(Chapitre traduit et extrait de son excellent livre ‘’ Perfect brilliant stillness beyond the individual self’’.) ‘’Il y a deux types de vérités : les petites vérités et les grandes vérités. On reconnaît une petite vérité à son opposé, le mensonge ; l’opposé d’une grande vérité, en revanche, est une autre grande vérité.’’ - Niels Bohr ‘’Les choses profondes sont simples. Il n’y a pas de vérité sans simplicité. Mais les choses simples sont ardues.’’ - Douglas Harding I ‘’Ceux qui étaient qualifiés pour enseigner, ces quelques rares personnes, à l’instar du Maharshi, disaient que le silence était plus efficace, mais dans les premiers stades, l’enseignement ne peut être donné que par une série de non-vérités diminuant en non-véracité en proportion avec la compréhension du pupille de la fausseté de ce qu’on lui enseigne. La vérité ne peut pas se communiquer. Elle ne peut qu’être mise à nu.’’ (Wei Wu Wei) L’acceptation de la personne ordinaire des illusions du moi individuel, de la ‘’réalité’’ physique, de la naissance, de la mort, de la création, de la destruction, du libre arbitre, de l’accomplissement personnel (en bref, de maya), comme étant la vérité a tellement inversé la perception de la vérité et de la fausseté que ce qui est vrai est généralement perçu comme faux et qu’on accorde généralement à ce qui est faux le crédit de la vérité. Dans un tel cadre, un maître qui proclame la vérité nue sera perçu par la personne ordinaire comme disant des mensonges ou peut-être même comme fou. Sans que cela ne soit sa propre faute, l’auditeur ne se donnera pas la chance de pouvoir entendre ni de comprendre ce qui est dit à cause de son conditionnement. C’est donc par compassion pour ses auditeurs et pour initier le processus de la compréhension que le maître commencera parfois par exprimer des petites doses de vérité par des images, par des illustrations ou par des catégories de pensées qui sont connues par le maître comme étant essentiellement inexactes et de leur côté, les auditeurs percevront cet enseignement comme étant ‘’vrai’’ (c’est-à-dire familier), pour l’essentiel, avec peut-être un quelconque élément déconcertant pouvant apparaître comme une non-vérité. Si celui-ci est exploré et si leurs propres présupposés sont remis en cause, les auditeurs pourront avec une aide comprendre la vérité de ce qu’ils perçoivent comme étant une petite non-vérité. Il pourra alors être possible pour le maître d’introduire progressivement dans ses enseignements plus d’éléments de vérité et de réduire tout aussi progressivement la fausseté utilisée pour rendre la vérité compréhensible. A un moment donné, les auditeurs commencent à reconnaître le décalage et l’incompatibilité de l’imagerie conventionnelle qui est utilisée comme un véhicule avec la vérité qui est communiquée. Lorsque les auditeurs saisissent ainsi la fausseté de ce qui leur est enseigné, le maître a la liberté de se dispenser du véhicule et d’exposer la vérité d’une manière que les auditeurs auraient trouvée inacceptable auparavant. Puisque la vérité se situe au-delà des concepts et du langage, cette exposition de la vérité comprendra nécessairement de moins en moins en matière d’affirmations de ce-qui-est et plus d’indications au travers de ce qu’elle n’est pas (c’est-à-dire la via negativa) jusqu’à ce qu’en fin de compte peut-être, les auditeurs puissent vraiment arriver à un point où ils seront capables d’entendre et de comprendre la vérité en silence, au sujet duquel Ramana Maharshi a dit que c’était la seule expression précise de la Vérité, mais malheureusement, très peu sont capables de l’entendre. Ce n’est que dans le silence que la liberté existe par rapport au dualisme qui est inhérent dans la structure sujet-objet du langage et de la pensée. II La Vérité, la Réalisation, le Soi, est Un(e), advaita, pas deux. Mais la façon dont l’enseignement, qui consiste en indications qui conduisent à la Compréhension s’exprime via tel ‘’maître’’ ou tel ‘’sage’’ variera beaucoup et cette expression sera déterminée, dans une mesure significative, par la programmation et par le conditionnement de l’organisme corps-esprit via lequel elle s’exprime. Tout particulièrement, le cœur de l’enseignement, la ‘’base’’ ou le noyau irréductible trouvera une expression unique dans chaque cas où l’aperception se sera produite et elle sera dans une grande mesure modelée par la manière, le contexte, les modalités et les circonstances par l’entremise desquels l’événement de l’Eveil aura eu lieu dans chaque cas. Ceci pourra peut-être être mieux illustré qu’expliqué. Dans le cas de Ramana Maharshi, l’Eveil a eu lieu, quand il était encore un jeune garçon. Ayant le sentiment irrésistible qu’il allait mourir, il s’allongea et laissa survenir une expérience saisissante de la mort en expérimentant à quoi cela ressemblerait lorsque les fonctions corporelles et mentales s’arrêteraient à l’instant de la mort. Après que cela se soit produit, il y eut la réalisation que le ‘’je’’ que l’on pense être mourait avec le corps et le mental. Néanmoins, même si ce faux ‘’je’’ et tout le reste disparaissaient, il reste encore le sentiment de pure existence, la Conscience, Je suis. Cela, réalisa-t-il