Pour lire Platon/Introduction par les mythes

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Pour lire Platon/Introduction par les mythes
1
1.1
La philosophie
Fille de l'étonnement et de l'arc-en-ciel
La chouette est le symbole de la philosophie
la philosophie. La lecture de Platon va nous montrer de
quelle manière cet amour peut nous paraître déroutant.
Tout d'abord, être sage, ou connaître, semble se rapporter
à un état intellectuel. Or, il ne va pas de soi que l'on puisse
dire qu'une réalité qui a à voir avec nos facultés intellectuelles puisse susciter une affection, et encore moins une
affection telle qu'un désir. On peut ressentir de la joie
à trouver une vérité, mais ce sentiment n'est pas ce qui
fait la vérité. À plus forte raison, il est étrange que le désir amoureux soit non pas seulement dirigé vers le savoir,
mais que ce savoir ne soit pas possible sans lui.
'Paris à l'Arc-en-ciel' by Robert Delaunay, 1914
Théêtète [155d] SOCRATE « Je vois, mon
ami, que Théodore n’a pas mal deviné le caractère de ton esprit ; car c’est la vraie marque
d’un philosophe que le sentiment d’étonnement
que tu éprouves. La philosophie, en effet, n’a pas
d’autre origine, et celui qui a fait d’Iris la fille de
Thaumas n’est pas, il me semble, un mauvais généalogiste. »
Dans le Banquet, le désir se définit dans un premier
temps par sa relation au plaisir sexuel, et on perçoit mal
le rapport qu'il peut entretenir avec la sagesse. C'est le
poète comique Aristophane[1] qui le présente dans un
mythe, le mythe de l'androgyne. Un mythe est un discours qui semble échapper au discours de la raison puisqu'il est fondamentalement produit par l'imagination. Au
moment où il le présente, Aristophane, ivre, s’est enfin remis d'un hoquet insistant. Les interlocuteurs du Banquet
sont d'ailleurs assez ivres dans l'ensemble. Le contexte est
ainsi apparemment fort éloigné de la sagesse. Pour être
tranquilles les hommes présents ont demandé à la servante de les laisser entre eux. C'est dans ces conditions
qu'Aristophane prend la parole.
Fille de l'étonnement et de l'arc-en-ciel telle est la philosophie. Qu'est-ce que cela signifie ?
Le philosophe s’étonne sans être béat ou stupéfait. Il
découvre l'illusion des évidences, sources de préjugés.
L'arc-en-ciel réunit les opposés par un lien qui semblable
au fil du discours cherche à rassembler, réconcilier. La
philosophie rassemble ce qui se contredit et produit à ce
propos de beaux discours, à l'image de l'arc-en-ciel.
1.2
Désirer le vrai ou la question du
1.2.2 Discours d'Aristophane ou le désir du corps.
manque
La définition du Banquet : l'opinion, Aristo- Le désir se donne à comprendre comme une punition divine. Au début, raconte-t-il dans un récit mythique qu'il
phane et Diotime.
crée pour l'occasion, les hommes avaient des formes sphéL'étymologie du mot philosophie est l'amour de la sa- riques et ne manquaient de rien.Puis leur vint cette tentagesse ou du savoir. Mais, quoique connue, cette signi- tion d'escalader le ciel et de se mesurer aux Dieux. Zeus,
fication n'étonne peut-être pas autant qu'elle le devrait. pour les punir, les coupa en deux et c'est ainsi que naquit
L'étonnement (au sens du coup de tonnerre, ce qui réveille le désir et le manque à combler. Le nombril est la trace
par l'effet inattendu qu'il produit) est la vertu première de de l'antique châtiment.
1.2.1
1
2
1
LA PHILOSOPHIE
Ceux qui jusqu'à présent, n'avaient pas la moindre idée
du manque (quoique s’ils ont voulu escalader le ciel
de l'Olympe, c'est peut-être parce qu'il leur manquait
quelque chose !) sont dans un tel état de souffrance qu'ils
ne cessent de chercher leur moitié perdue.
On désire ainsi ce que l'on a perdu. Pour Aristophane le
désir se nourrit de la perte.
1.2.3
Diotime ou le désir philosophique.
C'est un discours assez énigmatique que tient cette prêtresse dans le Banquet. Socrate évoque sa rencontre avec
elle et la fait parler du désir.
Lisons :
D : C’est une assez longue histoire, [203b] Je
vais pourtant te la raconter. Il faut savoir que,
le jour où naquit Aphrodite [2], les dieux festoyaient ; parmi eux, se trouvait le fils de Mètis
[3], Poros[4] . Or, quand le banquet fut terminé, arriva Pénia [5], qui était venue mendier
comme cela est naturel un jour de bombance, et
elle se tenait sur le pas de la porte. Or Poros, qui
s’était enivré de nectar, car le vin n’existait pas
encore à cette époque, se traîna dans le jardin
de Zeus et, appesanti par l’ivresse, s’y endormit.
Alors, Pénia, dans sa pénurie, eut le projet de
se faire faire un enfant par Poros ; [203c] elle
s’étendit près de lui et devint grosse d’Éros. Si
Éros est devenu le suivant d’Aphrodite et son
servant, c’est bien parce qu’il a été engendré lors
des fêtes données en l’honneur de la naissance
de la déesse ; et si en même temps il est par nature amoureux du beau, c’est parce qu’Aphrodite
est belle.
