Le lupus en médecine interne au Maroc

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Lupus médecine interne Maroc
Cahier de l’auto-immunité
Le lupus en médecine
interne au Maroc
[Sélectionnez la date]
Le lupus un mal féminin
Le lupus érythémateux est une maladie auto-immune
dans laquelle le système immunitaire s'attaque aux
composants sains dans pratiquement toutes les parties
du corps. La maladie affecte les femmes neuf fois plus
souvent que les hommes, en particulier d’origine
africaine ou asiatique, plus sensibles à la maladie que
les Européens. Il en résulte de ce dérèglement des
répercussions graves sur les organes vitaux tels que
les reins, le cœur et le système nerveux.
Lupus Médecine interne Maroc
DU DIAGNOSTIC A UNE PRISE EN CHARGE OPTIMALE
Le Lupus érythémateux systémique est l’archétype des maladies auto-immunes.
Résultant d’attaques contre les noyaux cellulaires, il est à l’origine de lésions
susceptibles de toucher pratiquement tous les organes et donnant à la maladie un
caractère complexe et polymorphe. Il existe aussi une forme cutanée bénigne de
la maladie
Le lupus (1,2) se caractérise par une prédominance féminine (9 à 10 femmes
pour un homme), un pic de fréquence entre 20 et 30 ans, un début des atteintes
avant 16 ans dans 10/15 % des cas (le lupus pédiatrique est souvent plus sévère
avec des atteintes rénales courantes) et une prévalence comprise selon les
ethnies entre 3 et 150 cas pour 10 000 habitants, soit autour de 20 000 personnes
au minimum au Maroc. Les populations noires, notamment antillaises et afroaméricaines, en sont particulièrement touchées.
Le terme de lupus, loup en latin, est utilisé dès l’an 1 000 pour évoquer des
affections de la peau dont les marques font penser à des morsures. Il a pris son
sens actuel au XIXe siècle par référence certainement au masque vénitien
également appelé masque de loup, d’où a découlé cette dénomination par les
dermatologues qui ont réalisé les premières descriptions des atteintes cutanées.
SOMMAIRE
1/ UN CHAMP TRES VASTE DE MANIFESTATIONS
2/ LA BIOLOGIE, UN OUTIL INDISPENSABLE AU DIAGNOSTIC
3/ DE NOMBREUSES AVANCEES DANS LA PRISE EN CHARGE
4/ GROSSESSE : UNE PERIODE A RISQUES
5/ LUPUS MEDICAMENTEUX : QUAND FAUT-IL Y PENSER ?
6/ L’EDUCATION THERAPEUTIQUE, UN ELEMENT PRIMORDIAL DE
SUIVI
7/ REFERENCES
8/ ANNEXES
A/ UNE AUTO-DESTRUCTION DE L’ORGANISME : LES MALADIES
AUTO-IMMUNES
B /LA MEDECINE INTERNE ET LES MALADIES AUTO-IMMUNES
C /ABSTRACT ABOUT LUPUS AND AUTO-IMMUNE DISEASES
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1/ UN CHAMP TRES VASTE DE MANIFESTATIONS
Les signes initiaux les plus fréquents sont une peau sensibilisée au soleil, des
atteintes articulaires et une sensation de fatigue. Le lupus présente ensuite un très
large éventail de manifestations, allant d’atteintes légères à une maladie gravissime
engageant le pronostic vital.
L'un des symptômes les plus importants du lupus (érythémateux) est une
sensibilité au soleil, qui touche 80 % des patients et se manifeste par de larges
taches (de peau) rouges qui prennent la forme d'un papillon recouvrant le visage,
les joues et le nez. Cette éruption peut toucher d'autres parties du corps exposées
au soleil, telles que le cou, la partie supérieure de la poitrine et les avant bras. C'est
un signe très important parce que grâce à cela et avec d'autres critères de
diagnostic, nous pouvons distinguer entre le lupus (érythémateux) et d'autres
maladies auto-immunes (systémiques) proches comme la polyarthrite rhumatoïde
et le syndrome de Gougerot-Sjogren.
