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ALLER JUSQU'AU BOUT DE LA DISCRIMINATION - STEPHEN WINGATE

ALLER JUSQU’AU BOUT
DE LA DISCRIMINATION
STEPHEN WINGATE
(Entretien extrait et traduit de son livre ‘’Dogs, cats and dreams of spiritual
enlightenment’’.)
A PROPOS DE L’AUTEUR
Ma recherche intense de la Paix a débuté à la vingtaine et elle a duré pendant plus de
vingt ans. Le désir de connaître et d’expérimenter la vérité signalée par les anciennes
traditions m’a conduit sur de nombreuses voies. J’ai étudié la plupart des
philosophies religieuses orientales et occidentales, ainsi que certaines approches nontraditionnelles. J’ai ressenti une puissante résonnance avec les philosophies nonduelles, telles qu’elles sont présentées dans le mysticisme chrétien, dans le
bouddhisme zen, le taoïsme et l’advaita vedanta.
En 1998, j’ai découvert le livre, ‘’JE SUIS’’, de Nisargadatta Maharaj, que j’ai entrepris
de lire et il y a tout de suite eu le sentiment intuitif très intense que cet homme
comprenait la vérité qui était indiquée par les anciennes traditions, et plus important
encore, qu’il vivait cette vérité ! Ses paroles sont vivantes et elles me touchèrent
jusqu’au tréfonds de mon être. Il me fallait moi-même atteindre cette compréhension,
d’une manière ou d’une autre.
Après avoir lu et relu ce livre pendant des années, j’ai senti que j’avais une solide
compréhension intellectuelle de la vérité indiquée par Nisargadatta, mais que ce
n’était pas mon expérience vivante, ce qui occasionna un terrible sentiment de
frustration. J’ai senti que j’avais besoin de trouver quelqu’un qui vivait cette vérité et
qui serait capable de m’aider à faire de celle-ci mon expérience vivante, quotidienne.
Puis en 2004, j’ai entendu parler d’un Australien, ‘Sailor’ Bob Adamson, un ancien
étudiant de Nisargadatta Maharaj qui depuis plus de vingt-neuf ans aidait les autres
à atteindre cette compréhension. Bob m’a guidé vers l’un de ses étudiants, John
Wheeler, de Santa Cruz en Californie, qui partage également ce message dans la
même tradition. J’ai fait la connaissance de John Wheeler en 2004 et grâce à cette
rencontre et aux entretiens qui suivirent, la compréhension intellectuelle est devenue
mon expérience vivante.
Après avoir lutté et recherché la Paix pendant plus de vingt ans, la recherche est
maintenant terminée et je remercie Nisargadatta Maharaj, ‘Sailor’ Bob Adamson et
John Wheeler de m’avoir indiqué cette Paix que j’étais déjà et que j’avais toujours été.
***
Stephen : Il y a tellement de gens qui cherchent spirituellement et qui souffrent.
Gary : Tout le monde.
Eileen : Oui !
Gary : Virtuellement, tout le monde. Je travaille en Californie, environ une fois par
mois, et tout le monde cherche ― dans la région de la baie de San Francisco,
particulièrement, à Los Angeles également, à Chicago, à Santa Fe…
Stephen : Quand je m’en suis aperçu, j’ai d’abord été frappé par le caractère direct et
par le franc-parler de Nisargadatta Maharaj et puis par ceux de ‘’Sailor’’ Bob
Adamson qui m’a suggéré de parler à John Wheeler et donc, j’ai pris un vol pour
rencontrer John qui n’a pas cessé de souligner les fondamentaux de ceci – ce que
vous êtes et ce que vous n’êtes pas.
Eileen : Et çà l’a fait ? Y a-t-il eu un instant déterminant ou cela a-t-il été graduel ?
Stephen : Eh bien, à force de lire tout type de littérature spirituelle pendant toutes
ces années, vous ne pouvez presque pas vous empêcher d’avoir ce que vous
appelleriez des ‘’expériences’’ (sur le moment) – des expériences ‘’sans moi’’ en
conduisant, en travaillant ou dans votre vie quotidienne.
Gary : Dans votre vie quotidienne, oui.
Stephen : Vous ne pouvez pas vous empêcher d’avoir ces expériences (ou ce que
vous pensez être des expériences, sur le moment). Oh, quelle expérience, ce fût, là !
Eh bien il s’avère qu’il s’agit de votre état naturel, cette simple Conscience que vous
êtes. Ensuite, nous retournons dans notre mental et pensons : je suis revenu à la
réalité, l’esprit et ses pensées.
Gary : C’est cela. Je dois payer le loyer…
Eileen : Bla bla bla bla bla…
Stephen : Et nous pensons que c’est cela, la réalité (le bazar mental). Nous inversons
les choses. Nous pensons à la Conscience, à l’Essence sous-jacente de ce que nous
sommes comme à une expérience, lorsque nous remarquons la simple présence de la
Conscience qui est très paisible et à l’aise. Nous avons des expériences qui semblent
être déclenchées par la lecture ou par la méditation – cela m’est arrivé tout à au long
de ces années, lorsque tout se déposait et c’était très paisible.1
Eileen : Oui.
Stephen : Cela durait pendant quelques heures ou pendant quelques jours.
Eileen : Et ensuite…
1
‘’Expériences ‘’ déclenchées par la lecture ou par la méditation, mais aussi par la traduction de textes
mystiques ou métaphysiques, par le spectacle subjuguant parfois offert par la Nature, par l’écoute de certains
types de musique, par de longues balades tranquilles, par le darshan et la fréquentation de sages ou de
saints…Ces ‘’expériences’’ peuvent être favorisées par beaucoup de choses, NDT.
Stephen : Ensuite, les pensées revenaient et je pensais : ‘’OK, me voilà de retour à la
réalité !’’ Non ! Vous êtes de retour dans le Rêve !
Eileen : De retour dans le Rêve…
Stephen : Oui.
Eileen : Mais quand vous n’êtes pas dans le Rêve, il n’y a rien que vous deviez faire.
Stephen : Et personne pour le faire.
Eileen : Et personne pour le faire.
Gary : C’est encore mieux !
Eileen : J’ai eu une expérience pendant toute une journée où mes pensées se sont
complètement arrêtées, les pensées abstraites ont carrément stoppé. Ce n’est pas moi
qui ai accompli ceci, mais rétrospectivement, c’était énorme ! Ce n’était pas du tout
comme je suis maintenant ou comme le lendemain même. Les petites voix sont
revenues. Cette expérience est survenue et elle a semblé partir. C’est encore pire de
traverser la vie ainsi, parce que…
Stephen : Vous avez eu un avant-goût, pour ainsi dire.
Eileen : Oui, j’ai eu d’autres expériences, mais celle-là était réellement…C’est devenu
silencieux, comme si le courant avait été coupé, réellement calme. Ce cerveau fait
réellement beaucoup de bruit ! Cela s’est passé il y a une quinzaine d’années et cela
ne s’est plus reproduit. OK, ce n’est pas réellement un évènement, mais il n’y a plus
moyen d’être OK après une telle expérience.
Stephen : Vous avez eu un hors-d’œuvre et vous avez encore faim !
Eileen : Vous avez encore faim et la souffrance revient. Je sais que Tony Parsons et
que Gangaji disent que tout est encore là. La colère est encore là et tout ce genre de
trucs. Mais au cours de cette journée-là, il n’y eut pas de pensées abstraites et aucune
possibilité de colère. Il n’y eut aucune possibilité d’être avide.2 Aucune de ces choses
ne put survenir, puisqu’elles sont un produit de la pensée. La pensée n’était pas là,
alors les autres trucs n’étaient pas là non plus. Il n’y avait rien à faire et je ne voyais
rien de mal dans le monde.
2
Il est assez courant pour les chercheurs spirituels sérieux de vivre de telles expériences de non-mental en
allant rendre visite à des saints ou à des sages (darshan ou/et satsang). Ces expériences peuvent être très
courtes – quelques secondes – ou nettement plus longues pour les plus ‘’chanceux’’, mais la plupart du temps,
ces mêmes chercheurs devront procéder à une sadhana appropriée pour pouvoir retrouver définitivement la
Paix. On parle alors généralement de la ‘’grâce du guru’’ ou de la grâce divine qui opère en de telles occasions,
parfois par un simple regard, un simple contact ou un simple mot… NDT.
Pourtant ce jour-là, je m’aperçus accidentellement que j’avais réellement pas mal de
pouvoir. Quand j’avais une pensée – une pensée logistique – c’était magique, des
choses survenaient. Mais cela ne m’intriguait pas, parce que rien ne m’intriguait. Ce
n’était pas un état dualiste, comme wow, je peux faire des trucs ! Je n’ai plus été en
mesure de retourner là et je sais que ce n’est pas réellement un lieu.