Puis donc qu’il est le fils de Poros et de Pénia, Éros se trouve dans la condition que voici. D’abord, il est toujours pauvre, et il s’en faut
de beaucoup qu’il soit délicat et beau, comme
le croient la plupart des gens. Au contraire, il est
rude, malpropre, vanu-pieds et [203d] il n’a pas
de gîte, couchant toujours par terre et à la dure,
dormant à la belle étoile sur le pas des portes et
sur le bord des chemins, car, puisqu’il tient de
sa mère, c’est l’indigence qu’il a en partage. A
3
l’exemple de son père en revanche, il est à l’affût
de ce qui est beau et de ce qui est bon, il est viril,
résolu, ardent, c’est un chasseur redoutable ; il
ne cesse de tramer des ruses, il est passionné de
savoir et fertile en expédients, il passe tout son
temps à philosopher, c’est un sorcier redoutable,
un magicien et un expert [6]. Il faut ajouter que
par nature il n’est ni immortel [203e] ni mortel.
En l’espace d’une même journée, tantôt il est en
fleur, plein de vie, tantôt il est mourant ; puis il
revient à la vie quand ses expédients réussissent
en vertu de la nature qu’il tient de son père ; mais
ce que lui procurent ses expédients sans cesse lui
échappe ; aussi Eros n’est-il jamais ni dans l’indigence ni dans l’opulence.
[5] La « Pauvreté » [cf. pénurie]
[6] Dont les discours « enchantent » comme
ceux des sophistes.
Cette introduction vise surtout à présenter une démarche.
Nous ne rentrons pas pour le moment dans le détail analytique.
2 Socrate parlait, Platon écrit.
Par ailleurs, il se trouve à mi-chemin entre
le savoir et l’ignorance. Voici en effet ce qui
en est. Aucun dieu ne tend vers le savoir ni ne
[204a] désire devenir savant, car il l’est ; or, si
l’on est savant, on n’a pas besoin de tendre vers
le savoir. Les ignorants ne tendent pas davantage vers le savoir ni ne désirent devenir savants.
Mais c’est justement ce qu’il y a de fâcheux dans
l’ignorance : alors que l’on n’est ni beau ni bon ni
savant, on croit l’être suffisamment. Non, celui
qui ne s’imagine pas en être dépourvu ne désire
pas ce dont il ne croit pas devoir être pourvu.
[…] Il va de soi, en effet, que le savoir compte
parmi les choses qui sont les plus belles ; or Eros
est amour du beau. Par suite, Éros doit nécessairement tendre vers le savoir, et, puisqu’il tend
vers le savoir, il doit tenir le milieu entre celui
qui sait et l’ignorant. Et ce qui en lui explique ces
traits, c’est son origine car il est né d’un père doté de savoir et plein de ressources, et d’une mère
dépourvue de savoir et de ressources. Telle est
bien, mon cher Socrate, la nature de ce démon. »
[Platon, Le Banquet, 203b-204b trad Brisson GF pp. 142-145]
[1] C’est un problème de logique : sont
contraires deux classes exclusives, dont les éléments ne peuvent qe trouver dans l’une et l’autre,
ex repos/mouvement. Mais il existe des êtres « intermédiaires » [metaxu = mélangé # pureté de
l’idée]
[2] Fille de Zeus et de Dionè.
[3] Première épouse de Zeus.
[4] Platon personnifie Poros qui signifie le
« passage » au sens d’une voie maritime, donc
au sens figuré « ressource ».
P1050775 Louvre statue Gudea statue A détail ecriture rwk
Socrate n'est pas dans les dialogues de Platon un personnage historique. Il permet de problématiser des questions et de libérer en fin de parcours Platon de Socrate. Socrate n'a rien écrit. Platon ne cesse de critiquer
l'écriture, tout en la pratiquant excellemment. Les premiers dialogues, jusqu'au Ménon inclus, sont des dialogues dits “aporétiques” car on ne trouve pas de solution ou la violence s’installe entre Socrate et certains de
ses interlocuteurs.[2] Il y a une impuissance philosophique
de la parole à convaincre. Platon souligne l'échec de la
maïeutique, art d'accouchement des âmes. Mais dans le
même temps il y a une critique virulente de l'écriture.
On la trouve par exemple dans le mythe de Theuth dans
Phèdre (274b-275b). Platon y voit le déploiement d'une
mauvaise mémoire attach ée à un apprentissage passif et
par conséquent une absence de réelle connaissance.
4
3
LA PHILOSOPHIE ET LE MYTHE : PUISSANCE DE L'IMAGINATION POUR SUPPLÉER À LA RAISON ?
3
La philosophie et le mythe : puissance de l'imagination pour suppléer à la raison ?
Une des réponses à cette situation où le silence remplace
la réflexion, est le recours au mythe qui ne se réduit pas à
une simple illustration. Il permet d'introduire autrement
le questionnement et de réconcilier les interlocuteurs.
