermez les yeux. Avez-vous créé cette pensée qui dit de fermer les yeux ? La pensée
surgit de regarder là-bas et donc, vous regardez là-bas. Des choix sont faits et des
pensées surgissent. Y a-t-il en vous une entité qui contrôle distinct(iv)e qui fait des
choix et qui pense des pensées ?
Si vous pensez qu’il y a ici une entité qui contrôle ses pensées, alors allez-y et exercez
ce contrôle ! Pourquoi choisiriez-vous jamais une pensée malheureuse, si vous
contrôlez ? Croire que vous êtes une entité distinct(iv)e qui contrôle est à la base de la
souffrance psychologique. En vous connaissant comme Conscience, ici et maintenant,
vous êtes libéré de la souffrance psychologique.
45.
LA SOUFFRANCE PSYCHOLOGIQUE N’EST-ELLE JUSTE
QU’UNE MAUVAISE IDÉE ?
Question : J’ai lu l’un de vos écrits dans lequel vous disiez que la souffrance n’est
‘’juste qu’une mauvaise idée’’ ! Pourriez-vous me convaincre de ceci, je vous prie ?
Stephen : Examinez ces questions sur la souffrance à partir de votre propre
expérience personnelle. Ecrivez vos réponses avec vos propres mots. A partir de votre
propre perspective, décrivez votre propre souffrance. Voir clairement le processus de
votre propre souffrance personnelle aidera à répandre de la lumière sur le sujet.
Que se passe-t-il, quand vous expérimentez de la souffrance ?
68
Qui, qu’est-ce qui est à la racine de votre souffrance psychologique ?
Qu’est-ce que la Conscience ?
Quelle est votre nature essentielle ?
Q : Vous direz que je suis la Conscience, et non une personne. Je le comprends
intellectuellement, mais pour véritablement le vivre, c’est encore une autre paire de
manches ! Pourriez-vous m’aider avec ce problème qui relève bien sûr toujours de
l’ego, je vous prie ? Peut-être devrait-il y avoir plus de Conscience ?
S : La Conscience est toujours ici et maintenant. La Conscience n’augmente pas et Elle
ne diminue pas. Les pensées, les sentiments, les sensations, les histoires et les
personnes, tous vont et viennent. La Conscience s’en vient-Elle et s’en va-t-Elle
jamais ? Votre nature essentielle est-Elle une pensée, un sentiment, une sensation,
une histoire ou une personne – ou votre nature essentielle est-elle la Conscience ?
Examinez ces questions en profondeur à partir de votre propre expérience et il se
pourrait que vous soyez soulagé de la souffrance psychologique. Cela a marché pour
moi.
46.
L’AGNOSTICISME : LA SEULE VRAIE FOI ?
Question : Je pige un peu. Être pleinement présent, c’est tout ce qu’il y a.
Steven : Ce n’est pas que vous deviez être pleinement présent, c’est que vous êtes la
Présence-Conscience. Remarquez votre Présence en tant que Conscience,
actuellement.
Q : Quand je pense à des concepts non-duels, tels que ‘’le temps est le mental et le
mental est le temps’’, je m’égare.
S : Remarquez ceci maintenant : Vous êtes, ici et maintenant, vous existez en tant que
Conscience et cette pensée surgit, ‘’le temps, c’est le mental et le mental, c’est le
temps. Je m’égare.’’ Vous êtes ici, en tant que Conscience avant, pendant et après le
surgissement de cette pensée. En tant que Conscience, vous êtes toujours ici et
maintenant. Aucune pensée ne peut surgir et rien ne peut exister, à moins que vous,
la Conscience, ne soyez là pour l’observer. Le voyez-vous ?
La Conscience n’est pas une pensée. Ce n’est pas un concept. La Conscience n’a pas
besoin d’être comprise, comme un concept, mais simplement remarquée. Remarquezla maintenant. Vous ne pouvez pas vous égarer. Des pensées conflictuelles peuvent
surgir. La pensée ‘’je m’égare’’ peut surgir, mais Vous, la Conscience, Vous êtes
toujours là, observant la pensée ‘’je m’égare’’. La Conscience s’égare-t-Elle jamais ?
Q : Je peux comprendre qu’il n’y a pas de problèmes, à moins que je n’y pense, mais il
est compliqué de ne pas y penser ! Beaucoup d’histoires mentales semblent aussi bien
69
agréables, comme prévoir ses vacances, retrouver ses amis, se souvenir d’un bon
film…
S : Votre monde et vos expériences se fondent sur la pensée et la pensée principale
autour de laquelle tournent toutes vos expériences, c’est la pensée ‘’je’’. Quand la
pensée ‘’je’’ surgit, le monde surgit. Vous pouvez le constater, lorsque vous vous
réveillez, le matin. La première pensée qui suit le réveil débute par ‘’je’’ et puis alors,
vous apparaissez avec vos histoires. Il n’y a aucun problème avec cela ― à moins que
vous ne la croyiez. Si vous voyez clairement ceci, vous profiterez sans doute mieux de
vos vacances, de vos amis et d’un bon film.
En outre, que vous pensiez à des problèmes ou pas n’est pas la question, mais voir que
les problèmes ne sont rien de plus que des pensées est la clé. En voyant que les
problèmes ne sont que des pensées, la souffrance cesse.
Q : Mince alors ! Si ce truc de la non-dualité est la véritable affaire, pourquoi si peu de
gens pigent-ils ? Il y a également pas mal de critiques virulentes. Je ne me sens pas
réellement assez instruit pour juger la critique ou l’objet de la critique. Cela me fait
juste croire plus fermement en l’unique vraie foi : l’agnosticisme !
S : L’indication essentielle de la non-dualité est celle-ci : ‘’La Conscience est, et vous
êtes Cela.’’ Pouvez-vous nier votre propre existence ? La Conscience peut-Elle être
critiquée ? Avez-vous besoin d’être instruit pour réaliser que vous existez, que vous
êtes conscient ? Tous les autres concepts de la non-dualité ne font qu’indiquer ce fait.
L’agnostique réalise qu’il ne sait pas si Dieu existe, mais vous savez que vous existez,
non ? Vous n’avez pas besoin de croire que vous existez, vous savez que vous existez.
Vous pouvez exprimer le fait de votre propre existence en disant ‘’Je suis’’. De
nombreuses Ecritures religieuses font référence à Dieu, comme à ‘’JE SUIS’’ ou ‘’JE
SUIS CE QUE JE SUIS’’. Aucune croyance n’est requise. Pourquoi plus de gens ne
comprennent-ils pas cela ? C’est parce qu’ils utilisent leur intellect pour essayer de
l’appréhender. S’il y a quoi que ce soit à saisir, c’est le fait qu’il n’y a rien à saisir.
Votre propre existence, votre Etre propre, la Conscience, n’est pas quelque chose que
vous puissiez saisir. Vous l’êtes.
Q : La popularité croissante de l’advaita semble aider les gens, mais je me demande si
c’est objectivement vrai ? Je pense qu'il serait compliqué d'accepter que "le temps est
un concept dénué de sens" ou que "rien n'existe en dehors de votre conscience".
S : Vous n’avez pas besoin d’accepter ces concepts. Reconnaissez simplement votre
propre existence en tant que Conscience. Etes-vous – la Conscience – vraie ou fausse ?
Les concepts peuvent être vrais ou faux, mais vous n’êtes pas un concept.
Q : Il est intéressant que Sri Nisargadatta recommande la méditation, alors que
beaucoup d’enseignants non-duels pensent que c’est une entrave…
70
S : Dans le livre ‘’JE SUIS’’, Nisargadatta offre des indications par rapport au fait de
notre Etre propre. A certains, il pourra suggérer la méditation ou l’investigation, et à
d’autres, il pourra dire que la méditation et l’investigation ne sont pas nécessaires.
Selon mon opinion, son but est d’indiquer aux chercheurs leur propre Essence en tant
que Conscience et non d’être en adéquation avec une méthode ou des concepts nonduels.
47.
CRISES DE PANIQUE
Question : Je suis complètement en phase avec ce que vous dites concernant l’état
naturel. Tout d’abord, j’étais tout excitée par cette découverte qu’il n’y a ici personne
et j’ai éprouvé une paix, une joie et un bonheur réels, mais maintenant, il y a ce
sentiment de panique intérieure – pas tout le temps, mais souvent. Mon ego se
rebelle-t-il ? D’autres ont-ils expérimenté cet état de panique ? Je voudrais beaucoup
avoir votre point de vue concernant cet état de ‘’panique’’.
Stephen : La panique et les crises de panique ne sont pas rares. Je peux en parler à
partir de ma propre expérience personnelle. D’autres ont aussi partagé leurs
expériences, à ce propos. (Voir la correspondance intitulée ‘’Que puis-je espérer retirer
de ceci ?’’) J’ai souffert pendant plusieurs années de crises de panique qui
provoquaient de la souffrance psychologique et physique. En observant le processus
de la peur et de la panique dans ma propre expérience et en voyant que rien ne peut
me troubler, si ce n’est ma propre imagination, je ne les expérimente plus.
Examinons le processus de la peur et de la panique. La peur surgit en réaction à un
sentiment de danger ou de menace. Au niveau biologique, la peur est un mécanisme
naturel de survie. Si un serpent venimeux ou un chien enragé vous coupe la route, la
sensation d’un danger et d’une peur se manifeste et vous agissez de manière adéquate
afin d’éviter qu’un dommage ne vous soit causé. Une fois la menace écartée, ce
sentiment de danger et de peur passe et vous poursuivez vos activités.
La panique est un sentiment de peur intense et exagéré qui est essentiellement plus
psychologique que biologique. La peur se transforme en panique, quand l’imagination
fait apparaître des images et des histoires horribles concernant des choses terribles
qui m’arriveront, si je ne peux pas faire face à une menace perçue. Quand la peur et la
panique deviennent plus fréquentes et plus intenses, des symptômes physiques
comme des maux de tête, des palpitations cardiaques et des évanouissements peuvent
survenir. Cela peut devenir tellement problématique que vous paniquez même par
rapport à la possibilité d’avoir une future crise de panique. C’est donc un cercle
vicieux de peur, d’imagination et de panique.
Si vous faites l’expérience d’une crise de panique psychologique, il y a deux
présomptions sous-jacentes. La première est qu’il y a un moi, un ego, une personne
indépendante et distinct(iv)e à qui l’on peut porter atteinte et qui doit agir pour éviter
qu’on lui porte atteinte. Et la seconde, c’est la conviction que la menace imaginaire est
71
réelle. Alors, regardez et voyez si vous pouvez trouver en vous une entité qui contrôle,
indépendante et distinctive. Découvrez par vous-même s’il y a un ‘’vous
psychologique’’ auquel on peut porter atteinte. Découvrez ce que vous êtes
essentiellement. On peut porter atteinte au corps physique, mais peut-on vous porter
atteinte à vous ? Rien ne peut vous troubler, si ce n’est votre propre imagination.
La peur apparaît comme une réaction naturelle à une menace à l’encontre de votre
corps, l’organisme biologique, et il n’y a aucun problème avec cela. Le corps prendra
soin de lui-même. Mais si vous expérimentez de la souffrance psychologique et des
crises de panique, vous pouvez vous en sortir en observant le processus et en
découvrant qu’il n’y a aucune entité indépendante distinct(iv)e, aucun ego, aucun moi
à qui l’on puisse porter atteinte.
Alors, la prochaine fois qu’une crise de panique survient, demandez-vous si vous
courez réellement un risque et si quelque chose de réel vous trouble ou si c’est
simplement votre imagination. Il est possible de vous libérer de tout type de
souffrance psychologique, y compris des crises de panique.
48.
L’ATTENTION ET LA CONSCIENCE
Question : Quelle différence y a-t-il entre l’attention et la Conscience ? J’ai entendu
dire que l’attention est un outil de l’esprit et d’autres dire que l’attention est un aspect
de la Conscience. Pourriez-vous éclaircir ce point ?
Stephen : On pourrait dire que la Conscience, qui est l’Absolu, a la capacité de créer
et d’être consciente du relatif par l’intermédiaire de la fonction du mental, qui est le
processus de la pensée. L’attention est la Conscience qui opère, en tant qu’esprit.
Fondamentalement, il n’y a pas de réelle différence. La Conscience est tout ce qu’il y a
et vous êtes Cela !
On pourrait utiliser cette analogie : quand la lumière du soleil passe à travers un
prisme, on peut voir les couleurs individuelles. La lumière du soleil, c’est la
Conscience ; le prisme, c’est l’esprit ou l’attention ; et les couleurs sont
l’apparence/l’apparition relative. En définitive, tout est la Conscience.
49.
MARRE DE LA RECHERCHE !
Question : Je dois juste m’arrêter de chercher. Je trouve malaisé de formuler mes
demandes. Je me méfie de tomber dans des concepts mentaux, car l’idée même que
j’ai compris quelque chose paraît fautive. Je n’arrête pas de penser que je connais ce
dont parle Nisargadatta Maharaj, mais si j’examine ce que je pense avoir compris, je
m’aperçois que j’ai entièrement amené cette prétendue compréhension dans une
interprétation mentale qui convient pour l’état d’esprit dans lequel je suis.
72
Stephen : La compréhension ultime est non-conceptuelle. La Conscience n’est pas un
concept. Etes-vous conscient, en ce moment ? Cette Conscience, c’est ce que vous êtes.
Toute interprétation mentale prend place dans la Conscience, ici et maintenant. Même
la frustration d’essayer de comprendre apparaît dans la Conscience, ici et maintenant.
Et l’enthousiasme de sentir que vous comprenez apparaît dans la Conscience, ici et
maintenant. La Conscience est toujours ici et maintenant et elle n’est pas affectée par
des pensées ou par des sentiments de trouver ou de perdre la compréhension.
Q : Une histoire d’une trentaine d’années durant lesquelles j’ai pensé avoir compris
(en utilisant parfois des techniques de recherche extrêmes) ― plus le fait de savoir
que je n’ai rien compris ― ne me procurent aucune confiance en moi par rapport au
fait que cette fois-ci, je vais piger...
S : S’il y a quelque chose à trouver ou à comprendre, c’est bien le fait qu’il n’y a rien à
trouver ou à comprendre. L’utilisation de techniques de recherche extrêmes implique
qu’il y a quelque chose qui vous manque et que la mise en application de ces
techniques de recherche extrêmes vous procurera ce que vous n’avez pas déjà. La
Conscience est ce que vous êtes. Pendant que toute cette recherche se déroule, la
Conscience est ici et elle observe tout cet épisode.
Q : Par exemple, la déclaration suivant laquelle on l’est déjà est une confirmation
évidente de ce qui doit être vrai : que pourrais-je bien être d’autre ? Mais ce n’est pas
ma réalité vivante : je ne comprends pas !
S : Ce truc dans la déclaration qu’on l’est déjà, c’est la Conscience, et vous dites que ce
n’est pas votre réalité vivante. Je vous invite à mieux regarder. Il s’agit bien de votre
réalité vivante. Vous êtes la Conscience !
Q : Je vais reconsidérer mes questions plus méticuleusement et je verrai si je puis les
affiner.
S : Quelle est ma nature essentielle ? Qu’est-ce que la Conscience ? Est-ce que je
contrôle mes pensées, mes sentiments et mes sensations ? Suis-je une entité qui
contrôle distinct(iv)e ? Ces questions vous orientent directement vers ce que vous
êtes et elles vous aident à voir clairement ce que vous n’êtes pas. Votre recherche
prendra fin, quand vous verrez qu’il n’y a rien que vous puissiez
atteindre/obtenir/réaliser, rien que vous deviez comprendre et rien que quelqu’un
d’autre puisse vous donner. Votre recherche cessera, lorsque vous verrez que votre
nature essentielle, la Conscience, est la paix que vous recherchez et qu’elle est déjà ici.
Voyez-le maintenant !
50.
DES INDICATIONS SUPPLÉMENTAIRES ?
Question : Cela fait déjà un petit moment depuis que j’ai pris contact avec vous. Les
choses semblent se calmer ici. Il semble y avoir un sentiment de facilité de vie, mais
73
n’est-ce pas encore qu’une idée ? Si des pensées troublantes surgissent, il semble y
avoir une connaissance qu’il ne s’agit que de pensées, ainsi que la reconnaissance de
cela, de ces pensées (si cela a du sens). Quoi qu'il en soit, j'aimerais que vous me
disiez si vous avez des indications supplémentaires.
Stephen : Vous avez une solide compréhension de tout ce qu’il faut voir. Vous savez
que votre nature essentielle, c’est la Conscience. Vous savez que vous n’êtes pas une
entité qui contrôle distinct(iv)e. Vous savez que rien ne peut vous troubler en dehors
de votre propre imagination.
Vous avez clairement vu que les pensées, les sentiments et les sensations vont et
viennent en vous. Vous avez vu et compris tout ce que vous n’êtes pas ― le corps, les
sens et le mental. A présent, soyez simplement conscient de la Conscience. Vous êtes
la Conscience. La Conscience est la Liberté même. Vous êtes la Liberté même. Les
pensées, les sentiments et les sensations – tous vont et viennent. Ne leur accordez
aucune attention – il n’y a aucune paix en eux. Remarquez votre propre Conscience.
Remarquez votre essence en tant que Conscience. Remarquez que vous – la
Conscience – vous êtes toujours ici et maintenant. Il n’y a aucun problème avec la
Conscience ; il n’y a aucune liberté dans le corps et le mental. Vous n’êtes ni le corps,
ni le mental. Vous êtes affranchi du corps et du mental.
Si des pensées, des sentiments ou des sensations troublantes se manifestent,
constatez qu’ils passent et que vous, la Conscience, vous demeurez toujours.
Maintenant que vous avez cette compréhension, soyez juste simplement conscient de
la Conscience. Remarquez le sentiment d’être. Remarquez que vos yeux voient, que
vos oreilles entendent. Tous vos sens sont actifs et vous êtes conscient ! Vous êtes
libre. Vous êtes la Liberté même.
51. DES CONCEPTS À L’EXPÉRIENCE VIVANTE
Question : J’ai 55 ans et au fil des ans, j’ai vécu dans des monastères, des ashrams et
des communautés. J’ai passé du temps avec les Hare Krishna et les sikhs, j’ai été trois
fois en Inde et j’ai étudié les enseignements de l’advaita. Au cours des derniers six
mois, j’ai lu, j’ai regardé et j’ai écouté toute une série de livres, de DVD et de CD
d’enseignants non-duels.
Sur votre site web, vous avez écrit : ‘’Si nous réalisons que nous ne sommes pas la
personne limitée pour laquelle nous nous sommes pris et que nous sommes la
Conscience de tout ce qui est, alors la compréhension ultime devient notre expérience
vivante’’. J’aimerais que ceci devienne mon expérience vivante. Pouvez-vous m’aider ?
Stephen : Il est possible que la compréhension intellectuelle devienne votre
expérience vivante. Après avoir lu des centaines de livres sur la spiritualité et sur la
philosophie religieuse, discuté avec et écouté des dizaines d’enseignants au fil des ans,
74
écouté des CD et des DVD, tout se résume à ceci : tout ce que l’on sait avec certitude,
c’est que la Conscience est, c’est que JE SUIS.
Si c’est le bonheur sans le malheur ou si c’est le plaisir sans la douleur qui vous
intéresse, alors il est sûr et certain que vous souffrirez. La Conscience est. Vous êtes.
Je suis. Le bonheur et le malheur, le plaisir et la douleur vont et viennent sous forme
d’expériences dans la Conscience. Même le ‘’Je suis’’ va et vient dans la Conscience.
Contrôlez-vous vos expériences de bonheur et de malheur, de plaisir et de douleur ? Il
n’y a aucune entité qui contrôle distinct(iv)e, là, en vous ou en moi, qui peut contrôler
nos expériences. Si vous croyez que c’est le cas, alors allez-y, exercez votre contrôle et
ne choisissez que le bonheur à partir de maintenant ! Il n’y a aucun ego distinct(if)
qui puisse contrôler quoi que ce soit. Tout ce qu’il y a, c’est la Conscience, et c’est ce
que vous êtes. Découvrez par vous-même si c’est vrai.
Le bonheur et le malheur ne sont pas problématiques ― à moins qu’il y ait une
croyance, non examinée que vous, l’ego, le ‘’contrôleur de votre vie’’, vous pouvez agir
pour éviter le malheur et vous accrocher au bonheur ― ceci est la souffrance, la
résistance à ce qui est. Lorsque vous voyez que vous n’existez pas sous la forme d’une
entité qui contrôle distinct(iv)e, alors un sentiment de soulagement, un lâcher- prise
se produit. Vous ne pouvez pas lâcher prise, parce que vous n’existez pas sous la
forme d’une entité qui contrôle distinct(iv)e. Avez-vous déjà tenté de lâcher prise ?
Cela ne marche pas, mais en voyant qu’il n’y a aucun moyen pour vous d’y parvenir,
en voyant qu’il n’y a aucun ‘’vous’’ qui peut le faire, il est possible que cela se
produise.
Si vous n’êtes pas une entité qui contrôle distinct(iv)e, un ego, alors qu’êtes-vous ?
Que savez-vous sur vous qui ne peut pas être nié ? Vous savez certainement que vous
existez ― Je suis. Quel est ce sentiment d’être que vous êtes ? Quand êtes-vous ? Où
êtes-vous ? Qu’êtes-vous ? Vous existez. La Conscience est. Je suis. Point final ! Vous
êtes la Conscience, elle-même. Vous n’êtes rien que la pure Conscience. Arrêtez-vous
présentement et prenez conscience de la Conscience. Tout le reste est imagination et
rien ne peut vous troubler, à part votre propre imagination. C’est ce que les Maîtres et
les anciennes traditions indiquent. Regardez par vous-même et découvrez si c’est
également vrai pour vous.
52.
ASSISTER À LA DISSOLUTION DU ‘’JE’’
Question : Si je suis uniquement la Conscience, alors cela ne signifie-t-il pas que tout
n’est qu’un film en face d’elle ?
Stephen : Oui, votre nature essentielle, c’est la Conscience. Cela peut être une
indication efficace de dire que tout le reste n’est simplement qu’un film qui se projette
sur vous, la Conscience. Vous n’êtes pas une personne distinct(iv)e, un ego ou une
entité qui contrôle. Il n‘y a là aucun ego en vous qui contrôle le film qui se déroule
75
sous la forme de l’expérience de votre vie. Le bonheur et le malheur, le plaisir et la
douleur et toutes sortes d’expériences se produisent. Vous n’êtes ni le scénariste, ni le
metteur en scène du film. On pourrait dire que vous, en tant que personne, vous êtes
un acteur qui joue son rôle dans ce film universel. Votre nature essentielle, c’est la
Conscience ; vous n’êtes pas une entité qui contrôle distinct(iv)e. Vous n’êtes ni le
scénariste, ni le metteur en scène de l’histoire de votre vie.
Q : Cela voudrait dire qu’il n’y a rien que l’on puisse y faire et que la vie se poursuivra
comme avant. Toute action ou toute pensée qui survient se produit juste
spontanément.
S : Tout se produit spontanément. J’écris ces mots spontanément et vous les lisez
spontanément. L’action se produit spontanément, mais il n’y a pas d’auteur/acteur
distinct(if). S’il y a la croyance que vous êtes une personne distinct(iv)e, un
auteur/acteur distinct(if), vous pouvez éprouver de la souffrance psychologique et le
désir de vous libérer de la souffrance psychologique surgira spontanément. Ensuite,
vous entendez l’enseignement de la non-dualité qui dit que votre nature essentielle,
c’est la Conscience, paisible et libre et donc, vous essayez spontanément de faire de
celle-ci votre expérience vivante. Vous suivez la suggestion de découvrir qui ou ce que
vous êtes essentiellement et vous reconnaissez par vous-même que votre nature
essentielle, c’est la pure Conscience et que vous n’êtes pas une personne distinct(iv)e.
En sachant que votre Soi est la pure Conscience, un sentiment de paix et de liberté se
manifeste spontanément.
Q : L’unique différence est-elle qu’il n’y aurait aucune foi en la personne ? Il me
semble qu’il doit y avoir quelque chose de plus pour expliquer la joie et la paix
profonde que l'on dit ressentir.
S : La Conscience, la paix inhérente que vous êtes, est sans cause. Elle est,
simplement. La souffrance psychologique a une cause, et celle-ci peut être éliminée.
Que reste-t-il ? La Conscience : sans cause, sans commencement, sans fin, paisible et
libre !
Q : Par ailleurs, je ne verrais tout de même pas les choses comme si elles ne faisaient
qu'un ; la séparation existerait toujours.
S : La séparation est une fonction du mental qui est le processus de la pensée. C’est la
nature de la pensée de diviser, d’étiqueter, de catégoriser et de juger. Vous êtes la
Conscience. Le processus de la pensée qui est le processus de la séparation ne peut se
dérouler à moins que vous, la Conscience, ne soyez là pour l’observer.
Observez bien que vous, la Conscience, vous existez avant, pendant et après le
processus de la pensée. Prêtez attention à votre expérience, quand vous vous
réveillerez, demain matin. La première pensée que vous aurez sera ‘’je’’, puis votre
histoire personnelle suivra. Qu’y avait-il avant que la pensée ‘’je’’ ne surgisse ? La
76
pure Conscience ! La Conscience est là et elle perçoit la première pensée, la pensée
‘’je’’.
Vous pouvez aussi remarquer la dissolution du ‘’je’’, lorsque vous tombez endormi, la
nuit. Le monde se dissout, tandis que le processus de la pensée ralentit, et votre
histoire personnelle se ramène au seul sentiment d’être, je suis, et puis même le ‘’je
suis’’ s’estompe avec la conscience (de veille) qui s’endort. Que reste-t-il ? La pure
Conscience – la Vie même. Cette Conscience est ce que vous êtes, essentiellement.
Vous êtes la Vie elle-même. Vous êtes l’Un ! Vous ne pouvez pas voir les choses,
comme si celles-ci ne faisaient qu’un ; vous êtes l’Un ! Il n’y a pas de séparation.
Q : Je suis également perplexe, quant à la raison pour laquelle les indications parlent
de nous expérimenter en tant que Conscience, de remarquer le sens de la Conscience
ou de demeurer en tant que Conscience. Comment est-ce possible, alors que la
Conscience ne peut pas se voir elle-même, sans faire d’elle-même un objet ? Il est sûr
et certain que toute expérience de la Conscience n’en n’est pas une, puisque la
Conscience ne peut pas être expérimentée. Vous dites de prêter attention à la
Conscience que vous êtes. Si je pouvais lui prêter attention, ceci ne ferait-il pas d’elle
une apparence ?
S : Effectivement, et c’est pourquoi il ne s’agit que d’indications. Une fois qu’il est
réalisé que la Conscience est, point final, on laisse tomber toutes les indications. Une
fois que vous vous connaissez comme Conscience, toute indication qui implique une
séparation entre vous et la Conscience manque la cible. Si on se connaît comme
Conscience, ici et maintenant, comment peut-on, en tant que Conscience, prêter
attention à la Conscience ou expérimenter la Conscience ? Il n’y a aucune séparation.
Les indications les plus directes sont simples : ‘’La Conscience est’’ ou ‘’Je suis’’. Pour
certains, c’est tout ce dont ils ont besoin pour connaître ceci, mais pour d’autres, des
indications supplémentaires sont nécessaires. La majorité des enseignements nonduels sont préfacés avec une note concernant ces indications.
Il y avait celle-ci sur mon site web sur la page consacrée à la philosophie : ‘’De
nombreux mots peuvent être utilisés pour décrire la non-dualité, mais les mots ne sont
pas la chose elle-même. Tous les mots sont de nature duelle et par conséquent, les mots
ne peuvent être utilisés que comme des indicateurs.’’
Lao Tseu a dit que le Tao que l’on peut nommer n’est pas le Tao éternel, mais il a
entrepris d’écrire la suite du Tao Te King pour tenter de le décrire ou de le
‘’nommer’’ ! Telle est la nature du langage. Donc, la Conscience est !
77
53.
COMMENT SAURAI-JE QUE LA COMPRÉHENSION EST
TOTALE ?
Question : Je vous écris pour vous donner une mise à jour et pour vous poser une ou
deux questions. J’ai eu deux expériences de joie qui est venue en vagues et qui a duré
pendant quelque temps, alors bien-sûr, je veux recréer cela. Je dois me rappeler que la
joie est également un état qui va et qui vient, aussi devrais-je considérer cela comme
une expérience, d’accord ?
Stephen : Oui, ainsi que vous l’avez constaté, toutes les expériences vont et viennent.
Vous pouvez expérimenter des états de joie ou de félicité, mais ils passent. La joie
peut être suivie par de la tristesse. Essayer de s’accrocher à la joie ou d’éviter la
tristesse, c’est simplement davantage de souffrance psychologique.
Q : Vous aviez tellement raison à propos de la possibilité de voir apparaître des
doutes : ils remontent à la surface. J’ai constaté que les doutes s’insinuaient sous des
formes insidieuses, mais je me rappelle que tout cela n’est que de l’imagination, alors
je fais simplement de mon mieux pour les remettre en cause, quand ils apparaissent,
et je dois dire qu’ils se dissipent assez rapidement.
S : Les doutes apparaissent sous la forme de pensées et de sentiments. Quand les
doutes sont remis en cause et perçus comme faux, ils se dissipent.
Q : Je pense avoir épuisé toutes les manières dont je peux considérer ce concept du
‘’je’’. L'idée à laquelle je semble vraiment le mieux adhérer, c’est que si ça va et si ça
vient, c’est que ce ne peut pas être ce que vous êtes.
S : La véritable clé pour ne pas se laisser abuser par le concept du "je", c’est de voir
par vous-même que ce "je" que vous avez l’impression d’être n'a aucun pouvoir,
aucun contrôle sur votre expérience. Le ‘’je’’, le moi, l’ego, le sentiment d’être une
entité distinct(iv)e qui contrôle est faux. Vous n’avez aucun contrôle par rapport à ce
qui apparaît dans la Conscience. Vous ne pouvez pas vous accrocher à la joie, ni éviter
la tristesse. Votre nature essentielle, c’est la pure Conscience. Il n’y a aucun ‘’je’’ qui
contrôle.
Q : Cela aide d’avoir quelqu’un avec qui parler. Je veux m’attaquer de front à ces
doutes.
S : Effectivement, cela peut être utile de parler de ceci avec quelqu’un qui peut en
parler à partir de son expérience personnelle.
Q : Saurai-je réellement avec certitude quand ce sera réglé ?
S : Lorsque vous avez clairement vu que votre nature essentielle, c’est la pure
Conscience et que vous n’êtes pas un ego contrôleur distinct(if), votre quête
spirituelle s’arrête. Vous constaterez que vous avez perdu le désir ardent ou le besoin
78
ou l’intérêt dévorant de lire des livres spirituels, de vous rendre à des séminaires ou à
des retraites. Votre intérêt pour les choses spirituelles pourra perdurer, mais sans le
douloureux désir d’être libre. Vous éprouverez un sentiment de paix sous-jacent par
rapport à tout ce qui apparaît dans la Conscience. Le bonheur et le malheur, le plaisir
et la douleur, tout va et vient, mais sans résistance à ce qui est, sans souffrance
psychologique.
J’appelle cette réalisation vivre en paix, l’état naturel. Vivre en paix est une
description réaliste de votre expérience quotidienne, lorsqu’il n’y a aucune souffrance
psychologique, aucune résistance à ce qui est. L’état naturel est une expression qui
fait référence à votre essence en tant que Conscience. La Conscience ne peut pas
s’acquérir, ni se perdre, c’est votre état naturel éternel. Lorsqu’il est réalisé que vous
n’êtes pas une entité contrôleuse distinct(iv)e et que votre nature essentielle est la
Conscience, vous vivez en paix, l’état naturel.
Q : Je pense que j’attends toujours une expérience de ‘’non-moi’’ qui soit de nature
transcendantale, bien qu’il est assez clair qu’il n’y a pas de moi. Ou bien je pense que
ce genre d’expérience finira par se produire, si je m’en tiens à l’essentiel.
S : Vous pouvez avoir toutes sortes d’expériences transcendantales, de visions
profondes ou d’épiphanies. Ces expériences ou ces visions peuvent durer un petit
moment ou bien passer rapidement. Vous n’avez aucun contrôle sur ces expériences.
Elles vont et elles viennent d’elles-mêmes. Vous ne pouvez pas vous accrocher aux
expériences plaisantes, ni éviter les expériences déplaisantes.
Q : J’ai aussi voulu m’accrocher à cette joie, pensant qu’elle pourrait à nouveau partir,
comme cela s’est produit tant de fois auparavant, mais je suis quasiment sûr de savoir
pourquoi. J’ai laissé les doutes revenir et je les ai crus. Ce sont tous des doutes
sournois aussi, je suppose. Et cela vous use, quelque part.
S : Effectivement, c’est usant ! Quand vous réalisez qu’il n’y a pas d’entité contrôleuse
distinct(iv)e, de ‘’vous’’ qui peut s’accrocher à la joie ou éviter les doutes, il y a un
fameux sentiment de soulagement. Il n’y a là personne pour s’accrocher à tout ce qui
apparaît ou lui résister. La Conscience est tout ce qu’il y a et vous êtes Cela. Il n’y a
rien que vous deviez faire. Quel soulagement !
54.
LA PEUR DE LÂCHER L’ESPRIT
Question : Je remarque qu’il semble y avoir un élément de panique à l’idée de laisser
tomber l’esprit.
Stephen : ‘’Qu’entendez-vous par ‘’laisser tomber l’esprit’’ ? Faites-vous allusion à la
perte du sentiment d’avoir le contrôle ? Si vous pensez être l’esprit et que c’est votre
esprit qui contrôle, alors il est compréhensible qu’un sentiment de panique puisse se
79
manifester, si l’on renonce à contrôler. Mais l’esprit a-t-il le contrôle ? Etes-vous
l’esprit ? Avez-vous le contrôle ?
L’esprit (le mental) est le processus de la pensée. Des pensées surgissent dans la
Conscience, et on appelle un tel processus le mental. Le mental n’a ni existence
indépendante, ni pouvoir, ni contrôle. Ce n’est qu’une série de pensées qui surgissent
dans la Conscience. Alors, quand l’esprit lâche, tout ce qui arrive, c’’est que ce sont les
pensées qui lâchent. Et quand les pensées lâchent, que reste-t-il ? La Conscience,
votre nature essentielle, est toujours ici et maintenant, toujours paisible et libre.
Si vous croyez être l’esprit et que vous contrôlez vos pensées, vos sentiments et vos
sensations, alors il est compréhensible qu’un sentiment de panique soit expérimenté,
quand vient l’idée de lâcher l’esprit. Quand il sera clairement vu que vous n’êtes pas le
mental et que l’esprit ne contrôle rien du tout, vous expérimenterez un sentiment de
paix et d’aisance plutôt que de la panique, lorsque le mental lâche.
De plus, vous ne pouvez pas faire en sorte que le mental lâche et il n’est pas
nécessaire que les pensées lâchent pour vivre en paix. Le sentiment de panique
s’estompe, quand il est vu que votre nature essentielle, c’est la Conscience, et que
l’esprit n’existe pas comme une entité qui contrôle distinct(iv)e.
Q : Il doit y avoir une fameuse confiance dans le fait que tout ira bien, lorsque je ne
dirige pas les choses (apparemment, en tout cas). Par exemple, prenons un camion
sur la route. Si ce qui arrive est seulement enregistré, alors pourquoi est-ce que je
m'écarterais du chemin ? Bien sûr, j’ai souvent entendu que ‘’l’Intelligence-Energie’’
gèrera des situations comme celle-ci, quand elles se produisent, mais au plus profond
de moi, j’en doute.
S : Vous êtes l’Intelligence-Energie ! ‘’Il n’y a pas d’Intelligence-Energie ‘’là-haut’’ qui
s’occupera de vous ‘’ici-bas’’. Vous êtes Cela ! Toutes les pensées et toutes les actions
qui surviennent sont une expression de Cela. L’idée de faire confiance au fait que
l’Intelligence-Energie s’occupera de vous implique une séparation entre vous et
l’Intelligence-Energie. Vous êtes l’Intelligence-Energie. Vous n’existez pas sous la
forme d’une entité distinct(iv)e qui doit avoir foi/confiance en Dieu, en une
Intelligence-Energie ou tout autre concept du même acabit.
Q : J’ai depuis longtemps laissé tomber la méditation vipassana dans laquelle je me
suis immergé pendant des années, mais je m’assieds encore tranquillement et je me
place dans un état d’écoute profonde. Dans ces moments-là, je commence à
comprendre l’aspect du ‘’retournement pour voir’’ (pour moi une mauvaise
métaphore, puisque je n’arrête pas de vouloir tourner la tête comme Linda Blair dans
l’Exorciste !), mais de la panique et des doutes peuvent survenir concernant le fait de
‘’bien le faire’’ (oui, je sais qu’il n’y a rien à faire) ou même concernant le fait que je
reconnaîtrais mon vrai Soi, si celui-ci se révélait à moi.
80
S : Votre vrai Soi ou votre nature essentielle, c’est la pure Conscience, et on peut la
reconnaître sur le champ. Vous êtes en train de lire ces mots, d’accord ? Etes-vous
conscient de lire ces mots ? Etes-vous conscient de la pièce dans laquelle vous vous
trouvez actuellement ? Pouvez-vous entendre les bruits de fond ? Pouvez-vous sentir
la chaise sur laquelle vous êtes assis ? Etes-vous conscient des pensées qui surgissent
en réaction à la lecture de ces mots ? Remarquez que la Conscience doit être ici et
maintenant pour enregistrer tout ce qui apparaît. Sans vous, la Conscience, rien ne
peut se manifester dans votre expérience. Sentez-vous la présence de la Conscience ?
Vous êtes cette Conscience !
Q : J’ai écouté l’enregistrement de votre interview à la radio avec Allin Taylor et vous
avez déclaré que pour comprendre, vous deviez vous approprier la recherche. En
d’autres termes, vous deviez voir par vous-même pour intégrer cela.
S : La recherche spirituelle cesse, une fois que vous voyez par votre propre expérience
directe que votre nature essentielle, c’est la pure Conscience, et que vous n’existez pas
en tant qu’entité qui contrôle distinct(iv)e ou en tant qu’ego. Vous pouvez lire tout ce
que vous voulez là-dessus pendant des décennies, mais jusqu’à ce que vous le voyiez
par vous-même dans votre propre expérience directe, la compréhension demeure
conceptuelle. La compréhension ultime, c’est la reconnaissance non-conceptuelle que
la Conscience est et que vous êtes Cela. Aucun mot, ni aucun concept ne sont
nécessaires.
Q : Comprendre comment l’esprit opère est quelque chose de complexe et je ne pense
pas comprendre réellement comment il opère. Il semblerait que poser les bonnes
questions peut être la clé. Pouvez-vous commenter ?
S : Il pourrait être utile pour vous de clarifier quelles sont vos attentes concernant
cette compréhension ou concernant cette réalisation. Alors, que voulez-vous ?
Qu’espérez-vous retirer de ceci ? Si des questions ou si des doutes surgissent, vous
pouvez y répondre. Au bout du compte, vous constaterez que la seule question à
laquelle il faut répondre, c’est ‘’Qui ou que suis-je ?’’, et il est répondu nonconceptuellement à cette question dans votre propre expérience directe.
55.