Parmi les autres symptômes communs (de la maladie), et qui touchent environ 90%
des patients, on trouvera une douleur articulaire (de type) inflammatoire, de
sorte que le pic de la douleur survient la nuit avec une amélioration relative
pendant la journée après une période de raideur matinale. Il est possible qu'il y ait
gonflement et rougeur des articulations. et que cette inflammation affecte toutes les
articulations. Cette atteinte (articulaire) concerne en général les petites articulations
de la main et ne cause pas en principe leur destruction contrairement à la
polyarthrite rhumatoïde.
Son évolution se caractérise par l’alternance de périodes symptomatiques et de
rémissions. Selon les organes touchés, le lupus va s’exprimer de façon variable
d’un patient à l’autre. On peut avoir en effet, en même temps ou successivement :
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Lupus Médecine interne Maroc
1.
. des problèmes rhumatologiques dans 80 % des cas (polyarthrites, arthrites
déformantes appelées rhumatismes de Jacoud) ainsi que des atteintes osseuses
(ostéonécrose et ostéoporose) ;
2.
. des atteintes musculaires (myalgie et myosites) ;
3.
. des attaques rénales dans 40 % des cas ;
4.
. des manifestations neurologiques : crises épileptiques dans 15 % des cas,
accidents vasculaires cérébraux, essentiellement ischémiques ;
5.
. des atteintes cardiaques du péricarde, du myocarde et des valves ;
6.
. des manifestations vasculaires : hypertension, thromboses veineuses et
phénomène de Raynaud (ce dernier se rencontre chez 20 à 30 % des patients où il
demeure bénin ; il se caractérise par des problèmes de la circulation du sang dans
les doigts ou les orteils ; les zones touchées deviennent blanches, souvent à la
suite d’une exposition au froid) ;
7.
. des affections respiratoires : une pleurésie est relevé dans 25 % des cas,
une hypertension artérielle pulmonaire dans 3 à 14 % ;
8.
. des manifestations hépato-entérologiques : pancréatites, hépatopathies,
entérites…et fréquemment effets secondaires variés dus aux traitements ;
9.
. des troubles hématologiques : thrombopénies, neutopénies, anémies
hémolytiques ;
10.
. des troubles oculaires très divers : neuropathies, rétinites, syndromes secs.
Le lupus peut s’associer à d’autres maladies auto-immunes, notamment des
thyroïdites, le syndrome de Gougerot-Sjögren dans 30 % des cas et le syndrome
des antiphospholipides (apparition de caillots de sang au niveau des artères et des
veines).
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2/ LA BIOLOGIE, UN OUTIL INDISPENSABLE AU DIAGNOSTIC
Le diagnostic (4) repose sur la recherche des anticorps anti-nucléaires, en
particulier par la technique d’immunofluorescence indirecte cellules Hep2 qui les
met en évidence dans 99 % des lupus. Ces anticorps ne sont pas exclusifs au
lupus.
Les Anti-DNA sont très spécifiques du lupus, en particulier s’ils sont à taux élevé.
Néanmoins, ils ne sont pas constants mais présents dans 50 à 80 % des cas. Les
anticorps anti-Sm sont décrits exclusivement dans le lupus, mais ne sont présents
que dans 10 à 20 %. Les anticorps anti-Ro/SS-A et/ou anti-La/SS-B sont décrits
dans 30 à 70 %, sachant qu’ils sont également observés dans 40 à 70 % des
syndromes de Gougerot-Sjögren primaires.
Ce profil sérologique influence le polymorphisme de la maladie. Les patients ayant
une baisse du complément et des titres élevés d’anti-ADN ont plus de risque de
néphropathie. Ceux avec des anti-SSA développent plus typiquement une
photosensibilité, des lésions cutanées, un syndrome sec et de l’arthrite. Ceux avec
anti-RNP présentent plus de risques de myosite et d’hypertension artérielle
pulmonaire.
Du fait du caractère très divers des modes de présentation de la maladie, la
classification (5) élaborée par l’American College of Rheumatology (ACR) en 1982,
modifiée en 1997, est un instrument utile : la présence d’au moins 4 sur les 11
critères proposés doit permettre la confirmation d’un lupus avec une sensibilité et
une spécificité de 96 %. Cependant, la présence de 3 critères suffit parfois à poser
ce diagnostic.
