Telechargé par Corinne B.

L'entretien-infirmier-en-psychiatrie

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L’ENTRETIEN INFIRMIER EN
PSYCHIATRIE
La rencontre avec l’autre…
DEFINITION
C’EST UN DIALOGUE ENTRE L’INFIRMIER(E) ET LE
PATIENT ET/OU SON ENTOURAGE DANS LES HEURES QUI
SUIVENT L’ADMISSION EN SERVICE HOSPITALIER, OU DÈS LA
PREMIÈRE RENCONTRE EN MILIEU EXTRAHOSPITALIER.
SELON LES CAS, CET ENTRETIEN A POUR BUT :
- D’ÉTABLIR UNE RELATION AVEC LE PATIENT,
- DE RÉPONDRE À SES QUESTIONS,
- DE RECUEILLIR LES INFORMATIONS SERVANT À ÉLABORER LA
DÉMARCHE DE SOINS INFIRMIERS,
- D’ORIENTER LA PERSONNE VERS LA STRUCTURE LA MIEUX
ADAPTÉE À SON ÉTAT.
L’entretien c’est COMMUNIQUER
« ON NE PEUT PAS NE PAS
COMMUNIQUER »
Paul Watzlawick
L’entretien c’est COMMUNIQUER
Shannon et Weaver
L’entretien c’est COMMUNIQUER
La communication verbale :
Il s’agit du langage de la personnes (ses mots) qu’il soit courant,
familier, argotique, vulgaire.
La communication non verbale :
Il s’agit :
- des attitudes corporelles, des signes ou gestes (mains, torse,
bras, jambes)
- Des apparences physiques (habillement, maquillage,…
- Mimiques
- Expressions émotionnelles
Selon Mehrabian, le sens d’une conversation repose à
7% sur les mots
38% sur l’élocution (le rythme et la prosodie : ton de la
voie)
55% sur les expressions visuelles (expressions du visage,
gestuelle du corps)
L’entretien c’est COMMUNIQUER
Les émotions faciales selon P. EKMAN :
COLERE
SURPRISE
PEUR
DEGOUT
JOIE
TRISTESSE
L’entretien c’est COMMUNIQUER
Les émotions :
Elles sont très importantes à observer lors d’un entretien
puisqu’elles définissent la réaction affective de la personne par
rapport à une situation réelle, passée ou symbolique.
Les émotions positives et agréables renforcent nos capacités.
Les émotions négatives ou insatisfaisantes réduisent nos
capacités momentanément.
il y a 6 émotions de bases :
-
La joie : le gain de quelquechose et engage le partage.
La peur : le danger et engage de se protéger, à se rassurer.
La colère : exprime un dommage subi et engage une réparation.
La tristesse : une perte et engage un deuil ou une compensation.
Le dégout : un rejet et engage des contre-attitudes.
La surprise : un plaisir ou une crainte.
L’entretien c’est COMMUNIQUER
TRANSFERT ET CONTRE TRANSFERT
TRANSFERT :
Il s’agit d’un processus psychologique qui tend à reporter
sur les personnes ou des objets, apparemment neutres, l'ensemble
des émotions et désirs ressentis par le sujet (amour, agressivité,
tendresse, haine) de façon souvent ambivalente.
- Le transfert positif : est composé de sentiments amicaux et
tendres conscients, malgré un fondement érotique inconscient.
Par exemple, le patient tente d'accaparer le soignant, lui offre
des cadeaux, son amitié voire plus.
- Le transfert négatif : il concerne l'agressivité, la méfiance et
l'hostilité. Le patient peut montrer des expressions de colère, se
livrer à des jugements et des critiques injustifiées à l'encontre
du soignant.
L’entretien c’est COMMUNIQUER
CONTRE TRANSFERT :
Il est du soignant envers tel ou tel malade, en dehors de
toute visée soignante.