Mais ce que vous dites au sujet de vous-même reflète assez bien ce que dit John
Wheeler dans son livre et qui est allé voir Bob Adamson.
Stephen : Je puis dire quand la recherche et la souffrance psychologique furent
clairement vues. Il y a un moment dans le temps, quand il a été vu : Ok, voilà, je ne
dois plus chercher, ni souffrir, mais ceci lui confère presque trop d’importance, en le
faisant ressembler à un événement. C’était savoir que j’en avais terminé avec la
recherche, que Je suis cette simple Présence contemplative et que tout est libre d’aller
et venir. Personne ici ne crée les pensées ou les émotions qui ne font que survenir.
Gary : Elles surgissent, oui.
Stephen : Il n’y a personne ici pour faire quoi que ce soit par rapport à elles. Pour
moi, la souffrance était comme pour vous, Eileen, de tenter de retrouver ces
expériences plaisantes. La souffrance, c’était d’essayer de retrouver l’état d’absence
de pensées, l’état où tout était simple et paisible et où il n’y avait aucune possibilité
d’émotions perturbatrices, ce sentiment d’inconnaissance et d’innocence absolue ou
tout est juste bien.
Eileen : Oui.
Stephen : Que quelqu’un vous crie dessus ou vous embrasse, tout est magnifique,
tout est bien. Lorsque nous vivons de telles expériences, il peut naturellement y avoir
un désir de vouloir les recréer.
Eileen : Oh, oui !
Stephen : Ce qui en soi…
Eileen : …est la souffrance.
Stephen : C’est la souffrance.
Gary : Ou le blocage, l’obstacle.
Stephen : Nous tentons de recréer quelque chose qui était très agréable.
Gary : Et que vous êtes déjà.
Stephen : Oui. Il est possible que ces expériences dont vous parlez ne se reproduisent
plus jamais. Ceci pourrait ne plus jamais se reproduire et il est inutile que cela se
reproduise pour vivre en paix. Il n’y a pas moyen de savoir quelles expériences se
produiront.
Je me souviens d’un moment de lucidité, quand j’avais 14 ans, avant de lire quoi que
ce soit à ce sujet. Je n’avais été initié à aucun de ces concepts, même des termes
psychologiques, comme l’ego, sans parler de termes spirituels. A 14 ans, j’avais le
sentiment que tout ceux avec qui j’étais étaient le même ‘’Je’’, quand nous disons
‘’je’’. Cela m’a simplement frappé et je l’ai dit à tout le monde. J’étais chez un ami et il
a dit : ’’Je vais regarder la télé.’’ Sa mère, qui était en train de préparer le dîner a dit :
‘’Je vais faire la vaisselle.’’ Sa sœur a dit : ‘’Je vais faire mes devoirs.’’ Et moi, j’ai dit :
‘’Je rentre chez moi.’’ Cela m’a simplement frappé et je leur ai dit : ‘’On est tous le
même Je !’’ Sur le chemin du retour, j’ai réalisé que lorsque nous disons ‘’je’’, ceci fait
référence au même Je, il s’agit du même sentiment du Je. Quand vous avez le
sentiment d’un Je, c’est le même sentiment que je ressens – c’est ce sentiment d’être.
Nos histoires sont différentes et nous avons des points de conscience différents ici
dans cette pièce, mais nous sommes tous les mêmes en essence.
De telles expériences se produisent au fil des ans et elles nous font chercher
davantage, puisque nous savons que la vie, c’est plus que d’obtenir un job important,
gagner de l’argent et tout cela – c’est plus que cela. Il y a cette simple Présence que
nous sommes et c’est la Paix que nous recherchons. C’est cela que je veux. Selon
toutes les apparences, c’est ce que j’obtiens, quand j’accomplis des choses – quand je
gagne beaucoup d’argent, quand mes relations sont parfaites ou quand on me
témoigne du respect. Quand nous obtenons ce que nous voulons, il y a un sentiment
de soulagement, un sentiment de paix. Il s’avère que cette paix a toujours été là. Elle
semble simplement troublée en tentant d’obtenir ces autres choses.
Gary : En tentant de faire en sorte que notre vie réussisse.
Stephen : Oui, en tentant de faire en sorte que notre situation soit un succès. Donc,
nous remarquons qu’elle est toujours ici, cette Paix que nous voulons. Nous le
constatons par l’expérience, au fil du temps. Nous avons des expériences, au fil des
ans, et nous essayons de les retrouver.
Gary : Mais ce que vous essayez de retrouver, vous êtes déjà Cela, de toute façon.
Stephen : Oui, la recherche spirituelle, c’est similaire à rechercher de l’argent ou du
respect ou des relations idéales. C’est tout à fait similaire. Nous recherchons quelque
chose qui nous donnera ce sentiment de paix que nous voulons. Quand nous nous en
rendons compte, alors nous balançons la recherche spirituelle.
Il y a deux points clés dont je parle et ils s’appliquent à nous tous. Les anciennes
traditions spirituelles soulignent ceci. C’est examiner qui vous êtes en répondant à la
question fondamentale : Qui suis-je ? Ramana suggérait cela et d’autres questions :
Qui suis-je ? Que suis-je ?
D’autres traditions évoquent le fait que la raison pour laquelle nous souffrons est due
au sentiment d’être séparé. Et la résolution de la souffrance s’opère en reconnaissant
que tout est un, que nous ne sommes pas séparés de Dieu, que nous ne sommes pas
séparés de la Vie universelle ou de l’Intelligence universelle – en voyant qu’il n’y a
pas d’entité séparée ici.
Ma quête et ma recherche se sont arrêtées en examinant les fondamentaux. John
Wheeler m‘a suggéré d’examiner ce que je suis et ce que je ne suis pas et de répondre
à ces questions par ma propre expérience directe ― pas simplement
conceptuellement en disant ‘’Je suis la Conscience, je suis un avec Dieu’’. Nous
pouvons y répondre conceptuellement, mais cela ne suffit pas. En y répondant et en
le constatant par notre propre expérience directe. Il m’a suggéré d’examiner ce moi
que je pensais être. Qui est Stephen ?
Je lui ai parlé et je lui ai dit que je souffrais. Je lui ai raconté mon histoire, j’ai tout mis
sur la table. Voici mon histoire. Je souffre. Il m’a demandé d’observer par ma propre
expérience directe et de voir ‘’qui’’ souffre. Y a-t-il quelqu’un, là ? Y a-t-il une entité
séparée qui s’appelle Stephen ?
Y a-t-il une entité séparée qui s’appelle Eileen ou Gary ? Pouvez-vous trouver
Eileen ? Qui est Eileen ? Qui est Gary ? En regardant via votre propre expérience, y at-il une entité séparée ?
Gary : Qui est séparé ?
Eileen : Ainsi, il n’y a personne, là. Vous regardez et vous ne pouvez rien trouver.
Gary : Ce qui est là, c’est une histoire que vous avez imaginée.
Eileen : Vous regardez et vous ne pouvez rien trouver. Si vous regardez plus loin,
vous trouvez cette vacuité vivante qui a toujours été ici et qui n’a aucune définition.
Mais cela est-il suffisant ? Sentir cela est-il suffisant ? Ne doit-il pas y avoir un genre
de retournement, de basculement ?
Stephen : Voyez-vous, cela nous maintient sur le chemin !
Eileen : Je suis en chemin !
Stephen : Je voyais ainsi pendant toutes ces années : je sais que tout ce qu’il y a, c’est
la Conscience, qu’il n’y a personne ici, mais…Qu’en est-il de l’expérience d’amour
universel et d’union universelle ? Ne devrait-il pas y avoir de l’amour bienveillant
qui s’exprime ici tout le temps ? Ne devrait-il pas y avoir une absence de colère et de
pensées négatives ? Ne devrait-il pas y avoir en continu un amour bienveillant, la
paix et un comportement réfléchi ?3
Gary : Alors, vous avez une image fixe de ce à quoi cela devrait ressembler.
Stephen : C’est cela. Nous avons une définition figée de ce à quoi la vie devrait
ressembler. Nous avons des expériences d’absence de ‘’moi’’ où il n’y a que la
Conscience et nous pensons : ‘’Ah, ça y est !’’ Cela dure pendant quelques heures,
pendant quelques jours, pendant quelques semaines et puis quelque chose ou
quelqu’un se pointe et nous pique ou nous asticote, pour ainsi dire, et provoque
l’image d’un ‘’moi’’ ou d’un sentiment égotique.
