FATIMA-ZAHRA ACHOUR Professeur Habilitée Vice doyen chargée de la recherche IMANE ZEMZAMI Doctorante-Chercheur Kénitra Kénitra zemzami Résumé La littérature concernant les différentes dimensions soulevées par la notion de l’entrepreneuriat émergent à partir de ces développements, elles concernent dans un premier temps le concept de comme un processus par lequel un individu ou un groupe d’individus, en association avec une organisation existante, génère le renouvellement ou l’innovation au sein de cette dernière. comme étant un ensemble de pratiques et de processus décisionnels qui conduisent à une nouvelle entrée. Le terme « orientation entrepreneurial » est un concept qui se situe au niveau de l’entreprise et est étroitement lié au management stratégique et au processus de décision de variables clés, néanmoins, elles sont toutes traversées par le concept d’innovation faisant ainsi de l’entrepreneur un vecteur de développement économique (Fayolle, 2005). Vu l’intérêt croissant que portent les chercheurs et les praticiens à la notion entrepreneuriale, il parait nécessaire de réaliser un état des lieux des différentes évolutions qu’a connu ce champ, l’entrepreneuriat, tant au niveau économique que social. L’objectif principal de cet article est de réaliser un état des lieux des développements théoriques et conceptuels concernant les champs de l’entrepreneuriat, de l’intrapreneuriat et de l’orientation entrepreneuriale, et d’en explorer les pistes et les perspectives de recherches. Mots-clés : Entrepreneuriat ; Intrapreneuriat ; Orientation entrepreneuriale ; Innovation. Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 379 FATIMA-ZAHRA ACHOUR / IMANE ZEMZAMI INTRODUCTION Dans le contexte actuel, où règnent concurrence et incertitude, aucune entreprise n’est à l’abri idées, et à l’origine des idées, il y’a de la créativité (Bouchard, 2012), et cette créativité engendre un esprit entrepreneurial. Le concept de l’entrepreneuriat a vu le jour dans les années 1700, pour être ensuite relancé par et par plusieurs auteurs. Néanmoins, la base reste la même : La création d’entreprises, avec tout ce qu’elle suppose comme prise d’initiatives et de risques. D’autres conceptions ont été développées dans la littérature, rendant ainsi le concept plus large, ne se réduisant pas seulement à la seule fonction de création, mais prenant d’autres formes d’innovation, cette fois au niveau organisationnel ; nous faisons allusion aux concepts d’intrapreneuriat et d’orientation entrepreneuriale. L’objectif de cet article est de mettre en place une revue de la littérature à la fois pour le concept d’entrepreneuriat, d’intrapreneuriat et pour celui de l’orientation entrepreneuriale dans le but d’ouvrir le champ à d’autres voies de recherches. Dans sa conception socio-économique, le champ de l’entrepreneuriat occupe une place cruciale dans notre société contemporaine, et ce, de par sa contribution active à la création d’emplois, à la création et au renouvellement des entreprises et à l’innovation sous toutes ses formes (Fayolle, sur la notion d’entrepreneurs et d’entrepreneuriat et renvoie à la nécessité d’en établir les bases et émergées. Durant les années 80, de nombreux travaux avaient souligné l’aspect polymorphe des notions consensuelle de chacun. rassembler certains moyens, sous une certaine forme et pour un certain but. L’entreprise créée dispose d’une relative autonomie et la personne qui en a eu l’idée la dirige et prend le risque ». l’adhésion à des valeurs plus individuelles que collectives, un risque recherché ou accepté assez fort et un intérêt pour le développement beaucoup plus que le fonctionnement, p.206 ». L’entrepreneur est donc appréhendé comme un individu qui favorise le risque calculé, à la fois une forte personnalité et un esprit persévèrent qui lui renvoient une image positive de Hernandez, (2006)). 