est ce que le ‘’Je’’ est vraiment. Pas le corps, ni le mental, ni la personnalité, ni le sentiment d’être un être distinct(if) qui meurent tous, mais plutôt le ‘’Je’’ éternel. Dans le cas de Ramana Maharshi, ceci est la compréhension essentielle et donc, son enseignement reflétait cela. Il disait à ses auditeurs de ‘’simplement être’’, de ‘’suivre le Je suis’’ et de ‘’demeurer dans le Je’’. Le récit de Nisargadatta Maharaj sur la façon dont la Réalisation s’est produite est très différent. Il déclare que son guru lui a dit qu’il n’était pas qui il pensait, qu’il n’était pas le corps, mais plutôt, qu’il n’était en vérité rien d’autre que l’Absolu. Il dit qu’il a cru son guru, qu’il a pris à cœur ses paroles et qu’après trois ans de concentration et de méditation là-dessus, la Compréhension était complète. Et donc, ceci est le point sur lequel tout l’enseignement de Maharaj se focalise et il s’adressait à ses auditeurs sans faire aucun compromis en parlant à la première personne, comme s’il était l’Absolu, ‘’Je suis Cela’’, et pas comme un individu distinct(if) et il insistait pour qu’aucune question ne soit posée, basée sur l’identification avec le corps. De la part de quelqu’un qui a étudié avec un maître ou un guru avant que l’Eveil n’ait lieu viendra certainement un enseignement qui dit que le maître ou le guru est la voie. De la part de quelqu’un chez qui l’Eveil s’est produit spontanément sans maître pourra suivre l’idée qu’un guru n’est pas nécessaire. Quelqu’un chez qui l’Eveil a suivi une période intense de méditation et est inextricablement lié à une puissante expérience mystique pourra enseigner la méditation et le mysticisme. Vous pouvez lire des anciens maîtres, tels que Houang-Po, Houei-Neng et d’autres ou des maîtres modernes, comme Tony Parsons ou Adyashanti et encore trouver d’autres exemples. Ces expressions de l’enseignement fondamental, ce à quoi l’on revient toujours, comme étant l’essentiel, peuvent sembler varier très fort ou à tout le moins être très différentes dans ce sur quoi on met l’accent. Et cette différence est prioritairement due aux antécédents, aux milieux, aux cultures, aux penchants, aux circonstances et aux événements variables pour chacun des instruments corps-esprits et particulièrement en rapport avec l’événement de l’Eveil lui-même. Dans le cas de celui que j’en suis venu à appeler avec une certaine affection ‘’David Machin Chose’’1, le cœur irréductible de la Compréhension s’exprima par la première pensée qui se forma au moment où il y eut ce changement soudain de perception et où il fut clairement vu qu’il n’y avait ‘’ici personne’’. Il y a une Présence, un Etre, une Conscience. Il y a ce corps-esprit apparent, via lequel et sous la forme duquel la Présence se diffuse, opère et expérimente. Et c‘est tout ! Il n’y a pas de moi individuel distinct(if), d’entité ou de personne en dehors d’une simple construction de la pensée. Et donc, l’expression ici tourne nécessairement autour de cette base et elle revient toujours à ceci : c’est le sentiment du moi individuel qui est l’illusion, l’esclavage, 1 C’est-à-dire David Carse lui-même, NDT. l’obscurantisme basique. Quand on voit à travers ce sentiment illusoire d’un moi individuel et quand il se détache, alors il y a simplement Ce-qui-est et on s’éveille du rêve d’un moi individuel distinct(if). Ce à quoi on s’éveille, ce qui est compris, c’est seulement l’Un. Pourtant, chaque occurrence dans un instrument corps-esprit est différente, suivant les variables infinies dans la programmation et le conditionnement de chaque instrument et le scénario, le rôle ou la destinée que chacun joue dans le déploiement infini de la Conscience. Chacune a un parfum et un accent différent. Si la Compréhension est un château, certains y pénètrent par la porte d’entrée principale et d’autres par la porte de derrière. Il y en a qui entrent aussi par la fenêtre, peut-être en se faufilant subrepticement ou peut-être même en brisant une vitre en déclenchant toutes les alarmes. Il y en a même qui descendront par la cheminée ou qui enlèveront les tuiles du toit, une à une. Certains tomberont de haut, passeront à travers le plafond et se retrouveront par terre dans une pile de débris et dans la poussière, tandis que d’autres tendront leurs chapeaux au majordome en franchissant le porche et en entrant dans le salon. Et ces manières fort différentes via lesquelles celle-ci survient procureront un feeling particulier, une couleur spéciale, une subtilité distinctive à l’expression et à la description de cette saveur unique. La manière dont Ramesh2 parle de la Compréhension et la manière dont Tony Parsons parle de la Présence sont très différentes, possèdent une tonalité très particulière. Wayne Liquorman dit que vous n’avez pas le choix et Gangaji, que tout ce que vous avez, c’est le choix ! Néanmoins, ils indiquent tous essentiellement la même chose. Tous participent au déploiement infini de la Totalité. Dans sa forme, comme dans son expression, l’enseignement n’est jamais deux fois le même, mais la Compréhension, elle, est toujours non-duelle. Tous les panneaux indicateurs signalent Ce-qui-est… Partage-pdf.webnode.fr 2 Balsekar, NDT.