Critères diagnostiques ACR (Révisé 1997) pour le Lupus érythémateux
disséminé
Au moins 4 critères sur 11 dans le suivi de la maladie (Sensibilité = 95% et
Spécificité = 85%) :
1.
Eruption malaire en ailes de papillon
2.
Eruption de lupus discoïde
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Photosensibilité
Ulcérations orales ou nasopharyngées
Polyarthrite non érosive
Pleurésie ou péricardite
Atteinte rénale : Protéinurie > 0.5g/24h ou cylindres urinaires
Attteinte neurologique : Convulsions ou psychose
Hémato : Anémie hémolytique ou Leucopénie < 4000/mm3 ou Lymphopénie
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< 1500/mm3 ou Thrombopénie < 100 000/mm3
10. Immuno : Anticorps anti-ADN natif ou Anticorps anti-Sm ou fausse sérologie
syphilitique
11. Anticorps antinucléaires à taux anormal (en l'absence de médicaments
inducteurs)
3/ DE NOMBREUSES AVANCEES DANS LA PRISE EN CHARGE
La prise en charge du lupus a connu de grands progrès ces dernières décennies.
En France, la survie à 5 ans, inférieure à 50 % en 1955, est actuellement
supérieure à 90 %. Le taux de décès reste néanmoins 4 fois supérieur à celui de
la population générale. Les deux principales causes de décès dans les 5 premières
années de la pathologie restent les atteintes rénales et les infections. Après 5 ans,
les deux principales causes sont les atteintes vasculaires et les complications
infectieuses (6). Au Maroc (7), d’énormes progrès restent à faire du fait surtout de
diagnostics tardifs ou même jamais posés jusqu’au décès.
De nombreux outils d’activité de la maladie existent (BILAG : British Isles Lupus
Assessment Group index, ECLAM : European Consensus Lupus Activity
Measurement, SLAM : Systemic Lupus Erythematosus ActivityMeasure, SLEDAI :
Systemic Lupus Erythematosus Disease Activity Index). Ils présentent une utilité
certaine en ce sens qu’ils servent d’aide mémoire devant tout type de situation (8).
Le traitement de fond (9) repose sur l’hydroxychloroquine (Plaquenil) qui
demande une surveillance annuelle des yeux (risque de rétinopathie). Celui-ci est
parfois insuffisant et, en cas de poussée et selon leur intensité, il faut ajouter un
anti-inflammatoire, la cortisone le plus souvent, et des immunosuppresseurs
(principalement azathiopine, cyclophosphamide, mycophenolate mofétil). Si les
corticoïdes ont un effet rapide et efficace, ils sont responsables de la plupart des
effets secondaires les plus graves et un facteur majeur d’infections.
Deux manifestations répandues méritent l’attention : l’atteinte rénale, à cause de
sa gravité et l’atteinte articulaire à cause de sa fréquence et de son impact
sur la vie des patients (10).
La néphrite lupique se définit à partir d’une protéinurie persistante de plus de 0,5
g par jour ou la présence de cylindres urinaires mixtes, y compris érythrocytaires,
granuleux et tubulaire. On peut aussi dépister l’atteinte rénale active par un spot
urinaire avec un rapport protéines/créatinine >0,5 (remplaçant la protéinurie de
24h) et un sédiment urinaire avec la démonstration de plus de 5 leucocytes et
globules rouges dans le sédiment, en l’absence d’infection et, au gros
grossissement, à la mise en évidence de cylindres urinaires. Cyclophosphamide,
mycophénolate et azathioprine sont les plus utilisés pour l’induction de la
rémission et la maintenance.
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Pour l’atteinte articulaire, l’imagerie moderne démontre que les synovites ainsi
que les ténosynovites sont courantes et les atteintes érosives possibles dans plus
de 50 % des cas (à l’IRM). L’arthrite lupique est une atteinte inflammatoire
agressive comme dans la polyarthrite rhumatoïde. Le méthotrexate,
l’azathioprine ou le léflunomide sont alors des thérapeutiques recommandées.
