Thème 1 : Le rapport des sociétés à leurs passés Chapitre n°1 : L’historien et les mémoires de la seconde guerre Mondiale Souvent affective et changeante pour les individus, la mémoire et devenue un objet d’étude pour les historiens. C’est le cas pour la seconde guerre mondiale qui a laissé des traces douloureuses. Dans quelle mesure les historiens peuvent il contribuer à un apaisement mémoriel ? Introduction : Mémoires, histoire Le passé nous est connu grâce à l’histoire. L’histoire est construite à partir de recherches s’appuyant sur des documents variés, y compris des témoignages pour les évènements les plus récents. Ceux qui ont vécu les évènements en conservent un souvenir plus ou moins altéré d’où le nom de « Mémoire ». Ces mémoires sont souvent collectives (c’est à dire qu’elles sont portées par des groupes). Par exemple les mémoires des résistants ou encore celle des collaborateurs. Les mémoires sont affectives et avec le temps elles se chargent de mythes. Ainsi les mémoires ne peuvent constituer l’histoire car elles ne sont pas objectives. L’historisation des mémoires c’est la confrontation des différentes mémoires avec d’autres documents. Frise chronologique de la France pendant la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945) Début de la Seconde Guerre Mondiale er (1 sept 1939) 1939 Attaque de l’Allemagne nazie (10 mai 1940) Rencontre de Montoire entre Hitler et Pétain, et statut des Juifs (octobre 1940) 1940 1941 Invasion allemande de la zone libre (nov 1942) Création du STO (février 1943) 1942 1943 Débarquements alliés de Normandie (6 juin 1944) et de Provence (15 août 1944) 1944 1945 1939 Appel à la résistance du général De Gaulle (18 juin 1940) et création des FFL Armistice signé par le maréchal Pétain (22 juin 1940) Rafle des Juifs au Vélodrome d’Hiver (16 juillet 1942) Création du CNR (mai 1943) Libération de Paris par l’armée française (25 août 1944) Fin de la Seconde Guerre Mondiale (2 septembre 1945) La « drôle de guerre » Division de la France Occupation totale de la France Etat français du Maréchal Pétain : Collaboration avec l’Allemagne Gouvernement Provisoire de la République française du général De Gaulle LES MÉMOIRES DE LA SGM 1 I. 1945 -1970 : Le mythe résistancialiste, celui d’une France majoritairement résistante En 1944-1945, il faut tourner la page de l’occupation et restaurer la république : les principaux responsables de Vichy sont jugés. La majorité des français s’identifie à la mémoire glorifiant la restante : c’est le mythe résistancialiste. Le 25 aout 1944 Paris se libère et accueille triomphalement le Général De Gaulle : l’Homme du 18 juin. En 1945 De Gaulle œuvre pour la réconciliation nationale. Il est le chef de la 2ème République et va gouverner la France à sa libération. Il prend la place du Maréchal Pétain. Les français sont très divisés, c’est à dire qu’il y a un risque de guerre civile entre les anciens collaborateurs et les résistants que De Gaulle veut absolument éviter. Les résistants traquent (ce ne sont pas les seuls) les collaborateurs, on parlera de chasse à l’homme, avec des épurations sauvages. Parmi les collaborateurs il y avait par exemple les miliciens (police du maréchal Pétain) qui traquaient et livraient les juifs. De Gaulle va interdire cette chasse et met en place des procès, le tout premier étant celui de Pétain qui sera condamné à la peine capitale mais ne sera pas exécuté et finira sa vie en prison. Pour les français Pétain était le héros de Verdun et était très âgé donc De Gaulle l’épargna. Il veut glorifier la résistance, il va développer le souvenir de la résistance. L’objectif est d’installer l’idée que la majorité des Français a résisté et appelle le peuple français de héros. Cependant il est important de préciser que seulement 5 à 10% des français ont réellement participé à la résistance, et 5% ont collaborés. Il veut mettre le régime de Vichy entre parenthèse avec