N’ÉTANT PAS LE CORPS, DEVRAIS-JE L’ENTRETENIR ?
Question : Il y a une longue histoire de maladies cardiaques dans ma famille. Mon
père est mort à l’âge de 52 ans. Je sais qu’on ne peut rien faire concernant les gènes
dont a hérité, mais par rapport aux autres facteurs qui contribuent aux maladies
cardiaques, je peux avoir un impact là-dessus. Je peux manger correctement et je
peux faire de l’exercice régulièrement.
Stephen : Il est clair que nous ne pouvons pas changer qui sont nos parents, et nous
avons hérité d’eux nos gènes. Nous n’avons eu aucun choix en la matière, c’est
évident. Il est tout aussi clair que l’on peut prendre certaines mesures pour réduire le
81
risque de développer des maladies cardiaques en mangeant sainement et en faisant
régulièrement de l’exercice.
Certaines personnes agiront pour réduire le risque de développer des maladies
cardiaques et d’autres ne le feront pas. Manger sain et faire de l’exercice se produira
pour vous ― ou non. Avez-vous réellement le choix en la matière ? Il est intéressant
d’investiguer le processus apparent du choix et le sentiment d’être quelqu’un qui
choisit.
Q : Ma question est : cela a-t-il de l’importance ?
S : De l’importance pour qui ? Au niveau relatif ou au niveau personnel, cela compte
pour vous, pour votre famille et pour vos amis. Si vous développez une maladie
cardiaque, cela compte pour ceux à qui vous êtes lié, mais au niveau absolu ou
universel, rien n’est gagné, ni perdu. Des galaxies, des étoiles, des planètes, des corps
et des cellules naissent, vivent et meurent...L’univers gagne-t-il ou perd-il quelque
chose ?
Q : Pour emprunter une phrase à la couverture de ‘’Je Suis’’ concernant le corps : ‘’Il
n’est pas important que le corps vive longtemps’’. Il est assez dur pour moi de me
motiver pour faire de l’exercice. Il semble que je doive toujours mettre de côté ce que
j'ai appris des enseignements non-duels et laisser mon ego s'interposer. N’étant pas le
corps, devrais-je continuer à faire des efforts pour l’entretenir ?
S : Ou bien vous mangerez sainement et vous ferez de l’exercice ou bien vous ne le
ferez pas. Si des efforts sont faits pour entretenir le corps, il ne s’agit pas de vos
efforts. Il y aura des efforts ou il n’y en aura pas. Le désir et les efforts pour faire de
l’exercice et manger sainement est-il généré par l’ego ? L’ego n’est rien de plus que le
sentiment d’être une entité qui contrôle distinct(iv)e ou une personne distinct(iv)e.
L’ego n’est qu’un concept ou plus précisément, une conception erronée. L’ego n’a
aucun pouvoir. L’ego n’existe pas.
Le désir et les efforts pour faire de l’exercice et pour entretenir le corps proviennent
de la Source mystérieuse de toute l’existence. La même Source qui a créé le corps
l’exercera et l’entretiendra sainement ou elle le laissera développer la maladie et
mourir. Tour ce qui naît mourra un jour. Au niveau relatif ou personnel, cela compte,
mais au niveau absolu ou universel, rien n’est gagné, ni perdu.
56.
DÉPOSER LES OUTILS DANS LA REMISE
Stephen : Sur la base de vos courriels, il me semble que vous avez une solide
compréhension intellectuelle des indicateurs. Vous pourrez constater que la
compréhension intellectuelle s’approfondit en compréhension expérientielle, en
quelque sorte – ce qui se produit tout seul. Ainsi que vous le savez, tout survient
simplement. Vous remarquerez que dans ma réponse à vos questions ci-dessous, j’ai
82
l’impression que vous essayez de vous accrocher aux concepts de la Conscience et de
l’absence d’une entité distinct(iv)e qui contrôle. Cela semble-t-il être le cas pour
vous ?
Question : Il semble que le même problème me retient à nouveau : ce que je suis et ce
que je ne suis pas. J’ai l’impression de ne pouvoir me focaliser que sur un des deux
points clés à la fois.
S : D’accord. Examinons-les, un à la fois.
Premier point : Qu’êtes-vous, essentiellement ? Vous avez vu par vous-même que
votre nature essentielle, c’est la Conscience, OK ? Vous en avez terminé avec ce
premier point. Il est inutile de vous refocaliser là-dessus.
Second point : Vous n’êtes pas une entité qui contrôle distinct(iv)e, un ego. L’avezvous constaté par vous-même, dans votre propre expérience directe ? Avez-vous vu
que la vie se produit et que vous êtes vécu ? Ce n’est pas une question d’être d’accord,
ni de comprendre intellectuellement que vous n’avez aucun libre arbitre, mais de
constater par vous-même qu’il n’y a là en vous pas d’entité qui contrôle distinct(iv)e
et que vous ne pouvez exercer aucun contrôle sur votre expérience. En voyant
clairement ceci, non conceptuellement, mais dans votre propre expérience directe,
vous en avez terminé avec le second point. Il est inutile de vous refocaliser là-dessus.
Ces deux indicateurs sont utilisés comme des outils pour aider à déconstruire le faux
sentiment du moi. Une fois que la démolition est achevée, on dépose les outils. Il est
inutile de se refocaliser sur aucun de ces deux outils. Même ceci n’est qu’une
indication, puisqu’il n’y a aucun ego à démolir, ni personne pour effectuer la
démolition ! La vie se déroule.
Q : Je peux reconnaître que je suis la Conscience et que toutes les
apparences/apparitions se manifestent dedans, mais cette reconnaissance ne dure pas
longtemps. Je comprends que la Conscience n’est pas égarée, mais mon identité en
tant que Conscience est oubliée par les pensées.
S : Lorsque vous dites ‘’la reconnaissance que je suis la Conscience ne dure pas
longtemps’’, il me semble que vous vous référez à la reconnaissance conceptuelle que
‘’je suis la Conscience’’ ou à la pensée ‘’je suis la Conscience’’. La Conscience n’est pas
la pensée ‘’je suis conscient’’. Il semblerait que vous essayez de vous accrocher aux
outils et de les transporter sur vous en permanence. C’est un sacré fardeau. Permettez
aux outils qu’ils fassent leur travail et puis, déposez-les.
La Conscience n’est pas quelque chose dont on peut se souvenir ou que l’on peut
oublier. Les pensées, les sentiments et les sensations vont et viennent dans la
Conscience, mais comme vous l’avez constaté, la Conscience n’est jamais égarée. Il
semble que vous vous identifiez à la pensée ‘’je suis la Conscience’’, plutôt qu’à la
83
présence réelle de la Conscience elle-même. Vous n’êtes pas un concept. Vous êtes la
pure Conscience elle-même. Voyez-vous que la Conscience n’est pas un concept ?
Q : Je puis aussi regarder et voir que dans mon expérience, il n’y a que voir, entendre,
goûter, sentir, toucher et penser.
S : Dans votre propre expérience directe, vous voyez qu’il n’y a que voir, entendre,
goûter, sentir, toucher et penser. La clé ici, c’est que vous voyez ceci dans votre
propre expérience directe, OK ? Pas juste conceptuellement, mais par l’expérience.
Q : Je puis voir que le ‘’moi’’ n’est qu’un concept auquel il est fait référence et qui est
supposé exister. Cette reconnaissance ne dure également pas.
S : Lorsque vous dites que la reconnaissance que le ‘’moi’’ n’est qu’un concept ne dure
pas, voulez-vous dire par là que la pensée ‘’le moi n’est qu’un concept’’ ne dure pas ?
Il semble que la compréhension soit conceptuelle et pas expérientielle. Quand vous
verrez l’absence réelle d’un moi, d’un ego ou d’une entité qui contrôle distinct(iv)e
dans votre propre expérience directe, vous ne ressentirez pas que la reconnaissance
ne dure pas. Il n’y a pas d’ego, de moi qui va et qui vienne, uniquement les pensées
vont et viennent.
Q : Dans une partie de votre correspondance, vous commencez par clarifier que ce
que nous sommes, c’est la Conscience, puis vous avancez pour expliquer ce que nous
ne sommes pas. Le second point semble être plus compliqué pour moi et la
compréhension acquise grâce aux indications précédentes se perd parfois en essayant
de comprendre qu'il n'y a pas d'entité qui contrôle séparée. Dans une autre
correspondance, vous ne mentionnerez pas du tout le second point. Suis-je supposé
être capable de garder à l’esprit que je suis la Conscience tout en regardant et en ne
trouvant simultanément aucun moi distinct(if) ?
S : Non, vous pouvez examiner les indications une à la fois, mais souvenez-vous que
ce ne sont juste que des indications qui doivent être utilisées comme des outils.
Utilisez-les et puis, laissez-les tomber. Si vous essayez de vous accrocher aux pensées
‘’je suis la Conscience’’, ‘’je ne suis pas l’ego’’, vous serez frustré et vous vous lasserez.
Un charpentier utilise un marteau et une scie pour exécuter son travail et puis
ensuite, il les laisse dans la remise, quand le travail est terminé.
Q : Comment ces deux indications convergent-elles en une seule compréhension ?
S : Quand il est vu qu’il n’y a pas d’ego, que reste-t-il ? La Conscience. C’est la
compréhension unique, non-conceptuelle : la Conscience est. Dieu est. L’Intelligence
universelle est. L’Esprit du Bouddha est. Le Christ est. L’Ainséité est, et vous êtes cette
Ainséité. Il n’y a rien à acquérir et rien à perdre. Tout est tel quel – toujours ici et
maintenant. Il n’y a pas de séparation.
84
57.
J’AIMERAIS POUVOIR M’ÉVEILLER ET DIRE : ENFIN !
Question : Je suis attiré par les enseignements védantiques depuis pas mal d’années,
depuis la découverte des livres de Wei Wu Wei, il y a environ 35 ans. Pendant la
plupart de ces années, je me suis investi auprès d’un maître et dans une voie de yoga
qui selon moi est bidon, en ce qui me concerne, et qui ne m’a conduit nulle part. En y
réfléchissant bien, ce n’est pas si mal, puisque l’advaita enseigne qu’il n’y a nulle part
où aller. Peu importe, après toutes ces années, on pourrait penser que j’aurais dû
comprendre, maintenant. Je pense comprendre, intellectuellement. J’ai l’impression
que c’est précisément sous mon nez, comme la réponse à une énigme dont j’ai attendu
patiemment l’éclaircissement, mais maintenant, je suis fatigué par tout ceci.
J’aimerais pouvoir m’éveiller et dire ‘’enfin !’’ et en avoir terminé avec ceci. Il est
frustrant de se sentir si près de quelque chose et de ne pas avoir la perception
intuitive qui se produise, mais alors, cela a-t-il vraiment de l’importance que je
m’éveille ? Pour la Conscience, je suis Elle, que je le réalise ou pas. Alors, qui s’en
soucie ? Etant donné qu’il n’y a rien que je puisse faire pour que cela se produise,
pourquoi se préoccuper de cela ? Pour moi, la chose la plus incroyable, c’est qu’il n’y
ait rien du tout.
Stephen : Je puis certainement comprendre votre frustration. Il est très frustrant de
sentir qu’il y a une solide compréhension intellectuelle, mais qu’il y a toujours une
recherche et de la souffrance.
Depuis la perspective absolue de la Conscience ou de l’univers, il n’y a aucun
problème. Rien n’est gagné ni perdu. Mais de votre point de vue relatif à vous, votre
famille, vos amis, tout compte, tout a de l’importance. C’est à ce niveau que la
souffrance et que la recherche se produisent, et le problème de la souffrance
psychologique peut être assez rapidement et facilement résolu.
Il est utile de réaliser que l’Illumination ou que l’Eveil sont juste des concepts et qu’ils
n’existent pas comme des états que l’on puisse atteindre. Le fait de croire aux
concepts de l’Eveil ou de l’Illumination vous maintient sur le chemin de la recherche
et de la souffrance et attendre une révélation ou que cala fasse tilt vous maintiendra
également sur le chemin de la recherche et de la souffrance. Tout ce qu’il y a, c’est
ceci, ici et maintenant. Voilà. Il n’y a réellement rien à trouver.
Si vous êtes frustré et si vous éprouvez de la souffrance psychologique, il y a une
conviction sous-jacente qu’il y a autre chose que ce qui est ici et maintenant et la
conviction que vous existez sous la forme d’une entité qui contrôle distinct(iv)e
pouvant exercer sa volonté pour atteindre quelque chose de mieux ou de différent que
ce qui est, ici et maintenant. Il n’y a aucun moyen pour éviter ce qui est, ici et
maintenant – le bonheur, la peine, la colère, la joie, la paix ou la frustration. Il n’y a
aucun moyen de vous emparer des expériences plaisantes, aucun moyen d’éviter les
expériences déplaisantes. Vous n’existez pas sous la forme d’une entité qui contrôle
distinct(iv)e pouvant exercer son contrôle sur votre expérience.
85
Votre nature essentielle, c’est la pure Conscience. Votre nature essentielle n’a aucun
problème avec ce qui est, ici et maintenant. Votre nature essentielle est en paix,
même au milieu de la guerre. Voyez si ceci est vrai dans votre propre expérience
personnelle – non pas conceptuellement, mais dans votre propre expérience directe.
Que vous soyez d’accord ou non avec tout ceci est hors de propos. Ce qui importe,
c’est voir, sentir dans votre propre expérience que votre nature essentielle, c’est la
Conscience et qu’il n’y a aucun contrôleur séparé là en vous qui puisse exercer un
contrôle sur sa vie et son expérience.
Si vous voyez clairement ceci par vous-même, vous pourriez être surpris par la vitesse
avec laquelle votre quête spirituelle arrivera à son terme et vous rendre compte que
vous n’avez jamais eu aucun problème réel et que tout est bien comme çà et l’a
toujours été.
58.
J’OUBLIE SOUVENT QUI JE SUIS
Question : J’apprécie votre site web et la manière dont vous communiquez ceci,
particulièrement le point qui concerne le fait de réellement voir par soi-même, plutôt
que de simplement juste lire à ce propos, ce que j’ai fait, et cela fait une différence. Je
vois bien que la Conscience est tout ce que je suis, mais je dois dire que la Conscience
est juste un autre terme. Je pense qu’il est préférable d’utiliser un mot qui convient à
l’esprit qui l’interprète, si un mot vaut la peine d’être utilisé. Pour moi, le mot
‘’Existence’’ a plus de résonance. C’est ce que je suis, ce que vous êtes et ce que qu’est
tout le monde.
Pensez-vous que, puisque l’esprit est nécessaire pour comprendre les mots que vous
utilisez, la façon dont les mots sont interprétés dépend un peu de l’esprit spécifique ?
Est-ce la raison pour laquelle certaines indications fonctionnent pour une personne et
pas pour d’autres ?
Mon autre question est la suivante : J’oublie souvent qui je suis, particulièrement
quand je parle à des gens ou quand je suis occupé. Je pense que c’est parce que l’esprit
s’excite, assume le point de vue d’un individu et prend un peu le contrôle.
Avoir un rappel aiderait-il ou cela créerait-il simplement le problème qu’il y a là
quelqu'un à rappeler ?
Stephen : Il semble que trouver un mot ou un concept qui vous touche
personnellement fasse partie intégrante de ‘’votre appropriation de ceci’’ et aide en
quelque sorte la compréhension à s’approfondir et à passer d’une compréhension
intellectuelle à une compréhension expérientielle ou non-conceptuelle.
Vous avez dit : ‘’J’oublie souvent qui je suis, particulièrement quand je parle à des
gens ou quand je suis occupé. Je pense que c’est parce que l’esprit s’excite, assume le
point de vue d’un individu et prend un peu le contrôle.’’ Faites-vous allusion au
86
sentiment d’être une personne séparée, un ego, une entité qui contrôle distinct(iv)e et
qui semble prendre le contrôle ? Et ce sentiment se déclenche, lorsque vous parlez
avec d’autres personnes ou que vous êtes occupé, d’accord ? Ce sentiment d’être un
individu ou un ego distinct(if) va et vient. On peut dire qu’il fait partie de l’expérience
humaine. Il fait parfois partie intégrante de l’expérience d’être en relation avec
autrui : la famille, les amis et les collègues. L’ego n’a pas créé l’ego ou le sentiment
d’être une personne distinct(iv)e ; cela arrive, c’est tout. Il n’y a aucun problème avec
cela.
Ainsi que vous l’avez constaté, le sentiment d’être un ego, une personne distinct(iv)e
ne fait qu’apparaître, et puis disparaît. L’ego n’est pas votre nature essentielle, n’estce pas ? Votre nature essentielle, c’est la Conscience (ou l’Existence, c’est pareil),
d’accord ? Ce sentiment d’être un ego distinct(if) est quelque chose qui vous arrive à
vous, la Conscience, OK ? Votre nature essentielle, c’est toujours la Conscience, même
quand le sentiment d’être l’ego se manifeste en vous. Mais l’ego n’a aucune existence
permanente indépendante, ni aucun pouvoir. Il va et il vient, tandis que Vous, la
Conscience, Vous demeurez.
Il n’y a rien qui doit être fait pour supprimer l’ego du tableau et il n’y a pas non plus
moyen que le sentiment d’être l’ego puisse se défaire du sentiment d’être l’ego et il
n’y a pas moyen non plus que l’Existence puisse oublier que l’Existence est
l’Existence. Le sentiment d’être un auteur/acteur individuel, un ego n’a aucune
existence indépendante distinct(iv)e sans l’Existence (la Conscience), d’accord ? Il ne
faut aucun rappel, mais juste voir si ceci est vrai. L’Existence est permanente. L’ego
est passager. Vous êtes l’Existence, et non l’ego.
59.
LE DÉSIR BRÛLANT DE SAVOIR QUI JE SUIS
Question : Je suis perdu ! Depuis plus de trois ans, je lis des écrits et j’écoute des
discussions concernant la non-dualité. J’ai cherché dans ma propre expérience tout ce
que j’ai lu et entendu et j’ai lu tant de choses contradictoires : il n’y a personne ; il n’y
a personne, mais le sentiment du ‘’Je’’ demeure. L’Eveil ou l’Illumination est réel(le) ;
il n’y a pas d’Eveil ou d’Illumination. Vous y êtes déjà ; cherchez le ‘’Je’’.
J’ai parlé à des enseignants de non-dualité qui disent des choses différentes. Il y en a
un qui dit qu’il n’y a ici personne et qu’il peut y avoir un passage du ‘’moi’’ à l’Etre, un
‘’basculement’’, et un autre dit de rechercher votre véritable nature, que vous êtes
conscient et que vous savez que vous êtes conscient et que c’est cela ! J’ai lu tant de
choses apparemment contradictoires que je me sens tout à fait désemparé. A un
moment donné vient la pensée que je ne peux rien faire et l’instant d’après vient la
pensée contradictoire que je devrais rechercher le ‘’Je’’ et voir si je puis le trouver. Et
puis la pensée vient que tout cela n’est que de la pensée et alors, je suis coincé. J’ai
l’impression d’être suspendu entre la recherche et l’absence de recherche.
87
Même si j’entreprends de rechercher le ‘’Je’’ ou le sentiment d’existence, j’ai
l’impression que tout cela n’est qu’une fine matière mentale éthérique. Je n’ai aucune
idée de ce que je suis supposé chercher. Si je tente d’observer la Conscience, je doute
que ce soit la Conscience que j’observe et non une perception. Il m’apparaît que la
suggestion de rechercher le ‘’Je’’, la Conscience, ma vraie nature est comme
rechercher quelque chose que je n’ai jamais vu, avec une description rédigée en des
termes tellement vagues que je n’ai pas la moindre idée par rapport où commencer ou
que je Le reconnaitrais, même si je tombais dessus.
Il me semble que, même si je ne trouve aucune présence d’un ‘’Je’’, je ne peux pas me
fier à cela, puisque j’aurais pu simplement l’ignorer. Ainsi donc, tout ceci me donne
l’impression que je suis coincé. Avant que vous ne disiez que ce sentiment d’être
coincé ne fait qu’apparaître dans la Conscience et qu’il n’a aucune importance, je le
sais, mais le sentiment est là et je ne peux rien y faire. Il va et il vient avec le
sentiment que je veux m’en débarrasser. L’idée du sentiment d’être coincé est liée à
celle que j’ai encore besoin de trouver quelque chose, même si intellectuellement, je
crois bien qu’il n’y a rien à trouver.
Voyez-vous le problème ? Il y a des croyances conflictuelles qui ne cessent de surgir et
le désir de m’en débarrasser et je ne sais même pas qui ou ce qui a ces croyances et
veut s’en débarrasser. Ce que je vois bien, c’est qu’il y a la croyance (même si celle-ci
est douteuse) qu’une fois qu’il sera vu que ce ‘’je’’ inconnu est inexistant ou
simplement percé à jour, la recherche sera terminée, mais je n’ai aucune idée de ce
qu’il faut chercher.
Stephen : Je peux comprendre la situation dans laquelle vous vous trouvez. J’ai lutté
avec les mêmes questions pendant des années. Je sais bien ce que vous entendez par
rechercher le ‘’Je’’ ou le moi ou essayer de découvrir qui je suis. Qu’est-ce que je
recherche ? Je n’avais aucune idée concernant quoi chercher, qui cherchait ou
comment je saurais si j’avais découvert le ‘’Je’’. Ainsi donc, j’étais terriblement
frustré. La recherche n’a seulement eu du sens pour moi et elle n’est devenue efficace
qu’après avoir défini qui ou ce que je pensais être dans ma propre expérience. Qui ou
qu’est-ce que Stephen ressent être dans ses tripes ? Si je devais dire qui ou ce qu’était
l’essence de Stephen, j’avais l’impression d’être le contrôleur ou le directeur de la vie
de Stephen. J’avais entendu que l’ego se définissait comme le sentiment personnel
d’être l’auteur/acteur. Ceci était compréhensible pour moi et donc, j’ai utilisé cette
définition pour rechercher l’ego et le remettre en question. Ai-je le contrôle ? Suis-je
le directeur ou le contrôleur de la vie de Stephen ? Où est ce contrôleur ? Existe-t-il ?
Suis-je l’ego ? Quel est ce sentiment personnel d’être l’auteur/acteur que je ressens
dans mes tripes ? Et si j’ai le contrôle, alors puis-je exercer ce contrôle sur
l’expérience de ma vie ?
Vous pourriez donc trouver utile de vous demander qui vous avez l’impression d’être
dans vos tripes. Qui pensez-vous être dans votre propre expérience ; pas quelque
chose que vous avez lu dans un livre, comment vous définissez-vous, vous-même ?
88
Quand vous aurez clarifié dans votre esprit qui vous pensez être, à ce moment-là,
vous pourrez examiner et vous demander si c’est vrai.
Q : Vous m’avez posé la question de savoir ce que dans mes tripes, j’avais l’impression
d’être. Je ne puis réellement le dire, aussi ai-je essayé de le découvrir et j’ai
commencé par le corps. Est-ce que je pense ou est-ce que j’ai l’impression d’être le
corps ? Peut-être, mais si je remets réellement cela en question, je ne pense pas l’être,
car je suis prêt à y renoncer pour combler le désir de savoir ce que ou qui je suis.
Ensuite, suis-je le mental ou le penseur ? Non, je suis également prêt à renoncer à
cela. Suis-je le contrôleur ? C’était là une question délicate. Mais je suis prêt à
renoncer à cela et donc, je dirais non. Cela m’a encore laissé avec le sentiment d’être
quelqu’un, mais simplement quelqu’un qui a renoncé à tout contrôle et c’est devenu
confondant, car cela donne l’impression d’avoir renoncé au contrôle pour avoir le
contrôle sur la connaissance de qui je suis. Ainsi donc, cela s’est ramené à un ‘’moi’’
prêt à renoncer au contrôle de ma vie, mais pas lorsqu’il s’agit de savoir qui ou ce que
je suis. Que j’aie réellement le contrôle, j’ai des doutes, mais je veux certainement
avoir ce contrôle.
Pour finir, je suis arrivé à la conclusion qu’il me semble être celui qui veut savoir qui
il est. Etre un corps, une personnalité ou un penseur est perçu comme étant sans
valeur et dépourvu de sens, comparé à savoir qui je suis. Etant donné que je semble
être prêt à renoncer à tout cela, il me faut sentir ou penser d’une manière ou d’une
autre que je ne suis aucune de ces choses, autrement je ne vois pas comment je serais
prêt à y renoncer.
J’ai laissé le contrôleur en dehors de cela, puisqu’il semble être un moyen pour une
fin, une fin que je crois d’une manière ou d’une autre toujours pouvoir atteindre par
le biais de ce contrôleur. Néanmoins, le contrôleur ressemblait plus à une fonction
que j’utilise, comme si j’étais encore derrière le contrôleur. Ainsi, j’ai aussi pu me voir
renoncer à lui. Il semble que je suis celui qui veut savoir qui je suis.
C’est comme un serpent qui se mord la queue. Cela donne l’impression qu’il y a
‘’quelqu’un’’ qui veut et qui pense ou qui a l’impression qu’il pourrait faire quelque
chose pour trouver cela, même s’il n’a aucune idée de quoi ni de comment et qu’il a
même des doutes par rapport au fait que cela soit du tout possible. Et finalement, j’ai
simplement eu l’impression d’être celui qui veut savoir et également au-delà de cela.
Pour ne dire qu’une seule chose, je dirais que j’ai l’impression d’être ‘’celui qui
existe’’, celui qui sait qu’il existe, mais quelqu’un qui existe et qui veut savoir ce
qu’est réellement cette existence. Dans tout cela, il y a toujours le sentiment d’être
‘’quelqu’un’’.
En questionnant pourquoi je voulais savoir ce qu’est réellement l’existence, il semble
que c’est parce que j’ai des doutes quant à savoir si celui qui existe, cette connaissance
de l’existence, ce ‘’Je’’ a toujours été et plus important, s’Il continuera d’être. Si je
questionne pourquoi je doute que je continuerai, j’ai l’impression que le ‘’Je’’, celui qui
existe ou celui qui sait qu’il existe est lié au corps ou au mental, ce qui contredit donc
89
l’idée que j’avais précédemment de pouvoir lâcher prise par rapport au corps-mental,
puisque je ne suis pas ce corps ou ce mental.
Si je laisse de côté toutes ces questions ‘’pourquoi’’, je peux dire que j’ai l’impression
d’être celui qui connaît l’existence, mais sans savoir ce qu’elle est, et qui veut le
découvrir. Suis-je le corps-mental, le penseur, le contrôleur ? Je ne le sais réellement
pas et je ne semble pas me soucier d’être l’un d’eux. Je connais l’existence et je veux
savoir ce qu’est cette connaissance, qui je suis ? Il ne me semble pas pouvoir séparer
la connaissance, l’existence et le ‘’je’’. Des trois, la connaissance paraît être la chose
qui semble la plus tangible. Alors, peut-être que la question ‘’qui suis-je ?’’ n’est pas la
bonne pour moi. Peut-être que la question est : ‘’Je sais que je suis, que j’existe. Quelle
est cette connaissance ?’’
S : Vous avez écrit : ‘’ En questionnant pourquoi je voulais savoir ce qu’est réellement
l’existence, il semble que c’est parce que j’ai des doutes quant à savoir si celui qui
existe, cette connaissance de l’existence, ce ‘’Je’’ a toujours été et plus important, s’Il
continuera d’être.’’ Que voulez-vous ou qu’espérez-vous retirer de votre recherche ? Il
pourrait être utile de voir quels sont vos motifs, selon vous. Vous pourriez ensuite
remettre en question vos motifs pour voir s’il est effectivement possible de les
satisfaire. Alors, pourquoi cherchez-vous à savoir qui vous êtes ? Qu’espérez-vous
qu’il se produise ? Qu’est-ce qui motive votre recherche ?
Q : A ce propos, merci bien de correspondre avec moi. Je sens qu’écrire à ce propos
commence déjà à clarifier les choses pour moi. J’ai relu ce que j’ai écrit hier à propos
de procéder à la recherche pour découvrir si ‘’je’’ continuerai à exister. Ce matin, cela
paraît juste être une histoire fabriquée à partir d’anciennes croyances qui ne se
vérifient plus. Je ne sais pas si elle gagnera encore en importance, mais si je pose
maintenant la question du ‘’pourquoi’’, tout ce que je peux dire, c’est que je veux
savoir juste pour savoir. En ce moment, je ne me soucie même pas de savoir si je
continuerai d’exister ou pas, j’existe maintenant, et en ce moment, il y a cette faim de
savoir et un désir de l’assouvir.
Le problème, c’est que je ne sais pas comment assouvir cette faim. Quant à des
attentes éventuelles par rapport à ce qu’il pourrait y avoir une fois que cette faim
serait assouvie, je n’en ai pas. Eh bien, je m’attends peut-être à ce que le "moi" ne soit
plus là, ou à ce que le "je" soit perçu comme n'ayant jamais été là. Qu’est-ce que je
veux ? Qu’est-ce que je désire ? Je crois qu’en fin de compte, j’aimerais être libéré de
ce désir de savoir et de ce sentiment d’être moi.
S : Dans votre propre expérience directe, vous remarquerez qu’il y a parfois un désir
de savoir et puis qu’ensuite, ce désir de savoir passe. Ce désir de savoir va et vient.
Vous l’avez remarqué, non ? De même, dans votre propre expérience directe, vous
remarquerez qu’il y a parfois le sentiment d’un ego ou d’un moi et qu’il passe aussi.
Ainsi donc, toute chose va et vient – le désir de savoir, comme le sentiment d’un ego
ou d’un moi. Contrôlez-vous tout ce qui va et vient ? Il n’y a aucun problème avec tout
ce qui va et vient. Il n’y a aucun moyen d’éviter tout ce qui va et vient : le sentiment
90
d’un ego va et vient, le désir de connaitre va et vient – il n’y a aucun problème avec
cela.
S’il y a quelque chose à savoir, c’est le fait qu’il n’y a rien à savoir. L’Existence est. La
Conscience est. Vous le savez non conceptuellement, parce que vous êtes cette
Existence, cette Conscience. Toute chose va et vient en Vous, la Conscience, rien n’est
problématique. Il n’y a rien à trouver, rien à faire. Tout est tel quel. Vous êtes la
simplicité ultime. Vous êtes ici et maintenant. Vous êtes la Conscience – point final.
60.
VOTRE VOLONTÉ EST LA VOLONTÉ DE L’UNIVERS
Question : Donc, s’il n’y a aucun libre arbitre et si tout ne fait que passer, alors l’Eveil
peu ou non survenir, OK ? Mais alors, vous dites : ‘’Votre recherche peut aboutir’’, ce
qui implique clairement qu’un but désiré peut être atteint. Pouvez-vous expliquer ?
Stephen : Oui, il est clair que l’univers apparaît. Contrôlez-vous l’univers ou l’univers
vous contrôle-t-il ? Votre volonté prévaut-elle sur celle de l’univers ? Votre volonté se
distingue-t-elle de celle de l’univers ? Etes-vous séparé de l’univers ?
Ma recherche a abouti à l’instant où j’ai vu qu’il n’y avait pas de choses telles que
l’Eveil et être endormi. Il n’y a ici personne qui puisse s’éveiller ou s’endormir. Il n’y a
ici personne qui puisse exercer son propre libre arbitre. Ma volonté est la volonté de
l’univers. Je ne suis pas séparé de l‘univers. Je ne peux rien faire de mon propre chef.
Moi et l’univers, nous sommes un.
Votre volonté est la volonté de l’univers. Votre corps est le corps de l’univers. Vous
n’êtes pas séparé de l’univers. Vous ne pouvez rien faire de votre propre chef. Vous et
l’univers, vous êtes un.
Il n’y a rien à atteindre et il ne faut renoncer à rien. Il n'est besoin d'aller nulle part,
ni de faire quoi que ce soit. L’univers se manifeste. Vous en aimez une partie et vous
n’en n’aimez pas une autre. Il est tel quel. La terre tourne et le soleil se lève pour
débuter une nouvelle journée. Tout va bien.
61.
C’EST LA PAIX QUI EST EN PAIX AVEC LA GUERRE
Question : Lorsque mon mental est provisoirement silencieux, tout ce qui reste, c’est
la Conscience. Il n’y a aucun concept d’un ‘’je’’ ou de quoi que ce soit d’autre en
dehors de ce qui apparaît sur le moment. Ce qui apparaît n’est pas jugé. C’est juste
comme c’est et c’est OK, peu importe de quoi il s’agit. En réalité, il n’y a même pas ce
niveau de jugement. Ce n’est ni OK, ni pas OK. Cela se présente, simplement. Cette
Conscience est vaste et Elle englobe tout ce qu’il y a dedans. Je suppose que pendant
l’un de ces moments, je pourrais dire : ‘’Je suis Cela’’, comme Nisargadatta, mais il n’y
a même pas de place pour la pensée d’un ‘’je’’.
91
Stephen : Oui, la Conscience est, simplement, et vous êtes Cela. Il n’y a ni moi, ni
vous, ni jugement, ni mental. Tout est comme il est. On pourrait dire que vous avez
reconnu que votre nature essentielle, c’est la Conscience, quand ceci est vu. Votre
nature essentielle est non-duelle.
Q : Aussitôt que le ‘’je’’ reprend le devant de la scène, patatras, je retrouve mon état
habituel de conscience personnelle, le plaisir et la douleur, les désirs, les frustrations,
les préférences, etc. (la dualité).
S : Oui, quand le sentiment du ‘’je’’ resurgit, on a l’expérience de la dualité : vous et
moi, le bon et le mauvais, le juste et le faux, le plaisir et la douleur, etc. On pourrait
dire que vous (la Conscience), vous vous expérimentez alors sous la forme de la
personne, de l’ego ou du mental. On pourrait dire que votre nature essentielle, qui est
la Conscience non-duelle, voit l’apparition de la personne, de l’ego ou du mental. La
Conscience, votre Essence absolue, non-duelle, expérimente la dualité par le biais de
l’apparence de la personne, de l’ego, du mental, de la dualité.
Q : Il me semble que les sages, les maîtres ou ceux qui sont supposés avoir la
compréhension maintiennent un tel état de pure Conscience dans leurs vies
quotidiennes ou bien je me trompe ?
S : Je dirais que les dits sages ou maîtres savent que leur nature essentielle est la pure
Conscience, l’Intelligence-Energie, Dieu (ou tout autre terme qui fonctionne pour
vous) et que le sentiment d’être une entité qui contrôle distinct(iv)e est faux.
Cependant, si vous prononciez le nom de Jésus ou de Siddhartha, ils vous
répondraient. Ainsi, ils se connaissent aussi comme des individus qui vivent dans le
monde de la dualité. Ils ressentent le plaisir et la douleur, le bonheur et la tristesse et
la totalité de la gamme des pensées, des sentiments et des sensations humaines. Il est
écrit que Jésus a dit, lorsqu’il était suspendu à la croix : ‘’Père, pourquoi m’as-tu
abandonné ?’’ Et il a aussi dit : ‘’Je suis dans le monde, mais pas du monde.’’ Ainsi,
clairement, les sages expérimentent le monde de la dualité et tout ce qui va avec.
Q : Mais il s’agit de leur état normal (la pure Conscience) plutôt qu’un état d’être
exceptionnel pour les sages, car s'il n'y avait pas une qualité méritoire de leur
conscience qui soit pérenne et que d'autres ne possèdent pas, ils n'auraient rien à
écrire, à dire ou à signaler, et personne ne leur demanderait conseil. Le satsang
n'aurait pas de sens. Ou peut-être que c'est le but du satsang - il n'y a pas de but.
S : Je dirais que le dit sage sait que sa nature essentielle, c’est la pure Conscience et
que le sentiment d’être une entité qui contrôle distinct(iv)e est passager et faux. En se
connaissant comme pure Conscience et non pas comme une personne distinct(iv)e ou
un ego, il y a acceptation de tout ce qui apparaît dans la Conscience, il n’y a aucune
résistance vis-à-vis de ce qui est. Quand la tristesse, la frustration, la colère, la
déception ou n’importe quelle autre émotion qualifiée de négative apparaît, il y a
acceptation de celle-ci comme une apparition/apparence passagère, et il n’y a aucune
résistance vis-à-vis de tout ce qui apparaît. On pourrait donc dire qu’il n’y a aucune
92
souffrance psychologique, puisque tout ce qui apparaît va et vient librement et sans
lutte.
Q : Voici ce que l’Illumination signifie pour moi : un changement permanent dans ma
façon de percevoir la vie ― d’un point de vue erroné, relatif, égocentrique pour
quelque chose de plus universel qui englobe tout, qui procure une paix durable et qui
me permet de finalement dire : ‘’OK, voilà, terminé ! Je vois maintenant clairement
qu’il n’y a aucun moi qui puisse être illuminé. Il n’y avait rien à trouver, parce que j’ai
toujours été ce que je recherchais et c’est une pure Vacuité. Toute chose est telle
qu’elle est, et voilà.’’
S : On pourrait dire que l’Illumination, c’est voir qu’il n’y a ici personne qui puisse
être illuminé ou pas. La Conscience est tout ce qu’il y a, et Je suis Cela. Tout est libre
d’aller et venir dans la Conscience et la Conscience demeure non-affectée, paisible et
libre. Même le sentiment du ‘’je’’, l’ego, le sentiment d’agir personnellement est libre
d’aller et venir dans la Conscience. Après tout, l’ego n’a pas créé l’ego et l’ego ne peut
pas tuer l’ego. Ainsi, lui aussi va et vient dans la Conscience, mais on sait qu’il ne
s’agit que d’une apparence/apparition inoffensive, passagère et impuissante qui va
disparaître. Que reste-t-il ? La Conscience – toujours ici et maintenant. Ainsi, il est
inutile de combattre l’ego.
Q : Suis-je loin du compte, ici ?
S : Il me semble que vous vous attendiez à ce que cette compréhension exclue
l’expérience de la dualité ou le sentiment du ‘’je’’ ou l’ego. Elle n’exclut pas
l’expérience de la dualité. Elle replace simplement la dualité dans une bonne
perspective. Le bonheur et la tristesse, le plaisir et la douleur, la présence de l’ego et
l’absence de l’ego, tous vont et viennent dans cette présence non-duelle de la
Conscience. Cette présence non-duelle de la Conscience est la Paix qui est en paix avec
la guerre de la dualité.
62.
LE SAGE, COMME ON L’APPELLE, SAIT QU’IL EST
IMPUISSANT
Question : Une de mes paroles favorites, c’est ‘’aucune résistance’’ et donc, en ne
résistant pas à ce qui se présente, peut-être que la clarté deviendra plus constante et
que ces vieilles habitudes deviendront moins tenaces. Je suppose que je m’attendais à
quelque chose de plus spectaculaire et qui changerait immédiatement la vie.
Stephen : OK ! Examinons cette idée d’aucune résistance et je voudrais aussi clarifier
et commenter quelque chose que vous avez dit dans une correspondance précédente.
Vous avez dit : ‘’Il me semble que les sages, les maîtres ou ceux qui sont supposés
avoir cette compréhension maintiennent une pure Conscience non-duelle dans leurs
vies quotidiennes.’’