La première biothérapie pour le lupus, le Belimubab, a par ailleurs été mise sur le
marché ces dernières années. Anticorps monoclonal entièrement humain, il
provoque l’apoptose des lymphocytes B auto-réactifs (11). Il a démontré son
efficacité à long-terme pour la réponse globale, la diminution des poussées et
l’amélioration des scores de qualité de vie. De nombreuses autres molécules sont
actuellement en voie d’expérimentations.
4/ GROSSESSE : UNE PERIODE A RISQUES
La femme enceinte doit être suivie de près en raison de
complications possibles et graves pour la mère ainsi que des risques pour l’enfant
d’un lupus néonatal. Celui-ci, lié à la transmission passive d'auto-anticorps
maternels, se traduit par des signes divers : éruption cutanée, photosensibilité,
hépatite, pneumonie, bloc auriculo-ventriculaire congénital (BAV), anémie
hémolytique, leucopénie ou thrombopénie. Hormis le BAV, ces manifestations
disparaissent habituellement au bout de six mois. Si la gestion de la grossesse est
bien assurée dans les pays développés, il n’en est pas de même encore dans les
pays intermédiaires comme le Maroc, où bien des femmes enceintes et atteintes de
ce mal ne sont pas encore diagnostiquées à ce moment là, ce qui peut déboucher
sur des catastrophes
5/ LUPUS MEDICAMENTEUX : QUAND FAUT-IL Y PENSER ?
Certains médicaments (phénytoïne, primidone, carbamazépine,
trimétadione,
streptomycine,
isoniazide
phénothiazines,
chlorpromazine,
lévopromazine, prométhazine, bétabloquants, hydralazine, alpha-méthyl-dopa,
pénicilline, tétracycline…) sont susceptibles d’induire, chez des sujets surtout âgés,
un lupus, réversible à l’arrêt du traitement. Ces médicaments donnés chez un
lupique sont, par contre, en général sans risque.
6/
L’EDUCATION
THERAPEUTIQUE,
PRIMORDIAL DE SUIVI
UN
ELEMENT
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Elle porte (9) en particulier sur le respect du calendrier vaccinal, la contraception
(les pilules oestroprogestatives sont déconseillées au profit des progestatifs), les
précautions d’un traitement anticoagulant assez fréquent par antivitamine K
concernant les risques d’interaction avec d’autres molécules, la nocivité du tabac,
les risques de l’exposition au soleil , la nécessité d’un régime pauvre en sel et limité
en glucides en cas de corticothérapie et, enfin, une évaluation régulière,
trimestriellement au moins, pour un patient même en phase inactive.
Casablanca, le 16 octobre 2018
Dr MOUSSAYER KHADIJA ‫الدكتورة خديجة موسيار‬
‫اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة‬
Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie
Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc
‫رئيسة ائتالف األمراض النادرة المغرب‬
Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS)
‫رئيسة الجمعية المغربية ألمراض المناعة الذاتية و والجهازية‬
Membre de la Société Marocaine de Médecine Interne (SMMI)
7/ REFERENCES
1-Le lupus systémique - Encyclopédie Orphanet Grand Public avec la collaboration
du Professeur Zahir Amoura – juillet 2008
https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/LupusErythemateuxSystemiqueFRfrPub124.pdf
2- Lupus 100 questions pour mieux gérer la maladie, Maxima, Laurent du Mesnil
éditeur (un guide indispensable pour les malades)
http://www.maxima.fr/index-fiche-410-Le-lupus-questions-pour-mieuxg%C3%A9rer-la-maladie.html
3 - Lupus érythémateux systémique - Protocole national de diagnostic et de soins
(PNDS) Haute Autorité de Santé (HAS) janvier 2010
Page 7
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http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201003/ald_21_lap_lupus_web.pdf
4 – Houssiau F.A. et al – Ce que le rhumatologue doit savoir du lupus –revue du
rhumatisme volume 83 supplément page A13 novembre 2016
5 - Critères diagnostiques du Lupus érythémateux disséminé et du syndrome des
anti-phospholipides - smart fiches médecine : 29/11/2015
http://smartfiches.fr/rhumatologie/item-190-lupus-erythemateux-disseminesyndrome-des-anti-phospholipides/criteres-diagnostiques
6 - Hachulla E.