3.1
Prenons un exemple à propos de la justice si difficile à élaborer : le Mythe de
l'anneau de Gygès
Les hommes prétendent que, par nature, il
est bon de commettre l'injustice et mauvais de la
souffrir, mais qu'il y a plus de mal à la souffrir que de bien à la commettre. Aussi, lorsque
mutuellement ils la commettent et la subissent, et
qu'ils goûtent des deux états, ceux qui ne peuvent
point éviter l'un ni choisir l'autre estiment utile
de s’entendre pour ne plus commettre ni subir
l'injustice. De là prirent naissance les lois et les
conventions, et l'on appela ce que prescrivait la
loi légitime et juste. Voilà l'origine et l'essence de
la justice : elle tient le milieu entre le plus grand
bien — commettre impunément l'injustice — et
le plus grand mal — la subir quand on est incapable de se venger. Entre ces deux extrêmes, la
justice est aimée non comme un bien en soi, mais
parce que l'impuissance de commettre l'injustice
lui donne du prix. En effet, celui qui peut pratiquer cette dernière ne s’entendra jamais avec
personne pour s’abstenir de la commettre ou de
la subir, car il serait fou. Telle est donc, Socrate,
la nature de la justice et telle son origine, selon
l'opinion commune.
Maintenant, que ceux qui la pratiquent
agissent par impuissance de commettre
l'injustice, c'est ce que nous sentirons particulièrement bien si nous faisons la supposition
suivante. Donnons licence au juste et à l'injuste
de faire ce qu'ils veulent ; suivons-les et regardons où, l'un et l'autre, les mène le désir.
Nous prendrons le juste en flagrant délit de
poursuivre le même but que l'injuste, poussé
par le besoin de l'emporter sur les autres : c'est
ce que recherche toute nature comme un bien,
mais que, par loi et par force, on ramène au
respect de l'égalité. La licence dont je parle
serait surtout significative s’ils recevaient le
pouvoir qu'eut jadis, dit-on, l'ancêtre de Gygès
le Lydien. Cet homme était berger au service
du roi qui gouvernait alors la Lydie. Un jour,
au cours d'un violent orage accompagné d'un
séisme, le sol se fendit et il se forma une
ouverture béante près de l'endroit où il faisait
paître son troupeau. Plein d'étonnement, il y
descendit, et, entre autres merveilles que la fable
énumère, il vit un cheval d'airain creux, percé
de petites portes ; s’étant penché vers l'intérieur,
il y aperçut un cadavre de taille plus grande,
semblait-il, que celle d'un homme, et qui avait
à la main un anneau d'or, dont il s’empara ;
puis il partit sans prendre autre chose. Or, à
l'assemblée habituelle des bergers qui se tenait
chaque mois pour informer le roi de l'état de
ses troupeaux, il se rendit portant au doigt cet
anneau. Ayant pris place au milieu des autres,
il tourna par hasard le chaton de la bague vers
l'intérieur de sa main ; aussitôt il devint invisible
à ses voisins qui parlèrent de lui comme s’il
était parti. Etonné, il mania de nouveau la
bague en tâtonnant, tourna le chaton en dehors
et, ce faisant, redevint visible. S'étant rendu
compte de cela, il répéta l'expérience pour voir
si l'anneau avait bien ce pouvoir ; le même
prodige se reproduisit : en tournant le chaton en
dedans il devenait invisible, en dehors visible.
Dès qu'il fut sûr de son fait, il fit en sorte d'être
au nombre des messagers qui se rendaient
auprès du roi. Arrivé au palais, il séduisit la
reine, complota avec elle la mort du roi, le tua,
et obtint ainsi le pouvoir. Si donc il existait deux
anneaux de cette sorte, et que le juste reçût l'un,
l'injuste l'autre, aucun, pense-t-on, ne serait
de nature assez adamantine pour persévérer
dans la justice et pour avoir le courage de
ne pas toucher au bien d'autrui, alors qu'il
pourrait prendre sans crainte ce qu'il voudrait
sur l'agora, s’introduire dans les maisons pour
s’unir à qui lui plairait, tuer les uns, briser les
fers des autres et faire tout à son gré, devenu
l'égal d'un dieu parmi les hommes. En agissant
ainsi, rien ne le distinguerait du méchant : ils
tendraient tous les deux vers le même but. Et
l'on citerait cela comme une grande preuve
que personne n'est juste volontairement, mais
par contrainte, la justice n'étant pas un bien
individuel, puisque celui qui se croit capable de
commettre l'injustice la commet. Tout homme,
en effet, pense que l'injustice est individuellement plus profitable que la justice, et le pense
avec raison d'après le partisan de cette doctrine.
Car si quelqu'un recevait cette licence dont
j'ai parlé, et ne consentait jamais à commettre
l'injustice, ni à toucher au bien d'autrui, il
paraîtrait le plus malheureux des hommes, et le
plus insensé, à ceux qui auraient connaissance
de sa conduite ; se trouvant mutuellement en
présence ils le loueraient, mais pour se tromper
les uns les autres, et à cause de leur crainte
5
d'être eux-mêmes victimes de l'injustice. Voilà
ce que j'avais à dire sur ce point.