Eileen : Vous réagissez !
Stephen : Peut-être que nous nous mettons à crier ou que de la colère se manifeste.
Oh ! Mais je ne suis pas censé avoir de la colère ! Je n’avais plus aucune colère depuis
plusieurs jours ou depuis plusieurs semaines et la colère a resurgi. Que s’est-il donc
passé ? Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Je dois retrouver ça. J’ai fait quelque chose
d’inadéquat. OK, mais qu’avais-je fait pour trouver cela ? Est-ce que je méditais ?
Gary : Plutôt que de voir que la colère fait partie de cela.
Stephen : Oui
Gary : Etre énervé fait partie de cela.
3
Par rapport à cela, voici un extrait pertinent du livre, ‘’Le sacre du dragon vert’’, d’Eric Baret qui concerne
Nisargadatta Maharaj : ‘’Un jour, on a demandé à Maharaj : ‘’Cette vulgarité, cette agitation qu’on sent en
vous…’’Il a dit : ‘’Oui, je suis d’une caste vulgaire, je suis agité, mais je suis libre de cela. Et vous qui êtes assis en
méditation devant moi, vous êtes noyé dans l’agitation.’’
L’agitation apparaissait chez Maharaj. Je l’ai vu six fois en train de menacer sa belle-fille, devenir rouge,
presque écumer, l'insulter avec les mots les plus orduriers qu’aucun brahmane n’osait traduire. Il était libre. Son
corps et son psychisme insultaient sa belle-fille. Il y avait des gens assis devant lui en lotus, très calmes, mais ce
n’est pas là qu’il y avait la liberté. Il n’avait rien à prétendre, il ne prétendait rien. Dans les livres, cela a été
arrangé, amélioré, pas l’essentiel bien sûr, mais la forme.
On veut toujours se libérer de l’agitation : c’est cela l’agitation, c’est cela le manque de respect. On se rend
compte ; on accepte en soi cette tendance de toujours vouloir, vouloir. Quand vous acceptez profondément,
RIEN ne se passe. Là il n’y a pas d’agitation, sauf quand elle se présente. L’expression de Maharaj a fait
beaucoup de bien. Mon maître était un homme élégant, raffiné, cultivé, riche, beau, tranquille, qui s’habillait
très bien avec des chaussettes en soie, des pull-overs de très haut prix, qui avait deux Mercedes, un chalet en
Suisse, trois appartements à Lausanne, la plus belle maison de Saint-Paul-de-Vence, qui connaissait
admirablement la musique classique, le théâtre antique. Alors beaucoup de ses élèves se sont mis à se raffiner,
à porter des chemises blanches, à aller au concert, à manger avec subtilité. Et puis certains ont eu la chance de
rencontrer Maharaj : cela leur a fait beaucoup de bien ! Quelque chose s’est passé : ils n’ont plus essayé. Ceux
qui étaient naturellement purs, sattviques, le sont restés. Ceux qui étaient naturellement agités le sont restés
aussi. A ce moment-là une clarté peut se présenter. Mais quand on veut changer sa nature, changer ses
composantes chimiques, être autrement que ce qu’on est, c’est une insulte à ce qui est au-delà de la nature.
Se rendre compte quand on essaie d’être sage, d’être libre, d’être ouvert, d’être disponible ; se rendre compte
de sa prétention et l’accepter. Cela c’est la porte. Il n’y a pas de porte, NDT.
Stephen : Si vous examinez votre propre expérience directe pour trouver ce moi, cet
ego, le sentiment d’être une entité séparée et qui contrôle, qui peut exercer son
propre contrôle séparément – en trouvez-vous une ? Ainsi, je cherche cette entité et
celle-ci s’appelle Stephen. Je cherche et demande qui est Stephen. Qui est-ce que je
sens que je suis dans mes tripes ? Je fais cette investigation pour découvrir qui je suis.
Qu’est-ce que je recherche ? Vous pouvez le sentir dans la poitrine ou dans l’estomac,
ce sentiment de résistance – je veux ceci, je ne veux pas cela. C’est une énergie
perturbatrice.
Eileen : C’est une sensation, d’accord ?
Stephen : Vous pouvez sentir le sentiment de l’ego comme une énergie de résistance
dans votre estomac ou dans votre poitrine. Quand le sentiment égotique est absent,
l’énergie de résistance a disparu. Quelle est cette énergie perturbatrice, ici ? Qu’est-ce
que c’est ? C’est le sentiment d’avoir le contrôle. C’est le sentiment d’être une entité
séparée qui contrôle, cet ego. C’est qui est Stephen.
Lorsque cette investigation devient votre propre investigation personnelle ― pas
quelque chose que vous lisez dans un livre ― OK, Ramana a dit de vous demander
‘’Qui suis-je ?’Qui suis-je ? Qui suis-je ? Qui suis-je ?’’ C’est simplement conceptuel.
Ce n’est pas réellement efficace. Lorsque vous vous définissez comme vous croyez
être, qui est ce personnage, Gary ? Qui est ce personnage ? Qu’est-ce que je sens que
je suis ? Qui est Eileen ? Quand vous dites, Eileen, qu’est-ce que cela veut dire ? Quel
est cet ego ? Ce que j’ai observé, c’est le sentiment d’avoir le contrôle. C’est un
sentiment basé sur une croyance qu’il y a ici une sorte d’entité qui contrôle, parce que
si la colère se manifestait, alors une pensée suivrait : Oh, je ne devrais pas être en
colère. Je devrais être aimable et gentil. Qu’est-ce que cela implique ? Qu’est-ce que la
pensée ‘’je ne devrais pas être en colère’’ implique ?
Gary : Qu’il y a un ‘’vous’’.
Stephen : Il y a un moi qui peut exercer son contrôle et un moi qui a créé la colère.
Gary : Vous avez fait les bons trucs et les mauvais trucs.
Stephen : C’est cela, c’est ce que cela implique. Toutes les pensées ‘’je devrais’’ – Je
devrais toujours être aimable, gentil et tranquille, je ne devrais jamais être en colère,
je devrais toujours être altruiste, je ne devrais jamais être égoïste, je devrais…
Remplissez les blancs.
Eileen : Toujours être heureuse.
Gary : Juste. Je devrais toujours être heureux – ravi. Pas heureux, ravi !
Eileen : Je devrais être extatique. Je devrais être dans un état d’extase.
Gary : Et de béatitude.
Eileen : De félicité, de félicité ! Je devrais être bienheureuse. Je devrais nager dans un
océan de félicité !4
Gary : Nous avons vu Tony Parsons et nous avons lu ses livres. J’ai compris que tout
ce qui se manifeste, c’était Cela. Et puis, j’ai oublié, nous avons retraversé le pays.
Eileen : C’est quelque chose qui a pu te faire oublier.
Gary : J’ai entrepris de relire ses livres et je pense qu’où j’en suis maintenant, c’est
que je vois des trucs se manifester et que si je ne suis pas neutre à l’égard de cela, je
suis pris là-dedans. Si je suis content et je dis ‘’je suis content et j’aime cela’’, alors j’ai
une préférence. L’ego s’interpose et dit : ‘’J’aime ceci et pas cela.’’ Aussi suis-je de
plus en plus neutre par rapport à tout ce qui se manifeste.
Nous avons roulé aujourd’hui et nous nous sommes chamaillés et j’ai réagi, mais je
me sentais aussi neutre par rapport à cela. Je n’ai pas jugé, ni pensé que c’était
terrible de m’énerver. La colère se manifeste. Le contentement se manifeste, mais je
n’en suis pas réellement l’auteur. En ce qui me concerne, j’éprouve le moins de
souffrance, de toute ma vie et je ne cherche plus réellement.
Eileen : Cela me semble être ce que Gangaji appelle de la stratégie. Il y a des
stratégies que tu peux utiliser pour être plus paisible ou neutre. Tu peux te
surprendre, quand tu te laisses happer par des pensées. Tony Parsons a dit que,
quand tu as des émotions qui se manifestent - et c’est une stratégie extrêmement
utile, si tu utilises des stratégies, tu peux isoler la sensation. Si tu y réfléchis, les
émotions sont des sensations qui sont attachées à une pensée. Ainsi, si tu laisses
partir la pensée, et tu peux le faire très facilement, parce que tu peux toujours revenir
à la pensée, laisse partir la pensée et concentre-toi sur la sensation. La sensation se
met à avoir sa propre couleur, sa propre saveur et elle change, en réalité.5
4
Au sujet de l’extase, voici ce que disait Ramana Maharshi : ‘’L’ultime obstacle à la méditation, c’est l’extase.
