JP><alJF1l(0)][11S ]La ll<aL]mgu[ce N <alJhllLJ[<altt 1l dlces Aztcè<9[1U[ces @ L' Harmattan, 1999 ISBN: 2-7384-8545-6 Jacqueline de DURAND-FOREST Danièle DEHOUVE Éric ROULET JP> <aurl <0> mls ]L<at 1l<at]mg11lJ[(e L'Harmattan 5-7, rue de l'École Polytechnique 75005 Paris FRANCE - N <dl(es <adnUlJ[<allt 1l Azt(è<~[1lJ[(es L'Harmattan Inc. 55, rue Saint-Jacques Montréal (Qc) - CANADA H2Y IK9 Collection Parlons... dirigée par Michel Malherbe Dernières parutions Parlons alsacien, 1998, R. MULLER, JP. SCHIMPF Parlons islandais, 1998, S. BJARNASON Parlonsjola, 1998, C. S. DIATTA Parlonsfrancoprovençal, 1999, D. STICH Parlons tibétain, 1999, G. BUÉSO Parlons khowar, 1999, Érik LHOMME Parlons provençal, 1999, Philippe BLANCHET Parlons maltais, 1999, Joseph CUTAYAR Parlons malinké, 1999, sous la direction de Mamadou CAMARA Parlons tagalog, 1999, Marina POTTIER Parlons bourouchaski, 1999, Étienne TIFFOU Parlons marathi,1999, Aparna KSHIRSAGAR, Jean PACQUEMENT Parlons hindi, 1999, Annie MONTAUT et Sarasvati JOSHI Parlons corse, 1999, Jacques FUSINA Parlons albanais, 1999, Christian GUT, Agnès BRUNET-GUT, Remzi PËRNANSKA Parlons kikôngo, 1999, Jean de Dieu NSONDE Parlons téké, 1999, Edouard ETSIO Nous tenons à remercier chaleureusement Edouard Joseph de Durand pour ses conseils et la part qu'il a prise dans l'élaboration et la révision du manuscrit. Nos remerciements vont aussi à Eric Puech, Marie-José Vabre, Jean Savoye, François et Etienne de Durand pour leur aide matérielle. La partie de l'ouvrage consacrée au Nahuatl classique a été composée par Jacqueline de Durand-Forest; celle relative aux usages modernes, leur enregistrement et leur transcription, par Danièle Dehouve. Le chapitre sur les toponymes et les dessins sont d'Eric Roulet. Les cartes ont été établies par E.J. de Durand à partir de celles dressées précédemment par le même et figurant dans: l'Introduction bibliographique à l'histoire du droit et à l'ethnologie juridique, Les Aztèques et les Mayas, Université Libre de Bruxelles, 1963, et dans l'Introduction à la Matricula de Tributos, Graz, A.D.V.A., 1980. L'Atlas Cultural de México, Lingüistica, INAH, 1988, et l'article de Una Canger: "Nahuatl dialectology", dans Ie N° 54 de l'I.J.A.L., 1988, ont été aussi mis à contribution. Cf1 ~< ~~-< ~OJ ~~~~~CJ ~~I 0 Cf1 CI CI ~"C ~~= = ~~~CI U ~~~. ~Cf1 ~ ~ ~ Er! u .( ~ o zo en ~ - # .. <1-..- ~ ~ ~ DIALECTES UTO-AZTEQUES DANS LE MEXIQUE D'AUJOURD'HUI I-District fédéral 2-Etat de Morelos 3- TIaxcala 4-Colima 5-Aguas Calientes ------ Frontières OAXACA: Etats modernes Uto-Aztèque d'états : Dialectes Nahua(t-l) Pima Tarahumar ~ Cora Huichol ~~] CI ~CI (f', Z ~CI CI N ~U CI ~~Z 0 N CI t- tn Q.) & o .Q.) ~ :ë ~ ~ 8 ë f'\ ~ ~ U> (" 'S~ )~ ~ ~ PRINCIPAUX SITES PRECOLOMBIENS Zone centrale . . Villes modernes (en chiffres romains) MICHOACAN : SeigneurieslEtats indépendants précolombiens COLIMA: Etats modernes Sites archéologiques majeurs (en chiffies arabes) I-La Venta 12-Cuauhnahuac 2-Tres Zapotes 13-Malinalco 3-San Lorenzo 14-Teotenango 4-Mitla 15-Texcoco 5-Monte Alban 16-Tenochtitlan México 6-Cempoala 17-Tlatelolco 7-EI Tajin 18-Tlacopan 8-Castillo del Teayo 19-Azcapotzalco 9-Cholula 20-Teotihuacan 10-Cacaxtla 21-Tula ll-Cuauhtitlan 22-Tzintzuntzan VILLES MODERNES: I-Veracruz IV -Oaxaca VII-Toluca II-Cordoba V-Acapulco VIII-Morelia III -Orizaba VI-Puebla IX -Guadalajara ZONE MAYA o 100 200 300 km 1,1 YI 5~ 6 '" 7-/ .,9 ." (;1 3'" ~4 8 '" 14 ~ 15 CAMPECHE P I - PRINCIPAUX SITES PRECOLOMBIENS Zone mava ~ Sites archéologiques .. Villes modernes (en chiffres romains) XICALANGO: Seigneuries/Etats indépendants précolombiens YUCATAN: Etats modernes majeurs (en chifITes arabes) 1-Tulum l3-Rio Bec 25-Palenque 2-Coba l4-Hoehob 26-Tonina 3-Chiehén- Itza 15-Dzibilnoeae 27-Altar de Saerifieios 4-Mayapan 16-Kohunlieh 28-Tayasal 5-Uxmal 