Il désigne l'incapacité du professionnel à séparer la
relation thérapeutique de ses sentiments personnels et des
attentes du patient. Par exemple, le soignant pense au client de
manière excessive entre les entretiens, il s'y attache, éprouve un
sentiment d’incapacité professionnelle si le patient ne progresse
pas, a l'impression que le client est pour lui quelqu'un de
particulier et de spécial, ce qui crée soit du favoritisme, soit au
contraire une répulsion.
Ces contre-transferts existent toujours mais il est bon
d'avoir conscience de ce qui se passe en soi vis-à-vis du
patient et de ses émotions pour être plus efficace dans la
relation
L’entretien c’est COMMUNIQUER
La distance thérapeutique :
- Elle est différente pour chacun car chacun est unique
- Elle permet de « séparer », laisser à l’autre de l’espace,
tout en gardant une approche suffisante pour que le
patient se sente compris, entendu. NI TROP PROCHE –
NI TROP DISTANTE.
- Elle évolue dans le temps (du premier contact à la
relation de confiance)
- Elle est modifiable selon l’évolution des troubles
- Elle doit toujours être réinterrogée (par ex : passage du
vouvoiement au tutoiement)
L’entretien c’est COMMUNIQUER
La distance thérapeutique :
Dans une distance de proximité sans limite, que se passe t’il ?
Bénéfice :
• climat de confiance
Inconvénients : • phénomène d’empiètement dans les deux sens
• risque de vivre les échecs et les réussites de
l’autre comme les siennes
Conséquences : •besoin de séparation tôt ou tard (conflit,
violence, rupture de la relation), d’un côté comme de l’autre
Dans une distance d’attitudes rigides, froides ou distantes que se
passe t’il ?
Bénéfices :
• permet au soignant un recul dans l’observation
des troubles
• protège le soignant des projections affectives
Inconvénient : • rendre rigide les mécanismes psychiques du
patient.
Conséquence : • génère méfiance, angoisse, incompréhension de
part et d’autre.
L’entretien c’est COMMUNIQUER
Les Bonnes « attitudes » :
- l’écoute : nécessite une disponibilité et une ouverture
- Les encouragements : nécessite un regard positif sur la
personne
- La compréhension : nécessite des capacités d’empathie :
entrer dans ce que décrit la personne de sa situation.
- Montrer qu’on est concerné : ce qui arrive à la
personne vous importe.
- La capacité à donner la permission : donner de
l’espace de parole, à l’auto-analyse. Liberté de parole dans
un lieu privilégié.
- La confiance en son institution : être là non pas
comme une personne qui écoute mais tout un réseau
présent au bénéfice de la personne. C’est la capacité d’être
là
L’entretien c’est COMMUNIQUER
Les contre-attitudes (défenses soignantes) :
« Toute situation d’angoisse, d’impuissance, de malaise,
d’incapacité à répondre à ses propres espérances ou l’attente
d’autrui, engendre en chacun d’entre nous des mécanismes
psychiques qui, s’intaurant à notre insu, revêtent une fonction
adaptative et nous préservent d’une réalité vécue comme
intolérable parce que trop douloureuse » dictionnaire de la
psychologie.
- La fausse réassurance : « vous allez y arriver »
- Le mensonge : « vous avez des troubles psychotiques » au
lieu de dire vous êtes schizophrène.
- L’esquive : « regardez vous avez une belle famille » ; cela
peut aussi être physique « on en parlera la prochaine fois »
- La technicisation : se réfugier derrière une technique,
des actes ou des protocoles. « on va faire votre injection »
- La banalisation : « vous n’ètes pas le seul dans cette
situation »
- La rationalisation : « vous faites parti des X% de jeunes
dans cette situation »
- L’évitement : proche de l’esquive (mise à distance). c’est
plus un comportement qu’un discours : ne pas regarder le
patient, se focaliser sur le dossier ou ordi, la chambre ou
un soin technique.
- Lé dérision : c’est faire de l’humour sans objectif d’être
drôle : « pas de bras, pas de chocolat »
- La fuite en avant : c’est tout dire sans retenue. « vous
êtes SCZ et handicapé pour la vie »
- L’identification projective : « si j’étais à votre place » en
ressentant les émotions du patients pour lui.