Quand vous éprouvez une grande félicité, vous ne voulez plus sortir de cet état. Ne cédez pas à cette tentation,
passez au niveau de la paix profonde. Cette paix est supérieure à l’extase et aboutit au samadhi. Le samadhi
produit un état de veille où vous n’êtes plus que Conscience, car la Conscience est votre nature véritable.’’ Et
encore : ‘’ L’état naturel est l’état originel. L’extase implique l’existence d’un mental très subtil. Qu’éprouvezvous pendant le sommeil ? Ni extase, ni douleur ; vous êtes au-delà des deux. L’état naturel (sahaja), c’est
précisément cela, avec en plus la conscience d’être’’, NDT.
5
Pour une description précise et détaillée du mécanisme des pensées, des émotions et de leur observation, le
lecteur ou la lectrice peut consulter l’excellent manuel du Dr John Goldthwait intitulé ‘’Purifie ton cœur’’ qui
est en téléchargement libre et gratuit (seva). John Goldthwait est un psychologue transpersonnel qui, inspiré
par Sathya Sai Baba, a mis au point une méthode très efficace qui combine le védanta et la psychologie. John
Goldthwait est également pasteur et il a aussi une très bonne connaissance et expérience du zen qu’il a
pratiqué au Japon, NDT.
Mais c’est une stratégie. Tu peux progresser dans la vie en faisant ce genre de choses,
te sentir mieux et mieux faire face, mais il me semble que c’est faire quelque chose. Et
si tu fais quelque chose, c’est toujours du dualisme, tu sais ?
Gary : Oui, mais il n’y a pas de moi. Cela survient, simplement. Des choses
surviennent continuellement et elles ne peuvent même pas être stoppées, pour autant
que je sache. Tu ne peux pas empêcher les choses de survenir. Elles surviennent, tout
simplement. Si je ne suis pas neutre par rapport à ce qui se manifeste, alors je suis
bloqué là-dedans et je danse avec le tigre.
Eileen : Alors, c’est tout ce qu’il y a là ? Auquel cas, c’est plutôt bête, parce que tout
le monde peut faire ça, non ?
Gary : Non.
Stephen : Eh bien, il n’y a que des ‘’gens spéciaux’’ qui peuvent faire ce dont vous
parlez, Eileen. Vous devez être spécial !
Eileen : (Rires)
Gary : Eh bien, tu dis que tout le monde peut le faire. C’est la nature de tout un
chacun. Cependant, pour toutes les personnes avec lesquelles je travaille (je fais du
travail corporel, en individuel) et je vois beaucoup de gens, si je leur dis que ‘’les
choses surviennent’’, c’est un tout nouveau concept pour eux. Ils diront ‘’j’étais
énervé’’ et je leur dirai que l’énervement est survenu ou s’est déclenché. Et c’est très
différent de ‘’je’’ suis énervé.
Eileen : Oui.
Gary : C’est différent et il n’y a pas de souffrance, là.
Eileen : Juste.
Gary : Si je ne vois pas que cela survient simplement, alors je souffre par rapport à
cela.
Stephen : Il n’y a là pas de ‘’je’’ qui fasse quoi que ce soit. Je vais continuer de parler
de ce que vous êtes et de ce que vous n’êtes pas. C’est ce qui a mis un terme à la
recherche spirituelle et à la souffrance. Cela ne met pas à un terme à la colère, ni à
n’importe quel autre sentiment.
Gary : Juste. La jalousie, la peur…
Stephen : Peu importe ce qui se manifeste. Il me semble, Eileen, que vous avez une
définition du comportement qui devrait ressortir de cette compréhension ou de cette
reconnaissance.
Eileen : Pas du comportement, mais de l’état d’être.
Stephen : Y a-t-il un ‘’je’’ qui a cet état d’être ? Y a-t-il quelqu’un qui l’a ? Examinons
ce que vous êtes essentiellement. Prenons une pièce de monnaie qui représente ce
que vous êtes. Celle-ci possède deux côtés – ce que vous êtes et ce que vous n’êtes
pas. Voyez-le dans votre propre expérience et pas seulement conceptuellement. Nous
voulons répondre à la question ‘’qui suis-je ?’’ ou ‘’que suis-je ?’’ Nous voulons
examiner ceci d’un point de vue positif et d’un point de vue négatif – ce que je suis et
ce que je ne suis pas. Voir ce que je suis est très simple et plaisant. C’est cette
Conscience que Je suis, cette simple Présence consciente. Quelque chose regarde par
l’entremise de ces yeux, maintenant, quelque chose entend ces mots. Ce n’est pas
‘’Stephen’’ qui regarde par l’entremise de ces yeux.
Eileen : Juste.
Stephen : Ce regard se produit. Cette écoute se produit. Les sens sont actifs.
Gary : Oui, vous êtes assis là et ces personnes se sont manifestées dans votre living.
Stephen : Oui, ces personnages et ce corps sont apparus dans mon expérience. Je n’ai
aucune idée d’où ils sont venus et où ils vont. Il y a cette Conscience ici. La seule
chose que je sais avec une certitude absolue est que cette observation a lieu. Cette
Présence contemplative, cette Conscience est ici.
Gary : Je l’appelle observation.
Stephen : Observer ou être témoin – le mot qui marche pour vous.
Gary : ‘’Observer’’ marche pour moi.
Stephen : Cette vision se produit, cette écoute se produit, la perception se produit.
Eileen n’a rien à voir avec cela. Cela se produit, simplement.
Eileen : J’ai compris cela.
Stephen : Tous les sens fonctionnent. Cette Conscience est ce que vous êtes.
Eileen : Mais ce n’est pas grand-chose !
Stephen : Ce n’est pas assez bien ! Vous voulez plus !
Eileen : C’est juste, OK, j’ai compris cette partie, oui.
Stephen : C’est ce que nous sommes – cette Conscience. Maintenant, examinons ce
que nous ne sommes pas. Si nous nous tournions vers notre propre expérience
directe et si nous nous demandions ce qui se passe, lorsque nous souffrons? Et je
dirais que l’intérêt que j’ai à partager ce message, c’est de partager le fait qu’il est
possible de s’affranchir de la recherche spirituelle et de la souffrance. C’est l’intérêt
que j‘ai à partager ce message. C’est ce qui m’est arrivé à moi.
Gary : C’est ce qui m’intéresse aussi en étant ici.
Stephen : Que se passe-t-il, quand la souffrance psychologique se matérialise ? La
première chose que nous observons, c’est que des pensées surviennent, une histoire
se déroule. Des pensées et des histoires arrivent et tournent autour de ‘’moi’’, ‘’je’’ –
Eileen, Gary ou Stephen. Il y a quelque chose qui ne va pas chez moi, quelque chose
qui n’est pas tout à fait juste. Je ne suis pas assez bon, je dois être plus aimable, plus
gentil, plus serein, je ne devrais jamais me mettre en colère. Je devrais, etc…Vous
connaissez l’histoire d’Eileen.
Eileen : Ce que vous dites, c’est que des choses continuent de vous arriver à vous.
Stephen : Examinons cela. Il y a une perspective entièrement différente - comme
Gary le disait. Ce n’est pas quelque chose qui m’arrive, à ‘’moi’’. C’est quelque chose
qui arrive.
Eileen : Cela se produit, simplement.
Stephen : Rien ne m’arrive, à ‘’moi’’. Ces pensées ne se manifestent pas, à ‘’moi’’.
Gary : Ni la guerre.
Stephen : Elle ne me tombe pas dessus.
Gary : Elle n’a rien à voir avec moi.
Stephen : Correct.
Gary : Elle ne fait que se produire.
Stephen : Même la guerre mentale qui se joue dans la tête. C’est la Paix qui est en
paix avec la guerre. C’est l’Amour qui aime la haine. C’est absolu, c’est
inconditionnel. C’est le Bonheur qui est heureux avec la peine. C’est ce que Je Suis –
cette Présence contemplative.
Quand la souffrance psychologique se produit-elle et que se passe-t-il ? Nous
constatons qu’il y a des pensées et des pensées qui ‘’me’’ concernent. Il n’y a aucune
souffrance psychologique, si je pense à vous – ou à mon chat ou à mon chien.
Seulement si c’est en rapport avec ‘’moi’’ – moi et mon histoire. La souffrance
implique généralement de penser à quelque chose que j’ai fait ou pas. Je devrais faire
ceci ou je ne devrais pas faire cela. Ce ‘’je’’, ce ‘’moi’’ est au centre de toute la
souffrance psychologique. Voyez si c’est le cas pour vous.