17-Tikal 29-EI Caracol 6-Kabah l8-Uaxactun 30-Xunantunich 7-Sayil 19-Lubaantun 31-Naaehtun 8-Labna 20-Rio Azul 32-EI Naranjo 9-Edzna 33-EI Mirador 10-Calakmul 2l-Piedras Negras 22- y axchilan 34-Quirigua II-Becan 23-Seibal 35-Copan l2-Xpuhil 24-Bonampak 36-Izapa VILLES MODERNES: I - Merida II - Campeche III - Belize City Avant-propos La conquête du Mexique fut l'un des événements les plus extraordinaires survenus depuis 1492. Tandis que les terres rencontrées jusqu'alors - les îles, les rivages de la "Terre Ferme", du Brésil à la "Castille d'Or"- étaient des "pays d'hommes nus et pauvres, dépourvus de toute organisation urbaine", comme l'ont écrit Lucie et Bartolomé Benassar (1991, 36), le Haut Plateau central du Mexique allait révéler aux Espagnols un Etat riche, puissant, en plein essor. La langue des conquérants mexica, le nahuatl, allait progressivement s'imposer dans ce qu'il est convenu d'appeler "l'Empire aztèque", et au-delà, comme lingua franca, langue véhiculaire, largement grâce aux missionnaires. Par convention, on appelle Nahuas les locuteurs de la langue nahuatl. En Amérique même, cette langue présente une importance singulière, et d'abord parce qu'elle est non seulement parlée, mais écrite depuis le XVIe siècle. Aucune autre langue amérindienne n'offre un aussi riche corpus de textes anciens. De nos jours, le nahuatl est encore parlé dans le Mexique central par plus d'un million de personnes, qui vivent dans leurs villages ou ont émigré dans les grandes villes et les centres touristiques. Enfin, le voyageur ne cessera de rencontrer le nahuatl sur sa route, car les noms de lieu, jusqu'au Guatemala, sont dans cette langue, à commencer par les célèbres Mexico et Acapulco (voir infra: Toponymes ). Il va sans dire qu'une telle extension de la langue à travers le temps et l'espace ne s'est point produite sans que se développent conjointement des différences dialectales plus ou moins prononcées. Le "nahuatl classique" était parlé par la noblesse indienne du Plateau central au début du XVIe siècle. Certains villages des environs immédiats de Mexico, comme Milpa Alta, ont conservé les intonations classiques, mais on trouve de nombreuses variations phonologiques et grammaticales de la Côte atlantique à la Côte pacifique et du Nord au Sud. Notre parti-pris est de présenter la grammaire du nahuatl classique, en nous fondant sur les grammaires déjà existantes, rédigées depuis le XVIe siècle. Cependant, afin de permettre au lecteur de saisir en quoi consistent les différences dialectales, nous signalons les aspects les plus sujets aux variations. Enfin, nous offrons un enregistrement d'un dialecte moderne parlé dans la partie orientale de l'Etat de Guerrero. 16 LANGUE ET CULTURE LA MESOAMERIQUE DEFINITION Le nahuatl est l'une des centaines de langues parlées dans le Centre et le Sud du Mexique et en Amérique centrale, où règne une grande diversité linguistique. Celle-ci contraste cependant avec l'existence d'un fond culturel commun à tous ces peuples. On exprime cette notion d'homogénéité culturelle par le concept de "Mésoamérique" . Telle que l'a définie Paul Kirchhoff, la Mésoamérique recouvre une aire à la fois géographique et culturelle, délimitée au nord par trois fleuves: le Panuco, le Sinaloa et le Lerma, et s'étendant au sud-est jusqu'à l'embouchure du Motagua (Guatemala, Honduras), au sud- ouest jusqu'au Golfe de Nicoya (Costa Rica), en passant par le Lac de Nicaragua. Bien que les populations présentes sur ce territoire aient été très diverses du point de vue linguistique, elles offraient et offrent encore un certain nombre de traits communs, tant dans le domaine économique et technique que dans celui de la vie intellectuelle et religieuse. Ce sont, pour l'essentiel, le bâton à fouir, les jardins flottants, la culture du maïs, du maguey, du