93
La résistance, la frustration, la colère, la tristesse, le sens de l’ego et l’expérience de la
dualité, tous se manifestent chez le dit sage ou chez le maitre éclairé, tout comme
chez ceux que l’on qualifie comme n’étant pas sages. La différence entre le dit sage et
les autres, c’est que le sage sait qu’il n’a aucun pouvoir. Le sage sait qu’il ne peut pas
changer ce qui est. Le sage sait qu’il n’existe pas en tant qu’entité qui contrôle
distinct(iv)e qui peut ou qui doit exercer sa volonté pour éviter des expériences
‘’négatives’’ et s’agripper à des expériences ‘’positives’’. Le sage est impuissant, et il le
sait.
Par conséquent, le sage ne fait qu’observer son expérience sans s’efforcer de la
changer, parce qu’il sait qu’il n’en n’a pas le pouvoir et qu’essayer de contrôler son
expérience est la cause de la souffrance, et non pas un moyen de la surmonter. Celui
qui n’est pas sage, lui, croit qu’il a le pouvoir de contrôler son expérience. Il croit qu’il
est possible d’exercer sa volonté pour éviter des expériences déplaisantes et
s’accrocher aux expériences plaisantes. C’est ainsi qu’il souffre en essayant d’exercer
sa volonté inexistante, en engendrant la souffrance même qu’il tente d’éviter.
63.
ALLER AU COMBAT AVEC UNE ARME NON CHARGÉE
Question : L'avantage, si vous voulez l'appeler ainsi, du dit sage est que, parce qu'il
sait qu'il n'y a aucun moi personnel qui puisse exercer sa volonté sur ce qui se passe,
il se sent plus en paix dans la vie ?
Stephen : Oui.
Q : Il a tendance à accepter les circonstances, comme elles se présentent ?
S : Oui, il y a même une acceptation du rejet et de toutes les émotions dites négatives.
Q : Il serait en ce moment non préoccupé par des idées de passé et d’avenir ?
S : Oui, et s’il devient préoccupé par le passé et l’avenir, il y a une acceptation de cela
aussi, et cela passe.
Q : Ces idées peuvent passer devant lui, pour ainsi dire, mais elles sont observées
comme des phénomènes passagers et sans aucune substance réelle ?
S : Oui.
Q : Et ceci pourrait être décrit comme de la félicité ? Et le dit sage exprime cette
félicité par de l’amour, de la bienveillance et de la compassion ?
S : Eh bien, si par félicité, vous voulez dire un sentiment de paix et d’acceptation, oui.
Et elle peut aussi s’exprimer par de la colère ou par tout autre sentiment, émotion ou
pensée (il n’y a aucune restriction).
94
Q : Une chose que l’on suggère souvent, c’est de constamment se demander ‘’Qui suisje ?’’ et de suivre cela jusqu’à sa source. Cela ne m’a jamais beaucoup aidé, même si je
pense comprendre ce que l’on essaye de cibler. Mais je finis toujours par dire ‘’Qui
suis-je ?’,’ et la réponse est : ‘’Je suis celui qui pose la question, bien sûr ! Quoi
d’autre ?’’ Ce ‘’je’’ n’est peut-être pas grand-chose, mais il reste solide et je ne le
surmonte pas. Je comprends bien que le ‘’je’’ sans concepts est la pure Conscience
sans forme et sans vague, en ce moment.
S : Prêtez attention à la Conscience, maintenant. Il y a une conscience de la pièce dans
laquelle vous vous trouvez, de votre corps assis sur une chaise, et vous êtes conscient
des pensées qui apparaissent en réponse aux mots que vous lisez maintenant. Avezvous conscience de cette Conscience ? Sans cette Conscience, vous ne pourriez ni voir,
ni entendre, ni sentir, ni penser. Ressentez-vous la présence de cette Conscience que
vous êtes ? Elle est inévitable ! C’est la connaissance de votre propre existence, en cet
instant. Existez-vous ? Ce sentiment d’existence, c’est la Conscience, c’est votre
nature essentielle. C’est la première partie de la réponse à la question ‘’Qui suis-je ?’’
La seconde partie, c’est la réalisation qu’il n’y a en vous aucune entité qui contrôle
distinct(iv)e contrôlant son expérience. Il n’y a là personne en vous qui soit en mesure
d’éviter les sentiments, les pensées et les émotions inconfortables ou de s’accrocher à
ceux qui sont plaisants.
Vous êtes la Conscience, pas une entité qui contrôle distinct(iv)e. Cette réalisation est
un vrai soulagement, parce que vous avez vu que vous ne contrôliez rien du tout et
donc, il y a un lâcher-prise qui s’opère, parce que toute votre vie durant, vous avez été
à la guerre avec une arme qui n’était pas chargée ! Vous n’avez pas le pouvoir de
changer ce qui est. Quel soulagement ! Vous pouvez maintenant laisser tomber la
question ‘’Qui suis-je ?’’, qui a fait son job. Remisez l’outil. Vous en avez terminé avec
cela !
64.
COMMENT EST LE TEMPS ?
Question : La compréhension semble proche. Dans votre dernière réponse, vous avez
bien diagnostiqué le problème qui perdure comme étant la croyance dans le contrôle.
La compréhension conceptuelle avait brouillé ma vision de ce que je croyais
réellement être. J’ai éprouvé un sentiment de soulagement et d’excitation après avoir
été honnête concernant ce que je sentais être. Pour être honnête, il y avait le
sentiment de contrôler mes pensées, les mouvements de mon corps, ma
communication, etc. Cela ressemble désormais à une déclaration insensée de dire que
"je" contrôle. Il est clairement évident pour moi au niveau intellectuel ou conceptuel
que ce ‘’je’’ n’est qu’une pensée et qu’il ne se réfère à rien de réel, ce qui signifie que
rien et certainement personne n’a le contrôle. La vision directe de ceci est à présent
l’objectif.
95
Je trouve difficile de rester focalisé sur cette recherche pendant longtemps. Peut-être
qu’une discipline mentale méditative aurait pu m’aider, ici. Lire d’autres articles ou
d’autres échanges de correspondance à ce sujet me donne l’impression que cela ne
pourrait que compliquer ou conceptualiser les choses. Néanmoins, je me demande s’il
pourrait y avoir autre chose qui pourrait m’aider à voir ceci clairement. Avez-vous
d’autres tuyaux à ce stade ? Je continuerai certainement à investiguer ce ‘’je’’ qui est
censé avoir le contrôle.
Stephen : Si vous avez le contrôle des pensées, des sentiments et des sensations qui
se présentent à vous, alors exercez ce contrôle immédiatement. Pourquoi attendezvous ? Faites-le maintenant. Ne pensez que des pensées positives. N’entretenez que
des sentiments heureux. N’expérimentez que des sensations agréables. Selon votre
propre expérience directe, avez-vous le contrôle ? Pouvez-vous exercer ce contrôle à
l’instant ? Avez-vous jamais contrôlé dans le passé ? Aurez-vous jamais le contrôle, à
l’avenir ? Où est cette entité qui contrôle distinct(iv)e que vous avez l’impression
d’être ? Pourquoi n’êtes-vous pas en mesure d’exercer un contrôle sur les pensées, les
sentiments et les sensations ? Se pourrait-il que c’est parce qu’il n’y a aucune entité
qui contrôle, là en vous ? Serait-ce le fait que la vie advient ?
Pourquoi éprouvez-vous de la souffrance psychologique ? Parce que vous croyez que
vous contrôlez les pensées, les sentiments et les sensations qui se présentent à vous et
que vous êtes responsable de votre expérience. Contrôlez-vous le temps ? Contrôlezvous, qu’il pleuve, grésille ou neige ou qu’il fasse nuageux ou ensoleillé à l’extérieur ?
Pourquoi n’éprouvez-vous aucune souffrance psychologique, si le temps est moins que
propice ? Parce que vous n’avez pas la fausse impression de pouvoir contrôler le
temps. La météo est simplement ce qu’elle est. C’est parfaitement clair pour vous.
L’origine du temps est un mystère absolu. Ce qui contrôle le temps qui apparaît dans
la Conscience contrôle aussi les pensées, les sentiments et les sensations qui se
manifestent. Si vous voyez ceci clairement, vous n’éprouverez aucune souffrance
psychologique par rapport aux pensées, aux sentiments, aux sensations ou à la
météo !
Votre essence est simplement la Conscience. Vous êtes ce qui est conscient de tout ce
qui se manifeste en vous. Vous n’existez pas sous la forme d’une entité qui contrôle
distinct(iv)e qui peut contrôler le temps ou tout ce qui se présente en vous.
65.
LA RECONNAISSANCE A AMENÉ UN SENTIMENT DE PAIX
Question : Maintenant, si j’essaye de rechercher le ‘’je’’ ou ce que j’ai l’impression
d’être, cela crée un sentiment de séparation. C’est comme rechercher quelque chose
d’autre. La première fois, quand j’ai pigé ceci, j’ai cessé de rechercher un ‘’je’’ et j’ai
commencé à me contempler moi-même ― même si je n’ai aucune idée de comment
j’ai fait. Je me suis reconnu, simplement comme ça, c’est la meilleure manière dont je
puis le décrire. Cela a amené un sentiment de paix et j’ai réalisé être moi-même et
que je n’ai pas besoin de chercher un autre soi, ni de chercher qui ou ce que je suis. Je
96
n’ai toujours aucune idée sur ce qu’est ce soi ou comment le définir, le relier à la
Conscience ; c’est seulement que je suis cela, même si en ce moment, ‘’je suis cela, je
suis moi-même’’ n’est qu’une pensée et paraît mort, tandis qu’alors, cela paraissait
très vivant, une reconnaissance sans pensée qui semblait entière, parce que tout
sentiment de vouloir savoir qui je suis avait disparu.
Bien entendu, si je tente de nouveau cette contemplation, c’est compliqué.
Maintenant, j’essaye de rechercher ce soi que j’ai réalisé être la première fois, mais je
suis juste en mesure de me souvenir d’une vague notion qui n’est que la pensée ‘’je
suis moi-même’’. D’une manière ou d’une autre, je ne le ressens plus
expérientiellement, comme ce fut le cas la première fois. La première fois, ce fut une
reconnaissance expérientielle et non pas une reconnaissance conceptuelle que je suis
moi-même. La reconnaissance expérientielle paraissait vivante, alors que la
reconnaissance conceptuelle semble morte. L’une nécessitait une explication
conceptuelle de ce que je suis et l’autre pas. La reconnaissance expérientielle était
suffisante en elle-même et rien d’autre n’était nécessaire ni voulu. Maintenant, je
veux qu’elle revienne, bien sûr. Il semble que j’ai perdu cette reconnaissance vivante
et que ce que j’ai à la place, c’est cette pensée, ce souvenir ou cette traduction rassie,
morte de cela.
Stephen : Oui, rechercher ce que vous êtes crée un sentiment de séparation. L’acte
même de se chercher requiert un soi qui est séparé de ce qui recherche. Vous êtes la
vitalité, la présence de la Conscience, l’Etre, l’Existence. Existez-vous ? Etes-vous
conscient, en ce moment ? Oui ? Il s’agit de cela ! Il n’y a rien à trouver. Tout ce que
vous trouvez ne peut pas être vous. Vous ne pouvez trouver que des objets qui se
présentent à vous. Essayez d’éluder votre propre Être. Essayez d’éluder votre propre
essence de Conscience. Essayez de sortir de l’instant présent. Vous êtes la présence
non-conceptuelle de la Conscience. Votre essence est inéluctable, indescriptible,
toujours ici et maintenant. Elle ne peut jamais se perdre.
66.
IL SE PASSE QUELQUE CHOSE D’ÉTRANGE ICI !
Question : Je veux partager avec vous ce qui arrive ici. J’ai clairement vu que je me
prends pour une entité qui contrôle. Et j'ai vu que chaque fois que je ressens cette
résistance et ce vide, le "faiseur" est toujours là, concentré comme un beau diable et
tentant de faire que quelque chose arrive. Je me suis demandé : ‘’Ai-je réellement le
pouvoir de faire quoi que ce soit ?’’ Je m’aperçois que je n’ai guère beaucoup de
pouvoir. Il semble que j’imagine seulement que j’accomplis des choses. Cela me
rappelle la déclaration de Nisargadatta qui dit quelque chose comme ‘’Cessez
d’imaginer que vous êtes ceci ou cela ou que vous faites ceci ou cela.’’ J’étais en train
de réfléchir, il y a à peine quelques instants, sur le sentiment d’être l’auteur/acteur, le
contrôleur ou l’ego.
Et puis est venu un moment où il y avait tellement d’espace que je ne savais plus si
j’étais tombé endormi ou où j’étais ou qui j’étais. J’étais juste perdu dans l’Etre, je
97
suppose. Il se produit quelque chose de très étrange avec moi, ici. Cet espace est qui je
suis, d’accord ? Simplement l’Etre pur et dans cet Etre pur, il n’y a aucune expérience
d’être quelqu’un.
Stephen : Votre essence, c’est l’Etre pur, la Conscience et c’est la Présence qui
observe ce qui est. Vous remarquez que votre essence est juste comme l’espace. La
Conscience a une qualité spacieuse et paisible, avec une absence de résistance. La
résistance qui s’élève, c’est le sentiment de contrôler ce qui se présente dans la
Conscience. La résistance, c’est le sentiment d’être une entité qui contrôle
distinct(iv)e, un ego. La résistance peut aller et venir en vous. Vous êtes la
Conscience, spacieuse et libre. Même la résistance, qui est le sentiment d’être une
entité qui contrôle distinct(iv)e est libre d’aller et venir. Ce n’est pas un problème.
Vous êtes la Conscience spacieuse qui ne connaît pas de limites.
Vous n’avez pas créé les pensées, les sentiments, les sensations ou le sentiment de
l’ego. Ils apparaissent tous en Vous, la Conscience spacieuse. Le monde est en Vous ;
Vous n’êtes pas dans le monde. Votre corps est en Vous ; Vous n’êtes pas dans le
corps.
67.
LA VISION QU’IL N’Y A ICI PERSONNE
Question : Il y a quelques jours, je lisais quelque chose écrit par Nisargadatta. Je
l’avais déjà lu à maintes reprises auparavant, mais sans que cela n’ait eu aucun
impact. C’est quelque chose d’intellectuellement logique et facile à comprendre. Cela
concernait le fait que la conscience ou que la connaissance ‘’je suis’’ est un produit du
‘’corps de nourriture’’ et que le corps est un produit des éléments (ou quelque chose
dans ce goût-là). En lisant cela, il y a eu soudain la vision qu’il n’y a ici personne.
Si je contemplais mon corps, il n’y avait là personne (aucune entité). Il m’apparaissait
vide d’un moi. Partout où je regardais, tout m’apparaissait vide d’un soi. Il n’y avait
ici aucun ‘’je’’ pour réaliser ceci, mais il était su qu’il n’y avait ici personne. S’il n’y a
pas de ‘’je’’ dans les éléments, il ne peut pas y en avoir un dans le corps. Le ‘’je’’ était
perçu comme étant non-existent, comme étant quelque chose de présumé. Peu
importe comment ce ‘’je’’ était ressenti, le ‘’moi’’ était vu comme une présomption. Ce
sentiment du moi ou du je n’est que cela, un sentiment. La connaissance d’exister,
c’est tout ce que le ‘’je’’ semble être.
J’ai vu que, puisqu’il n’y a jamais eu réellement aucune entité ‘’je’’ qui est née, il n’y
avait aussi pas de mort. Seul le sentiment d’exister était apparu et disparaîtrait, mais
il n’y avait ici personne pour s’en soucier. Les questions sur ce qui est réel, ce dont il
s’agit, ce qu’est la Conscience et comment je me rapporte à tout cela furent vues
comme étant dénuées de sens, puisqu’elles se réfèrent toutes à ce ‘’je’’ et qu’il n’y a
aucun ‘’je’’.
98
Tout cela n’a duré que quelques secondes et puis ‘’quelqu’un’’ fut à nouveau là. Avec
ce ‘quelqu’un’’ semble venir l’idée que quelque chose doit être différent. Il y a le
sentiment qu’il faut voir ou savoir qui je suis ou qu’il n’y a réellement ici personne.
Les deux semblent être la même reconnaissance : l’une est une connaissance positive
et l’autre est une connaissance négative.
Tout cela est confondant. D’une part, il semble que la reconnaissance de moi-même
soit ‘’cela’’, et cela a apporté un sentiment de paix. Quoique je n’aie pas pu décrire ce
que j’étais, il semble bien que je me sois reconnu. D’autre part, il semble que la vision
par personne que le ‘’je’’ n’est qu’une présomption et que le sentiment qu’il n’y a ici
personne soient ‘’cela’’. Les deux ont paru apporter la paix et les deux ont mis un
terme aux questions, même si cela ne fut que temporaire.
Toute cette chasse aux expériences commence à me lasser, alors pourquoi ne puis-je
pas m’arrêter ? Est-ce que j’espère ou est-ce que j’attends que quelque chose se
produise ? Que je poursuive ainsi une nouvelle expérience qui confirmerait que j’en
suis là ? Quel est ce ‘’là’’ que je veux atteindre ? Je n’en n’ai plus aucune idée. La
reconnaissance, la connaissance, la paix, l’Etre ?
Quelque part, il y a une existence et une connaissance de cette existence. Même cette
réalisation semble temporaire. Je peux sentir qu’elle m’échappe déjà pour devenir
juste une autre pensée, une mémoire morte. Est-ce que je m’en soucie ? Il semblerait
que non, mais j’en ai juste assez de cette poursuite. Cela importe-t-il ? Je ne sais pas.
Qui s’en soucie ? Combien de temps durera cette absence de souci ? Je ne sais pas. J’ai
l’impression d’être à/au bout, prêt à céder et à laisser advenir tout ce qui advient.
Stephen : Sur la base de notre correspondance jusqu’à ce stade, je dirais que vous
avez vu par votre propre expérience directe ce que vous n’êtes pas et ce que vous êtes.
Il m’apparaît que vous avez vu que le sentiment d’être une entité qui contrôle
distinct(iv)e ou un ego est faux. Vous avez vu et ressenti par votre propre expérience
directe qu’il n’y a ici personne, ainsi que vous l’avez dit. Voir ceci clairement juste une
seule fois est assez pour connaître avec une certitude absolue que le sentiment du
‘’je’’, le sentiment d’être un moi distinct(if) est faux, sans l’ombre d’un doute. Même si
ce sentiment d’un ‘’je’’ revient, vous savez qu’il s’agit juste d’une apparence, d’un
sentiment vide, impuissant. Votre expérience de ceci peut se comparer à la vision d’un
lac dans le désert qui s’avère être un mirage. Au départ, vous croyiez que le lac était
réel, mais après investigation, vous avez clairement vu que ce qui paraissait être de
l’eau était en fait de la chaleur qui s’élevait depuis la surface du désert en produisant
la fausse apparence d’un lac. Il est tout à fait possible que le mirage puisse
réapparaître, mais vous savez qu’il s’agit juste d’une fausse apparence/apparition.
Par ailleurs, dans une correspondance précédente, vous décriviez votre expérience de
la reconnaissance que la Conscience que vous recherchiez comme étant vous-même
était effectivement vous-même, ainsi que vous l'avez dit, "je suis Elle, je suis moimême". Et vous la décriviez comme ‘’une reconnaissance qui était entière, parce que
99
tout désir de savoir qui je suis avait disparu’’. Vous écriviez aussi qu’il n’y avait pas
moyen de décrire autrement ce que vous êtes qu’une ‘’connaissance de l’existence’’.
Donc, vous avez clairement vu par votre propre expérience directe que vous n’existez
pas comme une entité distinct(iv)e et que ce que vous êtes en essence est simplement
la Conscience ou la ‘’connaissance de l’existence’’. De façon compréhensible, vous
éprouvez maintenant un sentiment de frustration, parce que vous sentez que les
aperçus furent de courte durée et temporaires. Ne sous-estimez pas le potentiel des
aperçus que vous avez eus ! On peut dire que ces aperçus que vous avez eus sont le
commencement de la fin du faux sentiment du moi et de la souffrance psychologique.
Il est inutile de continuer à lutter, de vous battre avec ceci. Laissez ces aperçus faire
leur travail. Votre travail est terminé. Tout se déroulera tout seul et tout
naturellement, comme cela a toujours été le cas.
68.
RIEN DE MYSTIQUE OU DE PROSAÏQUE
Question : J’ai constaté qu’il y a des moments où je peux m’asseoir et faire un peu
d’auto-investigation, après avoir consulté votre site web. Cela génère souvent chez
moi un sentiment de résistance et j’irai ensuite fumer deux paquets de cigarettes ! J’ai
aussi souvent remarqué que si je lâche simplement prise, cette matière semble être
assimilée automatiquement. Est-ce bien le cas ? Cela se produit-il ou non ?
L’expérience de cette personne est le bonheur ou la peine. N’y a-t-il vraiment rien que
je puisse faire pour accepter les choses, juste être et profiter du spectacle ? Ces
pensées m’ont récemment rendu très triste. Quand vous avez découvert la fausseté du
‘’moi’’, vous a-t-il fallu du temps pour la voir et laisser cela pénétrer en profondeur
jusqu’à ce que vous soyez convaincu ?
Stephen : La pratique continue de l’auto-investigation ne fera simplement que vous
lasser. Il n’y a rien que vous puissiez faire, ni rien à obtenir, ni rien à découvrir, ni
rien à comprendre ; rien ne vous arrive, il n’y a rien à reconnaître, ni rien à accepter,
ni rien à assimiler ; il n’y a à être convaincu de rien et il n’y a rien à éviter.
Vous ne serez jamais ‘’illuminé’’ et vous n’avez jamais été ‘’non-illuminé’’, il n’y a pas
de chose telle que l’Illumination, ni de chose telle que ne pas être ‘’illuminé’’, il n’y a
pas de chose telle que ‘’l’Eveil’’, ni de chose telle qu’être ‘’endormi’’. Tout ce qu’il y a,
c’est ceci. Rien d’autre. Il n’y a nulle part où aller, rien à devenir, rien à faire. Ceci est
tout ce qu’il y a. Tout ce qu’il y a jamais eu, c’est ceci. Et tout ce qu’il y aura jamais,
c’est ceci. Il n’y a rien d’autre, juste ceci. Rien de mystique, rien de prosaïque. Juste
ceci.
100
69.
IL EST 4 HEURES DU MATIN. CONNAISSEZ-VOUS
LA SOURCE DE LA SOUFFRANCE ?
Question : Notre rencontre a eu beaucoup d’impact sur moi et je veux que vous le
sachiez. Merci beaucoup d’avoir pris le temps.
Il est quatre heures du matin et je ne dors pas. Je cherche la source de la souffrance.
Ce que je constate, c’est que si je m’assieds et si j’examine directement les
composantes de la souffrance, elles disparaissent. Par exemple, dimanche, j’ai
examiné directement ce sentiment de contrôler et j’ai trouvé que non seulement je
n’ai aucun contrôle, mais qu’une telle chose n’existe pas ! Une des façons où le
contrôle aimait se dissimuler dans mon expérience, c’était dans le croyance non
examinée qu’eh bien, peut-être que je ne puis pas contrôler tout ce qui arrive, mais si
quelque chose de ‘’négatif’’ surgit, je puis quelque chose par rapport à cela, comme ne
pas l’exprimer ou affirmer une douce contre-pensée pour en changer l’énergie.
Mais ai-je le moindre contrôle sur ce qui apparaît en premier lieu ? Non ! Et alors, en
examinant réellement ceci, j’ai vu que c’était juste une idée stupide qui n’avait aucun
sens ou aucune réalité. Voilà ce que j’ai écrit ce jour-là : ‘’Qu’est-ce que le contrôle, de
toute manière ? Je ne trouve rien que l’on puisse appeler contrôle – uniquement des
réponses plaisantes d’un certain ordre qui sont ensuite qualifiées de contrôle, parce
qu’elles sont appréciées’’.
Et puis, il y a ce point délicat du corps qui est toujours là. Non, ce n’est pas le cas ! Il
n’y a aucune conscience du corps, quand je fais certaines choses, comme rêvasser, ou
quand je suis entièrement focalisé sur quelque chose que je fais. Ainsi, je ne suis pas
le corps. Le corps est dans la Conscience. Il va et vient, même pendant la journée.
J'ai également regardé ce qui donne l'impression qu'il y a un "moi" ici, et ce n'est que
la pensée égocentrique qui me fait paraître réel. Voilà le ‘’moi’’ : une pensée
égocentrique. Voilà le mirage. J’ai réellement apprécié votre métaphore du mirage et
je l’ai déjà partagée plusieurs fois, et d’autres ont réellement pu en bénéficier aussi.
Je vois à présent que la croyance crée tout mon monde. La croyance crée la
souffrance. Qu’est-ce que la croyance ? Eh bien, c’est une énergie qui surgit et qui
s’associe à la pensée égocentrique pour créer la solidité du moi. La pensée ‘’moi’’ plus
la croyance créent la souffrance ! Aujourd'hui, je vais donc continuer à observer
directement la croyance et continuer à la remettre en question. C’est cela qu’il me
semble important de faire, actuellement. Maintenant, une question que je me pose,
c’est la qualification de la Conscience de ‘’lumineuse’’. Cela me fait continuer à
rechercher quelque chose de plus que ce que j’expérimente. J’expérimente une
Conscience claire, mais pas ‘’lumineuse’’. Qu’en est-il par rapport à cette description
de luminosité ? (Et d’autres termes semblables ?)
Merci pour votre temps et je suis heureux de recevoir vos commentaires et vos
contributions.
101
Stephen : Tout ce que vous dites me donne l’impression d’être correct. Vous
déracinez les fausses croyances en les examinant et en les observant dans votre
expérience directe. Vous constaterez que tout ce que vous savez avec certitude, c’est
que Vous existez, que la Conscience existe, et que tout est libre d’aller et venir en
Vous. Comme vous l’avez constaté, le contrôle n’existe pas, seulement penser, penser,
penser.
J’ai déjà écrit au sujet des descriptions de la Conscience et de la possibilité qu’elles
constituent des obstacles dans la correspondance intitulée ‘’Continuez à poser des
questions jusqu’à ce qu’elles se soient consumées’’. Voici une partie de cette
interaction :
‘’Il y a beaucoup de termes qui sont utilisés pour décrire la Conscience. Vous avez
probablement entendu les termes ‘’vacuité’’ et ‘’plénitude’’. Tous les deux sont
corrects. Comment cela se peut-il ? La Conscience n’est ni vide, ni pleine. La
Conscience peut être qualifiée d’ ‘’éclatante’’ et de ‘’lumineuse’’ ou de ‘’profonde’’ et d’
‘’obscure’’. A nouveau, les deux sont corrects, mais la Conscience n’est ni lumineuse,
ni obscure. Si vous avez découvert une description de la Conscience qui vous plaît –
comme toujours fraîche et neuve, resplendissante ou paisible et que vous recherchez
cela, vous serez frustré ! La Conscience est. Point. Elle n’est ni ordinaire, ni
extraordinaire. Elle est, simplement. Tout ce qui peut être décrit n’est pas la
Conscience.’’
70.
DIX JOURS POUR RÉALISER CELA : J’EXISTE !
Question : Voilà ce qui se passe, aujourd’hui : puis-je trouver le ‘’je’’ ? Le ‘’je’’ est une
pensée qui s’élève dans la Conscience. D’où proviennent ces pensées ? ‘’Je ne sais pas’’
est une autre pensée qui n’est pas différente de ‘’je’’. ‘’Je ne sais pas’’ n’est pas
différente de ‘’je’’ dans sa forme ou dans son énergie – c’est une sensation qui se
produit dans la Conscience. Qu’est-ce qui est conscient de cela ? Je ne peux rien
trouver. Je ne peux pas dire ce que je suis. Il n’y a rien. Le ‘’je’’ n’est rien, juste une
pensée qui va et vient et qui raconte des histoires à propos de lui-même. Tout ce que
je vois, c’est un champ de Conscience claire et des choses qui apparaissent à
l’intérieur. Je ne peux rien voir de distinct(if) par rapport à cela. Qu’est-ce que la
Conscience ? La Conscience n’est qu’un terme qui apparaît dans un pur néant. Je ne
peux pas dire ce que c’est. Elle est, tout simplement. Voilà donc mon rapport. Je n’ai
aucune idée par rapport à ce qui vous fait rapport. Tout terme que je lui attribuerais
ne serait juste qu’un terme de plus.
J’ai pleuré. Pour quelle raison ? Il n’y a vraiment aucune raison. Cela serait
simplement une autre histoire. Tout ce qu’il y a, c’est ce champ clair et ce qui apparaît
à l’intérieur. Je crois que le terme ‘’Conscience’’ fonctionne bien pour moi aussi, la
Conscience étant le truc qui apparaît dans ce champ clair et qui se donne des noms
pour que le jeu puisse avoir lieu. La Conscience est le champ clair où tout apparaît.
Génial ! C’est trop simple pour le mental qui veut comprendre cela. En fait, c’est
102
impossible à comprendre. Le mental n’est que de la pensée qui apparaît dans Cela.
Comment pourrait-il jamais comprendre ? Il n’est pas l’auteur. Qu’est-ce qui est
l’auteur ? Le mental ne peut pas savoir. Oublie ça, mental ! Comment quelque chose
qui n’existe même pas pourrait-il comprendre ? Tout ce qui peut être connu, comme
vous et d’autres l’avez dit, c’est que nous existons.
Et toute cette affaire de dix jours et très drôle et utile aussi. Dix jours pour
comprendre que j’existe ! Je l’ai toujours su, mais dans ce jeu de cache-cache, il est
utile de se dire : ‘’Je vais te trouver maintenant et je me donne dix jours !’’ Alors, cette
temporisation inconsciente peut prendre fin.
Stephen : Tant d’années de souffrances et de recherches pour voir enfin qu’à la racine
de la souffrance, il n’y a là personne qui puisse souffrir. Tout cela était basé sur la
fausse conception d’être une entité qui contrôle distinct(iv)e, une personne séparée,
un ego qui doit combiner les choses et bien faire. Quel soulagement de voir qu’il n’y a
là personne ! Tout ce qu’il y a, c’est la Conscience, cet ‘’Être’’ que nous sommes, et en
Cela, il n’y a aucun problème. Rien ne peut nous troubler, hormis l’imagination. Tout
n’était qu’imagination. Il n’y a rien que Cela, ici et maintenant, et nous sommes Cela.
71. MANIPULÉ COMME UNE MARIONNETTE
Question : Ainsi donc, la dernière fois que j’ai écrit, il y avait un tel soulagement de
voir qu’il n’y a ici personne. Et puis hier, le lendemain, j’ai passé toute la journée à
courir partout avec mes parents âgés, ce qui a remué pas mal de choses. Je vais tenter
d’aller à l’essentiel, ici. Ce qui est vu de plus en plus profondément, c’est la question
du contrôle : ‘’je’’ n’ai aucun contrôle. C’est ce qui m’apparaît de plus en plus et c’est
totalement vu. Je me suis encore réveillé au milieu de la nuit et j’ai été poussé vers
l’ordinateur pour relire votre correspondance, m’interroger et écrire. Si je pouvais
contrôler, continuerais-je de choisir ces épisodes du milieu de la nuit ? Bien sûr que
non ! Je ne fais juste que m’observer en train d’être manipulé comme une
marionnette : fais ceci, fait cela ! Tu penses que tu vas faire quelque chose ? Réfléchisy à deux fois, chouchou. Quelque chose d’autre est en train de se produire, pas vrai ?
J’espère que vous pouvez me suivre. C’est une description du processus en cours. Ce
n’est pas que ce soit terriblement différent par rapport à avant, d’une certaine
manière, mais c’est très différent d’une autre manière, parce que le sentiment de
contrôler est éliminé et c’est vu. Maintenant, ce n’est pas du tout une mauvaise chose.
C’est juste que je ne me sens pas entier et c’est là où la souffrance se glisse encore.
Bien entendu, ‘’je’’ n’ai aucun contrôle par rapport au fait de me sentir entier.
J’aimerais simplement pouvoir lâcher prise : ‘’OK, j’ai renoncé à tout contrôle’’, mais
ainsi que vous l’avez dit et comme je l’expérimente : ‘’Je’’ ne peux pas m’abandonner
ni faire aucune autre fichue chose que ce qui se produit.
Tout ce qu’il y a, c’est la vision de tout ceci, et je sais que c’est ce que Je suis. Vous
signalez : ‘’Tout ce que nous savons avec certitude, c’est que la Conscience est, Je
103
suis.’’ C’est tout ce qui a un sens pour moi. J’ai écrit ce qui suit, ce matin : ‘’Qui ou que
suis-je ? Cette Conscience cognitive a du sens pour moi, en ce moment. Un sentiment
de présence et ce qui se manifeste en elle. Encore une fois, c’est comme l’œil qui
essaye de se voir et qui ne peut pas. Il ne fait que voir.’’ Ainsi, je ne puis voir ce que je
suis. Cela me rend dingue d’essayer de le faire. Je puis seulement l’être et je le suis. La
seule chose que je puisse ‘’faire’’, c’est voir ce qui se produit déjà : voir tout ceci. C’est
fou, je suis la vision ! Je vois bien que toute souffrance n’est juste que plus de matière
mentale à voir et ne pas croire. Eh bien, j’ai pas mal de fois utilisé le mot ‘’voir’’,
n’est-ce pas ?
Si vous avez des commentaires, j’aimerais, comme toujours, les recevoir. J’ai
l’impression d’avoir toutes les indications et que maintenant, le processus me tient et
vous écrire en fait partie.
Je ne doute pas que vous savez ce que je ressens, quand je songe à quel point je vous
suis reconnaissant. Je n’arrête pas de le dire, mais je ne peux pas m’en empêcher.
Votre voyage jusqu’ici a initié une phase très importante et je me sens comme ce lion
qui est toujours reconnaissant à l’égard de celui qui lui a enlevé une épine hors de la
patte.
Stephen : Vous voyez tout par vous-même dans votre propre expérience directe. Tout
arrive, mais à personne. Voir se produit ; entendre se produit ; sentir se produit ;
penser se produit. Le sentiment d’être une personne avec une histoire se produit. Une
sensation de souffrance se produit. Je n’ai jamais su trouver quelqu’un ici en moi qui
souffrait. Je n’ai jamais su trouver qu’une histoire. La seule chose que j’ai su trouver
qui semblait souffrir, c’était mon corps, et cette souffrance ressemble plus à quelque
énergie bouillonnante inconfortable. Cette énergie bouillonnante inconfortable attire
l’attention et puis, une histoire se développe autour de celle-ci. Bien entendu, cette
histoire consiste toujours en moi et mes problèmes, moi et ma famille, moi et
mon/ma/mes…Vous connaissez l’histoire. Je n’ai jamais su trouver une personne qui
souffrait réellement. Il n’y a juste personne ici qui puisse souffrir, seulement un
corps. Tout cela n’était qu’imagination (moi et mon histoire).
Ainsi donc, les histoires vont et viennent. Le sentiment d’être une personne
distinct(iv)e va et vient. L’énergie bouillonnante inconfortable va et vient à travers le
corps. Mais il n’y a personne à qui cela arrive. Tout ne fait qu’advenir, à personne. Je
suis la Présence qui observe, et vous de même. Rien ne peut vous troubler, hormis
votre propre imagination. Il n’y a rien à éviter, ni rien à atteindre. Il n’y a nulle part
où aller et rien à devenir. Il n’y a personne qui puisse souffrir. Tout va bien.
72.
COMMENT LA SOUFFRANCE EST-ELLE REVENUE ?
Question : J’observerai directement mon expérience, tant qu’il le faudra. En fait, cette
observation se produit pendant une bonne partie de la journée et donc, les histoires
perdent réellement de leur emprise sur ‘’personne’’, comme vous le dites. Votre
104
description de l’énergie inconfortable comme fondement des histoires trouve un écho
chez moi. Vos indications directes me ramènent ‘’chez moi’’. J’attends un quelconque
basculement ultime pour me dire que je suis toujours ‘’chez moi’’. Je vois bien que
c’est une chausse-trappe et pourtant, il semble y avoir là un peu de vérité. Est-ce le
cas ? L’attention demeure simplement avec cette claire Présence consciente,
lorsqu’elle cesse de fuguer avec les histoires. Personne ne fait cela et pourtant, le
crédit semble toujours être attribué à ‘’quelqu’un’’ pour la ramener à la Conscience.
C’est juste un ‘’moi’’ subtil. C’est comme si, au lieu de simplement rester avec la
clarté, elle repasse tout doucement à une pensée subtile de ‘’moi’’. Ceci aussi peut-être
détecté, correct ?
Lorsque les choses ont bougé pour vous initialement après voir rendu visite à John
Wheeler, la première fois, et que vous avez ressenti un soulagement, comment étaitce ? Et comment la souffrance est-elle revenue ? Je demande, parce que nos esprits
semblent avoir certaines manières communes de recréer le sentiment distinct(if) du
je que nous partageons tous. Peut-être que je pourrais noter quelque chose en
entendant comment cela s’est passé dans votre propre expérience. Et je veux aussi
reconnaître que le sentiment de moi-même est beaucoup moins dense, il y a beaucoup
moins de lutte quotidiennement.
Stephen : Dans un premier temps, la souffrance est revenue pour moi, parce que,
d’une manière ou d’une autre, j’entretenais la fausse attente que je devrais avoir vécu
le ‘’basculement ultime’’, que je ne devrais plus jamais avoir aucune émotion
négative, ni ne plus jamais boire d’alcool, ni ne plus jamais ressentir de la colère, etc.
Voyez-vous comment ces vieux trucs se restaurent : les pensées ‘’je devrais’’ et ‘’je ne
devrais pas’’ ? Il n’y a pas d’injonctions, ni d’interdits. Tout est libre d’aller et venir en
nous. Nous n’avons rien créé qui jaillit dans la Conscience et nous ne pouvons pas
contrôler ce qui va et vient. Il peut y avoir toutes sortes d’évolutions, d’expériences,
d’éclairs de lucidité, etc., mais avons-nous sur eux aucun contrôle ?
Le sentiment subtil du moi est libre d’aller et venir, c’est juste un autre sentiment ou
une apparition qui surgit dans la Conscience. Tenter de demeurer avec la claire
Présence n’est qu’une autre tentative pour conserver le contrôle de notre expérience.
Nous n’avons réellement aucun pouvoir. Tout arrive, simplement.
S’il y a un ultime basculement ou une une ultime réalisation, c’est la réalisation que
nous ne pouvons rien faire du tout par rapport à quoi que ce soit et que jamais nous
n’avons pu. Nous sommes la Présence qui observe. Nous sommes témoins de la guerre
et de la paix, du bonheur et de la peine, du plaisir et de la douleur, du mystique et du
mondain.
La délivrance de la souffrance psychologique, c’est la réalisation que nous sommes
absolument impuissants. La guerre avec ce qui est cesse et le lâcher-prise s’opère. Il
n’y a plus personne ici pour opposer une résistance. Tout est comme il est.
Rétrospectivement, nous voyons que nous n’avons jamais eu de problèmes réels. Tous
nos problèmes étaient imaginaires et se fondaient sur le faux sentiment d’être un
105
‘’moi’’ pouvant exercer son contrôle. Tout cela n’était qu’imagination. Nous
reconnaissons que ce qui est réel, c’est cette présence de la Conscience qui est
toujours ici et maintenant. Cette Présence consciente que nous sommes n’a aucun
problème et Elle est toujours libre.
73.
LES INDICATIONS ONT TROUVÉ UN TERRAIN FERTILE
Question : Eh bien, tout ceci devient de plus en plus amusant ! Pas amusant, si vous
songez que vous êtes à la barre ou aux commandes, mais très amusant, lorsqu’il est
vu qu’il n’y a personne au volant. Et comment expliquer que c’est ce qui se produit ?