- Les projections : « il a l’âge de mon père » ; « ça pourrait
être ma sœur »
- Le jugement : « vous n’auriez pas dû !!! »
- L’argumentation : « en faisant cela de cette façon… »
dans un sens logique et rationnel sans laisser place aux
émotions ou ressentis
- La consolation : « oh mon pauvre!!! » laissons plutôt
s’écouler la tristesse, les pleurs, la révolte,… qui seront
constructeur pour la suite de la prise en charge
Les contre-attitudes (défenses soignantes)
En plus d’être attentif à l’autre
il est important d’être attentif à
notre comportement soignant et
de l’adapter au BENEFICE ou
PRENDRE SOIN du patient
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Rappel :
- La rencontre entre deux
personnes
- Un contexte spécifique
- Un jeu de relation émotive et
affective
- Un objectif de communication
- Un échange structuré et TACTIQUE
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les entretiens formels :
- ils répondent à des objectifs préétablis, ils s’inscrivent dans
une PEC globale et doivent faire l’objet d’un processus
évaluatif. (pour un entretien de première intention,
l’entretien formel permet de poser un cadre d’emblée
contenant et favorisant la mise en lien des troubles).
- Le cadre externe est également déterminant : permanence
des personnes, de l’espace, du temps, du déroulement.
Exemple d’entretiens formels :
- Entretien d’accueil, de suivi ou d’évaluation.
- Entretien de première intention
- Entretien médical en binôme.
- Entretien de recadrage
- Entretien avec des proches, avec les différents intervenants.
Les objectifs :
- Évaluation des symptômes, suggestion conseil,
orientation,
- Création de liens relationnels positifs dans un cadre
déterminé et actions thérapeutiques
- Réhabilitation sociale et rééquilibrage des échanges
intrafamiliaux.
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les entretiens informels :
- ils répondent à des objectifs du moment. Ils sont ponctuels
avec émergence des besoins et évaluation.
- Le cadre externe est moins prégnant et nécessite une grande
souplesse de l’espace et du temps.
- Ils ont lieu à la demande du patient et/ou du soignant.
Exemples d’entretiens informels : lors d’un repas, dans un
couloir, en ballade, le soir au chevet du patient, lors d’un soin,
etc…
Les objectifs :
- Contenir une angoisse, une agressivité, une peur, un
appel autour d’une souffrance manifeste etc…
- Réinscrire le patient dans un cadre et rappeler les
interdits
- Créer et recréer des liens positifs
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les entretiens directifs :
Ils s’apparentent aux questionnaires ou interrogatoires avec
des questions essentiellement fermées, ordonnées ou
hiérarchisées.
Ce type d’entretien peut être fréquent lors d’un accueil
afin de relever un certain nombre de renseignements
concrets sur la personne
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les entretiens semi-directifs :
- Ici, le soignant dispose d’un guide d’entretien
-
il a en tête quelques questions qui correspondent à des
thèmes sur lesquels il propose de mener son investigation.
Ces questions ne sont pas posées de manière hiérarchisée
ni ordonnée, mais au moment opportun de l’entretien.
- Le soignant pose une question puis s’efface pour laisser
place à la parole du patient ; le soignant cadre tout de
même le discours, le canalise vers des thèmes définis
Ce type d’entretien peut être le plus fréquent puisqu’il se
situe dans « un juste milieu relationnel.
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les entretiens non directifs :
- Cette fois c’est le patient qui oriente son discours à sa
guise. Il parle librement de lui-même en contrôlant ce qu’il
dit et en menant son discours où il veut. Le soignant pose
une question ou circonscrit un thème puis s’efface
totalement pour laisser parler le patient.
- Les sujets sont illimités (souvenirs d’enfance, problèmes
professionnels, de santé, relation avec ses proches etc.