Voyez directement dans votre propre expérience si chaque fois qu’une souffrance
psychologique se produit, la pensée intervient, une histoire se joue et si Eileen est le
personnage principal de l’histoire. Elle est le ‘’je’’ qui devrait pouvoir faire ceci ou
cela. Elle devrait expérimenter la Paix et l’Amour. Elle devrait être en mesure de
recréer des expériences béatifiques.
C’est ce que je sentais que Stephen était – cette énergie d’attachement et de résistance.
Ainsi, nous constatons et nous voyons que chaque fois que la souffrance apparaît, il y
a des pensées, il y a une histoire qui tourne autour de moi. Je devrais…ou je ne
devrais pas…Quel est ce moi qui dis qu’il devrait… ou qu’il ne devrait pas… ? Qui
devrait créer les expériences bienheureuses ? Qui devrait éviter la colère ? Qui
devrait toujours être heureux ? Qui ? Y a-t-il quelqu’un, là ?
Vous examinez votre propre expérience et constatez qu’il n’y a aucune entité séparée
qui contrôle (c’est l’expression qui a du sens pour moi). C’est ce que Stephen avait
l’impression d’être – une entité séparée qui contrôle, une entité pouvant exercer son
propre contrôle. C’était la racine de toute ma souffrance psychologique. Je devrais
toujours être heureux. Je ne devrais jamais être égoïste…Je, je, je…
Gary : Je devrais partager.
Stephen : Je devrais partager et être aimable. Je devrais…Je, je, je, je, je…Alors, quel
est ce je ? Qui est ce je ? Qui est ce personnage, Stephen ? Y a-t-il quelqu’un ici créant
quoi que ce soit ? Ou tout émane-t-il de la Conscience ? La colère surgit. Le bonheur
apparaît. L’amour bienveillant se manifeste. Il n’y a pas de Stephen ici qui fait quoi
que ce soit ! Il n’y a pas d’Eileen ici qui fait quoi que ce soit ! Il n’y a pas d’Eileen qui
tente de recréer les expériences béatifiques. Cela se produit juste dans cette
Conscience que vous êtes.
Il n’y a aucun moyen de recréer une expérience bienheureuse. Si vous avez la
moindre attente par rapport à quoi devrait ressembler votre expérience, alors vous
continuerez à souffrir, parce qu’il y a un ‘’je’’ qui croit qu’il devrait être bienheureux,
aimable et gentil. Cela devrait toujours être comme c’était pendant vos expériences
béatifiques et j’ai besoin de recréer cette expérience.
Donc, nous voyons qu’il n’y a personne ici qui a jamais créé quoi que ce soit, que tout
arrive simplement. Tout émane de cette Conscience que Je suis – comme Gary l’a dit.
Gary : Oui, essayer d’empêcher cela de survenir – c’est impossible !
Stephen : Nous disons : OK, j’ai cherché après ce ‘’je’’, ce ‘’moi’’ que je pense être,
cette entité séparée qui contrôle – j’ai cherché après et je n’ai rien trouvé. Peut-être
que je suis passé à côté. Voyons si je puis exercer un contrôle. Je n’ai trouvé ici
aucune entité séparée qui contrôle, mais je crois toujours que je peux contrôler mon
expérience. Je crois toujours que je devrais être aimable et gentil, que je ne devrais
jamais être égoïste. Je ne puis trouver ici aucune entité séparée qui contrôle, mais
voyons si je peux exercer un contrôle sur mon expérience.
S’il y a ici une sorte d’entité ou de mécanisme qui contrôle, je devrais
incontestablement pouvoir exercer ce contrôle. Ne devrais-je pas pouvoir exercer un
contrôle, s’il existe ? Alors, je vais m’asseoir ici et essayer d’exercer un contrôle. Je ne
vais avoir que des pensées positives. Je vais voir si je ne puis avoir que des
expériences et des sensations plaisantes. Voyons si je peux contrôler mon expérience.
Allez-y ! Essayez ! Cela rend les choses pratiques.
Nous avons examiné cela à partir d’une approche conceptuelle et je ne puis trouver
aucune entité qui contrôle. Maintenant, rendons cela pratique. S’il y a ici une entité
qui contrôle, je peux sans nul doute exercer un contrôle sur mon expérience. Allez-y,
prenez le contrôle ! Pourquoi attendez-vous ? Qu’attendez-vous ? S’il y avait ici une
entité séparée qui contrôle appelée Eileen, elle aurait maintenant pris le contrôle de
son expérience. Il n’y a là aucune entité séparée qui contrôle. Tout survient.
Pour répondre à la question ‘’qui suis-je ?’’, nous examinons ce que je suis et ce que je
ne suis pas. Ce que je ne suis pas, c’est ce personnage, Stephen, cet ego, ce moi, ce
sentiment d'avoir le contrôle. Il n’y a pas d’entité séparée qui contrôle. J’ai cherché et
je n’ai rien trouvé. Et j’ai essayé d’exercer un contrôle sur mon expérience et je n’y
suis pas parvenu.
Si je ne suis pas le personnage de Stephen que j’avais l’impression d’être, alors que
suis-je ? Je peux éprouver le sentiment de l’ego dans ma poitrine – cette résistance. Il
essaye de contrôler mon expérience en essayant de s’accrocher aux expériences
plaisantes et d’éviter celles qui sont déplaisantes. Cette résistance est l’ego.
L’expérience de l’ego est une expérience de résistance que l’on peut ressentir ici, dans
la poitrine et dans l’estomac.
Eileen : Oui, exactement.
Stephen : Je recherche une entité distinct(iv)e qui contrôle et j’essaye d’exercer un
contrôle et je n’y arrive pas. Et donc, il est vu que ce personnage, Stephen, que je
pensais être, cet ego qui a sa propre volonté distinctive et qui peut exercer cette
volonté pour créer son propre état d’esprit, ses propres pensées, ses propres
sentiments, ses propres sensations, ses propres actions et ses propres expériences ―
tout cela…
…et qu’il n’y a rien ici, rien du tout !
Ce que je trouve, c’est une image de Stephen ― des histoires, des souvenirs, une
famille, des relations, des finances, une carrière ― tout cela est une histoire. Et quand
je cherche une entité qui contrôle, il n’y a rien ! Ainsi, je ne suis pas le personnage de
Stephen que je pensais être, je ne suis pas une entité distinct(iv)e qui contrôle. C’était
une croyance, une histoire, des pensées, des images et une énergie de résistance,
inconfortable. C’est tout ce que je puis trouver. Je ne puis rien trouver qui a aucun
contrôle. Ainsi, il n’y a aucune entité distinct(iv)e qui contrôle, ici. Je pensais que
c’était qui j’étais.
Gary : Comme vous étiez supposé le faire et comme nous y avons été entraînés.
Stephen : Comme nous y avons été entraînés depuis l’époque où nous étions de
petits enfants. Enfants, personne ne nous a indiqué ceci, à tout le moins, pas
clairement.
Eileen : C’est dans la culture. Perdez du poids, prenez le contrôle de votre vie ! C’est
dans la pub. Il est partout question de prendre le contrôle. Ah, je sens que je contrôle
ma vie !
Stephen : Oui, ‘’Je’’ contrôle. Il y a là un contrôle, mais ce n’est pas un ‘’je’’
distinct(if). Il y a quelque chose qui contrôle et qui fait évoluer tout ceci, mais c’est la
même Essence.
Gary : Pour tout le monde.
Eileen : C’est Ce que vous êtes déjà.
Stephen : Ce qui fait briller le soleil…
Eileen : Juste.
Gary : Ce qui fait ramper les petites bêbêtes.
Eileen : Et qui te donne la chair de poule !
(Rires)
Stephen : Ce qui fait ramper les insectes…
Gary : Qui fait pousser les arbres, qui fait pousser l’herbe, qui fait tomber la pluie,
tout.
Stephen : C’est la même Source qui crée chaque pensée, chaque sentiment et chaque
sensation de votre expérience. Eileen ne fait rien. Je l’appelle la Source mystérieuse
de toute l’existence. Nous pouvons l’appeler Dieu ou l’Intelligence universelle.
Gary : Ou Larry.
Stephen : Ou Larry – peu importe comment vous voulez l’appeler. C’est un mystère.
Eileen : J’aime bien cela – la Source mystérieuse de toute l’existence !
Stephen : C’est un mystère. Qu’est-ce qui fait miauler un chat ? Qu’est-ce qui fait
pousser les feuilles et les glands d’un chêne au printemps ? C’est un mystère. Et c’est
le même Mystère, maintenant, qui s’applique à vous et qui ne crée pas seulement le
chêne, les feuilles et les glands, qui crée chaque pensée que vous avez, Eileen, chaque
pensée ! Chaque pensée, chaque sentiment et chaque sensation sont créées par la
même Source mystérieuse ! Il n’est pas possible qu’Eileen ait jamais fait quoi que ce
soit.