Eh bien, c’est comme si les indications avaient trouvé un terrain fertile et fleurissent
dans la Vacuité. Réellement, ce processus a maintenant sa vie propre et ‘’je’’ fais un
pas de côté et J’observe le spectacle. L’illusion se dresse parfois, mais l’illusion ne
mord pas vraiment et il n’y a aucun sentiment de contrôle, de blâme ou d’éloge. Tout
est vu comme des idées fantomatiques qui surgissent dans la Vacuité consciente et
une fois encore, le toujours présent – Merci !
Stephen : Merci de partager votre expérience. J’apprécie recevoir de vos nouvelles.
Eh bien, aujourd’hui, cela fait à peu près quinze jours, n’est-ce pas ? Cela peut
paraître bizarre, mais il semble que quinze jours soient plus qu’assez pour voir dans
sa propre expérience directe qu’il n’y a aucun ego distinct(if) ici, aucun moi, aucune
entité avec un pouvoir ou un contrôle sur son expérience de vie. Quinze jours
suffisent pour voir que la vie se passe maintenant et que ceci a toujours été le cas.
Quinze jours pour voir que tout ce que nous savons avec certitude, c’est que la
Conscience est, et que la source de tout ce qui apparaît dans la Conscience est un
mystère absolu. Quinze jours pour voir que nous sommes absolument impuissants, ne
sachant rien de rien. Et la vie continue – tout cela est un mystère. Alors, quelle est la
suite ? Qui sait ? Je n’en n’ai aucune idée ! Merci de partager votre expérience
concernant ceci. Je me réjouis de correspondre avec vous au fur et à mesure que la vie
se déroule.
Question : En réalité, je me suis donné dix jours et vers le neuvième jour, le ‘’je’’ a été
transpercé. Depuis, le reste a été un nettoyage des débris jetés dans la Conscience par
l’habitude du mental. Vous m’avez aussi aidé à ne pas à me laisser abuser par ce
spectacle du ‘’fantôme de l’opéra’’. Ce fantôme peut bien revenir et faire ‘’bouh !’’,
mais ce n’est juste qu’une apparence/apparition.
Rétrospectivement, je peux voir que, quand mon maître m’a demandé ‘’Qu’en est-il, si
vous laissez tomber tout cela et si vous me dites ce qui est ici maintenant ?’’, j’ai
regardé, j’ai vu et j’ai dit : ‘’Rien.’’ Ce fut vu alors. C’était en 2001, lors d’une retraite
avec lui. Ainsi, maintenant, nous sommes en 2005 et ce ‘’rien’’ est finalement
réellement vu comme tout ce qu’il y a : un rien qui se voit comme étant tout.
106
J’apprécie juste votre métaphore d’un ami qui suit avec vous la voie spirituelle
désertique et qui indique que le lac n’est qu’un mirage. Merci, cher ami. Des larmes
montent encore. Des larmes de gratitude, de paix, de miel et d’amour.
74.
UNE GRENADE M’A FAIT ÉCLATER LA TÊTE !
Question : Je veux encore partager avec vous d’autres choses étranges qui se passent.
Auparavant, j’avais l’impression d’être quelqu’un, une entité qui avait le choix,
distinct(iv)e et pensante, avec du pouvoir. Et puis, certaines personnes, telles que
vous-même et d’autres, ont signalé que ce ‘’moi’’ n’avait aucun pouvoir de faire quoi
que ce soit. Je suis conscient, je vois des choses qui se produisent, et la question se
pose : le ‘’moi’’ a-t-il pensé cette pensée ? Et je marchais. Le ‘’moi’’ marchait-il ? Des
sensations se produisent. Est-ce que je les fais se produire ? Je puis voir que l’image
de ‘’moi ‘’ auteur/acteur est une méprise innocente.
Et maintenant, je m’aperçois que je perds tout intérêt pour les réunions, les livres et
l’acquisition de connaissances. Même le besoin de méditer diminue. L’idée surgit :
‘’J’ai besoin de méditer, j’ai besoin de quelque chose’’, et puis cela passe. Je n’ai
aucune idée de qui arrive ou pas. C’est comme si une grenade m’a avait fait éclater la
tête ! Je me sens de nouveau normal, et cela fait du bien. J’ai envie de profiter de la
vie, de faire la fête et de m’amuser ! Oh mon Dieu ! Combien d’années ont été
gaspillées à la poursuite de tant d’absurdités ! Au diable, ‘’mon’’ histoire ! Merci.
Stephen : Oui ! Lire, méditer et tout cela ne vous conduira nulle part. Si vous avez
envie de méditer, alors allez-y, c’est très bien, mais cela ne vous procurera rien de
plus qu’aller vous promener. Si vous avez envie de lire, alors allez-y, lisez. Il est
inutile de faire quoi que ce soit pour être libre – car vous êtes déjà libre. Il n’y a pas
de problèmes réels, c’est juste l’imagination. Tout va et vient, le bonheur et la
tristesse, les rires et les larmes, et alors ? Ce n’est pas un problème. Tout passe.
Personne ne peut faire quelque chose pour vous. Vous n’avez besoin de personne, ni
de quoi que ce soit. Tout est bien, tel quel, en cet instant, en cet instant, en cet
instant. C’est toujours en cet instant. Voilà, il n’y a rien de plus.
75.
POUQUOI SUIS-JE ICI ? QUEL EST LE BUT ?
Question : Je faisais des recherches sur Internet et j’ai trouvé votre site web qui m’a
réellement touchée. J’ai été élevée dans la foi chrétienne, mais j’ai toujours cherché
plus, car rien ne satisfaisait mon cœur affamé. Depuis la mort de mon père, il y a sept
ans, beaucoup de questions ont surgi en moi et j’ai commencé à lire sur le nondualisme ou l’advaita. Je sais que je suis plus qu’un nom. Je suis réellement l’Essence,
la substance de la vie divine, la Vie elle-même. Je sais que vous, mes amis, ma famille
et moi, nous sommes Un, même si en termes relatifs, nous pouvons nous percevoir
comme différents (c’est une illusion). J’ai accepté intellectuellement cette dernière
107
proposition, parce que ce n’est pas facile à voir. En fait, je doute même que quelqu’un
l’ait vu.
Stephen : La mystérieuse Source qui a créé l’univers, la galaxie de la Voie Lactée et la
planète sur laquelle nous vivons ; la mystérieuse Source qui fait tourner la terre,
briller le soleil et tomber la pluie ; la mystérieuse Source qui crée les oiseaux, les
poissons, les plantes et les animaux ; la mystérieuse Source qui fait que nos yeux
voient, nos oreilles entendent et qui anime nos corps ; la mystérieuse Source qui crée
les pensées, les sentiments et les sensations qui se lèvent en nous ; cette mystérieuse
Source, c’est l’Un, c’est la Vie elle-même. Tout ce qui existe est une apparence de l’Un.
Vous êtes l’Un, je suis l’Un, tout est l’Un. Cet Un apparaît sous la forme du multiple.
Q : Je sais, comme l’a dit Jésus, que mon Père et moi, nous sommes Un et que je suis
l’Amour pur. Ce qui est compliqué pour moi à comprendre, c’est qu’apparemment cela
n’a aucune importance si moi qui suis la Conscience, j’aime, je vis ou je souffre. Tout
est pareil pour la Conscience. Alors, pourquoi suis-je ici ? Peut-être que ceci est
incompréhensible.
S : L’univers a-t-il une finalité ? Notre planète a-t-elle une finalité ? Avez-vous une
finalité ? Pourquoi l’univers est-il ici ? Pourquoi notre planète est-elle ici ? Pourquoi
êtes-vous ici ? Pourquoi pas ? Tout cela est un mystère absolu, non ? Répondre à ces
questions n’est pas nécessaire pour vivre en paix. Tout ce que nous savons avec
certitude, c’est que nous existons, Je Suis. Vous connaître en tant que Je Suis, c’est
vous connaître comme la Vie elle-même, comme la Paix ultime. Il n’y a aucune paix
dans les questions incessantes du mental et il n’y a aucun problème dans Je Suis.
Q : S’il n’y a aucune finalité, aucun plan, comment puis-je comprendre la souffrance ?
S : Est-il possible de comprendre la finalité ou le plan de l’univers ? Peut-on
comprendre le projet de l’humanité ? De tels plans existent-ils ?
Q : Par exemple, un membre de ma famille qui souffre d’une maladie terminale cause
une souffrance terrible à tous les membres de la famille, ici. Comment puis-je les
réconforter ?
S : Agissez comme vous le pouvez pour aider. La douleur et la souffrance font partie
intégrante de l’expérience de la vie. S’il y a des mesures que vous pouvez prendre
pour diminuer la douleur et la souffrance, alors aidez de toutes les manières
possibles. En fin de compte, c’est au-delà de votre contrôle, mais si vous pouvez aider,
alors faites-le.
Q : Pourquoi la Conscience a-t-Elle décidé via chacun de nous d’assumer un mode de
vie particulier ?
S : Tout cela est un mystère, non ?
108
Q : Pensez-vous que le concept de la séparation de l’humanité (dans notre esprit) soit
une illusion ? Si c’est une illusion et si la séparation ne s’est jamais produite, alors
quand, en tant que Conscience, puis-je totalement retrouver l’état réel ?
S : La séparation ne se produit que dans le mental. Vous êtes, avant le mental. Vous
n’avez jamais perdu l’état réel. Votre Essence est l’état réel, et vous n’avez jamais été
séparé de votre propre Essence. Votre Essence, c’est cet état naturel de Conscience, ici
et maintenant. Vous avez toujours été cette Conscience, vous êtes cette Conscience
maintenant et vous serez toujours cette Conscience. Connaissez-vous vous-même
comme cette Conscience, connaissez-vous en tant que Je Suis – pas comme j’étais ou
comme je serai – et l’illusion de la séparation est terminée.
Q : Je crois en l’éternité. Je sais que je suis la vie éternelle, mais je suppose qu’en tant
que Conscience, une fois que j’aurai quitté mon corps, je ne me souviendrai plus de
rien. Alors, quel était l’objectif de revêtir cette forme corporelle ?
S : Y a-t-il une finalité pour quoi que ce soit ? Tout ce que je sais, c’est que J’existe,
que la Conscience est. Au-delà de cela, je ne sais rien. Dans cette ‘’inconnaissance’’, la
vie se déploie et il y a la paix avec ce qui est.
Q : Veuillez me pardonner si je déverse toute ces questions sur vous et vous dérange
avec ces sottes préoccupations, et d’avance merci pour la gentillesse dont vous faites
preuve avec votre beau site web.
S : Je suis heureux de correspondre avec vous.
76.
N’UTILISEZ AUCUN MOT ― MANTENANT, DITES-MOI CE
QUI RESTE ?
Question : Je n’ai aucun succès avec l’investigation sur le contrôle. J’ai l’impression
qu’examiner l’indication ‘’Que suis-je ?’’, pourrait mieux miner la fausse croyance que
ce qui devient vite une investigation mentale du moi. J’avais des problèmes pour
répondre à la simple question ‘’êtes-vous conscient ?’’, car elle semble supposer qu’il y
ait un ‘’vous’’ centralisé. Il y a simplement les cinq sens, plus la pensée qui va et vient.
La question ‘’Etes-vous conscient ?’’ signifierait pour moi quelque chose comme ‘’Y at-il une perception ?’’
Je ne puis trouver ce qui est immuable et toujours présent. Il semble que la
Conscience puisse être soit une perceptrice centrale ou puisse être la qualité
essentielle de tous les phénomènes. Y a-t-il une Conscience centralisée qui perçoit
tous les sens et toutes les pensées ? Cela suggère une dualité de la Conscience et du
contenu, une Conscience distincte qui est consciente des sens.
Ou bien chaque sens individuel se pose-t-il comme conscience ? Cela signifierait qu’il
n’y a rien dans notre expérience en dehors des sens, rien en dehors du contenu. Il y a
109
une qualité que possède chaque phénomène : la conscience. Sans cette qualité, la
sensation n’apparaîtrait pas. Si ceci est correct, alors la conscience ne serait pas
toujours présente, elle ne serait présente que pendant les sensations ou les pensées.
Stephen : Quoiqu’ils sont essentiellement identiques, Nisargadatta utiliserait le terme
‘’conscience’’ (consciousness), plutôt que Conscience (awareness) dans votre exemple.
Utiliser ces deux termes aide à différencier la Conscience absolue et la conscience
relative. Quand vous êtes dans le sommeil profond, il y a là la Conscience absolue ;
quand vous vous réveillez le matin, lorsque vous entendez l’alarme qui se déclenche, il
y a la conscience relative. Ainsi, on pourrait dire que la conscience n’est pas toujours
présente, mais que la Conscience l’est toujours. La Conscience n’a aucune relation
sujet-objet. La conscience apparaît avec la pensée ‘’je’’, et l’apparence du monde
survient avec la pensée ‘’je’’. Qu’êtes-vous, essentiellement ? La Conscience. Tout le
reste va et vient. Vous demeurez.
J’ai écrit dans la correspondance intitulée ‘’Le koan de l’advaita’’ : ‘’ Les philosophes et
les physiciens ont le plaisir (et la frustration) d’essayer de décrire la conscience en
termes de concepts. Certains disent que celui qui perçoit, que la perception et que ce
qui est perçu sont Un. Cet ‘’Un’’, c’est la Conscience. Par conséquent, la Conscience est
tout ce qu’il y a.’’
Tous ces mots ne sont juste que des concepts, mais ils signalent ce que vous êtes : la
Conscience elle-même, la Vie elle-même. Peu importe le mot que vous aimez. Il n’y a
aucune séparation.
Q : Je ne m’attendais pas à ce que le scénario que j’ai présenté soit correct. Si chaque
sens individuel se présente comme une conscience, sans aucune autre conscience
centrale distincte, alors pourquoi ne peut-on pas dire qu'il y a six consciences ? Ne
peut-on pas dire que le "je" jaillit six fois : dans la vision, l’audition, la sensation le
goût, l’odorat et la pensée ?
S : Tout ce que nous dirons ne sera pas cela. La Conscience est – point barre. Etesvous conscient, en ce moment ? Voilà ! Tout le reste n’est que courir conceptuellement
après sa queue.
Q : Etes-vous conscient, en ce moment ? Je ne sais pas ce que cette question demande.
La seule façon dont j’ai l’impression de pouvoir répondre, c’est qu’il y a des
sensations.
S : Vous avez dit : ‘’Il y a des sensations.’’ Voilà. Il n’y a rien de plus. La vision se
produit par l’intermédiaire des yeux. La vision peut-elle voir la vision ? Celui qui voit
est-il séparé de la vision ou de ce qui est vu ? La Conscience est aussi comme cela.
Tout est la Conscience. Il n’y a aucune séparation.
Aucun mot ne s’applique. La Conscience est – point barre. Même la Conscience est
juste un mot. Si vous balancez tous les mots et toutes les questions, que reste-t-il ?
110
Aucun mot ne s’applique. C’est Ce que vous êtes. C’est inexprimable. C’est comparable
à tenter d’utiliser des mots pour décrire la vision qui se produit par l’intermédiaire
des yeux. Il y a juste la vision. Comment peut-on décrire cela ? Cela est, simplement.
Ainsi en est-il de votre essence en tant que Conscience. Elle est, simplement. Aucun
mot ne s’applique. N’utilisez aucun mot et dites-moi ce qui reste ?
77.
LES MOTS IMPLIQUENT UNE DUALITÉ LÀ OÙ IL N’EN
N’EXISTE AUCUNE
Question : Je suis là-dessus depuis un certain temps. J’ai lu les ‘’Commentaires sur la
Vie’’ de J. Krishnamurti vers 1956. Il fut pour moi le premier non-dualiste. Je
cherchais l’Illumination, à l’époque. Il n'arrêtait pas de dire que vous n'avez pas envie
de l'objet, mais que vous êtes l'envie, c'est ce que vous êtes, et qu'il n'y avait pas de
"je".
Depuis lors, j’ai lu la plupart des livres sur le sujet, j’ai fait deux fois l’EST (Erhard
Seminars Training), je suis devenu bouddhiste au Centre Zen de Rochester, etc. Cette
année, en août, je suis tombé sur vos écrits et d’autres. L’idée d’être déjà éveillé a été
une bénédiction. Les choses ont commencé à avoir du sens et deviennent plus claires.
Ma question est celle-ci : Vous avez écrit dans la correspondance intitulée ‘’Des
indications supplémentaires ?’’ : ‘’Remarquez votre propre Conscience. Remarquez
votre essence en tant que Conscience.’’ N’est-ce pas comparable à l’œil qui se voit luimême ? Je ne fais pas le difficile. C’est simplement qu’il m’a été indiqué qu’on ne peut
pas être conscient de la Conscience, puisque cela fait de la Conscience un objet. Il me
semble étrange que je ne puisse pas être conscient de ma Conscience. Veuillez
répondre, si vous le souhaitez.
Stephen : Les mots impliquent une dualité, là où il n’en n’existe aucune. C’est la
nature du langage, mais nous n’avons pas besoin de mots pour connaître cette
présence de la Conscience que nous sommes. J’utilise maintenant des mots et je vous
demande si vous pouvez stopper un moment, maintenant, et observer le fait que vous
êtes conscient de ces mots. Plus précisément, il y a une conscience de ces mots,
d’accord ? Si nous laissons tomber les mots, si nous laissons tomber le langage et si
nous sentons par nous-mêmes ce que les mots indiquent, nous sommes conscients et
nous le savons. Quelque chose observe ces mots, quelque chose a conscience de la
pièce où vous vous trouvez, quelque chose a conscience des sons que vous entendez à
l’arrière-plan, quelque chose a conscience des pensées qui jaillissent en réponse aux
mots que vous lisez maintenant. Ainsi, il y a une conscience ici, d’accord ? Cette
Conscience, c’est votre nature essentielle, ma nature essentielle. Sans cette
Conscience, rien n’existe. La pensée d’être conscient de la Conscience n’existe pas à
moins que la Conscience ne soit ici pour l’observer. L’expression ‘’être conscient de la
Conscience ‘’ n’est qu’une indication pour aider à détourner l’attention des objets de
la Conscience et la ramener à la Conscience elle-même. Ce peut être une indication
111
utile, parce que cela nous aide à réaliser ce que nous sommes essentiellement – la
pure Conscience.
La souffrance psychologique est provoquée par la fausse conception d’être quelque
chose que nous ne sommes pas : une entité qui contrôle distinct(iv)e et par le fait
d’ignorer le fait de notre propre existence en tant que Conscience. Quand il est réalisé
que ce que nous sommes, c’est cette simple présence de la Conscience qui est
consciente de la vision, de l’audition, de la sensation, de la pensée et que nous ne
sommes pas un ego, une entité distinct(iv)e qui a le contrôle sur les objets de la
Conscience, il y a un sentiment de soulagement par rapport à la contraction de l’ego.
Ainsi, des milliers de mots sont écrits pour indiquer ce qu’on ne peut pas mettre en
mots et ce qui ne peut pas être éludé : cette présence de la Conscience que vous êtes.
Le sentez-vous, maintenant ?
Q : Je vous remercie beaucoup pour votre réponse. Je l’ai lue à maintes reprises. Il y a
là-dedans tellement de subtilité et pourtant, quand c’est vu, c’est évident.
78.
LE BONHEUR ET LA TRISTESSE : SONT-ILS JUSTE DE
L’ÉNERGIE ?
Question : Merci de m’avoir accordé votre temps et votre attention, ce soir. Cela m’a
réellement aidée et j’apprécie énormément. C’était vraiment bien de parler
spécifiquement de la dépression, car je ne cessais de lui donner du pouvoir par cette
étiquette, ne réalisant pas que c’est juste de l’énergie qui est différente d’une autre
énergie qui passe également par moments.
Stephen : Oui, il semble y avoir un flux et un reflux naturel d’énergie à travers le
corps. Si l’énergie qui circule dans le corps est légère et aérienne, nous parlons de
bonheur et nous disons que c’est bien, mais si l’énergie est lourde et sourde, nous
parlons de peine et nous disons que ce n’est pas bien. Habituellement, une histoire se
développe autour de l’énergie et une relation de cause à effet est mentalement
théorisée. Nous devons avoir fait quelque chose de mal qui a produit cette énergie
lourde et sourde et nous devons agir pour régler cela. Ou nous devons avoir fait
quelque chose de bien pour mériter cette énergie légère et aérienne et donc, nous
assurer que ce sera toujours le cas. Les histoires qui se créent en réponse aux
différents schémas énergétiques peuvent devenir tout à fait dramatiques dans le
mental, mais les histoires sont un non-sens. Le fait est que différents schémas
énergétiques se produisent dans le corps, il n'y a rien de plus que cela. Certains
schémas énergétiques sont légers et aériens et d’autres sont assommants et ternes.
112
79.
LA CLÉ POUR RÉSOUDRE VOTRE AUTO-INVESTIGATION
Question : Lorsqu’on nous dit de regarder et de voir si on peut trouver un ‘’je’’ qui
existe de manière indépendante, une part de mon ego qui demeure dit : ‘’Oui, j’existe
de façon indépendante. Je suis dans ton cerveau. Ton cerveau est distinctif, non ? Eh
bien alors, c’est qu’il y a un ‘’je’’ distinctif, et c’est toi !’’ C’est une petite croyance
assez persistante ! Mais, ce n’est pas toujours ainsi. Parfois, je suis en quête d’un moi
indépendant et je ne trouve rien d’autre que des impulsions électrochimiques dans un
morceau de viande à l’intérieur de mon crâne. D’autres fois, je trouve que la
Conscience est la Totalité et donc, aucun sentiment d’un ‘’moi’’ ne se manifeste.
Parfait, mais alors, il y a ces autres fois où le moi semble se définir, s’autodéterminer
et réel. Ainsi, je crois qu’on devrait dire que parfois, j’ignore que je ne suis pas un moi
distinctif. Autrement, il n’y aurait même plus besoin d’y penser !
Ainsi, ceci semble être le point suivant à investiguer, ne pensez-vous pas ? Continuer
à demander, quand je pense être un moi distinctif, ce que j’entends exactement parlà ? Lorsque je me sens distinctive, me demander ce qui me fait me sentir distinctive.
Je n’apprécie guère de tels revirements ! Pourquoi puis-je lire quelque chose comme
‘’il n’y a ici personne dans le mental’’, comme je vous l’ai dit ce soir et complètement
piger, mais alors après, cela ressemble à du grec ? En ce moment, on dirait qu’il y a
quelqu’un ici dans le mental et c’est frustrant !
Stephen : Voici la clé pour résoudre votre auto-investigation. Ce ‘’je’’ que vous avez
parfois l’impression d’être, ce ‘’je’’ distinctif qui va et vient, a-t-il le pouvoir de
contrôler votre expérience ? Contrôlez-vous l’expérience de votre vie ? Créez-vous le
flux et le reflux de l’énergie dans votre corps ? Créez-vous les sentiments, les pensées
et les sensations qui se présentent à vous ? Avez-vous le moindre contrôle ou le
moindre pouvoir sur quoi que ce soit ? Ce sentiment d’avoir le contrôle et d’avoir le
pouvoir de créer et de changer notre expérience est à la source de la souffrance
psychologique. Lorsque vous voyez clairement dans votre propre expérience directe
que vous n’avez aucun pouvoir, aucun contrôle sur votre expérience, il y a un
abandon naturel à tout ce qui survient. Vous êtes le dos au mur et il n’y a aucun
moyen de sortir de ce qui est. Vous êtes absolument impuissant. La guerre contre ce
qui est est terminée. Le sentiment d’être une personne distinctive peut aller et venir.
Après tout, vous ne l’avez pas créé. Mais désormais, vous savez qu’il est impuissant et
inoffensif et il passe, juste comme toute autre apparence.
Q : Eh bien, je vais continuer de travailler là-dessus…
S : Un autre élément extrêmement important de l’auto-investigation, c’est la fixation
d’un délai fixe pour en finir avec elle. Sans fixer un délai spécifique, elle a tendance à
s’étirer indéfiniment et la souffrance se prolonge. Combien de personnes pratiquent
l’auto-investigation depuis cinq, dix ou vingt ans ? L’auto-investigation est un outil.
Utilisez-le, puis jetez-le. Il semble que quinze jours soient amplement suffisants pour
s'y atteler et pour aller au fond des choses. Noter journalièrement vos pensées et vos
expériences peut être utile pour clarifier les choses pour vous aussi. On peut avoir
113
l’impression d’avoir une compréhension solide dans son esprit, mais prendre des
notes aide vraiment à clarifier ce qui se passe dans votre tête.
Q : Si vous souhaitez répondre, faites-le à votre guise. Vous avez déjà été très
généreux avec votre temps.
S : Je suis heureux de partager mon expérience avec vous à ce propos. Nous sommes
tous dans le même bateau, alors autant s’entraider en cours de route. Que pouvonsnous faire d’autre ?
80.
CETTE MARIONNETTE A DES YEUX POUR VOIR ET DES
OREILLES POUR ENTENDRE
Question : Je m’applique vraiment à ce projet d’en finir. C’est bien de rester
concentrée là-dessus, parce que des choses ont tendance à surgir, quand je le fais.
Stephen : Le sérieux et le désir d’en finir avec la quête spirituelle peuvent être des
facteurs importants pour en terminer avec la recherche. Le sérieux et le désir se
manifestent en réponse à la souffrance. Vous n’avez pas créé la souffrance, ni le
sérieux, ni le désir de vous en libérer. Vous êtes la Présence/Témoin consciente de
tout ce qui se déroule.
Q : J'ai beaucoup écrit dans mon journal et je voudrais vous donner des petits
résumés au fur et à mesure afin que vous puissiez être à l'affût de toute
incompréhension. J’espère que je n’en demande pas de trop !
S : Je suis heureux de partager tout ce qui est possible avec vous jusqu’à ce que vous
sachiez que vous en avez fini avec ceci. Vous saurez que vous en avez terminé avec la
recherche, lorsque vous réaliserez qu’il est impossible de quitter le moment présent.
Vous n’avez pas créé les pensées, ni les sentiments, ni les sensations qui se présentent
à vous et qui ne font qu’apparaître. D’où viennent-ils et où vont-ils ? C’est un mystère.
L’unique chose que vous savez avec certitude, c’est que vous existez. Vous êtes cette
existence, ce sentiment de présence, cette Conscience qui est toujours ici et qui
observe actuellement le spectacle écrit, produit et dirigé par la Source mystérieuse de
toute l’existence. Amanda est un personnage du spectacle, qui est déplacé tout autour
de la scène comme une marionnette. Cette marionnette a des yeux pour voir et des
oreilles pour entendre, mais la vision et l’audition ne relèvent pas d’elle. Amanda n’a
aucun pouvoir de voir, d’entendre, de penser ou de sentir et pourtant, tout ceci arrive.
Qui le fait ? Est-ce vous ?
Q : Ainsi, la nuit passée, il y a eu ceci. J’ai compris que oui, il y a un cerveau et oui, il y
a un esprit, mais il n’y a personne qui les fait fonctionner. J’ai compris qu’il n’y a
aucune entité qui fait se produire quoi que ce soit en eux. Et alors, ce matin, tous les
114
trucs qui se passaient dans mon cerveau n’étaient pas le moins du monde troublants,
parce qu’ils furent vus comme n’étant pas moi.
S : Ainsi, vous voyez par vous-même dans votre propre expérience directe qu’Amanda
n’a aucun contrôle sur ce qui apparaît dans la Conscience. D’où viennent les pensées,
les sentiments et les sensations ? C’est un mystère absolu, n’est-ce pas ? Et tout ce qui
apparaît dans la Conscience n’est que de la matière mentale, ce n’est pas vous et ce
n’est pas réel. Rien ne peut vous troubler, hormis votre propre imagination.
Q : Mais cela fluctue. C’est comme si j’ai une réalisation immense et je pense que je
saurai toujours ceci et puis ensuite, je ne sais plus. J’ai comme l’impression que le ‘’je’’
entre, puis ressort de l’existence ! J’apparais et je disparais et il apparaît que je n’ai
aucun contrôle. Bien sûr que je n’ai aucun contrôle ! C’est ce que j’ai juste vu, la nuit
passée, mais en ce moment, le sentiment d’être un moi distinct(if) semble réel.
S : Votre Soi réel ne fluctue jamais. Votre essence, c’est la Conscience. Sans la
Conscience, il ne peut y avoir aucun sentiment d’entrer, puis sortir de l’existence. Ce
qui va et vient, c’est le sentiment d’être une entité qui contrôle distinct(iv)e, une
personne distinct(iv)e qui a le pouvoir de contrôler son expérience, mais vous voyez
que ce n’est pas vrai. Les pensées, les sentiments, les sensations et les croyances vont
et viennent, mais Vous demeurez.
Q : Je continue simplement de faire ce que je fais ?
S : Vous saurez quand c’est terminé. Il ne reste rien à faire. Qu’avez-vous jamais fait,
de toute façon ? Tout arrive. Tout arrive toujours. Tout continuera à arriver et
finalement, il ne s’est jamais réellement rien passé. Toute la recherche spirituelle est
une vaste blague ! Il n’y a rien à trouver, rien à faire, nulle part où aller, rien à
atteindre, rien à éviter, ni personne qui fait quoi que ce soit. Tout ce qu’il y a, c’est
Cela. Tout ce qu’il y a jamais eu, c’est Cela. Voilà !
81.
VOUS NE POUVEZ PAS VOUS ÉVEILLER, PUISQUE VOUS
N’AVEZ JAMAIS ÉTÉ ENDORMIE
Question : Eh bien, j'ai vraiment parcouru du chemin aujourd'hui, de par ce que vous
m'avez écrit sur le fait que la vision et l’audition ne sont pas à moi. Il n’y a toujours
personne qui fait quoi que soit. Il n’y a toujours rien à faire, rien à changer. Il n’y a
toujours personne qui génère la vision que je vois. Finir ce job pourrait venir plus vite
que je ne le pensais !
Stephen : Vous voyez et vous réalisez dans votre propre expérience directe que la vie
advient, mais à personne. Ainsi, s’il n’y a personne ici maintenant pour voir,
entendre, sentir, penser et faire, y a-t-il jamais eu quelqu’un ici pour agir en ce sens ?
115
Qu’est-ce qui n’a jamais changé chez vous ? Qu’est-ce qui est ici et maintenant, chez
vous ? Qu’est-ce qui ne s’est jamais endormi chez vous ? Qu’est-ce qui ne s’est jamais
éveillé chez vous ? Vous êtes la Conscience. Vous ne pouvez pas vous éveiller, puisque
vous n’avez jamais été endormie ! Un rêve s’est produit dans lequel Amanda était la
scénariste, la productrice et la directrice de sa vie. Il est vu que le rêve est un rêve, et
c’est terminé. Le rêve peut revenir, mais à présent, vous savez qu’un rêve est un rêve.
Il y a une Présence/Témoin qui observe tous les rêves, et vous êtes cette Présence. Ce
n’est pas votre présence, c’est le sentiment impersonnel de Conscience qui contemple
l’expérience personnelle d’Amanda, au fur et à mesure que sa vie se déroule. Tout
arrive, mais à personne. La Conscience est – point barre ! Il ne reste plus rien à faire,
et il n’y a plus personne pour le faire.
(La suite, le lendemain)
Q : Je pense que la fin est en vue. Aujourd’hui, tout au long de la journée, l’agir s’est
simplement produit. Ce qui advient est frais et sans lien avec rien d’autre, aussi n’y at-il aucune histoire qui produise une réaction émotionnelle.
Une chose que je pense très étrange concernant ceci, c’est que c’est tellement cocasse
que comment pourrait-on jamais enseigner ceci à quelqu’un ? Il n’y aurait jamais pu y
avoir une religion qui dise que vous n’êtes personne, puisque personne n’y aurait
souscrit ! Et pourtant, c’est la seule vérité. Il m’a juste paru bizarre que la vérité est
quelque chose que très peu de gens croiront, en fait. Une fois que l’on y adhère, le
reste est, je pense, inéluctable.
S : Pas d’adhésion, ni de livraison. Tout est comme il est.
82.
SUIS-JE DANS LA CONSCIENCE OU LA CONSCIENCE ESTELLE EN MOI ?
Question : Je trouve que votre site est très utile. Je voudrais simplement vous
remercier de votre générosité d’âme en rendant votre compréhension accessible aux
autres. J’espère que cela ne vous dérange pas, si je pose quelques questions. Cette
Conscience sous-jacente me paraît claire. Je ferme les yeux et Elle est là – vaste,
insondable et éveillée. Elle paraît toutefois localisée en moi, même si j’ai lu des
millions de fois que le ‘’moi’’ est en Elle. A quel moment, cette compréhension
devient-elle évidente ?
Stephen : Il n’y a ni dedans, ni dehors. Le ‘’moi’’ n’est ni dans la Conscience, ni en
dehors de la Conscience. Le ‘’moi’’ n’est qu’une pensée. Le mot ‘’Conscience’’ est
simplement une autre pensée. Les mots ‘’dedans’’ et ‘’dehors’’ sont juste des pensées.
Il n’y a pas de moi séparé, de Conscience séparée, aucun dedans, aucun dehors. Ce
sont tous des mots, des concepts. Il n’y a aucune séparation. Laissez tomber tous les
concepts ; maintenant, que reste-t-il ?
116
Q : Je puis reposer dans cette Conscience et un sentiment d’émerveillement, de
mystère et d’inconnaissance absolue se déploie. Ma perception du monde devient plus
lumineuse. Il y a une sorte de connaissance sans connaître quelque chose. Je ressens
profondément l’unité de la vie.
S : Oui, c’est cela. Tout ce qu’il y a, c’est la Conscience, et vous êtes Cela. Vous êtes le
mystère, vous êtes l’émerveillement et vous êtes la connaissance qui ne connaît rien.
Tout est Un et vous êtes cet Un. Tout le reste est un non-sens conceptuel.
Q : J’entends que des gens comme vous disent que tout ceci est très simple. Arrêtez de
penser et de chercher et voilà, aucun niveau de compréhension, simplement ceci, et
j’ai découvert que c’est vrai, mais d’où vient la connaissance ou l’intuition dans, par
exemple, ‘’tout ce qu’il y a, c’est la Conscience et la Conscience n’est pas produite dans
le cerveau, le cerveau est une apparence/apparition dans la Conscience ?’’ Comment
peut-on le savoir avec certitude ?
S : Est-il possible de connaître réellement quelque chose ? Chaque mot que j’ai dit ou
que j’ai écrit est un non-sens conceptuel. Balancez tout cela et que reste-t-il ?
Q : J’ai reposé dans cette même Conscience et je ne sais rien. C’est une inconnaissance
absolue. Et puis, dans mon cas, le mental embraye de nouveau et il essaye de
comprendre les choses.
S : Quand tout sera compris par le mental, que saurez-vous ? Que dalle ! Avoir un
savoir vous permet d’avoir un bon job et de bonnes notes à l’école, mais cela ne vous
procurera pas la paix que vous êtes déjà.
Q : Tous les sens sont physiques et sont localisés dans ce corps physique particulier.
Tout ce que je connais du monde dépend des sens. Toutes les pensées, tous les
sentiments et tous les états mentaux dépendent du cerveau et de son bon
fonctionnement. Comment peut-on savoir que le cerveau résulte de la Conscience
plutôt que l’inverse ? A quel stade ceci est-il connu ?
S : Si votre intérêt, c’est de vivre en paix, quelle différence cela fait-il si le cerveau est
dans la Conscience ou la Conscience dans le cerveau ? Il n’y a aucune séparation
jusqu’à ce qu’une pensée surgisse. Une pensée divise-t-elle vraiment l’univers en
petits morceaux ou une pensée crée-t-elle simplement l’apparence de la séparation ?
Quand il n’y a aucune pensée, tout est Un. Lorsqu’une pensée surgit, la séparation se
produit-elle réellement, l’Un devient-Il réellement le multiple ou cela semble-t-il
simplement être le cas ? La Conscience n’est pas dans le cerveau ; le cerveau n’est pas
dans la Conscience. Rien n’est séparé. Il n’y a ni dedans, ni dehors.
Q : Eh bien, je me suis encore cassé la nénette ! Ce questionnement constant ne me
conduit nulle part et alors, il y aura un lâcher-prise avant de reposer en Cela. Mais
une fois que je suis dans cet état, je ne sais rien. La majorité des maîtres advaitins et
non-duels déclarent avec une certitude apparente qu’ils connaissent certaines choses
117
dans cette inconnaissance, tout en soulignant que la Conscience est la même pour
chacun et qu’il n’y a pas de niveaux. Et bien alors, dans ce cas-là, pourquoi est-ce que
je ne sais absolument rien, quand je repose en Cela ?
R : Cette ‘’inconnaissance’’ est tout ce qu’il y a. Tout le reste est un non-sens
conceptuel. Des connaissances sont-elles nécessaires pour vivre en paix ou votre
recherche de connaissances perturbe-t-elle la paix que vous êtes déjà ?
Q : Je sais que c’est la soif de connaissances du mental qui perturbe la paix qui est
déjà ici, mais il s’agit d’une paix d’une totale inconnaissance (pour le mental), et c’est
la raison pour laquelle il est perturbé, quand il lit certaines choses déclarées par les
maîtres advaitins et qu’il pense : ‘’Eh bien, comment peuvent-ils réellement savoir
cela ? Je ne connais pas cela et donc, je dois continuer à chercher.’’ C’est une drôle de
contradiction, puisque j’ai suivi leurs conseils et que j’en suis arrivé au stade où je ne
sais absolument rien et par conséquent, je ne pourrais pas dire à partir de ma propre
expérience que la Conscience est tout ce qui est, par exemple. Même si l’absence d’un
moi et donc d’un libre arbitre semble claire (peut-être). Je radote encore et je me suis
rendu confus. C’est le moment de déconnecter. J’ai hâte de recevoir de vos nouvelles.
S : Il n’existe pas de chose telle que la Conscience. Alors, quid ?
83.
TOUTES LES QUESTIONS SE DISSOLVENT DANS CETTE
‘’INCONNAISSANCE’’
Question : Je cherche depuis quelques années et même si la paix semble quelquefois
là, il y a également des moments d’intense souffrance et de désespoir de pouvoir
m’échapper. J’utilise une série de questions qui examinent la nature des pensées
pénibles, mais l’entité distinct(iv)e, celle qui veut quelque chose, le chercheur, est
toujours présente. Je me sens souvent très frustré d’avoir eu une certaine
compréhension de la vérité, mais je ne la vis toujours pas. Cela ressemble à une
blague cruelle de vivre avec cette connaissance. J’ai tenté d’investiguer le ‘’je’’, mais
cela me donne mal à la tête et je souhaite ne pas l’avoir fait. Je suis rempli de la
compréhension et des concepts des autres concernant ce qui pourrait se produire, et
mon mental semble toujours être là à poser des questions : comment, quoi, où, quand,
pourquoi ? Etc.
Stephen : Vous avez mentionné que vous expérimentez parfois une souffrance
intense et un désir de fuite. Si par-là, vous voulez dire que vous avez des idées
suicidaires, alors allez voir immédiatement un docteur. Il y a de nombreux moyens
pour remédier médicalement et psychologiquement à ces sentiments. Les concepts de
l’advaita ou non-duels ne guériront pas le diabète, les maladies cardiaques, les os
fracturés ou les troubles bipolaires. Si vous souffrez d’une jambe cassée ou d’une
dépression clinique, allez voir un docteur. Autrement, si vous êtes en bonne santé et si
vous désirez vous libérer de la souffrance psychologique, c’est une possibilité et je
suis heureux de partager mon expérience en la matière.