- Le soignant respecte les silences, les arrêts, les hésitations,
etc
- Le soignant peut faire des relances du type hochement de
tête, reformulation du dernier mot, de la dernière phrase,
petit mot d’encouragement, etc…
Cela donne une valeur singulière à la personne et une
idée de son fonctionnement personnel. Il est d’un grand
intérêt d’un travail personnel sur une difficulté propre au
patient.
Les différentes catégories de questions :
Questions ouvertes
Réponses détaillées :
« pouvez-vous me raconter
l’histoire de votre maladie »
Questions fermées
Réponses fermés :
« avez-vous bien dormi ? »
« voulez-vous manger ? »
Questions à choix restreints
Pour placer la personne
devant plusieurs choix :
« voulez-vous votre
médicament en comprimé ou
en liquide ? »
Questions directes
Réponses précises :
« qu’avez-vous fait aujourd’hui ? »
Questions indirectes
C’est une forme de feed-back :
« je me demande ce que vous
voulez dire quand vous dites
que vous avez vos secrets »
Fausses questions
Utilisées pour communiquer de
façon un peu déguisée :
« pensez-vous qu’un peu de repos
vous ferait du bien ? »
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les différentes conduites :
● conduite de prescription, suggestion, conseil :
Il s’agit dans la communication de donner de façon directe
ou indirecte, un conseil, un ordre ou de faire une suggestion
+ : c’est une conduite complémentaire qui apaise
une angoisse, sécurise et rassure.
- : manque d’autonomie, dévalorisation ; peut créer
une dépendance au soignant, voire une régression.
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les différentes conduites :
● conduite d’échange et d’information :
C’est une position dans la communication où l’on essaie
d’informer la personne et de lui expliquer la situation. On
répond à son questionnement.
+ : introduction d’élément de réalité, d’éviter les
malentendus ; cela permet quelquefois de replacer le
patient dans une position de citoyen utilisateur du système
de santé
- : le patient est plutôt passif, à l’écoute ou dans
l’opposition.
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les différentes conduites :
● conduite de soutien ou support :
Cela consiste à soutenir le patient en étant le plus
disponible, en l’écoutant, en lui donnant de la compassion et
de la chaleur humaine.
+ : sentiment de compréhension qui apaise les
tensions, les angoisses et/ou la dépression.
permet un renforcement positif .
- : relation en miroir : le soignant peut se faire
déborder par la problématique du patient et ne plus avoir la
distance nécessaire.
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les différentes conduites :
● conduite d’évaluation et de jugement :
C’est une position qui consiste à donner son point de vue
sur les dire et faire du patient, d’émettre un jugement
désapprobateur ou approbateur
+ : peut cadrer, rassurer, contenir
- : pas de dimension soignante sur le long terme si
le patient ne peut pas s’approprier cette prise de décision.
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les différentes conduites :
● conduite d’interprétation :
C’est une position qui consiste à interpréter le discours du
patient et à lui restituer cette interprétation comme
explication de ses troubles.
+:0
- : pas de dimension subjective de la problématique
du patient, de ses défenses, de ses résistances aux
changements. Cette conduite risque d’entrainer, soit un
rejet pur et simple de la relation ou une aliénation au
discours du soignant.
LES ENTRETIENS CLINIQUES
Les différentes conduites :
● conduite de compréhension : la reformulation :
C’est essayer d’exprimer à l’autre ce que l’on a perçu de son
message ; en tenant compte du degré d’intelligibilité, de la
personnalité du patient, on peut:
- répéter mot à mot ce qu’il vient de dire
- Reformuler ses mots dans le sens de ce qui vient d’être
dit
- Exprimer l’intention sous-jacente, le contenu latent de ce
qui vient d’être dit.
+ : vérifier si l’on a bien compris ce que le patient
voulait dire
aider le patient à identifier ce qu’il a compris
par rapport à ce qu’il vient de dire (compris sans jugement
défensif), et l’encourager en toute confiance à approfondir
son discours
éclairer le patient quant à son propre discours
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