Platon, République
Socrate prononce plusieurs discours devant les juges
d'Athènes. Il est en effet accusé de corrompre la jeunesse et d'introduire de nouvelles divinités. Pourtant le
philosophe passait son temps à interroger les gens et
n'enseignait aucune doctrine en particulier, mais pensait
avoir une activité politique de première importance en
soumettant ces concitoyens à l'épreuve de ses objections.
Qu'est-ce qui fait que le philosophe est malvenu dans la
cité et y a-t-il une place s’il risque la mort en exerçant son
activité ?
5 Une philosophie politique en réponse au Procès
5.1 Pourquoi obéir aux lois ?
Si on lit de près ce texte, il en ressort que l'homme n'est
pas spontanément quelqu'un de tourné vers la justice. En
effet, le berger trouve une bague et son premier mouvement est de se l'approprier. Cependant, il avait la réputation d'être juste ; ainsi la nature de l'homme est-elle présentée comme injuste et la justice comme une convention
nécessaire à la vie commune.
5.1.1 Lecture conseillée : Criton (sur Wikisource)
Quelques jours avant son exécution, Socrate reçoit la visite en prison d'un vieil ami, Criton. Celui-ci lui propose
de s’évader. A son grand désarroi, Socrate refuse, et lui
explique pourquoi il se doit de se soumettre à sa condamnation. Pourquoi Socrate choisit-il d'obéir à la loi, alors
Il va donc dérober une bague qui a le pouvoir de lui per- que cette obéissance le conduit à une mort injuste ? Il fait
mettre de se dérober aux regards d'autrui.
parler les lois dans ce qu'on appelle une prosopopée[3] .
Cette insistance sur le verbe dérober manifeste que
l'homme est spontanément porté à prendre les biens
Le texte commence ainsi :
d'autrui, à lui en usurper la propriété, et que sa raison est
fondamentalement une raison calculatrice, rusée et dissiVois si tu l’entendras de cette autre manière :
mulatrice. Cette raison déraisonnable, que l'on retrouvera
Au moment de nous enfuir ou de sortir d’ici, quel
dans les analyses de Rousseau, est bien loin de la raison
que soit le mot qu’il te plaira de choisir, si les
valorisée par les philosophes. Au contraire, elle est au serLois et la République venaient se présenter device des affects et des intérêts particuliers.
vant nous, et nous disaient : « Réponds-moi, Socrate, que vas-tu faire ? L’action que tu entreVoler les biens d'autrui est un penchant naturel. Ce texte
prends a-t-elle d’autre but que de nous détruire,
donne à penser que la justice est d'abord là pour protéger
nous qui sommes les Lois, et avec nous la Répula propriété privée. ( Même définition de la justice chez
blique tout entière, autant qu’il dépend de toi ?
Marx, qui y voit l'origine d'un droit formel, au service
Ou te semble-t-il possible que l’État subsiste et
d'une liberté et d'une égalité tout autant formelles).
ne soit pas renversé, lorsque les arrêts rendus
La justice malgré les limites que nous venons de poser aprestent sans force et que de simples particuliers
paraît nécessaire, comme nécessaire à des hommes seuleleur enlèvent l’effet et la sanction qu’ils doivent
ment guidés par leur intérêt personnel. On retrouvera la
avoir ? » Que répondrons-nous, Criton, à ce remême analyse chez Hobbes, à propos de l'homme qu'il
proche et à d’autres semblables ? Car on aurait
qualifie de “loup pour l'homme”.
beaucoup à dire, surtout un orateur, sur cette infraction de la loi qui ordonne que les jugements
Gygès d'ailleurs ne fait pas que voler, il dépouille un carendus aient tout leur effet. Ou bien dirons-nous
davre. Acte sacrilège. Aucune morale, aucun respect, sans
aux Lois que la République a été injuste envers
justice. C'est le portrait d'un barbare.
nous et qu’elle n’a pas bien jugé ? Est-ce là ce que
nous leur dirons ? ou que pourrons-nous leur
dire ?
4
Quelle est la place du philosophe
dans la cité ?
Lecture conseillée : Apologie de Socrate et Pour lire Platon/Études de quelques passages des dialogues : étude de
la Lettre VII
Criton
Rien de plus, Socrate, absolument rien.
Socrate
6
5 UNE PHILOSOPHIE POLITIQUE EN RÉPONSE AU PROCÈS
« Eh quoi ! Socrate, diraient les Lois, estce là ce dont nous étions convenues avec toi ?
Ou plutôt n’étions-nous pas convenues avec toi
que les jugements rendus par la République seraient exécutés ? » Et si nous paraissions surpris de les entendre parler ainsi, elles nous diraient peut-être : « Socrate, ne t’étonne pas de ce
langage, mais réponds-nous, puisque tu as coutume de procéder par questions et par réponses.
Voyons : quel sujet de plainte as-tu contre nous
et contre la République pour entreprendre ainsi de nous renverser ? Et d’abord, n’est-ce pas
nous qui t’avons donné la vie ? N’est-ce pas nous
qui avons présidé à l’union de ton père et de ta
mère, ainsi qu’à ta naissance ? Déclare-le hautement : as-tu à te plaindre de celles d’entre-nous
qui règlent les mariages et les trouves-tu mauvaises ? »
Criton
Je ne m’en plains pas, dirais-je.