380 Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 notions clés (prise de risque, proactivité, vigilance entrepreneuriale) sans pour autant aboutir à un pionnières de la notion d’entrepreneurs : Tableau n°1 : Synthèse des différents auteurs sur le concept d’entrepreneur Œuvre majeur R. Cantillon (1755) J.B Say (1803) « Essai sur la nature du commerce en général ». « Traité d’économie politique ». « The theory of economic development ». « Competition and entrepreneurship ». l’entrepreneur L’entrepreneur est celui dont les gages sont incertains. L’entrepreneur Notions clés Prise de risque Pro activité économiques production. L’entrepreneur est l’agent du changement et ennemi de la routine. L’entrepreneur est un arbitre qui sait tirer Innovation Vigilance entrepreneuriale de déséquilibre économique. Source : Ces travaux pionniers jettent les premières pierres de la construction d’une théorie entrepreneuriale, leur évolution entre courants et contre courants débouche sur l’émergence de élément central de la démarche. La notion d’entrepreneuriat trouve principalement ses sources dans le champ des sciences ème siècle les notions de Baptiste Say (1803) aborde ensuite la question de la combinaison des moyens de production en différents aspects relatifs à la fabrication d’un bien nouveau, mettant en place des techniques de production nouvelles et sophistiquées et cherchant de nouvelles sources de matières premières travaux de ses prédécesseurs, Schumpeter souligne ainsi les principaux éléments qui caractérisent le processus entrepreneurial, dont la prise de risque, l’innovation, la saisie des opportunités et la coordination des ressources constituent les piliers majeurs. Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 381 FATIMA-ZAHRA ACHOUR / IMANE ZEMZAMI auteurs de l’école de Vienne, souligne, que la valeur réelle de l’entrepreneur ne se manifeste que dans des situations de déséquilibre économique, notant que dans un contexte d’équilibre, tous Les apports des économistes restent ainsi importants dans la construction historique du champ nouveaux éclairages aux travaux de ces derniers en analysant des éléments comme l’importance ressources. Cependant, il n’existe toujours pas un consensus bien établi concernant la théorie de à l’orientation entrepreneuriale. L’approche centrée sur les individus concerne les caractéristiques psychologiques des entrepreneurs, leurs traits de personnalité, leurs motivations, leurs comportements, leurs origines et leurs trajectoires sociales (Fayolle, 2005). Cette approche est ancrée dans le champ des sciences du comportement humain, plusieurs travaux ont ainsi tenté d’analyser et de comprendre dans les comportements de l’entrepreneur. Leurs questionnements portent sur « le caractère inné de l’entrepreneur », cette hypothèse donne naissance à deux courants de pensée scindés entre partisans et détracteurs. Le premier courant s’intéresse aux traits de personnalités des entrepreneurs, alors que le second analyse la dimension comportementale de ces derniers. Le premier courant émerge théories formalisées dans le champ de l’entrepreneuriat. La théorie de réalisation de soi se penche qui existent entre ses caractéristiques et le succès de l’entreprise (Messeghem et Sammut, 2011). le besoin de réalisation de soi, le besoin de pouvoir, le lieu de contrôle interne et la prise de risque calculée). Cependant, l’approche centrée sur l’individu a fait l’objet de nombreuses critiques, entrepreneurial, la démarche psychologique constitue donc une approche partielle et semble limitée de cette approche centrée sur l’individu. l’entrepreneuriat centrée sur « le comportement de l’entrepreneur » et sur « la création organisationnelle », et s’inscrit dans une logique de complémentarité par rapport à l’approche vers ce que fait l’entrepreneur et ne pas rester focalisé uniquement sur ses traits de personnalité. 