Lupus érythémateux systémique et biothérapies Réalités en
rhumatologie 28 Septembre 2010 Cahier 1
http://www.realites-cardiologiques.com/wpcontent/uploads/2011/01/Lupuserythemateux_RR28.pdf
7 - Bouatba L. et al Lupus érythémateux systémique au Maroc : étude analytique
monocentrique de 440 patients La Revue de Médecine Interne Volume 35
Supplement
2
December
2014,
Pages
A142–A1
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.243
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S024886631400898
8 - Seror Raphaëlle Évaluation thérapeutique dans le lupus érythémateux
systémique Lupus érythémateux © 2012 Elsevier Masson SAS
file:///C:/Users/user/Downloads/chapitre_471447%20(3).pdf
9 - Hachulla E.Traitement du lupus érythémateux systémique en 2012 en-dehors
du syndrome des antiphospholipides Réalités cardiologiques dossier le lupus 2012
http://www.realitescardiologiques.com/wpcontent/uploads/2012/04/Hachulla_lupus.pdf
10 - Fleur Baumann Benvenuti, Jean Dudler Lupus érythémateux systémique:
quelle prise en charge raisonnable en 2013? Forum Med Suisse 2013;13(42):841–
845
http://www.medicalforum.ch/docs/smf/2013/42/fr/fms-01667.pdf
11 - Kuchen S. Lupus érythémateux disséminé : les cellules B en tant que cibles du
traitement Forum Med Suisse 2014;14(1–2):9–10*
http://www.medicalforum.ch/docs/smf/2014/0102/fr/fms-01782.pdf
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8/ ANNEXES
A/ UNE AUTO-DESTRUCTION
MALADIES AUTO-IMMUNES
DE L’ORGANISME : LES
Lors d’une maladie auto-immune (MAI) comme le lupus, le système immunitaire
commet des erreurs et détruit certains des tissus de son organisme, les «
considérant » comme étrangers.
Ces pathologies constituent un grave problème de santé publique du fait de leur
poids économique et humain : 3ème cause de morbidité dans le monde après
les maladies cardiovasculaires et les cancers, elles touchent en effet environ
10 % de la population mondiale et occupent le troisième poste du budget de la
santé dans les pays développés. Enfin, dernier point mais pas le moindre, ces
maladies concernent les femmes dans plus de 75 % des cas
La nature des attaques auto-immunes varie énormément selon la maladie. Le
système immunitaire peut attaquer par exemple :
1/ une substance spécifique, la couche protectrice (myéline) des cellules nerveuses
dans le cerveau, la moelle épinière et le nerf optique dans la sclérose en plaques ;
2/ des cellules et des tissus de la peau, des articulations, du cœur et des reins
dans le lupus érythémateux disséminé.
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Il existe deux catégories de maladies auto-immunes :
- celles qui sont limitées à un seul organe et appelées maladies auto-immunes «
spécifiques d’organe» (comme la maladie de Basedow qui touche la thyroïde ou le
diabète de type I qui touche le pancréas) ;
- celles au cours desquelles plusieurs organes sont touchés successivement ou
simultanément, dites alors maladies auto-immunes « systémiques ». comme : le
lupus érythémateux disséminé (atteintes préférentielles des articulations, de la
peau, des reins, du système cardiovasculaire, des globules rouges mais aussi
pratiquement de n’importe quel organe) ; la polyarthrite rhumatoïde (atteinte
principalement articulaire, plus rarement pulmonaire et cutanée) ; le syndrome de
Gougerot-Sjögren (atteintes des glandes salivaires et lacrymales occasionnant un
syndrome sec et plus rarement des articulations, de la peau et des poumons) ; la
spondylarthrite ankylosante (atteinte des articulations surtout de la colonne
vertébrale, atteintes pulmonaire et neurologique possibles).