Socrate
« Est-ce de celles qui déterminent la nourriture de l’enfant et l’éducation selon laquelle tu as
été élevé toi-même ? Celles qui ont été instituées
pour cet objet n’ont-elles pas bien fait d’ordonner à ton père de t’élever dans les exercices de
la musique et de la gymnastique ? »
Criton
Très bien, répondrais-je.
Socrate
« A la bonne heure. Mais, puisque c’est à
nous que tu dois ta naissance, ta nourriture et ton
éducation, peux-tu nier que tu sois notre enfant,
notre esclave même, toi et tes ancêtres ? Et s’il
en est ainsi, crois-tu que tu aies contre nous les
mêmes droits que nous avons contre toi, et que
tout ce que nous pourrions entreprendre contre
toi, tu puisses à ton tour l’entreprendre justement
contre nous ? Eh quoi ! tandis qu’à l’égard d’un
père ou d’un maître, si tu en avais un, tu n’aurais pas des droits égaux, comme de leur rendre
injures pour injures, coups pour coups, ni rien
de semblable, tu aurais tous ces droits envers
les lois et la patrie, en sorte que si nous avons
prononcé ta mort, croyant qu’elle est juste, tu
entreprendras à ton tour de nous détruire, nous
qui sommes les Lois, et la patrie avec nous, autant qu’il est en toi, et tu diras que tu es en
droit d’agir ainsi, toi qui te consacres en réalité au culte de la vertu ? Ta sagesse va-t-elle
jusqu’à ignorer que la patrie est, aux yeux des
dieux et des hommes sensés, quelque chose de
plus cher, plus respectable, plus auguste et plus
saint qu’une mère, un père et tous les aïeux ?
qu’il faut avoir pour la patrie, même irritée, plus
de respect, de soumission et d’égard, que pour
un père ? qu’il faut l’adoucir par la persuasion
ou faire tout ce qu’elle ordonne, et souffrir sans
murmure ce qu’elle commande, soit qu’elle nous
condamne aux verges ou aux fers, soit qu’elle
nous envoie à la guerre pour être blessés et tués ?
que notre devoir est de lui obéir, que la justice
le veut ainsi, qu’il ne faut jamais ni reculer, ni
lâcher pied, ni quitter son poste ? que dans les
combats, devant les tribunaux et partout, il faut
faire ce qu’ordonnent l’État et la patrie, ou employer les moyens de persuasion que la justice
avoue ? qu’enfin, si c’est une impiété de faire
violence à son père ou à sa mère, c’est une impiété bien plus grande encore de faire violence
à sa patrie ? » Que répondrons-nous à cela, Criton ? Reconnaîtrons-nous que les lois disent la
vérité, ou non ?
Criton
Il me semble qu’elles disent la vérité.
Socrate
« Considère donc, Socrate, ajouteraient les
Lois, que, si nous disons la vérité, ce que tu entreprends contre nous n’est pas juste. En effet,
ce n’est pas assez pour nous de t’avoir donné
la vie, de t’avoir nourri et élevé, de t’avoir admis au partage de tous les biens qui étaient en
notre pouvoir, toi et tous les autres citoyens, nous
déclarons encore, et c’est un droit que nous reconnaissons à tout Athénien qui veut en user,
qu’aussitôt qu'il a été reçu dans la classe des
éphèbes, qu’il a vu ce qui se passe dans la République, et qu'il nous a vues aussi, nous qui
sommes les Lois, il est libre, si nous ne lui plaisons pas, d’emporter ce qu'il possède et de se retirer ou il voudra. Et si quelqu'un d’entre-vous
veut aller dans une colonie, parce que nous lui
déplaisons, nous et la République, si même il
veut aller s’établir quelque part à l’étranger, aucune de nous ne s’y oppose et ne le défend :
il peut aller partout où il voudra avec tous ses
biens.
Dans cette première partie du texte, les lois rappellent
leur but : elles ont donné la vie à Socrate et ont fait de
lui un être humain possesseur de plusieurs biens. Elles
5.1
Pourquoi obéir aux lois ?
7
ne nous forcent pas à rester contre notre gré..nous ne être suivie.
sommes tenus qu'à un devoir de respect si nous vivons
sous leur tutelle, sinon nous pouvons partir en choisissant
Si je leur demandais pour quelle raison elles
par exemple l'exil. C'est la proposition qui sera faite à Some traiteraient comme je le mérite, en me dicrate au cours de son procès..
sant que je me suis engagé avec elles plus formellement que tout autre Athénien, elles me diElles se présentent immédiatement comme protectrices
raient : « Socrate, tu nous as donné de grandes
de l'homme et surtout de ses biens. Comme le soulignera
preuves que nous te plaisions, Nous et la Répuplusieurs siècles plus tard, Marx, les lois sont au service
blique. Tu n’aurais pas habité Athènes avec plus
de la propriété et à ce titre elles visent non pas la justice
de constance que tout autre, si elle n’avait pas
mais l'intérêt d'une certaine classe sociale qu'il qualifiera
eu pour toi un attrait particulier. Jamais aucune
de bourgeoise.