382 Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 Messeghem et Sammut (2011) soulignent à cet effet que l’entrepreneur n’est plus le seul centre la complexité de modélisation et d’explication de la notion d’entrepreneuriat, et ce, en s’appuyant uniquement sur les traits psychologiques et sociaux de l’entrepreneur et à travers leur vision, ils proposent d’étudier le phénomène selon une approche globale articulée autour du processus entrepreneurial. Cependant, ayant fait l’objet de peu de recherches, les caractéristiques de l’entrepreneur (Le besoin de réalisation de soi, le besoin de pouvoir, le lieu de contrôle interne et la prise de risque calculée) peuvent constituer une voie de recherche intéressante, particulièrement dans une logique constructiviste, vu l’absence de l’existence d’une théorie formalisée du processus entrepreneurial. introduit la notion de processus dans le champ entrepreneurial et propose un cadre conceptuel décrivant le phénomène de création d’une nouvelle entreprise, en explorant le processus par lequel décrivant et jalonnant l’ensemble du processus entrepreneurial : La localisation des opportunités d’affaires ; L’accumulation des ressources ; Le lancement de produits et services sur le marché ; La mise en place d’une structure organisationnelle ; La prise en compte et la réponse des attentes du gouvernement et de la société. L’émergence de l’approche processuelle constitue donc une évolution de l’étude du phénomène entrepreneurial en dépassant l’unique aspect humain de l’entrepreneur, et en élargissant le champ que cette démarche induit d’une part une logique dynamique au phénomène entrepreneurial, car les projets de création d’entreprises évoluent dans le temps, et d’autre part, une logique holistique dans le sens où, cette évolution est la résultante d’un système de variables en interaction. entrepreneurial en se focalisant sur le processus de création d’entreprises, d’autres approches se développent en parallèle et tentent d’étudier le phénomène entrepreneurial sous sa dimension organisationnelle, ces approches jetteront les bases de la notion de l’orientation entrepreneuriale. En considérant l’entreprise comme principale unité d’étude, plusieurs auteurs tentent d’analyser comme l’innovation, la prise de risque, la proactivité, l’agressivité compétitive et l’autonomie entrepreneuriale est assimilée à la capacité de l’entreprise à saisir et à explorer de nouvelles opportunités. Deux courants de pensée émergent dans le cadre de cette approche : S’inscrivant dans une logique stratégique, le premier courant tend à conceptualiser et à mettre en place des outils de mesure de la démarche de l’entreprise. Trois modèles dominent ce courant de pensée et constituent une référence dans le champ de l’orientation entrepreneuriale (Zahra et Neubaum, (2000) ; Messeghem, (2001). Le premier modèle est celui développé par Miller Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 383 FATIMA-ZAHRA ACHOUR / IMANE ZEMZAMI : Two Models of Strategic Momentum», celle de l’autonomie et de l’agressivité compétitive. Par ailleurs, dans une logique descriptive et prescriptive, un second courant de pensée mené que l’entreprise doit mettre en place dans le cadre d’une démarche entrepreneuriale, jetant ainsi les bases du concept du management entrepreneurial au sein de l’entreprise. Les approches que nous avons abordées jusque-là constituent les premières étapes de la construction d’une théorie entrepreneuriale. Ces développements déboucheront par la suite sur l’émergence de deux notions fondamentales dans le champ de l’entrepreneuriat et qui vont être formalisées à travers les travaux de plusieurs auteurs, à savoir le phénomène intrapreneurial et l’orientation entrepreneuriale. structurée autour de tâches préalablement établies, restreint considérablement le champ de l’innovation, alors que cette dernière constitue la clé de voute de son développement. au centre des préoccupations de l’entreprise, en s’appuyant principalement sur son capital humain al. Le développement de stratégies et de comportements intrapreneuriaux devient alors essentiel et nécessaire aux entreprises qui veulent assurer leur position compétitive en s’appuyant sur la variable entreprises de survivre et de prospérer dans un environnement hautement concurrentiel (Filion, Une revue de la littérature concernant le phénomène intrapreneurial permet de conclure à une et le second est relatif au processus intrapreneurial. L’intrapreneuriat n’est pas un domaine récent. Les premières publications sur le sujet remontent Cette fragmentation est la résultante de l’existence d’une pléthore de termes pour la désignation de ce champ. Nous avons à titre d’exemple le terme « Corporate entrepreneurship » ayant vu Intrapreneurship », néologisme émanant de « Internal » et « Entrepreneurship » qui remonte aux années 80. l’intrapreneuriat comme le fait d’entreprendre dans une organisation déjà existante. Néanmoins, Le comment ?) Le quoi ?). 