118
Q : Eh bien, c’est une bonne chose que vous ayez relevé le besoin de fuite. Je prends
des médicaments sur ordonnance depuis des années, désespérant de pouvoir
anesthésier mon expérience de la réalité. Je vois effectivement un docteur, mais je ne
suis pas sûr qu’essayer de nouveaux médicaments soit pour moi la réponse. J’ai le
sentiment d’avoir complètement parcouru cette voie, mais je suis ouvert, et si les
choses vont réellement mal, alors c’est une option. Merci de vous inquiéter pour moi.
J’ai l’impression de parfois tourner en rond. Bien qu’il y ait un certain niveau de paix,
je reste encore accaparé par ce besoin d’en avoir plus et de trouver cette réponse
ultime. Chaque fois que je suis pris là-dedans, cela paraît pire qu’avant. Je n’ai
réellement expérimenté ceci que depuis que j’ai commencé à investiguer, il y a
environ trois ans, dans le sens où j’ai maintenant une certaine compréhension de ce
qui se passe. J’ai dit à quelqu’un que j’avais l’impression d’être un yoyo.
J’ai le sentiment que le fait d’utiliser une série de questions qui investiguent la nature
des émotions douloureuses m’aide, particulièrement si je suis coincé dans un concept
pénible. Bien que l’enseignement provienne d’une perspective non-duelle similaire,
c’est-à-dire qu’il n’y a personne qui effectue le travail, j’ai toujours le sentiment qu’il
y a ici quelqu’un qui l’effectue. Après avoir pratiqué ainsi pendant quelques années,
mon mental se l’approprie souvent et le transforme en technique plutôt qu’en une
action naturelle. Au bout du compte, il semble toujours y avoir quelqu’un qui essaye
d’obtenir quelque chose ou de parvenir quelque part, c’est pourquoi j’ai commencé à
correspondra avec vous. Je suis fatigué de cette recherche. Pouvez-vous m’aider ?
S : Il n’y a rien à obtenir. Il n’y a nulle part où aller. Alors, répondre à des questions
peut-il vous y amener ? Amenée jusqu’à leurs conclusions logiques, la seule réponse
honnête à toutes les questions, et ce compris les questions ‘’Qui suis-je ?’’, ‘’Que suisje ?’’, ‘’Où suis-je ?’’, ‘’Quand suis-je ?’’, et ‘’Pourquoi suis-je ?’’ est : ‘’Je ne sais pas’’.
Ce sentiment d’ ‘’inconnaissance’’ est ce que vous êtes. Tout naît, vit et meurt dans ce
sentiment d’inconnaissance. Un autre nom pour ce sentiment d’inconnaissance, c’est
la Conscience. Cette Conscience est ce que vous êtes. On ne peut jamais réaliser ce
sentiment d’inconnaissance, cette Conscience ; on l’est. Vous avez toujours été ce
sentiment d’inconnaissance. Vous serez toujours ce sentiment d’inconnaissance.
Toutes les questions se dissolvent en vous, ce sentiment d’inconnaissance.
84.
UN TAS DE FADAISES !
Question : Je veux vraiment être ouvert par rapport à ce qui se passe ici avec moi. Je
n’ai pas encore parfaitement intégré tout cela. Certains des mêmes vieux problèmes
resurgissent. Il y a ce ‘’moi’ qui recherche la joie sans cause et je tente de demeurer
dans la conscience du présent.
Apparemment, s'il demeure une insatisfaction quelconque, c’est que le "moi" n'est pas
encore complètement viré. Peut-être est-ce un ultime soubresaut du ‘’moi’’. Ou on
119
pourrait dire que c’est l’Eveil, mais pas encore la Libération complète, toutefois. On
verra.
Stephen : Je sais que je prêche à un converti, mais tous vos problèmes sont des
fadaises. Rien ne peut vous perturber, hormis votre propre imagination. Cela n’a
aucune importance, quelle fadaise resurgit. Une fadaise est une fadaise. Une fadaise a
toujours été une fadaise et restera toujours une fadaise. Alors, quid ? Toute cette
histoire d’Eveil, de Libération et de souffrance est une fadaise. Croyez-vous vos
propres fadaises ? Je ne crois ni en vos fadaises, ni en les miennes. Ce sont toutes les
mêmes fadaises !
Vous ne vous éveillerez jamais. Vous ne serez jamais libéré. Vous n’avez jamais été
endormi. Ce sont toutes des fadaises. La Conscience est la Conscience. L’imagination
est l’imagination. Une fadaise est une fadaise. Une merde est une merde. Tirez la
chasse et que reste-t-il ?
Q : Rien ! Quel beau parcours ! Et quelle joie subtile il en ressort !
85.
QUI FIXE L’INTENTION DE S’AFFRANCHIR DE LA
RECHERCHE ?
Question : Je trouve vos écrits très utiles, particulièrement votre essai intitulé
‘’Réflexions’’ dans lequel vous dites : ‘’ Votre foyer, c’est la Conscience. Votre foyer est
la paix. Votre foyer est céleste...’’ C’était utile de faire la suggestion de s’arrêter et de
regarder. Pouvez-vous me donner quelques indications pour regarder à l’intérieur
pour voir qui se sent perturbé ? Devrais-je regarder ce qui ne s’arrête pas, quand vous
dites stop ? Quand je me demande, ‘’Qu’est-ce qui est réel ?’’, mon corps/esprit se
calme et se sent moins agité. Devrais-je essayer de contempler ce qui est réel ? Cela
suffit-il ?
Une question qui me vient à l’esprit par rapport à votre déclaration que nous n’avons
aucun contrôle, c’est que je me demande alors qui fixe l’intention de s’affranchir de la
recherche ?
Stephen : La suggestion, c’est d’investiguer et de voir dans votre propre expérience
directe qui ou ce qui contrôle les pensées, les sentiments, les sensations et les actions.
Les contrôlez-vous ? Comment apparaissent-ils ? Les créez-vous ? Qu’êtes-vous,
essentiellement ? Etes-vous l’ego, le directeur, le contrôleur de votre vie ? Ou est-vous
simplement Cela qui est conscient de tout ce qui est ? Quelle est la racine de la
souffrance psychologique ? S’il est vu que cette cause première est fausse, la
souffrance parviendra-t-elle à son terme ? Ce sont des questions qui vont jusqu’à la
racine de ce que vous êtes et de ce que vous n’êtes pas. Pour moi, dire que vous ne
contrôlez pas et que ce que vous êtes essentiellement, c’est simplement la Conscience
ne vous aide pas vraiment.
120
Mais si vous vous posez vous-même les questions et si vous recherchez les réponses
dans votre propre expérience directe, il est possible que la cause de la souffrance soit
déracinée en voyant simplement par vous-même qu’il n’y a aucune entité qui contrôle
distinctive en vous, aucun moi, aucun ego qui possède le moindre pouvoir et que ce
que vous êtes essentiellement, c’est simplement la Conscience.
Par rapport à votre question ‘’Qui fixe l’intention ?’’, c’est le même ‘’qui’’ qui fait
battre votre cœur. Ce ‘’qui’’ n’est pas le vous personnel, mais le ‘’qui’’ impersonnel qui
observe via vos yeux et qui écoute via vos oreilles. Faites-vous ceci ou cela ou cela se
produit-il, simplement ? Tout arrive ; vous êtes vécu.
86.
COMMENT CECI M’AIDE-T-IL À GÉRER MA VIE ?
Question : Je cogite depuis quelques jours après avoir lu vos écrits en ligne et
d’autres. Je pense en comprendre certaines parties. Je suis d’accord sur le fait qu’il y a
cette Conscience immuable, 24 H/24, 7 J/7, et que toutes les pensées, les expériences,
les sentiments et les sensations opèrent dans cette Conscience. Alors, peut-il y avoir
ici un contrôleur ? Ai-je jamais le contrôle de ma vie ? Et même quand je pense
contrôler ma vie, ceci n’est qu’une idée. Pourtant parfois, je n’arrive pas à voir
comment ceci peut m’aider à gérer la vie.
Stephen : Une fois qu’il est vu dans votre propre expérience directe que vous
n’existez pas comme un ego distinct(if) pouvant contrôler votre expérience, il y a une
acceptation naturelle de tout ce qui survient. Les pensées, les sentiments, les
sensations, les opinions et les actions apparaissent dans votre expérience, et puis
passent. Il n‘y a pas de résistance à ce qui est. Même la résistance est acceptée en tant
que partie de ce qui se présente, et puis elle passe aussi, et vous demeurez comme le
Témoin toujours présent de la totalité.
Q : J’oublie souvent que je ne suis pas mes sensations, mes sentiments et mes pensées
qui semblent si dominantes. Par exemple, quand quelqu’un me critique, je suis
offensé, même si je sais qu’il n’y a pas de raison de l’être. C’est parce que les
sensations qui apparaissent, quand je suis critiqué sont tellement convaincantes et
paraissent tellement réelles. Que pouvez-vous me conseiller par rapport à cela ?
S : Le sentiment d’être une personne distinct(iv)e – Gerri – se manifeste dans votre
expérience. Gerri est parfois critiqué, et le sentiment d’être offensé surgit. Gerri est
parfois complimenté, et un sentiment de fierté jaillit. Gerri et ses pensées, ses
sentiments, ses souvenirs, ses convictions, ses préférences et ses relations font partie
du jeu de la Conscience. Vous aimez Gerri et toute la vive émotion qui se produit dans
sa vie, le bonheur et le chagrin, le plaisir et la douleur, les compliments et les
critiques. Sûrement que vous ne préférez pas l'apathie et l'ennui à l'expérience
nouvelle et riche d'être complètement attaché à Gerri et amoureux de Gerri. Préférezvous la vie ennuyeuse et apathique d'une pierre ou la vie excitante de Gerri ?
121
Q : Il y a une autre question qui me tarabuste : comment peut-il y avoir la Conscience
dans le sommeil sans rêves, quand je n’ai pas l’impression d’en être conscient ? La
pure Conscience est-Elle même consciente d’Elle-même ? Est-ce uniquement la
conscience (de l’état de veille) qui semble être consciente qu’il y a la Conscience ? Et
donc, puis-je jamais avoir une expérience directe de la Conscience, puisque j’utilise la
conscience de l’état de veille pour l’identifier ?
S : Il est su que vous, la Conscience, vous êtes là dans le sommeil profond parce que,
si quelqu’un vous secoue et dit ‘’Réveillez-vous !’’, vous vous réveillerez et serez
conscient. Qu’est-ce qui enregistre les mots ‘’Réveillez-vous !’’ ? La Conscience les
enregistre et alors ensuite, vous devenez conscient. Il ne peut pas y avoir d’expérience
directe de la Conscience, parce que vous êtes la Conscience. La vision se produit par
l’entremise de vos yeux, en ce moment. La vision peut-elle directement expérimenter
la vision ? Non, parce que la vision est la vision. C’est pareil avec la Conscience. La
Conscience ne peut pas directement expérimenter la Conscience, parce que la
Conscience est la Conscience.
87.
JE N’AI PLUS AUCUN BESOIN DE RECHERCHER LA
VÉRITÉ
Question : Eh bien, je suis réellement satisfait de vos réponses et je vous remercie
beaucoup pour celles-ci, mais comme c’est souvent le cas, quand vous obtenez une
réponse, de nouvelles questions surgissent. Donc, si cela ne vous dérange pas, j’ai
quelques questions supplémentaires auxquelles j’ai réfléchi récemment. J’ai toujours
cette idée que la méditation est bonne pour voir comment le mental et les pensées
opèrent, lorsque vous ne faites rien.
Stephen : Si vous trouvez que la méditation est une expérience agréable et qu’elle est
efficace pour vous, alors profitez-en.
Q : La méditation est-elle indispensable pour s’éveiller et pour éviter la souffrance ?
S : Non. Votre nature essentielle, c’est la Conscience. La Conscience est déjà éveillée.
Vous êtes l’Eveil, lui-même. Méditer est simplement une autre expérience qui se
produit dans la Conscience. La Conscience n’est nullement affectée, que vous restiez
calmement assis à méditer ou que vous trépigniez en criant des jurons. Le fait de
croire que vous existez comme un ego distinct(if) qui doit exercer sa volonté pour
contrôler l’expérience de sa vie est la cause de la souffrance psychologique.
Q : Je réfléchissais à la méditation et j’ai toujours le sentiment de devoir méditer pour
empêcher que les pensées et les sentiments ne me contrôlent.
S : On pourrait dire que votre état naturel est l’état méditatif. Votre essence est la
Présence contemplative de tout ce qui est. On pourrait donc dire que la méditation ou
que l’observation de votre expérience se produit toujours naturellement. Si vous
122
méditez dans l’optique d’éviter des pensées ou des sentiments, alors ceci exacerbera
la souffrance que vous tentez d’éviter.
Les pensées, les sentiments, les sensations et les actions émergent dans la Conscience.
Les créez-vous ou émergent-ils simplement d’eux-mêmes ? Tenter de leur résister fait
partie du processus de la souffrance psychologique.
Q : Pourquoi ces gurus réalisés disent-ils aux gens de méditer, alors qu’il n’y a là
personne pour méditer ? Le zen est non-duel, mais il suggère tout de même la
méditation. Est-ce vraiment nécessaire ?
S : Si vous trouvez que la méditation est une expérience agréable pour vous, alors
continuez, sinon, laissez la tomber.
Q : Méditez-vous ?
S : On pourrait dire que je suis l’état méditatif, et vous l’êtes aussi, mais il ne s’agit
pas d’un état spécial !
Q : Comment peut-on réellement dire que la Conscience absolue est présente dans le
sommeil profond ? Le sommeil profond ne laisse aucune expérience, en tant que telle.
S : Si vous êtes vraiment curieux, alors découvrez-le par vous-même. Observez ce qui
se passe, quand vous allez dormir, le soir, et puis ensuite vous pourrez répondre, de
par votre propre expérience directe. C’est une question intéressante à laquelle on peut
réfléchir, et j’ai également écrit à ce propos. Mais ce n’est pas nécessaire de savoir
cela pour vivre en paix.
Q : Il est parfois difficile d’accepter que je ne suis pas ce corps, puisque ceci a été ma
conviction pendant toute ma vie.
S : Dire que vous n’êtes pas le corps ou le mental n’est pas totalement vrai, mais la
Conscience est votre nature essentielle. Il y a des moments pendant la journée, où
vous n’êtes pas conscient du corps ou du mental, mais vous ne pouvez jamais dire que
vous n’êtes pas la Conscience. La Conscience prime ; Elle est votre nature essentielle.
Votre corps et votre mental sont secondaires, et ils ne peuvent pas exister, à moins
que la Conscience ne soit là pour les observer. Vérifiez-le dans votre propre
expérience directe. Vous ne devez pas croire ces paroles ; vérifiez-les par vousmême !
Q : Pourquoi tout paraît-il si réel ? Si tout est un, pourquoi semble-t-il que tout soit
séparé ?
S : Chaque chose est une apparence de l’unique Source mystérieuse. C’est la nature de
la pensée de diviser, d’étiqueter et de catégoriser. Le début de l’apparence/apparition
de la séparation, c’est la première pensée, la pensée ‘’je’’. Avant que ‘’je’’ ne sois, tout
123
est un. Après que ‘’je’’ ne sois, le reste du monde de l’apparence est. Mais la pensée
divise-t-elle réellement l’univers en pièces détachées ou cela paraît-il seulement être
le cas ? Si vous voulez le savoir, vérifiez ceci par vous-même et voyez ce que vous
découvrez.
Q : Pourquoi ma Conscience est-elle dans mon corps ? Sans corps, il n’y a aucune
Conscience.
S : La Conscience est-Elle dans votre corps ou votre corps est-il dans la Conscience ?
La Conscience a-t-Elle un intérieur ou un extérieur ou la Conscience est-Elle
omnidirectionnelle ? Répondez à ces questions à partir de votre propre expérience
directe. Ceci peut être un sujet intéressant sur lequel méditer.
Q : Peut-il y avoir une Conscience sans objet dont on peut être conscient ?
S : Apparemment, les physiciens s’accordent à dire que le voyant, la vision et le vu ne
font qu’un. Et cet Un, on peut l’appeler ‘’Conscience’’. Ceci peut être également un
sujet de contemplation ou de méditation intéressant, si vous le souhaitez.
Q : Je vous suis profondément reconnaissant pour votre site web qui m’aide
beaucoup. Je sais désormais que je n’ai plus besoin de rechercher la vérité qui est
toujours ici, toujours présente. J’ai pu tout particulièrement le ressentir aujourd’hui,
pendant que je travaillais. Chaque fois que je m’égarais dans mes pensées, je
reprenais du recul et je remarquais la Conscience. Ainsi, les pensées continuaient de
surgir, avant de disparaitre. J’ai aussi eu cette belle réalisation, alors que je prenais
ma douche et que je me tracassais. Je songeai en moi-même : qu’est-ce qui est le plus
réel, les soucis ou le fait que je suis en train de prendre une douche, actuellement ?
Quel soulagement ! Je laissai simplement partir le sentiment et les soucis, et continuai
à prendre ma douche. C’est si simple !
S : Oui, vous êtes toujours ici et maintenant. Vous ne pouvez pas échapper à la vérité
de votre propre Etre, car c’est ce que vous êtes. Rien ne peut vous troubler, à part
votre propre imagination. Tous vos problèmes sont imaginaires. Si vous n’êtes pas en
train d’imaginer quelque chose, pouvez-vous éprouver de la souffrance
psychologique ?
Q : Je pense tout de même qu’il me faille attendre un peu avant de savoir avec
certitude que j’ai compris. J’ai tendance à trop m’exciter, quand je découvre quelque
chose.
S : La Conscience est tout ce qui est, et vous êtes Cela. Voilà ! Il n’y a rien d’autre.
Q : Je veux dire, comment était-ce pour vous, quand vous avez réalisé Cela ? Comment
avez-vous su que vous l’aviez enfin finalement réalisé ?
124
S : J’ai simplement vu que Stephen n’existait pas en tant qu’entité qui contrôle
distinct(iv)e qui a le pouvoir de contrôler des pensées, des sentiments, des sensations
ou des actions qui se produisent. Et il était clair que tout ce que je savais avec
certitude, c’est que la Conscience est, Je suis, et que cette Conscience est ce que je
suis. C’est la simplicité ultime. Tout arrive, mais à personne.
88.
COMMENT SAVEZ-VOUS QUE VOUS N’ÊTES PAS DÉJÀ
ÉVEILLÉ ?
Question : Je viens tout juste de découvrir votre site web et d’écouter votre interview
à la radio enregistrée avec Allin Taylor. Il y a pas mal de résonance avec votre
expérience de la recherche spirituelle et de l’arrêt définitif de la recherche.
J’ai eu plusieurs maîtres avec lesquels j’ai été en retraite. J’ai lu tellement de livres et
je trouve qu’il y a aussi une résonance avec Nisargadatta. Je vous écris parce que vous
paraissez réellement approchable et que rien ne m’importe plus que cet Eveil. Un
jour, je me suis réveillé en réalisant que je n’étais plus un chercheur et j’ai mis un
terme à la recherche, mais malgré l’arrêt de la recherche, il reste une aspiration
profonde persistante à m’éveiller de l’illusion d’être un moi séparé.
Stephen : Qu’est-ce qui a été réalisé, lorsque la recherche a cessé ? Avez-vous mis fin
à la recherche ou la recherche s’est-elle interrompue d’elle-même, d’une façon ou
d’une autre ? Si vous avez interrompu la recherche ce jour-là, pouvez-vous de
nouveau l’interrompre maintenant ?
Q : Voici ce qui s’est passé, lorsque la recherche a cessé : un matin, je me suis réveillé
et j’ai réalisé que je n’étais pas un chercheur. Je ne m’étais jamais identifié moi-même
comme un chercheur, étant donné que j’aspirais à la Vérité depuis que j’étais enfant.
Quand cette identité de chercheur s’est détachée, ce qui resta fut la question ‘’Qui
suis-je ?’’ Ce fut très intense, mais pas flippant. Il y a eu la réalisation soudaine que je
n’étais rien, puis des questions : ‘’Comment vivre ?’’, ‘’Comment fonctionner dans le
monde ?’’, ‘’Quel travail faire ?’’, etc., etc. J’étais totalement présent et néanmoins,
j’étais une ardoise vierge.
Bien entendu, la vie a continué, sans contretemps. Je suis allé travailler, j’ai pris soin
de patients, j’ai jardiné, etc. C’était à la fois étonnant, étrange et anesthésiant. La
torpeur a perduré un bon moment. C’était, il y a environ un an et demi. Beaucoup a
été réalisé depuis lors. A l’occasion, il y a une connaissance profonde de la Présence
contemplative.
S : Vous avez donc vu dans votre propre expérience directe que vous êtes cette
Présence contemplative. Quelle est l’illusion d’un moi séparé auquel vous faites
allusion ?
125
Q : J’ai le sentiment qu’intellectuellement, il y a une compréhension essentielle
profonde, mais pourtant, il semble encore y avoir un genre de voile d’illusion et de
séparation qui persiste. Il semble que cela a à voir avec mon jugement d’une situation
ou des actions d’une personne, etc. Quand un tel jugement se produit, il finit par y
avoir une conscience de ce jugement et alors, la souffrance autour de cela cesse. Mon
mental me dit que l’Eveil n’est pas là, en raison des jugements qui continuent de se
produire (ce qui est en soi un autre jugement).
S : Ce processus du jugement est-il erroné ou mauvais ? Le jugement cesse-t-il après
l’Eveil ? Quelle est la cause première de la souffrance psychologique ? Contrôlez-vous
ce processus du jugement ? Contrôlez-vous quoi que ce soit ou tout arrive-t-il,
simplement ?
Q : Je me sens si intime avec et pourtant si éloigné de la réalisation du Soi. Il y a ce
sentiment d’osciller entre l’Eveil et l’illusion. J‘ai l’impression qu’au lieu de suivre la
voie directe, je suis une voie indirecte vers l’Eveil, et c’est très frustrant. Pourtant, je
sais que ce n’est pas vrai.
S : Le Soi peut-Il être réalisé ou êtes-vous le Soi ? Etes-vous le Soi, maintenant ?
Sinon, qu’êtes-vous, alors ? Comment le saurez-vous, quand vous vous éveillerez ?
Comment savez-vous que vous n’êtes pas éveillé, en ce moment ?
Q : Je pense que ce qui se produit, c'est qu'à un niveau subtil, il y a une impression
que s'il y avait réalisation du Soi ou Eveil, les jugements ou les histoires cesseraient
aussitôt qu'ils commencent et que je ne serais pas pris dedans.
S : Qu’est-ce que la réalisation du Soi ? N’est-ce pas la réalisation que vous êtes la
Conscience Elle-même, la Présence contemplative de tout ce qui est ? Vous n’êtes pas
les activités du mental, ni les jugements, ni les histoires qui se présentent en vous.
Les histoires et les jugements ne sont pas votre action. Ils ne font qu’apparaître,
passer, puis disparaître. Vous demeurez tel quel. Il n’y a pas besoin que les jugements
ou que les histoires cessent.
Q : Il y a ce sentiment que je devrais expérimenter la vie à partir d’une perspective
spacieuse et ouverte où il n’y aurait ni résistance, ni attachement.
S : Vous êtes le Soi, la Conscience, et en Vous, les activités du mental prennent place.
La résistance et l’attachement sont des activités du mental, qui vont et viennent.
Vous, le Soi, vous demeurez. Vous êtes cette ouverture spacieuse dans laquelle joue le
mental.
Q : Je suis pris par ces histoires, moins ces jours-ci, mais cela arrive encore.
S : Le mental est pris dans ces histoires, pas Vous. Vous êtes la Présence
contemplative qui regarde les histoires et les drames se jouer.
126
Q : J’ai aussi l’impression qu’il devrait y avoir tout le temps la reconnaissance de
l’unité, ce qui n’est pas le cas, d’où le dilemme de mon mental. Celui-ci prétend que je
ne suis pas vraiment éveillé. Je reconnais pourtant que l’esprit ne peut aller que
jusqu’à sa limite, et pas plus loin.
S : Arrêtez-vous un instant, maintenant. Remarquez la présence de la Conscience qui
est ici, actuellement. Remarquez qu’elle est spacieuse, ouverte. Remarquez que ces
mots jaillissent dans cette ouverture spacieuse, maintenant. Remarquez que toutes les
activités du mental, la résistance, les attachements, les histoires et les drames se
jouent tous en Vous, cette présence spacieuse et ouverte de la Conscience. Cette
ouverture spacieuse est ce que vous êtes. Cette ouverture spacieuse est le Soi, et vous
êtes le Soi. Vous avez toujours été et vous serez toujours le Soi – spacieux, ouvert.
Q : J’ai l’impression d’être coriace et buté. Je pense parfois trop penser, mais alors,
qui procède à la pensée ?
S : La pensée se produit, mais vous n’êtes pas le penseur. Il n’y a pas de problème
avec la pensée ou toutes les activités du mental. Vous demeurez toujours la Présence
contemplative de tout ce qui apparaît. Vous êtes éveillé, vous êtes le Soi – profitez du
spectacle !
Q : Wow ! J’ai souvent lu et entendu ce que vous venez de dire, mais juste maintenant,
c’est allé jusqu’au cœur. Ceci m’a arrêté :
Vous êtes le Soi, la Conscience, et en Vous, les activités du mental prennent place. La
résistance et l’attachement sont des activités du mental, qui vont et viennent. Vous, le
Soi, vous demeurez. Vous êtes cette ouverture spacieuse dans laquelle joue le mental. Le
mental est pris dans ces histoires, pas Vous. Vous êtes la Présence contemplative qui
regarde les histoires et les drames se jouer.
Quelle magnifique clarté et quel superbe satsang ! Ce que je veux, c’est toujours
reconnaître la Conscience en train d’être consciente. En d’autres termes, toujours être
conscient, toujours avoir cette reconnaissance claire que je suis cette Présence
contemplative de tout ce qui apparaît. Voilà ce que je veux. Vous comprenez ?
S : Oui, je sais bien ce que vous voulez dire et sur la base de ce que vous dites, il est
évident que vous savez déjà que vous êtes la Présence contemplative, que vous êtes le
Soi. Vous le savez, de par votre propre expérience directe.
Où que vous alliez, vous êtes toujours là en tant que Présence contemplative. En ce
moment, vous êtes la Présence contemplative. Il n’y a rien de mystique concernant
votre Présence en tant que Conscience, Vous êtes, simplement. Il peut y avoir une
tendance à spiritualiser ou à mystifier cette simple présence de la Conscience qui est
toujours ici et maintenant, spécialement après avoir eu ce que l’on pourrait appeler
des expériences marquantes, des réalisations et des moments de lucidité, tels que
vous les avez décrits. Vous êtes toujours la Conscience, la Présence contemplative.
127
Parfois, vous observez ce qui semble être des expériences mystiques et d’autres fois
des expériences mondaines, mais vous êtes toujours cette Présence contemplative.
89.
JE NE VEUX PAS LÂCHER MON HISTOIRE !
Question : Merci beaucoup pour votre excellent site web. Je sens là une certaine
résonance et des accents de vérité. Voilà mes problèmes. J’ai lu quelques livres sur la
non-dualité, j’ai participé à plusieurs satsangs, et je pense avoir une assez bonne
compréhension intellectuelle de toutes ces choses. J’ai aussi eu l’expérience de l’Etre
pur comme arrière-plan de la totalité, conjuguée à une croyance dans le ‘’moi’’ qui se
dénoue, mais voilà, je ne veux vraiment pas lâcher mon histoire, avec tous ses hauts
et (surtout) ses bas. J’aime avoir raison de me sentir maltraité, plein de ressentiment
et amer. N’est-ce pas amusant et malheureux !
Stephen : N’aimez-vous pas votre histoire ? Vous appréciez le drame de votre vie, ses
hauts et ses bas, ses succès et ses échecs, ses rires et ses larmes. Pourquoi voudriezvous lâcher votre histoire ? Préféreriez-vous vivre la vie d’un légume ?
J’aime ma propre vie et toute la vive émotion, le bonheur et le malheur, la lutte et les
combats, la victoire et la défaite…J’apprécie tout. Je ne voudrais pas que cela soit
autrement. Tout cela est un mystère incroyable et imprévisible et je ne pourrais pas le
lâcher, même si je le voulais.
Q : Il y a une part de moi qui ne veut juste pas lâcher cette histoire, mais pourquoi le
devrais-je, alors que tous ces sentiments se justifient ? Comment dépasser un tel
blocage ? Devrais-je simplement continuer à chercher celui qui est attaché à cette
histoire ?
S : Votre histoire ne constitue pas un blocage, c’est un magnifique film et vous en êtes
le personnage principal et la vedette. Profitez du spectacle. Bien sûr que vous êtes
attaché à votre histoire, c’est une expérience passionnante, c’est fascinant,
imprévisible et miraculeux.
Q : Il y a également toujours le sentiment que je contrôle le corps et que je décide
quand et comment il se déplace. Comment dépasser ce blocage ?
S : Avoir l’impression de contrôler le corps et l’esprit fait partie intégrante du
spectacle. Vous savez que vous ne contrôlez réellement rien du tout, mais quelle
expérience d’avoir l’impression que c’est le cas ! Ce n’est pas un blocage. Il n’y a
aucun blocage.
Q : Merci pour toutes vos réponses pragmatiques et pratiques à mes questions. J’étais
un peu tiraillé intérieurement en pensant devoir laisser tomber ceci et cela, etc., mais
dernièrement, il y a simplement eu une détente par rapport à tout ce qui se déroule et
les choses sont plus simples.
128
90.
JE PEUX SENTIR QUE CELA MARCHE
Question : Je pense que ma compréhension intellectuelle de ceci devient plus claire.
Je trouve étrange la rapidité avec laquelle il me semble avoir compris ceci. J’éprouve
le puissant sentiment de comprendre et de savoir ce dont il s’agit. Je sens que c’est
non-conceptuel, parce que je ne dois pas y penser. Je le ressens tout le temps. Je sais
que même si je n’y pense pas, c’est ici. Est-il possible de comprendre les fondements
de la non-dualité si rapidement ?
Stephen : Combien de temps faut-il pour réaliser que votre nature essentielle, c’est la
Conscience ? Vous vous arrêtez un instant et vous reconnaissez le fait que la
Conscience est et que Je suis Cela. Et combien de temps faut-il pour réaliser le fait que
vous ne créez ni les pensées, ni les sentiments, ni les sensations, ni les actions qui
naissent dans la Conscience et que vous ne pouvez possiblement pas exister comme
un ego distinct(if) ayant le pouvoir d’exercer sa propre volonté ? Vous regardez
simplement et vous voyez dans votre propre expérience directe, et vous avez vu les
fondements de la non-dualité. La Conscience est tout ce qu’il y a, et Je suis Cela.
Q : Et n‘y a-t-il pas moyen de pratiquer pour garder en état cette connaissance ? Je
veux dire, est-il possible de voir ceci et ensuite d’oublier tout l’affaire ? Ne faut-il pas
quelque rappel pour éviter d’entrer dans les pensées et les sentiments ?
S : Votre nature essentielle, c’est la Conscience, et vous avez vu cela. Les pensées et
les sentiments se manifestent en Vous, et puis ils passent. Votre nature essentielle
reste inchangée, tandis que les pensées, les sentiments et les sensations vont et
viennent. Cette compréhension est une compréhension ou une vision nonconceptuelle de ces faits fondamentaux. Aucune pratique n’est nécessaire, simplement
remarquer ou voir les fondamentaux.
Q : Diriez-vous que cette Conscience est identique à l’Atman, à Dieu et au Tao ?
S : Tous les termes que nous pouvons bien utiliser ne sont pas Cela. Vous pouvez
utiliser tous les mots que vous aimez sur la base de votre propre expérience directe.
Q : Cette Conscience n’est pas dans le corps ? Ou est-ce quelque chose qui manifeste le
corps et se connecte au corps ?
S : La Conscience n’est ni dedans, ni dehors. Elle est omnidirectionnelle. Elle ne peut
pas être localisée.
Q : J’ai dans l’idée que cette Conscience est ce qui donne à toutes les choses vivantes
leur capacité d’évoluer.
S : La Conscience est tout ce qui est.
129
Q : J’apprécie beaucoup cette philosophie de la non-dualité. Et à bien y penser,
j’apprends la psychologie et je suis très curieux par rapport à la façon dont on peut
utiliser la non-dualité en psychothérapie. Je lis concernant des gens qui utilisent les
concepts de non-dualité dans leur pratique. Savez-vous comment cela se passe et si
cela fonctionne bien ? Je suis très curieux à cet égard.4
S : Cette philosophie semble être utile et efficace dans tous les domaines de la vie : la
psychologie, la philosophie et la vie quotidienne en général.
Q : Je peux sentir que cela fonctionne. La chose principale que j’ai remarquée, c’est
l’augmentation de ma confiance. Excellent ! Je suis aussi très heureux par rapport à la
manière dont mes aptitudes sociales se sont développées à la suite de cette
compréhension. Je pense que c’est un signe. Et j’ai laissé tomber toute la recherche
spirituelle intense qui me causait beaucoup de peine, car je pensais devoir agir
suivant certaines modalités conformément à certaines Ecritures, ce qui générait des
conflits à l’intérieur de moi.
S : Très bien ! La vie est simple et aisée, lorsqu’on réalise que la vie se produit et qu’il
n’y a aucun besoin, ni aucun bénéfice à combattre la vie, telle qu’elle se produit. Il y a
le sentiment simple que plus rien ne va mal.
91.
RECHERCHER UNE GUÉRISON SPIRITUELLE ALIMENTE
LE FEU DE LA SOUFFRANCE
Question : Je suis en recherche depuis de nombreuses années et j’ai expérimenté de
nombreux moments de clarté, suivis par le retour habituel à la souffrance. Ces
dernières années, je suis tombé sur la non-dualité et quelques excellents maîtres. Ceci
a eu pour effet que la personne distinctive a largement été percée à jour, et pourtant,
cela ne semble tout de même pas complet. En particulier, je souffre d’une légère
fatigue chronique, ainsi que d’un sentiment général d’ennui dans ma vie personnelle
et professionnelle. Parfois, il est vu que cela n’affecte pas la Conscience que je suis,
mais parfois, cela semble importer. Je ne sais pas si c'est le fait d'espérer que la
Libération améliorera ma santé et mettra de l'ordre dans ma carrière qui me
maintient dans la routine. J’ai été inspiré par votre détermination à mettre fin à la
recherche et je sens qu’il est temps pour moi de faire la même chose. J’apprécierais
tout conseil.
Stephen : Eh bien, la souffrance a pris fin pour moi, quand j'ai vu que je ne pouvais
rien faire du tout par rapport à quoi que ce soit, et qu'il n'y a ici personne qui puisse
4
Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aussi consulter ces documents :
- Brian Thériault : ‘’L’acceptation radicale : une approche psychologique non duelle du chagrin et de la
perte’’ (article)
- Dr MS Ramakrishna Rao : ‘’Souffrance et non-dualité dans un camp de réfugiés’’ (article)
- Will Joel Friedman : ‘’S’en remettre totalement à la Conscience pour révéler le Soi’’ (article)
- Dr John Goldthwait : ‘’Purifie ton cœur !’’ (livre), NDT.
130
souffrir. Je ne pouvais qu’observer le spectacle. Bonheur et malheur, rires et larmes –
tout va et vient et je ne puis rien y faire, car il n’y a ici aucune entité distinct(iv)e qui
contrôle. Tout ce qu’il y a, c’est la Conscience, et il n’y a pas de problèmes avec la
Conscience.
Je me sens parfois fatigué, et en d’autres temps, j’ai beaucoup d’énergie. C’est ainsi.
Rechercher une guérison spirituelle alimente simplement le feu de la souffrance.
Quand la recherche s’arrête, la recherche s’arrête, et vous voilà, comme vous avez
toujours été et tout va bien, comme c’est. Si vous êtes fatigué, faites une sieste. Si
vous avez de l’énergie, allez-vous balader. Rien ne peut vous troubler, sinon votre
propre imagination.
Votre carrière peut s’améliorer ou bien aller plus mal, cela compte-t-il vraiment ?
Votre santé peut s’améliorer ou elle peut empirer. Voyez un docteur, si c’est
nécessaire. Votre santé est comme elle est. Ce n’est pas problématique. Rien ne peut
vous troubler, hormis votre propre imagination – cela est-il vrai ? En ce moment,
vous n’avez aucun problème. Tous les problèmes sont imaginaires.
Q : Merci d’avoir répondu à mon courriel. Il est vrai que la seule chose qui puisse
réellement me troubler, c’est mon imagination, et dans mon cas, il y a une
permutation entre les pensées troublantes et l’Essence pure, non troublée et paisible.
La même chose vaut pour la vision qu’il n’y a rien que je puisse faire concernant ma
vie. Parfois, il est libérateur de réaliser que les choses ne peuvent être que comme
elles sont réellement, et d’autres fois, il y a le désir que les choses soient autrement.
En tout cas, c’est un soulagement que les questions de santé, de carrière et de vie
personnelle ne relèvent en fait pas de moi, cela arrive simplement comme cela arrive.
Merci encore et je vais laisser les choses s’intégrer et voir comment cela se passe.
92.
VOTRE RECHERCHE EST TERMINÉE
Question : J’étudie la non-dualité assez intensivement depuis environ deux ans,
maintenant. Je lis des pages web, des livres, et j’écoute des cassettes. Je pense avoir
une solide compréhension intellectuelle de ce qui est indiqué, et il y a eu des moments
(peu) où la recherche a cessé. Mais ensuite, je doute, et la recherche se poursuit.
Stephen : Quels sont vos doutes ?
Q : Je pense qu’il reste encore un peu d’ego qui n’a pas été mis à jour. Une de mes
découvertes les plus récentes fut qu’il y avait une subtile croyance que j’étais quelque
chose de spécial. Cette croyance subtile était si bien concoctée que je suis passé à côté.
S : Y a-t-il un problème avec le sentiment de l’ego ? La croyance que vous êtes
quelque chose de spécial, c’est l’ego lui-même, non ? Alors, si le sentiment d’être l’ego
va et vient, est-ce un problème ? L’ego a-t-il un réel pouvoir ou cela semble-t-il
seulement être le cas ? Qu’êtes-vous, essentiellement ? Etes-vous l’ego ou êtes-vous la
131
Conscience ? L’ego va et vient. La Conscience opère-t-Elle des allées et venues ?
Lequel des deux êtes-vous ? Parlez à partir de votre propre expérience directe. Quelles
réponses viennent ?
Q : Généralement, je réponds moi-même à mes questions en réfléchissant et en
observant, mais ce serait très bien de pouvoir discuter de ces questions avec une autre
personne, car j’ai parfois l’impression de tourner en rond.
S : Effectivement, cela peut être utile de partager votre expérience avec quelqu’un
d’autre. Communiquer ainsi aide à clarifier ce que vous savez et à voir dans votre
propre expérience directe. Cela aide à dissiper les nuages du doute et à reconnaître ce
qui est toujours présent et conscient.