Parmi les Pathologies auto-immunes, un certain nombre sont des maladies rares et
peu connues du grand public : le syndrome de Goodpasture, le pemphigus,
l'anémie hémolytique auto-immune, le purpura thrombocytopénique auto-immun, la
polymyosite et dermatomyosite, la sclérodermie, l'anémie de Biermer, la maladie de
Gougerot-Sjögren, la glomérulonéphrite…
Ces affections souvent ne sont pas curables définitivement. Les traitements sont
destinés à ralentir ou à supprimer la réponse immunitaire pathologique et
s’appuient sur : les corticoïdes par voie orale ou en bolus (injection intraveineuse
d’une dose importante), les immunosuppresseurs : (cyclophosphamide,
azathioprine, méthotrexate, Mycophénolate Mofétil), les échanges plasmatiques
ainsi que les immunoglobulines et enfin les biothérapies.
Outre un médecin généraliste, la prise en charge de ces maladies est assurée par
différents spécialistes en fonction des organes touchés (rhumatologue,
gastroentérologue, cardiologue…) et / ou un spécialiste en médecine interne,
encore appelé « interniste »,
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES MALADIES AUTO-IMMUNES
- Moussayer Khadija - Maladies auto-immunes : Quand le corps s’attaque à luimême – Doctinews N° 36 Août/Septembre 2011
http://www.doctinews.com/index.php/dossier/item/551-maladies-auto-immunes
- Moussayer Khadija - Biothérapies : La révolution des traitements ciblés issus du
vivant – Doctinews N° 58 Septembre 2013.
http://www.doctinews.com/index.php/dossier/item/2461-bioth%C3%A9rapies
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- Moussayer Khadija - Syndrome sec et Gougerot-Sjögren : Entre un mal fréquent
et une maladie au coeur de l’auto-immunité – Doctinews N° 45 Juin 2012
http://www.doctinews.com/index.php/dossier/item/560-syndrome-sec-et-gougerotsj%C3%B6gren
- Moussayer Khadija - La barrière intestinale et ses pathologies : Du microbiote au
leaky gut syndrome - Doctinews N° 69 Août / Septembre 2014
http://www.doctinews.com/index.php/dossier/item/3445-la-barri%C3%A8reintestinale-et-ses-pathologies
- Moussayer khadija - L’HYPERTENSION ARTERIELLE SECONDAIRE : ON PEUT
EN GUÉRIR ! Doctinews N° 21 Avril 2010
http://doctinews.com/index.php/archives/39-dossier/122-lhypertension-arteriellesecondaire-on-peut-en-guerir
- Moussayer Khadija ‫مرض أو متالزمة شوغرين مرض يتميز بجفاف الفم و العيون و يصيب النساء بدرجة‬
‫ أول‬/ Gougerot Sjogrën Oujdacity 29/11/2016
- Moussayer Khadija
21/12/2016/
‫ – الذئبية الحمراء مرض يصيب النساء و ال يزال فتاكا‬Lupus Oujdacity
B/ La médecine interne au cœur de la prise en charge des
maladies auto-immunes
La médecine interne est une discipline médicale qui s’occupe particulièrement du
diagnostic des maladies complexes (comme les maladies auto-immunes). Elle
est la troisième voie de la pratique de la médecine à côté des spécialités d’organes
et de la médecine générale. Elle est encore un peu méconnue du grand public
marocain et, de ce fait, a parfois des difficultés à faire reconnaître son identité et
son intérêt, alors qu’elle bénéficie d’un regain d’intérêt et a même le vent en poupe
dans l’évolution des systèmes de santé de nombreux pays.
Entre multidisciplinarité et singularité, le champ d’action du spécialiste en médecine
interne, encore appelé « interniste », croise le chemin des autres spécialités. Il est
vaste, mais il ne saurait être question pour l’interniste de prendre en charge tous
les problèmes médicaux des patients, du diagnostic au traitement le plus
sophistiqué. Néanmoins, l’approche globale du malade peut parfois éviter les
écueils d’une approche mono-organique. Pour remplir ce rôle, cette spécialité
s’appuie sur une formation pluridisciplinaire reposant sur une étude transversale de
tous les organes et des pathologies qui leur sont afférentes, avec une prédilection
pour les maladies touchant plusieurs organes (les maladies systémiques), les
maladies déclenchées par un dérèglement du système immunitaire ainsi que
les maladies rares.
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Lupus Médecine interne Maroc
De façon pratique, l’interniste prend surtout en charge les patients souffrant de
plusieurs pathologies simultanées ou d’une pathologie affectant plusieurs organes.