384 Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 Chrisman. Selon les deux auteurs, l’intrapreneuriat est le processus par lequel un individu ou un groupe d’individus, en association avec une organisation existante, créent une nouvelle organisation ou génèrent le renouvellement ou l’innovation au sein de cette organisation. de la part des deux parties. L’intrapreneur se retrouve alors dans un climat organisationnel l’organisation d’atteindre une certaine performance quel que soit la nature de cette dernière talentueux, s’engageant personnellement et entièrement dans la réussite du projet qu’il entreprend et pour se faire, l’organisation doit mettre à sa disposition les ressources nécessaires, un cadre de travail favorable et un système de motivation et de récompenses. La plupart des études qui se sont intéressées au concept d’intrapreneuriat ont eu comme objectif principal la mise en place d’une comparaison Intrapreneur/Entrepreneur. Matthews et al., (2001) ont mis en place cette comparaison qui avait porté sur les caractéristiques personnelles des deux manière identique, mais avaient des attentes plus modérées que celles des entrepreneurs naissants. le fait que le contexte dans lequel ils se trouvent n’est pas le même et exige des aptitudes différentes. Ceci dit, et à cause d’une certaine dépendance vis-à-vis de l’organisation et l’autonomie qu’il l’entrepreneur. l’entrepreneur dans le sens où, ils sont tous deux en quête d’opportunités nouvelles, prennent des étant donné qu’ils jouissent d’un même statut de salarié et sont dans l’obligation d’être habiles et En guise de récapitulation, le tableau ci-dessous illustre la distinction entre l’intrapreneur, l’entrepreneur et le manager : Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 385 FATIMA-ZAHRA ACHOUR / IMANE ZEMZAMI Dimensions-clés Entrepreneur Intrapreneur Manager Pouvoir de maitrise de Pouvoir comme désir son destin. de liberté créatrice (Pouvoir faire). Pouvoir hiérarchique (Pouvoir de faire faire). Symboles identitaires Titre et statut de propriétaire. Indépendance reconnue. Statut. Récompense Possibilité d’enrichissement fort. Surcroit de liberté de faire. Promotion. Rapport au système Pleins pouvoirs car organisationnel créateur de système. Utiliser les règles du système pour faire réussir un projet initialement hors-jeu. Utiliser les règles du système pour réussir sa carrière. Nature de l’activité Créer de nouvelles activités et organisations exnihilo. Créer de nouvelles activités Business developper innovant. Faire vivre des processus existants (gestionnaire d’activités existantes). Mode de fonctionnement Fonctionnement dominant à l’intuition en créant son propre langage. Fonctionnement dominant à l’intuition mais capacité de traduction dans le langage de l’entreprise mère. Limité mais grande liberté pour contracter avec n’importe quel acteur. Recherche de sources ressources aux outils de gestion (études, processus, procédures). Inscrit dans la démarche budgétaire. indirectes : pratique du troc par exemple. Source : Basso (2006). 2.2. Le processus intrapreneurial Ce second courant s’intéresse au processus intrapreneurial pris comme processus organisationnel. Pour ce faire, plusieurs chercheurs se sont tournés vers ce courant de pensée, en développant tout d’abord le volet relatif à la structure organisationnelle qui se doit d’être propice, l’intrapreneuriat au sein de l’entreprise. En effet, pour la durabilité de ce climat organisationnel propice, l’entretien d’une bonne culture al. est un élément clé dans l’implantation d’une pensée entrepreneuriale, qui prendra la forme d’une 386 Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 culture entrepreneuriale et qui s’exprimera ensuite en des pratiques managériales, qui pourront favoriser le développement de comportements intrapreneuriaux chez les employés (Champagne