des solennités de la Grèce n’a pu te faire quitter
Il y a un contrat juridique qui est passé entre les citoyens
cette ville, si ce n’est une seule fois, lorsque tu
et la Cité. Ce contrat est à tout moment rétractable. Rien
es allé à l’Isthme de Corinthe ; tu n’es sorti d’ici
ne peut forcer à rester dans la Cité. Mais rejeter le contrat
que pour aller à la guerre ; jamais tu n’as enc'est alors devenir étranger, extérieur. Les lois se prétrepris aucun de ces voyages que font tous les
sentent dès lors comme ce qui rassemble, autour d'un inhommes ; jamais tu n’as eu le désir de connaître
térêt commun. Si elles introduisent cet intérêt commun
une autre ville ni d’autres lois ; mais toujours
c'est justement parce que les hommes sont plutôt portés
nous t’avons suffi, nous et notre ville ; telle était
spontanément à l'inverse..Animés d'un naturel égoïste ils
ta prédilection pour nous, tu consentais si bien
ont une tendance à oublier les autres.On ne peut forcer les
à vivre sous notre gouvernement, que c’est dans
hommes à rester contre leur gré. Aristote considèrera que
notre ville que tu as voulu entre autres choses del'homme qui vit hors la Cité ne peut être qu'un Dieu ou
venir père de famille, témoignage assuré qu’elle
une bête..Platon au contraire laisse la porte ouverte...On
te plaisait. Enfin, pendant ton procès, tu aurais
choisit d'être citoyen, ce qui suppose une liberté de choix.
pu te condamner à l’exil, si tu l’avais voulu, et
Retour au texte :
faire avec notre consentement ce que tu entreprends aujourd’hui malgré nous. Alors tu affectais de ne pas craindre la nécessité de mourir,
Mais quant à celui de vous qui persiste à demais, comme tu disais, tu préférais la mort à
meurer ici, en voyant de quelle manière nous
l’exil. Et maintenant, sans égard pour ces belles
rendons la justice et nous administrons toutes
paroles, sans respect pour nous, qui sommes les
les affaires de la république, nous déclarons dès
Lois, tu médites notre ruine, tu fais ce que felors que par le fait il s’est engagé envers nous
rait l’esclave le plus vil, tu vas t’enfuir au mépris
à faire tout ce que nous lui ordonnerions, et
des traités et des engagements que tu as pris de
s’il n’obéit pas, nous le déclarons trois fois coute laisser gouverner par nous. D’abord répondspable : d’abord, parce qu’il nous désobéit à nous
nous sur cette question : avons-nous raison de
qui lui avons donné la vie, ensuite parce que c’est
dire que tu as pris l’engagement, de fait, et non
nous qui l’avons élevé, enfin parce qu’ayant pris
de parole, de te soumettre à notre empire ? Est-ce
l’engagement d’être soumis, il ne veut ni obéir ni
vrai, ou non ? » Que dirons-nous à cela, Criton ?
employer la persuasion à notre égard, si nous
Y a-t-il autre chose à faire que d’en convenir ?
faisons quelque chose qui ne soit pas bien ; et
tandis que nous lui proposons à titre de simple
proposition, et non comme un ordre tyrannique,
Dans ce passage les lois rappellent à Socrate qu'il préfère
de faire ce que nous lui commandons, lui laisla mort à l'exil. Fidélité à Athènes ou à soi-même ? Trasant même le choix d’en appeler à la persuasion
hir la loi c'est finalement se trahir soi-même, ne pas être
ou d’obéir, il ne fait ni l’un ni l’autre. Voilà, Sofiable et sombrer dans un immoralisme qui n'est pas sans
crate, les accusations que tu vas encourir, si tu
rappeler le personnage de Calliclès dans le Gorgias, peraccomplis ton projet, et tu les encourras plus que
sonnage violent qui refuse la loi au nom d'un droit à la
tout autre Athénien. »
violence et du droit du plus fort.
Que faire alors si on est resté dans la Cité ? Obéir répondent les lois. Mais obéir n'est nullement un acte de
soumission. Comme le rappelle le texte, on peut toujours
discuter la loi. Seul le discours persuasif peut faire face à
la loi..Il faut donc argumenter c'est à dire donner les raisons de son désaccord. La loi n'est pas parfaite et peut
donner lieu à un conflit qu'on peut qualifier comme le dira Ricoeur de conflit d'interprétation. La loi est soumise à
discussion avant son adoption. Une fois décidée, elle doit
Criton
Il le faut de toute nécessité, Socrate.
Socrate
« Eh bien, diraient-elles encore, ne violes-tu
pas les conventions et les engagements qui te lient
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5 UNE PHILOSOPHIE POLITIQUE EN RÉPONSE AU PROCÈS
à nous ? Et pourtant tu ne les as contractés ni par
force, ni par surprise, ni sans avoir le temps de
prendre un parti, mais tu as eu, pour y penser,
soixante-dix années, pendant lesquelles tu avais
la faculté de te retirer, si tu n’étais pas satisfait
de nous, et si nos conventions ne te paraissaient
pas justes.
d’amour que les autres Athéniens pour cette ville
et pour nous-mêmes qui sommes les Lois de cette
ville : car peut-on aimer une cité sans en aimer les lois ? Et maintenant seras-tu infidèle à
tes engagements ? Non, Socrate, si du moins tu
t’en rapportes à nous, et tu ne t’exposeras pas au
ridicule en sortant de la ville. »
Les lois certes sont des conventions..cependant l'homme
ne peut faire ce qu'il veut des conventions. La convention ne se confond pas avec l'arbitraire. Il ne s’agit pas
pour lui de subir ces conventions mais bien plutôt de les
réfléchir afin de ne pas s’y soumettre aveuglément. Ainsi,
obéir n'empêche pas l'exercice de la réflexion, ce qu'Alain
appelait le droit de résistance :
« Considère, si tu es infidèle à tes engagements et que tu viennes à en violer un seul,
quel bien tu te feras à toi-même et à tes amis.