Le rôle de l’interniste est particulièrement crucial dans la gestion de certains
symptômes cliniques qui ne se rattachent à aucun organe tels les amaigrissements
inexpliqués, les fatigues chroniques, les fièvres au long cours, les douleurs
diffuses.
Une situation très variable suivant les pays et leur système de santé
La médecine interne obéit schématiquement dans les systèmes de santé à deux
types de modèle très différent suivant qu’elle a tendance à être considérée comme
une spécialité « quelque peu élitiste » de dernier niveau, du « dernier recours »
ou qu’on lui confère plutôt un rôle de pivot souvent incontournable et de
coordination générale des soins.
Les pays francophones ont privilégié la première approche en s’inspirant de la
France, ce qui implique des effectifs réduits. Le nombre d’internistes ne dépasse
pas les 250 dans le Royaume marocain et les 2 500 en France, soit un peu moins
de 2 % des spécialistes de ces pays, les trois quarts exerçant en milieu hospitalier.
Un certain nombre d’entre eux parachèvent par ailleurs leur formation par une
sous-spécialisation dans les domaines de la gériatrie, des maladies infectieuses,
des maladies rares, de l’immunologie clinique…
A l’inverse, en adoptant la seconde orientation, les internistes représentent le plus
important groupe de spécialistes - 25 % - en Allemagne ou en Suisse (plus de 6
300 internistes dans ce dernier pays !) avec une forte présence en médecine
libérale. De plus, les autres spécialistes suivent un socle commun de médecine
interne avant leur orientation.
Un regain d’intérêt pour une médecine plus transversale
Les pays les plus avancés en matière médicale perçoivent que, pour faire face à
l’explosion des dépenses de santé, le parcours du patient ne doit pas se
transformer en un marathon d’explorations techniques, malgré leur nécessité, au
détriment de l’observation clinique et d’une certaine coordination des soins.
Les systèmes de santé de tous les pays sont en effet confrontés de manière
croissante à des patients multi-morbides (notamment par augmentation de la
proportion des malades chroniques et des personnes âgées). Dans ces cas
complexes, un ensemble de spécialistes compétents travaillant en parallèle sur ces
patients peut se révéler moins performant pour maîtriser les problèmes dans leur
globalité. L’information, les diagnostics, les mesures thérapeutiques et la
coordination du traitement nécessitent alors une personne de référence, comme
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Lupus Médecine interne Maroc
l’interniste, avec une prise en charge globale «holistique» qui reprend l’avantage
sur un ensemble d’actes peu standardisables.
C/ ABSTRACT ABOUT LUPUS AND AUTO-IMMUNE DISEASES
Lupus is a chronic autoimmune disease that affects more than 20 000 people in
Morocco. It’s a difficult disease to diagnose because its symptoms come and go.
More than 90% of lupus sufferers are women, mostly young women between the
ages of 15 to 44. In lupus, the immune system, (which protects the body against
infection) produces antibodies that attack the body’s own tissues and organs (heart,
the kidneys, lungs, skin, and nearly all the parts of our body. Lupus is usually
treated by an MD specialized in internal medicine or a rheumatologist. Antiinflammatory drugs, anti-malarials, steroids and biotherapies are used to treat.
The auto-immune diseases are a broad range of related diseases in which a
person’s immune system produces an inappropriate response against its own cells,
tissues and/or organs, resulting in inflammation and damage. There are over 100
different autoimmune diseases, and these range from common to very rare
diseases. Some of the over 100 autoimmune diseases are type 1 diabetes,
scleroderma, celiac, multiple sclerosis, Crohn’s disease, autoimmune hepatitis,
rheumatoid arthritis, Graves disease, myasthenia gravis, myositis, antiphospholipid
syndrome (APS), Sjogren’s syndrome, uveitis, polymyositis, Raynaud’s
phenomenon, and demyelinating neuropathies.
The Moroccan Autoimmune and Systemic Diseases Association is a health
association dedicated to bringing a national focus to autoimmunity and the
eradication of autoimmune diseases and the alleviation of suffering and the
socioeconomic impact of them. The chairwoman of the association is khadija
Moussayer, MD PHD
Page 13
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