et environnemental et organisationnel de ce dernier (Hofsted et al., 2010). rencontrer les besoins changeants des consommateurs et d’améliorer sa position compétitive, p.31 ». marché, sans omettre le fait que c’est un phénomène qui joue un rôle essentiel dans le développement mettent sur le compte d’une optique d’engagement organisationnel de la part des employés. Le concept d’orientation entrepreneuriale revêt une importance particulière dans le domaine des sciences de gestion. Plusieurs auteurs s’y sont intéressés et à travers leurs apports, nous au concept en question et aux variables qui le composent. Le processus d’orientation entrepreneuriale est relativement récent (Cherchem et Fayolle, 2008) constituant l’un des rares concepts stabilisés en sciences de gestion. (Basso et al. dernier se trouve au croisement de deux domaines : la stratégie et l’entrepreneuriat. l’audace, le risque, l’agressivité compétitive dans la prise de décision, l’engagement dans la aujourd’hui la référence pour tous les travaux qui vont suivre. L’auteur met l’accent sur le p.775) ». Pour se faire, l’auteur a construit une échelle de mesure englobant les trois variables précédemment cherchait à démontrer l’impact positif des trois variables sur le fonctionnement entrepreneurial de pour les trois variables (Randerson, Fayolle, Cherchem et Casagrande, 2011), chose qui n’est pas admise par d’autres (Marino et Weaver, 2002) pour qui ces dimensions varient indépendamment l’une des autres. Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 387 FATIMA-ZAHRA ACHOUR / IMANE ZEMZAMI place un modèle conceptuel qui intègre la notion d’orientation entrepreneuriale sous une nouvelle variables, à la fois internes et externes, mais aussi stratégiques. de l’orientation entrepreneuriale, faisant ressortir comme variable de contingence des facteurs environnementaux et d’autres organisationnels, entre l’orientation entrepreneuriale d’une organisation et sa performance (Randerson et Fayolle, 2010). entrepreneurial comme un concept par lequel un individu poursuit une opportunité, quel que soit le degré de contrôle qu’il peut avoir sur les ressources dont il ou elle dispose. Dans leurs travaux, l’orientation entrepreneuriale étaient analogues (Basso et al. L’innovation produits, services et nouvelles combinaisons de ressources. Cette conceptualisation a inspiré d’autres chercheurs qui l’ont considérée comme le cœur de l’entrepreneuriat (Covin et Miles, les autres dimensions (Proactivité et prise de risque) qu’ils considèrent comme des conséquences de l’innovation. Quant à Lumpkin et Dess (2001), ces derniers décrivent l’innovation en termes de créativité et d’expérimentation. La prise de risque : Selon Fayolle et Legrain (2006), la prise de risque est certes une caractéristique essentielle du comportement entrepreneurial, mais son niveau d’analyse et sa mesure restent peu évidents à traiter. Durant les années 1800, John Stuart Mill décrivait la prise de risque comme une caractéristique prépondérante de l’entrepreneuriat (Cherchem et Fayolle, 2010). prises par l’entreprise, telles que le fait de s’aventurer dans de nouveaux marchés, tout en y injectant des ressources dans l’attente de résultats qui restent cependant incertains. La pro activité : Selon Cherchem et Fayolle (2008), la dimension de proactivité a moins attiré l’attention des chercheurs comparativement aux deux dimensions précédentes. Porter proactivité et la réalisation de gains économiques. L’autonomie : l’interdépendance d’action d’un individu ou d’une équipe dans le développement d’une idée ou d’une vision dans leur mise en œuvre (Fayolle et Legrain, 2006). Cela dit et malgré toute l’importance que lui accordent certains chercheurs, notamment 388 Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 totale. Néanmoins, elle reste une variable clé dans le champ de l’entrepreneuriat et dans celui de l’orientation entrepreneuriale, dans le sens où, elle accorde une grande liberté quant aux contraintes aussi bien sur le plan opérationnel que stratégique. L’agressivité compétitive : commencent à souffrir de ce qui est communément nommé « L’handicape de la