Gary : Même avoir des expériences de félicité !
Stephen : Elle n’a rien fait !
Gary : Même les expériences béatifiques sont survenues.
Stephen : Elle n’a rien fait.
Eileen : Cela s’est simplement produit.
Gary : Ensuite, tu as eu une préférence : je veux cela, j’aime cela, j’adore cela !
Eileen : Je veux cela pour toujours !
Stephen : Même cela n’est pas le vouloir d’Eileen ! Même l’ego n’est pas à vous !
Même l’ego est une expression de la Source mystérieuse unique – même l’ego ! Il n’y
a rien qu’Eileen ait fait. Tout est une création de la Source mystérieuse unique ! Il
n’est pas possible qu’Eileen ou Gary ou Stephen ou qu’un chat, un chien ou un chêne
se sépare, se dissocie, se distingue de la Source mystérieuse de toute l’existence.
Ce personnage d’Eileen est apparu dans le monde et puis, on ne sait comment, celleci se sépare du restant de la création pour être en mesure d’exercer son contrôle sur
ses pensées, ses sentiments et ses sensations. Ce n’est pas possible ! Il n’y a aucun
moyen qu’Eileen ait pu se séparer de la Source mystérieuse de toute l’existence. Rien
qui se manifeste dans votre expérience n’est la création d’Eileen – qu’il s’agisse de
beauté ou de laideur, d’amour bienveillant ou d’égoïsme. C’est la Source mystérieuse
unique qui s’exprime par l’entremise d’Eileen. Il n’y a pas d’Eileen. Il y a juste la
Conscience et c’est ce que je suis. Je suis cette Présence contemplative qui observe.
Gary : J’aime bien cela, c’est joli – Présence contemplative.
Stephen : C’est ce que Je suis.
Gary : La Présence contemplative.
Stephen : La Présence contemplative. Cette observation se produit : une observation
des pensées, des sentiments, des sensations, des actions, des relations, des finances,
de la carrière...Tout est observé et c’est ce que Je suis, cette observation. Ainsi, de la
colère se manifeste. Wow ! Regardez-moi cette colère !
Gary : Comme c’est intéressant !
Stephen : Puis, de la tristesse apparaît. Oh, de la tristesse !
Gary : Très intéressant !
Stephen : Voilà le bonheur ! Wow !
Gary : Vachement intéressant !
Stephen : N’est-ce pas ? Je ne fais rien du tout. Il n’y a personne ici qui fait quoi que
ce soit !
Gary : C’est ce qui se passe de plus en plus pour moi. Dans le travail que je fais, je
vois de plus en plus que tout arrive. Il n’y a pas d’auteur. Je suis aussi étonné de le
dire que tu peux l’être de l’entendre, mais il n’y a pas d’auteur. Et as-tu remarqué
comme les affaires vont bien ?
Eileen : Oui !
Gary : Ce qui est arrivé, ce sont de très bonnes affaires. Alors que pendant trente ans,
je me suis cassé le cul et ce qui en est ressorti, ce fut la pauvreté ! Vraiment, la
pauvreté s’était développée à tel point que c’était le grand frisson pour nous que
d’aller à l’épicerie faire nos courses. Ainsi, je me trouve en train de disparaître, en
quelque sorte. C’est dur à expliquer !
Eileen : Oui, je pige, je pige.
Stephen : Gary parle de ce dont je parle.
Eileen : Il y a un attachement (ici pour moi) à une idée de transcendance qui a à voir
avec le sentiment d’être une entité distinct(iv)e qui contrôle.
Gary : Oui, cela se manifeste et tu peux apprécier cela. Tu peux apprécier cela comme
tu apprécies la félicité qui s’est manifestée, parce que tu es neutre par rapport à cela.
Si tu n’es pas neutre, tu es prise là-dedans. Tu aimes ceci et tu n’aimes pas cela alors tu en reviens à essayer de contrôler ton expérience.
Stephen : Il y a eu une époque où j’avais le sentiment de voir clairement les choses.
J’éprouvais un sentiment d’aisance et de paix avec très peu de barattage mental et de
pensées. Et puis, la paix était perturbée par quelque chose – n’importe quoi. De la
colère surgissait ou un souvenir d’une ancienne relation suscitait une série de
pensées dérangeantes ou je voulais un verre de vin…
J’avais des attentes et je souffrais parce que je n’avais pas clairement vu que tout ne
fait qu’apparaître. Toute attente que vous avez – même si c’est spirituellement
correct, même si vous avez des attentes qui sont spirituellement correctes, Eileen – il
devrait y avoir amour compatissant et félicité6, tout cela est spirituellement correct,
mais vous maintiendra dans la recherche et dans la souffrance.
Regardez et voyez qu’il n’y a aucune Eileen qui fait quoi que ce soit et que vous êtes
cette Présence contemplative qui est simplement en train d’observer. Parfois, vous
serez heureuse de ce que vous voyez et parfois non, mais vous serez toujours cette
vision.
Observez simplement ce qui se manifeste. Peut-être que vous appréciez ceci et pas
cela. Il y a cette observation : Oh, Eileen aime ceci et n’aime pas cela ! Il n’y a pas
d’attentes. Vous pouvez avoir de la félicité qui se manifeste et celle-ci passera. Puis
des sensations et une énergie inconfortables traversent le corps et elles passent. Mais
il n’y a pas de moi, de ‘’je devrais’’ ou ‘’je ne devrais pas’’ – je devrais toujours être
bienheureuse, je ne devrais jamais être en colère…Cela part, parce qu’il y a
simplement la vision sans personne ici qui en est l’auteur.
Bien entendu, il y a des préférences. Vous préférez que les choses soient comme vous
l’aimez, mais cela ne fait que passer. Même l’ego passe. C’est une apparence créée
par la même Source mystérieuse qui fait miauler le chat. Il n’y a pas moyen que l’ego
se distingue et crée un ego. Tout émane de la Source mystérieuse et unique.
Gary : Oui, ce que j’ai pigé chez Tony, c’est qu’être gentil ne vous emmènera pas au
Paradis et qu’être vilain ne vous empêchera pas d’y aller !
Stephen : Le Paradis, c’est l’absence du bien et du mal. Le Jardin d’Eden est la paix
sur la Terre avant de manger de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. Si
vous distinguez le bien du mal, vous souffrirez tous les jours de votre vie – c’est dans
la Genèse. Les premiers chapitres de la Genèse disent tout.
Eileen : C’est reconnaître la dualité. Si vous passez de l’unité à la vision duelle, alors
vous souffrez.
Stephen : Vivre dans le Jardin d’Eden ne veut pas dire que tout est ‘’merveilleux’’,
cela veut dire qu’il n’y a pas la connaissance du bien et du mal. Il n’y a pas de ‘’moi’’
ici qui juge le bien et le mal. Le mental ou l’intellect, c’est le processus de réflexion
qui est le processus de division, séparation, jugement – connaître le bien et le mal, le
bon et le mauvais.
En intellectualisant, en distinguant le bien du mal, nous souffrons tous les jours de
nos vies. Donc, si vous distinguez le bien du mal, Eileen, vous souffrirez. Si vous
‘’savez’’ que la félicité, c’est bon et que l’égoïsme, c’est mauvais, vous souffrirez.
Vous êtes sortie du Jardin d’Eden ― vous en êtes chassée. Le Jardin d’Eden n’est ni
6
Cf. la note n°4 concernant les remarques de Ramana Maharshi par rapport à cela, NDT.
bon, ni mauvais. Il est là avant le ‘’je’’ et avant que ‘’je’’ ne distingue le bien du mal. Il
est là avant ‘’moi’’ – il n’y a ni moi, ni vous.
Tout arrive, simplement. 7 Vous continuerez à chercher et à chercher, s’il y a des
attentes, parce que c’est la même chose que manger de l’Arbre de la Connaissance du
Bien et du Mal. Ce fut l’une des dernières choses qui me gardèrent en chemin
pendant plusieurs mois. J’avais certaines pensées négatives qui duraient toute la
journée ― ‘’Je ne devrais avoir aucune pensée négative !’’ Je voulais un verre de vin,
et je pensais que je ne devrais pas vouloir de vin, que je devrais être heureux sans
vin ! De telles convictions me faisaient souffrir.