Q : Aujourd’hui, j’ai dans l’idée que je dois être conscient de la Conscience à tout
moment. Quand ou si cela se produit, est-ce terminé ?
S : Vous êtes la Conscience. Vous ne pouvez pas être conscient de la Conscience – vous
L’êtes. L’expression ‘’être conscient de la Conscience’’ est une indication qui aide à
focaliser votre attention sur la Conscience Elle-même et à la détourner des objets de
la Conscience. Lorsqu’il est vu que votre nature essentielle, c’est la Conscience, et que
l’ego n’est qu’une apparence/apparition passagère et impuissante dans la Conscience,
c’est terminé. Il n’y a plus rien à faire. Tout arrive – à personne.
Q : Ces derniers temps, une grande partie de mon attention est consacrée à une autre
partie plutôt fascinante du jeu de la vie, et les questions de "ce que je suis et ce que je
ne suis pas" retiennent moins l'attention.
S : Où que vous alliez, vous êtes là en tant que Conscience. Votre attention peut se
focaliser sur vos problèmes familiaux, sur vos relations, sur votre carrière ou sur
votre recherche spirituelle, mais vous êtes toujours là en tant que Présence
contemplative. Il n’est pas nécessaire de focaliser votre attention sur les questions
d’auto-investigation. Voyez simplement que la Conscience est toujours présente et que
vous êtes toujours Cela. Cette Conscience que vous êtes n’a pas de problèmes. Sentezvous cette présence de la Conscience que vous êtes, en ce moment ? A-t-Elle (vous) le
moindre problème ?
Q : Certaines de vos questions précédentes ont donné lieu à une compréhension
directe : ‘’C’est ainsi’’ – et puis alors ensuite, à de la félicité. Je sais que cette
compréhension immédiate et brève qui fut suivie par un plus long sentiment de
félicité n’est qu’une expérience dans la Conscience. Lorsque cette expérience plutôt
rare se produit, je sais que je dois la laisser être et en profiter.
S : Ainsi, vous expérimentez la paix et un sentiment de félicité, lorsque vous voyez
que le sentiment de l’ego est passager et impuissant, et que vous reconnaissez que
votre nature essentielle est cette simple présence de la Conscience.
132
Q : Oui, mais bientôt beaucoup de questions surgissent, comme ‘’Est-ce cela ?’’, ‘’Ai-je
fait un pas de plus ?’’
S : Des questions surgissent dans cette présence paisible de la Conscience que vous
êtes et paraissent perturber la paix. OK, répondons à vos questions. Primo, ‘’est-ce
cela ?’’ Oui, c’est Cela. Secundo, ‘’ai-je fait un pas de plus ?’’ Non, aucun pas n’était
nécessaire. Vous avez toujours été cette simple présence de la Conscience. Vous ne
pouvez jamais vous rapprocher de cette Conscience, ni vous en éloigner. Vous l’avez
toujours été.
Q : Des remarques supplémentaires ?
S : Il est inutile de chercher la paix ou la félicité. En fait, comme vous l’avez constaté,
le questionnement et la recherche troublent la paix qui est déjà là. Vous êtes la paix
que vous cherchez, et vous l’avez vu dans votre propre expérience directe. Votre
recherche est terminée.
93.
VOUS ET MOI, NOUS SOMMES CETTE MÊME UNITÉ :
C’EST L’AMOUR
Question : J’ai lu sur l’advaita et la non-dualité et c’est très clair, quand je lis, mais
dans la vie quotidienne, cela devient un peu confus. Bien-sûr, la question est toujours
liée au ‘’moi’’ par rapport à ‘’eux’’.
Stephen : Oui, bien sûr. A la base de la confusion personnelle et des questions de
relations personnelles, il y a la croyance en l’existence d’un moi distinct(if), d’un ego
distinct(if) qui a le pouvoir d’exercer sa volonté propre. S’il y a la croyance nonexaminée d’exister sous la forme d’une entité indépendante qui se dirige, alors
naturellement, vous voyez également les autres comme des entités indépendantes qui
se dirigent. Là réside le potentiel de conflits personnels et égoïstes dans les relations.
En voyant qu’il n’y a en vous aucune entité distinct(iv)e indépendante, il est aussi vu
qu’il n’y a en l’autre aucune entité distinct(iv)e indépendante. Les défis, les différends
et les conflits pourront toujours apparaître, mais ils ne seront plus expérimentés
comme des conflits personnels. Il n’y a plus de ‘’moi’’ personnel contre un ‘’vous’’
personnel. Il y a simplement des conflits qui apparaissent.
Vous et moi, nous sommes tous les deux des apparences issues de l’unique Source
mystérieuse. S’il y a un conflit entre vous et moi, ceci fait partie intégrante du Jeu de
l’Un. Vous et moi, nous sommes essentiellement le même Un. Vous voir vous et moi
comme le même Un peut s’appeler l’Amour.
Q : Ceci n’est pas un gros souci, mais je me pose des questions. Devrais-je me
tracasser par rapport à la manière dont je me conduis dans mes relations avec
autrui ? Je pense toujours que je pourrais faire mieux. Je devrais être plus généreux et
133
dire plus de mots gentils aux autres gens. Devrais-je l’envisager ou dois-je
simplement laisser les choses se faire naturellement ?
S : Les choses se font déjà naturellement. Chaque chose se fait naturellement et
spontanément. Vous n’êtes pas la source des mots gentils ou des dons. Si plus de dons
ou de mots gentils doivent passer par votre intermédiaire, vous ne pourrez pas les en
empêcher. Il n’y a ici aucun vous distinct(if) qui peut s’attribuer le mérite des dons ou
des mots gentils ou se reprocher leur absence. Et s’il y a un souci par rapport à la
façon dont on devrait se conduire dans les relations, alors il y a un souci. Qui peut l’en
empêcher ? Un volcan peut-il s’empêcher d’entrer en éruption ? Peut-il s’attribuer
celle-ci ou se la reprocher ?
Q : Parfois, quand je parle à mon père, quand il commence à parler à mon sujet, je
ressens une certaine frustration. Mon corps se met à trembler, je me mets à me
défendre, mais je dois admettre que cela va mieux, depuis ma réalisation.
S : Vous pouvez remarquer ce sentiment que vous observez ces interactions
frustrantes avec les autres qui se produisent plutôt que de vous impliquer dedans.
Vous êtes la Présence contemplative du conflit. Vous n’êtes pas l’individu impliqué
dans le conflit.
Q : Est-ce vraiment important, si l'on ne croit pas au mental ? Même si je ne choisis
aucune pensée, je pourrais être contrôlé par des pensées inconscientes.
S : Qui est ce ‘’je’’ qui est contrôlé par des pensées ? N’est-ce pas juste une autre
pensée ? Tout arrive, sans aucun doute, mais y a-t-il un ‘’je’’ à qui cela arrive ?
Q : Ma timidité m’ennuie parfois, parce que je souhaite être plus vivant dans mes
relations avec les autres, mais je me trouve terne ou trop simple. Je suis conscient que
ceci ne se fonde que sur quelques pensées arbitraires dans mon cerveau, mais cellesci continuent de circuler.
S : Certaines personnes sont calmes et timides et d’autres sont bruyantes et grégaires.
Est-ce de votre faute ? L’un est-il bon et l’autre mauvais ? Votre analyse est
pertinente : vos préoccupations ne se basent que sur quelques pensées arbitraires qui
circulent en vous.
Q : Devrais-je laisser tomber tous mes espoirs d'être comme je veux être, ou devraisje tenter avec ambition d'être plus vivant dans les relations humaines ?
S : Vous pouvez faire un effort pour être plus extraverti et plus expressif dans vos
relations, mais il est inutile de souffrir par rapport à cela. Si cela vous cause de la
souffrance, alors laissez tomber, si vous le pouvez. Ce n’est pas de votre faute, en
premier lieu.
134
Q : Un autre exemple : ma mère est passée maître dans l'art de me tracasser par
rapport au fait que je ne donne pas assez aux autres et que je devrais plus souvent
rendre visite à mes frères, mais je ne ressens pas beaucoup de motivation pour agir
en ce sens. A cause de ceci, je doute toujours que je comprenne la non-dualité. Il
semble que parfois je comprenne et parfois non.
S : La compréhension de la non-dualité n’a aucun lien avec les préoccupations que
vous avez mentionnées. Que vous soyez motivé d’entreprendre certaines actions ou
que vos actions plaisent à d’autres n’a aucun rapport avec le fait que votre nature
essentielle, c’est la Conscience et que vous n’êtes pas l’ego. En réalisant ceci dans
votre propre expérience directe, il y a un sentiment de paix et d’acceptation de tout ce
qui se passe. Vous êtes la Présence contemplative de tout ce qui apparaît. Vous n’êtes
pas l’auteur/acteur.
Q : Cette interrogation par rapport à ma compréhension est particulièrement
apparente, quand je suis avec des gens. Je deviens timide avec des gens qui me
donnent l’impression de m’être supérieurs. C’est une pensée stupide, mais parfois, je
ne trouve pas effectif de simplement laisser tomber la pensée. Cela semble être plus
profond en moi que juste mes pensées. Il doit y avoir quelque chose de plus profond
que des pensées éphémères qui me contrôlent.
S : Oui, il y a quelque chose d’infiniment plus profond. Tellement plus profond, en
fait, que c’est un mystère absolu. La même Source mystérieuse qui fait s’épanouir les
fleurs, briller le soleil et tourner la Terre contrôle cette marionnette appelée Gerri.
Q : Qu’est-ce qui m’empêche de faire tout ce que je veux ? Pourquoi est-ce que je me
sens timide et hésitant avec certaines personnes ? Pourquoi est-ce que je ne
m’exprime pas librement et pourquoi ne pas me tracasser par rapport à ce que les
autres pensent ? Peut-être est-ce simplement la façon dont mon corps et mon esprit
ont été fabriqués ? Est-ce ma nature dans le monde duel d’être timide et peu sûr de
moi ? Ou devrais-je simplement laisser chaque chose être telle quelle, même si je suis
timide avec certaines personnes ? Finalement, ce ne sont toutes que de simples
pensées, mais j’ai vécu ma vie et j’ai cru ces pensées depuis pas mal de temps.
Comment suis-je supposé laisser tomber ces croyances ?
S : Gerri contrôle-t-il ou tout se produit-il, simplement ?
Q : Le fait d’être la simple Conscience a fait plus de bien pour mon état mental que
tout autre système spirituel ou religieux. Je ressens maintenant cette connexion plus
profonde, quand je lis toutes sortes d’écrits spirituels. Il semble étrange que tous ces
gens recherchent quelque chose qui est toujours sous leur nez.
S : Oui, arrêtez-vous un moment, maintenant et soyez juste simplement conscient de
votre propre existence. Ressentez-vous cette présence de la Conscience ? La vision,
l’audition, la sensation et la pensée se produisent toutes en vous. Aucun effort n’est
requis. Vous êtes cette simple présence de la Conscience. Arrêtez-vous juste encore
135
une fois, maintenant et soyez conscient. On peut aussi appeler Amour cette
Conscience que vous êtes. L’Amour que vous êtes apprécie rire et pleurer, gagner et
perdre, être en paix et être en guerre, accepter et rejeter, aimer et haïr…Cette
Conscience que vous êtes est l’Amour inconditionnel lui-même. Tout ce qui se produit
en Elle est imprégné d’Amour. Cet Amour est ce que vous êtes.
Q : Un autre de mes soucis, c’est quand je suis au travail et quand je rencontre toutes
ces nouvelles personnes. Je trouve aisé de parler avec certaines personnes et malaisé
avec d’autres. Est-il normal pour un non-dualiste de continuer de ressentir des
sensations et des émotions inconfortables ? Devrais-je simplement les ressentir et ne
plus y songer ? Le moment présent est parfois gênant. Même si je n’y pense pas
consciemment, je me sens simplement mal à l’aise.
S : Cette marionnette appelée Gerri, ainsi que sa famille, ses amis et ses collègues (qui
sont tous également des marionnettes) apparaissent dans votre Conscience. Elles font
toutes leurs gesticulations particulières et puis elles se séparent. Parfois, Gerri est à
l’aise et parfois, il ne l’est pas. C’est ainsi.
Q : Puis-je être conscient de toutes les pensées que j’ai ? Cela ne peut juste pas être le
cas. Il doit y avoir des pensées et des motifs cachés qui continuent de me faire faire ce
que je fais.
S : Tout dans l’existence, y compris les pensées, les sentiments, les motifs et les
actions, est produit par ce mystérieux et cet unique marionnettiste. Gerri est une
marionnette, pas le marionnettiste.
Q : Eh bien, comme vous pouvez le voir, je puis assez bien douter. Ceci doit expliquer
pourquoi je ressens une affinité avec la non-dualité, car je suis vraiment bon pour
voir les défauts des autres systèmes, que ceux-ci soient religieux ou spirituels. Mon
esprit est toujours à la recherche de lacunes quelconques. Mon esprit changera-t-il, si
je cesse de me tracasser par rapport à tout ça ?
S : Gerri n’a pas d’esprit propre. Des pensées apparaissent et puis elles disparaissent.
Où est l’esprit de Gerri ?
94.
CETTE COMPRÉHENSION N’INCLUT-ELLE PAS DIEU ?
Question : J’avais toujours assimilé l’Eveil, l’Illumination, etc. à la pratique
spirituelle. Je me sentais à l’aise avec cela, et même rassuré. Depuis ces dernières
années de lecture de littérature et de sites web non-duels, comme le vôtre et celui de
‘Sailor’ Bob, il semble que je laisse tout cela derrière, et cela a causé le souci qu’il y a
peut-être un vide là où Dieu était autrefois, ou que je n’ai jamais vraiment compris ce
à quoi je faisais référence, quand je pensais à Dieu.
136
Stephen : Quelle est votre compréhension de Dieu ? Quelle est votre compréhension
de vous-même ?
Q : Je commence à penser que les histoires étaient du réconfort et que je n’ai jamais
réellement compris ce que je cherchais. Cette compréhension n’inclut-elle pas Dieu ?
S : Que cherchez-vous ? Quand tout ce que vous avez compris sur Dieu et tous vos
concepts concernant Dieu se sont détachés, que reste-t-il ? Dieu n’est-Il pas tout ce
qu’il y a jamais eu, tout ce qu’il y a et tout ce qu’il y aura jamais ?
Q : Il semble être trop tard pour revenir en arrière maintenant et j’espère que je ne
cherche pas simplement à remplacer une histoire par une autre. Ma compréhension
des principes est loin d’être totale et j’apprécierais une réaffirmation de ces principes.
S : On peut résumer les principes de la non-dualité en une simple phrase : ‘’La
Conscience est tout ce qu’il y a, et Je Suis Cela.’’ Quelle est l’unique vérité dont vous
pouvez parler vous concernant et qui ne peut pas être niée ? N’est-ce pas le fait de
votre propre existence, le fait d’être – Je Suis ?
Et qui est Dieu ?
Exode, 3.14-15 : Et Dieu dit à Moïse : JE SUIS CE QUE JE SUIS. Voilà le Nom que Je
porterai à jamais et avec lequel les futures générations M’invoqueront.
Psaumes, 46.10 : Soyez tranquilles et sachez que Je suis Dieu.
Jean, 8.12 : Je suis la Lumière du monde.
Jean, 14.6 : Je suis la Voie, la Vérité et la Vie.
Ephésiens,4.4-6 : Il y a un seul corps et un seul Esprit…Un seul Dieu et Père de la
totalité, qui se situe au-dessus de la totalité, qui opère via la totalité et qui imprègne
la totalité.
Jean, 10.30 : Moi et mon Père, nous sommes Un.
Alors maintenant, quelle est votre compréhension de Dieu ? Et quelle est votre
compréhension de vous-même ?
95.
JE NE PEUX PAS NIER QUE TOUT ARRIVE, SIMPLEMENT
Question : A propos du contrôle : j’appelle ceci le stade profondément simple où l’on
peut reconnaître que tout arrive, simplement. Je m’y réfère aussi comme à la
perspective de la Conscience, plutôt qu’à la perspective prétendue du moi distinct(if).
Même si je pense contrôler une certaine pensée, au niveau le plus simple, on ne peut
pas nier qu’elle jaillit, simplement. Je vois que tout ce qui diffère de ce niveau simple
137
n’est que penser contrôler. Toute perspective ou niveau autre que la Conscience n’est
que pensée (moi et mes descriptions curieuses).
C’était plutôt drôle de voir les pensées se presser pour rattraper toutes les actions,
comme pour dire : ‘’Attendez, attendez ! C’est moi qui fais ceci et cela ! C’est moi qui
pense ceci et cela !’’ Le grand mais est que je ne puis rester avec cette reconnaissance
plus de quelques secondes d’affilée. Les pensées se précipitent directement avec leur
concept intégré d’être ce qui opère. Parfois, c’est facile à reconnaître pendant une ou
deux secondes et parfois, j’ai des problèmes à me concentrer là-dessus (en raison de
mon mental bavard et chaotique). Que faire ?
Stephen : George fabrique-t-il les pensées, les sentiments, les sensations, les
motivations ou les actions ? Oui ou non ? Il n’y a pas de ‘’mais’’, de ‘’peut-être’’ ou de
‘’parfois un peu’’. Oui ou non ? Qu’est-ce qui contemple la pensée et l’action ? N’est-il
pas parfaitement clair que tout ne fait que survenir et que George ne fait rien du
tout ? N’est-il pas parfaitement clair qu’il y a une Présence contemplative qui est
toujours ici et maintenant et qui observe tout ce qui se produit ?
Quel est le rôle de George dans cette pièce ? Est-il l’auteur, le producteur ou le
directeur du spectacle ? Ou George est-il un personnage semblable à une marionnette
que l’on agite autour de la scène ? Qu’est ‘’George’’ ? Un assemblage de pensées, de
sentiments, de sensations, de souvenirs, d’actions, de motivations, de désirs et de
craintes ? Un homme, un fils, un frère, un ami, un étudiant ou un employé ? George
est-il le créateur ou une création ? Quelle est la nature essentielle de George ? Qu’estce qui ne change jamais chez George ? S’il n’y a pas de Présence contemplative ici,
qu’advient-il de George ?
En ce moment même, il y a la Présence contemplative de ces mots et de ces concepts.
Cette Présence contemplative est-elle un concept ou est-elle non-conceptuelle ? Avezvous conçu cette Présence contemplative ou se manifeste-t-elle simplement ? Si cette
Présence contemplative n’est pas ici maintenant, George peut-Il être ici maintenant ?
Quelque chose peut-il être ici maintenant, si cette Présence contemplative n’est pas ici
pour l’observer ?
La Présence contemplative que vous êtes est-elle un concept ? La Présence
contemplative que vous êtes peut-elle s’acquérir ou se perdre ? La Présence
contemplative que vous êtes est-elle une croyance ? Qu’est-ce qui observe les
concepts, l’acquisition et la perte, et les croyances ? Quand le mental chaotique est
actif, cette Présence contemplative est-elle perdue ou observe-t-elle simplement le
chaos ? Cette Présence contemplative est-elle ici pendant quelques secondes et puis
disparaît-elle ? Peut-on s’accrocher à cette Présence contemplative ? Ou bien ces idées
sont-elles juste d’autres concepts qui apparaissent dans cette Présence contemplative
qui est toujours ici et maintenant ?
138
96.
SE DÉTOURNER DES HISTOIRES ET LES LAISSER
Question : Je suis toujours en train de déraciner quelques vestiges apparents de
doute. Aujourd’hui, j’ai lu votre correspondance intitulée ‘’Un tas de fadaises !’’ , que
j’ai vraiment appréciée. Il me semble que j’ai encore parfois du mal à ‘’tirer la chasse’’
et que je veuille rationaliser à fond plutôt que de simplement actionner le levier ―
comme si je n'avais pas décidé que c'est une simple question de maturité de dire "Hé,
c'est de la foutaise. J’ai déjà vu ceci des milliers de fois" ou, si je continue à creuser, je
pourrais arriver à la racine du problème qui ne resurgira plus.
Bien sûr que je vois que ce sont juste des histoires. Ainsi, si je crois qu’une histoire est
vraie, c’est un éloignement apparent de la Présence. L'esprit tourne en rond, mais il
paraît difficile de s'empêcher de se tourner vers l'esprit pour obtenir une description
de ce qui se passe.
Stephen : Vous savez donc que les histoires tournent dans la Conscience, tel un
manège. Il n’y a là rien de neuf, toujours les mêmes vieux trucs que nous connaissons
bien. Détournez un moment votre attention de ces histoires, laissez-les. Remarquez ce
qui visionne ces histoires. Quelle est la nature de cette Présence contemplative qui
voit ces histoires tourner en boucle ? Quelle est la nature de cette Conscience que
vous êtes et que je suis ? Où et quand sont cette Conscience ?
Cette Conscience que nous sommes, ce Je Suis, est-ce l’Amour ? Est-Elle spacieuse,
paisible et libre ? Est-Elle froide et distante ou est-Elle chaleureuse et intime ? A-tElle des limites ou est-Elle infinie ? Cette Conscience peut-Elle être localisée ou estElle partout et nulle part ? Détournez-vous des histoires, laissez-les. Quelle est cette
Conscience que nous sommes ? Est-ce l’Amour ?
97.
J’ATTENDS UN CHANGEMENT RADICAL OU SOUDAIN
Question : Si on cherche en soi l’ego ou une entité qui contrôle et si on ne le trouve
pas, on ne peut pas être sûr de ne pas être passé à côté, aussi est-il efficace de faire ce
que vous suggérez : si cette entité qui contrôle existe bel et bien en vous, alors essayez
donc d’exercer un contrôle sur les pensées, les sentiments, les sensations et les
actions !
Stephen : Oui, si vous ne pouvez pas trouver un ego distinctif là en vous, mais si vous
avez tout de même l’impression de contrôler votre expérience, alors allez-y, essayez
donc d’exercer ce contrôle. Faites-le maintenant. Créez-vous les pensées, les
sentiments et les sensations qui se présentent ou apparaissent-ils simplement dans la
Conscience ? Et si votre nature essentielle n’est pas l’ego, alors qu’êtes-vous ?
Q : Inspiré par vos commentaires, je suis en train de lire ‘’JE SUIS’’, de Nisargadatta.
L’affirmation de Nisargadatta suivant laquelle vous créez le monde, et que le jeu de la
vie se passe à l’intérieur de vous, la Conscience, est assez difficile à expérimenter
139
pour moi. Je puis la comprendre intellectuellement. Comme biologiste, je puis voir
que les sens reçoivent des stimuli physiques et chimiques et que des impulsions
nerveuses surgissent dans la Conscience – le monde se crée en moi. Mais il me semble
que je vis dans le monde.
S : Votre nature essentielle, c’est la Conscience. Le voyez-vous maintenant ? Vous êtes
la Conscience. Alors, le monde apparaît-il en vous, ou apparaissez-vous dans le
monde ? Vérifiez ceci maintenant par vous-même. N’attendez pas une quelconque
expérience mystique. Regardez simplement maintenant et finissez-en avec cette
question. Tout apparaît en vous, la Conscience. Même la pensée ‘’Je suis’’ apparaît
dans la Conscience. La Source du ‘’Je suis’’ et du monde est un mystère absolu, mais
vous savez que vous existez ou que la Conscience est. Vous êtes cette Conscience. Sans
vous, il n’y a pas de monde, ni de James.
Q : Au cours d’un rêve, il y a de ça quelque mois, j’étais conscient de créer le contenu,
et spécialement les gens. C’était réellement merveilleux – savoir que les décors
étaient créés par moi, tandis que je parcourais le décor du rêve !
S : James a-t-il créé le contenu du rêve ou le contenu du rêve est-il apparu dans la
Conscience ? Où est ce créateur de rêves appelé James ? N’est-il pas aussi un
personnage du rêve ? Vous êtes la Présence contemplative de tous les rêves et de tous
les personnages de rêve. Vous n’êtes pas le créateur des rêves, pas plus que vous
n’êtes James, personnage du rêve. Arrêtez-vous et voyez-le maintenant. N’attendez
pas une expérience quelconque au sujet de laquelle vous lisez dans un livre.
Q : En lisant votre correspondance intitulée ‘’Votre recherche est terminée’’, des
pensées ont surgi, suivant lesquelles j’avais besoin d’une confirmation. Je sais que ce
sont des pensées, mais j’ai encore des doutes. D’habitude, je réalise que les doutes
sont juste des pensées, spécialement ceux relatifs à l'ego égocentrique. Maintenant, de
plus en plus souvent, je reconnais la Conscience comme l’instant présent – ce qui est.
Ces confirmations sont arrivées progressivement, aussi il me semble que je recherche
un changement radical ou soudain, comme confirmation que j’ai compris ceci, comme
Nisargadatta le décrit.
S : Qu’y a-t-il chez vous qui ne requiert aucune confirmation ? Qu’y a-t-il qui est
toujours ici et maintenant, alors que vous attendez un changement radical de
perspective sur la base de l’expérience de quelqu’un d’autre à propos de laquelle vous
avez lu dans un livre ? Abandonnez tous vos livres, toutes vos pensées et toutes vos
attentes et quand tout est parti, que reste-t-il ?
98.
NI ‘’JE’’ DISCTINCTIF, NI SOUFFRANCE, NI ÉVEIL
Question : J’ai besoin d’aide par rapport à l’Eveil. J’ai quelques questions par rapport
à l’Eveil et j’apprécierais une réponse de votre part. Je me suis questionné à maintes
reprises pour savoir s’il y a ici un être distinctif avec une nature indépendante et je ne
140
trouve jamais aucun ‘’je’’ central ou quelqu’un qui contrôle. Il y a juste des processus
de pensée et les mouvements d’un corps qui se produisent.
Stephen : Oui, c’est ce que révèle cette simple enquête : il n’y a aucune entité
indépendante distinctive, aucun ‘’je’’ central, aucun ego, aucune entité qui contrôle,
ici. Dans votre propre expérience directe, tout ce que vous pourrez trouver, c’est un
corps et des pensées. Il est donc vu qu’il n’y a aucune personne distinctive, aucun ‘’je’’
indépendant, ni aucun ego, là en vous. Alors, qu’êtes-vous ? Que reste-t-il ? Qu’est-ce
qui a toujours été ici ? Qu’est-ce qui est conscient du corps et des pensées qui
jaillissent ? Est-ce la Conscience ? Etes-vous cette Conscience ? Cette Conscience que
vous êtes est ici et maintenant.
Arrêtez-vous et prenez maintenant conscience de cette Conscience. Arrêtez-vous un
instant, respirez profondément et remarquez la présence de cette Conscience. C’est ce
que vous êtes. Remarquez-vous la simplicité de ceci ? Vous êtes cette simple
Conscience. Cette simple Conscience que vous êtes est déjà éveillée. Cette Présence
simple de la Conscience que vous êtes n’a jamais été endormie. Cette Conscience que
vous êtes est ‘’l’Eveil’’ que vous visez. Vous avez toujours été cette Présence simple de
la Conscience. Sans Vous, sans cette Conscience, il ne peut y avoir aucun corps, ni
aucune pensée. Vous êtes cette Présence contemplative qui est toujours ici et
maintenant.
Vous avez maintenant vu dans votre propre expérience directe qu’il n’y a aucun ‘’je’’
indépendant, aucun ego distinctif, ici ; il y a juste un corps et des pensées. Alors,
dites-moi, qui peut s’éveiller ? Qui a jamais été endormi ? Qui a souffert ? Il n’y a
aucune personne séparée indépendante qui puisse souffrir. Il n’y a aucune personne
séparée indépendante qui puisse s’éveiller. Il y a seulement la Conscience. Il n’y a que
la Conscience.
Vous êtes cette Présence simple de la Conscience et l’idée d’être une personne séparée
a jailli en Vous sous la forme de la pensée ‘’je’’. Cette pensée ‘’je’’ est la naissance de
l’apparence de la séparation et le commencement de la souffrance personnelle. En
croyant en la réalité de votre existence propre en tant que ‘’je’’ indépendant et séparé,
la souffrance est inévitable.
En voyant dans votre propre expérience directe qu’il n’y a aucun ‘’je’’ indépendant, ni
aucune personne séparée, il ne peut y avoir ni souffrance, ni Eveil, les idées de
souffrance personnelle et d’Eveil s’appuyant sur la croyance non-examinée en
l’existence d’un ‘’je’’ séparé qui peut souffrir et d’un ‘’je’’ séparé qui peut s’éveiller. Il
n’y a aucun ‘’je’’ séparé.
Le ‘’je’’ séparé, la souffrance personnelle et l’Eveil ne sont tous que pure imagination.
Il n’y a pas de ‘’je’’. Il n’y a personne qui puisse souffrir. Il n’y a personne qui puisse
s’éveiller. Tout ce qu’il y a, c’est cette Conscience, et vous êtes Cela. Le voyez-vous,
maintenant ? Cette simple reconnaissance est la résolution de toute la souffrance
141
personnelle et de la recherche de l’Eveil, de la Libération et de l’Illumination. Voilà. Il
n’y a rien à faire, rien à obtenir, rien à éviter. C’est Cela !
Q : Initialement, ce questionnement générait de grands sentiments de paix et parfois,
un sentiment de vacance bienheureuse. Cela fait maintenant un mois que j’ai
commencé, mais quand je me questionne maintenant, tout ce que je ressens, c’est du
stress.
S : Laissez tomber tout ça. Cette investigation se fonde sur la croyance en un ‘’je’’
séparé. Dans votre propre expérience directe, vous avez vu qu’il n’y a aucun ‘’je’’
séparé. C’est terminé. Toute cette histoire de souffrance et d’Eveil vole en éclats, vu
qu’elle se fondait sur une fausse prémisse – un ‘’je’’ imaginaire.
Q : Même si l’on constate qu’il n’y a personne ici, quand le questionnement a lieu,
quand je vaque à mes occupations quotidiennes, c’est oublié. Comment cela devient-il
une réalisation permanente ?
S : Votre vie quotidienne se déroule, mais il n’y a là aucun ‘’je’’ qui l’a fait se dérouler.
La vie advient, mais à personne. Il ne s’agit pas d’une compréhension conceptuelle
dont on peut se souvenir ou qui peut être oubliée. C’est la reconnaissance nonconceptuelle qu’il n’y a ici aucune entité indépendante, séparée. Il n’y a que la
Conscience. La vie continue, comme elle l’a toujours fait, mais pour personne.
99.
Y A-T-IL UN ÉVEIL OU UNE LIBÉRATION ?
Question : Depuis que j’ai lu et que j’ai entendu certains maîtres parler d’Eveil et de
Libération, il y a là encore une certaine confusion. Certains disent que la Libération,
c’est l’effacement total du ‘’moi’’. Cela prête à confusion, parce que si vous voyez qu’il
n’y a personne ici en dehors de la Conscience non-conceptuelle, quand la pensée ‘’je’’
revient, il y a le sentiment que la pièce n’est pas encore tombée et vous êtes à nouveau
sur la voie de la recherche !
Je ne sais qu’une seule chose : Je suis, j’existe ; tout le reste, ce sont des concepts, des
mots et des apparences. Alors, existe-t-il une chose telle que l’Eveil ou la Libération,
ou bien est-ce une manière subtile de maintenir les chercheurs sur la voie ?
Stephen : Vous avez magnifiquement répondu à votre propre question ! Vous avez
dit : ‘’Je ne sais qu’une seule chose : Je suis, j’existe ; tout le reste, ce sont des
concepts, des mots et des apparences.’’ Oui, c’est cela. Le fait que vous êtes ou que je
suis ne peut pas être discuté ou nié. Tout ce qui suit ‘’Je suis’’ peut être discuté ou
réfuté, comme je suis éveillé, je suis libéré ou je souffre. En vous connaissant vousmême en tant que ‘’Je suis’’, il n’y a aucun intérêt pour la discussion de concepts
d’Eveil ou de Libération. Ce ‘’Je suis’’ que vous êtes a-t-Il jamais été endormi ou
asservi ? Alors, qu’est-ce qui s’est éveillé ? Qu’est-ce qui a été libéré ? Qu’est-ce qui
souffrait ?
142
Ce ‘’Je suis’’ que vous connaissez si intimement, c’est la Conscience que nous sommes
tous, cette simple présence de la Conscience. Sentez-vous actuellement cette simple
présence de la Conscience ? Cette simple présence de la Conscience, c’est la Paix,
l’Eveil et la Libération qui sont recherchés, mais Elle a toujours été ici ! Sans cette
simple présence de la Conscience, il ne peut y avoir aucun concept de souffrance,
d’Eveil ou de Libération. Cette simple présence de la Conscience ou Je suis est Cela.
Tout le reste, ce sont des concepts, des mots et des apparences. Tous les concepts,
tous les mots et toutes les apparences sont libres d’aller et venir à travers Vous et
Vous demeurez en tant que Je suis, tel quel, toujours ici et maintenant.
100.
L’ÉNERGIE DE LA KUNDALINI EST MONTÉE, ET CELA
M’A EFFRAYÉ !
Question : Tout d’abord, merci pour votre visite téléphonique d’hier soir. Quelque
chose de très étrange m’est arrivé, après avoir raccroché. Je me sentais très calme et
très paisible, plus que depuis n’importe quel moment dont je puis me souvenir. Et
puis, je suis allé me coucher vers 23 h 00. A présent, la partie étrange. Au milieu de la
nuit, l’énergie de la kundalini est de nouveau montée. Cela m’est déjà arrivé
quelquefois par le passé, mais pas tout à fait ainsi ― cela m’a effrayé. Peut-être est-ce
parce que j’ai laissé tomber toute résistance, je ne sais pas. J’ai été joliment secoué. Il
est difficile de ne pas s’attacher au corps, quand toute cette énergie monte. Des
réflexions ?
Stephen : Les premières pensées qui me viennent à l’esprit concernent votre bienêtre physique. Si vous êtes préoccupé par le fait que l’énergie qui circule à travers le
corps peut provoquer des problèmes physiques ou médicaux, vous pouvez obtenir de
l’aide en consultant un médecin qui pourra apaiser ces inquiétudes et s’occuper des
effets physiques sur le corps, s’il y en a. Secundo, si vous trouvez que l’énergie
provoque des troubles mentaux ou psychologiques, vous pouvez obtenir de l’aide en
consultant un thérapeute, un psychologue ou un psychiatre. Vous avez mentionné au
téléphone que vous avez déjà contacté un thérapeute concernant cette question et
l’anxiété. Partager vos préoccupations avec un professionnel ou un spécialiste peut
engendrer un immense sentiment de soulagement et apaiser vos inquiétudes.
Je peux parler de mon expérience personnelle sur les avantages qu'il y a à obtenir
l'aide de professionnels de la médecine et de la psychologie. Je me suis aperçu que le
simple fait de partager mon expérience avec un médecin et avec un psychologue
apportait un énorme soulagement de la souffrance psychologique. Vous pourriez
trouver un soulagement identique.
Mon expérience personnelle avec l’énergie de la kundalini fut brève, positive et
rassurante. J’ai vécu deux expériences plaisantes qui se sont produites plutôt
spontanément. A l’époque, je n’avais aucune connaissance antérieure de la kundalini.
Les expériences en elles-mêmes furent plaisantes et non problématiques, mais ces
expériences furent très agréables et elles se prolongèrent pendant quelques jours à
143
chaque fois et donc, bien sûr, je voulais que ces expériences se reproduisent et
qu’elles deviennent permanentes. Certains efforts ont été faits pour reproduire ces
expériences pendant une période de quelques années jusqu’à ce que je renonce à
essayer de contrôler mon expérience et à ce moment-là, il y a un sentiment de
soulagement qui survient, simplement en réalisant qu’on ne peut pas contrôler son
expérience – qu’elle soit agréable ou non.
Je n’ai aucune expertise, ni connaissance particulière par rapport à la kundalini, mais
il me semble qu’alors que vous ne pouvez avoir aucun contrôle sur la manière ou le
timing où cette énergie circule dans votre corps, il est possible de se libérer de la
souffrance psychologique qui l’entoure.
101.
LA RÉSOLUTION DE LA RECHERCHE ET DE LA
SOUFFRANCE
Question : Vous m’avez demandé d’examiner par moi-même les questions que
j’avais : la Conscience est-Elle tout ce qu’il y a dans mon expérience, comme je peux le
vérifier maintenant, ou la Conscience est-Elle absolument tout ce qu’il y a ? Comment
cela se vérifie-t-il ?
Par exemple, je ne croirais pas que cette pièce dans laquelle je suis est la seule pièce
qu’il y a, même si cela est vrai dans mon expérience actuelle. Je répondrais qu’il
semble que la Conscience est tout ce qu’il y a, mais qu’il y a des pensées et des
concepts concernant des humains, un univers, une réalité objective et un cerveau que
j’accepte comme étant vrais. Je n’ai aucune preuve qu’il y ait un monde extérieur ou
que le cerveau produise les expériences sensorielles, mais je choisis de croire en ces
pensées, parce qu’elles sont sensées, parce qu’elles semblent rationnelles. Le
solipsisme est normalement présumé être la seule alternative.
Du point de vue actuel, une réalité subjective privée et une réalité objective extérieure
apparaissent toujours comme des concepts rationnels dans lesquels il faut croire. Je
n’ai jamais entendu de maître clairement dire que cette conviction est incorrecte,
peut-être est-il sous-entendu qu’elle est incorrecte. C’est la raison pour laquelle
j’espérais recevoir une réponse sans équivoque en posant des questions
philosophiques ou théoriques. Je puis voir que l’idée d’un monde subjectif et d’un
monde objectif sont toutes deux des pensées, mais je choisis de croire en ces pensées,
comme je choisis de croire en l’existence de pièces autres que celle dans laquelle je
suis.
Alors, dois-je abandonner ces convictions ? Peut-être ne vois-je toujours pas vraiment
ce qui est indiqué par le mot ‘’Conscience’’ ?
Stephen : Vous êtes la Conscience. La Conscience est. C’est aussi simple que cela. Il
n’y a rien d’autre à dire à ce sujet.
144
Q : Cette indication particulière ne paraît simplement pas trouver un écho en moi,
mais quelque chose d’autre est apparu qui semble trouver un écho en moi. J’ai tenté
d’en revenir à l’interprétation qui était la mienne, il y a quelques mois. L’analogie du
film, dont je me suis éloigné pour quelque raison, semble à nouveau avoir beaucoup
de sens. Serais-je sur la bonne voie ou dans la bonne interprétation, si je dis que je
suis cette Conscience ordinaire et que tout le reste est sur pilote automatique et
qu’alors, je ne me tracasse pas du tout par rapport à cela ? Est-ce que je m’approche
du sens ou est-ce que je m’en écarte ? Il me semble que je devrais rester là-dessus. Le
problème est qu’il y a tellement de manières d’interpréter ce que disent les maîtres et
je parie que nous, les chercheurs, nous laissons toujours en dernier l’interprétation la
plus simple !
S : Vous avez dit : ‘’Je suis cette Conscience ordinaire et tout le reste est sur pilote
automatique, alors je ne me tracasse pas du tout par rapport à cela’’. Oui, c’est cela !
Vous êtes essentiellement cette simple Présence contemplative. Tout est sur pilote
automatique : la Présence contemplative et tout ce qu’Elle contemple. Même ceci n’est
qu’un concept, mais c’est une bonne indication de ce qui peut être confirmé par votre
propre expérience directe.