Il est à peu près certain que tes amis seront
bannis et privés de leur patrie, ou dépouillés
de leurs biens ; et toi, si tu vas te retirer dans
quelle ville voisine, à Thèbes ou à Mégare, qui
sont régies par de bonnes lois, tu y seras reçu, Socrate, comme un ennemi de leur constitution ; tous ceux qui sont attachés à leur pays
verront en toi un homme suspect, un corrupteur des lois, et tu confirmeras toi-même l’opinion que tes juges t’ont justement condamné ; car
tout corrupteur des lois passera aussi pour corrupteur des jeunes gens et des hommes faibles.
Fuirais-tu les villes les plus policées et la société des hommes les plus honnêtes ? Mais, à cette
condition, sera-ce la peine de vivre ? Ou bien, si
tu les approches, quels discours leur tiendras-tu,
Socrate ? Auras-tu le front de leur répéter ce que
tu disais ici, que l’homme doit préférer à tout la
vertu, la justice, les lois et l’obéissance aux lois ?
Ne penses-tu pas qu’ils trouveront bien honteuse
la conduite de Socrate ? Il faut bien que tu le
penses. Tu t’éloigneras donc de ces villes bien
policées, et tu iras en Thessalie chez les amis de
Criton ; car le désordre et la licence règnent dans
ce pays, et peut-être prendrait-on plaisir à t’entendre raconter la manière plaisante dont tu te
serais échappé de prison, enveloppé d’un manteau, affublé d’une peau de bête ou de tout autre
déguisement comme font tous les fugitifs, et tout
à fait méconnaissable. N’y aura-t-il personne
pour s’étonner que dans un âge avancé, lorsque
tu n’avais plus, selon toutes les apparences, que
peu de jours à vivre, tu aies eu le courage de
transgresser les lois les plus saintes pour conserver une existence si misérable ? Non, peut-être,
si tu n’offenses personne : autrement, Socrate, tu
entendras bien des propos humiliants et indignes
de toi. Tu passeras ta vie à t’insinuer auprès de
tout le monde par des flatteries et des bassesses
serviles ; et que feras-tu en Thessalie que de quêter des festins, comme si tu n’étais allé en Thessalie que pour un souper ? Et tous ces discours
sur la justice et les autres parties de la justice,
où seront-ils pour nous ? Mais c’est pour tes enfants que tu veux vivre, afin de les nourrir et de
les élever ? Quoi donc ! Faut-il les emmener en
Thessalie pour les nourrir et les élever ? Faut-
Résistance et obéissance, voilà les deux
vertus du citoyen. Par l'obéissance, il assure
l'ordre ; par la résistance il assure la liberté.
Et il est bien clair que l'ordre et la liberté ne
sont point séparables, car le jeu des forces,
c'est-à-dire la guerre privée, à toute minute,
n'enferme aucune liberté ; c'est une vie animale, livrée à tous les hasards. Donc les deux
termes, ordre et liberté, sont bien loin d'être
opposés ; j'aime mieux dire qu'ils sont corrélatifs. La liberté ne va pas sans l'ordre ; l'ordre
ne vaut rien sans la liberté.
Obéir en résistant, c'est tout le secret. Ce
qui détruit l'obéissance est anarchie ; ce qui
détruit la résistance est tyrannie. Ces deux
maux s’appellent, car la tyrannie employant
la force contre les opinions, les opinions, en retour, emploient la force contre la tyrannie ; et
inversement, quand la résistance devient désobéissance, les pouvoirs ont beau jeu pour écraser la résistance, et ainsi deviennent tyranniques. Dès qu'un pouvoir use de force pour
tuer la critique, il est tyrannique.
ALAIN Propos d'un Normand, 4 septembre 1912
Ce texte d'Alain a le mérite de mettre à jour les enjeux
de ce texte de Platon : les deux risques quand on ne comprend pas le sens de la loi, c'est d'abord de la réduire
à la tyrannie (confusion entre obéir et se soumettre) ou
de tomber dans l'anarchie, par le refus d'obéissance (on
confond désobéir et être vigilant, c'est à dire réfléchir) '
Or, tu n’as préféré le séjour ni de Lacédémone, ni de la Crète, dont tu vantes sans cesse
le gouvernement, ni d’aucune ville grecque ou
barbare, mais tu es sorti d’Athènes moins souvent que les boiteux, les aveugles et les autres
infirmes : preuve évidente que tu avais plus
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il en faire des étrangers, afin qu’ils aient encore
cette obligation à leur père ? Supposons que tu ne
le fasses pas : s’ils restent ici loin de toi, seront-ils
mieux nourris et mieux élevés quand tu ne seras
pas avec eux ? Tes amis sans doute en prendront
soin pour toi. Mais est-il nécessaire que tu t’exiles
en Thessalie, pour qu’ils en prennent soin ? Et si
tu vas chez Pluton, les abandonneront-ils ? Non,
Socrate, si du moins ceux qui se disent tes amis
valent quelque chose ; et il faut le croire. »
que tout ce que tu dirais pour les combattre serait inutile. Cependant, si tu crois avoir quelque
chose de plus à faire, dis-le.