des lieux de mémoire comme par exemple le Mont Valevien à l’ouest de Paris ou encore le Plateau des Glières en Haute Savoie où se dérouleront des cérémonies en mémoire des résistants. On glorifie des hommes et des femmes ayant joué leur vie pour cela : Lucie Aubrac, Guy Moquet par exemple. Jean Moulin, une icône de la Résistance On en a fait la figure de la Résistance française. Il fut arrêté par la gestapo (Klaus Barbi). En 1964 le Général De Gaulle organisa une cérémonie au Panthéon. Il y aura un transfert des cendres de jean Moulin, il en a fait un véritable héros. D’ailleurs André Malraux fera un discours très émouvant à l’époque. Une production cinématographique qui entretient le mythe La bataille du rail : René clément 1946, ce film retrace la résistance des cheminots français pendant la seconde guerre mondiale et les efforts de ces derniers (sabotage) pour perturber la circulation des trains pendant l’occupation nazie. Nuit et brouillard : 1955 : Alain Resnais, à la demande du comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, se rend sur les lieux où des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont perdu la vie. LES MÉMOIRES DE LA SGM 2 II. Le Tournant des années 1970 : La France face à son passé En 1970 le contexte a bien changé depuis la seconde guerre mondiale. Dans un premier temps il y a eu la mort du général De Gaulle qui fut l’un des rare personnage à avoir une dimension historique de son vivant. De plus la nouvelle génération n’a pas connu la guerre. On a aussi le déclin du PCF (Parti Communiste Français) : après la guerre 1 français sur 3 votait communiste à la libération par réaction contre le maréchal Pétain. Les électeurs à l’époque n’entendent que du bien du communisme, d’ailleurs le parti se nomme « Le parti des 75 000 fusillés ». Il est intéressant de préciser que les historiens ont déduit qu’il y a eu 25 000 fusillés de toutes origines politiques confondues … Il y a eu plusieurs Vecteurs concernant la mémoire de la seconde guerre mondiale : • Le film « Le Chagrin et la Pitié » Marcel Opliuls. Il tourne un documentaire à Clermont Ferrant et interroge l’occupation. Le régime de Vichy appelé les résistants terroristes, et bien que le film n’ai pas reçu de publicité il sera visionné par 500 000 français. • Le livre de Robert Paxton « La France de Vichy » On parlera de révolution Paxtonienne, puisque l’auteur tombé sur des archives allemandes détruira la théorie de « l’histoire de vichy » par Robert Haran qui avait minimisé la responsabilité de Pétain et de Vichy dans la collaboration. Il va ainsi démontrer le contraire et n’aura pas un accueil triomphal : il est le premier à démontrer la collaboration volontaire de la France avec l’occupant nazi. Paxton révèle que la France de Vichy est impliquée dans la déportation. Pétin propose la collaboration de la France à Hitler en versant à l’Allemagne de denrées, du matériel militaire, de l’argent … Lors de l’entrevue à Montoise, Pétain propose à Hitler une collaboration : • économique : 400 millions par jour • militaire : ❖ La Raffle du Vel d’Hiv (16 juillet 1942) fut d’ailleurs organisée et perpétrée par des français environ 12 000 morts ❖ Camps d’internement sur le sol français comme le camp des Miles (Aix) ou encore le camp de Pithiviers Loiret. Ces révélations permettent l’émergence des mémoires refoulées (comme par exemples celles des prisonniers de guerre qui incarnent la défaite, les travailleurs du STO, survivants de la Shoah …). L’émergence de la mémoire Juive - La bataille du rail alimente le mythe résistancialiste : gloire à la résistance. - Nuit et brouillard Alain Resnais nous présente la déportation. Dans ce film, on ne voit pas la spécifié de la Shoah pourtant les juifs représentent 90% des déportés avec 6 millions de victimes et ce film ne permet pas de faire émerger la souffrance juive. En effet on connaissait le phénomène de la déportation mais