(Rires)
Stephen : Vous riez ! Ce sont des idées et des concepts que nous avons lus ou des
expériences que nous avons eues et nous nous accrochons à ces concepts et à ces
croyances et nous disons…
Si mes croyances et si mes attentes ne sont pas satisfaites, alors quelque chose ne va
pas chez moi.
L’expression ‘’neti neti’’ est une expression sanskrite qui signifie ‘’pas ceci, pas ceci’’
Des maîtres indiquaient que ce que vous êtes, c’est cette Conscience, et des questions
se posaient. OK, est-ce le bonheur ? Non, pas cela. Est-ce le désintéressement ? Non,
pas cela. Est-ce l’amour bienveillant ? Non, pas cela. Ainsi, tout ce qui se manifeste
n’est pas cela.
Pas ceci, pas ceci ! Ce n’est rien. Ce n’est rien, cette Conscience que Je suis. Ce n’est
rien. Cela m’a embêté pendant un certain temps. Je pensais que j’avais vu cela
clairement et que tout se passait bien et puis – je voulais un verre de vin. J’avais
encore des attentes et il fut utile de pouvoir parler à quelqu’un pour dissiper les
malentendus. Tout apparaît – qui fait cela ? Il n’y a personne qui fait cela. Tout
apparaît. Tout ne fait qu’apparaître. Si vous ne le croyez pas, alors essayez de
prendre le contrôle de votre expérience – ce que vous avez déjà fait.
Eileen : Oui.
Stephen : Vous avez fait cela pendant des années et essayer de contrôler est la
souffrance même dont vous tentez de vous libérer. Tenter de prendre le contrôle est
la souffrance. Il n’y a personne ici pour prendre le contrôle, c’est pourquoi cela ne
fonctionne pas. Parfois, les choses se goupillent bien et vous direz ‘’ah !’’, et vous
tenterez de recréer cela.
7
Eckhart Tolle offre un autre point de vue sur le même sujet. Il déclare dans Le Pouvoir du Moment Présent :
‘’…quand vous vivez dans la totale acceptation de ce qui est – ce qui est la seule manière saine de vivre – il n’y a
plus ni ‘’bien’’ ni ‘’mal’’ dans votre vie…Du point de vue du mental, toutefois, il y a bien et mal, goût et dégoût,
amour et haine. C’est ainsi que dans le Livre de la Genèse, il est dit qu’Adam et Eve ne purent plus demeurer au
‘’Paradis’’, quand ils ‘’mangèrent de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal’’, NDT.
Eileen : Je touche du bois, d’accord !
Stephen : C’était une coïncidence.
Eileen : Oui, je vois.
Gary : Une coïncidence s’est produite.
Eileen : C’est cela et je me suis rendue folle à essayer de comprendre ce qui avait fait
se produire les expériences béatifiques.
Stephen : Pas ceci !
Gary : Il fut un temps où je pensais que j’étais quelqu’un et qu’il y avait ‘’moi’’ et
Dieu. J’ai tout de suite vu à quel point c’était stupide, parce que cela me mettait au
même niveau que Dieu. J’en ai alors déduis qu’il ne peut y avoir que l’Un, qu’il n’y a
rien qui ne soit pas Dieu, y compris moi. Cela m’a réellement sauvé la mise, d’une
certaine manière, parce qu’il est très égoïste de penser que vous êtes aussi bon que
Dieu.
Stephen : C’est ce que l’on pourrait penser, mais il est égoïste de croire que vous
avez votre propre volonté distinctive, mais je sais ce que vous voulez dire.
Gary : Eh bien, il y a Dieu et il y a moi. Si tel est le cas, cela me rendrait aussi puissant
que Dieu, ce qui n’est pas possible. Donc, il n’y a que Dieu et je suis Cela.
Eileen : Mais d’habitude, ne voit-on pas ceci autrement ? Qu’il y a Dieu et qu’il y a ce
petit vieux que tu es ?
Gary : Eh bien, j’ai vu que j’avais cet énorme ego et que je pensais être distinct de
Dieu. Cela me rendrait réellement puissant, si c’était vrai. Je savais que je n’étais pas
puissant comme Dieu, la Présence animante, tu sais.
Stephen : On pourrait dire que tout ce qu’il y a, c’est Dieu. C’est jouer avec les mots,
mais si dans l’univers, chaque chose est verte, chaque chose est verte. Alors, y a-t-il
une chose telle que le vert ?
Eileen : Alors, rien n’est vert, exactement.
Stephen : Si tout dans l’univers est Dieu, y a-t-il une chose telle que Dieu ? Non, il
n’y a pas une chose telle que Dieu. Il n’y a pas Dieu, ici, et l’homme, là. Il n’y a ni
volonté de Dieu, ni volonté de l’homme.
Gary : J’aime comment L’appelait Ernest Holmes. Il L’appelait la Présence animante.
Ça marche pour moi, la Présence animante !
Eileen : Il y a des gens qui ont des expériences différentes qu’ils appellent
‘’Illumination’’, d’accord ?
Gary : Ce que Tony dit et ce que Stephen dit, c’est qu’il n’y a personne qui soit
‘’illuminé’’. Ainsi, quelqu’un qui prétend être ‘’illuminé’’, c’est juste du blabla, parce
qu’il n’y a personne.
Eileen : D’accord, parce que qu’est-ce qui va être ‘’illuminé’’ – le corps, l’esprit ?
Gary : Qui y a-t-il pour être ‘’illuminé’’ ?
Stephen : Le concept de l’Illumination se délite au bout de deux minutes de
questionnement. Qui est illuminé ? Les pensées sont-elles éclairées ? Le
comportement est-il éclairé ? Le corps est-il éclairé ? Les expériences sont-elles
éclairées ?
Gary : L’année passée, je suis tombé malade et j’ai perdu plusieurs dents à cause
d’une infection qui ne pouvait pas être stoppée. Durant plusieurs mois, j’ai dû
prendre de puissants antibiotiques. Eileen m’a donné un livre à lire qui m’a bien fait
comprendre que je n’étais pas le corps. Il y avait encore de la douleur, mais c’était
juste ce qui se manifestait. Ce fut une expérience forte.
Eileen : Tu vois, c’est cela, le problème. Je pense réellement que si vous êtes
‘’illuminé’’, vous transcendez tout. Vous n’allez pas être malade. Bien entendu, tout
le monde devient malade et meurt, mais vous ne serez pas malade, vous ne
souffrirez pas et vous n’aurez pas de pensées. Je crois réellement cela, c’est une
image que j’ai ici.8
Stephen : De telles images vous garderont en recherche et en souffrance.
Gary : Elles sont meurtrières.
Stephen : C’est neti neti. Tout ce que vous trouverez ― toute idée, toute expérience,
tout comportement qui devraient être comme ceci ou comme cela, tout sentiment,
toute sensation ou n’importe quoi ne sont pas cela, neti neti !
8
Il y a pourtant des tas d’exemples de saints et de sages bien connus qui ont souffert de divers problèmes de
santé, parfois très graves et mortels, comme Ramakrishna, Ramana Maharshi, Nisargadatta Maharaj et plus
récemment, Sathya Sai Baba lui-même, pour n’en citer que quelques-uns. Ils étaient également bien connus
pour être totalement imperméables et indifférents à la souffrance du corps physique, le pur Soi n’étant
nullement accablé. Dans de nombreux cas, la grave maladie physique d’un Maître a aussi souvent un rôle
pédagogique ou très instructif pour les disciples qui l’entourent, le détachement et la sérénité du Maître
restant inébranlables dans la déchéance physique, NDT. Voir à ce propos l’article intitulé ‘’Cancers et
indifférence sublime, parfait détachement’’, d’Osho, qui est repris dans mon anthologie, ‘’Médecins, médecine,
miracles et Sai Baba’’. Par ailleurs, certains yogis peuvent garder une santé parfaite jusqu’à leur mort, mais ils
ne sont pas tous ‘’illuminés’’ pour autant, loin s’en faut !
Il y a cette Présence contemplative qui observe maintenant, Eileen, et cela n’a aucune
importance, ce qu’Elle observe. Il y a la conscience de tout ce qu’il y a ici, voilà. Ce
qui fait l’objet de la Conscience n’est nullement important. Il n’y a ni bien, ni mal, ni
bon, ni mauvais, en ce qui concerne cette Conscience que je suis.