La liberté qu'accordent les lois est une liberté contrôlée certes, mais une liberté réelle n'est pensable que si
elle s’associe à la contrainte, contrainte que la réflexion
personnelle est seule en mesure de donner. La raison est
contrainte, mais une contrainte qui libère des passions et
impulsions.
Laisse donc là cette discussion, Criton, et
suivons la route où Dieu nous conduit.
Criton
Non, je n’ai rien à dire, Socrate.
Socrate
6 Liste des mythes
ER LE PAMPHYLIEN
Notons aussi que l'amitié n'est pensable que
si les lois sont suivies. L'engagement n'a de raison d'être que si la loi nous engage..ainsi le respect de la loi est-il le premier de tous les engagements. Ainsi en va-t-il de l'amitié de Criton
et Socrate.
« Rends-toi donc, Socrate, aux conseils de
celles qui t’ont nourri : ne mets ni tes enfants, ni
ta vie, ni quoi que ce soit, au-dessus de la justice, afin qu’en arrivant dans les enfers tu puisses
alléguer toutes ces raisons pour ta défense devant ceux qui y commandent ; car ici-bas, si tu
fais ce qu’on te propose, tu ne rends pas ta cause
meilleure, plus juste, plus sainte, ni pour toi, ni
pour aucun des tiens, et, quand tu seras arrivé
dans l’autre monde, tu ne pourras pas non plus
la rendre meilleure. Maintenant, au contraire, si
tu meurs, tu meurs victime de l’injustice, non des
lois, mais des hommes, au lieu que, si tu sors de
la ville, après avoir si honteusement commis l’injustice à ton tour, rendu le mal pour le mal, violé
toutes les conventions, tous les engagements que
tu as contractés envers nous, maltraité ceux que
tu devrais le plus ménager, toi-même, tes amis,
ta patrie et nous, alors nous te poursuivrons de
notre inimitié pendant ta vie, et après ta mort
nos surs, les lois des enfers, ne te feront pas un
accueil favorable, sachant que tu as fait tous les
efforts qui dépendaient de toi pour nous renverser. Ne suis donc pas les conseils de Criton, mais
les nôtres. »
Voilà, sache-le bien, mon cher Criton, les
discours que je crois entendre, comme les Corybantes croient entendre les flûtes sacrées ; le son
de ces paroles retentit dans mon âme et me rend
insensible à tout autre langage. Sois donc certain, telle est du moins ma conviction présente,
ATLANTIDE
LA CAVERNE
PROMÉTHÉE (texte grec et traduction)
ENFERS (Texte grec et traduction)
[1] Théâtre complet d'Aristophane sur Wikisource
[2] Le plus violent d'entre eux sera Calliclès dans Gorgias.
[3] Une prosopopée est une figure de rhétorique qui consiste
à faire parler une personne morte ou absente, un animal,
une chose personnifiée ou encore une abstraction.
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7
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SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE
Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image
7.1
Texte
• Pour lire Platon/Introduction par les mythes Source : https://fr.wikibooks.org/wiki/Pour_lire_Platon/Introduction_par_les_mythes?
oldid=523728 Contributeurs : Marc, Jean-Jacques MILAN, JackPotte, Maryse Emel et Anonyme : 2
7.2
Images
• Fichier :'Paris_à_l'Arc-en-ciel'_by_Robert_Delaunay,_1914.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/04/
%27Paris_%C3%A0_l%27Arc-en-ciel%27_by_Robert_Delaunay%2C_1914.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Sotheby’s Artiste d’origine : Robert Delaunay
• Fichier:Chouette_Puy_dy_Fou.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b3/Chouette_Puy_dy_Fou.jpg Licence : CC BY-SA 2.0 Contributeurs : [1] Artiste d’origine : ludovic from Guissény. (Bretagne, Finistère), France
• Fichier:Eros_Farnese_MAN_Napoli_6353.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c3/Eros_Farnese_MAN_
Napoli_6353.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Haiduc
• Fichier:Nature_dévoilée_par_Philosophie.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bb/Nature_d%C3%
A9voil%C3%A9e_par_Philosophie.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Soutekh67
• Fichier:P1050775_Louvre_statue_Gudea_statue_A_détail_ecriture_rwk.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/
commons/c/c4/P1050775_Louvre_statue_Gudea_statue_A_d%C3%A9tail_ecriture_rwk.JPG Licence : CC BY 3.0 Contributeurs : Mbzt
2011 Artiste d’origine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718'
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Paphos_Haus_des_Theseus_-_Mosaik_Achilles_1.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine :
Wolfgang Sauber
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Pio-Clemetino_Inv305.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Marie-Lan Nguyen (2006) Artiste d’origine : Inconnu<a
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7.3
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