nouveauté ». Dans de pareilles conditions, elles devront mettre en place une stratégie qui leur permettra de gagner en légitimité et de rétablir l’équilibre avec toutes leurs parties prenantes. sur le marché, tout en améliorant leur position concurrentielle via une meilleure performance, à la CONCLUSION nécessaire. En ce qui concerne le premier concept, celui de l’entrepreneuriat, ce dernier a connu depuis ces dix dernières années une évolution non négligeable, à la fois en termes de multiplicité de centre, au niveau organisationnel. Ces nouvelles formes entrepreneuriales ont pris les appellations d’intrapreneuriat et d’orientation entrepreneuriale. à tirer certaines conclusions quant aux pistes de recherches sur lesquelles le chercheur peut focaliser son attention. Idem pour l’orientation entrepreneuriale, un construit qui semble à première vue assez stabilisé sans l’être vraiment, et ce, à cause de la multitude de questions auxquelles il ne répond pas encore, à la fois ontologiques, théoriques et méthodologiques. Cela dit et à la lumière de ces observations, nous voudrions suggérer quelques pistes de recherche, à la fois théoriques et empiriques au sein du contexte marocain, contexte où très peu de recherches ont été effectuées à ce niveau-là. En effet, les trois concepts, à la fois celui de l’entrepreneuriat, de l’intrapreneuriat et de l’orientation entrepreneuriale pourraient être étudiés dans le contexte marocain, sachant qu’il constitue un terrain encore vierge et trop peu exploré. Cependant, le champ de l’entrepreneuriat peut être appréhendé de différentes manières, surtout l’intrapreneuriat au sein d’organisations non commerciales en se basant en grande partie sur la démarche d’innovation, essentiel à la participation des salariés à cet effet. L’intrapreneuriat gagnerait également à être étudié dans des organisations gouvernementales (Champagne et Carrier, al. (2000) et Messeghem (2003) ont montré l’intérêt d’étudier le phénomène dans ce contexte-là. Pareil pour le construit de l’orientation entrepreneuriale qui soulève une panoplie de questionnements. Le contexte marocain constituerait donc un terrain propice pour son étude, et ce, à travers différentes approches, sous différents angles et en association avec différents autres Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 389 FATIMA-ZAHRA ACHOUR / IMANE ZEMZAMI concepts, notamment celui de la culture d’entreprise, qui selon Zahra et al. (2000), jouerait un rôle phare dans l’opérationnalisation du construit de l’orientation entrepreneuriale. Theory and Practice, p. 13-22. Millennium, n°20, p. 271-285. de Québec. Montpellier. enjeux et perspectives » Journée de recherche « Entrepreneuriat et Stratégie », 1er Juillet 2008, Bordeau, France. Management, p.10-22. 390 Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 Cantillon, R. (1755) ; « La circulation et l’échange de biens et de marchandises » In Casson, M. Elgar Publishing Limited, p. 7-10. Environments» Strategic Management Journal, n°10, p. 75-87. Entrepreneurship Theory and Practice, n°7, p. 21-51. Chair d’entrepreneurship Maclean Hunter, HEC Montréal. Hernandez, E.M. (2006); « Les trois dimensions de la décision d’entreprendre » Revue française Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 391 FATIMA-ZAHRA ACHOUR / IMANE ZEMZAMI moderating effect of national culture on the relationship between entrepreneurial orientation Matthews, C.H. et al. (2001); « The context of new venture initiation: comparing growth expectations of nascent entrepreneurs and intrapreneurs » Proceeding of the 21st annual INC. Models of Strategic Momentum» Stategic Management Journal, n°3, p. 1-25. Nielsen, R.P. (2000); « Intrapreneurship as a peaceful and ethical transition strategy toward privatization» Journal of Business Ethics, vol 25, n°2, p.157-167. 392 Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°9-10, Janvier-Décembre 2014 perspective de l’économique- Les fondateurs, 572 pages. entrepreneurial studies, Babson college. 83-88. 27. management », Strategic Management Journal, n°11, p. 17-27. University Press. 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