Cette Conscience que je suis est la résolution de toute la recherche spirituelle et de la
souffrance psychologique ― cette Conscience que Je suis. Ce n’est pas une pensée. Ce
n’est pas un comportement. Ce n’est pas une croyance. Ce n’est pas une sensation. Ce
n’est pas une histoire spirituellement correcte. Ce n’est rien. C’est ce que je suis, cette
Présence contemplative, et ce que j‘observe n’a pas d’importance. Je peux observer le
plaisir ou la douleur, la santé ou la maladie, l’égoïsme ou l’altruisme, la guerre ou la
paix. C’est la Paix qui est en paix avec la guerre. C’est la Paix qui est en paix avec la
paix. Cela n’a rien à voir avec la guerre ou la paix. C’est ce que Je suis, cette Présence
contemplative.
Toute idée ou attente qui se présente est hors sujet. Différentes traditions le disent
diversement. L’une d’elles dit que si vous voyez le Bouddha sur la route, tuez-le ! Si
vous êtes captivé par un Bouddha aimable, bon, paisible et bienveillant en cours de
chemin, tuez-le ! Si vous avez des idées bouddhistes, tuez-les toutes! Elles sont
inutiles. Elles ne vous aideront pas. Vous n’en n’avez pas besoin.
Cette Conscience que vous êtes est ce vers quoi pointent les anciennes traditions, ce
Je suis, cette Présence contemplative que nous sommes tous. C’est la résolution de
toute la recherche spirituelle et de la souffrance psychologique. Il n’y a rien à
chercher. Il n’y a personne qui obtient quoi que ce soit. Il y a juste cette Présence
contemplative qui a toujours été ici. Lorsque vous étiez une enfant qui se rendait à
l’école en jetant des coups de pied dans des cailloux, cette Conscience était là,
observant cette petite fille qui marchait en jetant des coups de pieds dans les cailloux.
C’est Ce qui observe ceci, maintenant. Vous pouvez voir vos pieds étendus. Elle
perçoit l’entièreté de la pièce. Ce qui est vu n’a aucune importance. Les objets de cette
Conscience n’ont pas d’importance, neti, neti. Quels que soient les pensées, les
sentiments ou les sensations qui se manifestent, ils n’ont pas d’importance. Cette
Conscience que je suis est intouchable. Elle est toujours. C’est ce que je suis.
Si vous continuez à manger de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, vous
souffrirez tous les jours de votre vie. Lorsque vous vous rendez compte que cet arbre
n’a aucune valeur, il est coupé et jeté.
Je ne suis pas cette entité séparée qui contrôle. Ce que je suis, c’est simplement cette
Présence contemplative qui observe le spectacle. Une partie est appréciée et une
autre pas. Il est comme il est et je suis libre par rapport à cela. Cette liberté n’est pas
la liberté d’être ‘’heureux’’, ni l’absence de peine. Quoi qu’il arrive, Je ne suis ni
‘’heureux’’, ni peiné. Le bonheur et la peine apparaissent.
Gary : Oui, et c’est réellement intéressant.
Stephen : Vous ne choisiriez pas autrement.
Gary : Cela continue de s’éclaircir. Plus je le vois à partir d’une perspective neutre et
il y a moins qui se manifeste. Cela s’apaise. Il y a moins de choses qui semblent se
manifester, ce que je n’aurais pas cru possible. Quand je ne lutte pas contre des
choses que je n’aime pas ou que je ne veux pas et que je leur permets de se
manifester, cela s’apaise.
Stephen : Cette observation, c’est comme observer les gens, quand vous êtes assis sur
un banc dans un parc et observez les gens. A présent, vous observez Eileen. Vous ne
faites qu’observer – sans en faire une pratique, simplement observer. Oh, regardez ce
personnage d’Eileen, avec toutes ses croyances !
Gary : Et ses faiblesses !
Stephen : Vous l’observez dans l’étonnement.
Eileen : C’est crucial, ne pas transformer cela en une pratique.
Stephen : Non, c’est une simple observation. Se lancer dans une pratique implique
que vous visez quelque chose. Vous êtes cette Présence contemplative.
Gary : Déjà. Tu l’as toujours été et tu le seras toujours.
Stephen : Si nous décidons de pratiquer la méditation, cette Conscience que Je suis
est ici et maintenant et la pensée de méditer apparaît dans la Conscience. Donc, je
m’assieds et je ferme les yeux pour méditer et il y a la conscience d’être assis ici, les
yeux fermés. Une demi-heure passe, puis le gong résonne, signalant la fin de la
méditation. Il y a la conscience du gong et de la fin de la méditation.
La Conscience que Je suis est ici avant, pendant et après la méditation. Vous ne
pouvez pas vous exercer, ni vous transporter par la méditation dans cette Conscience
que vous êtes. Vous ne pouvez pas sortir de cette Conscience que vous êtes. Celle-ci
observe toujours tout ce qui se passe. Tout ce qui apparaît dans la Conscience est
sans importance – pas ceci, pas ceci, neti, neti. Toutes vos attentes sont inappropriées.
Gary : Une chose que vous avez dite et qui était très bonne, c’est que la seule chose
que je sais, c’est que J’existe – et j’ai pensé, voilà, c’est cela !
Stephen : La seule chose que vous savez avec une absolue certitude indéniable, c’est
que cette Présence contemplative est. Ces autres idées sont des croyances, des
concepts qui nous ont été imposés. Vous n’aviez pas le choix, en ce qui concerne ces
idées folles d’Illumination et de ce à quoi cela ressemble. Elles vous ont été imposées.
Gary : Eh bien, cela aussi apparaît.
Stephen : Cela fait partie du jeu. Vous pouvez voir que ces croyances apparaissent et
puis en être libre. Vous pouvez voir que toutes les croyances et les idées qui
apparaissent ne sont pas vraies. Je suis l’observation de tout cela.
Gary : C’est intéressant, comment ces idées surgissent, c’est fascinant. D’où viennentelles ?
Stephen : Oui, comment cela est-il advenu ?
Gary : N’est-ce pas farfelu ? Je veux juste casser la tête de ce type, n’est-ce pas
intéressant ?
(Rires)
Stephen : Oui, ces pensées se sont manifestées. D’où sont-elles venues ?
Gary : Je ne connais même pas le mec.
Stephen : Il n’y a pas de moi qui crée ces pensées.
Gary : Mais c’est dur d’en arriver au point où il n’y a pas de moi, je pense. C’est très
enraciné.
Stephen : Eh bien, la souffrance vous amène jusqu’à ce point. La souffrance se
manifeste et elle entraîne la recherche spirituelle et la recherche spirituelle se termine
en voyant qu’il n’y a personne ici qui fait quoi que ce soit. Tout n’est qu’apparence.
C’est pourquoi on entend des expressions, comme ‘’rien ne s’est jamais passé’’, ‘’il
n’y a pas d’Illumination, ni personne pour être illuminé’’. Et il n’y a personne ici qui
a jamais souffert !
C’est l’éclair de lucidité qui fait tout sauter ― non seulement il n’y a personne ici
pour être illuminé, mais il n’y a personne ici qui a jamais souffert ! Il y avait une
histoire imaginaire qui se jouait dans la tête et qui générait une énergie perturbatrice
dans le corps et nous l’étiquetons sous le nom de ‘’souffrance’’. Nous disons ‘’je’’
souffre. Il n’y a personne qui souffre. Une histoire imaginaire se joue, tournant
autour du personnage appelé Stephen, Eileen ou Gary. Quand l’histoire est
troublante, une énergie inconfortable traverse le corps, que nous étiquetons comme
étant de la souffrance.
Gary : Et cela renforce le sentiment d’être un ‘’je’’ séparé.
Stephen : Oui.
Gary : Tony Parsons dit que tous ceux qui cherchent pensent être séparés et essayent
de devenir un.
Stephen : Et ils le sont déjà. Quand la recherche et la poursuite de l’Illumination sont
vues comme un ensemble d’idées constituant le jeu d’une histoire dans la tête, elles
sont vues comme de l’imaginaire, il est vu qu’il n’y a personne qui a jamais souffert,
il est vu qu’il n’y a personne qui puisse être illuminé – tout cela n’était
qu’imagination.
Gary : Ce que nous sommes n’est jamais né et ne peut jamais mourir.
Stephen : C’est cette Conscience que Je suis. Cette Vie universelle que nous sommes.
Ces formes particulières passent, la Présence universelle crée une nouvelle forme et
la vie continue.
Eileen : Mais le temps n’existe pas. Sans le temps, nous n’avons pas d’histoire. La
pensée crée le temps et l’histoire. L’histoire ne peut exister que dans le temps.
Stephen : C’est pourquoi c’est JE SUIS – et pas j’étais ou je serai. JE SUIS la voie. Et
pas j’étais la voie ou je serai la voie. Je suis la voie, la vérité et la vie9 – JE SUIS.
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Il reprend une parole du Christ, Jn 14.6, NDT.