Remarquez que cette Présence contemplative est toujours avec vous, parce qu’Elle est
vous : vous êtes cette Présence contemplative. Remarquez que tout le reste va et
vient, mais cette Présence contemplative est toujours ici et maintenant. Dans votre
propre expérience directe, y a-t-il jamais un moment dans le temps où vous pouvez
dire qu’il n’y a pas de Présence contemplative ? Certains demanderont : ‘’Qu’en est-il
quand je dors ou quand je suis inconscient en raison d’une blessure ou d’une
médication ?’’ Il n’y a aucune souffrance psychologique, quand vous êtes inconscient
ou quand vous êtes dans un profond sommeil, aussi la question est-elle sans intérêt
par rapport à la résolution de la souffrance psychologique.
La recherche spirituelle et la souffrance concomitante sont vite et facilement résolues
en voyant que rien ne peut vous troubler, hormis votre propre imagination et que ce
que vous êtes en essence, c’est cette simple Présence contemplative. Cette Présence
contemplative que vous êtes et que vous avez toujours été est la paix que vous
recherchez en exerçant votre intellect avec toutes vos questions vides et futiles.
L’intellect n’a aucune valeur, à moins que vous ne soyez là pour l’observer !
102.
POURQUOI EST-CE QUE JE CHERCHE ENCORE ?
Question : Je comprends ce que je ne suis pas et je comprends ce que je suis. Je
comprends que chercher est une activité futile et qu’il n’y a rien à chercher, puisque
ce que je cherche, c’est ce que je suis. Je comprends cela et je sais cela. Mais en dépit
du fait que je le sais, je cherche encore ! Il y a la pensée que c’est stupide, parce que
tous les instructeurs, comme Sailor Bob, John Wheeler et vous-même répétez ad
nauseam que la recherche est la maladie !
145
Ce que je comprends maintenant, c’est qu’il y a encore quelqu’un ici qui essaye
d’arrêter de chercher et qui se sent perplexe à ce sujet ! Il n’y a aucune entité qui
contrôle ici qui peut décider d’arrêter de chercher, ni honte, ni culpabilité à ce propos,
les choses étant ce qu’elles sont. Les questions continueront jusqu’au bout. Parfois, je
me sens malheureux d’être encore un chercheur. Lorsque Sailor Bob dit ‘’point final’,
je voudrais certainement pouvoir l’entendre ! Pouvez-vous ajouter quelque chose ?
Stephen : Croyez-vous au tissu de conneries que vous venez juste de raconter ? Ce
pauvre Jerry est un chercheur malheureux qui connaît la vérité, mais qui continue de
chercher. Il veut que la recherche cesse, mais ne semble pas pouvoir s’arrêter. C’est
de la pure connerie ! Tout cela n’est qu’une histoire imaginaire qui se joue dans votre
tête. Le voyez-vous ? Vous n’êtes pas un chercheur, vous êtes Cela qui contemple le
tissu de conneries qui se déroule dans votre tête. Si aujourd’hui, vous croyez être un
chercheur, peut-être que demain, vous croirez être quelqu’un d’illuminé ! Un autre
tissu de conneries ! Voyez que toutes ces histoires sont des conneries ! Vous n’êtes pas
un chercheur et vous ne serez jamais quelqu’un d’illuminé.
Quelle différence cela fait-il que vous contempliez un tissu de conneries qui concerne
un chercheur malheureux ou que vous contempliez un tissu de conneries qui concerne
le fait d’être éveillé ? Ce sont tous deux des tissus de conneries. En attendant, vous
êtes ici, tel que vous l’avez toujours été, à contempler ces tissus de conneries, vous
riant d’elles toutes. Vous n’avez jamais été un chercheur malheureux et vous ne serez
jamais illuminé. Vous êtes la Présence contemplative. Point final.
Q : Parfois, je crois encore à ces tissus de conneries que le mental me débobine et
parfois pas. Si j’avais le contrôle des pensées, pourquoi choisirais-je de subir leurs
effets ? Si j’avais le contrôle, pourquoi me piégerais-je avec de tels tissus de
conneries ?
S : Vous n’êtes pas du tout piégé – c’est une autre histoire ! Et vous ne subissez pas.
Q : Alors, il y a juste un jeu de recherche dans la Présence contemplative ? Il y a juste
des pensées qui suggèrent l’apparence d’un chercheur ? Je ne suis pas le corps, je ne
suis pas les pensées et je ne suis pas celui qui écrit maintenant ceci, donc, je ne suis
rien ?
S : Vous êtes la Présence contemplative. Quand il n’y a ni pensées, ni imagination, y at-il de la souffrance ? Il ne peut y avoir de souffrance sans pensées, ni imagination.
Vous observez les pensées et les histoires imaginaires. La pensée ‘’je souffre’’ et
l’histoire qui suit sont manifestement de l’imagination. La pensée ‘’je suis illuminé’’ et
l’histoire qui suit sont aussi de l’imagination. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui
n’est pas de l’imagination ? Vous êtes réel – la Présence contemplative. Pouvez-Vous
souffrir ? Seul le corps peut souffrir, pas Vous. Tout ce que vous savez avec certitude,
c’est le fait que Vous êtes – Je Suis. Tout ce qui suit ‘’Je Suis’’ n’est pas vrai, c’est
imaginaire. Ceci est-il vrai ? Le voyez-vous, maintenant ? Toute souffrance repose sur
146
l’imagination. Toutes les idées d’Illumination reposent sur l’imagination. Vous, la
Présence contemplative, Vous êtes l’unique réalité.
Q : Oui, je vois que Je suis. Il n’y a rien que ceci. Tout le reste est dénué de sens.
Merci.
103.
C’EST FINI !
Question : Vous avez raison. C’est fini ! Que l’ego surgisse n’a aucune importance ; il
est vu pour ce qu’il est. Tout est pareil, mais avec une détente aisée.
Stephen : Oui, exactement. Tout est libre d’aller et venir dans la Conscience, même le
sentiment de l’ego. En vous connaissant vous-même comme la Présence
contemplative, il y a un sentiment d’acceptation et d’aisance par rapport à tout ce qui
apparaît.
Q : Parfois, quand l’ego surgit, il y a simultanément de la tension dans le corps. Peutêtre que, lorsqu’on observe de la tension chez les gens, c’est cette tension de l’ego ? Et
si c’est vrai, alors croire en l’ego est la cause du stress chez les gens ?
S : Oui, l’ego est l’énergie de résistance à ce qui est. Quand il n’y a pas de résistance à
ce qui est, il n’y a pas d’ego, ni de stress personnel.
Q : Dans mon expérience, voir à travers l’ego s’est fait progressivement, mais la
recherche s’est d’abord arrêtée avec la reconnaissance de moi-même en tant qu’Etre,
mais je ne suis pas certain de cela.
S : On pourrait dire qu’il y a deux indications clés qui sont utiles. L’une, c’est de voir
et connaître ce que vous êtes essentiellement, la Conscience. Et deux, voir ce que vous
n’êtes pas : un ego distinct(if). Cette Conscience que nous sommes est la Paix que
nous recherchons, et l’ego est la racine de la souffrance psychologique. Voir ceci
clairement aide à se libérer de la souffrance psychologique et de la recherche
spirituelle.
Q : J’écris ceci, puisqu’il y a beaucoup de pensées concernant comment et ce qu’il faut
dire aux gens concernant ceci. Il y a une tendance à dire aux gens de procéder à la
même recherche que j’ai faite, mais je sais qu’il n’y a personne pour procéder à la
recherche.
S : Vous pouvez vous retrouver en train de partager votre expérience avec les autres.
Vous pouvez simplement parler à partir de votre cœur et partager votre propre
expérience directe. Vous dites ce que vous avez trouvé être vrai dans votre propre
expérience.
147
Q : Je pense qu’il est très utile de savoir comment c’est et je pense qu’une partie de la
recherche, c’est cette compréhension intellectuelle. Vous regardez alors dans la bonne
direction et c’est plus facile à reconnaître, quand cela arrive.
S : Cela a été aussi mon expérience.
Q : Une partie clé de la recherche, c’est de voir à travers l’ego, ce qui semble se faire
progressivement. Voir à travers l’ego, cela a été pour moi en partie de voir comment
la croyance en ce personnage de l’ego était très limitante et en même temps, il a dû y
avoir une reconnaissance que cet ego n’existe pas.
S : Voir à travers l’ego peut prendre du temps pour certaines personnes, mais pour
d’autres, il peut y avoir la réalisation instantanée que l’ego est faux et que tout ce qu’il
y a, c’est la Conscience.
Q : Je sais qu’il y a des tas de pensées concernant ceci, ce qui peut être une vieille
habitude d’essayer de comprendre.
S : Les pensées peuvent continuer ou non. D’une manière ou d’une autre, vous
demeurez comme simple Présence contemplative qui observe le défilé des pensées,
des sentiments, des sensations et des actions, le tout arrivant à ‘’personne’’.
Q : Merci, Stephen. J’ignore comment, mais vos paroles ont été très utiles.
S : Je suis heureux de partager mon expérience concernant ceci et je me réjouis que
ceci ait pu vous être bénéfique.
104.
LE CONCEPT DE LIBÉRATION EST UNE AUTRE CAROTTE
DORÉE
Question : Le ‘’je’’ est maintenant vu comme une simple pensée. Certains maîtres
disent que lorsqu’il y a disparition totale de la pensée ‘’je’’, c’est la Libération. Alors,
la Libération devient une autre carotte dorée (la disparition totale de la pensée ‘’je’’).
Dans mon expérience directe, je peux dire qu’il est de plus en plus vu au travers de ce
‘’je’’ et que parfois, il y a encore une identification avec lui, mais même lorsqu’il y a
l’hypnose, je sais que la Présence contemplative est toujours ici. Je sais que ‘’la
Conscience est’’, qu’il y ait hypnose ou non.
Ces idées d’Eveil et de Libération ont été pour moi des concepts très trompeurs, car ils
impliquent un temps futur. Même dire qu’il n’y a que la Conscience est de trop, parce
que la Conscience implique son opposé, son absence. Les problèmes proviennent des
concepts. Sans les concepts de temps, de causalité, d’Eveil, de Libération, de bien et de
mal, JE SUIS, et il n’y a aucun problème. Sans pensées et sans histoire, il n’y a que
l’unité.
148
Stephen : Oui, bien dit !
105.
EN REGARDANT TOMBER LA NEIGE
Question : Tout d’abord, merci à vous et pour tous les autres repères (par manque
d’un meilleur terme), en ce qui concerne l’aide dans l’évacuation des doutes et des
concepts que nous accumulons tous, tout au long de ce séjour d’existence relative que
nous appelons communément la vie. Il semble qu’après avoir écouté les podcasts de
Sailor Bob et les interviews d’Allin Taylor, mon expérience de chercheur est
quasiment similaire par rapport aux repères et aux autres chercheurs.
Après un questionnement initial et une quête, au début des années 70 pour trouver un
sens à la vie, après avoir écouté Alan Watts, après avoir lu ‘’Be here now’’5, après
avoir pris de l’acide, etc., je suis passé par pas mal d’enseignements ésotériques, sans
jamais réellement comprendre ce que je cherchais. Il y a à peu près quatre ans, il y a
eu comme une réalisation que la vie était devenue dépourvue de sens et j’ai senti la
nécessité de retrouver une sincérité perdue après des années d’apathie, de cynisme et
d’hédonisme. Une telle urgence m’a ramené à la spiritualité et je me suis remis à la
méditation. Au cours de ces dernières années, un appétit vorace de lecture et
d’exploration de tous les divers points de vue et diverses traditions de l’Inde conjugué
à une sadhana m’a conduit à devenir réceptif à l’advaita.
Durant la dernière quinzaine, il y a eu un désir d’abandonner la sadhana, parce que la
clarté et les vérités essentielles de l’advaita m’ont laissé au bord du vide. Ma véritable
nature a été ressentie ou vue (par manque d’un meilleur terme) intuitivement et
expérientiellement, mais elle disparaît très rapidement. Comment s’enracine-t-on
dans Cela ? Serait-il possible de vous parler directement au téléphone ?
Cordialement, en regardant tomber la neige.
Après un entretien téléphonique au cours duquel nous avons discuté de Ce qui regarde
tomber la neige et de notre relation avec Cela, ces courriels ont suivi :
Q : Merci pour le temps passé au téléphone, dimanche dernier. La conversation a
permis à chaque chose de trouver sa place. A présent, quelques jours plus tard, il y a
le sentiment d’un besoin de consolidation ou peut-être de confirmation. L’ego/mental
reste parfois tapi avant de rebondir. L’acceptation totale et certaine de la nonexistence de cette personne est élusive.
Laissez-moi voir si je puis résoudre ceci. Celui qui dit qu’elle est élusive n’est qu’une
pensée qui surgit. L’incertitude émotionnelle qui apparaît n’est qu’une
apparence/apparition dans la Conscience. La Conscience n’est absolument pas
affectée par les pensées, ni par les émotions. Celles-ci se forment, puis retombent
5
De Ram Dass
149
comme des vagues dans cette mer de la Conscience. Wow ! En faisant cette petite
analyse, le calme s’est rétabli et je ris maintenant de moi-même ! Je crois que dans
mon cas, relater ceci de cette manière aide à retomber dans la Conscience.
S : Oui, c’est amusant de s’arrêter et de constater ce qui se passe réellement, comme
vous l’avez vu vous-même. La Conscience est. Tout le reste va et vient : les pensées,
les émotions et le sentiment de l’ego. En regardant par la fenêtre, je vois que la neige
du coup de blizzard de dimanche a déjà fondu et pourtant, je suis toujours ici ― dans
le regard.
106.
PEUT-IL Y AVOIR DES ERREURS ?
Question : Ma recherche s’est arrêtée très récemment, après avoir découvert cette
question de Sailor Bob : La pensée ‘’je vois’’ peut-elle voir ? Ces paroles m’ont fait
quelque chose et le voile s’est soulevé. Après onze ans de recherche et après avoir
emprunté de nombreuses voies religieuses, je ne pouvais pas croire que c’était si
simple.
Certaines questions se posent encore, mais davantage concernant la possibilité qu’il
puisse y avoir encore des erreurs, puisqu’il n’y a pas d’auteur/acteur personnel. J’ai le
sentiment qu’il ne peut y avoir aucune erreur, du point de vue absolu, et assurément
pas, d’un point de vue relatif.
Stephen : Voir et savoir qu’il n’y a pas d’entité personnelle distinctive en vous qui
possède un contrôle personnel est la clé qui permet de voir clair par rapport aux idées
d’activité personnelle, de bien faire les choses ou de commettre des erreurs. Tout
advient à personne et par l’entremise de personne.
Ainsi que vous l’avez vu dans votre propre expérience directe, la pensée ‘’je vois’’ ne
peut pas voir. Et la pensée ‘’je choisis’’ ne peut pas choisir. La pensée ‘’je suis celui qui
agit’’ n’est pas ce qui agit. Qu’est-ce qui fait voir vos yeux et qui fait battre votre
cœur ? Qu’est-ce qui fait briller le soleil et qui fait s’épanouir les fleurs ? Qu’est-ce qui
fait aboyer le chien et qui fait ronronner le chat ? Y a-t-il un auteur personnel qui le
fait ou toute chose se produit-elle simplement ?
Si vous n’êtes pas une entité distinctive qui contrôle, ni l’ego, alors qu’êtes-vous ?
Qu’est-ce qui chez vous ne peut pas être nié ? N’est-ce pas le fait de votre propre
existence, de votre propre présence en tant que Présence contemplative de tout ce qui
se produit ? Alors, si vous n’êtes clairement pas celui qui agit, comment peut-il y avoir
des erreurs personnelles ? L’idée de commettre une erreur ou de bien faire les choses
ne s’applique qu’à un auteur/acteur individuel qui peut exercer un contrôle. Il n’y a
aucun auteur/acteur individuel, personne qui contrôle. La Conscience est, et vous êtes
Cela.
150
107.
TOUT CE QUE JE PEUX DIRE, C’EST ‘’JE NE SAIS PAS !’’
Question : J’ai lu les dialogues sur votre site web. Merci beaucoup pour avoir partagé
ces connaissances. La découverte de cette philosophie non-duelle s’est simplement
produite. Je n’en n’avais jamais entendu parler, et si c’était le cas, je ne savais pas ce
que c’était ! Je cherchais une explication du pourquoi ma recherche, mon chemin
spirituel passionnant et rempli de joie se termine sans ma permission, ni mon désir
qu’il se termine ! Vous parlez de ne pas avoir le contrôle !
Ceci s’approfondit. Ce qui se passe, lorsque je lis les questions ‘’qui êtes-vous, êtesvous conscient ?’’, c’est simplement ceci : je ne sais pas. Il semble que tout ce que je
peux dire concernant quoi que ce soit, c’est ‘’je ne sais pas’’. Je devenais nerveux,
parce que chacun dit toujours qu’il est indéniable que j’existe. Eh bien, je ne sais pas à
quoi cela se réfère. Quand on pose la question, ‘’êtes-vous conscient ?’’, je ne sais pas
ce que cela signifie. N’est-ce pas étrange ? Je ne sais pas si je suis conscient. Que saisje ? Simplement ceci ! Je ne puis rien dire de plus. Ceci, ceci, ceci, c’est tout ce je que je
sais avec certitude ! Ceci est-il une occurrence raisonnable, selon vous ? Une
Conscience inconnaissante ?
Stephen : Oui, c’est cela ! Il n’y a rien d’autre, simplement ceci ! Et votre sentiment
d’inconnaissance est exactement ce qui est connu : je ne sais pas ! C’est une
contradiction apparente, mais que peut-on dire d’autre à propos de cela ? J’ai écrit
concernant cette inconnaissance dans la correspondance intitulée ‘’Toutes les
questions se dissolvent dans cette inconnaissance’’. En voici un extrait :
Il n’y a rien à obtenir. Il n’y a nulle part où aller. Alors, répondre à des questions peutil vous y amener ? Amenée jusqu’à leurs conclusions logiques, la seule réponse honnête
à toutes les questions, et ce compris les questions ‘’Qui suis-je ?’’, ‘’Que suis-je ?’’, ‘’Où
suis-je ?’’, ‘’Quand suis-je ?’’, et ‘’Pourquoi suis-je ?’’ est : ‘’Je ne sais pas’’. Ce
sentiment d’ ‘’inconnaissance’’ est ce que vous êtes. Tout naît, vit et meurt dans ce
sentiment d’inconnaissance. Un autre nom pour ce sentiment d’inconnaissance, c’est la
Conscience. Cette Conscience est ce que vous êtes. On ne peut jamais réaliser ce
sentiment d’inconnaissance, cette Conscience ; on l’est. Vous avez toujours été ce
sentiment d’inconnaissance. Vous serez toujours ce sentiment d’inconnaissance. Toutes
les questions se dissolvent en vous, ce sentiment d’inconnaissance. 6
6
Si cela peut apporter un éclairage supplémentaire, ce dialogue m’a fait songer au fameux ‘’Nuage
d’inconnaissance’’ (auteur anonyme), qui va dans le même sens, et dont voici cet extrait :
‘’Car nulle part corporellement, c’est partout spirituellement… j’aimerais mieux n’être nulle part
corporellement, luttant avec cet aveugle rien, que d’être un si grand seigneur que je puisse, lorsqu’il me
plairait, être partout corporellement…Laisse ce partout et ce quelque chose, pour ce nulle part et ce rien. Ne
t’inquiète point si ton intelligence ne peut appréhender ce rien, car assurément je ne l’en aime que mieux. Il
est en lui-même si précieux qu’elle ne peut l’appréhender. Ce rien, on l’éprouve plutôt qu’on ne le voit car il
est tout aveugle et pleine ténèbre pour ceux qui ne l’ont pas encore beaucoup contemplé…Une âme en
l’éprouvant est plus aveuglée par l’abondance de lumière spirituelle qu’on ne l’est par les ténèbres ou le
manque de lumière physique. Qui donc l’appelle ‘rien’? C’est assurément notre homme extérieur, non
l’intérieur. L’homme intérieur l’appelle ‘Tout’, car par lui, il lui est donné de comprendre toute chose,
corporelle ou spirituelle, sans en considérer aucune en particulier’’, NDT.
151
Donc, ce que vous dites me semble juste.
Q : Il semble parfois très étrange de se retrouver dans cet espace d’inconnaissance,
sans parler d’essayer de communiquer cela à quelqu’un d’autre ! Il semble bien que
‘’je ne sais pas’’ soit la seule vraie réponse. Peut-on réellement connaître quelque
chose avec certitude ? Je pense que cela fait partie du Mystère dont vous parlez.
Je viens tout juste de relire votre réponse et je vois que vous dites que cette
inconnaissance n’est pas un indicateur de ceci, mais est ceci ! L’inconnaissance est ce
que je suis (la Conscience) ! Donc, je sais que je ne sais pas, et c’est ce que je suis :
l’inconnu. Wow ! C’est extrêmement profond.
S : On ne peut pas Vous mettre en mots. Vous êtes le connu et l’inconnu. Vous êtes
tout et rien. Il n’y a pas de mots pour Vous.
Q : Oui, je m’en aperçois. Il n’y a pas de mots et donc, nous faisons de notre mieux !
108.
JE SUIS LE COMMENCEMENT ET LA FIN DE TOUTE
SOUFFRANCE
Question : Je continue de travailler avec ce concept d’aucun auteur/acteur individuel
en revenant en arrière, pour ainsi dire, à ce qui a provoqué mes décisions ou mes
actions, et je retombe chaque fois sur le fait qu’une pensée ou qu’une action s’est
simplement produite spontanément. Cela s’est simplement produit et les résultats
sont ce qu’ils sont.
Stephen : Oui, vous découvrez que les pensées et les actions se produisent
spontanément et qu’il n’y a aucun auteur/acteur individuel. Actuellement, vous voyez
ces mots. Qui voit ces mots ? Vous pouvez dire ‘’moi’’, je vois ces mots. Qui ou quel est
ce ‘’je’’ qui vois ces mots ? Est-ce Paul qui voit ces mots ou est-ce simplement la
Conscience ? Si Paul voit ces mots, qui ou qu’est-ce qui voit Paul ? La Conscience voit
ces mots et la Conscience voit Paul. Vous êtes la Conscience.
Q : Vous dites que ‘’tout arrive à personne, par l’entremise de personne’’. Je ne saisis
pas. Je suis vivant et j’expérimente ce qui est. Cette expérience individuelle paraît
parfois inconfortable et insupportable. Il y a ce sentiment d’être la victime de
l’univers, et pourquoi moi ? Je veux égoïstement changer les choses et je découvre que
je ne peux pas. Je n’ai jamais rien contrôlé du tout, et tout cela est pour moi une
perspective toute neuve.
S : Vous avez dit : ‘’Je suis vivant et j’expérimente ce qui est.’’ Vous n’êtes pas vivant,
mais vous êtes la vie elle-même. Il n’y a aucune séparation entre vous et la vie. La vie
est une, pas deux. Toute la souffrance psychologique repose sur la croyance d’être une
entité séparée de la vie universelle, elle-même. Cette entité séparée est imaginaire et
152
se base sur la croyance d’être séparé de l’univers. La pensée ‘’Je suis’’ est le
commencement et la fin de toute la souffrance psychologique.
Il n’y a aucun contrôle. Il n’y a pas d’entité séparée dans l’univers. L’univers est un.
Alors, qui exerce un contrôle sur l’univers ?
Q : Mais en dépit de tout cela, aussi désolantes que mes paroles précédentes peuvent
paraître, je me sens la plupart du temps en paix. A tel point que mon entourage, y
compris ma femme et mes enfants, pense que je suis dans un monde différent, parce
que je ne réagis plus aux choses comme autrefois. Il y a cette connaissance, qui est
inexplicable, que tout se déroule comme c’est censé le faire. Mais essayez d’expliquer
cela à votre femme, quand les factures ne sont pas payées ! Ça craint !
S : Tout arrive à personne et par l’entremise de personne. Peut-on expliquer cela ?
Q : Une dernière question : la connaissance que nous sommes tous un est-elle
expérientielle et non intellectuelle ?
S : L’unité ne peut pas être connue expérientiellement, ni intellectuellement. Il n’y a
personne pour connaître l’unité. L’unité et la dualité sont toutes deux des concepts. Il
n’y a ni unité, ni dualité. Quand la pensée ‘’je’’ jaillit, l’apparence de la dualité se
produit. Alors le ‘’je’’, ici, peut-il expérimenter l’unité, là-bas ? La pensée
‘’j’expérimente l’unité’’ n’est pas l’unité, ce n’est qu’une autre pensée qui jaillit dans la
Conscience.
Tout ce qu’il y a, c’est cette Conscience, ici et maintenant, et puis la pensée ‘’je’’ jaillit.
Avec la pensée ‘’je’’, le reste de l’univers apparaît comme séparé de ‘’je’’, mais la
pensée ‘’je’’ divise-t-elle réellement l’univers en petites parcelles ou paraît-elle
seulement le faire ? Etes-vous la pensée ‘’je’’ ? Qui ou qu’est-ce qui voit cette pensée
‘’je’’ ? L’univers est-il composé de pièces détachées ou bien est-ce la pensée qui le fait
simplement paraître ainsi ? Quand il n’y a pas de pensées, qu’êtes-vous ? Mourezvous, quand la pensée s’arrête ? Préalablement à la pensée, tout est et rien n’est. Vous
êtes le Tout et le rien.
Q : Wow, quelques toiles d’araignées ont été éliminées, là, mais quelques questions
ont surgi. Vous avez dit : ‘’La pensée ‘’Je suis’’ est le commencement et la fin de toute
souffrance psychologique.’’ Pourriez-vous m’en dire plus à ce propos ? Je suis confus,
là.
S : La simple connaissance de l’existence ou la présence de la Conscience peut
s’exprimer par les paroles, ‘’Je suis’’. En vous connaissant comme cette simple
présence de la Conscience ou ‘’Je suis’’, il n’y a aucune souffrance. Quand une histoire
s’ajoute à cette simple présence de la Conscience, le potentiel de souffrance
psychologique se manifeste.
153
Par exemple, je suis Paul, je suis un homme, je suis un pauvre type qui souffre et qui
doit prendre le contrôle de sa vie malheureuse et parvenir à l’Illumination…Le fait de
votre propre existence, en tant que Conscience, ou Je Suis, est la vérité fondamentale
et ne peut pas être discuté ou nié, mais tout ce qui suit ‘’Je Suis’’ peut être discuté ou
nié et n’est pas la vérité. Je suis la voie, la vérité et la vie7 : Je Suis, pas Paul et son
histoire.
Avant qu’il ne puisse y avoir la moindre souffrance, vous devez être là, en tant que
Conscience, en tant que Je Suis. En voyant que vous n’êtes pas Paul et son histoire, et
en vous connaissant simplement en tant que Conscience, Je Suis, Paul et son histoire
sont vus comme pure imagination et la souffrance psychologique retombe.
Par conséquent, ‘’Je Suis’’ est le commencement et la fin de toute souffrance
psychologique.
Q : Et, ‘’tout arrive à personne et par l’entremise de personne’’. Cela peut-il être
expliqué ? Non ? C’est un mystère pour moi.
S : Oui, c’est un Mystère. Tout arrive. Y a-t-il un auteur/acteur individuel ?
Q : Vous avez dit : ‘’Préalablement à la pensée, tout est et rien n’est. Vous êtes le Tout
et le rien.’’ Les termes ‘’tout’’ et ‘’rien’’ sont-ils juste des indicateurs de la pure
Conscience ?
S : Oui, la Conscience est la Totalité, en termes absolus, et rien, en termes relatifs. La
Conscience est ce qui voit ces mots, actuellement. Vous êtes la Conscience, pas Paul.
Rien ne peut vous troubler à part votre imagination. Arrêtez-vous et remarquez votre
propre existence, en tant que Conscience. Arrêtez-vous simplement et remarquez-la,
maintenant : JE SUIS.
109.
JE NE PUIS DÉPASSER L’IMPRESSION D’ÊTRE CE CORPS,
CE CERVEAU
Question : Vous savez, je pense comprendre et puis alors, de nouveaux doutes
surgissent. Le doute qui revient sans cesse concerne le fait d’être le corps et le
cerveau. Pourquoi ne puis-je pas m’en libérer ? J’écoute vos paroles, je lis ce que vous
écrivez, et j’entends ce que d’autres disent et écrivent, mais je n’arrête pas de me
casser la tête et je passe à côté de l’essentiel.
Stephen : Voici le point essentiel. Vous êtes la Conscience et tout le reste va et vient à
travers Vous. Tout ce qui va et vient est passager et sans importance. Vous êtes
toujours ici et maintenant. Restez avec ce que vous connaissez. Restez avec le fait que
7
Il cite ou il reprend une parole de la Bible, Jean, 14.6, NDT
154
vous existez ― JE SUIS. Tout le reste est absolument non pertinent par rapport à cette
compréhension et le fait de vivre en paix, ici et maintenant.
Q : C’est un peu délicat. Comment puis-je dépasser l’impression d’être le corps et le
cerveau ? Il me semble que sans ce corps et sans ce cerveau, vous et moi, nous ne
pourrions pas avoir cette conversation, d’accord ? Les pensées paraissent provenir du
cerveau. Ce n’est pas que je puis les sentir, mais les pensées paraissent être dans cette
tête. Sans le cerveau dans cette tête, nous n’aurions pas cette conversation. Alors,
comment puis-je ne pas être le corps et le cerveau ?
S : Vous avez dit : ‘’Il me semble que sans ce corps et sans ce cerveau, vous et moi,
nous ne pourrions pas avoir cette conversation, d’accord ? Alors, comment puis-je ne
pas être le corps et le cerveau ?’’ Oui, c’est vrai. Mais pourquoi s’arrêter là ? Sans eau,
sans oxygène ou sans l’énergie du soleil, nous n’aurions pas non plus cette
conversation. Comment ne pouvez-vous pas être l’eau, l’oxygène ou l’énergie du
soleil ?
Vous êtes l’oxygène, le carbone, l’hydrogène, l’azote et le calcium qui composent le
corps et le cerveau. Vous êtes les protons, les neutrons et les électrons (et l’espace
entre eux) qui composent les atomes. Vous êtes les atomes qui composent les
molécules. Vous êtes les éléments qui composent le corps et le cerveau. Vous n’êtes
pas juste un corps avec un cerveau : Vous êtes la totalité et rien.
Q : Je comprends qu’on pourrait m’amputer d’un pied, d’une jambe, d’un bras ou plus
et encore être moi, mais si on supprime le cerveau, je ne serais plus conscient pour
avoir cette conversation. Théoriquement, on pourrait même enlever mon cœur et le
remplacer par une pompe mécanique et je serais toujours là, mais en ce qui concerne
mon cerveau, cela semble être une toute autre paire de manches….
S : Si on supprimait, ne fût-ce qu’un seul atome d’hydrogène de toutes les molécules
d’eau de votre corps et de votre cerveau, vous ne seriez pas non plus conscient. En
fait, le corps n’existerait plus du tout. Alors, êtes-vous juste un atome d’hydrogène ?
Q : Même si je comprends que le cerveau n’est pas autonome, qu’il doit y avoir une
Essence de vie qui fait fonctionner le cerveau, il semble bien que le cerveau soit
nécessaire pour que cette Essence de vie se connaisse Elle-même, pour qu’Elle soit
consciente d’Elle-même et de la vie. Comment puis-je savoir que ce n’est pas le
cerveau qui est lui-même conscient des pensées qu’il produit ?
S : Restez avec la simplicité de ce que vous connaissez. Vous savez qu’il y a la
Conscience, Je suis. Avez-vous besoin d’un diplôme de biologie, de chimie, de
psychologie ou de métaphysique pour savoir que vous existez ? L’enseignement de la
non-dualité est la simplicité ultime. Tout est un et vous êtes Cela. Vous êtes ce qui
contemple maintenant ces mots et Vous êtes les mots. Il n’est rien que Vous ne soyez
pas. Vous êtes la simple présence de la Conscience que vous savez dans votre propre
expérience directe être toujours ici et maintenant.
155
Vous êtes la vie elle-même. Vous êtes la totalité et rien. Vous ne pouvez pas être mis
en mots, ni démonté en petits morceaux. Vous n’êtes pas un concept. Vous n’êtes pas
juste un corps et un cerveau. Vous n’êtes pas juste un simple atome d’hydrogène.
Vous êtes la totalité et rien.
Q : Lorsque j’ai subi une intervention chirurgicale, il y a quelques années, et lorsque
j’ai été placé sous anesthésie générale, tout a disparu, parce que les centres de
conscience du cerveau ont été endormis. Le cerveau a continué de travailler afin que
le corps puisse fonctionner, mais il n’y avait plus aucune conscience de quoi que ce
soit.
S : Cette expérience révèle le fait que la Conscience est indispensable à toute
expérience. La Conscience est primaire et l’expérience est secondaire.
Q : J’ai beaucoup de mal avec cela et je voudrais bien en être aussi certain que vous et
d’autres. 8 Si votre réponse est d’investiguer, alors dites-moi comment, même si cela
peut paraître stupide, je vous prie. Peut-être m’y suis-je mal pris durant toutes ces
années. Il est désolant que d’autres personnes comprennent ceci et l’enseignent à
d’autres et semblent avoir une expérience si différente par la suite, pendant que je
lambine et rate le coche à chaque fois. Je voudrais en terminer avec cela et savoir avec
certitude, mais en lieu et place, je lis un nouveau livre ou je télécharge une nouvelle
conférence. Je vous prie de m’aider à voir où je passe à côté.
S : Vous êtes la Conscience, JE SUIS : restez avec Cela. Tout le reste est imagination et
est sans rapport. C’est aussi simple que cela. Ne compliquez pas les choses avec des
doutes et des questions vaines et futiles, sans queue, ni tête. Demeurez avec ce que
vous connaissez. Demeurez avec ce qui ne peut pas être remis en question, discuté ou
nié. Arrêtez-vous maintenant et ressentez cette présence de la Conscience. Arrêtezvous maintenant. Remarquez cette simple Présence contemplative. Ici et maintenant,
il y a la conscience de ces mots – vous êtes cette Conscience. Tout le reste est un nonsens conceptuel. C’est aussi simple que cela !
110.
JE SUIS : TOUT LE RESTE EST IMAGINATION
Question : En effet, la souffrance cesse, quand je m’arrête et quand je me vois
simplement en tant que Conscience. Vous m’avez expliqué si clairement le
commencement et la fin de toute souffrance. [Voir la correspondance intitulée ‘’Je suis
le commencement et la fin de toute souffrance.] Je puis relier cela à une parole qui
provient de l’Apocalypse : ‘’Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin.’’
8
Soit dit en passant, plusieurs personnes ont rapporté qu’alors qu’elles étaient opérées sous anesthésie
générale et que leur électroencéphalogramme était totalement plat, elles se sont vues planer au-dessus de
leurs corps, tout en ayant parfaitement conscience des paroles qui étaient échangées par le personnel médical,
et même de choses qui se passaient à l’extérieur de la salle d’opération, le tout étant corroboré et vérifié
ultérieurement auprès des différents protagonistes, NDT.
156
Les questions qui surgissent après cette connaissance paraissent tellement
insignifiantes, parce que je puis m’arrêter et remarquer que ‘’Je Suis’’ et la paix est là.
Est-ce la paix dans l’œil du cyclone ? Toute l’histoire de la vie ressemble plus à un
rêve : les images ne cessent de changer, mais pas moi, ce qui la rend pour moi plus
amusante qu’angoissante.
Stephen : Oui, c’est la Paix qui dépasse toute compréhension. C’est la Paix qui est en
paix avec la guerre. C’est l’acceptation qui accepte le rejet. C’est l’Amour qui aime la
haine. C’est ce que Je suis. Tout le reste est imagination.
111.
JE ME SENS COMME UN EXTRATERRESTRE
Question : J’ai quelques questions, ici. Je sais que je suis la Conscience, c’est un fait
évident, mais je me retrouve parfois en train d’y réfléchir de trop et d’essayer de
convaincre les autres. Je ne sais pas pourquoi je fais cela. Peut-être que ce n’est
encore qu’un concept pour moi d’être la Conscience.
Stephen : Il n’y a aucun besoin de parler de non-dualité à qui que ce soit.
Personnellement, je n’en parle qu’à des personnes qui m’approchent dans cette
optique. La vie se déroule tout à fait naturellement. La Conscience s’exprime sous la
forme du jeu de la vie. L’ego, que beaucoup de gens expérimentent, fait partie du jeu
et il peut être amusant pour vous de jouer avec.
Il est inutile de convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit. Si quelqu’un s’approche
de vous et vous interroge, vous parlez simplement à partir du cœur et de votre propre
expérience directe. Vous dites ce que vous avez découvert être vrai, vous-même. Il n’y
a aucun intérêt à convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit.
Q : Ceci conduit parfois à des moments où je pense ne pas avoir compris les
indications (ou pour mieux le dire, vu ce qu’elles indiquaient) et depuis, je n’ai guère
été plus paisible. J’ai le sentiment que mes réactions vis-à-vis de moi-même et de
l’environnement devraient avoir changé après la réalisation et maintenant, depuis
que je suis tellement plongé dans ce bazar de la non-dualité, je me retrouve en train
de me compliquer la vie encore plus que jamais auparavant. On dirait que tout peut
être mal utilisé – y compris des indications sur la non-dualité.
S : Oui, balancez toutes ces indications et vivez à partir de votre cœur. Il est inutile de
vous ennuyer vous-même ou qui que ce soit d’autre avec ces concepts sur la nondualité.
Q : Je trouve tellement de contradictions en me voyant moi-même en tant que
Conscience, parce que tous les autres se voient en tant qu’individus et alors, je me
sens comme un extraterrestre. Je trouve pénible de comprendre les opinions d’autrui,
ayant le sentiment que de n’entretenir aucune opinion est ce qu’il en est.
157
Ensuite, il y a tellement de gens qui sont toujours en train de discuter de mauvaises
choses, qui radotent et qui se plaignent, ce qui me coupe totalement le sifflet. Et alors
même que je vous dis ceci, je perçois l’absurdité de tout cela. Je crois encore les
pensées et je trouve réellement difficile de cesser de les croire. Avez-vous un conseil à
me donner ?
S : Vous savez que les pensées et les convictions des autres et que les pensées et les
convictions qui émergent en vous ne constituent qu’une apparence/apparition, les
opinions, les convictions, les radotages et les plaintes faisant tous partie du jeu de la
vie. Il est inutile de faire quoi que ce soit à ce propos. Tout est OK, tel quel. Rien ne
Vous touche. Vous observez simplement le jeu de la vie, comme il se déroule. Vous
êtes l’Amour lui-même qui aime tout ce qui entre dans votre expérience. Il n’y a rien à
faire, ni à dire – soyez simplement tel que vous êtes. Il n’y a pas de réels problèmes.
112.
C’EST RÉELLEMENT AUSSI SIMPLE, NON ?
Question : OK, soudainement (ou pas si soudainement !), il est clair que cette visionconnaissance-contemplation a toujours été ici et qu’absolument tout le reste a changé.
Ce corps, ces pensées, ces émotions, ces sensations, tous émergent de nulle part pour
disparaître nulle part, comme ils l’ont toujours fait, toujours fait !