les gens n’avaient pas conscience du nombre de victimes juives. La mémoire juive émerge dans le contexte du négationnisme dans les années 1970. Ce sont des gens qui nient les installations d’extermination comme les chambres à gaz. LES MÉMOIRES DE LA SGM 3 Selon eux les juifs veulent se victimiser. Ces gens font donc preuve d’antisémitisme et créaient le doute chez les jeunes générations. Cette mémoire juive a plusieurs vecteurs : • le cinéma : Shoah de Claude Lanzmann crime commit par les nazies, il interview des gens et montre le système de la déportation. Il y a aussi Holocauste une série qui montre l’horreur de la Shoah. • Les témoignages de survivants devant les journaliste ou même des élèves tel que Gotlieb ou encore Simone Veil Les procès : passage en justice des crimes de guerre (environ 10 000 personnes ont participé à l’extermination des juifs) Au lendemain de la seconde guerre mondiale : Les procès de Nuremberg ont pour but de juger les responsables Nazi après la défaite de l’Allemagne nazi. • Le premier procès qui va permettre de mettre en lumière l’histoire juive est pourtant celui d’Adolf Eichmen qui se déroulera à Jérusalem en 1961. Il s’agit de l’homme responsable de l’organisation des convois de déportation. Il fuit l’Allemagne et la justice pour se réfugier en Argentine et refait sa vie avec l’aide su gouvernement argentin complice des réfugiés Nazis. Il est retrouvé en 1961 par la communauté juive pour être jugé à Jerusalem, son procès se nomme le Nuremberg des juifs. Ce procès mettra en lumière le destin des prisonniers juifs durant la guerre. Il sera condamné à mort. Ce procès aura une répercussion mondiale et l’antisémitisme de Vichy est alors dénoncé. Dans les années 80 et 90 en France vont être organisés plusieurs procès qui vont éclairer sur la responsabilité des français dans la déportation. Serge Klarsfeld avocat et historien juif français marié à une allemande : Beate vont traquer les responsables de la Shoah, ils vont alors chercher dans les archives et vont faire passer en justice ceux qui ont assisté les allemands dans la déportation. Klaus Barbie en 1987, chef de la gestapo de Lyon. Des gens viennent témoigner à la barre et il est condamné à la peine maximale, la prison à vie où il mourra. Ce dernier a torturé Jean Moulin. Paul Touvier chef de la Milice à Lyon en 1994. Il s’est caché à Nice chez des religieux à la libération. Il fut le premier français à être condamné pour crime contre l’humanité : prison à vie. Il y a aussi eu le procès de Maurice Papon, ancien ministre en 1997 il a livré aux allemands des milliers de juifs. • Les politiques assument officiellement la responsabilité de la France dans la déportation : En 1995 il y eu le discours du président Jacques Chirac qui reconnaît officiellement la responsabilité de la France dans la déportation. En 2005 s’ouvre à Paris le mémorial de la Shoah, on y commémore les victimes de la Shoah et ainsi la responsabilité des français. LES MÉMOIRES DE LA SGM 4 Conclusion : La spécificité du génocide juif est aujourd’hui clairement identifiée. Le devoir de mémoire s’exprime à travers des dates commémoratives comme le 16 juillet (vel d’hiv), des lieux comme le mémorial de la Shoah, le concourt national de la résistance, les voyages à Aushwitz ainsi que les témoignages des derniers survivants dans les établissements scolaires. La France assume aujourd’hui son passé, elle reconnaît son implication dans la déportation mais honore toujours la résistance. Ainsi, les mémoires de la Seconde Guerre mondiale connaissent une évolution en deux temps : de 1945 aux années 1960, sous la houlette du général de Gaulle, une mémoire héroïque, fondée sur le mythe résistancialiste, tend à s’imposer ; à partir des années 1970, en lien avec le déclin du gaullisme, cette mémoire est remise en cause, ce qui permet notamment l’émergence d’une mémoire spécifique à la Shoah. LES MÉMOIRES DE LA SGM 5