cacao, du piment..., le polissage des pierres dures, la métallurgie de l'or et de l'argent, la construction de Pyramides à degrés et de palais, le Jeu de Balle, des écritures pictographiques conservées, entre autres, dans quelques Manuscrits ou Codices, enfin un calendrier solaire de 18 mois de 20 jours + 5 jours considérés comme néfastes, et un calendrier divinatoire de 260 jours répartis en 20 Treizaines. Ces deux computs coïncidaient tous les 52 ans, soit un siècle mexicain, et tous les 104 ans avec le cycle vénusien de 584 jours environ. La notion de Mésoamérique, appliquée tout d'abord aux périodes archéologiques, ne se révèle pas moins opérante pour la période contemporaine. Les villages indiens actuels présentent, en effet, de grandes similitudes dans leur organisation sociale. C'est ainsi que de nombreux aspects de la vie des Nahuas, que nous exposons dans la partie "Langue et civilisation", se retrouveraient aisément parmi des groupes linguistiques bien différents, tels les Otomis ou les Mayas. 20 Ce fond culturel, commun à des groupes linguistiques distincts, provient en fait d'une longue histoire partagée. Des principales étapes de cette Histoire nous ne rapporterons que celles ayant marqué de manière formelle la civilisation aztèque, d'abord quand les tribus mexica eurent pénétré sur le Haut Plateau Central, puis après leur installation sur la Lagune. RAPPEL HISTORIQUE Teotihuacan Toute la région évoquée ci-dessus avait déjà été le foyer de grandes civilisations. La première, celle de Teotihuacan, fleurit du 1er siècle avant J.C. à 750 après J.C. Elle devait rester, pour les diverses tribus qui connurent et peuplèrent la région, un modèle religieux sans égal (Teotihuacan = l'endroit où l'on devient des dieux), un lieu vénéré par toute la suite des générations. Des découvertes archéologiques irréfutables ont modifié cette vision trop idéale: Teotihuacan fut aussi une métropole commerciale, dont la richesse reposait aussi bien sur l'exploitation de l'obsidienne que sur la transformation des marchandises que lui procurait cette pierre à maint titre précieuse dans l'Histoire de la Mésoamérique. Elle ne méprisait pas davantage les expéditions militaires et les manifestations de prestige appuyées, jusque dans le Petén (Guatemala) auprès de la 21 grande cité de Tikal. Son influence s'étendit aussi à l'ouest (le Michoacan des Tarasques) et dans le nord au Jalisco, au Nayarit et au Colima. A proximité du Lac de Texcoco et à Azcapotzalco, les Aztèques retrouveront les héritiers et gardiens des traditions teotihuacanes. Les Toltèques La civilisation toltèque, pour sa part, s'illustra entre 950 et 1168 de notre ère. Sa capitale, Tula, parvint, elle aussi, à un niveau artistique et culturel si brillant qu'à leur apogée les Mexica-Azteca s'en réclamaient encore. La diversité des éléments ethniques contribua, certes, à cet essor, mais fut aussi la source d'oppositions majeures illustrées par la rivalité entre les dieux Tezcatlipoca et Quetzalcoatl, affrontement entre deux conceptions à peu près inconciliables dans les domaines religieux, social et politique, qui devait s'achever par la dispersion des Toltèques. Même si l'esprit guerrier s'y manifeste encore vigoureusement, dans l'architecture notamment, l'urbanisme est moins rigide qu'à Teotihuacan, la sculpture surtout est nettement plus "individualisée", témoignant en faveur d'une emprise moins lourde d'une classe sacerdotale restreinte. S'ils n'inventent guère de formes architecturales majeures (on mettra toutefois à leur crédit la grande salle à colonnes, les Atlantes et les Banquettes courant le long des murs intérieurs des portiques et ornées de guerriers sculptés), par le jeu très habile et subtil de combinaisons et de juxtapositions des éléments traditionnels de la Mésoamérique ( pyramides, jeux de balle, 22