La mémoire (qui est simplement vue comme une autre émergence, en cet instant)
indique que cette Conscience est ce qui n’est jamais parti. Elle a vu l’enfance, l’école,
les grands-parents, les soucis et les désirs antérieurs. Toutes ces apparencesapparitions (je comprends le terme d’‘’apparences-apparitions’’ maintenant – qui ne
sont réellement que temporaires) se sont produites et ont disparu, mais la vision de
celles-ci est la même maintenant que depuis toujours.
Votre indication suivant laquelle la personne appelée ‘’Vernon’’ est une autre
apparition dans l’imagination a réellement fait mouche. Vernon est juste une autre
idée, une autre construction imaginaire, mais ce qui voit Vernon est ce que je suis. Les
pensées et l’imagination continuent. Peut-être le feront-elles toujours, peut-être que
non. Qui sait ou qui s’en soucie ? Cela n’a vraiment aucune importance, n’est-ce pas ?
Cela n’importe que quand la fiction est crue. Le film n’est effrayant, que quand on
oublie que c’est un film.
Même le bonheur apparaît là-dedans, mais l’apparition, quoi qu’elle puisse être, peu
importe à quel point elle soit belle ou mal foutue, n’apparaît toujours que dans cet
espace, que dans cette Conscience. Ainsi, cette idée de clarté peut-elle bien aller et
venir, mais toujours dans la Conscience. Au final, rien ne peut obscurcir la
Conscience, y compris l’idée que la Conscience est obscurcie !
J’ai vu les pensées aller et venir, ces derniers jours, depuis que nous avons parlé, et il
est clair que ce n’est que la pensée qui provoque la souffrance psychologique. Je vois
cela se produire encore et encore, mais la vision n’est pas du tout impactée par ce qui
158
est vu. Ainsi, tout peut apparaître dans cet espace, ce ne sont que des pensées qui
interfèrent avec d’autres pensées qui provoquent de l’inconfort. C’est un peu comme
si deux vagues différentes entraient en collision pour créer une configuration
chaotique, mais il n’y a rien à faire par rapport à cela. En faire davantage est comme
surajouter une nouvelle vague au scénario ou essayer de faire en sorte qu’une boule à
neige s’éclaircisse en la secouant plus fort !
Eh bien, il est sans doute un peu étrange que je vous écrive tout ceci. J’écris
simplement, parce que cela m’a réellement frappé. Cela m'est ‘’tombé dessus’’ après
notre discussion et je voulais partager ce qui maintenant me semble si clair. Vous
savez, tout ce truc de la ‘’fin de la souffrance psychologique" est une grosse affaire. La
pensée, la conceptualisation et l’imagination sont vraiment la source de tout
bouleversement et sont vraiment complètement liées à la manière dont le ‘’problème’’
‘’m’’ impacte. Ce qui est maintenant si clair, c’est que le ‘’moi’’ n’est réellement qu’une
apparition dans la Conscience, également. Parce qu'il y a une vision de la pensée qui
fabrique le problème ainsi qu'une vision de l'idée du "moi" avec laquelle ces pensées
interfèrent.
Eh bien, j’espère que ceci est compréhensible. J’apprécie réellement votre
disponibilité pour discuter avec moi de tout ceci et pour autant que je sache, je vous
appellerai dans une semaine. Mais je dois vous dire que ceci paraît très clair
actuellement et qu’il semble qu’il n’y ait aucun moyen d’échapper à la vision, vous
savez. Il est possible qu’il y ait davantage de confusion qui apparaisse sous la forme
de pensées (interrogations, conceptualisations, etc.), mais la vision absorbe toujours
le tout. C’est réellement aussi simple, non ?
Stephen : J’ai lu deux fois votre courriel. Tout ce que vous avez dit est absolument
correct. Vous voyez dans votre propre expérience directe que vous êtes la vision, la
connaissance, le témoin de tout ce qui apparaît. Vous êtes la Conscience Elle-même, Je
Suis.
Vous voyez que Vernon et que son histoire ne sont que de simples
apparences/apparitions en Vous. Vous voyez que la souffrance psychologique n’est
rien de plus que la pensée, l’imagination et la croyance en l’existence d’un personnage
principal appelé Vernon. Vous voyez que vous êtes la Présence contemplative de tout
ce qui apparaît et que rien ne peut vous troubler sinon l’imagination.
Vous voyez que vous avez toujours été cette simple présence de la Conscience et le
serez toujours. Vous vous connaissez désormais en tant que ‘’Je Suis’’ et rien ne peut
plus vous troubler. Toutes sortes d’histoires et d’expériences sont libres d’aller et
venir à travers Vous, et Vous demeurez tel quel, en tant que cette simple Présence
contemplative. Aucune pensée, aucun doute, aucune histoire, aucune expérience ne
peut jamais Vous toucher. Vous êtes la Présence contemplative de tout ce qui apparaît
en Vous.
159
Vous voyez tout clairement. Il n’y a rien de plus à faire, rien à atteindre, rien à éviter.
Oui, c’est aussi simple que cela !
113.
ATTENDRE LE MOMENT EXPLOSIF DE LA RÉALISATION
Question : J’ai écouté quelques clips audios sur votre site web et je les ai trouvés très
utiles. Je pense que j’ai beaucoup de chance, puisque je ne cherche que depuis
quelques années (je n’ai que 21 ans), quoique très intensément, et j’ai le sentiment
que la recherche aboutit. Je me sens très connecté à la simple Présence, en ce
moment, et je peux détecter très tôt mes pensées égocentriques et ainsi relâcher leur
emprise. Cependant, même si je crois et comprends conceptuellement l’absence d’une
entité indépendante et si je sais que toute vie est la présente Conscience que Je suis, je
ne peux pas encore parfaitement le voir.
Stephen : Votre nature essentielle, c’est la Conscience. Aucune croyance, aucun
concept, ni aucune compréhension ne sont requis pour savoir que vous existez, Je
suis. Sans la Conscience, rien d’autre n’existe pour vous.
Q : Je n’ai pas vécu de moment explosif où ‘’j’’’ ai disparu, même si je sens souvent la
vérité de ceci.
S : Vous pouvez vivre beaucoup d’expériences intéressantes ou de moments explosifs,
qui passeront. Ce qui reste, c’est ce qui a toujours été ici, la simple présence de la
Conscience que Vous êtes.
Q : Selon vous, que se passe-t-il maintenant ? S’agit-il simplement de maintenir la
Présence, une expérience consciente, et d’observer les pensées pour attraper l’ego, en
espérant qu'une réalisation finale se produise un jour ?
S : La réalisation finale, c’est qu’il n’y a aucune réalisation finale et que rien ne doit se
passer, ni être fait. Vous êtes cette Présence contemplative, et cette contemplation se
produit déjà. Vous avez toujours été cette Présence contemplative. Partout où vous
allez, vous êtes là, en tant que Présence contemplative. Vous êtes la simple présence
de la Conscience qui est consciente de ces mots, actuellement. D’ici quelques instants,
quelque chose de neuf pénétrera dans la Conscience, mais la Conscience demeure.
Vous êtes toujours la simple présence de la Conscience. Aucun effort n’est requis. La
Conscience est, simplement, et Vous êtes Cela.
Q : Bien que je puisse sentir que je ne suis rien d’autre que la Présence, je crains de
me perdre à nouveau dans mes pensées, bientôt. J’attends toujours le moment
basculant, où il est vu que mon ego n’a jamais été là, et que cela dure toujours.
S : Vous ne pouvez pas vous perdre. En fait, essayez de vous perdre ou d’échapper à la
Conscience. Ce n’est pas possible. Des pensées et des sentiments d’être perdu
160
apparaissent, et Vous les observez. Vous êtes cette Présence contemplative. Vous ne
pouvez pas être atteinte ou perdue.
114.
LÂCHEZ PRISE ET ALLEZ FAIRE LA VAISSELLE !
Question : J’ai des doutes concernant l’existence de cette Conscience, et j’entends
bien que c’est une occurrence courante pendant la recherche. S’il n’y a pas de moi,
alors il n’y a pas de moi pour avoir une vraie nature. Le sentiment d’être la
Présence/Conscience n’est-il pas encore un sentiment du moi ? On me dit que c’est
juste un paradoxe qui se résout, quand on voit ce qui est indiqué.
D’accord, mais il ne peut jamais y avoir aucune expérience de la Conscience. On La
définit simplement comme quelque chose qui est là et que je suis déjà. Je pourrais dire
que je cherche maintenant depuis des mois et voici les résultats : il n’y a aucune entité
personnelle, mais juste des pensées par rapport à une telle entité. Il y a des
sensations, des pensées et des sentiments et c’est absolument tout.
Ces choses n’apparaissent pas dans quelque chose – ce serait conceptuel. Elles
n’apparaissent pas sur quelque chose – ce serait conceptuel. Elles existent et elles
semblent se percevoir, comme ce que l’on appelle des sensations. Pourtant, je me
ressens quand même comme une entité distincte, et cela reste une observation
intellectuelle. Gardant à l’esprit la rareté des chercheurs qui vont jusqu’au bout de
leur quête, il y a le désir d’aller au fond des choses par rapport à ce doute spécifique.
Stephen : Qu’est-ce qui ne peut pas être mis en doute ?
Q : Les sensations brutes et les pensées qui précèdent la pensée critique et le doute.
S : Considérez ceci à partir de votre propre expérience directe. Qui est conscient des
sensations, des pensées et des doutes ? Dans votre propre expérience directe, vous
pouvez dire ’’Je suis’’. Dans votre propre expérience directe, vous pouvez dire, ‘’Je suis
conscient des sensations, des pensées et des doutes et de ma recherche spirituelle.’’
Qui lit ces mots ? Je suis (en train de lire ces mots).
Qui est conscient des sensations ? Je suis (conscient des sensations).
Qui est conscient des pensées ? Je suis (conscient des pensées).
Qui est conscient du corps ? Je suis (conscient du corps).
Qui cherche des réponses ? Je suis (en train de chercher des réponses).
Qui a des doutes ? Je suis (en train d’avoir des doutes).
Qui pense ? Je suis (en train de penser).
Quel est le dénominateur commun de toutes vos expériences ? Je suis (le
dénominateur commun de toutes mes expériences).
Qui est toujours ici, peu importe ce qui est expérimenté ? Je suis (toujours ici, peu
importe ce qui est expérimenté).
161
Je suis toujours avec vous – Je suis. Je suis cette simple présence de la Conscience
Tout le reste va et vient, mais Je suis toujours ici et maintenant.
Q : Je ne répondrais pas ‘’je suis’’, si je voulais répondre correctement. ‘’Je suis’’ est
une pensée, et toute autre expérience qui a à voir avec les termes ‘’je suis’’ est une
autre sensation, un autre sentiment ou une autre pensée. Qui est conscient des
sensations ? Personne. Si je mets n’importe quoi là comme étant conscient des
sensations, c’est un concept. Ce ‘’je suis’’ n’est certainement juste qu’une pensée et
peut-être un sentiment qui lui est associé.
S : Le mot ‘’pomme’’ n’est pas une pomme. Les mots ‘’je suis’’ ne sont pas le ‘’Je suis’’.
Qui est conscient de ces mots ? Je suis (conscient de ces mots). Pas la pensée. Le mot
‘’pomme’’ n’a aucune valeur nutritive, mais la pomme elle-même est très nutritive.
Les mots ‘’je suis’’ ne sont pas conscients. Vous êtes conscient. Qui est conscient. Je
suis conscient.
Q : Il n’y a ni qui, ni moi, ni je. Je ne suis ni la pensée ‘’je suis’’, ni aucun sentiment de
‘’je suis’’, aucune identité du tout. Il me semble que tout ce que les mots ‘’je suis’’
représentent, que tout ce qu’ils indiquent sera une sorte de sensation ou de sentiment
d’un moi. Tout ce qu’il y a, c’est l’évidence directe de ces sensations. Il y a le doute
qu’il y ait une Conscience que ‘’Je suis’’.
S : Qui sait cela ?
Q : Celui qui le sait, c’est le mental.
S : Qui connaît le mental ?
Q : La connaissance ou la conviction vient par l’entremise des pensées. Par définition,
la pensée ne pourrait-elle pas apparaître sans le besoin d’une Conscience ?
S : Apparaître à qui ?
Q : Ceci n’est actuellement pas mon expérience, puisque j’ai toujours l’impression
d’être une entité séparée, comme si j’étais piégé en ayant l’impression que le ciel est
littéralement bleu.
S : Qui a l’impression d’être une entité séparée ? Nisargadatta suggère de rester avec
ce sentiment de la Conscience ou ‘’Je suis’’ et je suggère que vous fassiez la même
chose. Il est évident qu’utiliser l’intellect pour découvrir ce qui est conscient de
l’intellect est une méthode improductive. Renoncez-y. Restez avec ce sentiment de la
Présence. Méditez là-dessus, considérez-le et connaissez-le. Découvrez ce sentiment
de la Présence, ce Je suis. Laissez tomber tout le reste. C’est beaucoup trop simple
pour votre intellect sophistiqué. JE SUIS – Restez avec cela. Tout le reste est une perte
de temps.
162
Q : La pensée n’a pas besoin d’apparaître à une personne ou à un ‘’je’’. Être séparé de
ce qui est vu, c’est la dualité, n’est-ce pas ? Vous avez demandé : ‘’Qui a
l’impression ?’’ Et je réponds : ce mental. C’est la raison pour laquelle ce doute est
important pour moi. Tellement peu de chercheurs parviennent à voir à travers l’ego
psychologique via ce questionnement. Ainsi, bien qu'il y ait une Conscience
d’apparence métaphysique à rechercher et à laquelle s'identifier, je dois aborder cette
contradiction au lieu de l'ignorer.
S : Il n’y a rien à trouver. ‘’Je suis’’ est un indicateur qui permet de s’écarter de la
personne imaginaire et de son histoire de souffrance. Il n’y a pas d’Illumination à
atteindre et il n’y a personne pour l’atteindre. Il n’y a pas d’entité qui souffre. Seul le
corps peut souffrir et le corps prend soin de lui-même. Il n’y a pas de Conscience
séparée, de mental distinctif, ni de personne qui souffre. Tout cela est purement
imaginaire. Toute la souffrance psychologique, tous les concepts d’Illumination,
toutes les idées d’un moi séparé et d’une Conscience séparée sont purement
imaginaires.
Vous n’avez besoin de rien du tout. Il n’y a pas de problèmes réels – tout cela est
imaginaire. Il n’y a rien à atteindre et rien à éviter. Tout ce qu’il y a, c’est ceci. Ce rien
qui est tout. Les pensées et les histoires tournent en boucle et les pensées et les
histoires sont crues comme étant réelles. Voyez que tout cela est imaginaire et votre
recherche imaginaire d’une Illumination imaginaire se termine. Et Vous voilà comme
Vous avez toujours été – simplement Cela.
Vous voulez voir à travers l’ego : il n’y a pas d’ego. Vous voulez connaître la vérité : il
n’y a pas de vérité. Vous voulez être libre : vous n’avez jamais été esclave. Vous
voulez…Tout ce que vous voulez n’existe pas. Ainsi continuez-vous à chasser votre
propre queue conceptuelle en cherchant quelque chose qui n’existe pas et vous vous
demandez pourquoi vous êtes frustré. Lâchez prise et allez faire la vaisselle ou allez
faire quelque chose d’utile ! Rechercher l’Illumination, la Paix, la Liberté, la vraie
Connaissance ou le Bonheur, peu importe ce que vous recherchez, est complètement
une perte de temps. Voyez-le maintenant — ou continuez à chercher pendant cinq, dix
ou vingt ans de plus — et voyez-le alors.
Il n’y a pas d’Illumination, pas d’ego, pas de souffrance personnelle : tout cela est
imaginaire. Cessez de pourchasser votre queue imaginaire et faites quelque chose
d’utile avec votre temps – maintenant !
115.
COINCÉ DANS UNE ROUE POUR HAMSTER
Question : Je pense que votre site et que vos expériences personnelles recouvrent
assez bien l’expérience de ma vie. La résonance avec la vérité que l’on trouve au cœur
des religions, la recherche et l’approfondissement de la recherche, la découverte de la
philosophie non-duelle et la résonance avec l’advaita.
163
Ma recherche n'a pas duré aussi longtemps, mais elle a commencé à peu près au
même moment. J’ai 23 ans et j’ai le sentiment que la compréhension intellectuelle est
là. Je suis Cela. Mais comment puis-je le savoir ? Cette question est-elle-même
applicable, s’il n’y a pas de moi ?
Des questions demeurent, même après les indications claires fournies par de
nombreux enseignants de l’advaita. Y a-t-il un espoir ? Que la recherche s’achève ne
me dérangerait vraiment pas, maintenant, plutôt que de continuer à chercher pendant
encore vingt ans ou même ne pas trouver ce que je suis. On dirait que je suis coincé
dans une roue pour hamster, avec toute cette recherche qui n’aboutit nulle part.
Lorsque la compréhension intellectuelle mûrissait encore, il semblait que j’allais
quelque part, cela satisfaisait mon appétit spirituel, mais la lecture a ses limites.
Stephen : Après avoir étudié l’advaita et d’autres philosophies religieuses, qu’avezvous appris, que savez-vous, à ce stade ?
Q : J'ai trouvé un fil conducteur commun qui pointe vers l'ineffable, mais il semble
que dans chaque tradition, le message ne rayonne pas complètement, cependant. La
résonance avec le cœur des enseignements est ce qui m’a intrigué. J’ai appris que ces
philosophies ont toujours été insuffisantes. On dirait qu’elles passent toutes à côté de
quelque chose ou qu’une direction a changé en cours de route. J’ai appris qu’à un
degré variable, ces religions signalent une vérité qui est présente dans tous les êtres.
J’ai appris que cette vérité ne peut pas se limiter à une seule religion et que toute
clôture conceptuelle autour d’elle semble bornée. J’ai appris que plus j’en sais à son
propos et plus il semble ardu d’en parler avec les autres. J’ai appris qu’on pouvait la
percevoir à partir d’une multitude d’angles différents, mais sans qu’elle ne soit cette
perception.
S : Comment saurez-vous quand votre recherche sera terminée ? Qu’aurez-vous
trouvé ?
Q : Je ne suis pas sûr de savoir comment je saurai quand la recherche cessera. J’essaye
de ne pas nourrir d’attentes, mais j’ai le sentiment qu’il y aura une certitude
concernant qui je suis, au-delà d’une compréhension intellectuelle. Et je présume que
la diminution de la peur psychologique et de l’inquiétude viendra avec cette
compréhension. Ce n’est pas que ces choses ne surgiront plus, mais je ne m’y
attacherai plus. J’ai le sentiment que j’aurai découvert la ‘’paix qui dépasse toute
compréhension’’, cette certitude concernant qui je suis essentiellement, au-delà du
filtre du mental, la paix – juste une paix submergeante.
S : Vous avez dit : ‘’J’ai le sentiment que j’aurai découvert la ‘’paix qui dépasse toute
compréhension’’, cette certitude concernant qui je suis essentiellement.’’ Qu’êtesvous ? Qu’est-ce qui est réel, vous concernant ? Qu’est-ce qui est imaginaire ? De quoi
pouvez-vous être certain, en ce qui vous concerne ?
164
Q : Il semble que je sois ce qui est antérieur à cet état de veille, où les pensées et les
sentiments se précipitent, suivis par les actions. Il semble que ce que je suis soit si
subtil que mentalement, je le perds, ou que j’en perds la trace. Je me sens parfois
comme un individu piégé dans ce corps, incapable d’échapper à ses vices, haïssant et
aimant cela simultanément.
Ce qui est réel, au sens de la permanence, ne peut être que ce sur quoi les pensées
apparaissent. Mais je ne le réalise pas, du moins en apparence, et donc, je ne suis pas
sûr. Si ce que les maîtres disent concernant ceci est si clair, pourquoi ne puis-je pas le
voir ?
Les pensées, les sentiments et les perceptions semblent temporaires, aussi, dans ce
sens, on peut les assimiler à de l’imagination. Bien qu’ils/elles paraissent réel(le)s,
quand ils/elles surviennent, ils/elles passent toujours. Il semble que la seule chose qui
reste après l’apparition et après la disparition de ces perceptions, c’est la conscience
de celles-ci. Il semble que, lorsque je vais dormir ou que, lorsque je me perds dans
une action, même cette conscience des actions semble s’évanouir et que je disparaisse.
Mais si quelque chose capte mon attention (un bruit ou un sentiment soudain), il
semble que je réapparaisse. Il semble que l’identification avec les choses qui émergent
dans cette Conscience se produise, mais que même les identifications doivent
disparaître dans le sommeil. Aussi, je dis que je suis ce sur/dans quoi ces choses
apparaissent, mais que je m’identifie souvent avec ce qui se produit.
S : Arrêtez-vous un instant maintenant et remarquez le fait que vous êtes conscient de
ces mots. Sentez-vous cette Présence contemplative qui est ici, maintenant ? Cette
simple Présence contemplative est ce que vous êtes. C’est votre nature essentielle.
Vous pourriez suivre encore de multiples voies spirituelles pendant cinq, dix ou vingt
ans. Les voies et les expériences changeront, mais Vous resterez toujours le même.
Vous êtes ce qui observe toutes les pensées, tous les sentiments, toutes les sensations,
toutes les actions et toutes les expériences. Les vingt-trois premières années de votre
vie ont apporté beaucoup de changements et beaucoup d’expériences, mais vous êtes
la constante sous-jacente. Vous n’avez jamais changé. Vous êtes ce qui est conscient
de tout ce qui va et vient. Vous êtes cette simple présence de la Conscience qui est
toujours ici.
Arrêtez-vous encore maintenant et remarquez simplement cette présence de la
Conscience. C’est Cela que vous êtes, peu importe ce qui survient. Vous êtes toujours
ici et maintenant à contempler ces allées et venues. C’est aussi simple que cela !
116.
VOUS ÊTES LA CONTEMPLATION, AUSSI CONTENTEZVOUS D’OBSERVER
Question : Je cherche depuis quelque temps, maintenant, et je ne sais plus comment
j’ai commencé cette recherche. J’ai été amené d’une chose à l’autre, en quelque sorte,
165
et je me suis aperçu que j’étais devenu un chercheur. Je travaille avec l’autoinvestigation depuis à peu près un mois, maintenant, mais je commence à me sentir
frustré. Bien que je sache être dans l’incapacité de contrôler mes pensées, mes
sentiments ou mes expériences, et que tout arrive simplement, j’ai toujours
l’impression que je devrais faire quelque chose pour pouvoir comprendre.
Et maintenant, bien que je ne veuille plus poursuivre l’auto-investigation, c’est-à-dire
que je veux rester avec le ‘’Je Suis’’, l’esprit se met automatiquement à investiguer. Je
pense pouvoir comprendre en restant avec le ‘’Je Suis’’. Je me sens réellement frustré
concernant quoi faire, comment procéder, et si je devrais rester avec le ‘’Je Suis’’.
Pourriez-vous me donner un conseil ?
Stephen : Vous êtes la contemplation, aussi contentez-vous d’observer. Il n’y a rien à
faire. Il n’y a rien à atteindre. Il n’y a rien à transcender. Contentez-vous d’observer.
C’est aussi simple que cela, tout le reste étant plus de la même chose : tourner en
rond en poursuivant sa propre queue. Vous êtes la contemplation, aussi contentezvous d’observer.
117.
LES EXPÉRIENCES SONT-ELLES PERSONNELLES OU
IMPERSONNELLES ?
Question : Tout va bien, ici, paix et aisance, la plupart du temps. Quand je suis
conscient, par exemple, quand j’écoute de la musique, c’est comme si cela se produit
dans ma tête, qui est un genre de centre ‘’personnel’’. Avez-vous des commentaires ou
des expériences par rapport à cela ?
Stephen : Je suis assis ici et j’écoute aussi de la musique. Je constate que de la
musique passe et que des pensées, des sentiments et des émotions apparaissent en
réponse à la chanson. Je remarque que de la musique passe, qu’une écoute se produit,
que des pensées, des sentiments et des émotions surviennent. Je remarque que tout
cela se produit, simplement. Tout ce qui se produit n’est ni personnel, ni impersonnel.
Cela est, simplement.
Ce n’est que si les pensées ‘’j’écoute’’, ‘’je pense’’, ‘’je ressens’’ surgissent que
l’apparence d’une expérience personnelle se manifeste, mais l’écoute, la pensée et le
sentiment se produisent naturellement tous seuls. Le pensée ‘’je…’’ jaillit après
l’écoute, la pensée et le sentiment. Ecouter, penser et ressentir ne sont ni des
expériences personnelles, ni des expériences impersonnelles. Les concepts
d’expériences personnelles ou impersonnelles se fondent sur la pensée ‘’je’’. La pensée
‘’je’’ est la naissance de l’apparence de la séparation et la naissance de l’apparence
d’une expérience personnelle.
Mais la pensée ‘’je’’ crée-t-elle réellement une expérience personnelle séparée, ou cela
semble-t-il juste être le cas ? Si la pensée et l’image d’un ‘’je’’ sont crues comme étant
une entité séparée réelle, alors toutes sortes d’expériences peuvent lui être
166
attribuées : prétendument personnelles ou impersonnelles, et différentes perspectives
et différents points de référence de ce ‘’je’’. Mais quand on voit que la pensée ‘’je’’
n’est qu’une pensée, une expérience peut-elle être étiquetée comme personnelle ou
impersonnelle ? Qui a une expérience personnelle ou impersonnelle, s’il n’y a pas de
pensée ‘’je’’ ?
Quand il n’y a pas la pensée ou l’image d’un ‘’je’’, y a-t-il une perspective ou un point
de référence à partir duquel la conscience ou la contemplation se produit ? Tout
arrive simplement, par l’entremise de personne et à personne.
118.
DES ANNÉES DE RECHERCHE ET DE LUTTE SE SONT
ÉVAPORÉES
Question : Salut, Stephen ! Je voulais juste vous laisser un message pour vous
remercier pour votre disponibilité à parler avec moi et pour m’avoir indiqué la bonne
direction. Depuis notre discussion, tout est devenu étonnamment simple et clair. Des
années de recherches, de pratiques, de lecture, de lutte, etc., etc. se sont juste
évaporées. J’apprécie toujours lire votre site (ainsi que ceux de John, de Bob et de
Jean-Pierre), mais le sentiment d’urgence et que vous compreniez et pas moi a
entièrement disparu. Tout paraît parfaitement clair.
Une autre évolution intéressante concerne mon travail avec des clients (je suis
thérapeute). Absolument tous les problèmes auxquels je vois que les gens sont
confrontés sont des problèmes de pensées qui sont crues. Avant, je passais beaucoup
de temps à m’occuper du contenu de la pensée, mais maintenant, je passe beaucoup
plus de temps à aider les patients à voir le fait de la pensée. Dans la mesure où les
gens prennent conscience que la pensée est la créatrice de leur expérience, d’instant
en instant, la souffrance diminue. Leur indiquer cet espace ouvert de
l’Être/Conscience semble avoir pour effet de décoller la pensée de leurs yeux, de sorte
qu'elle devient un autre objet à regarder (comme une lampe ou une étagère) plutôt
qu'une lentille à travers laquelle regarder. Je ne veux certainement pas donner
l’impression que tout se détache simplement et que les gens sortent d’ici sans plus
aucun souci, mais ils semblent certainement se détendre et relativiser, quand ils
commencent à voir comment la pensée crée leur expérience, d’instant en instant. Ils
commencent à prendre leurs pensées moins au sérieux et à ne plus regarder autant
dans la direction de la pensée pour avoir des réponses à leurs problèmes. Ils semblent
aller au-delà de leurs pensées habituelles, et souvent quelque chose de nouveau leur
viendra à l'esprit. Indiquer aux gens que nous sommes tous ce qui est conscient de la
pensée — plutôt que de croire que la pensée est la vérité — peut être un véritable
soulagement pour les gens. Cela m’évite aussi de m’impliquer dans leur histoire.
Quand les gens commencent à voir une pensée comme une simple pensée, dans un
sens, ils peuvent voir chaque pensée comme une brique. Le problème, c’est que nous
construisons tous des maisons avec ces briques et que ces maisons semblent bien
réelles, mais on oublie qu’elles sont juste composées à partir de la pensée.
167
Encore une fois, Stephen, merci beaucoup pour le travail que vous avez effectué avec
moi. Tout s’est mis en place, quand vous avez dit que votre raison de partager cela
avait trait à la fin de la souffrance psychologique — ce qui m’a réellement frappé —
tout comme votre approche constamment simple et pratique. J’espère que tout va bien
pour vous et que nous pourrons rester en contact.
Stephen : Merci pour votre partage. C’est un plaisir d’avoir de vos nouvelles ! N’est-il
pas plaisant de partager ceci avec autrui ? Je pense que vous avez peut-être lutté avec
ceci pendant des années, comme je l’ai fait, et que désormais, vous parlez à partir du
cœur et de votre propre expérience directe, et partagez le fait qu’il est possible de se
libérer de la souffrance psychologique.
Des années de souffrance peuvent aboutir à une fin abrupte, suivie de rires, de larmes
et d’émerveillement, lorsque nous voyons que tous nos problèmes étaient imaginaires
et que ce que nous sommes est la Paix que nous nous efforcions d’acquérir par le
contrôle de nos histoires imaginaires et de l’expérience du personnage imaginaire
appelé ‘’moi’’. Merci d’être resté en contact et d’avoir partagé votre expérience.
119.
METTRE UN TERME À LA SOUFFRANCE PSYCHOLOGIQUE
EST INCROYABLEMENT SIMPLE
Question : J’ai lu la correspondance sur votre site web et je voudrais recourir à votre
offre généreuse de contact par e-mails. J’ai recherché la compréhension de c’est qu’est
la vie, l’univers et la totalité depuis l’âge de 14 ans (il y a 38 ans), en commençant par
les phénomènes psychiques, puis en passant par la philosophie hindoue, J.
Krishnamurti, Jean Klein, Nisargadatta, Tony Parsons, etc., et encore beaucoup
d’autres enseignants, dont Bob Adamson.
D’une certaine façon, je pense que ma compréhension intellectuelle du message est
plutôt claire et j’ai le sentiment qu’au fil des mois et des années, elle devient de plus
en plus claire, mais la souffrance psychologique persiste et ceci est peut-être la
principale force motrice de ma recherche : un profond sentiment de solitude, de perte
et d’un manque de valeur qui a modelé et gâché les quarante dernières années.
Je connais tout le jargon de l’advaita qui nuancerait toute l’expression personnelle cidessus en quelque chose de plus factuel. Je pourrais moi-même me conseiller d’une
façon impersonnelle et libérée très convaincante et analyser les éléments constitutifs
dans un style à la J. Krishnamurti. Je suis bon pour le discours, mais pas pour la mise
en application. Ce moi aspire parfois à sa propre fin, à sa propre absence (une autre
contradiction de termes, je sais). Comme dans les paroles de la chanson, ‘’je lutte
comme un poisson captif jeté sur la terre ferme’’. Il ne semble y avoir ici aucune
capacité (quelle qu’elle puisse être) à voir directement les racines de cette servitude et
de cette souffrance et sa fin. On dirait que j’ai largement compris tout ce que j’ai lu et
entendu, mais que fondamentalement, cela n’a guère fait de différence. Et j’ai le
sentiment que ceci ne peut simplement pas et ne doit pas continuer beaucoup plus
168
longtemps. Un point auquel je me raccroche est mentionné dans votre
correspondance intitulée ‘’Assister à la dissolution du je’’. Le questionneur indique
que toute expérience de la Conscience fait d’Elle un objet, ce qu’Elle n’est pas. Vous
acquiescez et vous dites alors qu’ ‘’une fois que vous vous connaissez vous-même
comme Conscience…’’ Mais qu’est-ce qui se connaît comme Conscience ? Qu’entendezvous, quand vous dites cela ? N’étant pas un objet, la Conscience n’a pas de qualités et
ne peut par conséquent pas être expérimentée.
Il semble donc que cette connaissance soit la connaissance d’une idée, l’expérience
d’une notion, d’une pensée. Cette connaissance n’est-elle que l’expérience d’une
pensée, une idée de l’effet d’être la Conscience ? C’est tellement confondant. N'étant
pas clair moi-même, une grande partie de ce que je lis est accepté en toute confiance
en attendant une vérification personnelle, mais des affirmations qui semblent être
dénuées de sens, si on les examine de près, minent cette confiance et m'amènent à me
demander si tout ceci n'est pas qu'une supercherie verbale ou une autre idéologie
religieuse que les gens suivent par manque d'intelligence suffisante pour voir les
contradictions inhérentes aux idées présentées. Pourriez-vous m’éclairer, je vous
prie ?
Stephen : Mon intérêt en communiquant ce message, c’est de partager le fait qu’il est
possible de s’affranchir de la souffrance psychologique et de la recherche spirituelle.
Démontrer la valeur d’idéologies religieuses, comprendre la nature de la vie ou
révéler les mystères de l’univers ne m’intéresse pas. Prouver quoi que ce soit à qui ne
soit ne m’intéresse nullement. Mon approche, c’est de partager mon expérience
directe et de parler à partir du cœur de ce que j’ai découvert être vrai, et je m’aperçois
que ceux qui s’arrêtent un instant, qui considèrent les suggestions offertes et qui les
appliquent à leur propre expérience directe se retrouvent libérés de la souffrance
psychologique. Vous pouvez remarquer que le message qui est partagé ici est
outrageusement simple et c’est peut-être la raison pour laquelle ceux qui ont des
intellects très pointus ou très développés ont tendance à passer à côté de ce qui est
évident et continuent d’exercer leur intellect avec des questions, des doutes et des
‘’oui, mais’’ qui n’en finissent jamais et donc, l’apparence de la souffrance se
prolonge.
Si vous vous arrêtez quelques instants et si vous cherchez les réponses directement
dans votre propre expérience, vous pourriez être surpris par la vitesse et la facilité
avec lesquelles la souffrance psychologique se termine. Examinons le processus
basique de la souffrance psychologique. Si vous observez la souffrance psychologique
directement dans votre propre expérience, que constatez-vous ? N’est-il pas vrai que
la souffrance psychologique est fabriquée à partir de la pensée, de l’imagination et
d’histoires ‘’me’’ concernant ? Sans la pensée, sans l’imagination ou sans histoires
‘’me’’ concernant, y a-t-il la moindre souffrance psychologique ? Est-il possible de
souffrir psychologiquement sans la pensée, sans l’imagination et sans histoire ‘’me’’
concernant ?
169
Alors, n’est-il pas évident que toute la souffrance psychologique se base sur la pensée
et qu’elle est imaginaire ? Si vous expérimentez de la souffrance psychologique, c’est
que vous imaginez des choses. Point final. Le remarquez-vous ? Se libérer de la
souffrance psychologique est aussi simple que cela. Rien ne peut vous troubler, à part
votre propre imagination.
Maintenant, examinons le fait fondamental de ce que vous êtes, essentiellement. De
nouveau, tournez-vous directement vers votre propre expérience pour avoir la
réponse. Actuellement, ces mots sont vus, des pensées surgissent en réaction à ces
mots, il y a la conscience de la pièce dans laquelle vous vous trouvez, des sons sont
entendus…Il y a la conscience de tout ce qui se produit dans votre expérience,
actuellement. Remarquez-vous que le contenu de la conscience ou que les objets de la
conscience changent constamment ? Il y a parfois la conscience de pensées, puis de
sentiments, puis de sensations, et puis d’actions. Il y a parfois la conscience du corps
et parfois du mental, du processus de la pensée.
Remarquez maintenant la présence de cette Conscience. Vous êtes cette Conscience. Si
vous n’êtes pas ici maintenant, en tant que Conscience, il ne peut y avoir de pensées,
de sentiments, de sensations, d’actions, de corps et de mental ; à moins d’être ici
maintenant, il ne peut y avoir ni imagination, ni histoire, ni souffrance, ni liberté par
rapport à la souffrance. Sans votre présence en tant que Conscience, il ne peut y avoir
ni intellect, ni doutes, ni questions, ni réponses, ni ‘’oui, mais…’’.
Quelque chose peut-il exister pour vous, si vous n’êtes pas conscient ? Pouvez-vous
exister, s’il n’y a pas de Conscience ? Alors, n’est-il pas clair que ce que vous êtes
essentiellement, c’est cette simple présence de la Conscience et que toute votre
souffrance psychologique se base sur des pensées et des histoires imaginaires qui
jouent en vous ? Si ce que vous cherchez, c’est vous libérer de la souffrance
psychologique et de la recherche spirituelle, alors tournez-vous directement vers
votre propre expérience pour avoir les réponses aux questions fondamentales qui sont
posées ici. C’est aussi simple que cela. La fin de la souffrance psychologique et de la
recherche spirituelle ne requiert ni foi, ni confiance, ni compréhension de
philosophies religieuses complexes, ni aucun intellect pointu et développé. La
souffrance psychologique et la recherche spirituelle se terminent en voyant
directement dans votre propre expérience que ce que vous êtes essentiellement, c’est
simplement la Conscience et que rien ne peut vous troubler, sinon l’imagination.
120.
OÙ TOUT CELA ME MÈNE-T-IL ?
Question : J'espère que vous ne m'en voudrez pas de vous présenter une observation
générale plutôt qu'une question, même si j'aimerais vraiment entendre votre réponse.
Ce qui m’a frappé par rapport à cet enseignement, c’est que, s’il en est réellement
ainsi qu’il n’y a ici personne (et c’est le cas, parce qu’on ne peut trouver aucun ‘’moi’’,
sinon comme des pensées furtives), alors il n’y a réellement aucun libre arbitre (qui
170
l’exercerait ?), nulle part où aller (qui irait où ?), ni rien à faire (qui ferait quoi ?)
Tout, absolument tout, y compris la recherche, la frustration concernant la recherche
et l’abandon de la recherche, ne sont toutes que des occurrences qui n’adviennent à
personne. Tout est tel qu’il est. On pourrait le qualifier de parfait, de bon ou de
mauvais, mais in fine, tel qu’il est. Il ne pourrait en être autrement. Il n’y a personne
pour réorienter la course des événements, choisir une voie différente. Personne ne
s’éveille, ne rêve, n’est libéré, ni ne procède à aucune auto-investigation. Si l’une de
ces choses arrive (à personne), alors elle arrive tout à fait spontanément et on ne peut
pas y travailler (qui le ferait ?)
Alors, où tout cela me mène-t-il ? Apparemment, avec absolument rien à faire, ni
nulle part où aller ! Mais alors, je n’ai jamais rien fait du tout, de toute manière, alors
il y a juste l’observation de choses qui se produisent, parfois mêlées à la croyance (de
personne) que je fais les choses. Il n’y a nulle part où aller à partir de là, n’est-ce pas ?
Où est-ce que je me goure complètement ?
Stephen : Vous observez que la vie se déroule spontanément et qu’il n’y a aucune
entité qui contrôle distinct(iv)e, aucun ego, aucun moi, là en Vous. Ce que vous êtes
essentiellement, c’est cette Présence contemplative qui regarde la vie se déployer.
Même le sentiment de l’ego, le sentiment du moi ou d’un ‘’je’’ va et vient
spontanément, et on l’observe comme une apparence/apparition dans la Conscience.
Il n’y a rien à faire, nulle part où aller, rien à accomplir, rien à devenir. Il n’y a aucun
‘’moi’’ qui vis la vie. La vie se déploie. Vous voyez cette vérité fondamentale qui est
exprimée par la déclaration, ‘’la Conscience est tout ce qu’il y a et JE SUIS CELA’’.
Partage-pdf.webnode.fr
171